← Retour

Avis au peuple sur sa santé: ou traité des maladies les plus fréquentes

16px
100%

CHAPITRE XXIII.
De la Diarrhée.

§. 306. Chacun connoît la diarrhée, que le peuple appelle dévoiement, cours de ventre, & même souvent colique. Il y en a de longues & invéterées, qui dépendent de quelque vice essentiel, dans la constitution. Je n'en parlerai pas. Celles qui attaquent tout-à-coup, sans aucun mal précédent, si ce n'est quelquefois un peu de dégoût, & de pesanteur dans les reins & dans les genoux; qui ne sont accompagnées ni de douleurs fortes, ni de fiévres, (souvent même il n'y a point de douleur du tout), sont plutôt un bien qu'un mal. Elles évacuent des matieres amassées dès long-tems, & corrompues, qui, si elles ne s'évacuoient pas, produiroient quelque maladie.

Bien loin d'affoiblir, ces diarrhées rendent plus fort, plus leger, plus dispos.

§. 307. Il faut bien se garder de les arrêter; elles finissent ordinairement d'elles-mêmes, quand toutes les matieres nuisibles sont évacuées. Elles ne demandent aucun remede, il faut seulement diminuer considérablement la quantité des alimens, se priver de viande, d'œufs, de vin; ne vivre que de quelques soupes, de quelques legumes, ou d'un peu de fruit, crud ou cuit; & boire plus qu'à l'ordinaire. Une ptisane de capillaire est très suffisante dans ce cas. Il ne faut ni thériaque, ni confection, ni autres drogues de cette espece.

§. 308. S'il arrive qu'après cinq ou six jours, le mal dure encore, qu'il affoiblisse le malade, que les douleurs deviennent un peu trop fortes, & surtout si les envies d'aller à la selle devenoient plus fréquentes, alors il faudroit l'arrêter. Pour cela on mettroit le malade tout-à-fait au régime; & si la diarrhée étoit accompagnée d'un grand dégoût, de soulevemens de cœur, d'ordures sur la langue, de mauvais goût à la bouche, on lui donneroit la poudre No. 34. Si ces accidens ne se trouvoient pas, on lui donneroit celle No. 50: & pendant trois heures, on lui feroit prendre toutes les demi heures, une tasse de bouillon foible.

Si la diarrhée, arrêtée par ce remede, revenoit au bout de quelques jours; ce seroit une preuve qu'il y a quelque matiere tenace, qui n'a pas encore été évacuée. Il faudroit en ce cas, purger avec un des remedes No. 21, 22, 46, & ensuite donner à jeun, pendant deux matins, la moitié de la poudre No. 50.

Le soir du jour que le malade a pris le remede No. 34, ou celui No. 50, ou qu'il a été purgé, on peut lui donner une prise de thériaque.

§. 309. Souvent on néglige les diarrhées pendant long-tems, sans observer même aucun régime; elles se perpétuent & affoiblissent entierement le malade. Il faut, dans ces cas là, commencer par le remede No. 34; ensuite, on donne de deux jours l'un, quatre fois de suite, celui No. 50: & pendant tout ce tems-là, le malade ne vit que de panades (voyez §. 35), ou de ris cuit au bouillon. L'on met avec succès, sur l'estomac, une emplâtre stomachique, ou une flanelle, souvent trempée dans une décoction d'herbes fortes, cuites avec du vin. Il faut éviter le froid & l'humidité.

Chargement de la publicité...