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Étude sur la Franc-Maçonnerie

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DEUXIÈME PARTIE
Un homme sérieux, et de bon sens, peut-il être Franc-Maçon ?

Je réponds sans hésiter : Non. Et voici mes raisons.

Je dois donc maintenant regarder, par un autre côté, la Franc-Maçonnerie ; et certes, elle nous en donne bien le droit : quand une secte affecte des prétentions aussi hautaines et ne se proclame rien moins que l’illuminatrice et la réformatrice du genre humain, il est bien permis d’examiner si elle est réellement ce qu’elle se vante d’être, si ce luxe d’éloges, cette emphase admirative, et tout cet étalage de vertus, qui décorent d’ordinaire les morceaux d’architecture (les discours maçonniques), sont suffisamment justifiés ; et si, par hasard, les profanes, regardés de si haut par MM. les Maçons, n’auraient pas le droit, à leur tour, de sourire au lieu d’admirer, et de leur renvoyer quelque chose de leurs dédains et de leur pitié.

Rien, en effet, ne peut se comparer à l’exaltation et à la pompe de langage qui se rencontre à chaque page des journaux et des documents maçonniques que j’ai sous les yeux. La Franc-Maçonnerie, « c’est la divine Maçonnerie » ; c’est « le phare de l’humanité » ; c’est « le soleil du monde ».

« Gloire à toi, divine Maçonnerie ! » s’écrient-ils. Puis ils chantent de concert :

Juste, humain, bienfaisant, voilà ce que nous sommes ;
Et le parfait Maçon est le premier des hommes.

Le premier des hommes pour les vertus, le premier pour les lumières, voilà ce qui se répète dans les banquets maçonniques. En dehors de la Maçonnerie, le genre humain est plongé dans les ténèbres. La Maçonnerie a toutes les lumières ; la Maçonnerie a toutes les vertus : « Toute sagesse, toute perfection, toute vertu, toute philosophie s’enseignent dans les temples maçonniques[78]. »

[78] Le Monde maçonnique, t. IX, p. 358.

A la bonne heure. Mais cependant, lorsque, à la faveur des révélations qu’elle nous a faites d’elle-même, j’entre dans ses Ateliers et dans ses Loges, et que je contemple les Frères à l’œuvre, lorsque chez ces hommes, qui ne veulent plus de culte ni de religion, ou, comme ils disent, « de superstitions » ; lorsque je vois toutes ces cérémonies, toute cette hiérarchie compliquée et bizarre, tous ces signes et ces insignes, toutes ces marches et contre-marches, ces rites singuliers ; lorsque j’entends ce langage inconnu des profanes, lorsque j’assiste à ces initiations et à ces mystères, à ces travaux de table, comme ils les appellent, etc., etc., la divine Maçonnerie m’apparaît sous un aspect qui m’étonne, c’est le moins que je puisse dire ; et, malgré mon désir de n’offenser personne, je ne puis m’empêcher de croire que tout cela, si ce n’est pas le voile suranné d’un but qu’on a eu longtemps intérêt de cacher, est bien peu digne d’hommes sérieux. Et le F∴ Félix Pyat, révolutionnaire en Maçonnerie comme en politique, me paraît avoir eu raison de trouver ces pratiques ridicules, et de les appeler « puériles », ou « séniles »[79]. Pour moi, je me bornerai encore à faire ici une pure et simple exposition. Je m’adresse aux hommes de bons sens ; le bon sens jugera.

[79] Le Rappel, cité plus haut.

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