Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la Langue Française en rapport avec de proverbes et des locutions proverbiales des autres langues
FOOTNOTES:
[1] Ce mot, qui reviendra souvent dans mon Dictionnaire, a besoin d’être expliqué. Il dérive du grec et désigne un auteur qui écrit sur les proverbes.
[2] Ce qui n’empêche pas que ces ouvrages n’aient leur mérite, particulièrement celui de M. de Méry qui me paraît préférable sous tous les rapports à celui de Lamésangère dans lequel on ne trouve pas un seul article original.
[3] L’auteur de la Relation de l’île des Hermaphrodites met aussi les mots à tous accords au titre de cet ouvrage, imprime en 1616, par allusion au savoir-faire des habitants dudit lieu.
[4] Le titre d’altesse, dont la racine est le mot latin altissimus (très élevé), se donnait autrefois aux rois.
[5] Ils s’en servent aussi pour dire: Il ne faut pas quitter le certain pour l’incertain.
[6] C’est l’opinion de l’auteur du Traité historique de la foire de Beaucaire, in-4o, imprimé à Marseille en 1734. Cet auteur dit que le fils de Raymond VI confirma les franchises accordées par son père à la ville de Beaucaire. Cependant il n’est pas question de ces franchises dans la charte des concessions faites par le fils. L’acte le plus ancien où il en soit parlé, suivant Millin, fut donné par Louis XI, on 1463; mais on voit par une expression de cet acte, remarque encore Millin, que la foire était plus ancienne. Charles VIII ajouta aux priviléges accordés par son père.
[7] Ce guerrier magnanime, disent les historiens, avait eu l’honneur de recevoir l’ordre de chevalerie des mains de saint Louis, et s’était montré, pendant sept règnes consécutifs, le plus ferme appui du trône de ses maîtres.
[8] Le crocodile est une argumentation captieuse et sophistique pour mettre en défaut un adversaire peu précautionné et le faire tomber dans le piége. Cette argumentation a été nommée ainsi, conformément à l’usage de désigner la règle par l’exemple. Il s’agit d’un crocodile qui, supplié par une mère de lui rendre son fils qu’il est prêt à dévorer, promet de le faire à l’instant, si elle répond juste à cette question: Ai-je envie de te le rendre?—Tu n’en as pas envie, dit la mère; et ayant deviné, elle réclame l’exécution de la promesse; mais le monstre refuse en ces termes: Si je te le rendais, tu n’aurais pas deviné.
[9] C’est le nom grécisé de Jérôme le Hangest ou de Hangest, docteur de Sorbonne, auteur du Traité des académies contre Luther.
[10] L’histoire offre plusieurs exemples de cet usage, depuis le fils du malheureux Psammenit, qui fut envoyé au supplice avec un mors dans la bouche par ordre de Cambyse, jusqu’à Hugues de Châlons qui, reconnaissant son impuissance contre l’armée des Normands, alla trouver le jeune duc Richard qui la commandait et se roula à ses pieds en signe de soumission, avec une selle de cheval sur ses épaules. C’est en vertu d’un pareil usage que Eustache de Saint-Pierre et cinq autres bourgeois de Calais se présentèrent à Édouard III, roi d’Angleterre, avec la corde au cou.
[11] Le Lai d’Aristote, attribué à Henri d’Andelys, trouvère du treizième siècle, est un conte tiré d’un auteur arabe qui l’a intitulé: Le Visir sellé et bridé. L’usage absurde de substituer Aristote à un visir est venu, suivant J. M. Chénier, de l’autorité même qu’Aristote avait acquise dans les écoles du treizième siècle.
[12] La figure du grillon a fourni, sans doute, le modèle du masque d’Arlequin, comme le remarque M. Ch. Nodier; et ce qui paraît confirmer cette opinion, c’est que le nom de cet insecte, grillo, a été appliqué au masque d’un farceur de l’ancienne comédie italienne, et à ce farceur lui-même. Chez les Latins, le même nom, gryllus, signifiait précisément ce que nous entendons en français par caricature.
[13] Voyez Eusèbe, Préparation évangélique, liv. IX, chap. 9
[14] Cette homonymie paraît avoir été fondée sur la ressemblance de bigarrure qui existe entre la peau de ce poisson et le vêtement de l’acteur chargé du rôle de proxénète dans l’ancienne comédie, ou sur une autre ressemblance qu’offrent le proxénète et ce poisson qui nage, dit-on, devant les jeunes aloses et a l’air de les conduire à leurs mâles. Suivant une conjecture de Le Duchat, le proxénète aurait été qualifié du titre de Mercureau (petit mercure), parce que le messager des habitants de l’Olympe était entremetteur de mauvais commerce; et mercureau serait devenu par altération un terme injurieux que je n’ai pas besoin de dire, car le lecteur l’a déjà deviné.
[15] Tarquin l’ancien, irrité de la résistance qu’opposait l’augure Accius Navius au projet qu’il avait de créer trois nouvelles centuries, lui demanda:—Puis-je faire une chose que je pense en ce moment?—Tu le peux, répliqua l’augure.—Eh bien, ajouta le roi, je veux couper ce caillou avec ce rasoir.—Frappe! s’écria Navius; et le caillou fut coupé en deux. Presque tous les historiens ont attesté ce fait comme ils ont attesté la première apparition des barbiers à l’époque de Ticinius Menas. C’est dommage qu’ils n’aient pas expliqué la présence du rasoir dans l’absence des artistes habitués à le manier.
[16] Misopogon signifie ennemi de la barbe. Ce nom est formé des deux mots grecs misos, haine, et pôgon, barbe.
[17] L’excommunication fut fondée, entre autres motifs, sur ce que Nicolas et son clergé ne se fesaient pas raser le visage.
[18] C’est ce qu’atteste un passage curieux du troubadour Aimeri de Péguilain. «Quand je considère la beauté de ma dame, dit-il, je me réjouis des peines que j’endure, et je ressemble au basilic qui se tue en se regardant au miroir.» Du reste, le basilic mort était réputé aussi utile qu’il avait été supposé nuisible pendant qu’il vivait. Heureux qui pouvait trouver son corps! Ce corps, réduit en cendres, possédait des vertus merveilleuses: il guérissait des maux incurables, et opérait la transmutation des métaux.
[19] C’est-à-dire dont le fer est rompu ou ôté. Ces lances étaient encore appelées lances courtoises ou lances innocentes. Les Romains avaient aussi de semblables armes, dites arma lusoria.
[20] Saint Bernard de Sienne, chap. 7, dit qu’en ce cas on allumait douze cierges représentant les douze apôtres, dans l’idée que l’agonisant serait rappelé à la vie par le simple changement de son nom en celui de l’apôtre dont le cierge brûlait plus longtemps.
[21] Avant l’ordonnance que François Ier rendit à Villers-Cotterets, au mois d’août 1539, il en avait rendu deux autres sur le même sujet, celle de 1532 et celle de 1529. Il s’était montré en cela imitateur de Louis XII, qui avait prescrit par un arrêt de 1512 d’employer le langage françois uniquement et exclusivement à tout autre dans les actes publics, et Louis XII lui-même n’avait fait que suivre l’exemple de Charles VIII, dont un décret daté de 1490 exigeait que les dépositions judiciaires fussent écrites en français. Mais l’usage de cette rédaction en langue maternelle remonte beaucoup plus haut. Il était assez fréquent sous le règne de Louis IX; et il y a des preuves irrécusables qu’il existait du temps de Philippe-Auguste, même du temps de Louis VII.
[22] On appelait avage, havage ou havée, une sorte de mesure en usage dans la Normandie, et quelques autres provinces: c’était une fraction du septier, équivalente à une poignée. Le droit d’avage, qui a existé jusqu’en 1750, consistait à prendre dans les marchés autant de grains ou de denrées que la main peut en contenir. Le bourreau, en percevant ce droit, marquait avec de la craie l’habit des marchands, pour quittance du paiement.
[23] C’est le titre d’un ancien registre du parlement.
[24] Bray est un village de Berkshire, dans l’Angleterre proprement dite.
[25] Je les prends dans un livre de statistique publié par M. Mourgues en l’an IX (1801).
[26] Le Talmud (mot hébreu qui signifie instruction) est un livre qui contient la loi orale, la doctrine, la morale et les traditions des Juifs. Ce livre est l’ouvrage d’une foule de rabbins ou docteurs.
[27] On lit dans un sermon d’Innocent III que la fête de la Chandeleur fut substituée à celle de Cérès, où l’on fesait de grandes illuminations et où les femmes portaient des flambeaux.
[28] C’est le nom que le peuple donnait à François Ier, dont le nez était un remarquable morceau d’histoire naturelle. Louis Aleaume, lieutenant-général d’Orléans et bon poëte latin, a dit de ce prince:
Occupat immenso qui tota numismata naso.
[29] Ces religieux, de la règle de saint Bernard, prirent le nom de feuillants, parce que leur abbaye, chef d’ordre, était au village de Feuillans, en Languedoc, à cinq lieues de Toulouse, dans le diocèse de Rieux.
[30] Presque tous les commentateurs ont prétendu que c’était d’une sirène qu’Horace voulait parler, en peignant dans ce vers une belle femme dont le corps se termine en poisson; mais il n’y a aucun mythologue ni aucun monument de l’antiquité qui aient représenté les sirènes comme femmes-poissons.
[31] L’apore, mot tiré du grec ἄπορου, qui signifie sans issue, est un problème regardé comme insoluble.
[32] On disait aussi autrefois écarlate rouge, écarlate blanche, écarlate noire, comme on le voit dans les ordonnances des rois de France du quatorzième siècle. Le mot purpureus avait en latin une semblable acception; il signifiait éblouissant. Horace applique cette épithète aux cygnes, purpurei olores; et Plutarque, dans la Vie d’Alexandre, parle de la pourpre blanche d’Hermione ville de Laconie.
[33] Cette croix, composée de deux pièces de bois en sautoir, a été ainsi nommée, parce qu’elle fut l’instrument du martyre que l’apôtre saint André subit à Patras.
[34] Borel a rapporté d’autres explications que voici: «Pile vient d’un ancien mot qui signifie prince (aussi est-ce le côté où est la tête du prince qu’on nomme pile), ou bien de pileus, bonnet, parce que le pileus étant la marque de la liberté, on l’avait mis sur certaines monnaies; ou bien encore de pyle qui en ancien gaulois se disait pour navire (d’où dérive pilote), car en la première monnoie, qui fut celle de Janus ou Noé, était représentée la navire ou arche, et j’en ai plusieurs de telles (monnaies) tant d’argent que de bronze.» (Antiq. gauloises.)
[35] Cœlius Rhodiginus cite l’expression grammatica pocula, traduite du grec d’Athénée. On lit dans les Adages des pères de l’Église, urna litterata; et il y a un vieux proverbe italien et français qui dit, E scritto sopra i bocali, c’est écrit sur les pots, pour signifier, c’est très connu.
[36] «Les chrétiens, dit Le Duchat, qualifièrent de Grand-Turc Mahomet II, non par rapport à ses grandes actions, mais eu égard à l’étendue de sa domination, en comparaison du sultan de Cappadoce, son contemporain, que Monstrelet désigne sous le nom de Petit-Turc. Après la prise de Constantinople, celui-ci eut sur les bras Mahomet II qui, s’étant emparé de ses états, conserva le titre de Grand-Turc, quoiqu’il n’y eût plus de Petit-Turc.»
[37] On lit dans la Dama Duende, comédie de Calderon de la Barca: «C’était un diable si petit, et il portait un capuchon si petit, qu’à ces signes je crois que c’était le diable-capucin.» Cobaruvias dit que le nom de duende a été formé par contraction de dueno de casa, maître de la maison.
[38] Longin reproche à Platon d’avoir appelé l’eau une divinité sobre. Cette expression, dit La Harpe, est en effet ridicule.
[39] La pièce d’Izarn, composée d’environ huit cents vers alexandrins, a beaucoup d’importance sous le rapport historique. C’est une controverse qui contient la réfutation en forme et par conséquent l’exposé de la doctrine attribuée aux Albigeois. On y voit de quelle manière on s’y prenait pour convertir ces malheureux, et avec quel zèle à la fois absurde et barbare on renforçait les arguments par la terreur des supplices. Image parlante de l’ancienne inquisition.
[40] Les guerriers macédoniens portaient une ceinture de cuir, qu’ils ne devaient quitter qu’après avoir tué un ennemi; alors seulement ils devenaient de vrais guerriers, des hommes libres.
[41] L’usage barbare de vendre les prisonniers faits à la guerre n’était pas encore tout à fait aboli au dix-septième siècle. M. de Châteaubriand a remarqué que dans les guerres des Anglais contre Charles Ier, pour la liberté des hommes, on vit ces fameux niveleurs vendre comme esclaves les royalistes pris sur le champ de bataille.
[42] Le nom d’Arthur est formé des deux mots Arth-uer, qui signifient souverain des Silures, suivant Withaer, auteur d’une histoire intéressante et même probable des guerres de ce prince.
[43] On croit que les gazettes ont été inventées en Chine, où l’on imprime tous les jours, depuis un temps immémorial, par ordre de la cour, une relation circonstanciée de ce qui se passe dans l’empire. Un savant rédacteur du Journal des Débats, M. Jos.-Vict. Leclerc, nous a appris que les gazettes ont existé aussi chez les Romains, ce dont personne ne s’était douté avant lui. Mais si la chose est ancienne, le mot ne l’est pas; il vient de l’italien gazetta, petite pièce de monnaie qu’on payait pour la lecture d’un cahier de nouvelles manuscrites qui se publiaient, chaque semaine, à Venise, au commencement du seizième siècle, à l’époque où cette ville était l’asile de la liberté et l’Italie le centre des négociations de l’Europe. Le médecin Théophraste Renaudot eut le premier, en France, l’idée de faire une semblable publication pour récréer ses malades, et il fonda à Paris, en 1631, la Gazette de France, pour laquelle il obtint un privilége du roi l’année suivante.
[44] La raison pour laquelle les époux devaient s’abstenir du devoir conjugal, non-seulement pendant les fêtes de Pâques, mais pendant les autres fêtes et les dimanches, d’après la recommandation même de l’Église, était fondée sur une superstition qui leur fesait croire que les enfants procréés ces jours-là ne pouvaient manquer d’être noués, contrefaits, épileptiques ou lépreux. Cette superstition existait dès le sixième siècle. (Voyez Grégoire de Tours, de Mirac. S. Martini, lib. 11, c. 24.)
[45] On croit à tort que les lettres de rémission furent obtenues par l’entremise de Diane de Poitiers qui désarma le courroux de François Ier, ému, dit-on, à sa vue, d’un autre sentiment que celui de la pitié. Rien n’est moins prouvé que ce fait qui, s’il était vrai, donnerait quelque fondement à l’opinion de certains auteurs qui veulent que cette dame ait été la maîtresse de ce monarque avant d’être celle de Henri II, d’où vient que Buchanan l’a surnommée Diana venatrix regum. Ce n’est pas à elle que les lettres de rémission furent octroyées, mais à son mari, le comte de Maulevrier-Brézé, grand sénéchal de Normandie, qui avait découvert la conspiration. Elles n’accordaient pas du reste une grâce pure et simple au coupable: elles commuaient sa peine en une détention perpétuelle entre quatre murailles, où il ne devait recevoir le jour et la nourriture que par une petite lucarne. E. Pasquier (Recherches, liv. VIII, ch. 39) prétend qu’il mourut de la fièvre quelques jours après la terrible épreuve à laquelle il fut soumis. Cependant le traité de Madrid, conclu en janvier 1526, atteste qu’il existait encore et était prisonnier, à cette époque, puisque sa délivrance est stipulée dans une des clauses de ce traité.
[46] On trouve aussi écrire florettes, expression qui signifie particulièrement: écrire en chiffres de fleurs.
[47] Ces flûtes, dont chacune contenait au moins un chopine, ont donné naissance au verbe flûter, très usité parmi le peuple, pour dire boire largement.
[48] Ce vers se trouve dans la tragédie de la Mort d’Abel, où il est déplacé pour deux raisons: 1º parce qu’il fait partie du rôle de Caïn; 2º parce que c’était une chose fort difficile, au temps d’Abel et de Caïn, dit M. Ch. Nodier, qu’il y eût des amis au troisième degré.
[49] La rue aux Oues, via ad Aucas vel Ocas, comme dit une vieille charte latine, est celle qui s’appelle aujourd’hui rue aux Ours, par corruption de son nom primitif, et qui va de la rue St-Martin à la rue St-Denis.
[50] Ce fait est que maître Gonin ayant été condamné, en 1570, au supplice de la corde, par arrêt du parlement, usa si bien de son art magique, que le bourreau, qui croyait le pendre, pendit à sa place la mule du premier président. (Disquisit. mag., liv. III.)
[51] Ils avaient toujours le roi pour parrain et la reine pour marraine, et c’est apparemment à cause de cela que leur baptême était retardé jusqu’à un âge où ils fussent en état de sentir que cet honneur qu’ils recevaient était un lien de plus qui devait les attacher encore davantage à leur souverain.
[52] Ce droit, qu’un vieil auteur a nommé suille, du latin suillus, date d’une époque reculée. Il fut accordé aux églises dès l’an 560, par édit de Clotaire Ier. Ce fut pour le percevoir plus commodément que le chapitre de Paris fit tenir la foire des jambons dans le parvis de Notre-Dame, le mardi de la semaine sainte.
[53] Cette dague, encore en usage en 1716, avait été ainsi nommée, suivant Fauchet, parce que, dès l’instant qu’elle était tirée, le vaincu devait crier miséricorde, s’il voulait éviter la mort.
[54] Dans ce sens, j’ai toujours trouvé le mot écrit oc et non pas hoc. Mais cette différence n’est pas de nature à détruire l’explication de l’abbé Morellet, qui peut d’ailleurs avoir découvert des exemples de l’orthographe qu’il a adoptée.
[55] C’est l’opinion de David Hume et de la plupart des historiens qui est rapportée ici. Il y en a qui pensent que l’ordre de la jarretière dut sa naissance à la fameuse journée de Crécy, où l’on avait pris pour mot de guet garter, qui, en anglais, signifie jarretière.
[56] Charles Quint avait toujours eu un goût très prononcé pour l’horlogerie. Un de ses maîtres d’hôtel disait qu’il désespérait de pouvoir réveiller son appétit autrement qu’en lui servant une fricassée d’horloges.
[57] Les moines jacobins étaient les mêmes que les dominicains ou frères prêcheurs. Le nom de jacobins leur avait été donné parce que le premier couvent qu’ils avaient occupé à Paris était dans la rue Saint-Jacques, in via sancti Jacobi.
[58] Ce mot vient du latin scopelismus, fait de scopulus, en grec σκόπελος, pierre, rocher.
[59] Jarnac, qui dépensait beaucoup, quoiqu’il n’eût qu’un faible patrimoine, était soupçonné de devoir l’opulence dont il fesait parade aux libéralités de sa belle-mère, qui avait pour lui une tendresse plus que maternelle; et Lachataigneraie avait eu l’indiscrétion de dire que la chose était vraie, d’après une confidence qu’il prétendait avoir reçue de Jarnac, lorsqu’ils étaient tous deux intimes. C’est ce qu’on voit dans les pièces mêmes du cartel qui ont été conservées.
[60] Le dîner fut avancé jusqu’à neuf heures, même jusqu’à huit heures du matin, à ce que nous apprend Montaigne.
[61] Elles en avaient bien formé treize, mais comme on avait omis trois jours à différentes époques l’excédant n’était plus que de dix jours.
[62] Il s’agit évidemment de la force morale. Le nom d’Israël, dit M. Salvador, a été composé expressément dans l’intérêt d’une idée, d’un principe, et il est provenu de la réunion des deux mots hébreux lachar et el, qui signifient droiture et force.
[63] Christine de Pisan rapporte, comme une chose extraordinaire, qu’une simple dame de Gatinois eût osé porter cette cottehardie à queue traînante.
[64] Tailler quelqu’un de l’étole de saint Hubert, c’était insérer une parcelle de cette étole dans une entaille qu’on lui fesait au front avec la clef de saint Hubert, espèce de cor ou de cornet de fer béni. Cette expression était technique.
[65] Un décret de l’empereur Othon fait voir quel devait être l’excès de ce luxe épiscopal. Il borne le nombre des chevaux pour un archevêque, à douze, et pour un évêque, à six.
[66] De là est venu le préjugé qui fait que beaucoup de gens éprouvent un certain déplaisir à la vue d’un pain tourné au rebours.
[67] Comme ce verbe est très ignoré des lexicographes, dans l’acception que j’indique, je citerai pour preuve de cette acception les deux vers suivants, extraits de la Trésorière, comédie de Jacques Grevin (Act. II, sc. 2):
Si est-ce que j’ay espérance
D’émoucher quelque argent de vous.
[68] Ouvrage composé au XIIe siècle par Hue de Tabarie. Le fragment cité est extrait d’une édition dans laquelle le style de cet ouvrage a été un peu rajeuni.
[69] Mabinogion est un mot gallois qui signifie contes pour la jeunesse et l’enfance. M. de Walckenaer reconnaît dans le mabinogion le type primitif de nos contes de fées.
[70] Lors de l’avénement de Hugues Capet, on comptait en France plus de cent cinquante monnaies différentes, dont la plupart s’excluaient réciproquement, ce qui rendait presque impossible le commerce de province à province. La monnaie royale n’eut cours, dans tout le royaume, que sous le règne de Louis IX, qui eut seul le droit de faire frapper de» pièces d’or et d’argent, en laissant à plus de quatre-vingts seigneurs celui d’en fabriquer d’une autre matière.
[71] Pour qu’on ne m’accuse pas de vouloir rien ôter à la gloire de saint Denis, j’ajouterai, d’après Helduin, son biographe, qu’il baisa plusieurs fois sa tête sur la route, en présence des anges qui l’accompagnaient en chantant: Gloria tibi, Domine, alleluia. Une action si miraculeuse doit être conservée dans les livres, avec d’autant plus de soin que la peinture et la sculpture seront à jamais impuissantes à la représenter.
[72] C’est le nom qu’on donnait à la somme taxée par les lois pour la réparation de quelque crime. «Les peines corporelles, dit M. Michelet, étaient rares, inexécutables, chez les Barbares. Ce n’était pas chose aisée de mettre la main sur un homme désespéré, pour lequel toute une tribu aurait combattu. Les représailles, d’ailleurs, n’auraient jamais fini. Il valait mieux éteindre la vengeance, faire payer le coupable.» De là vint l’usage du wehrgeld ou composition.
[73] Phébus était un surnom donné à ce prince, soit à cause de sa beauté, soit à cause de son amour pour la chasse, soit à cause du soleil qu’il avait pris pour emblème.
[74] C’est ce que dit saint Grégoire de Nazianze, dans des vers grecs dont sir Thomas Brown a rapporté cette traduction latine.
Utque latet rosa verna suo putamine clausa,
Sic os vincla ferat, validisque arctetur habenis
Indicatque suis prolixa silentia labris.
[75] Cet usage n’est pas entièrement tombé en désuétude. J’en ai été témoin dans la petite ville de Vahres, près de Saint-Affrique, département de l’Aveyron.
[76] Jacquet était, dit-on, venu par corruption de jacet: troisième personne du présent de l’indicatif du verbe latin jaceo, employé pour exprimer l’action du flatteur qui se prosterne, qui se met pour ainsi dire à plat ventre devant la personne qu’il veut flagorner.
[77] Des écrivains respectables assurent que les lis ne furent introduits que sous le règne de Louis-le-Jeune dans les armoiries de France, à la place des abeilles qui y figuraient primitivement. Comme ce prince avait été surnommé florus, à cause de sa grande beauté, ils conjecturent que ce doux surnom de fleur, joint à l’analogie que le nom de Loïs (Louis), avait avec un lis, donna l’idée d’adopter un tel emblème.
[78] La forme originale de cette phrase est devenue un objet de controverse pour les grammairiens. Les uns l’ont sévèrement blâmée, comme contraire aux habitudes reçues; les autres l’ont beaucoup louée, mais sans nous faire connaître la véritable raison pour laquelle l’innocence et le repentir, qui sont des noms dont le genre est différent, ont pu être légitimement désignés, dans le nom pluriel sœurs, par le même genre, et par le genre féminin plutôt que par le masculin. Voici, je crois, cette raison. Le nom sœurs n’est point en rapport immédiat avec l’innocence et le repentir, mais avec un nom pluriel ellipsé, et la construction pleine est celle-ci: Il n’appartenait qu’à la religion chrétienne d’avoir fait deux sœurs, DES DEUX VERTUS, l’innocence et le repentir. Les mots sont disposés dans la phrase avec tout l’art nécessaire pour faire passer ce qu’il y a de singulier et d’imprévu. Le mot sœurs s’offre le premier; immédiatement après lui vient celui d’innocence, qui donne à entendre que les deux sœurs sont des vertus. Le repentir n’arrive qu’en dernier lieu, et revêtu, pour ainsi dire, du caractère particulier sous lequel l’imagination du lecteur l’a déjà entrevu. M. de Châteaubriand, considérant le repentir comme une autre innocence, a fait sa construction selon l’idée qu’il avait dans l’esprit, plutôt que selon les mots, en vertu de la figure de grammaire nommée syllepse ou synthèse. L’usage de la syllepse du genre est assez fréquent dans notre langue. J’en pourrais citer beaucoup d’exemples; mais je me bornerai à celui-ci, de Voltaire: Joue-t-on Tancrède? personne ne m’en dit rien. Réussit-ELLE? Est-ELLE tombée? Mon intention, en choisissant cette phrase, est de montrer que l’idée peut en être reproduite sous la même forme que celle de M. de Châteaubriand, sans donner prise à la critique; et, pour cela, il n’y a qu’à dire: Joue-t-on Zaïre et Tancrède? Le public applaudit-il toujours ces deux charmantes sœurs?
[79] Expression prise des comédies espagnoles où figure un capitan matamoros, c’est-à-dire un capitaine tue-mores.
[80] La fête des fous dont Pierre de Corbeil, archevêque de Sens, avait composé un office qu’on trouve dans un diptyque conservé à la bibliothèque de cette ville, était un mélange monstrueux d’impiété et de religion. Elle donnait lieu à des cérémonies bizarres et extravagantes. On y élisait un évêque et même, dans quelques églises, un pape des fous. Les prêtres y figuraient barbouillés de lie, masqués ou travestis de la manière la plus folle et la plus ridicule. Promenés dans des tombereaux pleins d’ordure, ils chantaient des chansons obscènes, prenaient des postures lascives, fesaient des gestes impudiques et mettaient des morceaux de vieilles savattes dans leurs encensoirs. La fameuse prose de l’âne y était chantée à deux chœurs qui imitaient par intervalles et comme par refrain le braire de cet animal qu’on voulait honorer parce qu’il avait assisté à la naissance de Jésus-Christ, et l’avait porté sur son dos, lors de sa fuite en Égypte et de son entrée à Jérusalem. En chantant la prose on conduisait l’âne, vêtu d’une belle chape, à la porte de l’église ou vers l’autel.
M. Michelet voit un symbole dans la fête des fous. L’homme, dit-il, y offrait l’hommage même de son imbécillité, de son infamie, à l’église qui devait le régénérer. C’était une comédie sacrée qu’on jugea dangereuse, lorsque, ayant cessé de la comprendre, on ne vit que la lettre et on perdit le sens du symbole.
[81] Nom supposé sous lequel le chartreux Noël d’Argonne a publié des mélanges assez curieux.
Laissons cela, ventre saint-George!
Vous me feriez rendre ma gorge.