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Jean Sbogar

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Ch. XVI

XVI

Force du guerrier, qu’es-tu donc? Tu roules aujourd’hui la bataille devant toi en nuages de poussière. Tes pas sont Jonchés de morts, comme les feuilles desséchées marquent pendant la nuit la route d’un spectre. Demain le rêve momentané de la bravoure est fini; ce qui épouvantait des milliers d’hommes a disparu. Le moucheron, porté sur ses ailes couleur de fumée, chante sur les buissons son hymne de triomphe, et insulte à ta gloire qui n’est plus qu’un vain mot.

OSSIAN.

Il y avait deux mois qu’Antonia vivait de cette manière parmi les brigands de Duino, sans que son état eût changé, sans qu’il eût donné d’espérance. Elle avait seulement repris quelques forces, et elle aimait à venir respirer l’air du soir à sa fenêtre sur la mer.

Un jour, aucune des personnes qui la servaient n’avait paru auprès d’elle. C’était la première fois que cela arrivait; mais elle s’en aperçut à peine. Le bruit du canon qui grondait aux environs de Duino l’occupa davantage, parce que l’émotion qu’il lui causait se répétait souvent. Désirant de voir ses compagnes, elle descendit le grand escalier, parcourut les salles et les vestibules, et trouva le château désert. Le canon se rapprochait, et chaque coup était suivi d’une rumeur semblable à celle de la tempête. Antonia remonta, ouvrit sa fenêtre et regarda la mer. Elle y remarqua un grand nombre de petits bâtiments ou de nacelles pareilles à celles des pêcheurs, qui semblaient cerner le pied de la forteresse.

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