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Le chalet dans la montagne : $b voyages vrais et imaginaires

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VI

L’après-midi nous levâmes l’ancre, et nous quittâmes Chausey. Notre bateau reprit la mer. Ces îles si tristes, si belles, s’éloignèrent peu à peu de nous… Le vent était dans nos voiles, et nous filions, couchés sur l’eau. De temps en temps, des paquets de mer lavaient le pont et nous éclaboussaient. Je m’étais allongé sur le banc de barre, je réfléchissais. Des voiles nous croisaient, ou marchaient parallèlement à nous. Bientôt Chausey ne fut plus qu’une ligne à l’horizon. Et nous entrâmes dans le port de Granville…


Ah ! quel serrement de cœur, quelle impression pénible en retrouvant les grandes maisons adossées à la colline, les fiacres sur les quais, les gens en chapeaux de feutre, la vie civilisée ! Après avoir vu quelque chose de grand, je revoyais quelque chose de petit. D’avance je suis las de la vie que je vais reprendre, d’une vie qui n’est point barbare ! A mes yeux tout se rétrécit. Adieu la liberté ! adieu la dépense de toutes mes forces, adieu le mélange avec la nature ! Voici la société, et j’étouffe.

Décembre 1901.

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