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Le Témoin: 1914-1916

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XXII

— « L’humanité, mon fils, par de mauvaises routes,
Rêve confusément, à travers tous les doutes,
D’une paix merveilleuse et d’un amour final.
Parfois elle a cru voir mourir son idéal,
Mais l’éclipse n’est pas la fin et n’a qu’une heure.
L’idéal, qui n’est pas encor, lui seul demeure ;
C’est le but immuable et sans fin déplacé,
Et l’avenir y court, sur l’aile du passé.
Sans l’idéal, n’étant que muscles, chair et force,
L’homme, athlète stupide, orgueilleux de son torse,
(La vie et la durée étant leur propre fin)
N’aurait pour tout devoir que d’assouvir sa faim,
Tandis qu’il cherche au monde une plus douce joie ;
Et la beauté des cieux est là pour qu’il la voie,
Et la douceur d’aimer pour qu’il la sente en lui ;
Et depuis qu’en son cœur son premier rêve a lui,
Astre d’un ciel plus beau que l’autre et non moins vaste,
Cet idéal a fait de lui l’Enthousiaste,
Et tous vont à l’Étoile, et tous lèvent le front,
Et c’est pourquoi les doux sont les forts, et vaincront. »
Ainsi parla le vieux scruteur de tout mystère
Dont les pas en tous lieux sont écrits sur la terre.
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