Le monde tel qu'il sera
CONCLUSION.
Marthe et Maurice demeurèrent le cœur navré. Tous deux pleuraient sur ce monde où l'homme était devenu l'esclave de la machine, l'intérêt le remplaçant de l'amour; où la civilisation avait appuyé le triomphe mystique du chrétien sur les trois passions qui conduisent l'homme aux abîmes; et tous deux s'endormirent dans ces tristes pensées.
Mais, durant leur sommeil, ils eurent une vision.
Il leur sembla que Dieu abaissait les yeux vers la terre, et qu'à la vue du monde tel que l'avait fait la corruption humaine, il disait:
«Voilà que ceux-ci ont oublié les lois que j'avais gravées dans leur cœur; leur vue intérieure s'est troublée, et chacun d'eux n'aperçoit plus rien au delà de lui-même. Parce qu'ils ont enchaîné les eaux, emprisonné l'air et maîtrisé le feu, ils se sont dit:—Nous sommes les maîtres du monde, et nul n'a de compte à nous demander de nos pensées. Mais je les détromperai durement: car je briserai les chaînes des eaux, j'ouvrirai la prison de l'air, je rendrai au feu sa violence, et alors ces rois d'un jour reconnaîtront leur faiblesse.»
A ces mots il avait fait signe; les trois anges de la colère s'étaient précipités vers la terre, où tout était devenu ruine et confusion. Pendant un long rêve, Marthe et Maurice avaient vu les portiques croulant, les fleuves débordés, les incendies roulant en vagues de flammes, et, dans cette destruction générale, le genre humain qui fuyait éperdu!
Mais au plus fort du désastre, une voix avait crié:
«Paix aux hommes de bonne volonté. C'est pour eux que l'humanité renaîtra et que le monde sortira de ses ruines.»
FIN