Jean Sbogar
C’était ce tableau qui lui avait inspiré une terreur si profonde à Venise, quand la tête de Lothario apparut dans une glace au-dessus de son schall rouge.
Elle s’avança d’elle-même pour convaincre ou pour détromper ses yeux; sa physionomie avait le même caractère. Il était enveloppé d’une robe ou d’un manteau de la même couleur.
C’était lui.
« Lothario! » s’écria-t-elle d’une voix déchirante, en se précipitant vers lui.
Lothario se détourna et la reconnut.
« Lothario! » dit-elle en s’ouvrant un passage au travers des sabres et des baïonnettes, car elle concevait qu’il allait mourir.
« Non, non, — répondit-il, — je suis Jean Sbogar!
— Lothario! Lothario!
— Jean Sbogar! — répéta-t-il avec force.
— Jean Sbogar! — cria Antonia. — O mon Dieu!..... » et son cœur se brisa.
Elle était par terre, immobile; elle avait cessé de respirer.
Un des sbires souleva sa tête avec la pointe de son sabre, et lui laissa frapper le pavé en l’abandonnant à son poids.
« Cette jeune fille est morte, — dit-il.....
— Morte, — reprit Jean Sbogar en la considérant fixement. — Marchons! »