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Essais de Montaigne (self-édition) - Volume IV

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114,

9, Turnebus.—Les éd. ant. port.: Tournebeuf.

11, D’Aquin.—Le plus grand théologien de l’Église d’Occident et le plus grand philosophe du moyen âge. Ses ouvrages principaux sont: la Somme de la foi, établissant toutes les vérités catholiques d’après les Écritures, et la Somme théologique longtemps classique, où l’auteur discute les principales questions de la théologie, de la philosophie et de la morale (somme, terme de théologie, signifie ouvrage abrégé d’un plus grand; de la même étymologie vient sommaire).

25, Bonté.—Les éd. ant. port.: sacrosaincte bonté.

116,

30, Sua.—Vers imités de Virgile, faits par un auteur inconnu à la louange de Ronsard.

118,

2, Chrestiens.—Socrate n’était pas chrétien, ce qui n’a pas empêché qu’il soit parvenu à un si haut degré de vertu, que le paganisme peut l’opposer à tous ceux que le christianisme présente en ce genre: sa mort excite l’admiration; jusqu’à son dernier soupir, il se montra aussi grand qu’il avait vécu; on peut apprendre de lui à bien vivre et à bien mourir.—Erasme, cet autre sage de son temps, dit quelque part: «Peu s’en faut que je ne dise: Saint Socrate, priez pour nous!»

4, Martyres.—Il y a des martyrs dans toutes les religions; Tertullien disait: «Ce n’est pas le supplice qui fait le martyre, mais la cause.»

8, Tartare.—Joinville, 19.—Le pape Innocent VII avait envoyé, pour y prêcher le christianisme, des missionnaires en Tartarie, dont le roi projeta d’envoyer une ambassade à Rome, pour vérifier les assertions de ces missionnaires; mais eux-mêmes, par crainte de la mauvaise impression qu’elle pourrait en rapporter, le dissuadèrent d’y donner suite. Ce qui a pu porter Montaigne à penser que c’était saint Louis qui l’en avait détourné, c’est qu’à ce moment il était en Chypre, se rendant en Terre sainte, et l’ambassade vint l’y saluer, mais ne poussa pas plus loin.

18, Vicieuses.—Montaigne paraît avoir emprunté cette histoire du Décaméron de Boccace, 2e journée, 2e nouvelle, où le juif Abraham, pressé par un ami de se faire chrétien, s’y résout, après un voyage à Rome, par les raisons indiquées ici.

20, Parole.—Évangile selon S. Matthieu, XVII, 19 et S. Paul, Épître aux Corinthiens.

23, Credas.—Cette citation est de Quintilien qui n’était pas chrétien, c’est dire que Montaigne la détourne du sens qu’elle a dans le texte latin.

34, A nos passions.—Les éd. ant. port.: aux hommes.

120,

19, Celle là.—Allusion à la situation de Henri III après le traité de Loches (1576). Mécontents des concessions faites par le roi aux Protestants, les Catholiques, qui jusqu’alors avaient marché avec lui, se liguent contre lui, tandis que ses adversaires de la veille se déclarent pour lui.

20, Besoing.—C.-à-d. n’admettre pour vrai que ce qu’il est de notre intérêt qu’on croie tel.

21, Dire.—Bayle, dans son dictionnaire, remarque I de l’art. Hotman, cite et commente ce passage, disant: «Tant que le monde sera monde, il y aura partout des doctrines ambulatoires dépendantes des lieux et des temps.» C’est ce qu’à notre époque nous appelons l’opportunisme, qui, quoi qu’on en puisse dire, est l’une des lois les plus sensées de la politique, dont les principes sont tout autres que ceux de la morale avec lesquels ils sont rarement du tout au tout conciliables; celle-ci est la théorie, celle-là la pratique.

32, Remuent.—Au début des troubles qui agitèrent la France à cette époque, les Protestants, visant à renverser Charles IX et à faire arriver au trône Henri de Navarre, mettent en avant le droit de déposer les rois et de tuer les tyrans; les Catholiques, au contraire, repoussent tout principe autre que la légitimité. A la mort de Henri III, le roi de Navarre se trouvant, par droit d’hérédité, appelé à lui succéder, ce sont les Catholiques qui contestent ce principe de la légitimité qu’a pour lui Henri IV et qui revendiquent le droit de passer outre et de lui substituer un prétendant de leur choix; chaque parti se trouvait ainsi avoir changé de thèse et adopté celle de ses adversaires.

35, Chrestienne.—C.-à-d. il n’est point d’hostilités qui se prêtent mieux à la satisfaction de nos passions que celles qui ont pour cause l’intérêt de la religion.

37, Detraction.—Larcin, du latin detractio qui a même signification.

122,

1, Vices.—Sous-entendu: et, au contraire.

2, Dict.—C.-à-d. frauder la dîme, en ne donnant que de la paille sans grain; Dieu est mis ici pour les ministres du culte, par un tour d’expression dont l’usage est aussi ancien que le monde. Coste..—De ce dicton qui signifie se moquer, aussi bien que frustrer quelqu’un de ce qui lui est dû, on donne encore une autre explication, cela voudrait dire: «Faire la barbe avec un bouchon de paille.» Payen.—Rabelais, I, 11, l’emploie avec une variante: «Gargantua faisoit gerbe de feurre aux Dieux.»

14, Bigue.—C.-à-d. voulut échanger l’un pour l’autre.—Bigue signifiait échanger, troquer.

17, Orpheus.—Diogène Laerce, VI, 4.—Les initiés composaient une secte dissidente des philosophes pythagoriciens; ils avaient en vue la pratique de la vertu, croyaient à l’expiation des crimes dans l’autre monde et s’abstenaient de manger la chair des animaux; ils prétendaient avoir reçu d’Orphée les dogmes qu’ils professaient.

26, Prestre.—Diogène Laerce, VI, 39.

35, Iesus-Christ.—S. Paul, dans son Épître aux Philipp., I, 23.

36, Donnoit.—Cicéron, Tusc., I, 34; Callimaque, Epigr., 24; Ovide, in Ibin, v. 495; S. Augustin, De Civit. Dei, I, 22.

124,

1, Alemans.—Voltaire, dans Zaïre, exprime la même idée:

«Je le vois trop: les soins qu’on prend de notre enfance,
Forment nos sentiments, nos mœurs, notre croyance.
J’eusse été, près du Gange, esclave des faux dieux,
Chrétienne dans Paris, musulmane en ces lieux:
L’instruction fait tout; et la main de nos pères
Grave en nos faibles cœurs ces premiers caractères.»

9, Ne ramene.—Var. des éd. ant. à 88: vne extreme douleur ou voisinage de la mort, ne ramenent par force...

13, Plato.—Lois, au commencement du liv. X, passage déjà cité dans les Essais, I, 580.

17, Dit-il.—Platon, République, I.

23, Loix.—C’est le résultat de ce que dit Platon sur la fin du second livre au commencement du troisième de sa République.

29, Bion.—Diogène Laerce, IV, 4.—Cette réflexion même, si juste et si naturelle, est de Diogène Laërce, qui d’ordinaire s’abstient de tout commentaire.

31, Force.—Les sectateurs d’Aristippe et d’Épicure fondaient la religion sur la crainte; la loi, sur l’utilité; la justice, sur la coutume.

126,

29, Luy-mesmes.—S. Paul, Épître aux Romains.—C’est Dieu qui est présenté comme tenant ce langage parce que l’apôtre est considéré comme parlant en son nom.

32, Facteur.—«Tout ainsi que par ce peu de lumiere que nous auons la nuict, nous imaginons la lumiere du soleil qui est esloignée de nous; de mesme, par l’estre du monde que nous connoissons, nous argumentons l’estre de Dieu, qui nous est caché...»  R. Sebond, Théologie naturelle, 24, traduction de Montaigne.

128,

4, Œuures.—Dans l’Épître aux Romains.—S. Paul, surnommé l’apôtre des Gentils parce qu’il a évangélisé en dehors de la Judée, n’est ni du nombre des douze apôtres proprement dits, quoiqu’il soit toujours compté comme tel, ni même des disciples de Jésus-Christ. Né de parents juifs, il se nommait Saul et fut d’abord un persécuteur violent du christianisme; mais, sur le chemin de Damas, il eut une vision, se convertit, devint un des plus ardents propagateurs de la religion nouvelle et finit par obtenir le martyre à Rome. On a de lui les Actes des apôtres qui sont sa propre histoire et quatorze lettres aux Églises avec lesquelles il était en relation, elles se distinguent par la logique et la sagesse des principes qu’il expose.—Godeau, évêque de Grasse (1605-1672), dit de lui:

«Et la grâce en son cœur ayant fait des miracles,
Sa bouche expliquera les plus sacrés oracles.»

9, Leges.—Les éd. ant. aj.: Si mon imprimeur (de la Théologie naturelle) estoit si amoureux de ces prefaces questées et empruntées, de quoy par l’humeur de ce siecle il n’est pas liure de bonne maison, s’il n’en a le front garny, il se deuroit seruir de tels vers, que ceux cy qui sont de meilleure et plus ancienne race que ceux qu’il est allé planter.

130,

3, Couche.—On incline, on penche en faveur.—Les éd. ant. port.: Celui qui est d’ailleurs imbu d’vne creance reçoit bien plus aisément les discours qui lui seruent, que ne fait celuy qui est abreuué d’vne opinion contraire, comme font ces gens icy, au lieu de: «On couche... en soy».

21, Ἑαυτόν.—Cette pensée est d’Hérodote, qui la met dans la bouche d’Artaban cherchant à détourner Xerxès de son expédition contre les Grecs.

24, Platon.—Dans le Timée.

32, S. Augustin.—De civitate Dei, XXI, 5.—Le premier des Pères de l’Église. Eut une jeunesse fort dissipée, se convertit, fut baptisé à 32 ans et devint, par la parole et la plume, un des plus ardents et solides défenseurs du christianisme. Ses principaux ouvrages sont: La Cité de Dieu, son chef-d’œuvre, admirable peinture de la religion chrétienne; ses Confessions, où il fait l’histoire de ses erreurs et de sa conversion, et le Traité sur la grâce et le libre arbitre; on a encore de lui nombre de sermons, de lettres et d’écrits contre les hérétiques de son temps.

132,

3, Philosophie.—S. Paul, Aux Colossiens, II, 8.

5, Dieu.—S. Paul, Aux Corinthiens, I, 3, 19.

5, Vanitez.—Pensée tirée de l’Ecclésiaste et de Pline.

7, Sçauoir.—Pensée tirée de Lucrèce et de l’Épître de S. Paul aux Corinthiens.

8, Trompe.—Cette pensée se trouve également dans Lucrèce et dans S. Paul, Épître aux Galates.

134,

1, Cestuy-la.—Le philosophe stoïcien Balbus qui, dans Cicéron, s’exprime comme le porte la citation qui suit.

136,

6, Mouuements.—On croyait encore généralement alors que le soleil tournait autour de la terre, etc.

13, Plutarque.—Plutarque dit bien que, peut-être, la Lune est habitée, que ses habitants doivent y être plus dispos, plus légers au physique, plus faciles à nourrir que nous, mais il ne parle pas de colonies.

19, Quant et quant.—Les éd. ant. aj.: dict Pline.

23, Trois.—C.-à-d. avec les animaux vivant sur terre, et, par cela même, de pire condition que ceux des deux autres espèces: les oiseaux qui volent dans les airs, et les poissons qui nagent dans les eaux.

34, D’elle.—Cette pensée a été traduite en vers par Senecé:

«Mais sait-on, dit Montaigne,
Quand avec son chat d’Espagne
Un homme prend ses ébats,
Si le chat n’a pas en tête
Que l’homme est une bête
Propre à divertir les chats.»

Observons, en passant, que cette rime, dans les deux premiers vers, de Montaigne avec Espagne, montre bien comment encore à cette époque (1717) on prononçait le nom de l’auteur des Essais.—A propos de chat, Mahomet en avait un qu’il aimait au point qu’un jour, dit-on, cet animal dormant sur un pan de son caftan, et le moment de la prière étant venu, le prophète coupa son vêtement, afin de ne pas troubler le sommeil de l’animal.

138,

2, Saturne.—Dans la Politique.—Chassé du ciel par Jupiter, et accueilli sur terre par Janus, roi du Latium, auquel il succéda, Saturne apprit aux Latins l’art des semailles, fit fleurir la paix, l’abondance, la justice, et son règne fut l’âge d’or pour l’Italie. Myth.

18, Troglodytes.—Ancien peuple de l’Afrique qui vivait dans des cavernes ou dans des trous creusés dans la terre. Mais, dans bien des contrées, voire même en France, existent des vestiges de pareilles habitations établies dans des anfractuosités naturelles, grossièrement aménagées et qui remontent aux temps préhistoriques; on a qualifié de ce même nom de Troglodytes, ceux dont elles ont été la demeure.

20, Thyaneus.—Philostrate, Apollonius de Thyane, I, 20.

20, Melampus.—Apollodore, I, 9, 11.

20, Tirasias.—Apollodore, III, 6, 7, etc.

22, Roy.—Dans l’intérieur de l’Afrique, dit Pline, Hist. nat., IV, 30, au delà de la Nubie, se trouvent les Ptoemphanes, qui ont pour roi un chien, dont ils consultent les divers mouvements.—Cette erreur ne proviendrait-elle pas de la similitude du mot latin canis (chien) avec les mots qui dans plusieurs langues signifient le roi ou seigneur comme, par exemple, Khan chez les Tartares, King en anglais, Kœnig en Allemagne?  Payen.

24, Nous.—«Les enfants des hommes sont en eux-mêmes semblables aux bêtes, ils ont même destinée; l’homme n’a pas d’avantage sur la bête.» Ecclésiaste, III.

25, Intelligence.—Les éd. ant. aj.: de leurs mouuemens et.

34, Qu’il y a.—Add. des éd. ant. à 88: de la menasse et.

36, Voix.—C.-à-d. qui ne profèrent aucun son.

140,

27, Cestuy-cy.—Ce langage par gestes.

32, Langue.—Aux extrémités de l’Éthiopie, dit Pline, VI, naissent des animaux et des hommes de formes monstrueuses; l’excessive mobilité des feux solaires varie les corps et les multiplie à l’infini; et, parmi ces phénomènes, il en est certains qui n’ont d’autre langage que les gestes et les signes.

37, Mot.—Plutarque, Apophth. des Lacédémoniens.

142,

6, Prudence.—Les éd. ant. port.: prouidence.

39, Par art.—Les éd. ant. aj.: et par industrie.

144,

33, Vniforme.—Les éd. ant. aj.: la foiblesse de nostre naissance se trouue à peu pres en la naissance des autres creatures.

40, Souffrir.—Les éd. ant. et l’ex. de Bordeaux aj.: le visage, les pieds, les mains, les iambes, les espaules, la teste, selon que l’vsage nous y conuie.

146,

3, Nombril.—Louis XIII avait une profonde répugnance pour cette exagération qui se maintint jusqu’au milieu du XVIIIe siècle; on cite de lui à cet égard plusieurs anecdotes.—Voulant, un jour, s’emparer d’une lettre qu’une dame de sa cour avait cachée dans son sein et qu’il avait intérêt à connaître, il alla l’y chercher avec des pincettes.—Une autre fois, se trouvant à table et voyant s’approcher de lui une femme habillée et découverte suivant cette mode, il retint une gorgée de vin dans la bouche et la lui lança dans le sein, ce qui la fit se retirer toute honteuse.

6, Plier.—Plutarque, Lycurgue, 13.

21, Labourage.—Les éd. ant. aj.: sans aucune nostre industrie.

22, Planté.—En abondance.—Ce mot dérive de plénité, qui vient du latin plenitas qui a ce même sens: saturation complète, plénitude.

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6, Ichneumon.—Appelé aussi mangouste et rat de Pharaon; carnassier de la grosseur d’un chat et de la forme de la martre; les Égyptiens le révéraient parce qu’il détruit les œufs de crocodile.

7, Crocodile.—Appelé aussi alligator, reptile de l’ordre des sauriens, amphibie à quatre pattes de la forme d’un énorme lézard, mais atteignant jusqu’à 3 et 4 mètres de longueur; se rencontre sur les bords de grands cours d’eau de la zone tropicale en Afrique, en Asie et en Amérique; le crocodile était à Thèbes, en Égypte, l’objet d’une grande vénération.

13, Faire.—Ce fait s’est rencontré en Allemagne (Gaspard Hauser), en France (le sauvage de l’Aveyron), et on pourrait en citer d’autres.—Gaspard Hauser qui, de 1828 à 1833, excita vivement l’attention en Bavière, fut découvert à l’âge apparent de 15 à 16 ans; il semblait n’avoir jamais rien vu, rien appris, être absolument étranger à la vie commune; il n’avait aucune idée du temps, des distances, était presque inconscient de ses mouvements.—Le sauvage de l’Aveyron, enfant trouvé en 1800 dans les forêts de cette région, pouvait avoir une dizaine d’années, il se trouvait physiquement et moralement en même état que Gaspard Hauser; il fut placé à l’institution des sourds et muets, où plusieurs années de soins assidus parvinrent à éveiller, mais bien faiblement, son intelligence et le langage.

22, Oyseaux.—C.-à-d. ne conversons-nous pas avec eux dans un autre langage et en employant d’autres termes qu’avec les oiseaux.

27, Lactance.—Inst. div., III, 10.

28, Encore.—Quant au rire, cela se rencontre parfois chez le chien; on en a vu riant comme fait une personne, sans éclat de voix cependant. Pour ce qui est de la parole proprement dite, il en est qui pensent que les animaux, ou au moins certains d’entre eux, la possèdent; toujours est-il que jusqu’ici on n’en trouve que trois qui, d’après la Bible et la fable, aient usé de la même langue que l’homme: l’ânesse de Balaam, le berger de Phryxus et le cheval d’Achille.—Balaam, dit la Bible, était un prophète madianite; l’ânesse qu’il montait, effrayée par la vue d’un ange, demeuré invisible à Balaam, ayant à trois reprises fait un écart, et son maître la frappant, elle finit par protester en paroles très nettes; et ses yeux se dessillant alors, Balaam aperçut l’ange et reconnut que tout cela s’était accompli par la volonté de Dieu.—Phryxus, fils du roi de Thèbes, fuyant une accusation d’inceste, avait traversé sur un bélier à toison d’or le détroit qui sépare l’Europe de l’Asie, et abordant sur la côte opposée, s’y était endormi. Les habitants le découvrirent et se disposaient à lui faire un mauvais parti, lorsque son bélier le réveilla et lui apprit avec une voix humaine le danger auquel il était exposé. Myth.—Dans l’Iliade, lorsque Achille s’élance pour venger Patrocle, Xanthe, un de ses chevaux, avec la permission de Junon, lui prédit sa mort prochaine.

30, Aristote.—Hist. des animaux, IV, 9.

37, Deuination.—Conjecture.

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24, Desespoir.—«L’homme n’a qu’un privilège, celui de l’imagination, et il le paie cher.» Sainte-Beuve.—Est-il prouvé que les animaux n’ont pas d’imagination?

31, Meilleure.—Cette question de l’âme des bêtes, leur connaissance, leur raisonnement, discutée à toutes les époques, a donné lieu à de nombreux ouvrages où sont cités à l’appui d’innombrables exemples dont quelques-uns sont reproduits dans les pages suivantes. Montaigne, dans cette controverse, semble pencher pour l’affirmative, au point que Bayle prétend que son intention a été que l’apologie de Raymond Sebond fût en partie celle des bêtes. Les auteurs qui ont agité ce problème, inclinant soit dans un sens, soit dans un autre, abondent aussi bien dans l’antiquité que de nos jours; parmi eux: Aristote, Pline, Descartes, Leibnitz, Locke, Toussenel.

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17, S’auancer.—Plutarque, De l’Industrie des animaux, 12.

22, Paix.—Argumentation souvent citée en logique et connue sous le nom de «Sorite du renard»; sorite signifie une série de propositions si bien liées entre elles, que la dernière est ou semble la conclusion naturelle de la première.

31, Climacides.—Mot dont la signification est échellières.—Plutarque, Comment on peut discerner le flatteur d’avec l’ami, 3.

35, Concubines.—Ce terme n’éveillait dans l’antiquité aucune idée d’immoralité; c’était une femme au même titre que l’épouse dite légitime, mais de condition sociale inférieure à celui qui l’épousait.

36, Mary.—Chacun, dit Hérodote, V, 5, a plusieurs femmes; lorsqu’il vient à mourir, il s’élève entre elles de grandes contestations pour savoir celle qu’il aimait le mieux; ses amis s’intéressent vivement à la dispute. Celle en faveur de qui on s’est prononcé reçoit les éloges de l’assistance; son plus proche parent l’immole ensuite sur le tombeau de son mari et on l’enterre avec lui; les autres femmes sont très affligées de cette préférence, qui est pour elles un très grand affront.—Voir aussi Pomponius Mela, II, 3, etc.

40, Capitaines.—Le chef des Sotiates, peuple de l’Aquitaine (Gaule), dit César, De Bello Gall., III, 22, était accompagné de 600 hommes dévoués, liés à lui par un pacte tel qu’ils jouissaient de tous les biens de la vie dont ce chef lui-même avait la jouissance, mais par contre, s’il venait à périr de mort violente, ils participaient à son sort et se tuaient de leurs propres mains; institution à laquelle certains font remonter l’origine du régime féodal.

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5, Seruice.—Pétrone, Sat., 117.

15, Tombe.—Hérodote, IV, 71 et 72.

23, Sert.—Diogène Laerce, VI, 75.

36, Partons.—Du verbe partir, partager, diviser en plusieurs parts. Ce mot vieilli n’est plus d’usage que dans cette phrase proverbiale: «Ils ont toujours maille à partir entre eux»; mais on le retrouve dans ses dérivés: répartir, répartition, etc.

38, Chasseurs.—Pline, X, 8.

43, Colliers.—Collets, lacs à prendre des lièvres, des lapins, etc.

44, Seche.—Plutarque, De l’Industrie des animaux, 28.—La sèche, ou seiche, mollusque de mer, qui projette autour de lui un liquide noirâtre, quand il cherche à se dérober à un ennemi, liquide duquel on extrait la sépia.

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10, Sylla.—Allusion à la maladie pédiculaire dont il mourut (78), conséquence des débauches auxquelles il se livra toute sa vie. Cette maladie, connue sous le nom de phtiriase, est très rare; elle est caractérisée par la génération rapide d’une telle quantité de vermine, qu’elle finit par ronger vivant le malheureux atteint de cette affection. Le roi Hérode, l’empereur Galère périrent de la sorte, et les premiers chrétiens y virent une punition céleste du premier pour le massacre des innocents, du second pour la persécution dont eux-mêmes furent l’objet sous le règne de Dioclétien et dont il avait été le principal instigateur; il s’en produirait encore des cas, particulièrement chez les alcooliques invétérés.—Pascal a exprimé d’une façon analogue cette fragilité de l’homme: «Cromwell allait ravager toute la chrétienté; la famille royale était perdue et la sienne à jamais puissante, sans un petit grain de sable qui se mit dans son urètre; Rome même allait trembler sous lui, mais ce petit gravier qui n’était rien ailleurs, mis en cet endroit, le voilà mort, sa famille abaissée et le roi rétabli.» Seulement, Pascal a fait erreur: Cromwell n’est pas mort de la pierre, mais de la fièvre.

11, Empereur.—Du latin imperator, titre qui se décernait, à Rome, aux généraux victorieux; c’est le sens dans lequel il est employé ici.

15, Rubarbe.—Rhubarbe; plante dont la racine est stomachique et purgative.

15, Polypode.—Sorte de fougère qui s’emploie contre la toux.

17, Dictame.—Plante aromatique et vulnéraire.

19, Origanum.—Origan; plante aromatique qui ne croît qu’aux hautes altitudes.

19, Dragon.—Petit lézard inoffensif.

20, Fenoil.—Fenouil; plante aromatique et apéritive.

21, Elephans.—Le plus gros des animaux de notre époque; mammifère de l’ordre des pachydermes, remarquable par sa taille, ses défenses et sa trompe; on distingue l’éléphant d’Afrique et celui d’Asie, ce dernier notablement plus grand que le premier. Dans l’Inde, on emploie l’éléphant comme bête de trait et de somme; il y est l’objet d’une grande vénération; on lui prête des vertus et des vices; des mœurs raisonnées, jusqu’à l’observance d’un culte, celui du soleil et de la lune; il vit en société. Anciennement il était fort employé à la guerre par certains peuples (V. N. II, 56: Elephans); plus tard à Rome, dans les divertissements publics; on en cite de capables de tracer des caractères, d’autres se distinguant dans la danse, l’acrobatie.

23, Porus.—Plutarque, De l’Industrie des animaux, 13.

31, Chrysippus.—Sextus Empiricus, Pyrrh. hypot., I, 14.

34, A la queste... poursuite.—Var. des éd. ant.: estant à la suyte de son maistre (lequel il a esgaré pour s’estre endormy et ne l’auoit vu partir du logis) ou à la queste.

36, Ratiocination.—Add. des éd. ant.: et sans discours.

158,

37, Plutarque.—De l’Industrie des animaux, 18.

38, Pere.—Vespasien le père de Titus et de Domitien.

160,

8, Reuenu.—Ranimé. Se revenir, du latin se recolligere, a cessé d’être pronominal, et on dit aujourd’hui: revenir d’un profond sommeil, d’un évanouissement.

12, Languedoc.—C’étaient des roues à chapelet ou à godets, qu’en Espagne on nomme norias, appellation qui est passée dans notre langue; leur usage est très répandu en raison même de la rusticité du système.

16, Court.—Plutarque, De l’Industrie des animaux, 20.—Les paysans vendéens disaient: «Nos bœufs connaissent le dimanche et ne veulent pas travailler ce jour-là.»

20, Democritus.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 14.

22, Tistre.—Vieux mot qui signifie faire quelque ouvrage de fil, de soie ou de cheveux.

24, Aristote.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 18; Pline, Hist. nat., X, 29.

38, Arrius.—Arrien, Hist. Indic., 14.—Arrius est une faute d’impression qui se trouve dans toutes les éditions originales, qui devraient porter Arrianus.

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4, Apprendre.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 12.

7, Maistres.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 12; Pline, VIII, 3.—Le fait est donné comme s’étant produit du temps de l’empereur Domitien; battu pour n’avoir pas bien exécuté sa leçon, un de ces animaux fut vu la répétant de lui-même, la nuit suivante, au clair de lune.

8, Respondant.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 18.

23, Dit.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 12.

32, Barbarie.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 12.—La Barbarie, partie septentrionale de l’Afrique depuis Tripoli jusqu’au Maroc, ainsi nommée au moyen âge des Berbers, ses premiers habitants, qui subsistent encore sous les noms de Kabyles, de Touareg, absolument distincts des Arabes.

34, Iuba.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 10.—Juba avait passé une grande partie de sa jeunesse à Rome, et s’était adonné à l’étude de l’histoire et de la nature; il a écrit, en grec, divers ouvrages aujourd’hui perdus.

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12, Cendre.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 10.—Dans le même genre, on cite encore ce trait d’un éléphant qu’un peintre voulant peindre la trompe élevée, son cornac, pour le maintenir en cette position, feignait de lui jeter du pain. Ennuyé d’être ainsi dupé, l’animal remplit sa trompe d’eau et, ne se trompant pas sur la cause de la mauvaise plaisanterie qu’on lui faisait, en aspergea le peintre et son tableau que celui-ci dut renoncer à terminer.

16, Elephans.—Add. des éd. ant.: qu’on y mesloit.

21, Tyrio.—Annibal est qualifié de tyrien par le poète, comme étant de Carthage fondée elle-même par une colonie phénicienne (870).

39, Aspreté.—C’est ce que plusieurs peuples de l’antiquité avaient déjà pratiqué. Pline, VIII, 40, conte: «En vue de la guerre, les Colophoniens et aussi les Castabalenses organisent des troupes de chiens qu’ils font combattre en première ligne et qui jamais ne cèdent; ce sont là des auxiliaires qui ne le cèdent pas aux mercenaires.»—Strabon dit, de son côté, que les anciens Gaulois se servaient à la guerre de chiens d’Angleterre aussi bien que de ceux de leur pays.—Cet emploi s’est depuis reproduit souvent en Amérique et en Afrique, dans les rencontres d’Européens avec des adversaires d’autre race; il était rendu possible surtout par la quasi-nudité de ceux-ci et la différence d’odeur qu’ils exhalent; et, dans la chasse des nègres fugitifs, du temps où l’esclavage existait, il était d’usage courant. On s’est occupé, en ces dernières années, de leur utilisation dans la guerre moderne: les expériences n’ont pas été satisfaisantes; en tout cas, si jadis il a pu être question de meutes lâchées sur l’ennemi, leur action ne saurait être aujourd’hui qu’individuelle et fort restreinte, par exemple, comme auxiliaire d’une sentinelle pour éventer l’approche ou la présence de quelqu’un.—On semble devoir éprouver moins de déconvenue dans l’essai que l’on tente aujourd’hui de les adjoindre à la police, dans ses rondes de nuit; leur concours paraît devoir être précieux contre ces rôdeurs et assassins dont le nombre et l’audace vont croissant dans des proportions excessives dans les grandes villes et leurs banlieues, et dont on n’aura raison que par le rétablissement des peines corporelles.

166,

3, Passé.—Les éd. ant. port.: Nous viuons, et eux et nous, sous même tact, et humons vn mesme air; il y a, sauf le plus et le moins, entre nous, vne perpetuelle ressemblance, au lieu de: «C’est vne... le passé» (lig. 1 à 3).

20, Murene.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 24.—La murène est un poisson de mer qui ressemble à l’anguille; il était fort estimé des anciens Romains qui en conservaient dans des viviers.

22, Arethuse.—Les eaux de cette source passaient pour conserver toute leur pureté à travers les eaux amères et fangeuses dans lesquelles elles vont se perdre.—L’éd. de 88 aj. ici: et d’autres poissons.

28, Religion.—Pline, VIII, 1.—Démocrite, Xénocrate et plusieurs autres philosophes dans l’antiquité ont accordé une religion aux animaux.

35, Part.—C.-à-d. nous ne pouvons prendre ni en bonne ni en mauvaise part les actions dont les mobiles nous sont absolument inconnus.

38, Vid.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 12.

39, Fourmis.—Fourmi, aujourd’hui féminin, était autrefois masculin.

168,

9, Par là.—Les éd. ant. aj.: (encore qu’à son iugement les bestes soient incapables de raison).

17, Nauale.—Bataille d’Actium (auj. Arta), sur la côte orientale de la mer Ionienne; bataille gagnée par Agrippa, qui, en donnant la supériorité à Octave (devenu depuis l’empereur Auguste) sur Antoine son rival, mit fin de fait à la république romaine (31).

29, Dehors.—Pline, XXXII, 1.—Remora signifie en latin retardement, obstacle.—Le remora est un petit poisson qui s’attache aux vaisseaux, aux rochers, quelquefois à d’autres poissons; mais qu’il puisse retarder la marche même d’une simple barque, et a fortiori l’arrêter, est pure fable.—Les anciens lui attribuaient du reste bien d’autres propriétés: il servait à composer des poisons capables d’amortir et d’éteindre les feux de l’amour, d’arrêter l’action de la justice, de prévenir les accidents chez les femmes enceintes; conservé dans du sel, il avait pouvoir de retirer du fond d’un puits l’or qui pouvait y être tombé. Quant à sa propriété capitale d’arrêter la marche d’un bateau, il la partageait avec cette coquille du genre porcelaine, du nom de conque de Vénus, qui lui aurait été donné en mémoire du fait suivant: Périandre, tyran de Corinthe, ayant envoyé un navire portant l’ordre de mutiler, en vue de les rendre impropres à la reproduction, trois cents enfants nobles de Corcyre, un grand nombre de ces coquillages s’attachèrent à la carène du vaisseau qui ne put avancer malgré toute la fureur du vent.

34, Tirer.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 15.

35, Assis.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 28.

170,

6, Nous.—Toute cette partie de l’apologie de Sebond, dans laquelle Montaigne a exalté les animaux comparés à l’homme, et qui a eu pour objet de rabaisser ce dernier et de lui faire sentir la débilité de sa nature et le ridicule de son orgueil, a été approuvée par Pascal qui a soutenu la même thèse; Bossuet, au contraire, l’a réfutée. Dans son troisième sermon pour la Toussaint, prêché devant le roi, en 1669, après avoir nommé Montaigne, il l’apostrophe ainsi: «Mais dites-moi, subtil philosophe, qui vous riez si finement de l’homme, parce qu’il s’imagine être quelque chose, comptez-vous donc pour rien de connaître Dieu? en connaître le principe, adorer son éternité, admirer sa toute-puissance, louer sa sagesse, s’abandonner à sa Providence, obéir à sa volonté, n’est-ce là rien qui nous distingue des bêtes?» C’est là une belle période oratoire mais qui, au fond, n’est qu’une manifestation de plus de l’immense orgueil de l’homme uniquement étayée sur le magnifique langage propre à Bossuet, qui en outre a le tort de prendre ainsi de la sorte Montaigne à partie comme entaché d’athéisme, rien dans son livre ni dans sa vie ne l’y autorisant.—Cicéron, beaucoup plus rationnel, concilie ainsi, dans les Tusculanes, ces opinions si divergentes: «Toutes les âmes renferment je ne sais quoi de mou, de lâche, de bas, d’énervé, de languissant: s’il n’y avait que cela en lui, rien ne serait plus hideux que l’homme; mais, en même temps, il s’y trouve bien à propos cette maîtresse, cette reine absolue, la raison, qui, par les efforts qu’elle a d’elle-même le pouvoir de faire, se perfectionne et devient la suprême vertu. Or, pour être vraiment homme, il faut lui donner pleine autorité sur cette autre partie de l’âme dont le devoir est d’obéir.» Dans le même ordre d’idées, Cicéron écrit ailleurs: «Quand on a dit à l’homme: Connais-toi toi-même, ce n’était pas seulement pour rabaisser son orgueil, c’était aussi pour lui faire sentir ce qu’il vaut.»

8, Oyseaux.—Sextus Empiricus, Pyrr. hypot., I, 14.

16, Torpille.—Poisson du genre de la raie, qui présente la propriété d’être une source d’électricité, dont la décharge engourdit qui la touche, et se transmet dans l’eau, en raison de la conductibilité de ce liquide, à tout corps à distance suffisamment courte; de là l’appellation donnée à l’engin de guerre de ce nom, destiné à couler les navires ennemis.

38, Nostre.—Les éd. ant. aj.: Car à nos enfans il est certain que bien auant en l’aage, nous n’y découurons rien sauf la forme corporelle, par où nous en puissions faire triage.

172,

6, Beste.—Boerhaave, médecin célèbre du XVIIIe siècle, laissa en mourant un gros registre, dans lequel on comptait trouver de précieux renseignements sur son art; on y lut seulement ce conseil, aphorisme populaire dont l’origine se perd dans la nuit des temps: «Tenez-vous la tête fraîche, le ventre libre, les pieds chauds, et moquez-vous des médecins.»  Payen.

10, Effectuelle.—Add. des éd. ant.: et plus naturelle.

30, Hyrcanus.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 13.

33, Pyrrhus.—id., ibid.

174,

15, Iour.—St Pierre, dit-on, à un moment de son existence, ne mangeait que des olives, et même que des mauves d’après St Grégoire de Nazianze; mais avec, il mangeait du pain.  Payen.

25, Saisissant.—La présence d’étrangers, même en petit nombre, suffit à altérer l’âme d’un peuple. Ce fut l’infiltration pacifique des Barbares, bien plus que leurs invasions guerrières, qui amenèrent la transformation de la civilisation romaine; et c’est là un danger pour les États-Unis qu’envahit l’émigration étrangère, aujourd’hui presque entièrement composée d’éléments inférieurs; de 1880 à 1890, ils ont reçu près de 6.000.000 d’émigrants.—Il en est de même de la France, pays riche dont la population ne s’accroît plus (l’excédent des naissances sur les décès n’a été en 1905 que de un sur mille), entouré de pays pauvres dont la population s’accroît constamment et dont les tendances à l’émigration sont favorisées par les exigences croissantes de nos ouvriers qui les rendent nécessaires pour les besoins de l’agriculture et de l’industrie. Ils n’étaient pas 400.000, il y a cinquante ans; ils dépassent aujourd’hui un million et demi et arrivent en rangs chaque jour plus pressés.—Parmi les moyens préconisés pour ralentir ce mouvement, sont: le service dans la légion étrangère pour ceux âgés de moins de vingt-cinq ans et ayant deux ans de présence; une taxe militaire pour ceux plus âgés; suppression à peu près absolue de la naturalisation; impôt du quart des revenus et des salaires pour tous les individus d’origine étrangère, naturalisés ou non, établis en France depuis moins de cinquante ans (G. Lebon).

26, Sont.—Add. des éd. ant.: à la verité.

176,

2, Tettins.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 17.—Les éléphants semblent prêter volontiers à des histoires de ce genre: Juba en mentionnait un qui aimait une marchande de parfums et lui versait dans le sein les pièces de monnaie qu’il recevait; on en cite un autre qui, passionné pour un jeune syracusain de l’armée de Ptolémée, refusait de manger chaque fois qu’il ne le voyait pas.

4, Glaucia.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 17.

6, Parenté.—Oppien, Poème de la chasse, I, 236.—Varron dit: «Il s’est produit à cet égard un fait incroyable. On voulait faire saillir à un cheval la jument de laquelle il était né; ne pouvant l’y amener, on lui couvrit les yeux; quand, après la monte, on les lui découvrit, il se précipita contre un mur et se tua net» (V. N. I, 634: Desdaigner).

22, Finesse.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 15; Elien, Hist. des anim., VII, 42.—La Fontaine a traité ce sujet à peu près de même façon dans sa fable «L’âne chargé d’éponges et l’âne chargé de sel».

178,

31, Duello.—Il s’agit ici de la guerre de Troie, l’événement le plus célèbre des temps mythologiques.—Cette guerre causée par l’enlèvement par Pâris, prince troyen, d’Hélène femme de Ménélas, roi de Sparte, dura dix ans et se termina par la prise de la ville et la destruction de ce royaume par les Grecs confédérés, sous les ordres d’Agamemnon, roi d’Argos (1200 av.). V. N. III, 512: Pomme.

35, Trouble.—La Fontaine, dans sa fable des Deux coqs, a exprimé la même idée à sa façon:

«Deux coqs vivaient en paix; une poule survint,
Et voilà la guerre allumée!
Amour, tu perdis Troie; et c’est de toi que vint
Cette querelle envenimée
Où du sang des dieux même on vit le Xanthe teint.»

45, Futuam.—Subjonctif de futuere, qui vient du grec φυτεύω (je plante), signifiait accomplir l’acte de génération et uniquement entre hommes et femmes; contrairement à pædicem qui s’entendait du commerce avec les garçons, parfaitement admis avant le christianisme; mentula, membre indicateur du sexe masculin, est souvent employé dans Martial. Le grave Théodore de Bèze, docteur du protestantisme, s’est laissé aller à en faire le sujet d’une petite pièce qui ne manque pas d’agrément (V. N. III, 208: Fouteau).

49, Canant.—Cette épigramme est de l’empereur Auguste; elle nous a été conservée par Martial, qui en la reproduisant dit, avec juste raison, que ses propres vers n’offrent rien de pire. Fontenelle s’est risqué à la traduire, mais, à la différence du poète latin, il a transformé les quelques mots, et particulièrement ceux relatifs à Manius, qui constituent la satire la plus mordante à l’égard de Fulvie:

«Parce qu’Antoine est charmé de Glaphyre,
Fulvie à ses beaux yeux pense m’assujettir.
Antoine est infidèle: eh bien, serait-ce à dire
Que des fautes d’Antoine on me fera pâtir?
Qui? moi! Que je serve Fulvie!
Suffit-il qu’elle en ait envie?
A ce compte, on verrait se retirer vers moi
Mille épouses mal satisfaites.
Aime-moi, me dit-elle, ou combattons? Mais quoi,
Elle est bien laide! Allons, sonnez trompettes.»
180,

1, Donné.—Marguerite de France, femme du roi de Navarre, depuis Henri IV, à laquelle, croit-on, Montaigne adressait cette apologie de Sebond.—Sœur de Charles IX, son mariage, né de la politique, ne fut pas heureux: mari et femme étaient aussi dévergondés l’un que l’autre: leur union se termina par une annulation prononcée par le Pape en 1599. Longtemps Marguerite (Margot comme on l’appelait) s’y refusa, «ne voulant pas, écrivait-elle en 1593 à Duplessis, que cette bagasse (ancienne prostituée,—il s’agissait de Gabrielle d’Estrées) soit mise à sa place sur le trône de France». Elle finit cependant par céder, mais sa rivale n’en bénéficia pas: la demande d’annulation, faite en février, fut prononcée en décembre; dans l’intervalle, en avril, la favorite était morte subitement.

2, Mouuements.—C.-à-d. une armée.

3, Lybico.—Les anciens donnaient le nom de mer de Libye aux deux golfes formés par la mer Méditerranée sur les côtes de la Tripolitaine et de la Tunisie et qui, remplis de bas-fonds, étaient très redoutés des navigateurs.

9, Brouée.—Brouillard épais, brume qui souvent règne l’hiver, dans la matinée.

10, Terre.—Pascal s’est inspiré de cette idée: «L’esprit du plus grand homme du monde n’est pas si indépendant, qu’il ne soit sujet à être troublé par le moindre tintamarre qui se fait autour de lui; il ne faut pas le bruit du canon pour empêcher ses pensées, il ne faut que le bruit d’une girouette ou d’une poulie.»

18, Poëte.—Allusion aux abeilles que chante Virgile, et aux essaims desquels on se rend maître en les enfumant.

21, Armes.—Plutarque, Sertorius, 6.—Ce ne fut pas contre Pompée que Sertorius se donna l’avantage de combattre un adversaire aveuglé par la poussière, mais contre les Caracitaniens, peuple d’Espagne, qui s’étaient réfugiés dans de profondes cavernes creusées dans le roc, dont il parvint à les déloger en plaçant devant l’entrée des tas de terre qu’il avait remarqués se réduisant facilement en poussière qu’un vent contraire, qui persista pendant deux jours, emporta dans le repaire de l’ennemi qui, suffoqué, dut capituler (82).—Dans les guerres d’Algérie, le maréchal Pelissier, alors colonel, eut recours à un procédé analogue, pour avoir raison au Dahra (1845) d’insurgés réfugiés avec leurs familles et leurs biens dans des gorges inaccessibles. Il les y enfuma en mettant le feu à des broussailles amoncelées à l’entrée; cinq cents périrent.

21, Antigonus.—Le fait s’est bien produit dans un combat entre Eumène et Antigone et où le premier eut l’avantage; mais il fut indépendant de sa volonté et profita également à son adversaire qui, grâce à cette même poussière produite par le piétinement des chevaux sur un sol sablonneux et qui obscurcissait la vue, sauva ses bagages des mains de l’ennemi.

21, Crassus.—A la bataille de Carrhes, en Mésopotamie (Asie), où les Romains, commandés par Crassus, furent vaincus par les Parthes et perdirent 30.000 h. (55); la cavalerie adverse souleva des nuages si épais de poussière que les Romains, sur lesquels le vent la faisait refluer, ne pouvaient ni se voir, ni se parler; mais ce fut là un fait qui n’avait pas été prémédité.—Inversement à la grande bataille de Verceil où Marius anéantit les Cimbres (101), par suite des mouvements de ces multitudes, une poussière intense s’éleva protégeant les Romains contre les efforts de leurs adversaires, soutenant leur courage en leur cachant la supériorité numérique considérable des ennemis qui avaient encore ce désavantage d’avoir le soleil en face et d’être incommodés par une chaleur (on était à la fin de juillet) à laquelle ils n’étaient pas habitués.  Plutarque.

33, Dire.—Le roi Emmanuel, qui dirigeait ce siège, y fut blessé d’une flèche; cette circonstance et le peu d’importance de la place le décidèrent à lever le siège (1510).—Les gens de Tamly utilisant les abeilles pour se défendre, eurent recours, certainement à leur propre insu, à un procédé mentionné dans la Bible: «J’enverrai devant toi les frelons, dit Jéhovah à Moïse sur le Sinaï, qui chasseront loin de ta face les Hévéens, les Chananéens et les Héthéens». Exode, XXIII, 28.

34, Sauatier.—Savetier. Savatier, qui vient plus directement de savate, prévalait jadis; c’est ainsi qu’on trouve dans Villon: «Et vous, Blanche la savatière.»

34, Moule.—Cette phrase: «Les âmes des empereurs et des savetiers sont jetées dans le même moule», a servi d’épigraphe en 1792 à un journal de la Révolution, intitulé «Journal des Sans-culottes».—L’idée s’en retrouve dans La Servitude volontaire de La Boétie: «Nature le ministre de Dieu et la gouvernante des hommes, nous a tous faits de même forme, et, comme il semble, à même moule.»

37, Importantes.—«Quelquefois, quand les rois sont en conseil, les peuples croient qu’ils parlent de changer le pôle arctique de l’antarctique; et le plus souvent ils prennent des mouches» (Malherbe), ainsi que faisait Domitien qui, au début de son règne, s’enfermait des heures entières dans son cabinet, se livrant à cette occupation. Suétone.—«Ces grandes et éclatantes actions qui éblouissent les yeux, sont représentées par les politiques comme les effets de grands desseins, au lieu que ce sont d’ordinaire les effets de l’humeur et de la passion; ainsi la guerre d’Auguste et d’Antoine, qu’on rapporte à l’ambition qu’ils avaient de se rendre maîtres du monde, n’était peut-être qu’un effet de jalousie.» La Rochefoucauld. On pourrait inférer de l’épigramme d’Auguste: Quod futuit Glaphyran..., qu’a reproduite Montaigne à la page précédente, que la guerre entre Antoine et lui a été amenée par un caprice de Fulvie auquel il s’est dérobé, mais il y a lieu d’observer que celle-ci est morte en 40, alors que n’avait pas encore éclaté leur rupture définitive dont fournirent l’occasion les amours d’Antoine avec Cléopâtre, reine d’Égypte, qui lui firent délaisser Octavie, sa seconde femme, sœur d’Octave (nom de l’empereur Auguste avant son avènement à l’empire).—Pareillement, cette visite de l’empereur d’Allemagne à Tanger qui, en 1905, fit de la question marocaine une question européenne, visite attribuée à une politique préconçue, est née d’une simple boutade, parce qu’on se trouvait dans le voisinage, et que la mer était quelque peu forte. Si elle n’avait pas eu lieu, trois grandes puissances ne seraient pas revenues sur des accords déjà pris, nous ne nous retrouverions pas avoir les mains liées à tout jamais à l’égard du Maroc et nous n’aurions pas été réduits au ridicule d’accepter d’y exercer en coopération la police sous le contrôle de l’Europe, tâche qui n’offre que des difficultés en perspective, et où notre impuissance n’aura d’égale que la responsabilité que nous assumons.

43, Plus.—«Les grands et les petits ont mesmes accidents, mesmes fascheries et mesmes passions; mais les uns sont en haut de la roue, les autres près du centre et ainsi moins agités par les mesmes mouvements.»  Pascal.

43, Ciron.—Très petit insecte de la famille des parasites, qui s’attache à la peau.

182,

8, Iustice.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 12.—C’est sur un acte de même nature que repose la légende du chien de Montargis: «Sous Charles V, un gentilhomme aurait été assassiné dans la forêt de Bondy; ce gentilhomme avait un chien qui, témoin du meurtre, après l’avoir fait découvrir en s’obstinant à demeurer près du corps, s’acharnant ensuite contre l’assassin chaque fois qu’il l’apercevait, fit soupçonner la vérité. Un combat singulier fut ordonné entre eux, et l’homme, vaincu, avoua son crime.» Mais le même fait, avec des acteurs de même nom, se retrouvant dans une chanson de geste du temps de Charlemagne, on estime aujourd’hui que la scène finale ne s’est pas passée à Montargis, comme on le répète généralement, et que ce n’est que parce qu’elle a été reproduite par hasard, en peinture, dans la salle du château, lors de sa restauration par Charles VIII, que cette croyance s’est formée.

10, Maistre.—Plutarque, ibid.; Pausanias, IX, 31.

27, Siecle.—Plutarque, ibid.; Elien, De Animal., VII, 13.

30, Spectateur.—C’est Aulu-Gelle, V, 14, qui rapporte le fait comme le tenant d’Appion qu’il déclare sujet à caution; mais il est confirmé par Sénèque qui dit: «Nous avons vu dans l’amphithéâtre un lion qui, ayant reconnu un homme auquel il avait appartenu autrefois, le protégea contre les autres bêtes qui allaient fondre sur lui.» Elien, De Animal., VII, 48, en nomme le héros Androclès au lieu d’Androdus.—Cet épisode a été mis en vers français.

184,

13, Embatis.—Je rencontrai, je gagnai. S’embattre, c’était arriver fortuitement en un lieu, et aussi intentionnellement.

16, Mussé.—Caché, blotti; mot d’étymologie grecque.

24, En hors.—Désormais, depuis ce moment, dès lors.

35, L’empereur.—D’après Appion, cet empereur serait Caracalla; mais si Sénèque en a été témoin, ce ne peut être que Néron ou l’un de ses prédécesseurs. V. N. II, 182: Spectateur.

46, Ora.—Pline, VIII, 42, affirme expressément lui aussi que les chevaux pleurent quelquefois la mort de leur maître et assure que le roi Nicomède ayant été tué, son cheval se laissa mourir faute de manger.

186,

7, Escare.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 26.

12, Barbiers.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 26.—Le barbier est un poisson de mer du genre osseux.

17, Balaine.—Énorme cétacé qui atteint 20 à 25 mètres de long et un poids de 100.000 kilos; sa peau a jusqu’à trois centimètres d’épaisseur. Sa pêche, à peu près épuisée dans les mers du Nord, s’effectue actuellement plutôt dans les mers australes; l’espèce tend à disparaître. On utilise surtout, dans la baleine, l’huile, le lard et les fanons, lames cornées, au nombre de 7 à 800, qui garnissent la bouche.

19, Guide.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 32.—Le requin serait, pareillement, constamment accompagné d’un poisson, qu’on appelle «pilote», jouant le même rôle.

28, Gouuernail.—Le caracal, carnassier du genre chat, qui a l’odorat aussi développé que le lion l’a peu, en agirait à peu près de même avec celui-ci. Faible, pas plus gros qu’un renard, il va devant le lion, lui découvre une proie et l’en avertit; le lion met à profit l’avertissement et laisse en rémunération une partie de la victime à son batteur d’estrade.

39, L’offenser.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 32; Pline, VII, 25; Elien, De Animal., III, 11, etc.—Le crocodile (V. N. II, 148: Crocodile), dans l’eau, absorbe des sangsues; à terre, des fourmis pénètrent dans sa gueule béante; les unes et les autres s’y attachent sans que, en raison de la disposition de sa langue, il puisse s’en débarrasser; le pluvier entre dans sa bouche et lui rend service, becquetant ses dents, son palais, ses gencives. Hérodote.—Un autre oiseau, le piquebœuf, rend au buffle les mêmes offices: avide des tiques qui le dévorent, il l’en débarrasse et celui-ci endure patiemment des coups de bec dont il reconnaît l’utilité; de plus, si l’oiseau aperçoit un chasseur, il pousse un cri et s’envole, ce qui est un avertissement pour le buffle. Cosmos.

40, Nacre.—La nacre n’est pas un coquillage, mais une matière blanchâtre et brillante qui forme l’intérieur de beaucoup de coquilles marines univalves et bivalves; la partie est ici prise pour le tout.

40, Pinnothere.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 32; Cicéron, De Nat. deor., II, 48.—Le pinnothère est une espèce de crabe qui vit ordinairement dans les coquilles des testacés bivalves.

188,

4, Tuns.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 29, 31; Aristote, De Animal., VIII, 13; Elien, De Animal., IX, 42.—Le thon est un gros poisson qui va par bande et se trouve principalement sur les côtes de la Méditerranée.

5, Mathematique.—Ailleurs (I, 226 et N. Mathematique), Montaigne compte quatre parties dans les mathématiques; ici, il en distrait la musique qu’on y comprenait.

16, Longueur.—Les oies sauvages, dans leurs migrations, se forment bien géométriquement en triangle, par bandes de quarante à cinquante individus. L’oie qui est en tête fend la première la résistance de l’air: cette fonction est très fatigante et, pour la remplir, toutes se relèvent successivement, celle qui la quitte se mettant à la queue. Lorsqu’elles s’arrêtent, quelques-unes font sentinelle et chacune y passe à son tour.—Les canards sauvages voyagent aussi par troupes, mais moins bien organisées et ne s’élevant pas aussi haut dans les airs.

23, Luy.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 14.

27, Mourir.—Arrien, Hist. Indic., 14.

32, Hoste.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 19.

37, Halcyons.—Plutarque, De l’Ind. des anim., 34; Pline, X, 32; Elien, De Animal., X, 17.—L’alcyon est un oiseau assez semblable à l’hirondelle, qui fréquente la mer et les marécages.

190,

1, Latone.—Neptune, d’un coup de son trident, fit sortir cette île du fond de la mer, pour assurer à Latone, persécutée par Junon, un lieu où elle pût mettre au monde Apollon et Diane. Dans la suite, par reconnaissance, Apollon, dont elle devint le sanctuaire principal, de flottante qu’elle était, la rendit immobile. Myth.

21, Desmeut.—Dérange, disjoint; du latin dimovere qui a ce même sens.

30, Seulement.—Cette description du nid de l’alcyon rappelle une des plus gracieuses pages de saint François de Sales. Chez Montaigne, la description est plutôt technique et scientifique, d’une grande habileté, exacte et pittoresque; chez saint François de Sales, elle est plutôt poétique, d’une grâce et d’une fraîcheur incomparables, et il en tire des inductions mystiques, pleines de justesse, de charme et de profondeur.  Abbé Sagette.

192,

40, Appetit.—La Bruyère est d’un avis opposé; il dit au ch. Des femmes: «L’agrément est arbitraire; la beauté est quelque chose de plus réel et de plus indépendant du goût et de l’opinion.»

41, Color.—Properce, II, 17, 26.—Les populations du N. de l’Europe ont le teint plus pâle que celles du Midi, chez lesquelles il est plus basané, ce qui peut tenir à ce qu’elles vivent davantage au grand air, sous un soleil plus ardent, et à un effet d’atavisme se joignant à cette cause première.

194,

9, Oreille.—William Dalton rapporte qu’il est de coutume chez les Bernias de se percer dans le lobe de l’oreille un large trou que, suivant sa richesse ou sa position, chacun remplit par un ornement d’or, d’argent, de papier doré et de bois; et qu’invariablement, quand cette ouverture n’est pas occupée autrement, hommes, femmes et enfants l’utilisent comme porte-cigarette lorsque, pendant qu’ils fument, ils viennent à être interrompus dans cette occupation, y plaçant alors machinalement le bout non allumé.

10, Soing.—L’usage du bétel, plante de l’Inde, dont les Hindous mâchent les feuilles, produit cet effet.

14, Pline.—Livre IV, 13.

20, Massiue.—Chez les Hollandais, c’est bien autre chose encore; on peut en juger en comparant les tableaux de Rubens, Rembrandt, etc., avec ceux de Raphaël, Léonard de Vinci, etc.

20, Estrillée.—Mince et svelte, ce que Montaigne appelle (I, 460) un corps bien espagnolé.

26, Aualler.—Comprendre, admettre, adopter; se dit encore aujourd’hui dans ce sens en langage trivial: Faire avaler quelque chose à quelqu’un, lui en conter.

26, Boule.—Dans le Timée; voir également Cicéron, De Nat. deor., I, 10.

196,

7, Constitution.—Décrites par Platon et Cicéron: par le premier dans le Timée; par le dernier dans son traité De la Nature des dieux, II, 54 etc.

13, Vitales... c’est.—Les éd. ant. port.: et plus nobles, c’est à ce que disent les médecins.

17, Excusables.—Les éd. ant. aj.: puis que l’homme n’auoit pas de quoy se presenter nud à la veue du monde.

20, Soye.—Les éd. ant. aj.: et autres commoditez empruntées.

25, Libre.—Add. des éd. ant.: connoissance.

31, Refroidie.—Les éd. ant. port.: desgoutée.

32, Cognoissance.—Var. des éd. ant.: iouyssance.

33, Autres.—C’est ce qu’exprime cet adage ancien:

«Après trois jours, l’homme s’ennuie
De femme, d’hôte et de pluie.»
198,

4, Ordre.—C.-à-d.: ce que je dis là ne concerne que le commun des hommes et des femmes, et je ne serai pas sacrilège au point...

5, Sacrilege.—Var. des éd. ant.: Temeraire.

8, Terrestre.—Compliment à l’adresse de la reine Marguerite. V. N. II, 180: Donné.

13, Raison.

«De tous les animaux qui s’élèvent dans l’air,
Qui marchent sur la terre ou nagent dans la mer,
De Paris au Pérou, du Japon jusqu’à Rome
Le plus sot animal, à mon avis, c’est l’homme.» Boileau, Sat., VIII.

17, Faire.—Les Latins disaient: «Se bien porter, est la première des choses»; les Grecs: «Qui n’a santé, n’a rien»; c’est ce que nous disons tous quand nous l’avons perdue.

18,—Stoïque.—Plutarque, Des communes conceptions contre les Stoïciens.

23, Circé.—A fourni à l’Odyssée d’Homère un de ses principaux épisodes: Ulysse ayant abordé dans son île (l’île d’Æa, au S. de l’Italie), elle transforma, par ses breuvages enchantés, tous ses compagnons en pourceaux; seul il échappa, grâce à un antidote que Mercure lui avait donné. Devenue éprise de lui, Circé rendit à ses compagnons leur forme première et les retint près d’elle une année entière.

36, Abandon.—Cette phrase, ainsi qu’en témoigne du reste sa contexture, est une ironie de la part de Montaigne.

38, Vaine fantasie.—L’éd. de 80 port.: biffe et piperie.

41, Insensé.—Les éd. ant. aj.: C’est donc toute nostre perfection d’estre homme.

200,

3, Discours.—C.-à-d. par de bonnes raisons.

5, Societé.—Voir N. II, 170: Nous.

11, Surpayé.—Exalté cette belle raison.

15, Socrates.—Xénophon, Mémoires sur Socrate, I, 4, 12.—L’éd. de 88 port.: la philosophie.

34, Grecs.—Varron et Aristote.—Varron, homme de loi, fut aussi tribun du peuple, exerça un commandement militaire en Espagne; d’une immense érudition, était surnommé par ses contemporains «le plus savant des Romains»; a écrit plus de cinq cents volumes dont il ne nous reste que fort peu.—Aristote, V. N. I, 32: Aristote.

202,

1, Sienne.—Aristote fut l’objet de nombreuses imputations, mais qui sont loin d’avoir été prouvées. On a dit que, dans sa jeunesse, il avait dissipé son patrimoine; qu’à Athènes, il aurait joué le rôle d’espion, lorsqu’en 348 av. J.-C. la guerre éclata entre les Athéniens et Philippe de Macédoine; qu’il aurait comploté contre Alexandre, parce que Callisthène, son parent et disciple, s’était attiré la haine de ce prince; enfin, il fut accusé d’impiété comme ayant rendu un culte à sa femme, en l’érigeant en divinité à l’égal de Cérès.

4, Rigent.—«Au jeu d’amour, le muletier fait rage,» répond La Fontaine.

11, Tient... choses.—Var. des éd. ant.: est encore moins.

13, Plus comme.—L’ex. de Bordeaux ajoute: la beauté.

36, Epicurus.—Ou plutôt l’épicurien Colotès, ainsi qu’on peut voir dans le traité que Plutarque a écrit contre lui.—Un autre philosophe de cette même école a dit: «Si tous les hommes pouvaient voir les choses de la même manière et se ressouvenir à propos du parti le plus utile à prendre, ils n’auraient pas besoin de lois.»

204,

1, Cuider.—La présomption, la prétention, une confiance exagérée en soi.

5, Sereines.—Par la douceur de leur chant, les Sirènes entraînaient les voyageurs pour lesquels elles étaient invisibles à se précipiter dans la mer, où ils se noyaient.—Dans l’Odyssée, XII, 188, Ulysse, prévenu, ne leur échappe qu’en bouchant avec de la cire les oreilles de ses compagnons et se faisant attacher lui-même au mât de son navire. V. aussi Cicéron, De Fin., V, 18.

11, Cecy.—Add. des éd. ant.: pour le moins.

14, Nous.—Var. des éd. ant.: La science ne nous décharge point de douleur, de crainte, de desir et de reume, au lieu de: «Mais... nous».

17, Pituita.—Pituite; humeur blanchâtre et visqueuse que, dans certaines indispositions, on rejette par la bouche.

20, Presumption.—L’éd. de 88 aj.: et la gloire.

20, Epictete.—Manuel, 11.

26, Braues.—C.-à-d.: entendez ce pauvre et malheureux animal faire le brave, se pavaner.

31, Offense.—Cicéron, Tusc., I, 26.

206,

7, Cestuy-cy.—Lucrèce. Un breuvage que lui donna sa femme ou sa maîtresse lui troubla la raison et il finit par se donner la mort. Chron. d’Eusèbe.

9, Sapience.—«Folie et génie sont congénères»; c’est une des applications fréquentes de cet autre proverbe: «Les extrêmes se touchent», et les exemples à l’appui sont nombreux. En tout cas, il faut reconnaître que beaucoup d’hommes de génie et de personnages illustres se sont trouvés affectés d’une demi-aliénation mentale et sujets à un état anormal du système nerveux: Socrate, Malebranche, Newton, Descartes, J.-J. Rousseau, Le Tasse, étaient hallucinés; Lucrèce, Pierre le Grand, Balzac, Michel-Ange étaient maniaques.—Cicéron dit qu’«il ne se trouve pas d’esprit sublime sans quelque mélange de folie, et que la mélancolie est le propre des natures excellentes».—Mme de Stael: «La mélancolie est le sceau du génie.»

10, Choses.—Cicéron, Acad., II, 23.

11, Mortels.—Cicéron, De Fin., II, 13.

12, Dieu.—Plutarque, Des communes conceptions, etc., 30.

14, De soy.—Add. des éd. ant.: et aquis par ses estudes.

17, Surmonte.—Sénèque, Epist. 23, à la fin.

19, Il n’y a.—Les éd. ant. font précéder ces mots de: et toutesfois ie reconnoy qu’il.

27, Poules.—Il usera jusqu’à épuisement de toutes ses ressources.—«Faire de ses œufs poules», c’est s’abuser sur sa richesse, ses ressources; c’est un proverbe qui a le même sens que le proverbe anglais: «Tout homme prend ses oies pour des cygnes.»

28, Chemise.—Proverbe; c.-à-d. le réduire à la pauvreté la plus absolue, presque à la nudité.

32, Mal.—Cicéron, Tusc., II, 25.

34, Secte.—Add. des éd. ant.: ce n’est que vent et paroles.

35, Carneades.—Cicéron, De Fin., V, 31.—Un des familiers d’Épicure, par suite, autre que le fondateur de la nouvelle académie qui est postérieure de 60 ans à ce dernier.

208,

5, Stoïques.—Le fait est donné par Cicéron, Tusc., II, 25, qui, dans un autre passage, dit que ce même philosophe, ayant mal aux reins, criait à tue-tête que tout ce qu’il avait jugé auparavant de la douleur était faux.

6, Rabattre.—Les éd. ant. aj.: quelque chose des pointes de la douleur et de.

8, Pyrrho.—Diogène Laerce, IX, 69.—Pyrrhon, chef de l’école des Sceptiques, posait en principe que rien n’est certain; qu’à chaque proposition on peut opposer une proposition contraire également probable; que, par suite, le sage doit suspendre son jugement et tout soumettre à l’examen (en grec Σκέπτις). On a prêté à Pyrrhon mille folies que dément la réputation de sagesse dont il jouissait auprès de ses contemporains.

17, Naturelle.—Add. des éd. ant.: Certes la cognoissance nous esguise plutost au ressentiment des maux qu’elle ne les allege.

19, Ignorance.—Certains ont voulu voir là une allusion à la castration; le texte s’explique cependant très bien sans semblable hypothèse; de ce que l’enfant ne s’attend pas à une opération quelle qu’elle soit, qu’on va lui faire subir, et que chez un cheval, il ne s’en rend pas compte davantage, n’éprouvant pas d’appréhensions, ils s’en défendent moins.

22, Discours.—Sorte de gens sur lesquels, dans Le Malade imaginaire, Molière a si spirituellement exercé sa verve satirique.

23, Science.—C’est la médecine que Montaigne met ici en cause; ce qu’il indique lui-même plus loin, en ajoutant du reste que ce qu’il en dit s’applique à toutes autres.

27, Indisposition.—Critique à l’adresse de la chiromancie qui, ainsi que l’astrologie, avait encore nombre d’adeptes à cette époque.

210,

2, Philosophes.—Des philosophes sceptiques. V. N. II, 208: Pyrrho.

13, Viure.—Allusion aux avances qui lui étaient faites pour obtenir qu’il rentrât dans la vie publique, dont il s’était déjà retiré.

14, Maladies.—Les éd. ant. aj.: et de foiblesse; et 80 aj. en plus: Les hommes engagés au seruice des Muses m’en sçauroient bien que dire.

24, Homme.—Idée qu’a traduite La Fontaine. V. N. II, 202: Rigent.—Avant Montaigne et lui, Marot avait dit:

«Six ou sept fois, ce n’est point le mestier
D’homme d’honneur; c’est pour le muletier.»
212,

14, Ouurages.—Un oratorien, Thomassin (1619 à 1695), homme d’une érudition profonde, qui avait fait de nombreuses conférences sur les Pères de l’Église, les conciles, l’histoire, oublia sur la fin de sa vie tout ce qu’il avait su et ne se souvenait même plus d’avoir rien écrit.  Payen.

15, Informes.—Il s’agit ici du Tasse, l’auteur de la Jérusalem délivrée, qui, lorsque Montaigne voyageait en Italie, en 1580, était enfermé comme fou dans un couvent de Ferrare où il demeura ainsi pendant sept ans, de 1579 à 1586. Le texte pris à la lettre implique que Montaigne l’a vu dans sa prison et la gravure a reproduit cette visite; néanmoins il ne semble pas qu’elle ait eu lieu et il n’en dit rien dans son journal de voyage. Le mot «voir» serait, dans ce cas, mis pour avoir appris, savoir, sens dans lequel il est assez fréquemment employé, en parlant d’un fait accompli.

18, Assagir.—St Paul, Épître aux Romains, a dit de même en renversant la proposition: «Ils allaient disant vouloir devenir des sages, ils sont devenus des sots.»—Assagir, rendre sage, n’est pas demeuré dans la langue française, qui a retenu abestir, rendre bête, stupide; dans La Boétie, on trouve de même formation assotir, pour rendre sot.

19, Guider.—«Prenez de l’eau bénite, faites dire des messes, cela vous fera croire et vous abêtira; étrange moyen de nous rapprocher de Dieu, que d’étouffer la raison qui est un don de lui et nous fait à son image.» Pascal.Tertullien n’a-t-il pas dit: «Credo quia absurdum (j’y crois par cela même que c’est une absurdité)»;—et Bossuet: «Nous ne sommes capables d’entendre Dieu, que par une entière cessation de notre intelligence»;—Joubert: «Ferme les yeux et tu verras»;—Huet: «Pour arriver à croire, il est utile de ne pas croire»;—Diderot: «Le premier pas vers la philosophie, c’est l’incrédulité»;—la reine Christine: «En matière de foi, il faut se crever les yeux pour voir clair»;—enfin l’Évangile: «Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux.»

24, Fuir.—Les éd. ant. port.: à desirer qu’à craindre, au lieu de: «à coup qu’à fuir».

32, Valentem.—Ces vers sont tirés de la satire de La Boétie, dont il a été question liv. I, ch. XXVII, I, 306.

34, Volupté.—La secte d’Épicure.—Les éd. ant. aj.: et l’a montée à son plus haut pris.

36, Auoir de bien.—Var. des éd. ant.: heureux bien estre.

38, Mali.—Citation que Montaigne fait précéder de sa traduction.

214,

7, Plombée.—Dans un tel état d’apathie.

13, Sentir.—Cicéron, Tusc., III, 7.

216,

1, Soufferts.—Cicéron, Tusc., III, 45.

2, Oubly.—C’est pourtant là le moyen le plus efficace, peut-être le seul de retrouver le calme et de n’être pas trop malheureux. Ressasser constamment, au contraire, en son esprit, les griefs vrais ou imaginaires que l’on peut avoir contre les hommes ou contre les choses, rend l’existence insupportable. «Ce qui est passé, est mort,» dit un proverbe arabe; et, quand on s’y applique, il n’est pas si malaisé que le dit Montaigne. La nature nous y aide, en atténuant avec le temps nos souvenirs; mais il faut pour cela écarter résolument et aussi souvent qu’ils se présentent à nous, les sujets dont nous voulons nous dégager; et, si nous y joignons une occupation suivie qui empêche que nous ne demeurions sans cesse en tête-à-tête avec nos pensées, sur ce point comme sur bien d’autres, la volonté finit par avoir raison de toute obsession, quelle qu’elle soit.

13, Perdre.—«On s’en souvient, en songeant qu’il faut qu’on l’oublie.» Moncrif.

17, Ausus.—D’Épicure.

31, Acceptassent.—Il est douteux que semblable marché soit accepté de quiconque a encore du sang dans les veines. Cette vie agréable et tranquille que les Italiens qualifient de vita del beato porco (vie béate du porc) ne saurait convenir à qui a du cœur et se sent capable de faire mieux, état d’âme que Racine a mieux su rendre que Montaigne, quand il fait dire à Achille:

«Je puis choisir, dit-on, ou beaucoup d’ans sans gloire,
Ou peu de jours suivis d’une longue mémoire;
Mais, puisqu’il faut enfin que j’arrive au tombeau,
Voudrais-je, de la terre inutile fardeau...
Et toujours de la gloire évitant le sentier,
Ne laisser aucun nom et mourir tout entier?»
218,

7, Desplaisir.—Cette histoire et celle de Lycas qui précède sont tirées d’Athénée, XIII.

9, Βίος.—Montaigne a traduit ce vers avant de le citer.

10, Ecclesiaste.—Ch. 1, versets 17 et 18.

18, Resiste.—Le commencement de cette citation est un passage altéré de Sénèque; le reste est de Cicéron.

20. Cette réflexion sur la transformation du B en V ne doit s’appliquer ici qu’à bibat; introduite dans abeat, elle n’aurait aucun sens; le proverbe latin: «Aut bibat, aut abeat (qu’il boive ou qu’il s’en aille)» qui signifie: «Il faut s’accoutumer à l’humeur de ceux avec qui on vit ou s’en séparer», devient alors avec la prononciation gasconne: «Aut vivat aut abeat (qu’il vive ou qu’il meure).»—C’est cette même transformation de lettres familière aux Gascons qui a fait dire d’eux: «Beata gens, cui bibere idem est ac vivere (Heureuses gens pour qui boire et vivre ne font qu’un)»; ou encore: «Felices quibus bibere, vivere est (Heureux ceux pour lesquels boire, c’est vivre).»

32, Pendre.—Plutarque, Contredits des philosophes stoïques, 14.

34, Approcher.—Id., ibid.

36, Hart.—Diogène Laerce, VI, 86.

37, Plutarque.—Comment on pourra apercevoir si on s’amende, etc., 5.—Sextus le pythagoricien est cité fréquemment par Sénèque dans ses différents ouvrages, en particulier dans ses lettres 59, 64, etc.

220,

12, Valentian.—L’empereur Valens.

14, Mahumet.—Mahomet, fondateur de l’Islamisme qu’il commença à prêcher à la Mecque vers quarante ans; l’opposition qu’il rencontra au début l’obligea à s’enfuir à Yatreb (622) où il fut accueilli avec transports et dont le nom, dans la suite, a été changé en celui de Médine (ville du prophète), en souvenir de cette fuite ou hégire, d’où date l’ère des Musulmans (Musulman et Islamisme ont même étymologie et viennent de l’arabe سلم selam qui signifie abandon complet en Dieu de sa personne et de ses biens, résignation). A partir de ce moment, Mahomet poursuivit avec succès son œuvre les armes à la main; et, à sa mort, survenue en 632 à Médine où est sa tombe, dans la majeure partie de l’Arabie, y compris la Mecque, la religion nouvelle avait remplacé le culte des idoles. Ses successeurs ou khalifes (lieutenants), continuant ses conquêtes et son prosélytisme, ont été en progrès constant jusqu’au XIVe siècle; leurs croyances dominent encore aujourd’hui sur une grande partie du globe: l’Asie occidentale, l’Afrique septentrionale, la Turquie. Les dogmes et les préceptes de la religion de Mahomet sont consignés dans le Coran (le livre, livre par excellence), qui embrasse à la fois la religion, la législation pénale et civile, ainsi que l’administration. Ses principaux dogmes sont: l’unité de Dieu, l’immortalité de l’âme, un paradis avec des jouissances toutes sensuelles; le fatalisme, n’excluant pas pourtant la responsabilité de nos actes; les préceptes sont: la circoncision, la prière, l’aumône, les ablutions, le jeûne, l’abstinence du vin et de toutes les liqueurs fermentées; la polygamie est autorisée, le Coran autorise quatre femmes légitimes.—Mahomet n’a nullement interdit ni les sciences, ni les lettres à ses adeptes; mais dans le principe, ses lieutenants se conduisirent à la vérité comme si elles étaient proscrites. Un revirement se fit plus tard et pendant un temps les arts et les sciences ont compté des savants émérites parmi ses sectateurs, mais il faut convenir qu’actuellement il ne semble plus guère en être question dans le monde musulman.

16, Lycurgus.—Sa législation, qui fit de Sparte une république militaire plus qu’une monarchie, et à laquelle elle dut la prépondérance sur toute la Grèce, tant qu’elle l’observa fidèlement, avait principalement pour but d’établir l’égalité entre tous les citoyens et de former un état guerrier sans esprit de conquêtes. Ses dispositions essentielles étaient: le partage des terres en portions égales, avec interdiction d’accroître, de diminuer et d’aliéner tout ou partie du lot échu à chaque famille; la substitution d’une monnaie de fer à la monnaie d’or et d’argent; les repas pris en commun; une éducation austère, toute martiale, et exclusivement dirigée en vue de développer la moralité, la force et l’adresse, donnée en public; les arts, les sciences, et tous les métiers en général abandonnés aux esclaves; comme gouvernement: deux rois, ayant l’initiative des lois, présidant à tous les actes de la vie publique, commandant les armées, mais dont l’autorité était limitée par les Ephores; un sénat de 28 membres décidant de la paix ou de la guerre et des alliances; l’assemblée du peuple élisant les magistrats, votant les contributions, ratifiant les lois.—D’après la tradition, Lycurgue, après avoir fait jurer aux Spartiates l’observation de ses lois jusqu’à ce qu’il revînt, se serait expatrié sans esprit de retour.

37, Vices.—Ce passage est une reproduction d’une idée de Varron, qu’on trouve consignée dans Nonius Marcellus.

222,

11, Droicturiere.—C’est là, bien qu’il ne les nomme pas, une sortie de Montaigne contre Luther et Calvin.

13, Δεισιδαιμονία.—Desdémone (superstition); c’est le nom de l’héroïne de la tragédie d’Othello, de Shakespeare.

14, Πείτεται.—Mot attribué à Socrate et que Montaigne a traduit avant de le citer.

15, Empesches.—Pascal s’est inspiré de cette pensée: «Il y a, dit-il, assez de lumière pour ceux qui ne désirent que voir, et assez d’obscurité pour ceux qui sont en disposition contraire; assez de clarté pour éclairer les uns et assez d’obscurité pour les porter à s’humilier; assez d’obscurité pour aveugler les autres et assez de clarté pour les condamner et les rendre inexcusables,... c’est pourquoi il est juste et utile que Dieu nous soit en partie caché et en partie découvert.»—«La vanité et l’orgueil coûtent plus que la faim et la soif.»  Jefferson.

16, Sage.—Platon, Apologie de Socrate.—Chérophon, disciple et ami de Socrate, étant à Delphes, demanda à l’oracle s’il y avait sur la terre un homme plus sage que Socrate; la prêtresse lui répondit qu’il n’y en avait aucun; ce que Socrate interpréta, en disant que la réponse de l’oracle n’avait d’autre but que de le donner pour exemple, parce qu’il reconnaissait qu’il n’y avait véritablement aucune sagesse en lui. V. N. III, 576: L’vn.

24, Sagesse.—«La vanité est l’amour-propre qui se montre; la modestie, l’amour-propre qui se cache.»  Fontenelle.

26, Cendre.—«Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière», c’est la formule, tirée de la Genèse, III, 19, de l’Église à la cérémonie du mercredi des cendres.

«Dieu connaît le néant d’où naissent les humains,
Puisque ses propres mains
Les ont jadis créés de poussière et de boue;
Il connaît leur faiblesse, et sait de quel mépris
La fortune se joue
De tous les grands desseins que forment leurs esprits.» Racan.

27, Ombre.—Cette phrase se trouve dans les Psaumes de David.—On lit encore dans l’Ecclésiaste: «Dieu a fait l’homme semblable à l’ombre après le coucher du soleil»; et aussi: «Pendant les jours de sa vie fugitive, l’homme passe comme l’ombre.»—Dans l’oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre, Bossuet dit: «L’homme que Dieu a fait à son image, n’est-il qu’une ombre?»

38, Scire.—«Dieu t’a fait pour l’aimer, et non pour le comprendre.»  L. Racine.

224,

4, Ayme.—Ne trouve-t-on pas dans l’Écriture elle-même que Dieu se repent: «Jéhovah se repentit du mal qu’il avait parlé de faire à son peuple», Exode, XXXIII, 14; qu’il se moque, qu’il se rit, etc.

8, Cognoistre.

 «Qu’est-ce que Dieu?
Loin de rien décider de cet être suprême,
Gardons, en l’adorant, un silence profond;
Le mystère est immense et l’esprit s’y confond.
Pour dire ce qu’il est, il faut être lui-même.» L. Racine.

10, Prudence.—Le passage qui suit est une traduction intégrale de Cicéron, De Nat. deor., III, 15.

20, Aristote.—Morale à Nicomaque, VII, 1.

226,

6, Croyans.—S. Paul, Ep. aux Corinthiens, I, 1, 19.

11, Recognoistre.—Add. des éd. ant.: sa vilité et.

17, Cornes.—L’idée est reproduite de Plutarque, Contredits des philosophes stoïques, 10; mais l’expression appartient à Montaigne.

22, Appris.—Cicéron, De Nat. deor., I, 17.

29, Descouure.—Diogène Laerce, I, 122.

29, Onques.—Socrate (V. N. II, 222: Sage).—Les éd. ant. aj.: (Et qui à l’auenture n’eust nulle plus viste occasion, d’estre appelé sage, que cette sienne sentence).

31, Rien.—«Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien,» disait aussi de lui-même Pline l’Ancien.

39, Lettres.—Valère Maxime, II, 2, 3, ne dit rien de semblable; Montaigne a été ici induit en erreur par une incorrection qui subsiste dans quelques éditions de cet auteur.

228,

21, Admirables.—Les éd. ant. aj.: en reglement et en droicture.

28, Queste.—C’est précisément par là que Sextus Empiricus, d’où Montaigne a tiré bien des choses, commence son livre des Hypotyposes (expositions, hypothèses) pyrrhoniennes, et en déduit d’une façon générale la caractéristique des différentes manières de philosopher: l’une dogmatique, c’est celle qui assure avoir trouvé la vérité; une autre académique, appliquée par ceux qui déclarent qu’elle est au-dessus de notre compréhension; la troisième sceptique, qui est le propre de ceux qui la cherchent encore.

30, Stoiciens.—Péripatéticiens, V. N. I, 32: Aristote, et I, 82: Peripateticiens;—Epicuriens, V. N. I, 30: L’aduenir;—Stoiciens, V. N. I, 18: Stoiques.

33, Academiciens.—École philosophique fondée à Athènes, par Platon, vers 388; elle tirait son nom d’un jardin, devenu promenade publique, ayant appartenu primitivement à un certain Academus et dans lequel Platon donnait ses leçons.—On compte trois Académies: la première, ou Académie ancienne, avait pour base les enseignements de Socrate, transmis et érigés en système par Platon: elle admettait l’existence d’un Dieu, d’une Providence, l’immortalité de l’âme; au point de vue moral, elle considérait la raison humaine comme impuissante à nous donner la solution précise de toutes les questions en présence desquelles l’homme se trouve, et indiquait dans l’ordre moral la pratique du bien, comme le plus sûr moyen d’arriver au bonheur; dans les arts, le beau, comme l’idéal du but à poursuivre; Aristote, qui plus tard fonda l’école des Péripatéticiens, Speusippe, Xénocrate, Crantor en firent partie. La deuxième, ou Académie moyenne, fondée vers 244, par Arcésilas, posait en principe qu’en rien on ne peut arriver à la certitude. La troisième, ou Académie nouvelle, fondée par Carnéade, vers 160, sans tomber dans un scepticisme absolu, enseignait que l’on ne peut atteindre qu’au probable.—Ces principes se modifièrent encore par la suite, avec Philon notamment qui, vers l’an 88, revint à la doctrine de Platon et s’efforça de la concilier avec le stoïcisme.

37, Epechistes.—Qui hésitent, qui s’abstiennent de juger; qualification donnée aux sceptiques et que Montaigne explique un peu plus loin.—V. N. II, 208: Pyrrho, et Lexique au mot Sceptiques.

38, Homere.—Auteur de l’Iliade et de l’Odyssée, considérées toutes deux comme les chefs-d’œuvre de l’épopée. On ne sait que peu de chose de lui; la tradition le représente vieux et aveugle, errant de ville en ville et récitant ses vers; certains ont contesté son existence et émis l’idée que ces deux poèmes résument les œuvres éparses d’une époque fabuleuse de la Grèce.—Dans l’Iliade, Homère chante les effets de la colère d’Achille, les malheurs des Grecs au siège de Troie pendant la retraite de ce héros et la vengeance terrible qu’il tire du meurtre de Patrocle son ami. On y admire la grandeur des conceptions, la beauté et la simplicité du plan, la hardiesse de l’imagination, la richesse et la sublimité des images.—Dans l’Odyssée, il raconte les aventures d’Ulysse errant de contrée en contrée après la prise de Troie, et le retour de ce prince dans son royaume d’Ithaque. Le plan en est régulier, l’imagination moins éclatante, mais un vif intérêt et une séduisante naïveté vous captivent.—Ces deux poèmes, en dehors de leur beauté intrinsèque, avaient pour les anciens le mérite de renfermer les traditions théologiques, les noms et l’origine des peuples, la description et la situation des pays, et, à ce titre, jouissaient chez eux, sous ces divers rapports, d’une grande autorité.

38, Sages.—Thalès, Solon, Bias, Chilon, Cléobule, Pittacus, Périandre; quelques-uns substituent à ce dernier Myson, d’autres Anacharsis, bien que celui-ci fût scythe; ils s’occupaient surtout de morale et de politique.

39, Archilochus.—Aussi méchant que licencieux dans ses poésies; il fut banni par plusieurs villes qui mirent ses écrits en interdit, et il finit par être assassiné; il était cependant tellement estimé pour ses talents poétiques, qu’on le regardait presque comme l’égal d’Homère; il ne reste de lui que quelques fragments de poésie.

39, Euripide.—Son style, modèle d’élégance, brille surtout par le pathétique; il fait exprimer à ses héros des maximes philosophiques d’une grande hardiesse. Il avait composé, dit-on, 84 tragédies; il ne nous en est parvenu que dix-neuf; les plus estimées sont Hécube, les Troyennes, Médée, Iphigénie en Tauride.

230,

21, Science.—Cicéron, Acad., II, 47.

232,

27, Infrasquer.—Du latin infrascare qui signifie couvrir de feuillages, d’où par métaphore, embrouiller, embarrasser.

31, Choisissiez.—Cicéron, Acad., II, 43.

234,

1, Panætius.—Montaigne continue de traduire Cicéron, Acad., II, 33.

8, Præoccupé.—Prévenu, rempli de préjugés.

17, Sustineatur.—Cicéron, Acad., I, 2.—Le texte porte assensio, au lieu de assertio, qui semble une erreur de copie.

236,

2, Naturelles.—Sextus Empiricus, Pyrrh. hypot., I, 6.

7, Pyrrho.—Les éd. ant. port.: ce que Laertius dict de la vie de Pyrrho et à quoy Lucianus, Aulus Gellius et autres semblent incliner, car ils, au lieu de: «ce qu’on... Ils».—Du temps de Julien, la plupart des écrits de Pyrrhon avaient déjà péri, et cet empereur s’en félicitait.  Lebeau.

11, Souche.—Montaigne, qui se déclare ici ouvertement et avec raison contre cette aveugle insensibilité qu’on a attribuée à Pyrrhon, semble la reconnaître ailleurs (liv. II, ch. XXIX, II, 592), quoiqu’elle lui paraisse, dit-il, quasi incroyable.

17, Secte.—Ici encore l’auteur copie Cicéron, Acad., II, 31.

37, Deuement.—La complaisance avec laquelle Montaigne s’étend ici sur le Pyrrhonisme et conclut en sa faveur, montre bien qu’il est de cette école. Tous les principes qu’il expose comme étant ceux de ces philosophes sont les siens; cela ne fait pas doute pour qui est au fait de sa vie et auxquels les Essais sont quelque peu familiers; ce sont eux qui lui ont inspiré sa devise «Que sais-je?» que l’on retrouve un peu plus loin; il leur a même emprunté la leur «Ἐπέχω (je m’abstiens)». V. N. II, 276: Que sçay-ie?

238,

14, L’Ecclesiaste.—III, 22, et V, 17.

20, Troisiesme.—Les deux premières comprennent les Académiciens et les Sceptiques; la troisième, que Montaigne désigne sous le nom collectif de Dogmatistes, comprend les Péripatéticiens, les Stoïciens, les Épicuriens.

29, Sectateurs.—Des sectateurs de Platon, de qui est le Timée dont il vient d’être question, et non des Dogmatistes dont l’auteur semble, au début de l’alinéa, vouloir nous entretenir en détail; du reste le philosophe qu’il met en cause est Cicéron, qui était de l’école des Académiciens.

240,

6, Et si.—C.-à-d. Aristote est le prince des dogmatistes, et cependant nous apprenons de lui.

7, Doubter.—Cette pensée n’est pas d’Aristote; on l’attribue à Æneas Sylvius, qui a été pape en 1458, sous le nom de Pie II.

8, Escient.—Les éd. ant. aj.: (comme pour exemple sur le propos de l’immortalité de l’âme).

19, Difficulté.—L’obscurité,—pour en voiler leurs opinions (add. de l’éd. de 1588).

23, Estoit.—Cicéron, Acad., II, 45.

24, Facilité.—C.-à-d. c’est pourquoi Épicure a évité dans ses écrits d’être clair et facile à entendre.

25, Σκοτεινὸς.—Le ténébreux.  Cicéron, De Fin., II, 5.

31, Cicero.—De Offic., I, 6.

35, Cyrenaiques.—Diogène Laerce, II, 92.—Secte de philosophes grecs qui avaient pour chef Aristippe de Cyrène (Afrique sept.), qui, après la mort de Socrate, dont il était un des disciples, fonda cette école, qui ne tarda pas à se fondre avec les Épicuriens. Dénaturant la morale de son maître, il plaçait le souverain bien dans les plaisirs des sens modérés par la raison.

37, Disciplines.—Diogène Laerce, VIII, 32.

39, Exercice.—Chrysippe, dans Plutarque, Contredits des philosophes stoïques, 25, dit le contraire de ce que Montaigne lui fait dire ici.

242,

9, Profuerunt.—Ici, comme en maintes autres, le texte de la citation est altéré.

10, Sçauoir.—Add. des éd. ant.: et par la philosophie.

13, Dubitateur.—Add. des éd. ant.: et ne rien établissant.

22, Asseuerante.—Chancelante et n’assurant rien.

22, L’est.—Pic de la Mirandole, un des disciples les plus fervents de Platon, à dix-huit siècles d’intervalle, après beaucoup d’efforts pour déterminer le but de chacun des dialogues de ce philosophe, fut obligé de convenir qu’il n’y en avait pas. Dans le traité des Lois, il est parlé de la nature de l’âme, de sa génération, de son immortalité; il est encore question de cette immortalité dans Phédon, le Phèdre et le Timée; il est parlé de géométrie dans le dialogue de Menon, qui est un discours sur la vertu, sur laquelle on trouve une digression dans celui d’Alcibiade, etc. etc. Payen.—On s’étonne quelque peu de voir cet admirateur sans égal de Montaigne relever chez un autre ce désordre littéraire, quand c’est là une des caractéristiques essentielles de son auteur de prédilection.

22, Disoit.—Dans le Théétète de Platon.

30, Engin.—Esprit; du latin ingenium.

31, D’autrui.—Socrate résumait son rôle, en se disant «Accoucheur d’esprits», avouant et rappelant ainsi la profession de sa mère qui, elle-même, était sage-femme. V. N. III, 576: L’vn.

38, Prez.—Les éd. ant. port.: Chez qui se peut voir cela plus clairement, que chez nostre Plutarque? combien diuersement discourt il de mesme chose? combien de fois nous presente il deux ou trois causes contraires de mesme subiect, et diuerses raisons, sans choisir celle que nous suons à suiure, au lieu de: «Cela... prez» (lig. 36 à 38).

244,

5, Fantasies.—Socrate entendant Platon lire son dialogue de Lysis, ou de l’Amitié, se serait écrié: «Dieux! que de choses ce jeune homme me prête!» Et, en effet, Platon a mis sous le nom de son maître beaucoup de choses que celui-ci n’a jamais dites.  Diogène Laerce.

26, Verité.—Add. de 88: Car au bout de ses discours, il venoit à s’escrier...

29, Elle est.—Cicéron, Acad., II, 5; Sextus Empiricus, Adv. mathem.

35, Bride.—Retenue; modération, comme port. les éd. ant.

36, Figues.—Le texte grec de Plutarque, Propos de table, I, 10, porte concombre au lieu de figue (ce qui du reste importe peu à la moralité de l’histoire); Montaigne a suivi ici la version française d’Amyot ou le latin de Xylander.  Coste.

246,

3, Despita.—Add. des éd. ant.: et se mit en cholere.

26, Profession.—Ainsi s’exprime Cicéron, Acad., II, 41.

31, Soudainement.—Plutarque. Qu’on ne saurait vivre joyeusement selon la doctrine d’Epicure, 8.—L’éd. de 88 aj.: comme fut Phaeton.

248,

1, Nombres.—Les Atomes, les Idées, les Nombres, sont des hypothèses diverses imaginées par ces philosophes pour expliquer, chacun à sa façon, leurs théories sur le système du monde; c’est du reste ce qu’indique la citation latine qui suit.

2, Sages.—Les éd. ant. port.: cleruoyans.

8, Contraires.—C’est l’idée du proverbe italien: «Se non e vero, e bene trovato (si ce n’est vrai, c’est bien trouvé).»

15, Religions.—Les éd. ant. aj.: car il n’est pas deffendu de faire nostre profit de la mensonge mesme, s’il est besoing.

20, A certes.—C.-à-d. comme certain.

26, Loix.—Les Lois, de Platon, traité sur les institutions à donner à un peuple.

31, Republique.—Liv. V. La République de Platon, traité sur la meilleure forme de gouvernement.

32, Piper.—D’où cette coutume, assez généralement existante dans les religions anciennes, de s’entourer de mystères et d’en tenir les profanes à l’écart. En Gaule, notamment, les Druides agissaient ainsi: ils cachaient avec soin au peuple les doctrines qu’ils s’étaient faites sur la terre et les cieux, ne les enseignaient qu’à leurs disciples sans les écrire, et il fallait à ceux-ci jusqu’à vingt années d’études pour acquérir toute cette science.

38, Academique.—V. N. II, 228: Academiciens.

40, Belutez.—Etudiés, scrutés; bluter, c’est passer au blutoir (tamis pour séparer la farine du son).

250,

28, Sortables.—Montaigne (liv. I, ch. XXXI, I, 378) blâme l’usage «de chercher à affermir et appuyer nostre religion par la prospérité de nos entreprises; nostre créance, ajoute-t-il, a assez d’autres fondemens, sans l’authoriser par les euenemens».

36, Et.—Add. des éd. ant.: voylà pourquoi.

39, Excusable.—Saint Paul, ayant reçu mission du Saint-Esprit de prêcher les Gentils, était à Athènes (51). Conférant avec quelques philosophes épicuriens et stoïciens sur les idées qu’il venait propager, ceux-ci le menèrent à l’Aréopage pour qu’il y exposât sa doctrine, et là il s’exprima de la sorte: «Athéniens, lorsqu’en passant je regardais les objets de votre culte, j’ai aperçu un autel avec cette inscription: Au dieu inconnu; ce Dieu que vous adorez sans le connaître, c’est lui que je viens vous annoncer.» Actes des apôtres, XVII, 23.

40, Pres.—Approcha la vérité de plus près, en traça une image plus fidèle.—Adombra, mot latin francisé par Montaigne, de adumbrare, imiter, représenter.

252,

5, Numa.—D’origine sabine, Numa vivait dans la solitude et avait quarante ans, quand les Romains l’appelèrent au trône. Pas une guerre ne troubla son règne, tout entier voué à la législation et aux institutions religieuses. Il fonda des temples, donna des lois écrites, régularisa l’année qui jusque-là n’avait que dix mois et à laquelle il en donna douze, et répartit le peuple en corps de métiers. Pour faire adopter ses institutions, il feignait des révélations d’Egérie, nymphe révérée des Romains comme déesse des fontaines. Certains critiques modernes pensent que Numa n’a pas existé et qu’il n’est que la personnification de la législation religieuse et civile des Romains.

20, Effect.—La religion de Confucius observée en Chine est la religion des lettrés, ses pratiques extérieures ne sont que des formalités traditionnelles qui au fond lui sont étrangères; de fait, elle reconnaît un Dieu suprême, n’a ni dogmes, ni culte, ni prêtres, consiste uniquement en principes de morale qui ne le cèdent en rien à ceux de la religion chrétienne, et est peut-être celle qui se rapproche le plus de la religion idéale philosophique. Mais Montaigne est dans le vrai quand il estime qu’il faut aux peuples une religion qui les saisisse; et l’Église catholique avec son unité, le principe de l’amour du prochain qui en est la base essentielle, les espérances si consolantes, si bien conçues, pour aider l’homme à lutter contre ses mauvais instincts, à le soutenir contre les adversités auxquelles chacun est ou se croit plus ou moins en butte ici-bas, la confession qui lui rend la paix de la conscience quand il l’a perdue, ses cérémonies répétées, si bien ordonnées, tout à la fois simples et grandioses, si propres à saisir l’imagination et en même temps accessibles à tous, est incontestablement sous ce rapport la plus parfaite de toutes, lorsque ses ministres s’abstiennent de l’intolérance si peu dans l’esprit du Christ, si compatissant au contraire pour toutes les faiblesses humaines, à laquelle certains ont quelque propension et qui, à d’autres époques, en ont terni l’histoire.

D’une façon générale la religion qui répond à un des besoins essentiels de l’humanité (car à qui a la foi, elle donne un but à la vie), est un soutien et une consolation dans ses épreuves, en est aussi l’agent moralisateur par excellence, et personne jusqu’ici n’a rien trouvé en approchant qui comme efficacité soit de nature à lui être substitué. «S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer», a-t-on dit de Dieu; on peut en dire autant de la religion, et bien aveugles sont ceux qui le nient, bien criminels ceux qui la combattent. Si son action est bienfaisante, et en conscience le contraire n’est pas soutenable, qu’importe ce que sont ses dogmes et ses mystères! ses ennemis au nom de la raison les taxent de superstition, de mystifications, peut-être, mais qu’opposer à ce fait qu’il y a parmi les croyants autant d’intelligences supérieures que parmi ceux qui ne le sont pas?

De nos jours ces derniers, l’emportant dans les conseils du Gouvernement, dans l’espoir de la saper, après en avoir chassé les Congrégations religieuses enseignantes et hospitalières dont, à juste titre, ils redoutaient l’influence pour le triomphe de leurs idées, sont, dans leur aveuglement, arrivés à faire prononcer en France la séparation de l’Église et de l’État. Envisagée à ce seul point de vue, c’est là une lourde faute politique: l’État y perd la main-mise sur le clergé, qu’il avait du fait du Concordat; après quelques années d’épreuve, l’Église, devenue indépendante, sera plus forte que jamais, et aura acquis de pouvoir jouer un rôle politique considérable alors qu’auparavant elle n’en avait aucun. Quel sera ce rôle? Il est douteux qu’elle entre dans le jeu de ceux qui ne rêvent que sa ruine; conservatrice par essence, elle apportera aux conservateurs un point d’appui qui leur fait actuellement défaut, et son action pourra devenir prépondérante si elle a la sagesse de ne s’inféoder plus particulièrement à aucun des partis (monarchiques ou républicains) de cette nuance. Il lui suffira, pour cela, qu’après avoir, par les moyens dont elle dispose, fait de la propagande et stimulé le zèle électoral de tous ses fidèles, restant neutre entre tous les partis conservateurs jusqu’après le premier tour de scrutin, de propos délibéré elle agisse au second tour, avec toute son énergie, exclusivement en faveur de celui d’entre eux, quel qu’il soit, qui, au premier, aura obtenu la majorité, lui ralliant tous ceux sur lesquels son influence a action.

20, Celles.—Des divinités.—Dans les éd. ant. cette phrase suit immédiatement celle où il est parlé de la divinité inconnue à Athènes, ce qui explique l’interruption d’idée que le texte présente.

21, Requis.—Add. des éd. ant.: pour la conception du peuple.

23, Soleil.—De toutes les idolâtries, celle du soleil passe pour la plus ancienne, et, comme le dit Montaigne, c’est la plus naturelle. Encore au VIIe siècle, les Perses adoraient le Soleil; son culte, d’où découle celui du feu observé par les sectateurs de Zoroastre, subsiste encore en certains lieux de l’Asie centrale; dans le nouveau monde les Péruviens, les Natchez le pratiquaient; par contre les Hottentots adoraient la Lune.

42, Thales.—Cette analyse de la théologie païenne est extraite surtout de Cicéron, De Nat. deor., I, 10, 11, 12, etc.

256,

1, Iupiter.—Ou Zeus; le dieu suprême, père et maître des dieux et des hommes chez les Romains, comme chez les Grecs. Il était fils de Saturne et vainquit les Titans qui avaient détrôné son père qu’il rétablit sur le trône, et qu’il renversa lui-même plus tard, pour se partager l’empire du monde avec ses frères Neptune et Pluton, donnant au premier les mers, au second les enfers, et se réservant le Ciel et la Terre. Il épousa sa sœur Junon, dont le caractère altier lui causa bien des ennuis, et eut une foule de maîtresses tant parmi les déesses que parmi les mortelles. Vulcain, Bacchus, les Muses, Apollon et Diane, Mercure, Hercule, Minerve et nombre d’autres étaient ses enfants. Il est représenté sur un trône, tenant d’une main un sceptre, de l’autre lançant la foudre; à ses pieds un aigle déployé. Le chêne lui était consacré; ses temples les plus célèbres étaient ceux de Dodone et d’Olympie en Grèce, d’Ammon en Libye et le Capitole à Rome.

19, Genus.—Ennius, cité par Cicéron, De Divinat., II, 50.

23, Miennes.—Les mœurs et les idées qui diffèrent des miennes.

32, L’ancienneté.—Les éd. ant. port.: car d’adorer celles de nostre sorte, maladiues, corruptibles et mortelles, comme faisoit toute l’ancienneté, des hommes qu’elle auoit veu viure et mourir, et agiter de toutes nos passions, au lieu de: «Parquoy... ancienneté».

33, Discours.—C’est ce que même la faiblesse de notre raison ne peut excuser.

258,

20, Isis.—Sérapis, dieu égyptien en lequel ses adorateurs voyaient le dieu suprême, celui qui ressuscite et donne la vie et la santé; on l’identifie parfois avec Osiris, et il semble que ce soit le cas de Montaigne. Isis était sœur et femme d’Osiris; l’Égypte célébrait en son honneur des mystères qui se répandirent dans la Grèce et l’Italie.—En réalité Osiris et Isis, avant d’être déifiés, auraient été, croit-on, des souverains qui avaient régné sur l’Égypte et y avaient fait fleurir l’agriculture; le bœuf Apis, qui y était adoré, semble n’avoir été qu’un emblème rappelant ce règne bienfaisant.

23, Varro.—Cité par S. Augustin, De Civ. Dei, XVIII, 5.

26, Cicero.—Tusc., I, 26.

33, Pluton.—Ou plutôt prairie où, suivant Platon, au sortir du corps, toutes les âmes vont séjourner plus ou moins longtemps d’après ce qu’ont pu rendre nécessaire, pour se purifier, leurs faits et gestes en ce monde. Deux chemins en partent: l’un conduit au Tartare (partie de l’Enfer des anciens où les méchants subissaient la peine due à leurs crimes), l’autre aux îles fortunées; c’est en somme la conception, sous une forme plus anodine, du Purgatoire de la religion chrétienne. Plutarque appelle de ce même nom et donne cette même affectation à l’espace entre la terre et la lune, où, suivant lui, les âmes viennent après la mort et d’où, après une pénitence suffisante, celles des bons se rendent dans les régions visibles de la lune, et celles des méchants dans les régions invisibles.

260,

17, Ce qu’elle peut.—Var. des éd. ant.: nous sçauons la foiblesse et incapacité de nos forces.

29, S. Paul.—Lettre aux Corinthiens, I, 2, 9, d’après Isaie, LXIV, 4.

35, Hector.—Participa avec gloire au siège de Troie où il soutint de nombreux combats contre les plus redoutables guerriers grecs; tua plusieurs de leurs chefs, entre autres Patrocle, l’ami d’Achille, et périt lui-même sous les coups de ce dernier, sorti de son inaction pour venger son ami. Achille vainqueur attacha son cadavre à son char et le traîna trois fois autour des murs de la ville; il consentit cependant à rendre ce corps à Priam venu pour l’implorer; ces faits et la colère d’Achille qui les a précédés sont le sujet principal de l’Iliade.

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