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Des variations du langage français depuis le XIIe siècle: ou recherche des principes qui devraient régler l'orthographe et la prononciation

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TROISIÈME PARTIE.
APPLICATIONS ET CONSÉQUENCES.

AVERTISSEMENT.

Dans les deux premières parties, nous avons tâché d'établir une théorie; dans la troisième, nous allons chercher à la vérifier par des applications, à justifier les principes par les conséquences. Sans cette troisième partie, on ne verrait guère de quelle utilité peuvent être les deux autres. La question de l'orthographe et de la prononciation primitives du français pourrait ne sembler qu'une curiosité philologique, bonne à renfermer dans le cabinet d'un littérateur, à défrayer quelques discussions entre savants, et rien au delà.

Il n'en va pas ainsi, au moins dans mon opinion. Cette étude doit servir à raffermir, en les éclairant, les bases de notre idiome; à expliquer en beaucoup de points notre langue moderne, et à protéger sa marche dans l'avenir. La comparaison de ce qui a été avec ce qui est, conduira plus sûrement vers ce qui doit être. En reconnaissant nos fautes et les causes de nos fautes, nous nous trouvons à même d'en réparer encore une partie, et nous apprenons à nous détourner d'écueils désormais connus.

J'indique ici les résultats, non de ce que j'ai fait, mais de ce que pourront faire de plus habiles, en pratiquant la même voie. Je me borne à réclamer l'honneur d'y avoir hasardé le premier pas; de plus forts iront plus loin.

La lecture de cette troisième partie dédommagera quelque peu, je l'espère, ceux qui auront eu la patience de me suivre jusque-là. Il m'eût été facile de réunir un nombre bien plus considérable d'observations; car étant donnée la théorie, l'on trouve à chaque pas à faire une expérience. J'en laisserai le plaisir ou l'ennui à ceux qui le voudront prendre; il me suffit de montrer de quelle façon l'on peut y procéder. Si parmi ces remarques détachées il s'en est glissé quelqu'une sans rapport immédiat avec les principes que j'ai tâché d'établir, on voudra bien me la pardonner. Elle intéresse toujours la langue par quelque côté; à ce titre, si elle est juste, elle est utile, et je ne sors pas de mon sujet. D'ailleurs, je n'ai pas pour dernier but les syllabes et la grammaire, mais la littérature. C'est pour arriver plus sûrement à ce terme que j'ai pris un point de départ si éloigné. Tout ce qui peut, en faisant connaître la littérature du moyen âge, donner l'envie avec les moyens de l'étudier, rentre donc dans mon plan, et je pense qu'après avoir lu tant de détails élémentaires, on ne me reprochera pas ces courtes excursions dans une région moins aride et plus élevée.

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