← Retour

Pas perdus

16px
100%

ZIGOMAR

Il songeait, attentif aux étoiles dans l’ombre,
Pendant que les lions léchaient ses pieds sans nombre.

« L’amour fait danser les ânes » : le rêve rend ingénieux tels qui dans la vie ne le furent guère. Nous avions lu ce matin notre Zigomar quotidien ; car nous adorons le roman-feuilleton, et tant plus est stupide, tant plus il nous ravit ; aussi bien, quel Français n’a lu son Zigomar[6] ? Or, nous rêvâmes être (excusez du peu !) Paulin Broquet en personne, oui, l’étourdissant, le génial policier. Et nous venions de surprendre, à domicile, le Rocambole suprême style, l’insaisissable à bon droit surnommé « Peau d’Anguille », Zigomar lui-même, quoi. Nous lui avions passé le cabriolet ; oui, mais, il s’agissait de le conduire au moins jusqu’au prochain poste de police. Or, comment l’empêcher de nous glisser entre les pinces ? Eh bien, nous inventâmes ceci, qu’à l’état de veille nous n’aurions certes soupçonné jamais : nous le déchaussâmes d’une de ses bottines ! Oui, simplement. Essayez donc de courir, dans les rues de Paris — et sans vous faire remarquer — un pied chaussé et l’autre nu !

[6] En langage celtique : Ségomar, « le guerrier victorieux ». C’est beau la linguistique ! Et la sémantique !

Chargement de la publicité...