La nouvelle Cythère
XIV
Le roi en tournée. — L’upa-upa d’autrefois. — Cérémonies funèbres et dansantes. — L’engraissement des enfants. — L’initiation. — Le pêcheur. — Lamentations sur une Femme.
Comme la royauté était à la fois élective et héréditaire, les rois se voyaient entourer d’un grand respect et leur arrivée dans un district était le signal de manifestations, de chants, de danses et de festins. Les romatané, une classe de prêtres, leur présentaient des feuilles de cocotier. Des rahiri, diacres qui veillaient aux danses sacrées, aux upa-upa, et servaient à la fois la divinité et le roi, s’approchaient et prononçaient des discours :
Sois le bienvenu, ô Roi ! Salut à toi, Roi des multitudes. Salut à toi, Roi des terres ! Salut à toi, Roi qui viens des extrémités des cieux ! Ne viens-tu pas des hauteurs des cieux, des jardins des cieux ? N’es-tu pas venu dans une pirogue, assis à l’avant, à l’arrière ou au milieu ? Sois le bienvenu, O grand Roi ! Voici le cadeau que ton serviteur te présente.
Tu es le grand Roi qui nous protège !
Viens et prends part au repas préparé pour toi !
Les rahiri ne s’en tiennent pas là. Ils s’excusent. Ils disent que les serviteurs des dieux et des rois ne savent pas comment il faut recevoir convenablement le roi. Ils offrent des cochons…
Le grand prêtre intervient :
« Salut ! Apportez le cadeau aux pieds du Roi ! Les cochons que vous avez offerts ont tout payé ! Vous ne devez plus rien ! La corde qui liait vos pères par le cou est détachée. Tout est bien, à roi miséricordieux ! »
Alors le roi répondait :
« Allez en paix ! »
A cette heure encore quand Pomaré V, roi déchu et pensionné du gouvernement de la République française, fait le tour de l’île, il reçoit de ses anciens sujets des marques de respect que soulignent les mêmes cadeaux, les mêmes cochons, et sa venue est saluée par les mêmes festins si ce n’est par les mêmes acclamations. Il faut qu’il s’en défende pour qu’on n’organise pas comme aux temps anciens l’upa-upa, la danse guerrière et sacrée, véritable motif à tableaux vivants, et qui ne tourne à l’obscène, assurent de bienveillants observateurs, que sous l’empire des excitations alcooliques.
Tous les événements un peu importants étaient d’ailleurs des prétextes à upa-upa.
On commençait par construire une case (faré) pour l’upa-upa. Tous ceux qui devaient y prendre part étaient nus ou ne portaient qu’une ceinture (maro) ainsi que la famille du roi et les notables (hui-raatira). Si l’upa-upa était donnée en l’honneur d’une personne sans importance, les danseurs étaient vêtus davantage. Si elle était donnée en faveur d’un guerrier mort sur le champ de bataille, les femmes y jouaient le principal rôle et la terminaient par une figure où elles s’abandonnaient au premier venu. Le guerrier qui avait tué son ennemi était considéré par la famille du mort comme un véritable ami, comme un frère même. Si le père était tué, les filles cherchaient un guerrier pour le remplacer. Elles faisaient de même pour un frère mort. La case ne pouvait rester sans tane, sans taata, sans homme, sans mari.
Quand un homme avait été tué, ses parents disaient : « Amis, nous avons une fête à célébrer ! Il nous faut sacrifier la tête d’un guerrier pour venger notre frère qui est mort ! Le voulez-vous ? Oui ! »
Alors commençaient les jeux, les danses, les festins et les exercices de la lance jusqu’à ce que tous ceux qui prenaient part à ces démonstrations fussent contraints de s’arrêter, épuisés et non rassasiés.
La veille du jour choisi, on allait chercher de petits bambous pour en faire des flûtes (vivos), et la salle préparée pour les danses était consacrée suivant les rites. Personne ne devait plus y pénétrer jusqu’à l’heure fixée.
Le matin, les femmes s’approchaient de la maison des danses. Toutes elles apportaient quelque chose à manger. Le feu était allumé et les vivres placés dans le four. La danse s’ouvrait alors par une invocation au dieu dont les prêtres, les romatané, avaient le pouvoir de donner la pluie à la terre ou de la lui refuser. Dans chaque lieu dédié aux jeux et aux danses, derrière la case elle-même, se trouvait toujours un marae. C’est là que le romatané disait les prières aux dieux, aux cinq dieux dont il était le prêtre.
Je voudrais m’en tenir là. Que de choses intéressantes j’aurais encore à dire pourtant ! Ces contes, ces légendes, cette peinture de mœurs étranges, cette fleur de poésie primitive m’enchantent tout le premier. Dans chaque détail je retrouve ce mélange de mollesse et de fierté, d’abandon et de courage qui paraît encore chez les Tahitiens que j’ai sous les yeux. Plus je vais, plus je me confirme dans l’idée qu’on est trop prompt à condamner une race qui possède un tel passé. Que l’on me pardonne donc si je consacre encore quelques lignes au Tahiti d’autrefois.
On engraissait les enfants. Les Amouraai te hua pipi étaient des hommes beaux et bien faits, bien nourris et bien entretenus dès leur enfance. Ils formaient une caste peu nombreuse, étaient aimés de toutes les femmes. Un simple contact, le fait de toucher la ceinture d’un amou avec le bout d’un bâton suffisait pour plonger les femmes dans une extase amoureuse.
Les enfants des hui-raatira étaient engraissés aussi. On les nourrissait pour cela avec l’opio sacré (mayoré laissé longtemps dans le four) et avec la popoï (mayoré ou feï écrasé qui entre encore aujourd’hui dans l’alimentation des petits Tahitiens). Ces aliments étaient préparés pendant la nuit. Tandis qu’on les engraissait, les filles ne pouvaient aller se baigner. Elles portaient des vêtements qui leur tombaient jusqu’aux pieds ; le jour elles restaient dans la case ; on ne leur permettait de sortir qu’un moment avant le coucher du soleil ou pendant la nuit.
Quand on parle des usages d’un peuple comme celui-ci, l’écueil est de voir des analogies partout. Comment ne pas songer au carnaval, par exemple, à propos du marama raa pori, mois où l’on se gorgeait de nourriture et que les arioi observaient fidèlement ? Les enfants des deux sexes étaient alors disposés en groupes. Ils ne portaient que le maro (ceinture) sauf les fillettes un peu âgées qui pouvaient se vêtir davantage. Les vivres, cochons, poissons, fruits, étaient apportés et préparés par les pères de famille et le repas commençait. Tout le monde donnait des étoffes aux arioi pour qu’ils fussent vêtus convenablement à ces fêtes.
Pendant le marama raa, l’arioi en chef désignait les hommes capables d’entrer dans la congrégation. Si un arioi avait un enfant adoptif ou un parent beau et bien fait, il lui donnait un nom et cet enfant ou ce parent était reçu aussitôt. Les célèbres Jambes noires dont j’ai parlé plus haut faisaient de leurs pupilles des arioi du premier rang. Les femmes des arioi choisissaient les plus belles filles pour compagnes.
Quelquefois, le corps luisant d’huile de coco, les personnes grasses étaient portées en triomphe jusqu’à l’endroit où se célébraient les jeux. Cette tradition s’est perdue avec tant d’autres comme à Paris celle du Bœuf gras si regrettée des badauds ; cependant les Tahitiens apprécient toujours l’embonpoint, et pour eux les plus grosses sont les plus belles femmes.
Après ces fêtes de la nourriture on s’allait coucher. Le lendemain, c’était le Hua-pipi. De la maison où l’on s’engraissait on se rendait dans un lieu ombragé. Là, le roi des arioi habillait le nouveau compagnon en lui donnant le maro (ceinture) et le tiputa (sorte de poncho). Puis il criait : « Voici le nouvel arioi ! Il est prêt ! Il peut aller dans sa maison maintenant ! Il en sait assez ! » On se rendait chez le Roi ; les arioi jouaient et dansaient. Un festin suivait.
Tous étaient parés d’étoffes aux couleurs éclatantes et couronnés de fleurs.
On appelait Tatu pehe ceux qui formaient des chanteurs et transmettaient à la jeunesse les chants composés par eux-mêmes et l’art d’en composer de nouveaux. Chaque district avait ses chœurs et ses chansons. A la fête de Topata tahi, les jeunes gens qui apprenaient à chanter offraient des présents, des vivres, des cochons, des fruits, des gâteaux et des étoffes à leur instituteur. Topata tahi veut dire une goutte. La première chanson de l’élève était comme la première goutte de son savoir ; on ne célébrait cette fête que si les jeunes gens étaient bien instruits. La fête terminée, ceux-ci rentraient dans leurs familles où ils enseignaient à leur tour aux jeunes filles ce qu’ils avaient appris des Tatu pehe.
Les Tahitiens ont leur clef des songes. Les petits volumes niais, imprimés avec des têtes de clou sur du papier à chandelle, que les colporteurs vendent dans les fêtes de village, en France, ne valent assurément pas les traditions étranges de ce pays mais ils en sont un peu cousins. Qu’on en juge !
Une étoile filante annonce le vent ou présage la naissance d’un roi.
Quand le petit grillon crie à l’avant de la pirogue près du rivage, elle chavirera au moment où la flotte des arioi voudra partir.
Si une femme rêve qu’elle porte un Té, sorte de palette en bois dont on se servait pour fabriquer les étoffes d’écorce, elle concevra bientôt et elle aura un fils.
Si une femme rêve qu’elle est allée cueillir des lis dans la vallée, elle aura une fille.
Si une femme rêve qu’elle s’est cassé une dent de la mâchoire supérieure, elle aura un garçon.
Si une femme rêve qu’elle s’est cassé une dent de la mâchoire inférieure, elle aura une fille.
Quand le prêtre a dit les prières sur une pirogue qui part pour un long voyage, il prend un morceau de nape, un fragment de corde d’écorce de noix de coco provenant du gréement de cette pirogue, et le place sous une pierre plate devant le marae. Tandis que la pirogue est au loin, les amis du navigateur viennent trouver le prêtre et lui demandent des nouvelles de celui qui est parti. Si le nape n’est plus placé de même ou s’il est tordu, le prêtre dit : « La pirogue a chaviré loin du rivage ! » Si le nape est toujours au même endroit, le prêtre dit : « La pirogue a touché la terre ; le navigateur est sain et sauf ! »
Quand le navigateur part, il fait une prière : « Si je hisse la voile de ma pirogue et si je vais jusqu’à Tehua (une passe de Papara fort dangereuse), que les lames de la mer me portent et que je passe par-dessus les épaules du dieu Tane ! »
Quand le prêtre a consacré un fragment de cordage lors de la construction d’une case, et quand ce fragment de cordage a bougé, cela veut dire que la maison sera détruite par les Huhu, abeilles sauvages, ou par un incendie.
Si le pêcheur rêve qu’il traîne à la remorque un cocotier, le lendemain il prendra une anguille ou un requin.
Si le pêcheur rêve qu’il jette à la mer un morceau d’étoffe, il est certain de prendre le lendemain plusieurs sèches (fee).
Si le pêcheur rêve que sa pirogue est remplie de feuilles de cocotier, le lendemain sa pirogue sera remplie des thons qu’il aura pris.
Si le pêcheur rêve qu’il a tué un homme, il prendra le lendemain un gros requin ou des bonites.
Si le pêcheur rêve qu’une petite maison est construite à l’avant de sa pirogue, le lendemain il prendra une tortue.
Si dans une cérémonie religieuse les dieux laissent tomber seulement quelques gouttes de pluie, le prêtre déclare que cette cérémonie est défectueuse et sent la pourriture de la mort. S’il n’a pas plu du tout, cela veut dire que la guerre est prochaine. Si la pluie du ciel est tombée à torrent, le prêtre annonce que la fête sera propice. La paix est assurée et les dieux sont contents.
Quand une flottille de pirogues est préparée pour la guerre, si l’arc-en-ciel se montre peu distinctement, ceux qui ne servent pas les dieux prétendent que le succès est certain et que l’arc-en-ciel se moque des guerriers.
Si un homme coupe un arbre de sa hache et que son outil se brise, cela veut dire que le travail qu’il a entrepris ne sera jamais achevé car la guerre sera bientôt déclarée. C’est la fatalité qui a brisé la hache et tout le pays sera subjugué par l’ennemi. Si la hache est seulement ébréchée, c’est une chose mauvaise encore, un signe de maladie. Cet homme, sa femme ou ses enfants tomberont malades.
L’arc-en-ciel annonce le vent. Il signifie encore qu’un poisson est envoyé pour hâter la destruction des ennemis. Ce poisson s’appelle « le Poisson qui se tient sur l’arc-en-ciel. »
Si l’on rêve de la germination des plantes, on aura des enfants.
Quand la paix est conclue, si un homme commence à construire une case et qu’il éternue une ou plusieurs fois, la paix ne sera pas de longue durée.
Lorsque le scorpion se frappe trois fois avec sa queue, c’est un signe de guerre ou de maladie.
Quand un homme coupe un arbre pour le creuser et s’en faire une pirogue, si l’eau sort du tronc cet homme se met à pleurer. Cela veut dire que la guerre va commencer : la pirogue ne sera jamais finie, le pays sera vaincu, le travail abandonné.
Au moment du Tuituiporo, quand la pirogue est achevée, le prêtre regarde le feu. S’il est rouge d’un côté et pâle d’un autre, c’est un mauvais signe. La poix ne fondra pas. Le toit sera brûlé. La pirogue ne sera jamais lancée : la guerre va s’ouvrir…
A en croire les Tahitiens, la venue des Européens avait été depuis longtemps présagée ; on avait prédit que l’on verrait arriver des pirogues sans balanciers, des navires avec quatre branches, les mâts. Le prophète ne fut pas cru sur parole. Il jeta à la mer un umete (sorte de récipient sphérique en bois) qui surnagea, et s’écria : « Voyez, il ne chavire pas ! » Les Tahitiens répondirent : « Cela est peut-être vrai ! »
Quelques mots sur la maladie, la mort et l’embaumement.
Le prêtre qui guérissait une personne avait le privilège de présider aux cérémonies en l’honneur des dieux et du convalescent. Il ordonnait à la famille de préparer des étoffes rouges et, quand tout était prêt, il attendait la nouvelle lune. Toute la famille était réunie dans la maison du malade. On apportait des fleurs, de l’huile parfumée et des morceaux d’étoffe. Chacun en prenait un peu. Alors le prêtre racontait la maladie et la guérison. A son discours succédaient les discours des personnes présentes qui toutes faisaient des vœux pour que le convalescent jouît désormais de la santé. La bande d’étoffe destinée à chaque dieu était portée devant le marae de ce dieu.
Un prêtre présidait aux obsèques. Si le mort l’avait demandé, ses os étaient brûlés. On lui faisait les Tia matapo poo, une profusion de présents où les étoffes dominaient. Des morceaux étaient consacrés aux dieux ; le reste était pour la famille du mort. On en agissait ainsi par crainte de l’esprit de celui qui n’était plus. Sans cela, cet esprit serait venu tourmenter et détruire les membres de la famille. Pour célébrer la cérémonie funèbre on attendait aussi l’apparition de la nouvelle lune.
L’embaumeur retirait les viscères et les intestins du corps qu’il bourrait de linge imprégné de suc de datura et d’huile odoriférante. Le cadavre était ensuite écorché ; puis, quand il était sec, on le mettait debout comme un homme vivant, on le portait dans la maison des morts et on lui présentait des aliments.
Passons à quelque chose de plus gai.
Le Tahitien cultive le calembour et s’adonne à la charade :
Quel est le bois dont toutes les parties, le tronc et les branches sont durs ? C’est l’ati, le tamanu ; c’est encore l’enfant né loin de la maison et accoutumé au malheur !
Quel est l’arbre dont les racines sont intactes et en bon état ainsi que les branches, mais dont les feuilles tombent au premier souffle du vent, l’arbre qui crie toujours : « E aé ! E aé ! » C’est le petit enfant qui vient au monde.
Prenez garde à l’insouciance ! Ne faites pas comme Hitiu terai, le fameux guerrier de Moorea. Il vivait dans sa maison sans penser à rien. Et son marae a été détruit, ses arbres ont été pris pour en faire des lances. Il n’avait fait ni un casse-tête ni un harpon et il a été tué trompé par son insouciance.
C’est à Raiatea que se sont le mieux conservées les légendes des dieux d’autrefois. Ces dieux étaient fort nombreux.
Il y avait entre autres :
- Oro, dieu de la destruction, dieu de la guerre ;
- Hiro, dieu de l’adresse, dieu des voleurs ;
- Tane, l’homme dieu, le dieu de la beauté ;
- Ruatupuanui, le chaos, le créateur de toutes choses ;
- Atea, déesse de l’étendue, femme de Ruatupuanui ;
- Taere, le dieu de l’abîme, de la fondation ;
- Apoarau, le dieu qui cache les choses ; le messager de Tane ;
- Raitupu, le dieu de la naissance et de l’achèvement ;
- Tiatoatéa, le dieu qui bénit les efforts ;
- Tana-i-te-titiri, le dieu qui inspire les actions ;
- Tiaouri, le dieu de l’ombre, fils du dieu Tii ;
- Tii, dieu de l’ombre et de la dispute ;
- Ru, dieu de la colère ;
- Taaroa-Tuhi-Mate, le dieu qui donne la mort ;
- Te Mehani, la porte de l’enfer ;
- Ruanuu, le dieu des têtes chauves ;
- Toahiti-mata-nui, le dieu des vallées.
Je reviens à la poésie :
LE PÊCHEUR
LAMENTATIONS SUR UNE FEMME
Le mari était Moanarai, Profondeur de l’Océan, et la femme Aitofa, Désir du Guerrier.
Viens de Toa, ô Aitofa !
Ma très belle mais fuyante femme !
Comme la marée qui monte et comme le déluge dans la vallée ainsi est l’excès de l’affection que j’ai pour toi.
O Aitofa, prends en pitié ton mari qui va mourir !
La mer immobile est comme la fille qu’on attend !
Ton époux s’évanouira d’émotion et d’anxiété quand il reverra le visage de son épouse bien-aimée venant vers lui avec amour !
Tes yeux sont les plus beaux de tous !
Quand ses regards rencontrent les tiens ton époux conserve l’image de son épouse ; comme la lueur qui brille sur le récif ainsi est ton époux ; il est comme la profondeur de l’espace.
Son chagrin est comme un grand nuage sombre.
Mon chagrin doit être comparé au ciel quand il est noir.
Hélas ! pitié, pitié pour moi !
O ma petite femme, ma douce et bien-aimée femme, reviens de tes voyages au loin !
Ma belle femme, mon amie et ma consolatrice dans le chagrin, mon amie dans les mauvais jours et mon soutien !
Je te ferai une couronne de fleurs de pandanus, ô Aitofa !
Maintenant tes artifices me troublent.
Tu fuis comme l’eau limpide du bain et comme la fleur qui s’évanouit.
Pitié pour toi, ô Aitofa !
Tu es comme une pirogue qui se perd !
O l’agonie de mon cœur, la peine de mon esprit !
Je ne vaux plus rien et je songe à la mort !
Une frénésie soudaine s’empare de moi !
Malheur à nous deux ! L’esprit de ton époux se perd dans sa compassion pour sa femme !
Aie pitié, ma bien-aimée ! Que ton aimable visage se tourne vers moi !
Ma case est détruite : je suis une épine brisée !
Quelle offense t’ai-je faite, ô ma petite femme ? Pourquoi as-tu fui ?
Pourquoi m’as-tu brisé aussi violemment ! Pourquoi es-tu partie ?…
Tu es une femme impitoyable !
Mon dépit est devenu un ouragan qui passe en moi !
Il n’y a plus de force en moi et cependant mon amour soupire après toi !
Je suis sans chaleur à cause de l’ardeur de mon amour pour toi !
O Aitofa, reviens ! Ici sont tes rouges étoffes ! Ici sont tes vêtements écarlates ! Ici sont tes colliers de perles.
Tout ici est à toi comme moi-même, Moanarai, Profondeur de l’Océan.