← Retour

Le Robinson des Alpes

16px
100%

CHAPITRE III
Comment Michel Sauvage partit pour l’Amérique et confia son fils Marcel à Jacques Chrétien.

Pendant un mois, le malade resta entre la vie et la mort.

Les diagnostics pathologiques de la maladie déroutaient complètement les médecins. Plusieurs consultations des meilleurs et des plus renommés docteurs de Lyon eurent lieu, sans qu’ils parvinssent à se mettre d’accord.

Le docteur Cavalier, qui le premier avait donné ses soins au malade, résolut, en désespoir de cause, de laisser agir la nature, tout en surveillant attentivement les symptômes et les accidents qui pourraient se produire. Ce cas extraordinaire intéressait singulièrement le savant praticien. Il s’était pour ainsi dire fixé à la ferme afin d’épier plus facilement son malade, et de pouvoir ainsi mettre à profit les moindres changements qui surgiraient à l’improviste.

L’attente fut longue : mais, ainsi que l’avait prévu l’habile médecin, la nature, si puissante dans les organisations jeunes et riches, livrée à elle-même, déploya toutes ses forces, fit son travail mystérieux, et enfin, une crise heureuse eut lieu.

Michel Sauvage était sauvé.

Un voile de mélancolie s’était répandu sur ses traits ; il semblait s’être concentré en lui-même et ne vivre qu’avec ses pensées : il parlait peu, par phrases courtes, brèves, heurtées ; une profonde indifférence paraissait diriger toutes ses actions, même les plus importantes ; de profondes rides s’étaient creusées sur son front et aux commissures de ses lèvres pâlies, sur lesquelles un rictus nerveux avait figé un sourire triste, presque navrant.

Dès que ses forces furent suffisamment revenues, il résolut de suivre le conseil du docteur Cavalier, et de retourner à Lyon au plus vite afin de reprendre ses occupations habituelles et sa vie active. Il pourrait ainsi donner le change aux pensées douloureuses qui le hantaient sans cesse et qui sûrement, s’il s’y abandonnait, lui causeraient une rechûte, dont cette fois il ne se relèverait pas.

— Vous le voulez, dit-il au médecin. Soit ! je vous obéirai, docteur !… et il ajouta, avec ce sourire qui faisait tant de mal à ses amis : Je dois vous donner cette marque de déférence pour tout ce que vous avez fait pour moi. Séance tenante, il prit affectueusement congé de Jacques et de sa femme, embrassa son fils Marcel avec une tendresse douloureuse, et, montant dans la voiture du docteur, il partit avec lui pour Lyon.

Au moment du départ, Jacques, en lui serrant la main, lui avait demandé s’il le reverrait bientôt. Michel avait répondu avec une expression singulière :

— Bientôt tu me reverras ; oui, sois tranquille !

Ces quelques mots et la façon dont ils avaient été prononcés avaient donné fort à penser au brave fermier.

— Il rumine quelque projet mystérieux, murmurait-il entre ses dents, en hochant la tête et suivant du regard la voiture, qui s’éloignait au grand trot à travers les méandres des sentiers qui sillonnaient la plaine.

Plusieurs mois s’écoulèrent pendant lesquels Michel écrivit deux ou trois fois à son ami. Ces lettres, généralement courtes, étaient empreintes d’une tristesse toujours croissante. Le temps, au lieu de cicatriser la blessure morale du fabricant, semblait au contraire la rendre plus poignante et plus douloureuse. Dans chacune de ses lettres se trouvait un paragraphe spécialement relatif à l’éducation qu’il voulait que Jacques donnât à son fils Marcel.

« Mon grand malheur, disait-il, est d’avoir été élevé par une mère trop faible, trop aimante, et surtout douée d’une sensibilité et d’une faiblesse nerveuse qui la laissaient sans force contre les plus petites et les plus vulgaires contrariétés de la vie. Ma mère m’adorait, je lui rendais son affection au centuple, elle était ma confidente, mon refuge dans tous mes chagrins d’enfant, mais sa tendresse excessive pour moi la trompait et la faisait aveugle ; j’étais, dans toute la force du mot, un enfant gâté. Au lieu de réagir contre la sensibilité nerveuse et la faiblesse qui étaient en moi, elle me consolait, pleurait avec moi et, sans même s’en douter, tuait dans mon cœur ce germe de virilité de l’âme et cette énergie morale sans lesquelles rien n’est possible dans la vie. »

Michel Sauvage brodait constamment sur ce thème, revenant sans cesse sur cette faiblesse, cause de son incurable découragement et contre laquelle il ne se sentait même pas la force de réagir. Puis, tout à coup, il cessa d’écrire. Deux mois s’écoulèrent sans que Jacques reçût aucune nouvelle de son ami ; son inquiétude était grande ; malheureusement les travaux de la ferme absorbaient tous ses instants et exigeaient impérieusement sa présence : on était en pleine récolte.

Cependant, Jacques, ne pouvant résister à l’inquiétude qui lui serrait le cœur, avait résolu de se rendre à tous risques à Lyon, afin de voir son ami et de connaître enfin les motifs de son long silence. Il comptait partir le lendemain, au lever du soleil, lorsque, le soir, en revenant de faire une visite minutieuse dans la plaine, afin de donner des ordres à ses chefs ouvriers sur ce qui devrait être fait pendant son absence, il aperçut, en descendant de cheval, Michel debout sur le seuil de la porte de la ferme.

La joie de Jacques fut vive ; les deux amis tombèrent dans les bras l’un de l’autre.

La première émotion calmée, Jacques examina son ami et fut effrayé de l’état dans lequel il le vit. Michel n’était plus que l’ombre de lui-même ; il avait en quelques mois vieilli de dix ans. Ses cheveux, si noirs et si abondants, s’étaient éclaircis et mélangés de beaucoup de fils argentés. Sa maigreur était extrême ; des rides profondes sillonnaient son front ; son regard s’était éclairci, et ses traits émaciés, d’une teinte plombée, avaient une expression de douleur et de désespérance qui faisait peine à voir.

— Tu me trouves bien changé, n’est-ce pas, Jacques ? dit-il avec un sourire morne.

— Bah ! s’écria le fermier, en essayant de sourire, ce n’est rien ! L’air de la ville ne te vaut rien, voilà tout ! Tu es un paysan comme moi, Michel ; après huit jours passés ici, il n’y paraîtra plus ; tu seras fort et gai comme une alouette.

— Oui, je le crois, ami Jacques, répondit-il en hochant la tête, malheureusement cela est impossible.

— Impossible, pourquoi ?

— Pour une foule de raisons, mon ami, que je te dirai et que tu comprendras.

— Ainsi, tu n’es venu que pour quelques heures ? dit le fermier avec désappointement.

— A mon grand regret, crois-le bien, mon ami ! Nous souperons ensemble, nous causerons, car c’est principalement pour causer avec toi que je suis venu, et demain, au point du jour, je repartirai.

— Si tôt que cela ?

— Hélas ! oui, mon ami. Tu le sais, les affaires n’attendent pas. Je dois être au Havre dans dix jours au plus tard et je n’ai devant moi que le temps strictement nécessaire.

— Au Havre ! s’écria le fermier avec surprise, quelles affaires peux-tu avoir là ?

— Je t’expliquerai tout cela, sois tranquille.

Voyant que c’était de la part de son ami un parti pris de ne rien dire, Jacques n’insista pas davantage, craignant de lui déplaire, et il l’introduisit dans sa demeure.

Michel se montra affectueux et presque gai avec Jeannette. Il témoigna beaucoup de tendresse à Marcel, qu’il fit placer près de lui à table, et avec lequel il rit et plaisanta pendant tout le dîner, se faisant enfant lui-même pour se mettre mieux à la portée de l’intelligence à peine éclose encore du bambin.

Celui-ci était radieux. Jamais il n’avait vu son père si gai et si aimable pour lui.

Jacques et Jeannette voyaient tout ce manège avec une secrète appréhension ; ils sentaient instinctivement que cette exubérance de joie était forcée, qu’elle était sur les lèvres et à peine au cœur ; ils devinaient qu’elle cachait un problème dont la solution leur échappait, et plus le dîner avançait, plus leur inquiétude devenait vive.

Lorsque le moment de coucher les enfants arriva, Michel prit son fils sur ses genoux, l’embrassa à plusieurs reprises, les larmes aux yeux, le serrant nerveusement entre ses bras et lui répétant à plusieurs reprises d’une voix entrecoupée de sanglots :

— Marcel, n’oublie jamais ton père ! Aime-le bien, car il t’aime plus que tu ne peux le comprendre encore.

— Oh ! je t’aime aussi, mon papa ! répondait l’enfant, lui rendant caresse pour caresse.

— Oui, aime-moi bien ! reprenait Michel, et quoi qu’il arrive, ne m’oublie jamais.

— Jamais, mon papa ! Maman Jeannette, papa Jacques, toi et maman Louise qui est au ciel, je vous aimerai toujours et jamais je ne vous oublierai. Tu verras, mon papa, combien je serai sage afin que tu sois content de moi.

— Cher enfant ! s’écria Michel en l’étouffant de baisers ! Tu me le promets, n’est-ce pas, tu ne m’oublieras pas ?

— T’oublier, mon papa ! Cela serait-il possible ? Je t’aime trop, fit l’enfant en redoublant de caresses, et je travaillerai bien pour te contenter.

— Oui, oui ! fit le père d’une voix étranglée par les sanglots. Oui, travaille, sois sage et surtout deviens un homme comme ton papa Jacques.

— Et comme toi, mon papa ! parce que tu es bon. Je te le promets.

Michel embrassa une fois encore son enfant, dont il semblait avoir une peine étrange à se séparer, et il le remit à Jeannette en lui disant :

— Va dormir, Marcel, et souviens-toi, cher enfant, de ta promesse.

Le fermier, resté seul avec Michel, fumait mélancoliquement sa pipe en fixant un regard triste et inquiet sur son ami, sans oser lui dire un mot, sachant trop bien que les grandes douleurs ne peuvent être consolées que par la sympathie et le silence. Après quelques instants, la fermière rentra.

— Votre chambre est prête, monsieur Michel, lui dit-elle doucement.

Michel releva la tête et essaya de sourire.

— Merci, ma bonne Jeanne, dit-il affectueusement ; cette émotion m’a brisé, mais je ne me retirerai pas encore. J’ai à causer avec votre mari et avec vous, si bonne et si indulgente. Asseyez-vous là entre nous deux. Je tiens à ce que vous entendiez ce que je vais dire.

La jeune femme prit son rouet, car jamais elle ne restait inactive, et s’assit entre les deux hommes.

Michel passa la main sur son front comme pour en chasser les derniers nuages qui obscurcissaient son esprit, sourit, et s’adressant à Jacques d’un ton de bonne humeur :

— Verse à boire, ami Jacques, dit-il.

Il alluma un cigare et trinqua avec son ami.

— Écoute-moi, reprit-il, en reposant sur la table le verre où il avait à peine trempé ses lèvres. Malgré lui, sa tristesse reprit le dessus et ce fut avec une certaine hésitation et la voix un peu tremblante qu’il continua, bien qu’il fît de visibles efforts pour paraître gai et indifférent :

— Tu as sans doute entendu parler, ami Jacques, des États-Unis de l’Amérique du Nord. C’est une nation nouvelle encore, mais industrieuse, intelligente, audacieuse, et qui marche à pas de géant dans la voie du progrès. Rien ne l’arrête ni ne la décourage dans la ligne qu’elle s’est tracée dès le début ; elle a juré de se suffire à elle-même et de s’affranchir ainsi du patronage commercial de la vieille Europe.

— Oui, j’ai entendu parler de cela, répondit Jacques ; à mon avis les Américains ont raison d’essayer de ne plus être tributaires des nations européennes ; mais je ne vois pas ce qui, dans tout cela, peut te porter ombrage, à toi, Michel !

— Ombrage, à moi ? Mais je pense absolument comme toi à, ce sujet, ami Jacques, et j’applaudis de tout mon cœur aux progrès accomplis par les Américains.

— Eh bien, alors ?

— Tu vas me comprendre. Les Américains viennent d’entreprendre la sériciculture sur une grande échelle. Non contents d’élever des vers à soie, ils ont fondé plusieurs fabriques de soieries qui sont en pleine activité et produisent, dit-on, de fort belles étoffes. Le commerce de Lyon s’est tout naturellement ému de cette concurrence qui se dresse tout à coup devant lui ; les fabricants se sont réunis, une commission a été désignée pour se rendre aux États-Unis, y étudier les procédés employés par les Américains et s’assurer de visu que ces procédés ne font courir aucun risque à la fabrication lyonnaise.

— Et naturellement, dit Jacques avec une ironie triste, le choix est tombé sur toi et tu vas partir pour les États-Unis ?

— Oui, mon ami, dans dix jours je m’embarquerai au Havre pour me rendre à New-York, dit-il en détournant les yeux.

Jacques allait répondre, mais sa femme lui fit un signe du doigt et elle dit à Michel :

— Pourquoi ne pas nous parler franchement, monsieur Michel ? lui dit-elle d’un air peiné. Pourquoi essayer de nous donner le change, à nous qui vous aimons et avons droit à toute votre confiance ? C’est vous, vous seul, monsieur, qui avez insisté pour que cette mission vous fût confiée… vous voulez partir, quitter la France, où vous avez tant souffert, et où vous souffrez encore. Si ce prétexte vous avait manqué, vous en auriez trouvé certainement un autre ; vous vouliez partir à tout prix ; cette occasion s’est offerte à vous, vous l’avez aussitôt saisie au passage.

— Eh bien oui ! je l’avoue, ma bonne Jeanne, vous avez raison, c’est moi, moi seul, qui ai voulu partir.

— Sans doute avec la résolution arrêtée de ne jamais revenir, n’est-ce pas, Michel ? dit Jacques avec reproche.

— Non, mes bons amis, s’écria-t-il vivement ; cette pensée n’est jamais entrée dans mon cœur. Je ne reviendrai que lorsque je me sentirai assez fort pour braver impunément, ou du moins sans des douleurs trop grandes, les poignants souvenirs qui, ici, se dressent à chaque pas devant moi.

— Oui, cela est possible, dit Jacques en regardant sa femme.

— Mais, dit la fermière, il me semble que, si long que soit un voyage en Amérique, il ne peut se prolonger au delà de quelques mois, un an au plus, quand on a un but déterminé pour ce voyage.

— Mon véritable but, ma chère Jeanne, répondit vivement Michel, est ma guérison morale. Or, des années peuvent s’écouler avant qu’elle soit complète.

— Des années ! s’écria-t-elle en joignant les mains, et vos enfants : votre fils, votre fille, que vous aimez tant, que deviendront-ils, pendant cette longue absence ?

— J’ai tout prévu et réglé afin qu’ils n’aient pas à en souffrir. Rassurez-vous, mes amis, quand on entreprend un voyage comme celui que je vais faire, on prend certaines précautions ordonnées par la prudence, car on sait quand on part et on ignore quand on reviendra. D’ailleurs, on peut être à l’improviste surpris par la mort.

— Oh ! s’écria le fermier.

— Que dites-vous donc là, monsieur Michel ? fit Jeannette avec reproche.

— Ne craignez rien, mes amis, dit-il avec un sourire triste. Le suicide, à mes yeux, est un crime et une lâcheté. La douleur peut me tuer, mais jamais, je vous le jure, la pensée ne me viendra de hâter cette mort. Je n’en parle donc que comme d’un événement possible et qu’un homme honnête doit toujours prévoir afin d’y être préparé. J’ai fait un testament dans lequel je te nomme, Jacques, tuteur de mon fils, dont M. Paquet sera le subrogé-tuteur. Ma fille restera dans la famille de mon associé, M. Paquet, que je nomme son tuteur. Lui et toi vous êtes mes meilleurs et mes plus sûrs amis. Trois cent mille francs placés sur première hypothèque par mon notaire seront partagés entre mon fils et ma fille à l’époque de leur majorité ; cette somme augmentera des intérêts accumulés jusque-là et se trouvera à peu près double. Je te laisserai en sus une somme de dix mille francs destinée à l’éducation de mon fils, éducation que tu dirigeras comme il te plaira, pourvu que tu en fasses un honnête homme, énergique, travailleur et capable de soutenir, sans se laisser abattre, la rude bataille de la vie, ce que je n’ai pas eu, moi, la force de faire, parce que j’ai été gâté par un bonheur facile et que je n’ai pas, peu à peu, appris à dompter la douleur. Tu vois où cela m’a conduit. Je ne veux pas qu’il en soit de même pour mon fils.

— Je te promets, Michel, dit le fermier avec une profonde émotion, que je tenterai l’impossible pour faire de Marcel un homme, et je réussirai, j’en suis sûr ; pars donc sans regrets et reviens-nous guéri pour toi-même et surtout pour tes enfants.

— Je tâcherai, mon ami, dit Michel en serrant affectueusement la main du fermier ; et qui sait ? peut-être cette existence étrange à laquelle je vais être condamné opérera-t-elle cette cure que tous mes amis s’accordent à déclarer impossible en France.

— Reverrez-vous votre fils avant votre départ ? lui demanda la fermière.

— Non ! Je lui ai fait mes adieux ce soir. Si je le voyais, ma résolution pourrait faiblir, peut-être n’aurais-je plus le courage de me séparer de lui et il importe que je parte. J’ai envoyé tous mes bagages à Grenoble, car je ne veux pas m’arrêter à Lyon, où de chers souvenirs et la vue de ma fille risqueraient de me faire renoncer à ce voyage. Je quitterai la ferme au lever du jour ; mon départ de Grenoble est fixé à dix heures du matin.

— Eh bien ! je t’accompagnerai, dit le fermier avec un sourire triste ; je veux qu’en quittant ton pays, le dernier visage que tu voies soit celui d’un ami.

— Merci, Jacques, répondit Michel avec émotion. Tu ne pouvais me faire un plus grand plaisir.

Le lendemain, à l’heure dite, Michel Sauvage quitta la ferme en compagnie du fermier. A midi, Jacques était de retour.

— Eh bien ? lui demanda sa femme avec inquiétude.

— Il est parti en nous recommandant son fils, répondit Jacques. Hélas, pauvre Michel, le reverrons-nous ?

— Oui, j’en ai le pressentiment, s’écria vivement la jeune femme.

— Le ciel t’entende ! repartit-il en hochant la tête. Voilà notre pauvre Marcel orphelin.

— Non, puisque nous lui restons, s’écria-t-elle ; au lieu d’un enfant, nous en aurons deux.

— Voilà tout ! Tu as raison, femme ; d’ailleurs ne l’avions-nous pas adopté déjà ? Il n’y a donc rien de changé. Maintenant, fais-moi déjeûner vivement, femme, tout cela m’a bouleversé ; je meurs de faim ; dépêche-toi, le travail presse et il faut que j’aille surveiller nos ouvriers.

Le mari et la femme reprirent leur vie habituelle sans se préoccuper davantage de cette adoption définitive de l’enfant sur lequel, depuis sa naissance, ils avaient constamment veillé.

Douze jours plus tard, Michel Sauvage s’embarquait au Havre à bord du trois-mâts le Destin en charge pour New-York. Le soir même, le Destin mettait sous voiles et disparaissait en haute mer, vigoureusement drossé par une brise carabinée de l’Est-Nord-Est.

Chargement de la publicité...