Étude sur la Franc-Maçonnerie
TROISIÈME PARTIE
Action politique et révolutionnaire de la
Maçonnerie
Ces initiations, ces degrés, ces épreuves successives, ont un but ! Avant de confier son dernier secret à quelques rares élus, la Maçonnerie éprouve ses adeptes : elle veut savoir s’ils seront capables de descendre dans les mines qu’elle creuse sous les édifices sociaux : ce n’est pas nous qui parlons ainsi, c’est M. Louis Blanc dans son Histoire de Dix-Ans : à propos de la Franc-Maçonnerie, « il importe, dit-il, d’introduire le lecteur « dans LA MINE que creusaient alors, sous les trônes, sous les autels, DES RÉVOLUTIONNAIRES bien autrement profonds et agissants que les encyclopédistes ».
Le côté redoutable de la Franc-Maçonnerie le voici donc : c’est sa profonde et incessante action politique, sociale et révolutionnaire. Là-dessus, M. Henri Martin a dit le vrai mot : « La Maçonnerie, écrit l’auteur de l’Histoire de France[117], est le laboratoire de la révolution. » M. Félix Pyat, de son côté, appelle la Franc-Maçonnerie « l’Église de la révolution »[118].
[117] T. XVI, p. 595.
[118] Le Rappel, cité par le Monde maçonnique, mai 1870.
Qu’on ne nous redise donc plus que la Maçonnerie fait de la bienfaisance : c’est possible, mais cela ne l’empêche pas de faire autre chose, et le Monde-Maçonnique a pris soin de nous avertir que la bienfaisance n’est pas LE BUT, mais un des moyens, et DES MOINS ESSENTIELS, de la Maçonnerie.
Qu’on ne nous oppose pas non plus les constitutions maçonniques qui disent : « La Franc-Maçonnerie ne s’occupe pas des constitutions des États ; dans la sphère élevée où elle se place, elle respecte les sympathies politiques de chacun de ses membres ; dans ses réunions, toute discussion à ce sujet est formellement interdite[119]. » De même le règlement du Grand-Orient de Belgique portait textuellement, article 135 : « Les Loges ne peuvent en aucun cas s’occuper de matières politiques. »
[119] Article 2 de la Constitution française.
Je reconnais ici encore les vieilles traditions de tactique et de mystère dont la Maçonnerie, à son origine, avait besoin de se couvrir pour tromper les gouvernements et la foule des dupes : mais dans la réalité, que sont aujourd’hui ces formules surannées ? Contradiction ou mensonge.
Qu’on ne vienne pas non plus nous dire : Les questions politiques et sociales, la Maçonnerie, si elle s’en occupe, elle ne le fait que d’une manière générale et inoffensive ; jamais elle ne descend de la hauteur sereine des principes dans la région des faits, dans la sphère agitée des applications pratiques.
Cela n’est pas, et ne peut pas être ; en fait, et par la force des choses, la Maçonnerie est une société politique et révolutionnaire ; elle exerce une influence directe sur les révolutions ; elle les prépare, elle les fait, et ceux qui, dans la Maçonnerie, marchent à la tête du mouvement, et entraînent avec eux toute la masse des adeptes, ceux-là, qui sont vraiment le cœur et l’âme de la Maçonnerie, ont pour but suprême d’en faire, selon l’énergique et profonde expression de M. Henri Martin, le LABORATOIRE DE LA RÉVOLUTION, ou selon le F∴ Pyat, L’ÉGLISE DE LA RÉVOLUTION.
En voici des preuves péremptoires :