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Il faut marier Jean!

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XII

Chez Mme Dautheray, un de ces « thés » ultra-brillants où, tout l’hiver, s’est porté avec empressement le Paris mondain, qui y trouvait, chaque quinzaine, danse et musique de choix… Un de ces thés auxquels s’était dérobée Hélène, qui les jugeait, avait-elle dit à Jean, « beaucoup trop élégants pour une simple petite femme comme elle ».

Cette fois, de multiples raisons l’ont décidée à répondre à l’invitation que lui a renouvelée Mme Dautheray elle-même, venue pour lui servir ses doléances maternelles au sujet de la résistance, aimable, mais tenace, que Jean apporte à se laisser envelopper par les liens du mariage.

Or, Mme Dautheray, de plus en plus, se cramponne à son idée : « Il faut marier Jean ! » Et elle pense qu’Hélène, qui, jadis, obtenait de lui un travail quelque peu sérieux, pourrait peut-être le décider à choisir, enfin, dans la phalange des jeunes vierges que le monde lui présente journellement. Plusieurs, au gré de Mme Dautheray, constitueraient l’épouse idéale.

— Marraine, a protesté gaiement Hélène, vous me supposez une puissance que je n’ai sûrement pas et que, d’ailleurs, j’aurais scrupule à employer en la circonstance. Ne connaissant pas du tout ces jeunes filles, je ne puis influencer Jean.

— Mais je te dis, mon enfant, qu’il y en a au moins dix — tu entends, dix ! — qui seraient parfaites ! Viens, n’y manque pas, à mon dernier thé de la saison, et tu les verras… Car j’aurai beaucoup de monde, à cette réception de clôture. Tu y entendras de la musique excellente, puisque j’ai pu obtenir le concours de Venesco, le violoniste ; comme chanteuse Mlle Montauvais et, pour varier, une protégée de Raymond Barcane, une excellente diseuse. Ensuite, la jeunesse dansera. Ainsi, tu feras connaissance avec les candidates et pourras mieux agir sur Jean. C’est entendu, n’est-ce pas ? Hélène. Je compte sur toi.

Hélène hésite encore et s’accroche à tous les prétextes pour se dérober à l’égoïste insistance de Mme Dautheray. Il lui est étrangement désagréable d’être, en quoi que ce soit, mêlée au mariage de Jean…

— Marraine, ma toilette ne sera pas du tout à la hauteur de celles de vos invitées.

— Mais, mon petit, s’exclame naïvement Mme Dautheray, qu’est-ce que cela peut bien te faire ? Personne ne te connaît et ne s’occupera de toi…

Elle corrige aussitôt, s’apercevant que sa phrase est malencontreuse :

— Comme tu es une vilaine sauvage, et n’as jamais voulu venir à mes thés, ce printemps, tu es ignorée de nos amis et tu pourras rester à ton gré dans ton personnage de modeste violette. Tu as bien une robe un peu habillée, à la mode ?

Hélène se met à rire. Elle se souvient du regard de Jean, quand il l’a aperçue entrant au théâtre. Et Jean est un connaisseur difficile à satisfaire ! Elle est désormais tranquille sur l’effet qu’elle peut produire…

— Oh ! si, marraine, j’en possède une qui ne déshonorerait pas votre belle assemblée.

— Si non, ma chérie, j’espère que tu consentirais, sans cérémonie, à me laisser te traiter en vraie filleule, en t’offrant ta toilette.

Hélène se penche et embrasse Mme Dautheray.

— Marraine, vous êtes excellente, mais je n’ai nul besoin d’user de votre générosité. C’est convenu. Jeudi, j’irai voir les fiancées possibles de Jean.

— Puisses-tu, ensuite, le pénétrer de l’inconséquence de sa conduite… Que de fois j’ai peur qu’il ne soit accroché par quelque vilaine créature, qui le tienne éloigné du mariage ! Tu n’en sais rien ? Hélène.

Cette question prouve à Hélène, si elle en doutait, que, pour Mme Dautheray, elle est une femme qui n’existe pas, sans âge, une simple confidente d’occasion. Et, imperceptiblement railleuse, elle répond :

— Non, madame, je n’en sais rien. Si cela était, Jean a trop de tact pour me faire des confidences de cette sorte.

Mme Dautheray sent-elle la leçon ?… Avec cette candeur qui désarmerait son pire ennemi lui-même, elle répond :

— Tu as raison… Par toi, je ne peux avoir aucun renseignement en cette matière. Il faudra que je parle à mon frère.

— Cela ne changerait pas les choses. Jean, sans en avoir l’air, ne fait jamais que ce qu’il veut…

— Ah ! c’est bien vrai ce que tu dis là, mon enfant !… Avec plus de douceur, il est aussi autoritaire que l’était son père… Pas avec moi, heureusement ! Il ne se mêle jamais de ce que je fais.

Hélène sourit, malgré elle, de l’air épanoui de Mme Dautheray. Jusqu’à sa dernière heure, cette femme sera juvénile.

— Eh bien ! marraine, suivez son exemple et laissez-le, en toute liberté, choisir la femme qu’il almera… certainement… un jour.

Les yeux d’Hélène ont une singulière expression que, naturellement, Mme Dautheray ne remarque pas du tout ; et elle s’en va, sereine, après avoir témoigné une tendresse de grand’mère à Bobby qui l’a tout à fait conquise.

Il y a encore une autre raison pour qu’Hélène se rende à cette réception. Coïncidence imprévue. Jean est venu, lui aussi, insister pour qu’elle ne manque point d’y paraître ; car, a-t-il expliqué, l’air content, il espère pouvoir la présenter à un personnage influent dans les Lettres, qui a lu ses croquis américains et désire la connaître pour en causer avec elle.

Jean n’a rien ajouté de plus. Mais Hélène n’a pas besoin de longues méditations pour arriver à cette encourageante conclusion, que le critique compétent n’aurait aucun désir de lui parler de son travail, s’il le jugeait dépourvu de toute valeur. Et l’espoir, un instant, a illuminé sa vie sévère. Toujours, elle a possédé le bienheureux secret de se créer un semblant de bonheur, avec les menues faveurs que l’existence quotidienne veut bien, de-ci, de-là, lui octroyer.

Donc, au jour dit, sur le coup de cinq heures, elle franchit la majestueuse grand’porte de l’hôtel Dautheray — non sans avoir succombé à la tentation d’errer un moment dans les allées du Parc Monceau, nimbées d’une brume d’or, par la chaude journée de juin.

Elle pénètre dans le vestibule où les valets de pied font la haie… En vérité, la réception a tout à fait grand air, note sa curiosité d’observatrice. Elle jette son manteau au vestiaire et se glisse parmi la foule masculine massée à l’entrée du premier salon, qui est comble. Mais, sur le seuil, elle s’immobilise ; car Venesco vient de lever son archet, et un chant large, d’une beauté passionnée, a immédiatement amené un silence attentif dans l’auditoire bourdonnant.

Avec une infinie jouissance, Hélène écoute le chant merveilleux ; séduite à ce point, qu’elle ne remarque pas une seconde, la flatteuse attention qu’elle éveille dans la phalange masculine dont elle est entourée et qui semble apprécier fort la svelte élégance de la silhouette, toute fine sous le crêpe de Chine noir de la robe ; comme aussi le charme de la petite tête coiffée — selon la mode — d’une sorte de turban de tulle, piqué d’une flèche de jais. Personne, certes, dans ce brillant milieu ne pourrait imaginer que cette jeune femme, aussi harmonieusement vêtue, que toutes ses sœurs présentes, le doit à la seule adresse de ses mains.

C’est seulement quand le violon se tait qu’elle aperçoit la chaise qui lui avait été discrètement avancée. Alors, une seconde, avant de pénétrer enfin dans le grand salon à la recherche de Mme Dautheray, elle regarda la foule de ses hôtes, cherchant à deviner les fiancées offertes à Jean — telles qu’il les lui a décrites — parmi toutes ces jeunes filles, dont beaucoup sont vraiment très jolies à l’ombre de leurs chapeaux d’été. Comment se peut-il que Jean demeure si difficile à séduire !

Tout à coup, elle l’aperçoit ; et elle n’a pas besoin de savoir à qui il parle… Sûrement, c’est à une femme qui lui plaît, qui lui plaît beaucoup !… Sa tenue est rigoureusement correcte… Mais Hélène le connaît trop bien pour ne pas savoir le pourquoi de l’expression de son visage, tandis qu’il se penche vers une jeune femme assise, dont elle n’aperçoit que la nuque laiteuse, sous l’onde des cheveux sombres. La femme fait un mouvement, et Hélène reconnaît le beau visage — indéchiffrable — de Sabine de Champtereux… Ah ! Jean est bien épris d’elle, quoi qu’il prétende…

D’un élan instinctif, elle se détourne et, se laissant entraîner par les remous à l’entrée du salon, se lance à la découverte de Mme Dautheray, qui est une maîtresse de maison voltigeante.

— Ah ! enfin, Hélène, vous voilà ! fait, près d’elle, une voix joyeuse, celle de Jean. Comme vous arrivez tard ! Je commençais à craindre que votre sauvagerie ne vous ait retenue chez vous… Et, pour un tas de raisons, j’en aurais été très marri !

Il a l’air si sincèrement content de la voir et l’enveloppe d’un regard si approbateur, qu’une impression de chaude douceur lui monte au cœur. Il lui paraît bon, le sentiment qu’elle « compte » pour Jean, son ami, même dans son opulent milieu. Et elle a un délicieux sourire, quand elle lui répond :

— C’est que j’avais séance chez mon « vieil oiseau »… Je me suis échappée dès que je l’ai pu… Jean, vous allez me montrer Nicole et la petite Madeleine…

— Et la belle Sabine ? fait-il malicieusement.

— La belle Sabine ? Je l’ai déjà vue tout à l’heure, quand vous lui parliez.

— Vous l’avez reconnue ?

— Elle est inoubliable… Et puis…

Et le regard d’Hélène est moqueur, un peu, avec une inconsciente ombre de mélancolie…

— Et puis, votre visage aurait suffi à me renseigner.

— Dieu ! est-il à ce point « passoire » ? Ce serait terrible !… Hélène, je vous montrerai toutes les jeunes personnes que vous désirerez connaître. Mais, aussi, je dois, avant tout, vous mettre en rapports avec quelqu’un dont vous excitez la curiosité, notre ami Dubore, le critique de la Revue des Deux Mondes. C’est à lui que j’ai soumis vos croquis américains.

Hélène devient toute rose.

— Oh ! Jean, que cela va être émotionnant d’entendre son jugement !

— Mais… mais j’imagine que ce jugement n’est pas défavorable, puisqu’il désire vous voir !… Il est peut-être séduit par votre œuvre, comme je l’ai été moi-même…

Hélène lui envoie un coup d’œil reconnaissant ; elle a une mine de petite fille sage, ravie d’une bonne note inattendue.

— Quel excellent ami vous êtes, Jean. Mais avant d’être présentée à votre critique, il faut, tout au moins, que j’aille saluer votre mère. Je n’ai pu encore la joindre. Ah ! je l’aperçois… A tout à l’heure, Jean.

Plus que jamais, Mme Dautheray ressemble à un Nattier ; ses cheveux de soie blanche ondulent relevés autour du visage étonnamment frais, où les yeux noirs étincellent ; les lèvres sont pourpres, éclairées par le sourire qui semble devoir rester éternellement jeune.

Elle accueille Hélène avec un bonjour amical, mais hâtif, et la confie à son frère qui pontifie, aimablement. Comme elle ne la lui a pas nommée, il se demande incontinent : « Quelle est donc cette charmante petite femme que je ne connais pas ? »

Puis une lueur se fait dans sa cervelle.

— Mais, ma parole, c’est Hélène Heurtal ! Comme la gamine sauvage s’est transformée !

Et il s’empresse aussitôt pour lui trouver une bonne place, tout comme si elle était une dame d’importance. Même il reste un moment près d’elle, à lui nommer les femmes les plus en vue de la réunion.

Mais il est obligé bientôt de la quitter ; car, à son tour, la chanteuse va se faire entendre ; et c’est au bruit des applaudissements qui célèbrent son talent que, quelques instants plus tard, Jean reparaît devant Hélène, accompagnant un monsieur d’âge, long, maigre, la bouche plutôt sévère, le regard incisif sous les sourcils en broussaille, dont la couleur d’encre heurte le gris des cheveux et de la barbe.

— Hélène, voulez-vous me permettre de vous présenter notre grand critique, Charles Dubore, qui a lu vos notes sur la vie américaine.

De nouveau, une flamme monte aux joues d’Hélène, comme chaque fois qu’il est question de ses humbles essais littéraires. Jean, appelé par ses devoirs de maître de maison, les a déjà quittés.

— Madame, mon jeune ami Dautheray m’a, en effet, communiqué quelques pages que vous avez écrites sur la vie d’outre-mer.

— A titre de souvenirs… Pour moi seule. Je suis confuse que M. Dautheray vous ait fait perdre du temps à les parcourir…

— Dites à les lire, madame… et même à les lire avec un réel plaisir…

Saisie, elle le contemple, presque incrédule. Le grand critique est sans doute doublé d’un homme du monde très courtois. Il s’aperçoit de cette impression et son masque sévère se détend sous une expression un peu narquoise.

— Vous ne me croyez pas ? madame. Pourtant, je vous dis la très exacte vérité. Dautheray m’a apporté vos études. Je les ai ouvertes… pour lui être agréable… Et aussi parce qu’il m’en avait dit des choses qui avaient mis mon attention en éveil… Quand j’ai eu commencé, j’ai lu jusqu’au dernier feuillet, pour mon agrément personnel.

— Tant mieux ! Oh ! tant mieux ! fait-elle avec un sourire si lumineux, que les yeux et le cœur du grave critique en sont réjouis. Et il continue avec une sincérité d’accent qu’elle ne peut méconnaître :

— Ils m’ont plu. D’abord parce que la langue en est pure. Sur ce point, je suis intraitable. Ensuite, parce qu’ils ont une note personnelle. Vous y êtes très féminine… — cela sans mièvrerie, — voire sourdement passionnée. Je vous demande pardon, madame, de ce semblant d’indiscrétion. Je me place à un point de vue tout littéraire… Et en même temps qu’un sens étonnamment aiguisé de l’humour, vous avez une pensée qui réfléchit, comme le ferait un cerveau d’homme… Vous avez dû subir le contact prolongé d’intelligences masculines, qui étaient de qualité supérieure…

— J’ai travaillé avec mon père, un bibliophile fervent… J’ai toujours eu des professeurs hommes et, maintenant, je suis secrétaire du professeur Barcane.

— Barcane ? de l’Institut ?… le père de Raymond Barcane ?

— Oui…

— Évidemment, vous ne pouvez que gagner au commerce d’une forte intelligence comme la sienne. Mais, pour en revenir à vous, madame, que comptez-vous faire de vos Croquis américains ? Songez-vous à les utiliser ?

— J’en serais bien heureuse, car, à toute sorte de points de vue, ce résultat me serait très précieux !… Mais… mais comment m’y prendre pour y arriver ? Je n’ai aucunes relations dans le monde des lettres, où il faut être épaulée pour réussir, du moins au début, surtout quand on n’est qu’une femme tout à fait inconnue.

— Parfaitement juste ! Mais maintenant, madame, vous connaissez Barcane ; son illustre fils est toujours prêt à aider une jolie femme et, pour mon compte, comme je trouve, en vérité, une certaine valeur à vos études, je serais volontiers disposé, pour peu que cela vous fût agréable, à les présenter dans une excellente revue qui, peut-être, accepterait d’en publier quelques-unes ; ou encore l’une des courtes nouvelles qui les accompagnent…

Hélène se demande si elle ne rêve pas tout éveillée. Mais l’omnipotent critique semble parler sérieusement ; non point comme un prodigue d’eau bénite. Et elle le regarde avec un air radieux d’enfant qui reçoit, inespéré, un cadeau splendide.

— Que c’est bon à vous de vouloir bien me prêter assistance, après m’avoir dit, sur mes essais, des choses qui me rendent… bien fière… Je vous en prie, choisissez dans mes papiers ce qui vous paraît le meilleur à présenter…

— Nous verrons cela ensemble, si vous voulez bien, madame. J’aurais quelques retouches à vous indiquer ; de petites modifications de détail… Pourrez-vous me donner un rendez-vous ?

— Je suis toujours libre de mon temps, après ma séance chez le professeur Barcane.

— Bon ; il sera facile de nous entendre, même pour les corrections qui me paraîtraient utiles… Vous m’avez l’air singulièrement modeste pour une femme… et surtout pour un auteur… Car vous êtes très bien douée !… Il serait dommage que vous ne développiez pas les dons que vous devez à la nature et à votre travail personnel… Mais, surtout, appliquez-vous à rester vous-même. Vous lisez beaucoup ?

— Autant que je le puis.

— Quoi ?

— Tout ce qui me tombe sous la main, ayant une valeur quelconque. Je suis très éclectique. Mon esprit est curieux de tout et j’adore pénétrer le cerveau des autres.

— Oui, pour le comprendre… Cela, c’est bien !… Mais, surtout, n’exprimez jamais que votre pensée propre ! Et gardez bien votre individualité, je vous le répète.

Elle sourit.

— Je crois que je ne pourrais faire autrement. Je suis une façon de ressort… On peut me courber, mais je me redresse toujours pour reprendre ma pente naturelle.

— Parfait, cela !

Il continue à l’observer avec une sorte de curiosité où il y a une instinctive sympathie. Comme tous les intellectuels qui causent avec elle, il est séduit par l’intensité de vie intelligente que révèle ce visage de femme. Avec un réel plaisir, il continuerait la causerie engagée. Mais voici revenir Jean.

Les danses vont commencer. Tous les hôtes de Mme Dautheray ont, pour l’instant, évolué vers le buffet ; ou, restés dans les salons, croquent les nombreuses « douceurs » que leur offrent les plateaux, abondamment pourvus, qui leur sont présentés.

— Eh bien ! la connaissance est faite ? interroge-t-il gaiement. Il faut venir la sceller au buffet. Vous restez là, à bavarder, tous les deux, dans votre coin… L’homme ne vit pas seulement de bonnes et belles paroles…

Mais l’illustre critique se dérobe.

— Mon ami, excusez-moi, je ne prends jamais rien entre mes repas. Après avoir entendu votre superbe concert, je vais me retirer, ayant, hélas ! bien passé l’âge de respirer une atmosphère de danse !… Je vous laisse donc, satisfait d’avoir pu causer avec Mme Heurtal.

— Et vous voudrez bien encourager un peu ses travaux ?… insiste Jean qui, cependant, a deviné, à l’éclat des yeux d’Hélène, qu’elle a gagné la partie.

Dubore se tourne à demi vers la jeune femme, dont le charme, une fois encore, opère sur son rigorisme. Il n’a plus du tout cet air froidement narquois qui le rend si intimidant.

— J’essaierai d’être utile à madame, de faire recevoir en bon lieu certaines de ses études qui me paraissent particulièrement réussies. Madame, je vous présente mes hommages.

Et il serre énergiquement la main qui s’est avancée d’un geste reconnaissant. Puis il se met en devoir de gagner une porte de sortie, à travers la jolie foule papotante qu’il considère avec des yeux de vieux philosophe, tout en distribuant des saluts courtois.

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