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Avis au peuple sur sa santé: ou traité des maladies les plus fréquentes

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TABLE
DES REMEDES,
Avec des notes que je prie de lire avant que de se servir du remede auquel elles se rapportent.

Je me suis servi, pour déterminer les doses des remedes, de livres, onces, demi-onces, &c. Je parle par-tout de la livre de seize onces, ou livre marchande, & des onces marchandes.

Le Grain est la pesanteur d'un grain d'orge de moyenne grosseur. Vingt-quatre grains font un Scrupule; trois scrupules, ou soixante & douze grains, font un Gros ou une dragme.

Huit Gros font une Once.

Seize Onces font une Livre.

La Pinte pese deux livres.

La Chopine pese une livre.

Le Demi-septier, huit onces.

La Goutte est la plus petite partie qu'on peut verser d'une liqueur.

La Cuillerée est ce que contient une cuiller ordinaire à bouche; on l'évalue à une demi-once.

Le Verre contient deux onces, ou deux onces & demie.

J'ai marqué par tout les doses pour un homme adulte, depuis dix-huit ans jusqu'à soixante. Depuis douze jusqu'à dix-huit, les deux tiers de la dose suffiront assez généralement. Au-dessous de douze jusqu'à sept à huit ans, la moitié. L'on diminue ensuite proportionnellement. L'on ne donne pas plus d'un demi-quart de la dose à un enfant de quelques mois. Mais les tempéramens mettent dans tout ceci beaucoup de différence. Il seroit à souhaiter que chacun observât à cet égard s'il lui faut pour le purger, des doses fortes, ou des doses foibles.

No. 1.

Prenez une poignée de fleurs de sureau, mettez-les dans une écuelle de terre; ajoutez-y deux onces de miel & une once & demie de bon vinaigre; versez sur le tout un pot d'eau bouillante; remuez un peu le tout avec une cuiller pour faire fondre le miel; couvrez l'écuelle, & quand la liqueur est froide, passez par un linge.

No. 2.

Prenez deux onces d'orge ou d'aveine, faites bouillir avec cinq chopines d'eau, jusqu'à ce que le grain soit bien ouvert; jettez sur la fin de la coction une dragme & demie de nitre. Passez par un linge, après quoi ajoutez une once & demie de miel & une once de vinaigre.

Avant de préparer la ptisane, il faut jetter sur le grain qu'on veut employer de l'eau bouillante; laissez un quart d'heure au feu; jettez cette eau, & faites la ptisane; c'est non-seulement pour laver le grain, mais pour en emporter une partie extractive qui est dans l'écorce, & qui donne un mauvais goût. On n'aura pas cela à faire si on se sert de grain mondé. On peut substituer des gruaux, du ris.

No. 3.

Faites la ptisane d'orge comme No. 2. Au lieu de nitre, faites bouillir avec l'orge, dès le commencement, un quart d'once de crême de tartre. Coulez & n'ajoutez rien.

No. 4.

Prenez trois onces d'amandes, une once de graine de courge ou de melon; pilez-les dans un mortier, en y ajoutant peu à peu une chopine d'eau. Passez par un linge. Repilez le résidu avec une chopine de nouvelle eau, & réitérez de cette façon jusqu'à ce que vous ayez employé une pinte & chopine d'eau, qu'on peut encore faire repasser sur le marc.

No. 5.

Prenez deux poignées d'herbe & fleurs de mauve, hachez-les, & broyez les un peu avec les mains; jettez dessus une chopine d'eau bouillante. Passez par un linge, & ajoutez à la colature une once de miel.

Quand on a des mauves, il faut les préférer. Si elles manquent, on peut y suppléer par la mercurielle, la pariétaire, l'althea, le passerose ou rose tremiere, les laitues, les épinars.

Il y a quelques personnes qui n'évacuent aucun lavement, excepté ceux d'eau tiede, sans aucune addition, elles ne doivent point en employer d'autres. Il faut donner les lavemens tiédes, & non pas chauds.

No. 6.

Une chopine de la décoction d'orge, dans laquelle on fait bouillir une poignée de fleurs de mauves ou de passeroses, qui est la grande mauve.

No. 7.

Prenez un pot de la ptisane d'orge, ajoutez-y trois onces de jus exprimé de trois ou quatre des feuilles & tiges des plantes suivantes: buglose, bourrache, laiteron, pissenlit, tussilage, ou pas d'âne, chicorée sauvage, seneçon, artichaud sauvage, scolopendre, cerfeuil.

Pour préparer ces jus, on prend les herbes bien fraîches & jeunes si l'on peut; on les pile dans un mortier de marbre, ou de fer; on exprime le jus par un linge; on le laisse reposer pendant quelques heures dans une écuelle; & quand il est éclairci, on sépare le plus clair en versant doucement, & on laisse la lie.

No. 8.

Une once d'oximel scillitique, cinq onces d'une forte infusion de sureau. Si cette potion n'a pas l'effet qu'on desire, on peut substituer la potion No. 72.

Les préparations de scille sont cheres; mais il n'y a point de remede aussi efficace dans les cas où on les recommande & d'ailleurs on ne les continue pas long-tems en grande dose. L'oximel se conserve plus d'un an dans un endroit sec & temperé.

No. 9.

L'on peut employer différentes applications émollientes, qui ont à-peu-près les mêmes vertus; telles que 1. les flanelles trempées dans une décoction de fleurs de mauves. 2. Des sachets remplis de ces mêmes fleurs de mauve, de celles de bonhomme, de sureau, de pavot rouge, de camomille, & cuits dans de l'eau ou du lait. 3. Des cataplasmes de ces mêmes fleurs cuites dans de l'eau & du lait. 4. Des vessies à moitié remplies d'eau chaude & de lait, ou de la décoction émolliente. 5. Un cataplasme de mie de pain & de lait, ou une bouillie d'orge ou de ris extrêmement cuits. 6. Dans la pleurésie §. 90, l'on frotte quelquefois la partie malade avec l'onguent d'alchea.

On fera bien d'ajouter aux cataplasmes un peu d'huile, ou quelques jaunes d'œufs, pour les empêcher de se secher promptement.

No. 10.

Esprit de soufre ou de vitriol, une once; sirop de violette, six onces.

Ceux pour qui la dépense du sirop de violette seroit trop considérable, peuvent se contenter d'une décoction d'orge un peu épaisse.

No. 11.

Deux onces de manne, demi-once de sel de sedlitz, fondus dans quatre onces d'eau chaude, & coulez.

On peut substituer au sel de sedlitz, un autre sel neutre, comme sel d'epsom, de saignette, ou bien deux gros des sels de glauber, vegetal & de duobus. L'on peut aussi, si la manne est trop chere, employer un quart d'once de sené & demi-dragme de nitre. On verse dessus un verre de décoction de mauve bouillante, & on passe. Mais le premier remede vaut mieux. La manne se conserve plus d'un an.

No. 12.

De fleurs de sureau, une poignée; d'hysope, une demi-poignée: versez dessus trois chopines d'eau bouillante; délayez dans la colature trois onces de miel.

No. 13.

C'est le même remede, sans l'hysope qu'on remplace en mettant plus de sureau.

No. 14.

Du meilleur Quinquina une once, partagez-le en huit prises.

Il se conserve long-tems, moyennant qu'il ne soit pas pilé. Rien ne peut en tenir lieu.

No. 15.

Des fleurs de millepertuis, de sureau, de melilot, de chacune quelques pincées: mettez-les au fond d'un pot, avec demi-once d'huile de térébenthine, & jettez dessus de l'eau bouillante.

L'huile de térébenthine se conserve plus d'un an.

No. 16.

Sirop de pavot rouge.

Se conserve plus d'un an.

No. 17.

Du petit lait très clair; dans chaque chopine on délaie une once de miel.

No. 18.

Du savon blanc, six dragmes; d'extrait de dent de lion, une dragme & demie; de gomme ammoniac, demi-dragme; ce qu'il faut de sirop de capillaire. Faites des pilules de trois grains.

Une once dure huit jours.

No. 19.

L'on peut faire des gargarismes avec une décoction, ou plutôt infusion de pervenche, ou de fleurs de roses rouges, ou de passe-roses. Sur chaque chopine on ajoute deux onces de vinaigre, & autant de miel, & l'on se gargarise chaudement.

Le gargarisme détersif §. 107, est une legere infusion des sommités de sauge, & deux onces de miel, par chopine.

No. 20.

Une once de nitre partagée en seize prises.

No. 21.

De jalap, de sené, & de crême de tartre, de chacun trente grains, réduits en poudre & bien mêlés.

On peut substituer 40 grains de la poudre cornachine.

No. 22.

Faites bouillir pendant un instant une once de pulpe de tamarins; quatre onces d'eau, & une demi-dragme de nitre; ajoutez-y deux onces de manne, & coulez.

Ceux qui ne pourront mettre le prix aux tamarins, peuvent leur substituer la crême de tartre dont la dose soit une once. Les très pauvres gens peuvent employer, au lieu de cette potion, celle avec le senné, dont il est parlé note No. 11; mais il faudroit boire ensuite beaucoup de petit lait, ou de ptisane de mauve.

No. 23.

Crême de tartre: l'once partagée en huit prises.

No. 24.

Kermes minéral, ou poudre des chartreux: la dose est un grain.

No. 25.

Trois onces de racine de bardane ou glouteron. Faites bouillir pendant demi-heure, avec demi-dragme de nitre & une pinte d'eau. Coulez.

No. 26.

Prenez des herbes indiquées dans le No. 9, art. 2, de chacune une demi-poignée, & une demi-once de savon blanc rapé; versez dessus un demi-pot d'eau bouillante, & un verre de vin. Coulez en exprimant fortement.

No. 27.

De Mercure crud bien purifié, une once; de térébenthine de Venise, demi-dragme; de graisse de porc très fraîche, deux onces. On réduit le tout en onguent.

Ce remede se doit prendre chez les Apoticaires.

No. 28.

Onguent basilicum, ou suppuratif.

No. 29.

De cinnabre naturel, & de cinnabre factice, de chacun vingt-quatre grains; de musc, seize grains. Le tout réduit en poudre & exactement mêlé.

Voyez ce qui est dit du cinnabre, §. 179. Le No. 30 est plus efficace que le musc, & on peut employer, au lieu de l'inutile cinnabre, l'utile mercure argentin.

No. 30.

Une dragme de racine de serpentaire de Virginie; dix grains de camphre; autant d'assa-fœtida; un grain d'opium; ce qu'il faut de conserve de sureau pour en faire un bol.

Dans le cas où on s'en serviroit au lieu de musc, qui entre dans le No. 29, il faudroit retrancher le grain d'opium, excepté une fois ou deux par jour. On donneroit le mercure argentin dans la matinée, entre les bols, deux doses par jour, dont chacune contient quinze grains de mercure.

No. 31.

De tamarins, trois onces. Versez dessus une chopine d'eau bouillante; faites cuire une ou deux minutes. Passez par un linge.

No. 32.

Sept grains de turbith minéral; ce qu'il faut de mie de pain pour en faire un bol.

Ce remede fait vomir & abondamment baver les chiens. Il a opéré plusieurs guérisons quand la rage étoit déja déclarée. On le donne trois jours consécutifs, ensuite deux fois par semaine, pendant quinze jours.

No. 33.

Six grains de tartre émétique.

La force de ce remede varie suivant la façon dont il est préparé. Il y en a qui à trois grains produit autant d'effet que d'autre à six grains; c'est pourquoi il est à propos de l'acheter d'Apoticaires habiles, qui connoissent & instruisent de sa force. Lorsqu'on ne connoît pas l'émétique dont on se sert, on en peut mettre six grains dans une pinte d'eau, & la donner par petits verres; si les premiers verres font vomir violemment, on y ajoutera un tiers d'eau, & lorsque le malade aura vomi quatre à cinq fois, on ne lui en donnera plus. Voyez §. 223, 290.

On s'abstiendra de donner les vomitifs à ceux qui en ayant déja pris, ont fait des efforts sans vomir; à ceux qui sont sujets aux crachement & vomissement de sang, aux pertes, & qui ont la poitrine foible ou attaquée, ou des descentes; aux femmes qui ont leurs regles, sont grosses, ou nouvellement accouchées.

No. 34.

Trente-cinq grains d'ypecacuana. On peut aller jusqu'à quarante-cinq & cinquante.

No. 35.

Emplâtre vésicatoire ordinaire.

L'on se sert aussi de levain, qu'on pêtrit avec des cantharides & tant soit peu de vinaigre. On met demi-once de cantharides pour une once de levain, ce qui fait un vésicatoire très fort. L'on prépare les sinapismes avec la moutarde & le levain, ou la pulpe de figues séches, & un peu de vinaigre. L'on peut mettre autant de moutarde que de levain. Pour les enfans qui ont la peau délicate, le vieux levain pêtri avec quelques gouttes de vinaigre, fait l'effet du sinapisme.

No. 36.

Prenez des sommités de petit chêne ou germandrée, de petite centaurée, d'absinthe & de camomille, de chacune une poignée. Versez dessus un pot d'eau; laissez refroidir. Passez par un linge en exprimant.

No. 37.

Quarante grains de rhubarbe, & autant de crême de tartre.

La rhubarbe se conserve deux ans dans un endroit sec & froid.

No. 38.

Trois dragmes de crême de tartre, une dragme d'ypecacuana, partagés en six prises.

No. 39.

De mixture simple[22] (mixtura simplex), un once; d'esprit de vitriol, demi-once. Mêlez; la dose est de deux cuillerées à caffé, dans une tasse de la boisson ordinaire.

[22] A son défaut, de l'eau hériacale, ou de l'eau camphrée.

No. 40.

Demi-dragme de racine de serpentaire de virginie; dix grains de camphre; ce qui faut de rob de sureau pour faire un bol.

S'il y avoit diarrhée trop forte, on substitueroit le diascordium au rob de sureau.

No. 41.

La Thériaque des pauvres. Elle est connue de tous les Apoticaires, quoiqu'ils ne la tiennent pas tous. La prise est d'un quart d'once.

Elle seroit plus efficace si on la préparoit de la façon suivante. De racine d'aristoloche ronde, de racine d'helenium ou aunée, de mirrhe & de conserve de genievre, de chacune parties égales, en ajoutant ce qu'il faudroit de sirop d'écorce d'oranges, pour qu'elle ne fût pas trop épaisse.

No. 42.

Le premier des trois remedes, est celui No. 36.

Le second. Prenez de petite centaurée, d'absinthe, de mirrhe, le tout en poudre, de conserve de genievre, de chacun parties égales; de sirop d'absinthe, ce qu'il faut pour faire un opiate épais. La prise est d'un quart d'once. On les prend dans le même ordre que les prises de quinquina.

Le troisieme. Prenez de racine de calamus aromaticus, de celle d'aunée, de chacune deux onces; de petite centaurée, une poignée; de limaille de fer qui ne soit point rouillée, deux onces; de vin vieux blanc, trois chopines.

L'on pile grossierement les racines, on hache l'herbe, on met le tout dans une bouteille à large col, sur des cendres, sur un fourneau, derriere une plaque, afin qu'il soit toujours chaud; on laisse infuser pendant vingt-quatre heures, en remuant cinq ou six fois; on le laisse reposer & on passe. La dose est d'une tasse, de quatre en quatre heures, quatre fois par jour, une heure avant le repas.

No. 43.

Un quart d'once de crême de tartre, une poignée de camomille commune, douze onces d'eau. Faites bouillir pendant demi-heure. Coulez.

No. 44.

Sel ammoniac. La prise est de deux scrupules, jusqu'à une dragme.

On peut mettre le sel en bol avec un peu de conserve, ou rob de sureau. Mais je réitere que les fiévreux qui ont l'estomac sensible, ne soutiennent point ce remede, non-plus que plusieurs autres sels, qui leur causent un mal-aise étonnant, & même de l'angoisse.

No. 45.

Poudre. Prenez des fleurs de camomille & de sureau, de chaque une poignée, pilées grossierement; de fine farine ou d'amidon, trois onces; de céruse & d'émail, de chacun demi once. Mêlez exactement le tout.

L'on peut, ou appliquer immédiatement cette poudre sur le mal, ou la renfermer dans un sachet de linge très fin. La premiere méthode est plus efficace.

Emplâtre. Prenez d'onguent nutritum fait avec de l'huile très fraîche, deux onces; de cire blanche, trois quarts d'once; d'émail, un quart d'once. L'on fait fondre la cire; quand elle est fondue, on y ajoute le nutritum, dans lequel on a exactement mêlé l'émail réduit en poudre fine, & l'on remue avec un morceau de fer, jusqu'à ce que le tout soit bien mélangé & refroidi. On en étend ce qu'il faut sur un linge. On peut aussi mêler un quart d'once d'émail, à deux onces de beurre de saturne, ce qui fait un onguent au lieu d'une emplâtre.

Il y en a autant qu'il en faut pour guérir une érésipelle.

No. 46.

Une once de sel de sedlitz, deux onces de tamarins. Versez dessus huit onces d'eau bouillante; remuez, pour délayer les tamarins. Coulez, pour boire en deux prises, en mettant demi-heure d'intervalle entre l'une & l'autre.

No. 47.

De laudanum liquide de Sydenham, quatre-vingt gouttes; d'eau de mélisse, deux onces & demie. Si la premiere ou la seconde dose arrêtent ou diminuent considérablement les vomissemens, on ne donne pas les autres.

No. 48.

Faites fondre trois onces de manne & vingt grains de nitre, dans vingt onces ou six verres de petit lait.

No. 49.

Deux onces de sirop de pavot blanc, autant d'eau de sureau.

Si l'on n'a pas de l'eau de sureau, on prend de celle de fontaine.

No. 50.

Une dragme de rhubarbe en poudre.

No. 51.

De soufre pilé, une once; de sel ammoniac, une dragme; de graisse de porc fraîche, deux onces. Mêlez exactement le tout dans un mortier.

No. 52.

Deux dragmes d'antimoine crud, exactement pilé; autant de nitre. On les mêle exactement. On partage en huit prises.

Ce remede occasionneroit des coliques à quelques personnes qui auroient l'estomac délicat; mais il n'incommode point les robustes campagnards, & il guérit quelques maladies de la peau qui avoient résisté aux autres remedes. Il augmente la transpiration; & les Palefreniers qui pansent les chevaux auxquels on a donné l'antimoine, s'en apperçoivent d'abord en les étrillant, par la quantité de crasse qu'ils trouvent. Cette augmentation de transpiration chez les chevaux, et quelquefois prodigieuse; c'est par-là que l'antimoine leur est utile dans plusieurs cas.

No. 53.

Les remedes de ce No, & des No. 54 & 56, sont destinés aux maladies qui dépendent des oppilations ou obstructions, & de la suppression des regles. Le 54 est particuliérement destiné à les rappeller. Les No. 53 & 56 sont plus convenables, quand on ne fait pas attention à la suppression, ou qu'elle n'a pas lieu.

Prenez de limaille de fer & de sucre, de chacun une once; d'anis en poudre, une demi-once. Partagez en vingt-quatre doses. On en prendra une trois fois par jour, une heure avant que de manger.

Ce remede, que les gens riches peuvent rendre encore plus agréable, en employant la canelle au lieu d'anis, contient peu de fer; mais cette dose suffit dans un mal commençant, & même une prise ou deux par jour suffisent pour une fort jeune fille. Quand on le veut plus fort, il faut doubler la dose du fer. Je réitere, crainte de ne l'avoir pas assez dit, qu'il faut éviter le fer rouillé; c'est la rouille qui gâte l'estomac, au lieu que la limaille non rouillée, est le plus puissant stomachique, dans les cas où les fortifians conviennent.

No. 54.

Deux onces de limaille de fer; une poignée de rhue, autant de marrube blanc; un quart d'once de racine d'hellebore noir, trois chopines de vin.

Préparez comme le vin du No. 42. Une tasse trois fois par jour, une heure avant que de manger.

J'avertis encore que dans les personnes languissantes dès long-tems, il faut travailler à rétablir la santé, & non-pas à pousser les régles; ce qui est pernicieux. Elles reviennent quand la malade est mieux; leur retour suit celui de la santé, & ne doit, ni ne peut souvent le précéder.

No. 55.

D'extrait de cigüe ordinaire, une once. Faites-en des pilules de deux grains, en y ajoutant ce qu'il faut de l'herbe de cigüe en poudre.

L'on commence par une pilule soir & matin, & l'on augmente peu à peu. Il y a des malades qui sont parvenus à en prendre deux dragmes par jour.

M. Storck, l'un des Médecins de LL. MM. Impériales, après avoir essayé ce remede sur lui-même, a renouvellé l'usage de la grande cigüe en médecine, il y a six ans; & l'on doit lui en avoir une très grande obligation. En y joignant l'application No. 59, non-seulement il a guéri entre ses mains des cancers confirmés, mais quelques autres maladies, qui, jusqu'à présent, étoient presque incurables. Il y a un très grand nombre de cures opérées par ce remede. Entre mes mains, il a calmé une fois les douleurs, jamais guéri; mais comme nulle part il n'a fait aucun mal, on doit toujours l'essayer. Ne seroit-il que calmant? l'on boit par dessus chaque prise, un verre de quelque boisson tiede & adoucissante. Voyez les Observations sur l'usage interne de la Cigue, chez Didot, 1762.

No. 56.

De limaille de fer, deux onces; de poudre de rhue & d'anis, de chacune demi-once; de miel, ce qu'il faut pour former un opiate assez épais.

Un demi-quart d'once trois fois par jour.

No. 57.

Une once de racine de chiendent, autant de celle de chicorée. Faites bouillir pendant un quart-d'heure avec une chopine d'eau. Faites fondre demi-once de sel de sedlitz, & deux onces de manne. Passez, pour en boire un verre de demi-heure en demi-heure.

On réitere au bout de deux ou trois jours.

No. 58.

Un cataplasme de mie de pain, de fleurs de camomille & de lait, auquel on ajoute du savon, de façon que chaque cataplasme en contienne un demi-quart d'once. Je me sers aussi avec succès, quand la situation des femmes ne permet pas les soins réguliers qu'exige ce cataplasme, qu'il faut changer de trois en trois heures, de l'emplâtre de cigüe, qui se trouve dans toutes les Apotiquaireries.

No. 59.

D'herbe de cigüe seche, ce qu'il en faut. Mettez-la entre deux linges clairs, faites-en une espece de petit matelat fort souple. Laissez le cuire pendant quelques momens dans l'eau. Exprimez & appliquez. On le réchauffe toutes les deux heures dans la même eau.

Les fomentations avec le savon, & la lessive de sel alkali de tartre, sont très bonnes dans le même cas.

No. 60.

Des yeux d'écrevisses vrais, ou de magnésie blanche véritable, deux dragmes, partagez en huit prises. On donnera ces poudres dans une cuillerée d'eau ou de lait, avant que l'enfant tette.

No. 61.

D'extrait aqueux de noix, deux dragmes; faites-le dissoudre dans demi-once d'eau de canelle. On en donnera cinquante gouttes par jour à un enfant de deux ans. Quand la dose est finie, on le purge.

Pour faire l'extrait, on prend les noix avant qu'elles soient mures, dans le même-tems dans lequel on les cueille pour les confire.

No. 62.

De résine de Jalap, deux grains. Broyez-la long-tems avec douze ou quinze grains de sucre, & ensuite avec trois ou quatre amandes. Joignez-y peu-à-peu deux cuillerées d'eau. Passez par un linge fort clair, comme un lait d'amande. Ajoutez une cuillerée à caffé de sirop de capillaire.

Ce remede n'est point désagréable, on peut le donner aux enfans de deux ans. S'ils sont plus âgés, il faudroit ajouter un grain ou deux de la résine de Jalap. Pour les enfans au dessous de deux ans, il vaut mieux s'en tenir au sirop de chicorée, & à la manne.

No. 63.

Une once de nutritum; un jaune d'œuf, s'il est petit; la moitié, s'il est gros. Mêlez exactement.

L'on peut faire d'abord un nutritum, en broyant long-temps dans un mortier, deux dragmes de céruse, demi-once de vinaigre, trois cuillerées d'huile d'olive.

No. 64.

Faites fondre quatre onces de cire blanche, ajoutez-y deux cuillerées d'huile, si c'est en hiver. En été, il n'en faut point, ou, tout au plus, une demi-cuillerée. Trempez dedans des pieces de linge, qui ne soit pas trop usé, & laissez-les sécher.

Cette toile est très commode pour tous les pansemens. Quand elle est salie par le pus, il suffit de la jetter dans l'eau froide, de l'y remuer, de l'essuyer & de la laisser sécher. Elle peut servir pour un grand nombre de pansemens.

No. 65.

C'est aussi une toile préparée comme l'autre; mais au lieu de cire simple, on emploie l'emplâtre suivante:

D'huile rosat, une livre; de minium, demi-livre; de vinaigre, quatre onces. Faites cuire jusqu'à ce qu'il ait à-peu-près consistance d'emplâtre. Fondez-y une once & demie de cire jaune, & jettez-y deux dragmes de camphre. Mêlez bien. Retirez du feu; & versez dans des canons de papier, de quelle grosseur vous voudrez. Pour faire le sparadrap, il faut le refondre avec un peu d'huile.

C'est exactement l'onguent de Nuremberg, qui est le meilleur de tous les onguens de ménage.

Voici la recette de l'onguent de la Chabauderie, ou plutôt Chambauderie, fameux dans plusieurs familles. De cire jaune, d'emplâtre de trois drogues (c'est à-peu-près celui de Nuremberg), de diachilon composé, & d'huile d'olive, de chacun un quart de livre. Faites fondre le tout dans un pot de terre. Retirez du feu, & remuez jusqu'à ce qu'il soit refroidi.

No. 66.

Cueillez en automne, pendant le beau tems, de l'agaric de chêne (c'est une espece de champignon qui croît sur cet arbre).

Il a quatre parties qui se présentent successivement: 1. La peau qu'on peut jetter. 2. La partie qui suit la peau, qui est la meilleure. On la bat avec un marteau jusqu'à ce qu'elle devienne douce & molle; c'est-là toute sa préparation, & l'on en applique un morceau convenable sur les vaisseaux ouverts. Il les resserre, empêche l'hémorrhagie, & tombe ordinairement au bout de deux jours. 3. La troisieme, qui peut suffire pour arrêter le sang dans les petits vaisseaux; & la quatrieme, qu'on peut employer reduite en poudre.

Ce remede connu il y a long-tems de quelques personnes, n'est commun que depuis neuf ans. Il a eu partout les mêmes succès, & j'en ai vu les effets les plus heureux. Il épargne les tourmens qu'occasionnent les autres moyens d'arrêter le sang; & c'est une des heureuses découvertes qu'on pût faire en chirurgie. L'on voit que chaque paysan peut s'en procurer avec plus de facilité que le plus habile Chirurgien. M. Brossard, Chirurgien françois qui l'a fait connoître, préfere celui qui croît sur les parties des chênes où l'on a coupé de grosses branches.

No. 67.

Quatre onces de mie de pain, une poignée de fleurs de sureau; autant de celles de camomille & de millepertuis. Cuisez-les en cataplasme avec autant d'eau que de vinaigre.

Si l'on préfere les fomentations, l'on peut prendre les mêmes herbes, ou quelques poignées de faltran; on jette dessus demi pot d'eau bouillante; on laisse infuser. L'on y ajoute chopine de vinaigre, & l'on trempe dedans des flanelles ou d'autres étoffes de laine qu'on applique sur le mal.

Pour les fomentations aromatiques du §. 412, prenez d'herbes de bétoine, de rhue, de fleurs de romarin ou de lavande, & de roses rouges, de chacune une poignée & demie. Faites cuire pendant un quart-d'heure dans un pot couvert, avec trois chopines de vin blanc vieux. Coulez & exprimez fortement. On s'en sert comme des précédentes.

No. 68.

L'emplâtre diapalme.

No. 69.

Deux parties d'eau, une partie de vinaigre de litharge, ou de vinaigre de Saturne.

No. 70.

Prenez sel alkali de tartre, un gros; faites fondre dans une chopine d'eau; ajoutez une once de miel. Pour boisson par verrées, de demi-heure en demi-heure.

No. 71.

Prenez bois de gayac râpé, de sassaffras concassé, de chaque une once. Sept à huit feuilles de noyer. Versez dessus trois pintes d'eau bouillante, laissez infuser deux jours dans un vase bien fermé. Passez. Conservez dans un lieu frais, & que le vaisseau soit bien fermé.

Au défaut de ces bois, on se servira des bois de buis & de genievre coupés en petits morceaux, & on en mettra le double de la dose.

No. 72.

Prenez oximel scillitique & vinaigre scillitique, de chaque trois onces; gomme ammoniac, deux gros. Pour une potion à prendre par cuillerées. S'il se trouve des personnes qui ne puissent prendre cette potion, & qu'elle fasse vomir, on donnera la poudre suivante:

Prenez poudre d'oignon de scille, un gros; poudre de racine de dompte-venin ou asclepias, un demi-gros. Mêlez. On en donnera six grains, quatre fois le jour, dans une cuillerée de vin, ou en bol avec du miel.

No. 73.

Prenez savon de Venise ou autre, pourvu qu'il ne soit pas coloré, gomme ammoniac, cloportes, oignon de scille, de chaque une demi-once: faites avec du sirop de capillaire, des pilules de dix grains.

No. 74.

Prenez racines de chiendent, d'arrête-bœuf, de chardon-roland, de chaque une demi-once; racine de grande chélidoine ou éclaire, trois gros. Faites bouillir dans trois chopines d'eau; & réduire à une pinte. Passez, & faites fondre sel de duobus & sel de nitre, de chaque un gros.

No. 75.

Prenez scille, une demi-once. Faites infuser dans une pinte de bon vin blanc.

No. 76.

Prenez de l'écorce intérieure de sureau qui est verte, une poignée; faites bouillir dans une pinte d'eau & autant de lait; faites réduire moitié, qu'on partagera en deux pour deux jours différens, laissant un, deux ou trois jours d'intervalle suivant l'état du malade: on fera prendre cette décoction par verres, à jeun, d'heure en heure.

No. 77.

Prenez sommités d'absinthe ordinaire, deux onces, racines de calamus, ou jonc odorant, de gentiane & d'impératoire, de chaque une once; baies de laurier, une once & demie; de celles de genievre, trois onces; semences de daucus de crete, une once. Coupez. Ecrasez le tout ensemble. Faites infuser pendant vingt-quatre heures, dans huit livres d'hydromel ou de bon vin, à une chaleur douce dans un vaisseau bien fermé.

No. 79.

Prenez racine de patience sauvage nettoyée & coupée par morceaux, deux onces. Faites bouillir dans trois chopines d'eau & réduire à une pinte. Passez & ajoutez deux gros de sel de glauber.

No. 80.

Prenez panacée mercurielle, æthiops martial, encens, de chaque un demi-gros; kermés minéral, deux scrupules; cloportes en poudre, un gros. Faites avec un sirop, des pilules de cinq grains.

No. 81.

Prenez miel rosat, une demi-once; esprit de sel marin, vingt gouttes. Mêlez.

No. 82.

Prenez écorce de quinquina concassée, une once; contrayerva deux gros. Faites bouillir dans pinte & chopine d'eau, & réduire à une pinte. Passez. Ajoutez un gros de nitre.

No. 83.

Prenez demi-once de limaille d'acier bien lavée. Faites infuser vingt-quatre heures dans le vin blanc. Passez par un linge plié en deux, & versez dans un vase qui contienne six pintes d'eau de riviere; conservez cette eau dans un lieu frais. Elle servira pour boisson, au défaut des eaux minérales ferrugineuses naturelles.

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