Pas perdus
CONFESSION AU DOCTEUR CABANÈS
« Notre vie est faite de la substance de nos rêves. »
Contribution peut-être curieuse à l’onéiroscopie. Son mérite : l’authenticité. Je m’excuse d’être contraint de m’y mettre en scène ; aussi bien, pas à mon honneur. D’ailleurs, on n’a pas attendu Freud avec ses malaises pour constater que nos rêves sont volontiers l’exutoire de nos parties inférieures.
Henri Béraud ayant favorisé d’un compte rendu, au Mercure, un mien Essai sur Shakespeare, notre ami Lucien Dubech, m’assura de toute une chronique dans ses dimanches de l’Action Française. Il m’en attesta les dieux, ainsi qu’il convient à un classique.
et ceux, caniculaires, où, les théâtres chômant, les chroniqueurs chroniquent sur n’importe quoi. Aussi fut-ce avec une indignation d’auteur que je vis Lucien Dubech parler de tout… sauf de ce qui m’intéressait plus que tout. Bref, l’autre jour vint un article sur la plantation d’Iphigénie, je veux dire : de son décor. J’en rêvai. Voici ce rêve. J’étais Agamemnon, le roi Agamemnon ; Lucien Dubech, le fidèle confident. Il me donna la réplique sacramentelle :
J’ai oublié par quels vers je lui répondis, pestant contre cette carence des vents. Mais j’ai nettement retenu, car je m’en éveillai aussitôt, le distique que le fidèle Dubech m’asséna :
C’est infect. Pourtant, il faut avouer que, du point de vue matériel, jamais Dubech, ni moi, ni Racine, n’avons commis de vers aussi purement raciniens.
Mais le détail le plus important est que, dans mon rêve, le fidèle Dubech articulait la réplique sacramentelle sous cette forme :
Donc, tout dort a disparu. Or, faites attention que tout dort rime, pour l’oreille, exactement à odore et adore. Je crois reconnaître là un phénomène dont j’abandonne l’explication à de plus malins que moi.