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Le Robinson des Alpes

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CHAPITRE X
Où Marcel éprouve plusieurs surprises plus agréables les unes que les autres.

La soirée était sombre et sans lune. Au coucher du soleil, le temps s’était mis à l’orage, le vent s’était levé et soufflait avec force.

— La nuit sera mauvaise, dit Marcel, qui était allé dans le hangar chercher un bottillon de paille pour faire un lit à sa chienne.

Il étendit la paille au pied de l’espèce de coffre servant de lit et en forma une litière moelleuse.

Puis il retira la marmite du feu et mit le couvert : une assiette creuse, un verre, une écuelle de lait, un pot d’eau, sa marie-jeanne encore au tiers pleine de vin, une cuiller, une fourchette. Il posa sur une assiette le jambon qu’il avait avec lui, alla couper un triangle du fromage fabriqué par son prédécesseur, prit dans la huche, qui en renfermait deux, une miche à moitié entamée, plaça un escabeau près de la table, et, cela fait, il revint à la marmite, qu’il découvrit.

Un flot de vapeur s’éleva aussitôt et parfuma la pièce d’une odeur des plus appétissantes.

Ho ! ho ! si je ne m’en étais douté depuis longtemps, voilà un fumet qui me dénoncerait les excitants méridionaux si en honneur à Tarbes et autres lieux circonvoisins.

Il ne s’était pas trompé : la marmite contenait un ragoût de haute saveur, fait d’un quartier de chevreau cuit avec des pommes de terre, de l’ail et des oignons auxquels on avait ajouté force sel et poivre.

Il partageait ses mets fraternellement avec Petiote, qui, de son côté, faisait disparaître les os de chevreau avec un entrain admirable. Après le ragoût, Marcel passa au fromage, qu’il trouva d’un goût exquis, très fin et très aromatisé.

— Aussitôt que je serai définitivement installé, dit-il, il faudra que je fasse des fromages et du beurre ; cela me sera facile, puisque voilà une baratte. Mes chèvres me donnent beaucoup plus de lait qu’il ne m’en faut pour ma consommation ; je ne veux pas le laisser perdre. Je vois que je ne manquerai pas d’occupations. De même que Robinson Crusoé, me voilà à la tête de deux habitations, une grotte et une hutte, maison d’hiver et maison d’été ; mais toutes deux sont assez mal closes : elles réclament de sérieuses réparations pour me mettre à l’abri du vent, de la pluie et du froid. Demain, au lever du soleil, après avoir trait mes chèvres, je retournerai à ma grotte, je rapporterai ici tous mes bagages, et je me motivai sans retard à la besogne.

Il quitta alors la table, lava la vaisselle dont il s’était servi et remit tout en place. Cela fait, il arrangea le feu de façon à le faire durer toute la nuit.

— Faisons notre lit, maintenant, dit-il. Il commença par enlever les couvertures et les jeta de côté. — Elles ne sont pas trop mauvaises, dit-il ; bien lavées, elles me seront très utiles. Couchons-nous.

Au même instant la porte s’ouvrit avec fracas ; le vent s’engouffra avec fureur dans la hutte, éteignit la lampe et dispersa les cendres et les tisons du foyer çà et là à travers la pièce. — Voilà une rude bourrasque, dit Marcel, sans autrement s’émouvoir. J’ai cru un instant que mon prédécesseur revenait, et que c’était lui qui annonçait si bruyamment sa présence. Il se hâta de fermer la porte et de rallumer la lampe.

— Ma foi, dit-il en assurant la barre de bois qui faisait une fermeture solide, je me clos parce que j’y suis contraint ; si par impossible le maître de céans venait à rentrer, il en serait quitte pour frapper. Grâce à Petiote, je ne serai pas long à m’éveiller et j’aurai bientôt ouvert.

Après avoir rassemblé les débris épars de son feu et l’avoir suffisamment garni pour le conserver toute la nuit, Marcel se décida enfin à s’étendre sur la paillasse qui lui tenait lieu de lit ; il éteignit sa lampe, s’enveloppa du mieux qu’il put ; il ferma les yeux et s’endormit presque aussitôt. Lorsqu’il s’éveilla, il faisait grand jour. Il se leva d’un bond, il était transi. Son premier soin fut de raviver le feu, dont les flammes bienfaisantes l’eurent bien vite réchauffé. Puis il ouvrit la porte et les volets. Le temps était magnifique ; le ciel était bleu, sans nuages : le soleil brillait et mettait une étincelle à chaque goutte de rosée ; les oiseaux chantaient à pleine gorge sous les frondaisons. Tout était gai et riant autour de la petite hutte champêtre.

Marcel ne tarda pas à subir l’influence de ce réveil joyeux de la nature.

Les chèvres traites allèrent brouter dans les rochers ce chèvrefeuille des Alpes dont elles sont si friandes. Marcel mangea un morceau, puis il siffla sa chienne, prit son bâton et quitta la hutte, dont il laissa la porte ouverte.

Cette fois, au lieu de suivre le sentier, il coupa au plus court en marchant à travers bois, car il avait hâte d’atteindre la grotte. Tout en marchant aussi vite que le terrain accidenté le lui permettait, le jeune homme regardait curieusement autour de lui, non par désœuvrement, mais afin de se rendre compte des essences dont ce bois était composé ; il reconnut bientôt que ces essences étaient nombreuses, mais que les ormes, les frênes et surtout les châtaigniers étaient en majorité. Ces bois étaient précieux pour lui ; il se promit de les utiliser au besoin pour les réparations et les améliorations qu’il avait projetées. Tout à coup il poussa une exclamation joyeuse. Il venait de découvrir tout autour de lui une grande quantité de morilles poussant au bord des fondrières, sous les frênes et les châtaigniers. Quelques-uns même de ces champignons apparaissaient dans les cavités remplies de terre des arbres les plus âgés.

C’était une découverte précieuse, la morille n’ayant pas d’espèces vénéneuses et étant aussi inoffensive qu’agréable au goût.

Il continua donc son chemin. Bientôt il sortit du bois et se retrouva dans la plaine à une courte distance du lac.

Tout était calme et reposé dans la plaine ; une foule d’oiseaux voletaient çà et là. Ce paysage si simple et si primitif, que la main de l’homme n’avait pas encore gâté, avait un aspect pittoresque.

Un lapin partit à l’improviste presque sous les pieds du jeune homme.

— Hé ! mon gaillard, dit gaîment Marcel, en le regardant courir et le menaçant du doigt ; tu as deviné que je n’avais pas mon fusil, hein ? Sois tranquille, toi et tes camarades, vous ne perdez rien pour attendre.

Quelques minutes plus tard, il rentrait dans la grotte ; chaque objet était dans l’état où il l’avait laissé.

— Définitivement, je suis bien véritablement seul ici, murmura-t-il tristement. Il faut que j’en prenne mon parti.

Le retour s’effectua sans incidents d’aucune sorte, et comme Marcel s’était hâté, son absence n’avait pas duré tout à fait deux heures.

Lorsqu’il se fut débarrassé de ses bagages, son premier soin fut de procéder à l’inventaire de ce qu’il possédait.

On se rappelle que, la veille de son départ de la ferme de Beaurevoir, son ami Pierre Morin lui avait enlevé son sac et que, sans le prévenir, il l’avait remplacé par un autre beaucoup plus grand auquel il avait ajouté une gibecière. Le généreux régisseur de la ferme modèle avait exigé de son ancien élève la promesse qu’il n’ouvrirait pas le sac avant d’être arrivé au terme de son voyage.

Malheureusement, depuis cet engagement pris, il s’était passé un événement que ni Pierre ni Marcel n’avaient pu prévoir.

Bien qu’en réalité son voyage se trouvât ainsi terminé de fait, Marcel hésita longtemps avant d’ouvrir le sac. Il se décida pourtant, non sans étouffer un soupir, à procéder à l’inventaire de ses richesses encore ignorées.

Il commença par la gibecière. Celle-ci, à laquelle plus d’un dur assaut avait été déjà donné, était presque vide. Il y trouva au fond trois boîtes de conserves destinées à égayer un déjeûner de la ferme. L’une était plate et renfermait des petits pois ; la seconde, ronde et haute, et la troisième, qui affectait un volume intermédiaire, portaient pour suscription : l’une, salmis de lièvre, l’autre, poulet marengo. Cette découverte imprévue amena un franc éclat de rire sur les lèvres de Marcel.

— Mon ancien professeur me traite en gourmet, dit-il ; je le remercie d’autant plus que, lorsque j’aurai mangé ces excellentes choses, les boîtes de fer-blanc qui les contiennent me constitueront d’excellents récipients.

Dans la valise il trouva encore un livre d’agriculture pratique et un traité de botanique, ouvrages précieux pour lui, puis le reste du jambon et la marie-jeanne contenant encore quelques gouttes de vin.

Le jeune homme détacha le fusil, l’enleva de l’étui et le monta. C’était une arme fort belle, véritable chef-d’œuvre de Lepage. Elle avait un double canon à rubans, était du système Lefaucheux, et le jeune homme ne tarda pas à trouver l’occasion de s’assurer que, portant également le plomb de chasse et la balle, son fusil était d’une justesse de tir incomparable.

A l’étui du fusil était solidement liée une boîte assez longue renfermant un assortiment complet de tous les outils de menuiserie. Pierre Morin avait fait venir de Paris ces outils bien trempés et de forme élégante, parce qu’il savait quel goût son élève avait pour les travaux manuels.

Aussi le visage de Marcel fut-il resplendissant de joie.

— Voilà, s’écria-t-il, qui me sera d’un grand secours pendant les journées pluvieuses et les longues veillées d’hiver. Avec ces beaux outils, on peut défier l’ennui.

Au-dessus du sac, à l’examen duquel Marcel se décida enfin à procéder, un long et large tube en fer blanc était retenu par trois courroies. Il y trouva les quelques mains de papier, les crayons, les plumes, le canif et la petite bouteille d’encre qu’il avait achetés à son passage à Grenoble.

— Bon, dit-il en riant, je pourrai tenir un journal de mes faits et gestes. Cela n’est pas à dédaigner, les pensées qu’inspire la solitude doivent être justes et intéressantes. D’ailleurs, Robinson dans son île, s’il m’en souvient bien, tenait un journal ; ce sera un nouveau point de ressemblance entre nous.

Tout en parlant ainsi, Marcel avait défait les boucles de son sac et l’avait ouvert.

— Oh ! oh ! voici quelques vêtements et du linge. Dieu soit loué ! Voyons un peu : cinq chemises en toile toutes neuves, deux pantalons et deux vareuses en solide coutil, une douzaine de mouchoirs, quatre paires de bas de laine, deux gilets de chasse en étoffe chaude et moelleuse. J’en ai là pour longtemps, d’autant plus que j’en prendrai grand soin. Si en effet je suis condamné à rester ici diverses années, il me serait fort difficile de renouveler ma garde-robe. Mais qu’est ceci ? Des lames de scie roulées comme des ressorts de montre ! Il y en a huit de plusieurs dimensions ; celles-ci sont des lames destinées à une scierie à eau. Ce brave Pierre n’a pas oublié que mon père adoptif a depuis longtemps le désir de monter sur le Guiers-Mort une petite usine de cette nature. Voilà maintenant des lames de rabot de plusieurs dimensions et de formes diverses : lame à raboter, lame à tenons, lames à mortaises. Le bois ne manque pas ici, je me charge d’emmancher convenablement ces précieux outils. Bon ! voilà une poire à poudre, des cartouches à balle et des cartouches à plomb de numéros variés ; j’ai des munitions pour longtemps. Qu’est-ce encore cela : oh ! le charmant elzévir ! les Essais de Michel Montaigne ? Oh ! mon vieux philosophe, tu seras mon consolateur et mon soutien quand sonneront les heures de tristesse et de découragement. Mais qu’est-ce que je sens donc là entre deux chemises dans une boîte en carton ?

Il prit la boîte et l’ouvrit ; elle contenait une superbe et excellente montre en or de Leroy ; deux chaînes de gilet, l’une en or, l’autre en argent, étaient jointes à la montre. Dans la boîte se trouvait placé également un papier plié en quatre ; Marcel l’ouvrit et en lut le contenu ; il avait des larmes plein les yeux, larmes de joie, d’attendrissement et de reconnaissance.

Ce papier contenait ces simples mots. Le jeune homme les relut vingt fois avec la plus sincère et la plus profonde émotion.

« Cher Marcel, cette montre complète les surprises que je m’étais promis de te faire, comme une faible preuve de mon éternelle amitié. Nul n’est dans le secret de l’avenir ; je veux que dans quelque situation que tu te trouves, heureux ou malheureux, en regardant cette montre, tu penses à moi comme à l’homme qui t’aime plus que tout au monde, pour le bien que tu lui as fait. Si tu es heureux, mon souvenir te sera agréable en te rappelant un être heureux qui te doit son bonheur ; si tu es malheureux, mon exemple te donnera du courage.

« Ton frère par le cœur, Pierre Morin. »

Marcel, en proie à une émotion poignante, demeura longtemps les regards obstinément fixés sur ce billet qu’il tenait dans ses mains et que ses larmes l’empêchaient de relire. Il soupirait et se laissait aller à la plus amère mélancolie sans même tenter de réagir contre l’abattement général qui le paralysait.

Mais peu à peu, sa tristesse se calma ; la paix rentra dans son esprit ; il relut une fois encore le billet si court et si touchant de son ami, dont il commenta chaque mot ; puis il le plia et le serra précieusement dans son portefeuille.

— Oh ! mon cher et aimé Pierre, murmura-t-il doucement d’une voix émue ; ce billet est une prophétie, ton amitié t’a fait pressentir l’avenir sombre et l’épreuve terrible que Dieu m’inflige. Tu as raison comme toujours ! Ton souvenir me rend non seulement mon courage, mais encore il double mon énergie. Je serai digne de toi.

Il prit la montre, la monta en se réglant sur le soleil, l’attacha à la chaîne d’argent, et, après l’avoir pieusement baisée, la plaça dans la poche de son gilet.

— Maintenant, dit-il après un instant, il s’agit de ranger le mieux possible toutes ces richesses sur une tablette, jusqu’à ce que je me sois confectionné une armoire pour les serrer. Cela, d’ailleurs, ne tardera pas. Le sac est vide ! Mais non ! il contient encore un sac en papier très volumineux. Qu’est-ce cela ?… Échantillons de graines… Voyons donc.

Il ouvrit le sac et en versa le contenu sur un coin de la table ; c’était une quantité de petits paquets dont il lut les étiquettes.

Il y avait là des semences de toutes sortes : des légumes, céleri, oignons, échalote, ail, civette. « Voilà qui aurait rendu mon prédécesseur bien heureux », dit Marcel en souriant. Puis il continua : « Artichaut, cardon, bette, carotte, rave et navet, cresson alénois, épinards, oseille, laitue, choux de toutes espèces, panais, persil, cerfeuil, etc., etc. Tous les légumes cultivés dans les jardins potagers. Bon ! dit le jeune homme, j’ai là de quoi planter un grand jardin. »

Puis il trouva des haricots, des pois, des lentilles, des fèves de marais ; puis des graines de fourrages artificiels ; puis des graines de céréales en petite quantité, mais appartenant toutes à des espèces nouvelles et recommandées : blé, orge, avoine, seigle, sarrazin, maïs. Quand il lut sur les enveloppes de divers paquets : melons, concombres, courges, potirons, coloquintes, gourdes, pastèques.

— Oh ! diable, dit-il ; la température est un peu basse ici pour cette culture. Il va me falloir des couches. Je m’en ferai. Puis, quand il eut classé ces semences précieuses :

— Cher Morin, dit-il ; c’est bien l’homme de toutes les précautions ; il pensait à plaire à mon père adoptif, mais en somme, il n’a rien oublié de ce qui peut m’être utile. Ne dirait-on pas qu’il avait le pressentiment de mon malheur, et qu’il a tenté de l’adoucir autant que cela lui était possible ? Il se mit alors en devoir de ranger sur des tablettes tous les objets qu’il avait retirés de sa gibecière et de son sac.

Cette occupation lui prit assez de temps. Lorsqu’elle fut terminée, il raviva le feu, suspendit la marmite à la crémaillère, ramassa ensuite les couvertures abandonnées par son prédécesseur et les porta dans un ruisseau qui courait tout près de la hutte. Il les étendit au fond de l’eau et les fixa avec des pierres.

— Je n’ai point de savon, dit-il ; mais, quand ces couvertures seront suffisamment détrempées, je n’aurai qu’à cueillir à pleines mains cette saponaire qui pousse si vigoureusement le long du ruisseau pour achever de faire une lessive complète. Il prit alors une seille et se dirigea vers le bois à la recherche des morilles, dont il fit une abondante récolte. Il cueillit en même temps du cresson et des fraises.

— Avec un morceau de fromage, cela me fera un dessert que m’envierait un gourmand, dit-il en reprenant le chemin de la hutte. Mais voyons un peu le jardin, fit-il avant de rentrer. Il posa sa seille près de la porte et entra dans le petit enclos ; l’amandier et l’abricotier étaient en pleine floraison ; les bourres du poirier et du cerisier se gonflaient et allaient s’épanouir. Quant aux plantes potagères, sauf quelques pieds d’oseille, de chicorée sauvage, de cerfeuil et de persil, toutes les autres étaient mortes.

— Hum ! dit Marcel, ce digne Provençal avait sans doute beaucoup de bonne volonté, mais il ignorait les plus simples éléments de l’horticulture ; il est temps de réparer tout cela. Dès demain, je me mettrai à l’œuvre, car le temps presse. La terre est excellente et pourrait se passer de fumier, néanmoins la litière des chèvres m’en servira.

Après son dîner, Marcel, terminant la tâche qu’il s’était imposée, acheva de mettre ses outils en état de lui servir ; puis, à dix heures précises, il se coucha, après avoir remonté sa montre et l’avoir accrochée à portée de sa main.

A quatre heures du matin, il se leva et sortit de la hutte. Son premier travail fut de transporter du fumier dans le jardin, besogne longue et pénible, car il n’avait pas de brouette, et il lui fallait prendre la litière à la fourche et la porter ainsi. Bien que la distance à parcourir fût très courte, cette occupation lui prit deux heures.

Après avoir trait ses chèvres, il se remit à la besogne et commença à labourer. Il était habile et vigoureux ; la terre était bonne ; en cinq heures, le travail fut terminé.

— A demain les semailles ! dit-il en riant. J’irai ensuite biner les pommes de terre que la mauvaise herbe envahit. Ne voulant pas perdre les quelques minutes qui lui restaient avant l’heure réglementaire de son déjeûner, Marcel tendit un cordeau qu’il avait trouvé sous le hangar et divisa son potager en carrés qu’il sépara par des sentiers de vingt-cinq centimètres.

En ce moment, il vit arriver près de lui, d’une course précipitée, Petiote, qui, depuis le déjeûner, était allée rôder dans le bois. La surprise de Marcel fut extrême quand la brave chienne s’arrêta devant lui et déposa délicatement à ses pieds un magnifique lapin de garenne que, sans doute, elle avait surpris et étranglé d’un coup de gueule.

Le jeune homme flatta de la main l’animal, qui reçut ses caresses avec sa gravité habituelle.

— C’est très bien, Petiote ! Vous êtes une excellente pourvoyeuse, mademoiselle ! Grâce à vous, nous aurons ce soir un succulent dîner. Continuez ainsi pendant que je travaillerai ; chassez ; nous nous en trouverons bien l’un et l’autre.

Marcel ramassa le lapin et le pendit à la porte. Puis il revint à son échelle, grimpa sur la hutte et examina l’importance des réparations qu’il avait à faire.

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