Le Robinson des Alpes
CHAPITRE XIV
Dans lequel il est prouvé que les cyclones, si terribles qu’ils
soient en principe, ont cependant parfois du bon.
Le potager de Marcel était en excellent état ; tout y poussait à ravir ; il ne demandait point, par conséquent, des soins assidus.
Le jeune homme résolut de modifier son programme ; il sentait le besoin de pousser le plus rapidement possible ses travaux de construction, qu’il considérait comme étant pour lui d’une importance capitale.
Il se mit donc à l’œuvre un matin et commença par être terrassier. A l’heure du déjeûner, c’est-à-dire à onze heures, le déblai était terminé, il ne restait plus que quelques brouettées de terre à enlever.
Il avait transporté cette terre très près du bâtiment projeté et l’avait mise en tas, en ayant soin d’en enlever autant que possible les pierres et les cailloux qu’elle contenait ; il se proposait, en effet, de s’en servir en guise de mortier en la mélangeant avec de la mousse.
Disons d’ailleurs, pour mémoire, que, depuis quelques jours, Marcel avait recueilli dans les bois, sur les rochers et contre le tronc des vieux arbres, une quantité considérable de mousse ; ses ours, poussés sans doute par l’esprit d’imitation et l’espérance de se faire octroyer une gourmandise, l’avaient fortement aidé dans cette besogne en s’empressant de faire comme lui. Après son repas, Marcel se remit gaîment au travail ; en une heure les dernières brouettées de terre furent enlevées ; le jeune homme commença alors le transport des pierres ; cette fois encore, ses deux ours lui furent très utiles. Aussitôt qu’ils se furent rendu compte de ce que faisait leur maître, ils l’imitèrent et lui permirent ainsi de préparer son mortier. Si ce travail n’est pas difficile, il est du moins fatigant, car le mortier ainsi composé doit être mélangé et retourné avec grand soin. Le soir, au coucher du soleil, les fondations commençaient à prendre tournure.
Quand il eut dîné, Marcel s’occupa à confectionner une masse en bois, destinée à battre vigoureusement le sol, lorsqu’il aurait atteint la hauteur voulue. Cette masse consistait en une large bille en chêne, à laquelle était fortement emmanchée une branche de frêne longue de cinq pieds. L’achèvement des fondations exigea toute une semaine, mais, comme elles avaient été faites dans d’excellentes conditions, le jeune architecte s’en trouvait fort satisfait ; il n’avait pas espéré réussir aussi complètement. Le sol du bâtiment, bien battu et solidement ferré, comme on dirait aujourd’hui, avait pris une teinte jaune tout à fait réjouissante.
Le travail préliminaire avait été terminé un samedi soir. Marcel tenait exactement compte des jours ; il résolut de consacrer le dimanche aux soins à donner à ses deux potagers, afin de se délasser un peu ainsi des grandes fatigues de la semaine. Ses deux jardins étaient en excellent état ; le champ de blé était presque mûr. Marcel décida qu’il moissonnerait le dimanche suivant ; la faux et la faucille étaient préparées ; la lame de faux qu’il avait trouvée avait été emmanchée depuis longtemps. Il revint en chassant à la grotte ; il roula deux lapins, tua deux coqs de bruyère et trois ou quatre gelinottes. Comme ces quelques provisions lui suffisaient, il ne tira pas davantage, ne voulant pas prodiguer ses munitions.
Le lendemain, lundi, à quatre heures, Marcel se remit au travail.
Après trois semaines, les murailles arrivèrent enfin à la hauteur prévue, c’est-à-dire 2m,70 environ. Il s’agissait de poser les poutres de la toiture et de faire le faîtage. Marcel avait, suivant son projet arrêté, fauché son blé qui était fort beau ; il avait ensuite rentré sa récolte à la grotte où il l’avait battue, vannée et emmagasinée dans de grandes corbeilles d’osier, produit de son travail pendant les heures de veillée. La paille, mise en bottes pressées, fut entassée et emmagasinée dans un compartiment de la grotte. On était arrivé à la moitié du mois d’août. Jusque-là, le temps avait été fort beau et n’avait, en aucune façon, entravé les entreprises du solitaire. Mais le dimanche soir, veille du jour où il se disposait à poser les poutres du plafond, il vit, au moment du coucher du soleil, le ciel se couvrir de nuages. Il comprit qu’il allait y avoir, sinon un orage, du moins de la pluie.
Les animaux, les chèvres elles-mêmes, avaient précédé le jeune homme dans la grotte ; tous étaient inquiets et s’étaient étendus, en proie à une sorte d’énervement, sur leurs litières.
Le jeune homme alluma sa lampe, ferma hermétiquement l’entrée de sa demeure souterraine au moyen d’une porte provisoire qu’il avait construite à cet effet, et il l’assujettit en dedans, au moyen d’une barre de chêne enfoncée dans le sol et disposée en arc-boutant.
Après avoir pris ses précautions contre l’orage, il fit chauffer son dîner, mit le couvert, s’assit devant sa table et commença son repas.
Mais, cette fois, les ours blottis sur leur litière ne bougèrent pas ; les chiens eux-mêmes ne touchèrent que du bout des dents à leur pâtée, bien qu’elle fût fort appétissante.
— Si la tempête ne renverse pas mes constructions, dit-il avec un sourire qu’il essayait de rendre gai, et qui, néanmoins, restait triste, je serai cette fois assuré de leur solidité.
Bientôt, il entendit le sifflement du vent et le bruit de la pluie tombant à torrents.
Il s’étendit sur son lit, éteignit la lampe, s’enveloppa dans ses couvertures et ferma les yeux. Il cherchait résolument le sommeil, bien qu’il désespérât de le voir promptement accourir. Cependant, fut-ce par suite des rudes fatigues de la journée ? fut-ce à cause de l’accablement qui s’était emparé de lui ; du dégagement considérable d’électricité répandu dans l’air ; de la violence de l’orage, dont la fureur croissait d’instant en instant, et prenait des proportions vraiment formidables ? Toujours est-il qu’à peine couché, Marcel, qui luttait vainement contre les effets invincibles de ces conditions anormales de l’atmosphère, tomba presque aussitôt dans un anéantissement complet et s’endormit d’un sommeil lourd et profond.
Depuis combien de temps était-il en proie à cette atonie fiévreuse ? Certes, il n’aurait pas su le dire, quand, tout à coup, il fut réveillé en sursaut par un bruit effroyable, dont il ne put, au premier moment, se rendre compte.
Il bondit sur ses pieds : les chiens hurlaient ; les ours grondaient avec fureur ; les chèvres bêlaient, effarées, tandis que le bouc mouettait lugubrement. Les animaux, saisis de terreur, mêlaient leurs plaintes lamentables au bruit continu de la pluie fouettant le sol, du vent sifflant avec rage, du fracas de la foudre. Des éclairs sinistres illuminaient la grotte de leurs lueurs phosphorescentes : puis, soudain, tout retombait dans une obscurité profonde. On entendait au loin le craquement des arbres brisés par l’ouragan, le roulement sinistre des rochers arrachés de leur base et précipités dans des abîmes insondables, le bruit des éboulements presque incessants et le gémissement des eaux du lac, soulevées par le vent et se précipitant avec fureur contre les rochers de la plage. C’était une horrible nuit. La porte, si solidement établie par Marcel avant qu’il ne se mît au lit, avait été enlevée et lancée à dix pas à l’intérieur de la grotte, qu’une énorme trombe d’eau avait envahie. Marcel s’élança au dehors ; mais à peine avait-il fait quelques pas, qu’il fut renversé rudement sur le sol. En vain, il essaya de lutter contre les éléments déchaînés ; après de gigantesques efforts, il fut obligé de s’avouer vaincu et de rentrer en rampant dans la grotte à demi inondée.
L’ouragan, à la suite duquel il avait été relégué sur la corniche, si grande qu’ait été son intensité, n’était rien comparé à celui-ci. A chaque seconde, on le voyait augmenter de furie ; aucune force, aucune puissance humaine, n’était capable de lui résister. Tout à coup, il se fit un calme subit, un silence sinistre. Le vent se tut, la pluie cessa de tomber : une obscurité opaque couvrit le plateau. Ce calme terrible ne dura pas au delà de deux ou trois minutes.
Soudain, il se fit un déchirement horrible dans les nuages ; un éclair verdâtre les sillonna ; le vent et la pluie recommencèrent ; la foudre éclata avec le fracas étourdissant de cent pièces d’artillerie tonnant à la fois ; au même instant, une lueur grandissant avec une rapidité inouïe illumina tout l’horizon.
La foudre était tombée et avait allumé un immense incendie, dont les nuages reflétaient les lueurs d’un rouge sanglant. La lueur d’incendie, aperçue par Marcel, teintait toujours l’horizon avec la même intensité, malgré l’approche du jour. Bientôt la pluie cessa de tomber : tout redevint calme ; la tempête avait passé, laissant comme toujours, derrière elle, d’irréparables malheurs.
Il attendit donc, avec une vive impatience, que la nuit fût moins sombre.
Cependant, pour s’occuper et tromper autant que possible l’inquiétude qui le poignait, il ramassa les débris de la porte ; puis, au moyen d’un balai de jonc de sa fabrication, il fit couler au dehors l’eau qui avait pénétré dans l’intérieur. Lorsque tout fut à peu près remis en état, il était un peu plus de quatre heures du matin ; le ciel commençait à s’iriser des nuances plus tendres qui signalent le lever du soleil. La matinée était magnifique, fraîche et tout imprégnée de l’odeur des arbres et des plantes. Les feuilles, plus vertes, doucement agitées par la brise mystérieuse du matin, laissaient trembloter une perle de rosée à chacune de leurs pointes.
Au moment où Marcel mettait le pied dans la plaine, la lueur lointaine lança dans les airs un vif éclat, puis disparut presque subitement. A sa place, une fumée noire et intense s’éleva au-dessus des arbres.
— L’incendie a achevé son œuvre de destruction, murmura Marcel. Tout est fini. Qu’est-ce qui peut avoir ainsi brûlé ? Il m’a semblé que cette lueur apparaissait dans la direction de la hutte du pâtre. Dieu veuille que je n’aie pas à déplorer ce nouveau malheur. Non seulement toutes mes provisions seraient anéanties, mais je perdrais encore une foule d’objets, qui sont pour moi de première nécessité, et dont la disparition me réduirait à l’état déplorable dans lequel je me trouvais le premier jour de ma captivité…
Le soleil venait d’apparaître, radieux, à l’horizon ; tout présageait une belle journée. Le solitaire regarda autour de lui. Sa tente avait été renversée ; plusieurs arbres étaient brisés et déracinés ; partout où avait sévi le cyclone, le sol était bouleversé et encombré de débris de toutes sortes. Mais il constata avec la joie la plus vive que ses constructions n’avaient pas souffert le plus léger dommage ; les murailles étaient intactes ; pas un rondin formant l’épaisseur des murs n’avait été enlevé. Tout était donc dans le même état que la veille : seul, le sol ou l’aire était inondé, mais cela n’était rien ; il était facile de faire couler les eaux. S’il lui avait fallu recommencer ses constructions, peut-être Marcel n’en aurait-il pas eu le courage. Cette espèce de miracle, fait en sa faveur, le comblait de joie.
Mais, comme le jeune homme aimait à se rendre compte des choses, il chercha les motifs de cette préservation providentielle et ne tarda pas à les trouver ; il l’attribua d’abord à la situation du bâtiment, presque complètement abrité par deux immenses masses rocheuses, à droite et en arrière ; ensuite, à la direction prise par le cyclone, dont la fureur ne pouvait se développer en liberté que sur les surfaces planes, présentant une grande étendue. Du reste, la marche du fléau était visible ; elle s’était, pour ainsi dire, incrustée dans le sol, profondément labouré ; tout prouvait que le cyclone avait passé à plus de deux cents pas de la bâtisse, et dans une direction diamétralement opposée.
Au moment où Marcel se préparait à relever sa tente, dont le prélart avait été enlevé et projeté jusqu’à l’orée d’un bois de châtaigniers, il entendit Petiote qui courait sur les bords du lac en aboyant avec fureur contre un objet qu’il ne pouvait voir. A un certain moment même, la bonne bête se précipita dans l’eau et se mit à nager en cercle à un endroit dont elle ne s’écartait pas. Parfois même, elle plongeait et disparaissait tout entière dans l’eau.
Le jeune homme se dirigea à grands pas vers le lac. En approchant du rivage, il aperçut avec une surprise joyeuse, non seulement plusieurs poissons d’assez belle dimension, truites, brochets etc., étendus morts sur le sable, mais encore une certaine quantité d’autres, arrêtés et prisonniers dans des creux de rochers, ordinairement à sec, mais remplis d’eau en ce moment et dont les poissons se trouvaient dans l’impossibilité de sortir. Ces viviers naturels avaient été produits par l’orage ; les eaux du lac, en inondant ses rives, avaient entraîné avec elles des poissons, puis le calme étant revenu, les flots étaient rentrés dans leur lit et les poissons entraînés trop loin étaient restés captifs.
Cette vue des plus réjouissantes inspira sur-le-champ à Marcel la pensée d’installer sur le bord même du lac des viviers où il trouverait à sa guise du poisson frais quand il lui plairait d’en manger.
Au nombre de ces trous de rochers en ce moment si bien garnis de poissons, il y en avait un long d’environ quatre mètres sur deux mètres de large, en forme de cuvette, et profond d’un mètre et demi au moins. L’élévation de ce magnifique réservoir au-dessus des eaux du lac démontrait quelle force et quelle intensité avait dû atteindre l’ouragan pour avoir porté jusque-là les eaux profondément troublées du lac.
Il se rapprocha de l’endroit où Petiote continuait de tourner en cercle.
— A qui en a-t-elle ? murmura-t-il. Apportez, mademoiselle, cria-t-il, apportez tout de suite.
La chienne répondit par un aboiement joyeux et plongea aussitôt.
Elle demeura assez longtemps sous l’eau, enfin elle reparut et nagea vers son maître, portant dans sa gueule un animal assez gros dont Marcel ne reconnut pas d’abord l’espèce. Mais aussitôt que la chienne l’eut déposé à ses pieds en remuant la queue, Marcel poussa un cri de surprise en reconnaissant une loutre que l’orage avait tuée ; ses mamelles gonflées de lait prouvaient qu’elle avait des petits encore jeunes ; cela n’étonnait pas Marcel, il savait que les loutres mettent bas au printemps, qu’elles sont de bonnes mères, qu’elles prolongent l’allaitement de leurs petits pendant quatre et même souvent cinq mois.
La loutre apportée par Petiote était d’assez belle taille ; la malheureuse bête, en train de pêcher sans doute, avait été surprise par l’ouragan, ballottée par lui ; épuisée, à demi noyée, elle avait eu cependant la force de venir mourir à son terrier, dans un dernier élan d’amour maternel et de protection pour ses petits.
Marcel connaissait à fond les habitudes des loutres. Très désireux d’en posséder une dont les services lui seraient si précieux, il marqua avec soin l’endroit où sa chienne avait plongé ; il supposait avec raison que les petits de la bête morte devaient ne pas être loin de ce point. Il jugea en conséquence que le moment de se procurer un chien de pêche était venu, qu’il ne devait pas perdre un instant pour s’assurer la possession d’un si précieux animal. On sait qu’il était un habile et intrépide nageur : il se déshabilla en un tour de main et plongea. Il s’agissait de trouver l’entrée du terrier dans lequel les petits devaient dormir en ce moment ; l’entrée découverte, Marcel la boucherait hermétiquement pour les empêcher de sortir à leur réveil. Les recherches du jeune homme furent assez longues, il fut obligé de plonger plusieurs fois : mais il était tenace et ne se décourageait pas facilement. Il réussit enfin à trouver l’entrée si longtemps cherchée ; il s’assura de la direction du couloir. Marcel reconnut qu’il montait en pente assez rapide du côté droit du lac et se dirigeait vers un amas de rochers, isolés comme par hasard à une quinzaine de pas de la rive. Il boucha l’entrée du terrier avec des pierres qu’il introduisit assez profondément ; bien certain que les petits ne pourraient sortir, il termina ce travail fatigant qui lui avait coûté plusieurs heures. Revenu à terre, il remit ses vêtements, et tout en prenant quelque repos, il songea. Que devait-il faire ? Attendre la nuit ou essayer de surprendre les petits en plein jour, pendant leur sommeil ? Après de longues hésitations, il se décida pour le second moyen.
La nuit, en effet, les petits éveillés pourraient tenter de s’échapper, se réfugier dans le couloir, s’y défendre. Il serait difficile de les capturer sans risquer de les tuer ou de les blesser. Il résolut donc d’agir sans retard.
Il ramassa quelques-uns des beaux poissons restés sur la grève et les emporta pour s’en régaler à son dîner. Il prit en même temps dans sa grotte un de ses grands paniers en osier. Après l’avoir tapissé d’herbes odoriférantes, il se dirigea de nouveau vers le lac, qu’il traversa non sans peine, en passant par-dessus les rochers de la cascade.
Marcel enleva avec le plus grand soin et en évitant le plus possible tout bruit révélateur, en les déchaussant avec une bêche, les quartiers de roche, de dimension peu considérable heureusement, qui se trouvaient enfouis et comme soudés dans le sol. C’était bien là, en effet, que le terrier aboutissait ; bientôt il aperçut deux petits déjà forts, pelotonnés l’un près de l’autre et dormant. Il se coucha à terre, allongea les deux bras, enleva les deux petits à la fois, et avant qu’ils fussent complètement éveillés, il réussit à les introduire dans le panier. Marcel se releva alors et il se hâta de retourner à la grotte en emportant sa précieuse et double capture.
Il ne fallait pas songer à laisser longtemps les petits dans ce panier, qu’ils auraient bientôt réussi à briser. Il avisa une sorte de grand coffre qu’il s’était amusé quelques jours auparavant à fabriquer pour serrer son linge et ses habits, mais dont le couvercle n’était pas encore ajusté. Il déposa une chaude litière dans un angle de ce coffre assez profond pour que les deux jeunes loutres n’essayassent pas de s’évader ; puis il emplit une assiette creuse de lait chaud, sortit un des petits du panier et lui présenta l’assiette.
Probablement le pauvre animal était à jeun depuis longtemps, car aussitôt qu’il sentit le lait, il but avec avidité. Quand il fut rassasié, Marcel le caressa et le déposa dans le coffre. Il prit ensuite l’autre petit qui imita sans hésiter l’exemple de son frère. Le jeune homme remarqua que les dents des deux petits commençaient à être longues et qu’ils n’auraient guère tardé à chasser avec leur mère. Dès qu’ils auraient goûté du poisson, il serait devenu difficile de les apprivoiser ; le chasseur se félicita donc de s’être emparé d’eux sans retard ; la façon dont ils avaient bu lui était un gage qu’il réussirait à les élever.
A peine déposées sur la litière, les jeunes loutres reprirent leur sommeil interrompu. Marcel plaça près d’elles une écuelle pleine de lait, puis il couvrit le coffre de façon à ce qu’elles eussent de l’air. Enfin, il sortit de sa grotte pour dresser de nouveau sa tente renversée par la bourrasque.