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Étude sur la Franc-Maçonnerie

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V
LE CHEVALIER KADOSCH

Je voudrais quitter enfin ce triste sujet ; je ne le puis pas, sans dire quelques mots des hauts grades maçonniques, ceux qu’on ne confère qu’aux Maçons éprouvés, dont l’éducation maçonnique est complète ; et, sans vouloir trop regarder au fond de ces mystères, ni en rechercher le dernier mot ; soit que ces mystères ne cachent rien du tout, soit qu’ils cachent quelque chose, je demande s’il y a rien de plus suspect, de plus absurde que toute cette fantasmagorie ?

M. Louis Blanc disait-il la vérité quand il écrivait : « Comme les trois grades de la Maçonnerie ordinaire (apprenti, compagnon, maître), comprenaient un grand nombre d’hommes opposés par état et par principes à tout projet de subversion sociale, les novateurs multiplièrent les degrés de l’échelle mystique à gravir ; ils créèrent des arrière-loges réservées aux âmes ardentes ; ils instituèrent les hauts grades d’élu, de chevalier du Soleil, de la stricte observance, de Kadosch ou homme régénéré : sanctuaire ténébreux, dont les portes ne s’ouvraient à l’adepte qu’après une longue série d’épreuves, calculées de manière à constater les progrès de son éducation révolutionnaire, à éprouver la constance de sa foi, à essayer la trempe de son cœur. Là, au milieu des pratiques tantôt puériles, tantôt sinistres…, etc.[115] »

[115] Histoire de dix ans.

Examinons donc un moment de près ces hauts grades de la Maçonnerie, et entre autres le grade de Chevalier Kadosch, celui dont les doctrines, dit le frère Ragon, « forment le complément essentiel de la véritable Maçonnerie ».

« Ce grade, dit-il encore, porte avec raison le titre de nec plus ultra : les trois degrés au-dessus ne sont qu’administratifs. »

Eh bien, comment se fait l’Initiation à ce grade suprême ?

L’Élu traverse quatre appartements, l’initiation s’accomplit dans le quatrième :

« Le premier appartement est tendu en noir, éclairé par une seule lampe triangulaire, suspendue à la voûte. Il communique à un caveau, espèce de cabinet de réflexion, où se trouvent confondus les symboles de la destruction et de la mort

« Deuxième appartement. Il est tendu en blanc. Deux autels occupent le centre ; sur l’un, est une urne pleine d’esprit de vin qui éclaire la salle ; sur l’autre autel est un réchaud de feu avec de l’encens à côté…

« Troisième appartement. La tenture est bleue, la voûte est étoilée, il n’est éclairé que par les trois bougies jaunes.

« Quatrième appartement. Là se tient le conseil souverain des grands élus chevaliers Kadosch. Il est tendu en rouge, le local est éclairé de douze bougies jaunes.

« Parvenu dans ce divin sanctuaire, le candidat apprend les engagements qu’il contracte ; puis, on lui fait monter et descendre « une échelle mystérieuse, qui, par sa forme, rappelle le Delta ».

« Les emblèmes de ce grade sont « une croix », avec « un serpent à trois têtes ».

« Le serpent désigne le mauvais principe. Les trois têtes du serpent sont l’emblème du mal qui s’est introduit dans les trois hautes classes de la société. Une tête du serpent porte une couronne, et indique les souverains ; une autre tête porte une tiare ou clef, et indique les papes ; une autre porte un glaive et indique l’armée.

« Le Grand-Initié doit veiller à la répression de ces abus

« Comme gage de ses engagements, le récipiendaire abat, avec le poignard, les trois têtes du serpent[116] » : c’est-à-dire la couronne, la tiare, et l’épée.

[116] Explication du grade de Grand-Élu, Chevalier Kadosch, par le F∴ Ragon. Ouvrage loué par le Grand-Orient.

Le ridicule ici, on le voit, se mêle à l’horreur, et c’est bien le cas peut-être de redire avec le poète :

Hæ nugæ seria ducunt !
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