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Étude sur la Franc-Maçonnerie

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II
DÉCLARATIONS DES LOGES MAÇONNIQUES

Le Christianisme, est-il dit sans cesse dans les Loges, c’est une religion menteuse, bâtarde, répudiée par le bon sens, abrutissante, et qu’il faut anéantir. C’est un fatras de fables, un édifice vermoulu, et qui doit tomber pour faire place au temple maçonnique. Voici quelques textes formels, choisis entre mille :

« Le Catholicisme est une formule usée, répudiée par tout homme qui pense sainement… un édifice vermoulu !… Au bout de dix-huit siècles, la conscience humaine se retrouve en présence de cette religion bâtarde, formulée par les successeurs des apôtres ! »

« Ce n’est point la religion menteuse des faux prêtres du Christ qui guidera nos pas[4]. »

[4] M. Neut, t. I, p. 142.

Ainsi parlait, à l’installation de la loge l’Espérance, le Grand-Orateur de la loge, le F∴ Lacomblé.

Selon cet orateur, les ministres de l’Évangile sont « un parti qui a entrepris d’enchaîner tout progrès, d’étouffer toute lumière, de détruire toute liberté, pour régner avec quiétude sur une population abrutie d’ignorants et d’esclaves ».

« Aujourd’hui », disait-il encore, « que la lumière luit, il faut avoir la force de faire bon marché de tout ce fatras de fables ; dût le flambeau de la raison réduire en cendre tout ce qui reste encore debout de ces vestiges de l’ignorance et de l’obscurantisme[5] ».

[5] Ibid.

Voilà comment parle la Franc-Maçonnerie ; voilà comment elle ne s’occupe pas du Christianisme, et comment elle le respecte, quand elle s’en occupe.

Son thème est précisément celui que répète partout l’impiété ; c’est ce qui est dit à satiété, par exemple, dans ces petits livres dont la Révolution et la Maçonnerie inondent Rome en ce moment, et que j’ai eus sous les yeux.

Son thème, son mot d’ordre est précisément celui de Voltaire : Écrasons l’infâme.

C’est en effet ce que, à l’occasion de son installation, le Vénérable de la loge la Fidélité, à Gand, disait :

« En vain, avec le XVIIIe siècle, nous flattions-nous d’avoir ÉCRASÉ L’INFAME ; l’infâme renaît plus vigoureuse…[6] »

[6] M. Neut, t. I, p. 281.

Tout le monde sait d’ailleurs que la Maçonnerie a reçu Voltaire dans ses loges, et s’est associée à son œuvre ; et la preuve encore que, fidèle aux plus néfastes traditions, elle n’a jamais cessé de combattre avec Voltaire, tantôt sourdement, tantôt à ciel ouvert, mais avec une persévérance infatigable, les institutions catholiques et toute influence chrétienne, c’est ce que proclamait le F∴ Jean Macé, un des francs-maçons les plus considérés dans l’ordre, lorsque, dans un grand dîner maçonnique, à Strasbourg, il portait à Voltaire le toast que voici :

« A la mémoire du F∴ Voltaire !… du F∴ Voltaire, infatigable soldat : toutes les batailles qu’il a livrées, il les a gagnées, M. F., à notre profit[7]. »

[7] Le Monde-Maçonnique, mai 1867, p. 25. — On sait aussi que tous les ateliers maçonniques de Paris, sauf un seul, ont souscrit à la statue de Voltaire.

Selon le F∴ Jean-Macé, les religions révélées sont un boulet que l’humanité traîne au pied ; mais, heureusement, dit-il, la Maçonnerie est là pour remplacer les croyances qui s’en vont[8].

[8] Le Monde-Maçonnique, mai 1870, p. 118.

Écoutons maintenant le dernier grand-maître de la Maçonnerie française, le F∴ Babaud-Laribière, nommé il y a trois ans préfet des Pyrénées-Orientales, et mort dans cette charge : La Maçonnerie, dit-il, est supérieure à tous les dogmes. — Antérieure et supérieure aux religions, c’est elle, suivant un autre frère, qui doit donner l’impulsion au monde[9].

[9] Ibid., 139. — Ibid. Novembre 1866, p. 132.

Et en effet, disait, dans un autre discours, le même Babaud-Laribière : « Les dogmes périssent fatalement. » Il déclarait donc le dogme catholique mort, Rome, sa capitale, une ville morte, et il posait nettement la Maçonnerie en adversaire irréconciliable du catholicisme : « Quelle est la doctrine fondamentale de nos adversaires ? Un dogme immuable. Quelle est leur capitale ? Une ville morte. » Et après cette insolence à l’endroit du Catholicisme, il proclamait Paris la capitale de la Maçonnerie et le Vatican du genre humain : « La Maçonnerie, au contraire, a établi son Vatican ici même, dans ce Paris, où les idées bouillonnent et se purifient comme dans la fournaise[10]. » Cela était dit et applaudi dans une assemblée générale du Grand-Orient.

[10] Ibid. Juillet 1869, p. 171.

C’est donc la Maçonnerie qui doit remplacer le Christianisme :

Et elle le peut, si elle le veut. « ORGANISÉE COMME ELLE L’EST, disait le F∴ Félix Pyat, la Maçonnerie PEUT, SI ELLE VEUT, REMPLACER L’ÉGLISE CHRÉTIENNE[11]. »

[11] Le Rappel, cité par le Monde-Maçonnique.

Telles sont les déclarations de ces Messieurs.

Mais continuons : la haine du Christianisme s’accentue de plus en plus et arrive, si je le puis dire, à son paroxysme :

« Il faut de l’énergie pour porter ainsi le scalpel dans le sanctuaire de cette foi aveugle que nous avons puisée au sein de NOS MÈRES… NON, LE DIEU RÉVÉLATEUR N’EST PAS[12] ! »

[12] M. Neut, t. I, p. 144.

Et à Gand, le vénérable de la Fidélité, disait :

« Il faut élever AUTEL CONTRE AUTEL, enseignement contre enseignement…

« Nous devons combattre ; mais combattre avec la certitude de la victoire. »

Puis il ajoutait :

« A eux (aux prêtres du Christ) la morale facile et PERVERSE ! à eux le fanatisme ! A nous la morale pure, le désintéressement, le dévoûment ! »

« La Maçonnerie rejette les fantasmagories idolâtres… La Maçonnerie est au-dessus des religions[13]. »

[13] Discours prononcé par le F∴ Frantz Faider, à l’occasion de son installation comme vénérable de la loge la Fidélité, de Gand. — A. Neut, t. I, pag. 280 et seq.

Enfin : « Nous sommes NOS PROPRES DIEUX[14] ! »

[14] Ibid.

Et la Vente suprême du carbonarisme, qui a eu de si intimes affinités avec la Maçonnerie, disait nettement :

« Notre but final est celui de Voltaire et de la Révolution française : L’ANÉANTISSEMENT A TOUT JAMAIS DU CATHOLICISME, ET MÊME DE L’IDÉE CHRÉTIENNE[15]. »

[15] Instruction secrète adressée à toutes les Ventes par la Vente suprême. — L’Église en face de la Révolution, t. II, p. 82.

Ceux qui croient qu’on peut être à la fois chrétien et franc-maçon, doivent commencer à voir que cela est difficile.

Mais la Maçonnerie ne s’en tient pas aux paroles qui retentissent dans ses Loges, et la guerre qu’elle fait au dehors à la Religion est aussi acharnée que sa haine.

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