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Jeunesse

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IV
L’ÉCOLE DE LA VIE

Les questions d’ordre intellectuel et moral ne sont pas les seules qui sollicitent une jeunesse. On pourrait même dire que le plus grand nombre en reste éloigné : toute la jeunesse populaire, par exemple, pour laquelle ces choses n’existent que de loin. Nous aurons l’occasion d’en parler. Mais parmi la jeunesse studieuse elle-même, ce n’est pas la masse que ces questions préoccupent. Et la minorité, troublée et travaillée par les graves problèmes de ce temps, se trouve de son côté envahie par la pratique. Bien au delà des sphères universitaires, les enveloppant de toutes parts comme les flots enveloppent une île, s’étend la grande école de la vie.

Pour les chercheurs et les penseurs, aussi bien que pour ceux que la recherche effraie ou laisse froids et qui se brassent une philosophie sommaire avec les miettes ramassées au hasard, le monde positif est là qui s’empare d’eux, leur impose ses conditions et ses exemples. Les théories philosophiques, les systèmes de morale, les doctrines religieuses sont une chose, et la vie en est une autre. Ses leçons sont plus puissantes que les théories en bien comme en mal. Ce qui se passe dans la politique, la finance, l’industrie, dans le va-et-vient journalier du monde, dans les relations entre camarades et amis, dans la famille, ne peut manquer d’avoir une influence sur des esprits en pleine formation. Ceux-ci sont, d’autre part, travaillés par l’esprit de parti ou du moins recherchés par lui. La jeunesse est une pépinière où pousse l’avenir. Il est de bonne guerre de se mêler de ce qui s’y passe et d’essayer de faire tourner son développement dans le bon sens. Ce sens pour les hommes en pleine lutte est le leur. Au milieu de leurs batailles, ils regardent du côté de demain et y cherchent du renfort. Il en résulte parfois une action si directe et si énergique qu’elle va jusqu’à la violence morale.

Cette irruption de la vie, dans l’esprit de la jeunesse, se fait sentir surtout dans les questions d’avenir. De jour en jour augmente le nombre des jeunes gens dirigés vers les carrières pratiques, et ces carrières s’encombrent sans cesse davantage. La préoccupation d’arriver devient si pressante, en raison de la concurrence, qu’elle finit par tout dominer. C’est une préparation en petit au grand combat pour l’existence qui se livre partout sur le terrain économique. Il semble difficile de penser à autre chose quand on est entré dans cet engrenage des intérêts matériels. Mais ceux-là même que leurs études ne mettent pas tous les jours en face des chiffres et des calculs économiques et qui se préparent aux carrières libérales, n’échappent pas au souci du lendemain. La vie matérielle et tout l’ensemble des complications et des besoins qu’elle entraîne, s’impose à leur attention et vient se mêler constamment aux idées qu’ils se font sur les choses et les hommes. L’adage « primo vivere deinde philosophari » est de ceux auxquels un jeune homme d’aujourd’hui s’habitue malgré lui.

Le désir d’arriver est cette aspiration légitime de chaque être d’avoir sa place au soleil et son existence garantie. Il est du devoir d’un jeune homme sain d’esprit de s’en préoccuper, et ce n’est pas sans de graves inconvénients qu’on est élevé au-dessus de ces menus tracas, par sa situation de fortune. Mais il y a une grande différence entre le désir d’arriver, subordonné aux intérêts de science et de conscience, à un but supérieur enfin, et ce même désir devenu le seul guide et le seul objectif. L’acuité des questions économiques, la tournure réaliste de l’esprit contemporain, le train de vie dont la jeunesse est entourée, ont rompu en elle l’équilibre entre la question d’idéal et la question matérielle. Pour un grand nombre de jeunes hommes il n’y a qu’une question : arriver. Parmi ceux-ci, les uns sont modestes, se contentent de peu ; les autres sont âpres et demandent beaucoup. Arriver ne suffit pas, il faut se pousser, dépasser les autres, dominer. On y parvient en jouant hardiment de la dent et des ongles, comme les animaux inférieurs. On y parvient encore, et plus sûrement et plus proprement, en usant de fins stratagèmes. Cette dernière méthode est celle pratiquée par ce que nous appellerons les jeunes diplomates. Suspendons ici leur médaillon :

Plus ambitieux qu’affamés, ils méprisent la lutte grossière. A l’acharnement des loups, ils préfèrent la tactique des renards. De ce siècle réaliste, ils ont retenu surtout qu’il faut de l’habileté pour arriver. Aussi en ont-ils fait provision. Leur pensée est un arsenal où il y a de tout, et ils savent l’en tirer à propos. Toujours de l’avis de chacun et, selon l’heure, légers ou graves, honnêtes ou fripons, ils traitent les hommes selon leurs côtés faibles. La vie pour eux est une affaire, mieux : un échiquier. Sentiments, idées, intérêts, les leurs, comme ceux des autres, sont les pions qu’il convient de manier sans émotion. S’emballer nuirait. Ce qu’on appelle entre braves cœurs tout simplement une vilenie est pour eux un acte d’intelligent sang-froid. Ils ont soin toutefois de cultiver chez les autres des scrupules, dont l’absence fait toute leur force à eux. Ces jeunes vieillards sont impassibles, ils ne rient jamais — le rire dénote de la faiblesse d’esprit — mais ils connaissent la pitié et la réservent tout entière pour les pauvres camarades, atteints de sincérité, qui ne veulent devoir leur avancement dans le monde qu’au travail et au mérite. Cependant, au besoin, le jeune diplomate fera son possible pour supplanter ces excellents camarades. Il ne néglige rien, lui, pour se pousser, soigner sa petite réputation, se faire bien voir des dames influentes. Discrètement, il sait entretenir autour de sa personne un murmure de réclame, qui fait pressentir en lui un personnage. Il est annoncé pour demain sur la scène du monde, comme s’annoncent certains artistes en tournée en faisant afficher sur les murs : X viendra ! Vous pensez bien que ce n’est pas lui qui affiche, il s’étonne et se plaint de ce brouhaha de renommée qui effarouche sa modestie.

Quant aux sentiments tendres, le jeune diplomate s’en méfie. S’il lui arrive jamais d’aimer, ce sera un amour de tête. Le cœur est plein de surprises qui déroutent les calculs. Il n’en faut pas.

M’est avis que voilà quelqu’un qui fera son chemin dans le monde. Du moins il est de ceux que l’on commence à décorer du titre de très forts, et il possède d’ailleurs à un point élevé le courage du sacrifice : Pour arriver, il sacrifiera même les plus chers intérêts… des autres. — Vous réussirez, jeune seigneur, ou je m’y connais mal… Mais je ne t’envie pas, va !


Occupons-nous maintenant de cette troupe, hélas imposante, dont fourmillent les abords des carrières et qui demande à être casée tout bonnement. On leur dit : pour être casés, mes amis, il faut travailler, bûcher même. Et les voilà qui travaillent, bûchent s’il le faut. Ils distinguent entre ce qui est utile et ce qui ne l’est pas. Ne perdons pas de temps : « Time is money ! » Leur monde n’est pas la Création, c’est un programme. Que l’infini tourmente quelqu’un, cela leur paraît contre nature ; leur curiosité, à eux, n’a rien d’angoissant. Leur ambition d’ailleurs n’a rien de féroce. Ils ne demandent pas mieux que de voir arriver tout le monde « ex æquo ». Il faut bien que chacun vive ! C’est l’utilitarisme infiltré du domaine industriel et commercial dans celui des études.

Pour être celui d’un grand nombre de jeunes gens, pas méchants, le point de vue n’en est pas moins misérable. Aussi me déclarerai-je toujours du côté de ceux, fussent-ils peu, qui ont un idéal. Heureusement il y en a plus qu’on ne le supposerait.

Eh oui, il faut vivre, nous le pensons tous. Vivre c’est la grande affaire. Nous sommes même tellement de cet avis que nous demandons plus que vous, car nous n’appelons pas cela vivre. Quoi, la destinée humaine s’arrondirait en cette phrase : Apprendre un état en échange d’un morceau de pain. Nous viendrions au monde avec un cœur, une intelligence, une conscience, et nous ferions des mathématiques, de l’histoire, de la médecine, du latin, de la théologie, que sais-je encore, pourquoi ? pour le vivre et le couvert ! Vous appelez cela une vie ! et c’est pour cela que vous suez sur l’algèbre, les cornues, les textes et les archives ; que vous promenez le scalpel dans les chairs mortes et le microscope sur les infiniment petits ; que vous passez des examens en pleine canicule !

Mieux vaudrait dormir de l’éternel sommeil, dans l’eau, le feu, ou sous la terre, n’importe où, que de vivre ainsi ; car décidément ce ne serait pas la peine. L’homme ne vit pas de pain seulement. Il n’est pas seulement un fonctionnaire, actif ou retraité, ou tout autre travailleur qui touche un salaire. Il est cela sans doute, et même il ne lui est pas permis de ne fonctionner d’aucune façon ; mais pour que les choses aillent bien, il faut d’abord qu’il soit un homme. Malheur aux sociétés où chacun n’aspire qu’à se caser pour vivre ! Elles réduisent la vie à ses proportions inférieures et en font une curée d’appétits ou une formalité banale. Il faut vivre, et, pour vivre quand on est un homme, la première chose c’est d’avoir un but, un amour et une haine, un idéal enfin. Si vous ne cherchez pas à vous procurer cela étant jeunes, vous ne l’aurez jamais et vous ne connaîtrez pas la vie. C’est pour cela qu’un souci plus élevé doit dominer le souci de la carrière, non pas seulement dans les fonctions consacrées aux choses de la science et de l’esprit, mais dans toutes. Vous étudiez la philosophie, l’histoire, les arts. Très bien, soyez d’abord un homme, et vous aurez l’étoffe dont se font les philosophes, les historiens, les artistes. Mais vous songez à devenir ingénieur, commerçant agriculteur, chef d’usine. Excellent, si vous commencez par être des hommes. Si vous négligez cela, vous ne serez que de misérables esclaves ou des oppresseurs, selon l’occasion.

L’utilitarisme détruit l’homme ; il étrique toutes nos conceptions de la vie pratique. Pour lui il n’y a ni sentiment, ni droit, ni noblesse, ni beauté, ni sainteté, rien enfin de ce qui est humain, il n’y a que des chiffres. Ce qui ne vaut pas d’argent ou n’en fait pas gagner, ne vaut rien, en général. C’est la plus épouvantable erreur qui puisse s’emparer d’un homme ou d’une société, car ce qui vaut précisément le plus dans la vie humaine, c’est ce qui ne saurait ni s’acheter ni se vendre. Aussi je considère l’utilitarisme dans la jeunesse comme une calamité. Cette soi-disant brave disposition de bon bourgeois rangé et égoïste est pire que tous les vices. Une jeunesse terre à terre, Dieu nous en préserve ! Le beau nom de jeunesse ne lui conviendrait plus. La jeunesse n’est-elle pas faite de tous les élans et de toutes les ardeurs qui nous engagent à mépriser l’utilitarisme ? En être atteint c’est être en proie à la sénilité, entrer dans l’existence avec un stigmate de décrépitude. De même que naître aveugle est pire que de le devenir, puisque le souvenir même de la lumière vous manque, de même commencer dans l’utilitarisme est plus affreux que d’y finir, car il peut rester au moins un reflet des choses supérieures à celui qui s’en est détaché par la lente usure de la vie. L’autre au contraire, l’utilitaire précoce, ne garde rien. Dès lors tout est possible jusqu’à la honte inclusivement, pourvu que cela profite !


Nous nous trouvons là sur un terrain peu édifiant, mais encore fort vaste à parcourir, et cet ordre d’idées nous amène à nous occuper en général de l’idéal tout négatif qui s’est emparé d’une grande masse de nos contemporains et qui ne déteint que trop sur la jeunesse. Je veux parler de ce que j’appellerai le bonheur passif.

La recherche de ce bonheur est le résultat de l’avilissement des volontés ; mais elle est aussi une conséquence du bien-être que nous a procuré le progrès. La civilisation, en augmentant le pouvoir de l’homme, diminue son effort, l’habitue aux aises et lui fait fuir les labeurs rudes. C’est un résultat contradictoire sans doute, puisque la domination sur la nature n’est obtenue qu’au prix des plus longs et des plus pénibles efforts. Mais, ces efforts accomplis par quelques-uns procurent d’autant plus de tranquillité aux autres. S’il est vrai que ce temps a travaillé plus qu’aucun autre, il a aussi produit une classe toujours plus nombreuse de privilégiés qui ne travaillent que peu ou point.

Le réalisme pratique, acclimaté un peu partout, y aidant, le repos, l’absence de lutte est devenu le rêve caressé par une foule d’hommes. Une vie commode, à l’abri des secousses, une vie de rentier, que de gens n’ont pour eux et leurs enfants que cette aspiration-là ! Il en est résulté toute une catégorie de jeunesse commode portée aux habitudes efféminées, éprise de vie sédentaire, vouée aux langueurs et aux paresses du corps et de l’esprit. Comme tous ceux qui sont habitués à se faire servir, cette jeunesse est impatiente, et surtout impatientante. Il n’y a de tels que ceux qui ne font rien, pour trouver que les autres ne travaillent pas assez. Habituée aux merveilles de la science et de l’industrie dont elle profite, sans savoir le mal qu’elles ont coûté, cette jeunesse ne sait plus attendre. Il lui faut tout, très rapidement, si possible tout de suite. Elle a remplacé l’impétuosité juvénile par une nervosité de petite dame très difficile à contenter. C’est ainsi que nos moyens accélérés, notre habitude de forcer et de violenter la nature, nous ont créé des mœurs factices. Qu’il faille du temps aux arbres pour pousser, cela paraît à d’aucuns un reste de vieille barbarie que le progrès supprimera. Volontiers ils mettraient toute la vie à l’allure des trains-éclairs, pourvu qu’ils aient dans le train leur sleeping et leur restaurant ! Ainsi se présente dans notre société un phénomène souvent observé dans les familles. Les pères laborieux ont des fils nonchalants, voire même fainéants. C’est la division du travail : Les pères se sont fatigués pour les fils, les fils se reposent pour les pères.


Ceci nous rapproche tout doucement de cette classe de jeunes hommes que j’appellerai les Inutiles. On les rencontre surtout dans les conditions aisées ou brillantes, toujours pleines de péril. Il est d’autant plus honorable de se soustraire à ces périls par l’énergie et le labeur. L’exemple de bien des jeunes gens riches et travailleurs nous console ici du triste spectacle que donnent leurs compagnons. Mais parlons de ceux-ci : Ils sont très solennels. Tout dans leur physionomie et leur toilette à la fois correcte et dédaigneuse, révèle le Monsieur revenu de tout. Une expression de pacha assoupi indique que le monde passé et présent est là pour eux. Entrons dans leur chambre et empruntons-en la description à Legouvé : c’est bien toujours cela. « Il n’y a pas de quoi s’y asseoir, il n’y a plus que de quoi s’y coucher. Ce ne sont que fauteuils renversés, fauteuils à bascule, fauteuils à oreillers, larges divans à larges coussins, rideaux ouatés, cheminée doublée de calorifère, tapis épais comme une toison ! Et quel cabinet de toilette ! Suis-je chez une princesse du quartier Bréda, ou chez le fils d’un président de tribunal ? Un outillage pour les mains à se croire devant la vitrine d’un coutelier ! Vingt flacons d’essences diverses ! Un système de brosses aussi ingénieux que compliqué : il y en a de recourbées en creux, il y en a de recourbées en relief ! Il y en a de longues, il y en a de larges ! il y en a de dures, il y en a de moelleuses ! Toute la simplicité de la maison est réfugiée dans la chambre du père, voire de la fille ! Même recherche pour la table. Certes, nous ne dédaignions pas jadis un bon dîner, et nous savions faire fête à une bouteille de vin ; mais au moins nous ne nous y connaissions pas ! Aujourd’hui, les jeunes gens sont gourmets, délicats, difficiles. Ils font de l’amour du confort un dilettantisme ! Où est le mal ? dira-t-on. Le mal, c’est qu’on ne travaille pas dans un fauteuil renversé ! Le mal, c’est qu’on devient esclave d’un bon tapis et d’un bon mets ! Le mal, c’est qu’on hésite à entreprendre un voyage dur, mais utile, parce qu’on ne peut pas traîner tout son attirail de coiffeur avec soi ! Le mal, enfin, c’est qu’on en arrive à sacrifier même sa conscience à son cher confort, et que dans toutes les questions de mariage, de profession, d’emplois publics, c’est-à-dire d’avenir, d’amour, de considération, de dignité, d’honneur, parfois, le bien-être, le tyrannique bien-être entre en lutte avec les plus strictes obligations, et qu’il en triomphe, car il s’appelle d’un nom plus puissant que le nom de la passion même, il s’appelle l’habitude. Oui ! l’habitude, cette pâle compagne de la vieillesse, cette triste sœur de la manie, l’habitude règne parmi beaucoup de jeunes gens comme n’y règne pas l’amour. De là, des pères aux fils, mille reproches légitimes repoussés par mille réponses souvent amères ; de là enfin mille débats incessants, sur le vrai champ de bataille de la famille, sur la question d’argent ! »

Et puisque cette citation nous amène sur la question, marquons ici, en passant, un gros paragraphe de l’école de la vie : l’importance pour la jeunesse à connaître la valeur de l’argent. Le grand malheur de la fortune des parents, surtout de celle qui a été gagnée rapidement, ou héritée, et ne repose plus sur aucun travail actuel, est de faire perdre aux enfants le respect de l’argent. Respecter l’argent, et même quand on en a beaucoup, ne jamais le dépenser mal à propos, n’est pas une qualité ordinaire. C’est une qualité sociale des plus complexes, car elle suppose non seulement de la conscience, du tact, bref le sentiment que posséder est une fonction sociale, mais elle demande encore à s’entretenir par l’expérience. En un mot, pour posséder cette qualité, il faut savoir combien l’argent est dur à gagner et que d’efforts il représente. Celui qui ne sait pas cela le méprise, et s’il y attache quelque valeur, ce n’est que pour le plaisir qu’il peut procurer. J’insiste sur ce point dans un intérêt de morale supérieure et non, Dieu m’en garde, pour servir l’égoïsme de certains parents pour qui le mal consiste à dépenser de l’argent, le bien à le garder, et qui mesurent la moralité de leurs fils à leur parcimonie. Le vice coûte cher, c’est pour cela qu’il faut le fuir ; la vertu est bon marché, il faut la cultiver, et ainsi on ne cultive souvent que l’avarice, le plus sordide de tous les vices. — Mais revenons à nos inutiles et ne les lâchons pas ! Point n’est besoin d’appartenir à une classe privilégiée pour avoir l’étoffe d’un inutile.

Cette existence de roi fainéant a, paraît-il, tant d’attraits que d’aucuns ne pouvant la mener dans le luxe, la mènent dans la médiocrité ou la misère. Et voici ce que demandent ces précieux parasites : Se coucher dans l’existence comme un tronc d’arbre sur l’eau. Flotter au gré de la vague, avancer, reculer, monter, descendre selon le hasard des heures. Pourvu que cela marche tout seul ! Au milieu des influences contraires qui travaillent les sociétés, parmi les labeurs, les études, les souffrances d’autrui, jouir d’une sereine indifférence, étant nourri, vêtu, amusé et ingrat, par-dessus le marché ; se laisser traîner aujourd’hui par l’intérêt, demain par la passion, la colère, la haine ou la peur, une autre fois par la volupté et les appétits grossiers ; puis à certains jours, agréable diversion, subir le charme de la vertu, être emporté par un souffle sur les hauteurs, en attendant qu’on en soit enlevé pour être jeté dans quelque bourbier : La belle vie que voilà ! Quand on s’approche d’un de ces passifs pour l’exhorter à se ressaisir, il faut toujours s’attendre à être pris par lui en grande pitié. Le mieux qu’on puisse en espérer dans ses bons jours, est qu’il vous réponde : Que voulez-vous, je suis ainsi fait, je n’y puis rien ! Peut-être, s’il vous juge digne d’un tel effort, vous dira-t-il en citant Montaigne : « Je ne gâte rien, je n’use que du mien ; et si je fais le fol c’est à mes dépens, et sans l’intérêt de personne, car c’est une folie qui meurt en moi, qui n’a point de suite. » Mais si vous tombez sur un mauvais jour, prenez bien garde : Il se fâchera très fort, comme une bête contrariée dans son repos ou ses emportements passionnels. Être dérangé ! cela peut-il se supporter ? S’il y a une action méchante au monde c’est de troubler les gens, qui, sans vouloir nuire à personne, se laissent glisser doucement du côté de la pente. — Mais je m’aperçois que c’est prendre bien de la peine pour qui s’en donne si peu.


Et pourtant j’ai à cœur de crier gare à plusieurs, qui sans être des inutiles, se laissent aller vers la vie facile. Il y a là un engrenage qui vous saisit et vous lâche difficilement. La vie molle engendre la lâcheté. La lâcheté produit le mensonge et la duplicité. On est obligé de recourir aux expédients et de quitter les chemins droits. Une fois entré dans cette voie, le plus clairvoyant est perdu.

En particulier il faut mentionner la passion du jeu, comme un des plus tristes pièges où tombent tant de jeunes vies. La jeunesse d’aujourd’hui joue beaucoup trop. C’est une des maladies du temps, une des formes de sa fièvre. On parie aux courses, on joue entre soi, tantôt grand jeu tantôt petit, et dans toutes les classes de la société. Augmenter son avoir, ou son gain, par un coup de hasard, ou même, dans les cas extrêmes, demander à ce hasard qu’il vous fasse vivre sans travailler, c’est un objectif beaucoup trop poursuivi. Que de gens s’endorment le soir en prononçant le nom du cheval sur lequel ils ont parié ! Moins condamnable en apparence que l’ivrognerie ou la débauche, le jeu est d’une immoralité plus subtile. Il fait partie de tout un ensemble de phénomènes et peut être considéré comme le symptôme de profonds troubles psychologiques. Un homme qui joue perd pied dans la réalité. L’enchaînement simple et laborieux des causes lui échappe. Il se trouve jeté en pleine aventure. Comme les générations de l’an mille, il attend qu’un coup de baguette transforme le monde. Aussi, pourquoi travaillerait-il ? Bientôt la fortune viendra toute seule. En attendant, il emprunte ou prend. Le jeu en effet donne le vertige et rend possibles des actes dont on était auparavant incapable. Dès lors l’homme est à vau l’eau. Voyez si l’on a raison de crier casse-cou !

J’ajouterai que le jeu tue la conversation, un des charmes et des grands besoins de la jeunesse. C’est un isolateur. Il escamote le monde autour de vous, faisant disparaître hommes et choses.

Dans un des plus beaux sites de la Suisse, où l’on regrette toujours d’avoir trop peu de temps pour admirer, je rencontrai un jour deux jeunes touristes. Ils étaient environ à mi-côte d’une ascension fort intéressante et semblaient prendre quelque repos. De loin, les voyant assis, le dos tourné au paysage, cela m’avait paru étrange. En m’approchant, je compris : ils jouaient aux cartes. Quatre heures plus tard, en redescendant, je les retrouvai à la même place, jouant toujours. La nuit tombait ! Ils rentrèrent alors continuer leur partie à l’hôtel.


Il est enfin un point capital, important toujours et partout, mais plus sérieux encore pour la jeunesse que pour les autres âges, j’ai indiqué les choses de l’amour. C’est là qu’on peut le mieux voir apparaître l’état général d’une société, les qualités et les défauts de sa conception de la vie. Dites-moi comment vous aimez, je vous dirai qui vous êtes. La valeur d’un temps se mesure au respect dont il entoure l’amour. Le criterium de la valeur d’un homme n’est pas son credo religieux, intellectuel ou moral ; mais c’est le degré de respect qu’il a pour la femme. Quand l’homme perd la foi et l’espérance, il déprécie la vie. Dût-il s’y cramponner comme à la seule chose certaine et qu’il faut exploiter vite, il l’amoindrit par là même, et sa conception rabougrie du monde et des hommes, l’absence d’idéal, de poésie réelle, d’énergie, tout cela trouve dans sa façon d’aimer un long écho, un commentaire éloquent et pratique. L’amour sans doute est immortel et renaîtra toujours de ses cendres. On a beau le traîner dans la boue, il vient un jour où il ressuscite plus jeune et plus beau que jamais. Mais il n’en est pas moins vrai qu’individuellement nous pouvons le ternir en nous. Où en sommes-nous pour les choses de l’amour ? Comment aime notre jeunesse ? comment parle-t-elle de l’amour ? comment le chante-t-elle ?

Hélas, on peut constater sans peine que sur ce point notre jeunesse est extrêmement réservée. Nous touchons là un endroit douloureux. Il y a de la méfiance, du scepticisme, des ruines intérieures. Maintenant il devient ordinaire de raisonner sur l’amour, à l’entrée de la vie, comme les plus désabusés des hommes. Volontiers on croirait qu’il est parmi les bonnes vieilles choses disparues et que, pour l’éprouver encore, nous soyons venus trop tard dans un monde trop vieux.

Règle générale, ce qui manque, c’est le respect de la femme, je dirais volontiers ce culte de la femme qui est le signe de l’intégrité vitale. Sans doute on ne la regarde pas, à l’instar de certaines époques ascétiques, comme un être impur, pernicieux, dont il faille fuir le commerce. On la trouve au contraire désirable ; mais en même temps bizarre et, à la longue, gênante. Elle est un instrument de plaisir, à condition qu’on n’en fasse pas sa société et qu’on évite ses liens. Les chaînes de l’amour sont remplacées avantageusement par l’amour libre. En somme, ce qu’on appelle le plus couramment amour, ne ressemble pas plus au vrai amour que la constellation de l’Ourse ne ressemble au quadrupède du même nom.

Quand l’amour authentique existe, et les précautions sont prises pour qu’il ne puisse périr, il se cache plutôt. Ainsi, il est assez rare de rencontrer des chansons d’amour composées par de tout jeunes gens et plus rare encore d’entendre chanter en société cette sorte de poésie.

On n’entend guère non plus les vieux chants d’amour du répertoire national.

Par contre on chante et rechante à satiété l’amour vulgaire. Vénus Uranie est moins louée que ses homonymes inférieures. Impossible de ne pas dire ici ce que je pense des chansonnettes du jour. Mais cela ne s’adresse à aucun auteur particulier. C’est le genre que je vise, le milieu qui les fait éclore, et ceux qui vont les répétant à tel point que du dehors on pourrait s’imaginer qu’il n’y a plus que cela.

Je trouve donc aux chansonnettes le plus en vogue pour le moment, et où l’on chante l’amour, un arrière-goût de libertinage sénile. Cela sent la décadence, le détraquement, et lorsque cette note persiste à travers une série et se reproduit dans des productions similaires renvoyées par tous les échos, cela finit par devenir horriblement ennuyeux. Loin de moi de reprocher à ce genre de littérature son immoralité. On se méprendrait sur mes intentions. Peut-être m’accuserait-on d’être un atrabilaire, un rabat-joie, un philosophe boutonné, se donnant ainsi contre moi le beau rôle de quelqu’un qui revendique pour la jeunesse le droit de s’amuser. Hé, moi aussi, je revendique ce droit et le proclame ; et pourvu que la compagnie soit de celles où l’on peut s’asseoir en se respectant, je ne permettrai à personne de chanter de meilleure humeur que moi : Gaudeamus igitur ! Mais quand nous en viendrons au fameux couplet du pereat, où le joyeux vacarme atteint des proportions inquiétantes pour les voisins, je crierai de toutes mes forces : pereat diabolus…, atque irrisores ! et je songerai, à ce moment, à tout ce qui tue la joie, à la gaîté macabre qui consume dans son feu ce qui doit être sacré, à l’esprit de moquerie, enfin, qui fait trop souvent les frais de ces chansonnettes. Comment, en ce temps, dans ce pays lorsque la jeunesse d’un grand peuple s’assemble et qu’elle veut chanter l’amour, ce seraient ces choses-là qui lui viendraient à l’esprit, et de préférence, et presque exclusivement ! Non, vous vous calomniez vous-mêmes. Vous avez mieux que cela dans le cœur. Il n’est pas possible que vous manquiez de tout ce qui manque à ces produits, à savoir : la poésie, le naturel, la fraîcheur, la jeunesse !

Mais, je me hâte de le dire, la jeunesse est en grande partie innocente d’un état de choses que la vérité nous oblige à représenter sous des couleurs sombres. Rien n’a été négligé pour nous en faire venir là. La société actuelle a de grands torts à se reprocher. Comment qualifier la légèreté avec laquelle, en public comme en famille, on parle de l’amour, de la chasteté, du mariage, surtout lorsqu’on s’adresse à des jeunes gens ? Il semble que leurs oreilles soient faites exprès pour écouter les railleries et les jeux d’esprit douteux. On leur a donné les conseils les plus pernicieux, en ce qui concerne le respect de la femme et d’eux-mêmes, comme si toute la sagesse des siècles, si chèrement acquise sur ce point et condensée en deux ou trois règles qu’on ne violera jamais impunément, n’était que du radotage. Aussi les conséquences se font-elles sentir. Dans les choses de l’amour notre jeunesse est douloureusement atteinte. Ses aînés lui laissent un héritage funeste dans les mœurs, les idées courantes, la littérature. Cette dernière surtout en est arrivée à travers tous les degrés du relâchement moral jusqu’à la licence effrénée. Sous prétexte d’art et de plastique, « la luxure la plus crue s’étale communément dans les livres des jeunes gens[1]. » Et le livre est dépassé. C’est à qui, dans des brochures ou des feuilles volantes, renchérira sur lui, afin de frapper la curiosité. Comment la jeunesse peut-elle être, sans le plus grave danger, exposée à de pareilles influences ? L’écolier déjà est contaminé. A l’âge où les sens s’éveillent on n’a plus besoin de rechercher les mauvaises lectures. Elles viennent au-devant même de qui ne les cherche pas. Quel avenir cela nous prépare-t-il ? N’est-il pas temps de se lever pour défendre l’enfant, la famille, l’amour, la jeunesse, les sources de la vie, et de tendre la main à cette vaillante ligue pour le relèvement de la moralité publique, qui, après avoir prêché longtemps dans le désert, commence à convaincre les moins clairvoyants de son utilité ?

[1] Jules Lemaître, Débats, 16 mars 1891.


Tout ce que nous venons de dire a eu pour but de montrer comment les exemples, les mœurs ambiantes influencent la jeunesse dans l’orientation pratique de sa conduite et exercent sur elle une pression aussi forte, plus forte parfois, que les idées et l’école. Nous n’avons pourtant envisagé la question que par son côté négatif. Mais il y a un grand côté positif. Enfermée dans le bois sacré des muses, dans le calme parfait de ses contemplations et de ses recherches, la jeunesse risquerait de s’isoler et de se désintéresser de la vie. Il est bon qu’elle en entende les échos, et que la grande voix de l’humanité qui lutte et souffre arrive jusqu’à elle. Le meilleur correctif des théories est encore la vie pratique. Si elle est remplie de dangers, de mauvais entraînements, de scandales, elle est pleine aussi d’enseignements austères et de salutaires avertissements. La vie d’ailleurs a sur les théories et les livres le grand avantage qu’elle se laisse moins tordre et moins subtiliser. Elle est là. Ce n’est plus un peu de blanc ou un peu de noir, interprétation fugitive d’une fantaisie ou d’un calcul, c’est gravé dans le roc des choses réelles, cela grince, crie, hurle ou chante, c’est du sang, ce sont des larmes, c’est de la joie, et il y a quelque chance que celui qui en est témoin en garde le souvenir.

Cette vérité ne s’est peut-être jamais mieux vérifiée que durant les vingt dernières années. Tout le monde connaît l’état de notre littérature et de notre politique intérieure. Il s’en faut de peu qu’en certains de ses excès déplorables, cette dernière ait accompli, pour le patriotisme, ce qu’a fait la première pour les principes de pensée et de vie. L’esprit de parti est aussi funeste à la patrie que l’analyse à outrance à la vitalité morale et spirituelle.

Le grand danger de ces luttes entre compatriotes, de cet esprit de calomnie et de dénigrement qui a empoisonné notre vie publique, est de produire une jeunesse sceptique à l’endroit du patriotisme. Pourquoi ce danger a-t-il été conjuré ? D’abord parce que les spectacles écœurants repoussent au lieu d’entraîner et que les folies des aînés rendent souvent leurs successeurs pensifs. Le mal, arrivé à un certain degré, secoue les plus réservés et les fait sortir de leur indifférence. Exemple : la triste équipée boulangiste qui a réveillé toute la jeunesse des écoles. Ensuite parce que la vie corrige la vie et que, si les politiciens y ont leur place bruyante et largement mesurée, il y a autre chose, le grand et silencieux travail national. A côté de ce qui remplit les journaux, de ce qu’une publicité malsaine grossit et annonce au monde entier, se trouvent les féconds labeurs dont on parle peu, mais qui sont éloquents en eux-mêmes.

Les enfants de ce pays de France, n’ont pas pu voir la Patrie se relever lentement, depuis vingt ans, par des efforts continus et un travail persévérant, sans ressentir en eux-mêmes les suites d’un pareil exemple. Rien n’est beau comme de voir la vie lutter contre ses ennemis. Le moindre être qui répare ses pertes et ranime son courage est intéressant. Les fourmis qui reconstituent leur demeure dispersée par le pied du passant, l’arbre même qui, déchiré par l’orage, pousse des rameaux nouveaux, nous touchent et gagnent notre sympathie. A plus forte raison un homme abattu qui se ramasse, un peuple vaincu qui bande ses blessures, refait ses finances, son armée, ses écoles, son commerce, son industrie. Pendant que les négations de la science matérialiste et les théories littéraires nous étalaient l’impuissance de la volonté humaine, tout un peuple en labeur donnait à ces théories malsaines le plus universel démenti. Pendant que les politiciens dans leurs luttes stériles discréditaient jusqu’à la Liberté, la France démocratique apportait à ses institutions naissantes, à l’esprit moderne tout entier, le magnifique témoignage de sa patiente résurrection. La jeunesse a le cœur magnanime. Elle ne pouvait pas rester insensible à ces preuves du fait. Il lui est venu là, des profondeurs de la vie nationale, un grand courant d’air vivifiant qui a balayé bien des miasmes théoriques et bien des maladies inoculées par la littérature.


Enfin la jeunesse a été saisie par la vie, d’une façon plus directe encore, par sa collaboration à la défense nationale. J’estime que le métier des armes est très salutaire et fait le plus grand bien à la jeunesse, pour mille raisons. Mais il y a surtout plusieurs choses devenues rares qu’on apprend à cette grande école. L’obéissance d’abord, chose précieuse, qui ne court pas les rues et qui est indispensable à une démocratie, car elle est la mère de toutes les libertés. Ensuite l’égalité dont on parle avec aisance, mais qu’il est si difficile de pratiquer. Puis l’effort, effort de volonté, effort physique. Un peu de misère est un excellent remède contre les tendances efféminées. Il y a toute une philosophie dans les longues marches sac au dos, et au fond des gamelles. D’ailleurs, si vous n’êtes pas convaincus, regardez ceux qui reviennent du service. Quel œil vif, quel teint hâlé, quel sommeil et quel appétit ! On devrait envoyer à l’école de guerre tous les sceptiques, tous les dilettantes, tous les inutiles. Ces pratiques viriles leur ouvriraient des horizons jusqu’alors inconnus. Je n’en dirai pas plus sur le sujet, car je m’y installerais. A bas le militarisme, vive le soldat ! Le vrai soldat, est une des plus belles figures que l’humanité ait produites. Et quiconque aime quelque chose doit être, bon gré mal gré, un peu soldat. Il faut en effet qu’il ait du cœur au ventre et le fer à la main.

Je ne mentionnerai qu’en passant, pour m’y arrêter d’autant plus dans la suite, l’influence bienfaisante que les questions sociales commencent à exercer sur les jeunes générations studieuses. Nulle part plus que là, elles ne pourront trouver de salutaires diversions, d’austères leçons capables de secouer les utilitaires, les volontés molles et les intelligences trop exclusivement tournées vers les spéculations.


C’est ainsi que la vie, avec ses nécessités, ses exemples bons ou mauvais, agit sur la jeunesse, la déprimant ou la fortifiant tour à tour. Et ce qui est vrai du vaste monde l’est aussi de ce microcosme qu’on appelle la famille. Là aussi, ceux qui cherchent leur chemin sont constamment à l’école. Malheureusement que de blessures, d’avaries graves, d’incertitude dans ces milieux intimes, où les grandes voix du dehors et les tendances individuelles qui en résultent, ont toutes leur écho. La famille est en souffrance et les enfants s’en ressentent : Vie factice, manque d’autorité d’une part, de respect de l’autre, rapports tendus entre l’homme et la femme si diversement orientés, relâchement des liens entre époux, des mœurs domestiques, irruption de la vie publique, de la rue même et du ruisseau, dans l’éducation ! Le bien est toujours là sans doute, mais le mal est si grand, si envahissant ! Que de peine n’a pas la jeunesse, avec son ignorance de la vie, son besoin d’être sûrement guidée, à démêler le chemin droit parmi tant d’écueils ! Il n’est pas étonnant qu’elle s’égare souvent. La faute en est surtout au milieu, et nous aurons bien des travers à réformer, pour arriver à réaliser, vis-à-vis des nouveaux venus dans la vie, le desideratum contenu dans le précepte : maxima debetur puero reverentia.

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