← Retour

Avis au peuple sur sa santé: ou traité des maladies les plus fréquentes

16px
100%

CHAPITRE XXVI.
Avis pour les Femmes.

§. 331. Les femmes sont sujettes à toutes les maladies que je viens de décrire, & leur sexe les expose à quelques autres qui dépendent de quatre causes principales; les regles, les grossesses, les couches, & les suites de couches. Je ne pense point à traiter ici de toutes ces maladies; elles exigeroient un volume plus gros que celui-ci, & je suis obligé de me borner à des avis généraux, sur ces quatre objets.

§. 332. La nature, qui destinoit les femmes à élever le genre humain dans leur sein, les a assujetties à un écoulement de sang périodique, qui est la source d'où l'enfant tirera un jour sa subsistance. Cette évacuation commence généralement dans ce pays entre quatorze & seize ans. Souvent, avant qu'elle paroisse, les jeunes filles sont pendant long-tems dans un état de langueur, qu'on appelle chlorose, oppilation, pâles couleurs; & quand elle tarde trop à venir, elles tombent dans des maladies très graves, & fort souvent mortelles. Mais on attribue cependant, fort mal-à-propos, à cette cause, tous les maux auxquels le sexe est sujet; ils dépendent d'une autre, dont les oppilations mêmes ne sont souvent que l'effet; c'est la foiblesse qui lui est naturelle & nécessaire. Les fibres des femmes, destinées à ceder, quand elles seront tendues par tout le volume de l'enfant, & de ses accompagnemens, volume souvent très considerable, devoient être moins roides, moins fortes, plus lâches que celles des hommes; par-là-même la circulation se fait chez elles avec moins de force; le sang est moins épais, plus aqueux; les humeurs ont plus de panchant à croupir dans les visceres, & à former des engorgemens.

L'on préviendroit les maux auxquels cette constitution peut conduire, en aidant la foiblesse des mouvemens naturels, par les mouvemens étrangers, que fournit l'exercice: mais ce secours, qui seroit plus nécessaire aux femmes qu'aux hommes, leur manque: on les applique aux ouvrages du menage, qui exercent beaucoup moins que ceux auxquels la vocation des hommes les appelle. Elles se donnent peu de mouvement; la disposition naturelle s'accroit, & elle devient alors maladive: le sang ne circule pas; il perd ses qualités; les humeurs croupissent par tout; aucune fonction ne se fait bien. Elles commencent à languir, quelquefois très jeunes, & plusieurs années avant qu'il soit question des regles. La langueur les rend paresseuses; le mouvement les fatigue un peu, elles n'en prennent point. Il seroit le remede de ce mal commençant; mais le remede est un peu difficile à prendre, elles le rejettent, & le mal augmente. L'appétit se dérange comme les autres fonctions: elles en ont peu; les alimens ordinaires ne le reveillent point, elles se livrent à des fantaisies, qui achevent de ruiner l'estomac, les digestions, & la santé. Quelques années s'écoulent, le tems des regles approche, & elles ne paroissent point: premierement, parceque la santé est trop affoiblie pour établir cette nouvelle fonction, dans le tems que toutes les autres languissent: secondement, parcequ'elles ne sont point nécessaires. Elles sont destinées à évacuer, hors de la grossesse, le sang superflu que la femme est destinée à produire, afin qu'elle ne fournisse pas de son nécessaire à l'enfant; il se passe bien du tems avant que ce sang superflu existe chez les filles languissantes.

Cependant le mal augmente, parceque toute maladie, qui ne guérit pas, fait des progrès journaliers: on l'attribue à la suppression; on se trompe: la maladie ne vient point toujours de la suppression; la suppression vient de la maladie. Cela est si vrai, que lors même que cette évacuation arrive, si la foiblesse subsiste, les malades n'en sont pas mieux, au contraire; & souvent l'on voit de jeunes garçons, qui ayant reçu de la nature une constitution, & de leurs parens une éducation féminines, ont les mêmes maux que les jeunes filles oppilées. Les filles de la campagne, qui menent souvent le genre de vie des hommes, sont moins sujettes à ce mal que celles de la ville.

§. 333. Qu'on ne s'y trompe donc point: tous les maux des jeunes filles ne viennent point du manque des regles; mais il y en a, qui en viennent réellement. C'est quand une jeune fille forte, robuste, bien portante, à qui il reste peu à croître, qui a beaucoup de sang, n'a point cette évacuation dans l'âge marqué; alors ce superflu de sang occasionne mille maux, & beaucoup plus violens que ceux qui dépendent de la cause précédente.

Les filles de la campagne sont plus sujettes à cette espece d'oppilation, que celles de la ville; & c'est ce qui procure ces maladies singulieres qui paroissent surnaturelles au peuple; & que, par là-même, il attribue aux sortileges.

§. 334. Les regles venues, elles se suppriment souvent, il n'y a aucune maladie quelconque, que cette suppression n'ait produite. Elles se suppriment souvent, dans le cas du §. 332, par la continuation de la maladie, qui avoit mis obstacle à leur arrivée; & très souvent par d'autres causes, telles que le froid, l'humidité, une passion trop forte, une peur violente, des alimens trop froids, ou indigestes, ou trop chauds, un exercice porté trop loin, les veilles. Les accidens que ces suppressions occasionnent, sont quelquefois plus violens, que ceux qui précedent la premiere venue.

§. 335. Ces mêmes regles peuvent être trop abondantes, & elles jettent dans des maladies très graves; mais je n'en parlerai pas.

§. 336. Enfin, lors mêmes qu'elles sont les plus régulieres, après avoir duré un certain nombre d'années (il est rare que cela aille à trente-cinq), elles finissent naturellement & nécessairement entre quarante cinq & cinquante ans, quelquefois même plutôt, & rarement plûtard, & l'époque de cette cessation est ordinairement fâcheuse pour les femmes qui ont eu ou qui ont des maladies dépendantes du dérangement des regles.

§. 337. Jusqu'à présent l'on ne voit que les maux que cette évacuation procure. Il n'en est pas moins vrai que quand elle se fait bien & régulierement, elle contribue beaucoup à la santé du sexe, dont l'objet principal doit donc être de l'entretenir dans un bon ordre.

L'on prévient les maux §. 332, en évitant les causes qui les produisent, & 1. en faisant prendre beaucoup de mouvement aux jeunes filles, surtout dès que l'on remarque la plus legere atteinte du mal.

2. En ayant l'œil sur elles, pour qu'elles ne mangent point de choses contraires, non-seulement en alimens, mais en toutes autres choses, puisqu'il y a peu de corps dans la nature qui n'aient été l'objet de leur bisarre fantaisie. Les alimens gras, pâteux, farineux, aigres, aqueux, leur sont nuisibles. Les thés d'herbes qu'on leur fait souvent boire pour les guérir, suffiroient pour leur procurer la maladie. Si on veut leur faire boire des infusions de quelques herbes, qu'elles boivent froid. La meilleure boisson pour elles, c'est l'eau de Forges & l'eau minerale ferrugineuse.

3. Il faut éviter les remedes chauds, âcres, & destinés uniquement à forcer les regles. Ils font quelquefois des maux affreux, & ne font jamais de bien. Ils sont surtout d'autant plus pernicieux, que la malade est plus jeune.

4. Si cependant le mal empire, il faut leur ordonner quelques remedes, non point des purgatifs, des délayans, des bouillons d'herbes, des sels, & je ne sais combien d'autres choses nuisibles; mais la limaille de fer, qui est le vrai remede de ces maux. Il faut prendre la limaille de vrai fer, & non point celle d'acier, & faire attention qu'elle ne soit point rouillée; dès qu'elle l'est, elle n'a presque plus aucune efficacité. Dans les commencemens du mal, & pour les jeunes filles, il suffit d'en donner quinze ou vingt grains par jour, en y joignant l'exercice & une diette convenable. Quand le mal est plus grave & la malade moins jeune, on peut aller hardiment jusqu'à un quart d'once. On fait bien de joindre à la limaille quelques amers, ou quelques aromates; voyez les recettes No. 53, 54, 56. Quand on se propose de déterminer les régles, on peut employer le No. 54, qui réussit ordinairement.

§. 338. Pendant que l'on prend ce remede, il ne faut prendre aucune des choses que j'ai défendues dans les §§. précédens, & l'on doit en aider l'effet par le mouvement. Celui des voitures un peu rudes & qui secouent, est très salutaire: celui de la danse l'est aussi beaucoup, moyennant qu'il ne soit pas porté jusqu'à l'excès.

§. 339. Quand le mal a des rechutes, on se conduit tout comme si c'étoit une premiere attaque. Mais le cas du §. 327, demande une conduite très différente. La saignée, qui est pernicieuse dans la premiere espece, & dont l'usage jette plusieurs jeunes filles dans une langueur incurable, a souvent emporté cette espece dans le moment. Les bains de pied tiedes, les poudres No. 20, le petit lait, ont souvent réussi; mais il faut souvent des soins appropriés à chaque cas particulier: c'est pourquoi on doit consulter un Médecin.

§. 340. Quand les régles cessent par l'âge (§. 336), si elles cessent tout-à-coup, & si elles étoient abondantes auparavant, il faut nécessairement faire une saignée, & la réitérer tous les six, ou même tous les quatre, ou tous les trois mois. Diminuer la quantité des alimens, sur-tout de la viande & du vin; augmenter l'exercice; prendre souvent, le matin à jeun, la poudre No. 23, qui est excellente dans ce cas.

Si cette cessation est annoncée, ou accompagnée, comme il arrive souvent, de pertes abondantes, la saignée n'est pas aussi nécessaire; mais le régime & la poudre No. 23 le sont beaucoup; & il faut y joindre, de tems-en-tems, la purgation No. 22. Les remedes adstringens donnés à cette époque, occasionnent des cancers de matrice.

Il périt plusieurs femmes à cet âge, parcequ'il est très aisé de leur faire du mal; ce qui doit les rendre très prudentes sur tous les remedes qu'elles font; mais aussi il arrive souvent que leur constitution change à leur avantage; leurs fibres deviennent plus fortes; elles se trouvent plus robustes, plusieurs petites infirmités finissent, & elles jouissent ensuite d'une vieillesse très heureuse.

Le régime que je viens d'indiquer, la poudre No. 23, la boisson No. 31, conviennent beaucoup dans presque toutes les pertes habituelles (je parle des femmes du peuple) à quelqu'âge que ce soit.

§. 341. Je finis cet article par un avis général. Si les femmes savoient combien il leur importe de se ménager pendant le tems des régles, il n'y en a pas une qui, dès la premiere fois jusqu'à la derniere, n'observât un régime très scrupuleux; voyez §. 334. Leur conduite à cette époque décide de leur santé, & l'on peut dire de leur bonheur ou de leur malheur, &, souvent de celui des personnes avec qui elles ont à vivre. Plus elles sont jeunes & délicates, plus il leur importe de se ménager. Je sais que la robuste campagnarde se ménage peu, & ne s'en trouve pas toujours mal; mais je pourrois cependant produire une longue liste de celles qui se sont jettées, par leur imprudence, dans les situations les plus tristes. L'importance de la matiere, fait que cet article est d'une longueur disproportionnée à celle de l'ouvrage.

Grossesse.

§. 342. Les grossesses sont généralement beaucoup plus heureuses dans les campagnes qu'à la ville. Les paysanes sont cependant aussi sujettes aux maux de cœur & aux vomissemens le matin, aux maux de tête & aux maux de dents. Ces maux cedent à la saignée, qui est presque le seul remede dont elles aient besoin.

§. 343. Quelquefois après avoir porté des fardeaux trop pesans, avoir fait des travaux violens, avoir soutenu des cahotemens trop forts, avoir fait quelque chûte, elles sont attaquées de violentes douleurs de reins, qui se répandent jusques sur les cuisses, & aboutissent tout-à-fait au bas du ventre. Le danger de se blesser est très grand. Il faut pour prévenir cet accident, qu'elles se mettent sur le champ au lit, & qu'elles se couchent sur la paillasse si elles n'ont point de matelas, la plume est très mauvaise dans ce cas; qu'on leur fasse une ample saignée; qu'elles restent plusieurs jours dans cette situation, ne bougeant & ne parlant presque point; ne prenant ni viande, ni bouillon, ni œufs, mais vivant uniquement de quelques soupes farineuses; prenant, de deux en deux heures, la moitié de la poudre No. 20, & ne buvant que de la ptisane No. 2. Il y a des femmes robustes, sanguines, qui sont sujettes à se blesser à une certaine époque: elles préviennent cet accident, en se faisant saigner quelques jours avant cette époque, & en observant un régime tel que je viens de l'indiquer. Mais cette méthode ne vaudroit rien pour les femmes délicates de la ville, qui se blessent par une toute autre cause.

Couches.

§. 344. L'on remarque qu'il périt plus de femme à la campagne, dans le tems de l'accouchement, & cela par le manque des bons secours & l'abondance des mauvais; & qu'il en meurt plus en ville, après les couches, par une suite de la mauvaise santé.

Le besoin de sages-femmes un peu éclairées, dans la plus grande partie du pays, est un malheur trop prouvé, qui a les suites les plus horribles, & qui demanderoit toute l'attention de la police. Les fautes qui se commettent dans le tems des accouchemens sont sans nombre, & trop souvent sans remede. Il faudroit un livre exprès, comme on en a donné dans quelques pays, pour donner les moyens propres à les prévenir, & il faudroit avoir formé des sages-femmes capables de les comprendre. Tout cela sort du plan que je me suis proposé. J'indiquerai seulement une des causes qui font le plus de mal; c'est l'usage des choses chaudes que l'on donne dès que l'accouchement est pénible ou lent; castor, teinture de castor, safran, sauge, rhue, sabine, huile d'ambre, vin, thériaque, vin brûlé avec des aromates, caffé, eau-de-vie. Toutes ces choses sont de vrais poisons qui, bien loin de hâter l'accouchement, le rendent plus difficile, en enflammant & la matrice qui ne peut plus se contracter, & les parties qui servent de passage, qui par-là même se gonflent, rétrécissent les voies, & ne peuvent plus prêter. D'autrefois il survient une hémorrhagie, qui tue en peu d'heures.

§. 345. L'on sauveroit un grand nombre de meres & d'enfans, par une méthode directement contraire. Dès qu'une femme bien portante avant ses couches, robuste, bien faite, se trouveroit en travail, & que le travail paroîtroit douloureux & difficile, bien loin d'encourager la femme à des efforts précoces qui perdent tout, & de les aider par les remedes destructifs dont je viens de parler, il faut leur ordonner une saignée du bras, qui préviendra l'engorgement & l'inflammation, calmera les douleurs, relâchera les parties, & tout se disposera mieux. L'on ne doit pas donner d'autre nourriture, qu'un peu de panade toutes les trois heures, & de l'eau panée autant que la malade en veut. On donne, de quatre en quatre heures, un lavement avec une décoction de mauve & un peu d'huile; dans l'intervalle on fait mettre sur un vase plein d'eau chaude pour recevoir la vapeur; l'on frotte le passage avec un peu de beure, & l'on tient sur le ventre des fomentations d'eau chaude; ce sont les plus efficaces.

En suivant cette route, non-seulement les sages-femmes ne font point de mal; mais elles laissent à la nature le tems de faire du bien; un grand nombre d'accouchemens qui paroissoient difficiles, se terminent heureusement, & l'on a au moins le tems d'aller chercher des secours; d'ailleurs les suites des couches sont heureuses. Au lieu qu'en suivant la méthode échauffante, lors même que l'accouchement est fait, la mere & l'enfant ont si cruellement souffert, qu'ils périssent souvent l'un & l'autre.

§. 346. Je sais que ces moyens sont insuffisans, lorsque la situation de l'enfant est mauvaise, ou qu'il y a quelque vice de conformation chez la mere; mais au moins ils empêchent l'augmentation du mal; &, comme je l'ai dit, laissent le tems de recourir aux chirurgiens-accoucheurs, ou à quelques sages-femmes un peu moins mal instruites.

Je réitere encore que les sages-femmes doivent bien se garder de presser les femmes à faire des efforts qui leur font un mal infini, & qui peuvent rendre fâcheux l'accouchement, qui, avec un peu de patience, eut été le plus heureux.

L'on craint la foiblesse dans laquelle les malades paroissent être, on imagine qu'elles n'auront pas la force d'accoucher, & c'est la raison dont on s'autorise pour leur donner des cordiaux; mais cette raison est chimérique. L'on ne perd pas si promptement les forces; les douleurs legeres abattent, mais à mesure qu'elles augmentent, les forces se relevent & ne manquent jamais, quand il n'y a point d'accident étranger.

Suites de Couches.

§. 347. Les suites de couche les plus fréquentes dans les campagnes, sont 1. les pertes excessives. 2. L'inflammation de matrice. 3. La suppression subite des Lochies, c'est le nom qu'on donne à l'évacuation de la matrice qui suit ordinairement la couche. 4. Les ravages du lait.

Les lochies trop abondantes doivent être traitées par les moyens §. 343; & si la perte est excessive, l'on applique sur le ventre, les reins, les cuisses, des linges trempés dans un mélange de parties égales d'eau & de vinaigre, qu'on change dès qu'ils commencent à être secs, & qu'on quitte dès que la perte commence à diminuer.

§. 348. L'inflammation se manifeste par les douleurs dans tout le bas du ventre, la tension de tout le ventre, l'augmentation des douleurs quand on le touche, une espece de tache rouge qui monte au milieu du ventre jusqu'au nombril, & qui, quand le mal empire, devient noire, ce qui est toujours mortel; une foiblesse étonnante, le visage prodigieusement changé, un léger délire, une fiévre continue avec un pouls foible & dur, quelquefois des vomissemens continuels, souvent le hoquet, une perte très peu, abondante d'une eau rousse, puante, âcre, des envies fréquentes d'aller à la selle, des ardeurs, & quelquefois une suppression d'urine.

§. 349. Ce mal très grave & souvent mortel, doit être traité comme les maladies inflammatoires. Il faut surtout après la saignée donner fréquemment des lavemens d'eau tiéde, en injecter dans la matrice, en appliquer continuellement sur le ventre, & boire abondamment ou de la ptisane d'orge toute simple, sur chaque pot de laquelle on met un demi-quart d'once de nitre, ou des laits d'amandes No. 4.

§. 350. La suppression totale des lochies, qui occasionne les maladies les plus violentes, se traite précisément de la même façon. Si l'on donne quelques remedes chauds pour en forcer la sortie, l'on ôte dans le moment toute espérance de guérison.

§. 351. Si la fiévre de lait est très forte, la ptisane d'orge §. 349, & les lavemens, avec une diette très legere, uniquement de panade ou de quelqu'autre farineux très clair, la dissipent.

§. 352. Les femmes délicates, qui ne sont pas soignées comme il seroit nécessaire, ou celles que la nécessité oblige à travailler trop tôt, sont exposées à plusieurs accidens, qui dépendent souvent de ce que la transpiration & l'évacuation des lochies ne se faisant pas bien, & la séparation du lait dans les mammelles étant troublée, il se forme ce qu'on appelle des dépôts laiteux, qui sont toujours très fâcheux, & surtout quand ils se font sur quelque partie intérieure. Il s'en fait fréquemment sur les cuisses. Dans ce cas, il faut faire usage de la ptisane No. 57, & appliquer sur la tumeur les cataplasmes No. 58. Ces deux remedes dissipent insensiblement le mal, s'il peut se dissiper sans suppuration. Si cela n'est pas possible, & qu'il se forme du pus, un chirurgien ouvre l'abcès, & le traite comme un autre.

§. 353. Si le lait se durcit dans le sein, il est de la plus grande importance de dissiper incessamment cette grosseur, sans quoi elle se durcit & devient squirrhe, & de squirrhe, souvent au bout d'un certain tems, cancer; c'est-à-dire, la plus cruelle des maladies.

L'on prévient cet horrible mal, en remédiant à ces petites tumeurs dès le commencement. Il n'y a rien de plus efficace pour cela que les remedes No. 57 & 58: mais il est toujours prudent de consulter.

Dès qu'il y a une dureté invétérée & exempte de douleur, il ne faut faire aucune application quelconque; toutes sont nuisibles: celles qui sont grasses, irritantes, résineuses, spiritueuses, changent promptement le squirrhe en cancer. Quand le cancer est manifesté, toutes les applications sont aussi également nuisibles, excepté celles No. 59. Le cancer a été long-tems incurable. Depuis quelques années, l'on en a guéri quelques-uns avec le remede No. 55; mais il n'est pas infaillible. L'on doit cependant toujours l'essayer.

§. 354. Les bouts des mammelles des nourrices s'écorchent souvent, & les font cruellement souffrir. Un des meilleurs remedes, c'est la pommade la plus simple, un mélange d'huile & de cire fondus ensemble, ou l'onguent No. 65. Et si le mal est opiniâtre, il faut purger, ce qui réussit ordinairement.

Chargement de la publicité...