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Des variations du langage français depuis le XIIe siècle: ou recherche des principes qui devraient régler l'orthographe et la prononciation

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CHAPITRE VI.

Suite des observations détachées.—Degrés de comparaison formés à l'imitation du latin.—De après le comparatif.—Diable à quatre (faire le).—Draps, linge.—Dur, dru, rude.—ÊTRE, ses formes primitives.—Faire et se faire fort.—Feindre et feignant.—Festival, how do you do.

§ Ier.
DEGRÉS DE COMPARAISON FORMÉS COMME EN LATIN.

COMPARATIFS EN or.

Avant de recourir, pour marquer les degrés de comparaison, à la périphrase et aux mots plus, très, on se servait, comme en latin, d'une terminaison de rechange.


Grand faisait GREIGNOUR (grandior);—petit, MENOUR (minor), qui vit encore aujourd'hui sous la forme de moindre. Nous avons gardé pire, de pejor.

Grant fu li duel, onques greignor ne vi.
(Garin, I, p. 109.)

«Grand fut le deuil; je n'en vis jamais de plus grand.»

«Et mon déconfort plus grand, dont sans faute je mourrai si vous ne les rendez moindres.»


PIOR. Du latin melior, pejor, on avait fait, sans y rien changer, mellor, peor ou pior, d'où nous avons meilleur, pire:

Car cis aime miex les mellors,
Et tient bas soz piez les piors.
(Partonop., v. 4330.)
Empirier ne porroient il;
Coment amenderoient il,
Qu'il n'ont vergoigne ne peor (ni peur),
Qu'il ne pueent estre pior.
(Bible Guiot, v. 107.)

De greignor s'est formé le verbe rengréger, comme empirer de pire:

Ma douleur se rengrége, et mon cruel martyre
S'augmente et devient pire.
(Regnier.)
Chacun fit son devoir de dire à l'affligée
Que tout a sa mesure, et que de tels regrets
Pourraient pécher par leur excès.
Chacun rendit par là sa douleur rengrégée.
(La Fontaine, la Matrone d'Éphèse.)

Rengréger manque tout à fait à la langue moderne, où rien ne le supplée. Il faut en poursuivre le rétablissement.

SUPERLATIFS EN issime.

Le père Bouhours, dans ses Entretiens d'Ariste et d'Eugène, disserte très-longuement de la langue française, dont il prétend marquer les traits essentiels, l'esprit et le caractère. Mais le bon père ne connaît que la langue de son temps, et ne paraît pas soupçonner que la langue française ait jamais été faite autrement qu'en 1708; il conclut toujours intrépidement du fait particulier au droit général.

Par exemple, il écrit:

«Notre langue n'aime point les exagérations, parce qu'elles altèrent la vérité. Et c'est pour cela, sans doute, qu'elle n'a point de ces termes qu'on appelle superlatifs, non plus que la langue hébraïque. Car grandissime, bellissime, habilissime, dont les provinciaux et même quelques gens de cour se servent, ne sont pas français. Et pour illustrissime, sérénissime, révérendissime, généralissime, ce sont des termes établis pour marquer les qualités des personnes, et non pour exagérer les choses.»

(Ariste et Eugène, IIe entretien.)

Là distinction de Bouhours sur illustrissime et révérendissime est trop visiblement jésuitique. Ces mots sont pour marquer des qualités, et non pour exagérer. Belle finesse! Cela sent sa casuistique de Loyola, qui, à tout prix, tourne les choses au point de vue dont elle a besoin. Ces mots illustrissime, révérendissime, sont-ils des superlatifs, oui ou non? Voilà toute la question, et la réponse n'est pas douteuse.

Si le père Bouhours avait lu les anciens auteurs du moyen âge, il aurait su qu'au contraire ces superlatifs sont tout à fait dans le génie de notre langue; que pendant plusieurs siècles on s'en servit continuellement, et sans scrupule. Ce sont les beaux esprits, les raffinés en habit brodé ou en soutane, qui, au XVIIe siècle seulement, s'avisèrent de les proscrire. Jusque-là, on trouve les superlatifs en issime ou en isme, par contraction.

Roland, blessé à mort dans les vallons de Roncevaux, à l'heure d'expirer, apostrophe d'une manière touchante son épée Durandal:

O Durandal! cume es bele et saintisme!
(Roland, st. 170.)

«Comme tu es belle et santissime


BONISME, pour bonissime, est très-curieux, car il n'a pu être transporté directement du latin, qui dit optimus; il a donc fallu le former du français bon, en imitant le procédé latin; preuve que ce procédé n'est pas si antipathique au génie de notre langue.

«E bonisme vassals (pugnatores validi) ki furent venuz o le rei David de Geth, alerent devant lui.»

(Rois, p. 174.)

«Assemblerent sei bonismes vassals»—(surrexerunt autem omnes viri fortissimi.)

(Rois, p. 119.)

GRANDISSIME se contractait en GRANDISME, comme bonissime en bonisme.

—«Jo vus batrai de grandismes balains.»

(Rois, p. 282.)

Le texte dit: Cædam vos scorpionibus.


De pessimus on fit PESSIME, et de pessime, PESME:

—«Mais ses maris fu dur e pesmes et malicius.»

(Rois, p. 96.)
Bataille auerum, et aduree e pesme.
(Roland, st. 239.)

Par la même tendance à contracter, on avait fait de proximus, PROUSSIME, et enfin PRUSME:

—«Si huem peched vers sun prusme…»

(Rois, III, p. 262.)

Si l'on pèche vers son prochain.


De cher, cherissime, on fit, par contraction, CHERISME:

Cherismes dus, noble, vassal…
(Benoît de Sainte-More, II, p. 570.)

«Très-cher duc, noble brave,» disent au duc de Normandie ses sujets, qui s'efforcent de le retenir à la veille d'une expédition.


ALTISME ou HALTISME (altissimus).

Puis sont munteis sus el paleis altisme.
(Roland, st. 191.)

«Il est vrayment li fils del haltisme, selonc le temoignaige Gabriel; e por ceu, si est il ewalment (également, égaument) haltisme al peire.»

(Saint Bernard, p. 522.)

On trouve même fréquemment les deux formes du superlatif accumulées:—«Senz lo tres haltisme conseil de la sainte Triniteit.»

(Ibid.)

Au XVIIe siècle, les gens qui avaient le plus et le mieux étudié la langue, et qui en conservaient la tradition la moins défigurée, par exemple, Malherbe, employaient les superlatifs en issime. Malherbe raconte à Peiresc l'apparition d'un météore, qui fut interprété par Henri IV à présage de victoire:

«La nuit d'entre le jeudi et le vendredi ensuivant, il fut vu par les gardes un certain feu en forme d'oiseau, qui s'éleva du jardin des Canaux, passa par dessus la cour du cheval et par-dessus le château, alla crever en la cour du donjon, à l'endroit de l'horloge, avec un grandissime bruit; on dit comme d'un pétard.»

(Lettre du 26 avril 1607.)

DE, après le comparatif.

Les Italiens après le comparatif mettent le génitif: Maggior di me, peggior di te. Notre vieille langue en usait de même:

Meillor vassal de lui onc ne connue-je mie.
(Garin, t. I, p. 60.)
Mes barons a le nez plus noir
De fer.
(Du Vilain à la C. N., Barb., III, 131.)
Mais si mes bons me consentez,
Grans biens vous en vendra encor;
Et si arez mon anel d'or,
Qui vaut mieux de quatre bezans.
(De Gombers et des deux Clercs.)
Nul meillor mes de moi n'i a.
(Du Chevalier qui fist sa femme confesse.)

«Il n'y a pas de messager meilleur que moi.»

Le mari qui trouve un surcot (vêtement d'homme) sur le lit de sa femme:

Helas! fait il, je suis trahiz!
. . . . . . . . . . . . . . . .
Maintenant a le sercot pris,
Car jalousie l'a espris,
Qui est pire de mal de denz.
(D'Auberée la vieille Maquerelle.)

«… Cil furent avant appelez saiges qui sembloient mielx valoir des autres en aucune manière de vie loable…»

(Jean de Meung, trad. inéd. d'Abeilard.)

Dans le roman des sept Sages, un enfant explique à son père un présage tiré des cris obstinés de deux corneilles: Cela signifie, dit-il, que je monterai et me verrai un jour fort au-dessus de vous. Le père, à ces mots, s'irrite: «Voire, dit-il, si monteroiz plus haut de moi! (P. 98.)» Vraiment! vous monterez plus haut que moi! Et comme ils sont en bateau, il le saisit et le lance à la mer, ce qui conduit le fils à devenir empereur.

Les Grecs mettaient aussi après un comparatif le génitif du nom. La tournure par que est empruntée aux Latins: Major quam tu; Paulus est doctior quam Petrus; et c'est aussi la plus anciennement employée en français. Dans le livre des Rois, fort antérieur à tout ce que je viens de citer:

«Greignure est assez ta sapience que la nuvele qu'en ai oie.»

(Rois, p. 272.)

«Ta sagesse est beaucoup plus grande que la nouvelle que j'en ai ouïe.»

Ainsi nous surprenons des traces de l'influence italienne sur le français dès le règne de saint Louis.

DIABLE A QUATRE (Faire le).

Quand notre théâtre prit naissance, vers le XVe siècle, on jouait des mystères dévots; on jouait aussi des diableries; dans les mystères, les héros du drame étaient des saints; dans les diableries, des diables. Il y avait les petites diableries, où il ne paraissait que deux diables, et les grandes diableries, où il en paraissait quatre, épouvantablement déguisés et menant le plus grand bruit possible. De là cette locution proverbiale: faire le diable à quatre.

Comme toutes les choses vont en se perfectionnant, on introduisit bientôt dans les diableries un nombre illimité de diables. Il y en avait certainement plus de quatre dans la troupe qui, sous la conduite de Villon, joua ce tour abominable raconté au 13e chapitre de Pantagruel. Il en coûta la vie au pauvre frère Étienne Tappecoue, sacristain des cordeliers, pour avoir refusé à ces garnements une chape dont ils voulaient habiller un vieux paysan qui faisait Dieu le père. Villon fut averti un certain samedi que frère Tappecoue, monté sur la poutre du couvent (c'est une jument non saillie)91, s'en allait à la quête. Après avoir montré la diablerie par la ville et le marché, ils s'allèrent embusquer sur la route, et firent si grand'peur à la monture du sacristain, qu'elle prit le mords aux dents, jeta bas son cavalier, le traîna à écorche-cul, avec force ruades, en sorte qu'elle rentra au couvent ne rapportant de frère Tappecoue que le pied droit, avec le soulier entortillé dans les cordes qui lui servaient d'étrier. Le reste était demeuré en lambeaux par les chemins. On jugera s'il y avait de quoi faire cabrer un cheval: «Ses diables estoient tout caparassonés de peaulx de loups, de veaulx et de beliers, passementées de testes de moutons, de cornes de bœufs et de grands havets de cuisine92, ceints de grosses courrayes esquelles pendoient grosses cymbales de vaches et sonnettes de mulets, à bruit horrifique; tenoient en main aulcuns bastons noirs pleins de fusées; aultres portoient longs tisons allumez, sus lesquels à chascun carrefour jettoient pleines poignées de porasine (poix résine) en pouldre, dont sortoit feu et fumée terrible!… Tappecoue arrivé au lieu, tous sortirent au chemin au devant de luy, en grand effroy, jetant feu de tous costez sus luy et sa poultre, sonnans de leurs cymbales et hurlans en diables: Hho! hho! hho! hho! brrrourrrs! rrrourrrs! rrrourrrs! hou! hou! hho! hho! Frere Estienne, faisons nous pas bien les diables?»

[91] Pullus, pulla, pullitra, poultre.

[92] Havet, crochet. Havet de cuisine, crochet avec lequel on tirait la viande du pot.

L'hostel est seur, mais on le clouë.
Pour enseigne y mis ung havet.
(Villon.)

Voilà ce que c'était que faire le diable à quatre.

Il s'établit dans quelques villes des diableries à poste fixe, comme il s'y établit aujourd'hui une troupe de comédie, de tragédie, de vaudeville ou d'opéra. La diablerie de Saumur, celle d'Angers, celle de Doué et celle de Montmorillon, étaient célèbres. Rabelais les cite avec plusieurs autres dans ce 13e chapitre de Pantagruel.

Et au chapitre 3, livre III, où Panurge loue les debteurs et emprunteurs, peignant la satisfaction qu'il éprouve aux révérences de ses créanciers, chaque matin assemblés à son lever:—«Il m'est advis, dit-il, que je joue encore le Dieu de la passion de Saumur, accompagné de ses anges et chérubins.»

Il continue: Si l'on cessait de prêter, l'univers serait bouleversé.—«De cettui monde rien ne prestant, ne sera qu'une chiennerie, qu'une brigue plus anormale que celle du recteur de Paris, qu'une diablerie plus confuse que celle des jeux de Doué

DRAPS, LINGE.

LINGE est aujourd'hui un substantif; c'était originairement un adjectif. Le traducteur du livre des Rois, ayant à rendre ces mots, «Porro David erat accinctus Ephod lineo» (II, cap. VI, v. 14), met:

«E David esteit vestud de une vesture linge, pur humilited.»

Le mot générique du XIIe siècle était drap; il s'appliquait à toute espèce d'étoffe de soie, de laine ou de fil. Dras linge, était un habit de toile de lin; on a dit, pour abréger, du linge.

Partonopeus est couché avec la fée Mélior. Il veut se lever de grand matin pour partir:

Urrake li baille ses dras,
(Partonop., v. 5057.)

Partonopeus, pour se punir, s'est retiré au désert. Il y mène la vie la plus rude, et finirait par succomber à une pénitence si rigoureuse. Heureusement il est découvert par Urraque et Persewis, qui, pleines d'une tendre charité, s'établissent auprès de lui, et tâchent de le distraire de ses douleurs, en même temps qu'elles rajustent sa garde-robe:

Qui li dient deduiz et gabs,
Et taillent et keusent ses dras,
Coifes, cemises, et cauçons,
Bliaus de soie et cors et lons.
(Ibid., v. 6270.)

Drapeau était une sorte de diminutif de drap. C'était le drap déchiré. Urraque, abordant Partonopeus défiguré par la misère, hésite à le reconnaître:

Ies tu li beau Partonopeus?
Deus! com tu ies ore empiriés!
Con voi tes drapeaus despeciés!
(Ibid., v. 6018.)

Le passage de Pasquier y revient parfaitement!—«Ainsy de l'estendard, banniere ou enseigne, que nous disons aujourd'huy drapeau. Cela est provenu d'une hypocrisie ambitieuse des capitaines, qui, pour paroistre avoir esté aux lieux où l'on remuoit les mains, veulent représenter au public leurs enseignes deschirées, encores que, peut estre, il n'en soit rien.»

(Recherches, liv. VIII, ch. 3.)

DUR, DRU, RUDE.

Ce sont trois prononciations diverses d'un même mot, obtenues en transposant l'r. Car de prétendre que rude vienne de rudis, ignorant, ce serait imiter les écoliers, toujours portés à traduire un mot par celui dont la forme extérieure s'en rapproche le plus. On n'assigne pas d'étymologie à dru.

Une preuve plus concluante que la forme matérielle qui peut être un effet du hasard, c'est l'analogie du sens. Or, s'il y a du rapport entre ignorant et rude, ce n'est que par métaphore, et le sens figuré n'est pas ce qui frappe d'abord les hommes d'une société naissante, au lieu que le sens propre les touche immédiatement. Ce qui est épais, dru, est dur, et ce qui est dur est ordinairement rude au toucher. Voilà pour l'analogie première; les nuances se fixent ensuite à chaque forme, et il arrive, au bout de quelques siècles, que des mots sortis de la même souche semblent n'avoir entre eux aucun lien de parenté.

La première forme, longtemps la seule, a été dur, durement. On disait: aimer durement,—pleurer durement,—se réjouir, s'émerveiller, heurter durement.

Il n'en i a chevaler ne barun
Qui de pitet mult durement ne plurt.
(Roland, st. 174.)
L'abeesse s'est esveillie;
Moult durement s'est mervillie
Quant si legiere s'est sentie.
(Ibid., ch. 16.)
Des lanches au premier jousterent,
Et si durement se hurterent
C'andoi se porterent a terre.
(La Violette, p. 81.)

Rudement a été la seconde forme. Toute la Picardie se sert encore de rudement pour marquer l'abondance ou l'excès: Cela est rudement beau!… Il est rudement savant!… Gresset, qui, comme l'on sait, était d'Amiens, a dit dans Ververt:

En moins de rien, l'éloquent animal
(Hélas! jeunesse apprend trop bien le mal!),
L'animal, dis-je, éloquent et docile,
En moins de rien fut rudement habile!

Et, suivant l'Académie elle-même, on dit en langage populaire, manger rudement, boire rudement.

Druement n'a pas encore été fait, mais on se sert de l'adjectif adverbialement, selon l'ancien usage: Il pleut dru;—il y va dru. L'Académie autorise ces locutions, comme elle autorise: Aller rudement en besogne.

ÊTRE; ses formes primitives.

Ce verbe a été constitué de deux éléments latins, sum et stare. De sum vient le présent de l'indicatif je suis; de stare, l'infinitif ester.

Comme ce verbe avait double racine, il avait aussi double signification: exister et se tenir debout.

«Chi vous lairons ester dou roi Richart.»

(Chron. de Rains, chap. 111.)
Or vous lairons ester du dux Hervis.
(Garin, t. I, p. 5.)

Dans cette formule, très-familière aux chroniqueurs et aux poëtes, ester ne signifie que esse.

La langue du barreau le conserve encore dans le sens de stare: «La femme ne peut ester en jugement sans l'autorisation de son mari.» Stare in judicio.

C'est aussi le sens du participe estant dans ce passage:—«Li enfes s'est agenoilliez tant que li peuples s'accoisa; lors se leva en estant, et parla si haut que tuit le porent oir.»

(Rom. des sept Sages, p. 97.)

Il se leva debout, en pied, comme disent les Italiens.

IMPARFAIT.

L'ancien imparfait tirait son singulier de sum, et son pluriel de stare:

J'ere,tu eres,il ert;
Eram,eras,erat;
 
Nous estions,vous estiez,ils estoient.
Stabamus,stabatis,stabant.

Aujourd'hui, il dérive tout entier de stare:

J'étais, tu étais, il était.—Stabam, stabas, stabat.

Déjà, sous Louis IX, on employait concurremment les deux formes. L'auteur de la Vieille Truande dit de son héros:

FUTUR.

Se tire de stare: J'esterai, tu esteras, il estera, etc.

«Rendez-vous bonnement, puis esterez en bonne paix.»

(Rois, p. 410.)

Les quatre fils Aymon témoignent à Charlemagne le désir d'être équipés par lui, pour le service du plus vaillant roi qui sera jamais:

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Que nous adoubissiez au jour qu'il vous plaira
Pour le plus vaillant roy qui jamais n'estera.
(Les quatre fils Aymon, v. 215.)

Un très-beau passage de la chanson de Roland, c'est le moment où l'arrière-garde de Charlemagne est sur le point d'être attaquée par les Sarrasins dans les défilés de Roncevaux. Olivier, à plusieurs reprises, a supplié Roland de sonner de son cor d'ivoire pour avertir Charlemagne, et rappeler l'avant-garde à leur secours. Roland s'y est obstinément refusé, et toujours par les mêmes motifs: il croirait se déshonorer et attirer des reproches sur sa famille et ses amis, si aucun homme vivant pouvait dire qu'il a corné pour des païens. Il se repose sur sa vaillance et sur l'acier de Durandal:

Roland est proz, e Oliver est sage,

dit le poëte.

Cependant le danger devient tel, qu'il est impossible de le méconnaître. Alors l'archevêque Turpin éperonne son cheval blanc, et, monté sur une petite éminence, il exhorte les soldats à bien faire leur devoir, sans leur dissimuler le sort qui les attend. Aussi leur donne-t-il l'absolution, leur imposant pour pénitence de bien férir. Les vers sont nobles et touchants:

Seignurs baruns, Carles nus laissat ci,
Pur nostre rei devum nus bien murir.
Chrestientet aidez a sustenir.
Car a vos oilz veez les Sarrazins.
Clamez vos culpes, si priez Deu mercit.
Assoldrai vos pur vos anmes guarir:
Se vus murez, esterez seinz martirs.
(Roland, st. 293.)

[93] Fiz, de fixi, vous êtes bien fixés sur ce point.

«Seigneurs barons, Charles nous a laissés ici. Nous devons bien mourir pour notre roi. Aidez à soutenir la chrétienté94. Vous aurez bataille, vous en êtes bien sûrs, car voici devant vos yeux les Sarrasins. Confessez vos péchés, implorez la merci de Dieu. Je vais vous absoudre pour guérir vos âmes: si vous mourez, vous serez saints martyrs.»

[94] C'est-à-dire, ici, le christianisme.

C'est peut-être ce passage pathétique que chantait Taillefer à la bataille d'Hastings, à la tête de l'armée, pour enflammer les soldats de Guillaume le Conquérant. En tout cas, il n'aurait guère pu choisir mieux95.

[95]

Taillefer, qui moult bien cantoit
Sur un roncin qui tost aloit,
Devant eux s'en aloit cantant
De Karlemaine et de Rolant,
Et d'Olivier, et des vassaux (des braves)
Qui moururent a Roncevaux.
(Wace, Rom. de Rou.)

Le t étymologique de j'esterai, dans la prononciation, laissait prévaloir l's; et la forme parlée modifiant la forme écrite, on écrivit bientôt comme on prononçait, j'esserai.

Partonopeus est en prison. Son geôlier est absent; la femme de ce geôlier lui permet de sortir pour aller à un tournoi: Si vous y mourez, dit-elle, ce sera fait de moi: Armand me percera de son épée:

Et se vos morez el tornoi,
Donc essera tout fait de moi:
Harmant m'ocira de s'espee.
(Partonopeus, v. 7727.)
… Je crois moult bien sans faille
Que par lui esserons delivre.
(La Violette, p. 84.)

Je serai, tu seras, est syncopé, pour j'esserai, tu esseras ou tu' sseras.

PRÉTÉRITS.

Le prétérit fut transporté du latin sans changement: Je fui ou je fuid, avec le d euphonique, comme l'écrit toujours le livre des Rois, saint Bernard et la chanson de Roland. J'ai montré plus haut (p. 168 et suiv.) comment ui sonnait u; il n'est donc pas étonnant qu'on ait fini par écrire je fus.

Il a existé aussi une seconde forme de prétérit; celle-ci, dérivée de stare: J'estu, tu estus, il estut, mais avec le sens exclusif de steti, stetisti, stetit. Au troisième livre des Rois, le Seigneur demande qui veut aller tromper Achab; un esprit se présente, et dit: Je le tromperai.

«Uns vint avant e estud devant notre Seigneur, si dist: Jol' decivrai.» (Rois, p. 337.)

Comme l'on voit, le verbe être était originairement beaucoup moins irrégulier qu'il n'est aujourd'hui.

Voici un curieux exemple où l'on voit rapprochés l'infinitif ester, dans le sens esse, et le participé estant, dans le sens de stando. C'est dans la chanson de Roland; le poëte fait une peinture pitoyable de la nuit qui suivit la défaite de Roncevaux: les hommes étaient étendus morts ou mourants, il n'y avait pas un cheval qui pût se tenir debout; celui qui voulait de l'herbe, la prenait étant couché:

Ni ad cheval qui puisse ester en estant:
Ki herbe voelt, si la prent en gisant.
(Roland, st. 180.)

Il est clair que, dans ce passage, il faut prononcer estre, quoiqu'il y ait écrit, conformément à l'étymologie, ester.

FAIRE.

Nous sommes à la veille de perdre, par négligence, un des plus précieux emplois de ce verbe. Faire avait jadis le privilége de se substituer en temps, nombre et personnes, à un verbe déjà exprimé qu'on avait besoin de répéter dans la même phrase:

La reine de Navarre, dans sa VIIe nouvelle: «Qu'avez vous fait de vostre anneau (dit un mari à sa femme)? Mais elle, qui fut bien aise qu'il la mettoit au propos qu'elle avoit envie de luy tenir, luy dit: O le plus meschant de tous les hommes, à qui le cuidez vous avoir osté? Vous pensiez bien que ce fust à ma chambriere, pour laquelle vous avez despensé deux fois plus de vos biens que jamais vous ne fistes pour moy!»

Et dans la LIVe:

«Il faudroit, madame, que nos maris feussent envers nous comme Jesus-Christ envers son Eglise.—Aussy faisons nous, dit Saffredant, et sy possible estoit, nous le passerions, car Jesus-Christ ne mourut qu'une fois pour son Eglise, et nous mourons tous les jours pour nos femmes.—Mourir! dit Longarine; il me semble que vous et les autres qui sont icy, valez mieulx escus que ne faisiez grands blancs, avant que feussiez mariez.»


Dans ce dernier exemple, on voit le verbe faire suppléer toute une phrase: aussy faisons-nous, c'est-à-dire, aussi sommes-nous envers nos femmes comme Jésus-Christ envers son Église. Quelle économie de paroles! On ne peut trop regretter ces tours.

Ce baudet-ci m'occupe autant
Que cent monarques pourraient faire.
(La Fontaine.)

Pourraient m'occuper.

Les oisillons, las de l'entendre,
Se mirent à jaser aussi confusément
Que faisaient les Troyens quand la pauvre Cassandre
Ouvroit la bouche seulement.
(Le même.)

Que jasaient les Troyens.

«Il (l'Amour) s'ouvrira plutôt à vous qu'il ne feroit à sa mère.»

(La Fontaine, Psyché.)

«Quel astre brille davantage dans le firmament que le prince de Condé n'a fait en Europe?»

(Bossuet.)

Qu'il ne s'ouvrirait.N'a brillé.

«On regarde une femme savante comme on fait une belle arme… C'est une pièce de cabinet que l'on montre aux curieux,»… etc.

(La Bruyère, des Femmes.)

Si est quelquefois pour ainsi. Alors si fait signifie ainsi fait. Par exemple, dans cette traduction du célèbre sonnet de Pétrarque sur la mort de Laure:

Plaindre devroient l'air, la mer et la terre,
Le genre humain, qui comme anneau sans pierre
Est demeuré, ou comme un pré sans fleurs.
Le monde l'eut sans la connoître à l'heure:
Je la congneu, qui maintenant la pleure!
Si fait le ciel, qui s'orne de mes pleurs.

«Le fils de monsieur le capitaine était garçon perruquier, et courait le monde en cette qualité, quand il vint se présenter à madame de Warens, qui le reçut bien, comme elle faisait tous les passants, et surtout ceux de son pays.»

(J.-J. Rousseau, Confessions, liv. II.)

Les Anglais nous ont pris cette forme, avec bien d'autres choses; mais, mieux avisés que nous, ils ne l'ont pas laissée périr.—Leur verbe do (faire) n'est autre que le verbe allemand thun.—Vous avez assuré que telle chose se passait.—Je ne l'ai point assuré, I did not; mot à mot: Je ne l'ai point fait.

—Je n'aime pas à voyager.—Si fais-je bien, moi: c'est-à-dire, je l'aime bien, moi. On a dit ensuite, en immobilisant la personne et le nombre dans la forme d'un adverbe: Si fait bien, moi; si fait bien, nous. La correction exigerait, à la première personne: Si fais bien, moi; si faisons bien, nous.

En réponse à une question, à une affirmation, à une négation: Si fait, non fait. On se contente aujourd'hui de dire, avec moins d'énergie: Oui, non.

FAIRE FORT (SE).

Beaumarchais a pris, dans le Petit Jehan de Saintré, deux des principaux personnages du Mariage de Figaro: la comtesse Almaviva et Chérubin ne sont qu'une copie de la jeune dame des Belles Cousines et du petit Jehan. Les scènes de la comédie du XVIIIe siècle se retrouvent dans le roman du XVe, seulement la comédie est un peu plus enluminée de luxure: il faut bien que le progrès soit quelque part. Les dames d'atour de la jeune dame des Belles Cousines font le rôle de Susanne. Le petit Saintré est page aussi, mais page du roi. Il a treize ou quatorze ans; moins avancé que le page espagnol, mais déjà aussi honteux devant une femme que le bel oiseau bleu du château d'Aguas Frescas.

La dame des Belles Cousines fait appeler le petit Jehan dans sa chambre, devant ses femmes, non pour lui faire chanter une romance, mais pour lui faire déclarer le nom de sa dame par amours. Le pauvre enfant est bien embarrassé! Il avoue qu'il n'en a pas. La dame des Belles Cousines feint une grande colère, et lui donne quatre jours, pas davantage, pour se pourvoir de cet objet de première nécessité à un vrai gentilhomme.

Ce terme écoulé, revoici madame assise sur les pieds du petit lit, le page tremblant à genoux devant elle, et derrière eux, rangées en demi-cercle, les dames d'atour, qui étouffaient leur envie de rire: madame Catherine, madame Ysabel, Aliz, Marguerite, etc. On va juger le petit Saintré. Madame soutient qu'il est coupable, n'ayant pas encore fait de choix. Les autres prennent sa défense:—«Ha, Madame, dirent elles en riant, cuydez vous qu'il ait mis quatre jours fors que pour bien choisir celle qu'il voudra servir? Eh que non, dit madame. Eh que si, dirent-elles; nous nous faisons fortes pour luy. Lors elles lui dirent: N'est il pas vray, mon filz?96»

(Chap. III.)

[96] Je cite le texte de l'édition donnée par M. Guichard, la seule qu'il soit désormais possible de lire.

L'Académie veut que dans cette locution fort soit invariable.—«Elle se fait fort d'obtenir la signature de son mari;… ils se faisaient fort d'une chose qui ne dépendait pas d'eux.»—On ne voit pas la raison de cette invariabilité. Fort, invariable, ne pourrait être que l'adjectif pour l'adverbe, comme lorsqu'on dit: Ils sont partis soudain; ils tenaient ferme, c'est-à-dire, soudainement, fortement. Mais on ne saurait supposer: Elle se fait fortement d'obtenir, etc.; ils se faisaient fortement d'une chose, etc… Le sens manifeste est celui-ci: Elle se disait assez forte pour obtenir;… ils se prétendaient capables, forts d'une chose… Il est donc indispensable de faire accorder l'adjectif. C'était, comme on l'a vu, l'usage ancien; pourquoi l'a-t-on changé, et sur quelle autorité? Il est fâcheux que l'Académie ne motive jamais ses décisions; plus elles sont absolues, plus il faudrait tâcher de les faire voir justes et raisonnables.

FEINDRE, FEIGNANT97.

[97] On écrivait faindre comme craindre. L'orthographe normande a prévalu pour le premier.

Feindre s'employait jadis absolument, dans un sens analogue à celui de craindre, hésiter.

L'auteur du Chastelain de Coucy dit, au début de son poëme, que l'amour favorise les amants hardis, mais qu'à peine a-t-il aucune récompense pour les timides:

Mais pour les faingnans desloiaus
Dist on qu'a paine est nulz loiaus.
(Coucy, v. 21.)

Une chanson de Coucy lui-même, antérieure au poëme d'environ cinquante ans, commence par ce couplet:

Pour verdure ne pour pree,
Ne pour fueille ne pour flour,
Nulle chanson ne m'agree,
Se ne muet de fine amour.
Mais li faingnant prieour,
Dont ja dame n'iert amee,
Ne chantent fors en pascours:
Dont se plaingnent sans doulours.
(Coucy, p. 13.)

«On a beau célébrer la verdure, les prés, les feuillages, les fleurs; nulle chanson ne m'agrée, si elle n'est inspirée par une vraie passion. Mais ces lâches suppliants, qui n'aiment de fait aucune femme, ne chantent que vers le temps de Pâques. Ils se plaignent sans douleurs.»

M. Crapelet a mal traduit: «Mais celui qui feint d'attendrir une dame.» On ne feint pas d'attendrir: on attendrit ou l'on n'attendrit pas.

Observez que nul mot ne peut remplacer faignant. Lâche est trop fort; timide, trop faible; et puis, la timidité s'allie avec le véritable amour; c'est faignant, ou, comme on dit en picard, cœur failli.

L'ESMOULEUR.
Pourtant encore un coup ou deux
Tourne, mon valet.
LE VALET.
Je le veux,
Et croy que pas je ne faindray.
(Les Langues esmouluës.)

Cette acception du verbe feindre était encore en pleine vigueur à la fin du XVIIe siècle. Molière en présente de fréquents exemples:

«CLÉANTE.Nous feignions à vous aborder, de peur de vous interrompre.»

(L'Avare, acte I, sc. 5.)

Et dans Don Juan: «Je ne feindrai point de vous dire que l'offense que nous cherchons à venger est une sœur séduite et enlevée d'un couvent.»

(Act. III, sc. 4.)

Feindre exprimait moins que craindre et plus qu'hésiter; notre langue s'est appauvrie de cette délicatesse, mais le peuple l'a retenue. Un feignant est un homme qui ne craint pas le travail au point d'avouer sa paresse et d'oser le refuser; il l'accepte, mais il fait peu et de mauvaise besogne: il hésite, il tourne, il feint de travailler.

Les beaux parleurs se moquent de la prononciation du peuple, persuadés qu'en disant un feignant il veut dire un fainéant. Un fainéant ne fait rien; un feignant fait quelque chose. Qui des deux est le ridicule, celui qui est raillé sans raison, ou celui qui le raille sans comprendre ce qu'il raille?

Avec faindre et faignant, nous avons perdu leur substantif faintise:

Chascuns d'eux a sa lance prise:
Proaice anemie a faintise
Les a fait tost esperonner.
(Coucy, v. 1415.)
Chascuns a sa lanche reprise
Apertement et sans faintise.
(Ibid., v. 1683.)

Faintise a été mal remplacé par fainéantise. Encore une fois, la fainéantise s'abstient de tout travail; la faintise feint de travailler.

On disait aussi, avec la forme réfléchie, se faindre. Un homme donne son anneau à un ermite: Présentez-le à ma femme; dites-lui, de ma part, qu'elle vous traite comme elle ferait moi-même, et qu'elle ne s'y épargne pas:

Que de vous face en bone foi
Autant comme el feroit de moi,
Si qu'ele mie ne se faigne.
(Du Provost d'Aquilée.)

FESTIVAL.—HOW DO YOU DO?

Ce mot, qui nous revient d'Angleterre, a commencé par être français. Saint Bernard s'en servait:

«E soit chanté par tote tes rues li festivals Alleluya.»

(Sermons, p. 532.)

Et le traducteur du livre des Rois:

«Achab fist remuer jusques al temple un almarie98 ki esteit al porche, u l'um metteit les oblatiuns, nummeement ke li reis soleient faire as sabatz e jurs festivals

(Rois, p. 400.)

[98] Remarquez, dans ce mot, la substitution des liquides l et r. Nous avons rétabli l'r étymologique d'armarium (rac. arma); au contraire, de contralier (rac. contra alium, subaud. stare), nous avons fait, par substitution de liquide, contrarier:

Grant pechie fait qui contralie
Dame qui est d'amors marrie.
(Partonopeus, v. 6660.)

Ce sont, dit le même auteur, les clergastes (mauvais clercs) qui parlent mal des femmes et contrarient leurs servantes:

Ce sont clergastes qui en mesdient,
Qui lor meschines contralient.
Ils sont vilains et eles foles.
(Ibid., v. 5489.)

«Achab fit reporter jusque dans le temple une armoire qui était sous le porche, où l'on mettait les offrandes, nommément celles que les rois avaient coutume de faire aux sabbats et jours de fête.»

Festival s'est embarqué, et a passé la Manche avec Guillaume le Conquérant; bien d'autres en ont fait de même: les Anglais ne sont riches que de nos dépouilles; si l'on se mettait à cribler leur langue et à reprendre ce qui nous appartient, il ne leur resterait pas même de quoi se dire: Bonjour, comment vous portez-vous? Leur fameuse formule how do you do est volée à la France. On disait, au XIIe siècle, Comment le faites-vous? C'était le salut de politesse quand on se rencontrait.

La belle et sage châtelaine de Fayel, accueillant pour la première fois le châtelain de Coucy en présence de sa dame de compagnie Ysabelle: Comment allez-vous? lui dit-elle; comment passez-vous le temps?

Lors li dist la dame: Comment
Le faites vous, biau très doux sire?
—Certes, dame, n'ai duel ne ire,
Jour ne heure, que ne vous voie.
(Coucy, v. 3490.)

«Certes, madame, je n'ai deuil ni chagrin, chaque jour, à toute heure, que du désir de vous voir.»

Une autre fois, Coucy rencontre Ysabelle, à qui il a tant d'obligation, avec Gobert, le confident de Fayel, mais qui trahit son maître pour Coucy, car Ysabelle et Gobert sont amants. Le châtelain court à eux; il embrasse familièrement la bonne Ysabelle,

Et dist: Chiere amie, comment
Le faites vous? nel' celez pas.
(Coucy, v. 5710.)

La belle Euriaut reçoit un messager de Gérard, et s'informe de lui avec sollicitude:

Comment Gerars li biaus le fait.
(La Violette, p. 40.)

Cette expression était encore en vigueur à la fin du XVe siècle:

—«Adonc le duc Richart vint à luy, et luy demanda comme il le faisait, et de quoy li servait léans.»

(Chroniq. de Norm., imp. à Rouen en 1487.)

Voltaire, qui a tant raillé le Comment vous faites-vous faire des Anglais, ne soupçonnait pas qu'il se moquait d'une vieille formule française. Les Anglais n'ont eu que la peine de la revêtir de mots saxons, sans autrement la déguiser. Ainsi un gallicisme et un germanisme, cela fait un anglicisme.

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