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Étude sur la Franc-Maçonnerie

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I
HIÉRARCHIE, GRADES ET LANGAGE MAÇONNIQUES

On sait qu’il y a plusieurs grands rites maçonniques, le rite Égyptien de Misraïm, le rite Écossais, celui du Grand-Orient de France ; et peut être d’autres encore.

Chacun des trois rites a trois degrés fondamentaux : les apprentis, les compagnons, les maîtres.

Ceux qui ne sont Francs-Maçons à aucun degré, ils les nomment des profanes.

En outre, chaque rite a ses hauts grades, et ses mystères. En Belgique et en France, le rite Écossais et le Grand-Orient ont chacun une échelle hiérarchique de trente-trois degrés. Je remarque parmi ces degrés :

  • L’illustre élu des Quinze ;
  • Le Sublime Chevalier élu ;
  • Le Royal-Arche ;
  • Le Prince du Tabernacle ;
  • Le Maître des loges Symboliques ;
  • Le Chevalier du Serpent d’Airain ;
  • Le Rose-Croix ;
  • Le Grand-Pontife ;
  • Le Nouchite ;
  • Le Chevalier Kadosch ;
  • Le Grand-Inspecteur Inquisiteur ;
  • Le Sublime Prince du Royal Secret ;
  • Le Souverain Grand-Inspecteur Général ;

Le rite Égyptien de Misraïm est plus riche encore, et ne compte pas moins de quatre-vingt-dix degrés ; je n’en citerai non plus que quelques-uns :

  • Le Chaos, premier discret ;
  • Le Chaos, deuxième sage ;
  • Le Chevalier du Soleil ;
  • Le Suprême Commandeur des astres, etc. ;
  • Le Souverain des Souverains ;
  • Le Prince Talmudin ;
  • Le Souverain Prince Zakdim ;
  • Le Souverain Grand-Prince Hasidim, etc. ;

Tels sont les grades et les noms bizarres, c’est le moins qu’on puisse dire, qui sont proposés à l’ambition suprême des adeptes de la Franc-Maçonnerie.

Chaque grade a ses insignes et ses bijoux distinctifs. Il y a le tablier, la truelle, le maillet, le compas, l’équerre, les cordons en sautoir, avec soleil d’or, et autres emblèmes, etc.

Mais, en vérité, pour des hommes qui professent si haut les théories égalitaires, toute cette hiérarchie de grades, d’insignes et de bijoux, tous ces hochets de la vanité, sont une étrange contradiction. Plusieurs francs-maçons eux-mêmes en ont fait la remarque ; mais les hochets n’en subsistent pas moins, avec toute leur puissance sur ces grands esprits.

Les différentes sociétés maçonniques, dont se compose chacun des trois rites, se nomment Loges. Voici quelques-unes de ces loges ; il y a :

  • La Rose du parfait Silence ;
  • Saint-Antoine du parfait Contentement ;
  • La clémente Amitié cosmopolite ;
  • Le Val d’amour ;
  • La Jérusalem des Vallées égyptiennes ;
  • L’heureuse rencontre de l’Union désirée ;
  • Les Trinosophes ;
  • Les Théphropotes ou Buveurs de Cendres ;
  • Julienne aux trois Lions ;
  • Auguste aux trois Flammes ;
  • L’Absalon aux trois Orties ;
  • Caroline aux trois Étoiles ;
  • Minerve aux trois Palmiers ;
  • Libanon aux trois Cèdres, etc. ;

Les Dignitaires des loges sont plus ou moins nombreux ; il y a :

  • Le Vénérable ;
  • Le Très-Respectable ;
  • Le Frère Sacrificateur ;
  • Le Frère Terrible ;
  • Les Frères surveillants ;
  • Le Grand Expert ;
  • Le Grand Orateur ;
  • Le Tuileur ;
  • Le Maître des Cérémonies, etc.

Tels sont les noms, pompeux ou grotesques, qui se rencontrent sans cesse dans les journaux des francs-maçons, et dans les récits des tenues maçonniques, ainsi qu’ils appellent leurs séances. Car les francs-maçons ont une langue à eux, qui n’est pas celle des profanes, pour dire autrement les mêmes choses. Ainsi, l’orateur d’une loge maçonnique ne prononce pas un discours, mais un morceau d’architecture ; — un franc-maçon ne mange pas, il mastique ; — son verre n’est pas un verre, mais un canon ; — et son assiette une tuile ; — et son couteau un glaive ; — charger, en terme de table, c’est mettre du vin dans son verre ; — une loge n’interrompt pas ses séances, elle se met en sommeil ; — une circulaire maçonnique s’appelle une planche ; — un compte rendu est un tracé ; — les applaudissements sont des batteries ; — et les banquets des travaux de table.

Les cérémonies, les signes, les marches, les contre-marches, les honneurs funèbres, les travaux de table, les batteries, etc., tout cela est réglé par les rituels maçonniques dans le plus minutieux détail, et demande assurément aux initiés une grande étude. Ils doivent, ces hommes graves, ces pères de famille, ces honorables commerçants, ces avocats, ces magistrats, ces membres des assemblées délibérantes, passer de longues heures à apprendre les cahiers de leurs grades, les prescriptions de leurs rituels, le mysticisme de leurs emblèmes, et tout ce qui compose enfin le culte, la religion des francs-maçons, car c’est ainsi qu’ils l’appellent eux-mêmes ; ces hommes qui veulent éclairer le genre humain et le débarrasser de ce qu’ils nomment superstitions, ont eux-mêmes leurs temples, leurs autels, leurs sacrificateurs, leur baptême, leurs sacrements et leurs mystères.

Entrons plus avant dans l’institution.

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