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Essais de Montaigne (self-édition) - Volume IV

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248,

11, Resueries.—C’est de ce nom que Montaigne a déjà qualifié son livre (liv. I, ch. XXV, I, 226), et Boileau dit en en parlant:

«Tantôt son livre en main, errant dans les prairies,
J’occupe ma raison d’utiles rêveries.»

14, I’ahane.—Plus je m’efforce de...

20, Soif.—Var. de 88: faim.

22, Vases.—Ses organes génitaux.—L’auteur avait d’abord écrit «ses rognons»; contre son habitude, il y a substitué le mot «vases», comme plus décent, scrupule qu’il n’avait pas eu lorsqu’il a traduit la citation de S. Jérôme (III, 218).

24, Socrates.—Dans le Banquet de Platon.

27, Cratippus.—Il enseignait à Athènes, eut pour disciple Brutus, le meurtrier de César; Pompée alla le voir après la bataille de Pharsale et en reçut des consolations.

250,

3, Platon.—Lois, I, 13.—Ce mot est cité par Polybe, XV; Clément d’Alexandrie, VIII; Synesius, II; etc.

4, Iouët.—Var. de 88: qu’on se ioue de nous, au lieu de «qu’il est... iouet».

17, Deuantiere.—Si elle est toute découverte. «Devantière» était le nom d’une sorte de grand tablier que les femmes portaient à cheval.

26, Alexandre.—Plutarque, Moyens de discerner le flatteur d’avec l’ami, 23.

39, Estendu.—Toutes les opinions s’accordent sur ce point, sans compter que l’usage si étendu de la circoncision en est un témoignage.

39, Circoncisions.—Qui en est vne punition, add. de l’ex. de Bord. qu’on a cru devoir insérer dans le texte.

252,

4, Esseniens.—Pline, Nat. Hist., V, 17.—Les Esséniens proscrivaient le mariage, la servitude et la guerre; ils formaient une sorte d’association morale et religieuse, vivant dans des espèces de monastères, mettant en commun leurs biens et se livrant à l’agriculture; ils offraient une grande analogie avec ce qu’étaient les premiers chrétiens. Ils ont duré environ deux siècles.

9, Zenon.—Diogène Laerce, VII, 13.

12, Fuit.—Var. de 88: desdaigne.

19, Atheniens.—Thucydide, III, 104.

20, Mundifier.—Purifier.

22, Pœnitet.—«Nous estimons à vice nostre estre»; Montaigne a ainsi traduit cette citation, que l’éd. de 88 fait suivre: Nous accusons en mille choses, les conditions de nostre estre.

23, Mangeant.—Jean Léon, dans sa Description de l’Afrique, dit: «Dans les déserts de Libye, les gentilshommes du pays portent en tête un linge noir, dont ils se couvrent le visage, n’en laissant apercevoir que les yeux, et vont toujours ainsi; quand ils mangent, ils lèvent leur voile pour introduire leur nourriture dans la bouche et le baissent aussitôt: ils donnent pour motif de cette singularité que de même qu’il est indécent de rejeter devant tout le monde ce qu’on a dans l’estomac, de même il est inconvenant de le remplir à la vue de chacun.»—Ce port d’un voile d’une façon continue, est encore pratiqué par les peuplades qui sillonnent le Sahara, notamment par les Touareg, et est motivé par le besoin de se protéger contre les sables ténus qui constituent le sol dans ces contrées que le moindre vent déplace, qui sont en permanence en suspension dans l’air et pénètrent partout, les vêtements aussi bien que les tentes, sans qu’on puisse s’en défendre.

23, Grandes.—Add. de 88: en toute sorte de grandeur.

254,

6, Adorées.—En Afrique: les Atarantes, dit Hérodote; les Éthiopiens (Strabon); les Atlantes (Pline).

10, Necessaires.—Var. de 88: naturelles.

18, Partisanes.—Féminin de partisans; ces lois doivent donc être des lois de parti, de faction; mais comme Montaigne oppose ici les lois partisanes de l’homme aux lois universelles de la nature, ces lois partisanes doivent être des lois partielles, particulières, comme il les nomme à la ligne suivante; de son invention, comme le porte une variante de l’éd. de Bordeaux. V. ci-dessous: Ordonnances.

18, Fantastiques.—C.-à-d. aux tiennes qui sont dictées par tes passions personnelles et tes préjugés.

20, Ordonnances.—Var. de l’ex. de Bord.: regles positiues de ton inuention t’occupent et attachent et les regles de ta paroisse; celles de Dieu et du monde, au lieu de: «ordonnances... monde».

23, Poëtes.—De Virgile sur Vénus et Vulcain, III, 194; et de Lucrèce sur Vénus et Mars, III, 238.

26, Reseul.—Guimpe, sorte de fichu en étoffe légère.—Reseul, littéralement réseau, du latin reticulum, filet à mailles, d’où vient également réticule, nom donné au petit sac qu’actuellement les dames portent presque constamment au bras, les exigences de la mode faisant que les robes n’ont plus de poche.

29, Ægyptien.—Plutarque, De la curiosité, 3.

256,

1, Ceux-ci.—Virgile et Lucrèce.

4, Mineuses.—Minaudières, comme nous disons aujourd’hui.

6, Aualloit.—On attribue ce souhait à Philoxène, le même que Denys le Tyran condamnait aux carrières pour avoir trouvé ses vers mauvais. Aristote, Ethic., III, 10; Athénée, I, 6.

25, Commodité.—Cette mesure apportée à nos plaisirs, tournerait à notre avantage...

258,

2, Paissoit.—Diogène Laerce, VII, 130, donne une autre raison de la continence de Thrasonydes: c’est qu’il n’était pas aimé de sa maîtresse et qu’appartenant à l’école stoïcienne, ses poursuites étaient contraires aux principes de cette école qui tenait l’amour comme étant de l’amitié éveillée par la vue de la beauté. Si la raison que lui prête Montaigne eût été réelle, c’eût été bien de l’inexpérience de sa part, une occasion perdue ne se retrouvant guère, comme l’ont dit Horace: «Carpe diem (Saisis le jour où elle se présente)»; Martial: «Vive hodie (Vis aujourd’hui même)», et tant d’autres, y compris La Fontaine dans son conte de Nicaise et sa fable Le Loup et le Chasseur:

«Jouis!—Je le ferai.—Mais quand donc?—Dès demain.
—Eh, mon ami! la mort peut te prendre en chemin,
Jouis dès aujourd’hui...»

5, Socrates.—Xénophon, Mémoires sur Socrate, I, 3, 11.

11, Culilingis.—Montaigne a changé le dernier mot de cette citation pour la rendre plus acceptable.

12, Party.—Partagé.

12, Laides.—«On a cent mauvais jours pour une bonne nuit.» Remarques d’un cosmopolite, 1791.

15, Bon.—Martial, dans plusieurs de ses épigrammes, s’élève contre cette mode des baisers. Les premiers chrétiens se baisaient ainsi sur la bouche dans leurs agapes; cet usage, qui dura plus de quatre siècles, fut aboli à cause de ses conséquences. Ce mode d’embrasser les femmes de la sorte existait jadis en France; on dit qu’il est encore fréquent en Angleterre.—De nos jours, le baiser où que ce soit, est l’objet d’une campagne tendant à sa suppression par raison d’hygiène, comme propagateur de certaines maladies contagieuses: la tuberculose, la syphilis, la diphtérie, les maladies éruptives, etc. En Amérique s’est même formée une ligue contre son usage. Baiser les bibles, les évangiles, les patènes, etc., offre même danger. Les perruches en vous bécotant, les chiens en vous léchant sont susceptibles de communiquer pareillement certaines maladies, surtout, de la part du chien, des maladies parasitaires (les vers), quand ce sont des enfants qui les caressent.

22, Practiquer.—Gagner par des pratiques adroites.

24, Saillir.—L’éd. de 88 port.: sallir.

25, Faicte.—Valère Maxime, VIII, 11, 5.—Cette Vénus, qui était en marbre blanc, ornait le temple de Gnide (Asie Mineure). «Ce temple, écrit Pline, est ouvert de toutes parts, de sorte qu’on peut la contempler de tous les côtés, ce qu’on croit ne pas déplaire à Vénus; dans quelque sens qu’on l’examine, on ne cesse de l’admirer. Un inconnu, dit-on, se passionna pour elle, se cacha la nuit dans le temple, et laissa sur le marbre la tache dénonciatrice de ses amours.»—On cite dans ce même ordre d’idées, mais plus excusables parce qu’ils sont le fait d’erreurs occasionnées par l’art, sur des êtres privés de raison: un cheval hennissant à la vue d’une cavale en peinture; des chiens aboyant à la vue d’une chienne représentée dans un tableau; un taureau, à Syracuse, s’enflammant et devenant furieux, pour une génisse d’airain de parfaite ressemblance.  Valère Maxime.

26, Ensueroit.—Envelopper d’un suaire, d’un linceul; ce mot, fort usité du temps de Montaigne, ne l’est plus aujourd’hui.

30, Enterrement.—Hérodote, II, 89.

31, Merueilleusement.—Var. de 88: monstrueusement.

32, Trespassée.—On ne sait d’où Montaigne a tiré ce fait. Diogène Laerce, I, 96, dit que Périandre, irrité contre sa femme par ses concubines, la tua dans un accès de colère, en la précipitant du haut des degrés de son palais, en lui donnant un coup de pied, pendant une grossesse. Quoi qu’il en soit, on rapporte aussi qu’il sacrifia à sa mémoire toutes les parures des femmes de Corinthe. Leur ayant prescrit de se réunir dans le temple de Junon, elles s’y rendirent comme à une fête avec leurs plus riches parures et là, sans distinction de rang, ni de naissance, elles furent dépouillées par des gardes apostés à cet effet, et tous leurs habits brûlés en holocauste.

34, Mignon.—D’après la Fable, avait été placé dans le ciel par Jupiter qui, ensuite, l’en chassa et le condamna à un sommeil perpétuel, parce qu’il avait osé attenter à l’honneur de Junon. Diane s’éprit d’une vive passion pour lui pendant qu’il dormait et venait souvent le visiter; il est à croire qu’Endymion cultivait l’astronomie et passait les nuits à suivre le cours de la lune et que c’est là ce qui l’aura fait passer pour son amant.

260,

7, Ailleurs.—Certains ont vu là un écho de la légende de la Belle Ferronnière qui passa pour avoir causé la mort de François Ier, dont elle était la maîtresse, parce que le mari jaloux aurait inoculé à dessein à sa femme le virus d’une maladie mortelle à cette époque, pour que son infidèle épouse la communiquât à son insu au roi; c’est peu probable, parce que le sens de la phrase porte sur un tout autre ordre d’idée et que François Ier est mort d’une fistule au périnée et non des suites d’une maladie syphilitique. Payen.

13, Comme.—Comme leur plairait la compagnie d’un gros...

29, Brutalité.—Stupidité, bêtise.

32, Rien.—Var. de 88: guere.

37, Serue.—Tyrannique, astreignante.

262,

4, Feu.—Montaigne semble disposé à généraliser ici, en ce qui touche la femme en Italie, ce proverbe qui y a cours: «A Gênes, les hommes sont sans foi, les femmes sans pudeur, les montagnes sans bois, les mers sans poissons.»

9, Liberté.—L’éd. de 88 aj.: Ayant tant de pieces à mettre en communication, on les achemine à y employer tousiours la derniere, puisque c’est tout d’vn pris. Nous courons à peu pres mesme fortune. Ils sont trop extremes en contraincte, nous en licence. De ces trois phrases, l’ex. de Bordeaux conserve les deux dernières, que nous avons cru devoir pareillement maintenir dans la traduction.

19, Sauues.—Sans encourir de dommages. On appelait jadis bague, non seulement les anneaux qui se mettent aux doigts, mais encore tous les bijoux précieux.

22, Tousiours.—Add. de 88: estoient.

23, Sarmates.—Hérodote, VIII, 117.

29, Aristippus.—Diogène Laerce, Aristippe, II, 69.

32, Nom.—Sa réputation, sa renommée.

264,

3, Tenants.—A ceux qui ont à se défendre.—Tenants est l’opposé d’assaillants.

3, Gourmandise.—Add. de 88: et de faim.

9, Scythes.—«L’amour ne meurt jamais de besoin, mais souvent d’indigestion.» Ninon de Lenclos.

16, Intestins.—Cachés et renfermés.

19, Amazones.—Diodore de Sicile, XVII, 16; Quinte-Curce, VI, 5.—Cette peuplade, sur laquelle on a peu de données précises, semble avoir pris à un moment quelque extension par la force des armes. Les Amazones se perpétuaient, dit-on, par un commerce passager avec les habitants des pays voisins et exposaient leurs enfants mâles; on dit aussi qu’elles se brûlaient la mamelle droite pour pouvoir tirer de l’arc avec plus de facilité.—Le fait rapporté ici est, d’après Plutarque, de pure invention, et à l’appui de son dire il invoque le témoignage de Lysimachus, l’un des précepteurs d’Alexandre qui ne l’avait jamais quitté et déclarait n’en pas avoir connaissance.

33, Nous sommes.—Dans l’éd. de 88, ce paragraphe suit immédiatement la phrase du précédent où Montaigne dit que la nature a fourni les femmes de pièces uniquement propres à la défensive. Il a ajouté depuis l’histoire de Thalestris, d’où une certaine interruption dans le sens.

36, Fermir.—De fixer, d’affermir.

266,

4, Estonnent.—S’étonnent de l’inconstance en amour.

5, Incroyable.—Var. de 88: monstrueuse.

7, L’arrest.—La constance.

15, Sac.—De confiance, sans voir ni connaître ce que l’on achète. On dit aujourd’hui «chat en poche» et tel est même le texte de l’éd. de 88.—Cette expression: «acheter chat en sac» vient de ce que jadis où le braconnage était très sévèrement puni, les braconniers, pour moins s’exposer, vendaient leur gibier enfermé dans des sacs, que l’acheteur n’ouvrait même pas de peur d’être surpris; aussi parfois, au lieu du lièvre ou autre produit de chasse pour lequel il avait fait marché, ne trouvait-il qu’un chat, et, étant lui-même en faute, il n’avait garde de porter plainte.

21, Abusée.—Bayle, art. Jeanne Ire de Naples.—En 1345, André, appelé par les Italiens Andreosso, était de sa nature très ombrageux; mécontent de n’avoir aucune autorité parce qu’il n’était que le mari de la reine, alors que de son propre chef il avait des droits personnels à la couronne primant ceux de sa femme, à juste titre jaloux de ses débordements qui étaient connus de tous, redouté pour les projets de vengeance qu’on lui prêtait et son emportement, une conspiration se forma, dont tous les conjurés étaient de l’entourage de la reine, et ils l’étranglèrent avec un lacet de soie, persuadés qu’un anneau que sa mère lui avait donné était un talisman le préservant de mourir par le fer ou le poison (1547). Son frère Louis, roi de Hongrie, pour venger sa mort, envahit le royaume de Naples; Jeanne s’enfuit dans la Provence qui lui appartenait et ne put revenir dans ses états d’Italie que lorsque le Pape, au jugement duquel on convint de s’en remettre, l’eut déclarée innocente de cet assassinat, après lequel elle avait épousé son amant qui en avait été le principal auteur. Elle-même mourut étouffée en 1587.

21, Que l’action.—C’est la suite de la phrase qui commence par: «elles peuuent attaquer». Depuis l’édition de 1588, Montaigne a intercalé l’exemple de Jeanne de Naples, ce qui rend la liaison des idées moins saisissable.

22, Platon.—Traité Des Lois, XI.

27, Essayant.—Il peut advenir qu’en nous essayant, ainsi que porte l’éd. de 88.

268,

5, Personne.—Add. de 78: d’honneur.

8, Lustrum.—Il y a dans le texte d’Horace «le huitième lustre (quarante ans)», au lieu de «onzième (cinquante-cinq ans)» qu’y a plus judicieusement substitué Montaigne.

25, Consens.—Témoins.

35, Illibenter.—De ces trois vers, le premier est le commencement d’une épigramme des Veterum poetarum Catalecta, intitulée Priapus; les autres sont tirés d’une autre épigramme du même recueil, ayant pour titre Ad matronas.

41, L’essence.—Nous nous déferons aisément des vices qui ne sont tels qu’en apparence, lorsque nous n’en aurons plus de réellement enracinés en nous.

270,

2, Nouueaux.—Que nous imaginions à notre fantaisie des devoirs nouveaux.

5, Fautes.—Où les fautes sont des crimes, et où les crimes ne sont que des fautes.

10, Iustes.—Cette maxime est d’une application bien générale, qu’il s’agisse de la morale ou d’actes.

10, Superficiels.—Dont la vertu est toute en apparence.

13, Rechargeons.—Au contraire, nous en augmentons...

14, Panneaus.—Vieux haillons de drap; du latin pannus, qui signifie drap, étoffes en loques.

27, N’ont.—Qu’ils ne doivent pas s’en prendre...

30, Rythme.—Pour qu’en raison de mon peu de mesure, de règle.—Certains estiment qu’il faudrait traduire: «qui, parce que je ne m’exprime pas en vers».

31, Deux.—Théodore de Bèze (auteur du vers latin qui suit), qui a écrit dans sa jeunesse qui fut assez dissolue des poésies latines élégantes, mais licencieuses; et S.-Gelais (auteur du vers français cité après), qui, bien que dans les ordres, ne s’en livrait pas moins aux plaisirs et n’y renonça que lorsqu’il fut nommé évêque (1474).

32, Crestez.—Des plus huppés, des plus en relief.

34, Traicte.—«Quelqu’un qui prononcerait aujourd’hui ce vers parmi nous, serait regardé comme un crocheteur ivre. Défaisons-nous donc de nos préjugés, quand nous lisons d’anciens auteurs ou que nous voyageons chez des nations éloignées; la nature est la même partout et les usages diffèrent partout.»  Voltaire, Dictionnaire philosophique.

272,

17, Remises.—Défaillances.

27, Desfuytes.—Détours, dissimulations, défaites.

274,

2, Capitulations.—Add. de 88: ceremonieuses.

2, Faussées.—Violées.

3, Caler.—Distendre, relâcher; terme de marine: caler les voiles, les vergues contre les mâts, c’est les replier et les fixer; signifie ici céder, ployer.

4, Fois.—Plus d’une fois, dans l’intérêt de leur honneur, j’ai maîtrisé le plaisir que j’aurais pu éprouver, dans la crainte d’exposer leur réputation en les rendant mères.

5, Assignations.—J’ai, autant que j’ai pu, pris sur moi le danger de nos rendez-vous.

16, Genitales.—Dans l’ex. de Bord., Montaigne avait d’abord ajouté: Le dessein d’engendrer doit estre purement legitime, qu’il a rayé ensuite; cette addition lève tout doute sur ce qu’il a voulu dire dans la phrase précédente.

22, Deo.—Montaigne veut dire par là qu’après avoir été exposé par l’amour à bien des traverses, il est enfin débarrassé pour toujours de cette dangereuse passion.

276,

2, Est.—Sénèque, Epist. 95; le texte porte manet au lieu d’est. La Fontaine reproduit cette idée, bien que sous une autre forme, dans sa fable des Deux chiens et l’âne mort:

«Les vertus devraient être sœurs
Ainsi que les vices sont frères.
Dès que l’un de ceux-ci s’empare de nos cœurs,
Tous viennent à la file, il ne s’en manque guères.»

6, Orbes.—Contondants, produisant des meurtrissures, sans occasionner de plaies.

9, Panetius.—Sénèque, Epist. 117.

16, Venues.—Les assauts, les chocs continus.

18, Ensemble.—Marcher de pair, s’accorder.—«Oh! qu’il est malaisé, dit Agésilas (Plutarque, Agésilas, 4), d’aimer et d’être sage tout à la fois.»

19, Illegitime.—Var. de 88: vitieuse.

23, Dilaier.—L’éloigner le plus longtemps des atteintes de la vieillesse.—Var. de 88: retarder.

31, Sage.—L’éd. de 88 port.: bon homme.

32, Socrates.—Xénophon, Banquet, IV, 27.

40, Humaines.—Add. de 88: en regle et.

41, Dea.—Pourquoi cela ne serait-il pas.

42, Estriue.—Lutte contre, combat, conteste, contrarie, interdit.

278,

4, Ingenieusement... affame.—Var. de 88: ingenieusement, d’éuiter toute viande et boisson, qui nous altere et nous affame, c’est-à-dire qui nous fasse desirer nouuelle faim.

5, Saturité.—Satiété; de saturitas, d’où viennent saturer et saturation.

12, Rigueur.—Add. de 88: et d’inhumanité.

14, Prosterné.—Délabré, affaibli, affaissé.

19, Desmembrons.—Var. de l’ex. de Bord.: dessirons, qui n’est autre que le mot «deschirons» qu’il avait d’abord mis et qu’il a effacé pour l’écrire avec une orthographe conforme à la manière dont ce mot se prononce en Gascogne.

21, Elle.—La «douleur» dont il vient d’être parlé, et non la «fantasie», c.-à-d. l’imagination dont il a été parlé beaucoup plus haut.

24, Colligance.—Union intime; du latin colligere, unir, joindre ensemble.

30, Refroidir.—D’en inspirer le dégoût à l’âme...

34, Infondre.—Imprégner; du latin infundere, verser dedans.

280,

4, Me tienne en haleine.—Var. de 88: m’exerce.

17, Les nerfs.—Var. de 88: l’aleine.

36, Ancien.—Bion.—Diogène Laerce, IV, 67.

282,

6, Peut.—Var. de 88: ne peut.

7, Conference.—A entretenir commerce avec des personnes auxquelles il est à charge.

14, Suiue.—Dans la Cyropédie, Cyrus haranguant ses soldats qu’il conduit contre Crésus, leur dit: «Poursuivre l’ennemi, frapper, tuer, s’emparer de tout, s’entendre louer, être libre, commander, voilà le partage des vainqueurs; un sort tout contraire attend les lâches; que ceux qui s’aiment, combattent donc pour moi!» C’est ce qui fait que nombre d’éditions des Essais portent: «Qui s’aymera, si me suyue», bien que l’éd. de 95 et l’ex. de Bord. où seul ce passage existe, porte: «Qui m’aymera, si me suiue», ce qui est en effet une erreur manifeste de l’auteur, que confirme la citation italienne qui précède. Il est probable que du temps même de Montaigne comme maintenant le dicton «Qui m’aime, me suive» était en usage, et aura causé une faute d’impression qui aura échappé à l’auteur et aura été se reproduisant d’édition en édition, jusqu’à ce qu’un éditeur avisé l’ait relevée. Toutefois le mot de la présente édition a bien été dit, notamment par Scipion Nasica ameutant ses partisans contre Tibérius Gracchus (133), et par bien d’autres depuis, parmi lesquels Philippe de Valois se résolvant à la guerre contre les Flamands (1328).—Dans la bouche de Cyrus, «Qui s’aime, me suive» a la même signification que cet appel que, chez les Romains, dans les cas de danger subit et grave, le Consul ou le Général, prenant un étendard, adressait à tous, en s’écriant: «Que ceux qui veulent sauver la République, me suivent»; ou que ce mot en France: «La Patrie est en danger», de la République de 1793.—Ce sont des gestes du même genre que celui de Sylla à Orchomène (87) voyant ses soldats plier, saisissant une enseigne et les ramenant en leur disant: «C’est ici que je veux périr; et, quand on vous demandera où vous avez abandonné votre Général, souvenez-vous de répondre que c’est à Orchomène!» De Souvaroff, en 1800, au pont du Diable en Suisse, se couchant pour obliger les siens en retraite à s’arrêter, ce à quoi il ne parvint pas. De Bonaparte cette même année à Marengo, reportant ses troupes en avant par ces mots: «C’est assez reculer, soldats! souvenez-vous que j’ai l’habitude de coucher sur le champ de bataille.»—Cette erreur en rappelle une autre de même nature, qui se rencontre dans Virgile, du fait de l’interpolation d’un copiste: «Audaces fortuna juvat», au lieu de: «Audentes fortuna juvat», qui présentent deux assertions de sens essentiellement différents: la première, en disant que le succès appartient aux audacieux quels qu’ils soient, est assez aventurée et pas toujours exacte; la seconde, en le préconisant pour ceux qui osent après avoir pesé le pour et le contre, est fort judicieuse et se réalise le plus souvent.

16, Composition.—Mélange.

19, Xenophon.—Anabase, II, 6, 15.

19, Menon.—Le même dont Platon a donné le nom à un de ses dialogues, fut l’un des chefs des Grecs à la solde de Cyrus le Jeune, lorsque celui-ci se révolta contre son frère (400); bien que soupçonné d’avoir trahi, lorsque les Perses attirèrent ces chefs et les mirent à mort, il fut arrêté avec eux et subit le même sort.

24, Galba.—Suétone, Galba, 21.

25, Miserable.—Ce misérable c’est Ovide qui, relégué en Sarmatie, écrit à sa femme, demeurée à Rome sur ses instances, pour intercéder en sa faveur et qui s’y emploie vainement, qu’apparemment le souci des maux qu’il endure a dû le vieillir, et termine par les vers qui suivent.—Frappé par Auguste, en l’an 9 de J.-C., pour un motif qui est demeuré une énigme, mais que l’on suppose être une intrigue de cour qu’il aurait connue et divulguée, Ovide ne rentra jamais en grâce, quelques sollicitations dont il fût l’objet; ses espérances de rappel semblent même s’être évanouies lors de l’avènement de Tibère. Il mourut dans son exil en l’an 18.

30, Emonez.—Diogène Laerce, IV, 31.

284,

3, Sophiste.—Signifie «ami de la sagesse»; s’employa d’abord en bonne part et c’est ici le cas; mais tomba dans le discrédit, quand ceux qui se disaient tels, se mirent à enseigner à prix d’argent l’art de parler et de disputer sur tout, faisant eux-mêmes profession de soutenir indifféremment en toutes questions le pour et le contre et à attaquer les principes les plus évidents et les plus respectés. Ils fleurirent en Grèce, surtout au Ve siècle; Socrate les combattit ardemment en détournant ses concitoyens de ces disputes frivoles pour les ramener à la recherche sincère de la vérité.

4, Harmodiens.—Aristogiton et Harmodius étaient deux jeunes Athéniens, liés d’une étroite amitié. La sœur du second ayant été outragée par Hipparque qui, avec Hippias son frère, exerçait la tyrannie à Athènes, ils conçurent le projet d’en délivrer la ville. Harmodius fut tué, après s’être défait d’Hipparque; et Aristogiton, mis à la torture pour dénoncer ses complices, nomma tous les amis d’Hippias qui furent aussitôt mis à mort. Interrogé s’il n’en restait pas d’autres, il répondit qu’il n’y avait plus que lui Hippias qui méritât la mort; celui-ci le fit aussitôt conduire au supplice (514). Leur initiative amena l’expulsion d’Hippias; les Athéniens leur érigèrent alors une statue et consacrèrent leur mémoire par des fêtes.—Bion donnait les noms d’Aristogitons et Harmodiens aux premiers poils follets qui venaient estomper le visage des jeunes gens, laissant entendre par là qu’ils les débarrassaient des importunités dont ils étaient l’objet, comme Aristogiton et Harmodius avaient mis fin à l’oppression d’un tyran.  Plutarque, De l’amour, 34.

5, Non qu’en.—Mais pas autant que dans.

13, Port.—Le port, la figure de l’amour.

16, Nescit.—Longtemps avant saint Jérôme, Anacréon avait dit: «Bacchus, aidé de l’amour, folâtre sans règle.»

16, Galbe.—Bonne grâce, agréments. Ancien mot gaulois qui signifiait gros et gras, et qui, pour ce motif, donné comme surnom à un ancêtre de l’empereur Galba, est demeuré à la famille.

20, Folastrant.—Var. de 88: aueugle.

20, Ceps.—Aux fers, dans les chaînes; du latin cippus, entrave.

30, De faire... Socratique.—Var. de 88: d’entrer en cette noble troque.—Harde signifie troc, changement, et ici: sacrifice, concession.

33, Platon.—République, V.

286,

1, Preoccuper.—De s’emparer, avant ses compagnes, de la gloire...

20, Nostre.—«La vertu de l’homme et celle de la femme sont les mêmes,» disait Antisthène.  Diogène Laerce, VI, 12.

22, Paele.—Le fourgon, long crochet en fer dont se sert le boulanger pour remuer la braise du four; paele, pelle dont il se sert pour enfourner et retirer les pains. L’un et l’autre faisant même service et également noircis par les cendres, «le fourgon se moque de la pelle» (dicton populaire qui se dit aussi: «le chaudron se moque de la poêle») peut se traduire: «l’un vaut l’autre», ou encore «qui critique les autres, n’est pas sans y prêter lui-même».

CHAPITRE VI.

23, Coches.—Au XVIe siècle, on appelait «coches» des voitures et aussi des bateaux affectés aux transports publics, tant par terre que par eau.—En tant que voiture le coche était à peu près le carrosse de nos jours, un landau ne se découvrant pas.

288,

6, Recueil.—Chez les Orientaux, l’usage est autre; c’est à celui de ces effets qui se produit par la bouche, provenant de vapeurs émises par l’estomac et témoignant d’une certaine satisfaction de cet organe quand il est repu, qu’ils font bon accueil. Ils ne se gênent aucunement pour le produire; sa manifestation chez eux ne blesse en rien la bienséance, et les assistants y répondent par la formule sacramentelle, الحمد الاله (louange à Dieu), qui correspond à celle de «Dieu vous bénisse», que nous répondons à ceux qui éternuent.

7, Aristote.—Problem., 33, 9.

7, Plutarque.—Dans le traité intitulé Les Causes naturelles, 11.

32, D’armes.—La citation qui suit, se trouve dans le Banquet, dialogue que Platon consacre à l’amour et qu’il termine par cet éloge de Socrate qu’il place dans la bouche d’Alcibiade.

32, Route.—Déroute. V. N. I, 366.

290,

23, Leuée.—Rompre la digue, la chaussée qui m’empêche d’être submergé.

24, Epicurus.—Diogène Laerce, X, 117.

27, Robe.—A moi, comme à chacun, Dieu donne le froid, selon qu’il est vêtu: «A brebis tondue, Dieu mesure le vent.»

29, Desarmé.—M’ayant peu garni de force...

32, Littiere.—C’était un lit reposant sur des brancards, qui étaient portés d’ordinaire par des chevaux, surtout quand c’était une litière de voyage.

292,

2, Esgallement.—Les navires, à cette époque, marchaient soit à la voile (vaisseaux), soit à la rame (galères).

2, Toue.—Remorque; d’où touage, ce procédé de remorquage établi sur la Seine, dans la traversée de Paris, au moyen d’une chaîne reposant sur le lit du fleuve et sur laquelle se hèlent les bateaux remorqueurs.

15, Peres.—Tout le XVe siècle est rempli des guerres de la Hongrie contre la Turquie.

16, Rondelier.—Soldat armé d’une rondelle ou rondache, sorte de bouclier, ainsi nommé parce qu’il était rond, au lieu d’être oblong.

18, Pauesade.—Ou pavoisade, garniture de pavois ou boucliers juxtaposés en grand nombre que l’on plaçait au-dessus du pont des bateaux armés en guerre, pour mettre de tous côtés à l’abri des traits ceux qui servaient à bord, rameurs et autres.

18, Galliotte.—Galiote.—Bateau de petite grandeur.

25, Logis.—Un poste, une position, un cantonnement, un bivouac.

26, Impost.—Impotent, peu dispos.

28, Peinture.—Semblable à ceux que je viens de décrire.

30, Neantise.—Fainéantise.

31, Race.—Ces rois sont désignés dans l’histoire sous le nom de «rois fainéants», parce qu’ils étaient dépourvus de toute autorité et que l’exercice du pouvoir était entièrement aux mains des maires du palais. Ils commencent à Thierry III (673) qui se laissa gouverner par Ebroïn, puis par Pépin d’Héristal, et prennent fin à Childéric III (752), qui fut détrôné par Pépin le Bref, son maire du palais.

32, Bœufs.

«Quatre bœufs attelés, d’un pas tranquille et lent,
Promenaient dans Paris le monarque indolent.» Boileau.

34, Luy.—Et, avec lui, une jeune musicienne (la comédienne Cytheris). Plutarque, Antoine, 3; Cicéron, Philippic., II, 24;  Pline, Hist. nat., VIII, 16.

34, Heliogabalus.—Æl. Lampridius, Heliog., 28, 29.

294,

1, Nud.—En des temps plus rapprochés, semblables exhibitions se sont produites. A l’entrée solennelle à Paris de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, dans le bassin d’une des places publiques, s’ébattaient deux belles filles entièrement nues.—Lors de son entrée à Anvers, Charles-Quint fut escorté d’un essaim de belles jeunes filles de la société, plus ou moins nues.—Vers 1880, à l’inauguration à Vienne (Autriche) du nouvel Opéra, le directeur, a-t-il été dit, fit défiler devant lui, dans une fête intime, le corps de ballet au grand complet, chaque danseuse, sans aucun voile, portant sur l’épaule une lampe allumée, soutenue à la manière antique.

3, Rouler.—L’historien Flavius Vopiscus, Firmus, 6, ne dit pas que Firmus attelait des autruches à son char, mais qu’assis sur elles, il semblait voler avec elles; il dit aussi qu’il montait des hippopotames et accomplissait d’autres prouesses du même genre.

13, Roy.—Discours à Nicoclès.

17, Parure.—N’ayant pas d’autre moyen de me faire distinguer, et cela m’allait bien.

18, Pleurent.—Il est des hommes auxquels de beaux habits ne conviennent pas.

21, Demosthenes.—IIIe Olynthienne.

25, Theophrastus.—C’est Cicéron, De Off., II, 16, qui est l’auteur de cette critique.

27, Aristote.—Cicéron, De Off., II, 16.

28, Commune.—La populace.

30, L’emploitte.—La dépense. Montaigne continue à reproduire les pensées de Cicéron, De Off., 17.

34, Gregoire treizieme.—S’est surtout rendu célèbre par la réforme du calendrier Julien; était très versé dans la jurisprudence; aimait les lettres et les arts et embellit Rome de plusieurs édifices; fit célébrer par d’odieuses réjouissances la S.-Barthélemy.

35, Catherine.—Catherine de Médicis, qui fit commencer les Tuileries et encouragea les travaux de Bernard Palissy, quand il eut découvert l’émail. Quant au Pont-Neuf, jeté sur la Seine à Paris où il existe encore sous ce nom, commencé en 1578 sous Henri III, ses travaux furent interrompus de 1580 à 1601, et il ne fut achevé qu’en 1604, sous Henri IV.

296,

9, Pourtant.—C’est pour cela que...

10, Porter.—Var. de 88: aporter.

11, Boëte.—Sa cassette particulière (distincte du trésor public).

12, Mien.—Plutarque, Galba, 5.—Autres temps, autres mœurs: N’avons-nous pas vu en ces temps-ci un Président de la République, élu pour entrer en charge un mois après, s’abstenir dans l’intervalle de remplir ses fonctions de Président du Sénat, en percevoir nonobstant les émoluments et croire faire largesse en faisant abandon de ces 6.000 francs au personnel inférieur sous ses ordres, à la grande admiration de tous. En équité, sinon en conscience, les avait-il gagnés et pouvait-il vraiment dire comme Galba: «Ce n’est pas du public, c’est du mien.»

17, Sien.—Aujourd’hui, et nous ne saurions le regretter, les recettes budgétaires des états sont moins que par le passé à la dévotion des souverains, qui en usaient comme ils l’entendaient; chefs d’état, rois ou autres, ont actuellement leurs revenus et leur liste civile, absolument distincts du trésor public, mais tout abus n’a pas de ce fait disparu. Il y en a qui thésaurisent comme de bons bourgeois, qui se livrent à l’agiotage, jouant sur les fonds publics en connaissance de cause comme du reste la plupart des membres du Gouvernement, grâce aux renseignements qu’ils ont avant tous autres et avec plus de certitude des événements qui peuvent influer sur les cours, il leur arrive même de les faire naître pour servir leurs intérêts. Nombreux sont ceux qui placent leurs fonds à l’étranger pour se ménager des ressources contre les fluctuations de la politique; ils n’entament même que bien peu leur liste civile dans leur représentation; quand ils ont des cadeaux à faire, des prix à allouer, ils puisent généreusement dans les manufactures de l’État, Sèvres, les Gobelins, dont c’est présentement à peu près l’unique raison d’être, dans les haras nationaux; et, à tout propos: voyages, réceptions de souverains ou visites rendues, expositions, etc., se font allouer des crédits supplémentaires; toutes choses qu’il est bon de connaître pour ne pas admirer outre mesure un faste qui, en réalité, est un surcroît de charges pour le contribuable, lequel, malgré l’apparence, en fait tous les frais.

21, Soy.—Ce principe a-t-il jamais existé autrement qu’en théorie? on en douterait à voir ce qui en est aujourd’hui, où chaque jour, au grand préjudice de nos crédits budgétaires, on crée et maintient nombre d’emplois dont le besoin ne se fait nullement sentir. Est-il rien de plus typique à cet égard que le cas des sous-préfets, devenus une superfétation depuis que les moyens de communication ont pris le développement que l’on sait (chemins de fer, automobiles, télégraphe, téléphone, machines à écrire)? leur inutilité est reconnue de tous, leur suppression est périodiquement votée; on les conserve quand même parce que ce sont de précieux agents électoraux, et que leurs emplois sont des ressources tout particulièrement décentes et avantageuses pour récompenser ce genre de services, ou encore pourvoir les créatures gouvernementales, en même temps que se ménager l’affection des villes qui en sont dotées, et à l’importance desquelles elles ajoutent; ici, comme partout, la politique intérieure intervenant, l’intérêt général est sacrifié à l’intérêt particulier.

22, D’elle.—C’est pourquoi en architecture, par exemple, il n’y a pas de véritable beauté sans l’utilité, et que dire: «Voilà un bel édifice», n’a pas de sens; on devrait dire: «Voilà une belle église, un beau palais.» Dans l’appréciation, le but poursuivi, qui est ici la destination, est la première condition dont il y a à tenir compte.—C’est ce qui fait qu’une armée dont la valeur militaire est en décroissance, une magistrature dont les arrêts prêtent à suspicion, un gouvernement qui n’a pas pour unique objectif l’intérêt public et la défense de la société, quoi qu’ils fassent d’autre part, sont jugés exclusivement sur ces points essentiels qui sont leur seule raison d’être.

34, Dionysius.—Apophth. de Plutarque.

35, Apprendroy.—J’apprendrais plutôt à un roi ce proverbe, etc. Cette sentence que Montaigne traduit après l’avoir citée est tirée de Plutarque, Si les Athéniens ont été plus excellents en armes qu’en lettres, 4, où Corinne s’en sert pour faire sentir à Pindare qu’il avait entassé trop de fables dans une de ses poésies.

298,

10, Practique.—Gagne.

16, Telle maniere.—Var. de 88: bouffons, maquereaux, menestriers et telle racaille...

35, Assenoit.—Plaçait.

300,

17, Princes.—Xénophon, Cyrop., VIII, 9 et suivants.

21, Excez.—Chez les Romains, les jeux publics faisaient partie du culte. Il y en avait de diverses sortes; les principaux étaient les «Jeux Romains» ou «Grands Jeux», institués par Tarquin l’Ancien (603); ils se célébraient du 4 au 12 septembre, tous les travaux et affaires publics étaient interrompus pendant leur célébration.

31, Coffre.—Cicéron, De Off., II, 15.—Ces reproches ne lui profitèrent guère: Alexandre se montra toute sa vie d’une prodigalité extrême. En témoignage d’admiration, il envoie 50 talents (250.000 fr.) au philosophe Xénocrate, qui les refuse d’abord, lui faisant répondre «qu’il a lui-même à satisfaire à plus de besoins que lui»; et finit par accepter 30 mines (2.700 fr.) pour ne pas désobliger ses envoyés désolés de son refus.—A un acteur qui a, dans son rôle, inséré un vers à sa louange, 10 talents (50.000 fr.).—Un de ses soldats conduisant un mulet de son trésor, l’animal étant fatigué et son conducteur pour le soulager ayant pris la charge sur son dos, Alexandre l’en gratifie.—A un courtisan tombé en défaveur, auquel il rendait ses bonnes grâces et qui lui dit: «Daignez m’en accorder un gage», 5 talents (25.000 fr.).—A l’occasion de son mariage avec Statira, fille de Darius, il acquitte toutes les dettes des Macédoniens de son armée, 9.870 talents (environ 50.000.000 fr.).—Pour les obsèques et le tombeau d’Héphestion, il dépense plus de 12.000 talents (environ 60.000.000 fr.).—Sur la fin, il avait fixé la dépense de sa table; en dehors de tous autres repas, 100 mines (9.000 fr.) étaient quotidiennement allouées pour le souper, auquel à la vérité étaient chaque jour conviés soixante à soixante-dix de ses amis, ce qui constituait encore une dépense de 150 à 160 fr. par tête.

302,

7, Probus.—Vopiscus, Probus, 19. Cet auteur donne une description détaillée de ces jeux.

15, Sufficit.—Le cens fixé par la loi pour appartenir à l’ordre équestre a varié suivant les époques; au temps de César, il était de 400.000 sesterces (77.500 fr.).

24, Vermillon.—Composition de soufre et de mercure d’un beau rouge vif.

25, Storax.—Sorte de résine jaune, brune ou rougeâtre, d’odeur agréable.

41, Surgeons.—Sources; du latin surgere, sourdre.

45, Labourez.—Travaillés; du latin laborare qui a cette signification et qui vient lui-même de labor, travail, d’où labourage, le travail par excellence.

304,

6, Retia.—Citation que Montaigne a traduite avant de la reproduire.

10, Esprits.—Bien autrement inventifs que ne sont...

14, Pas.—La puissance de la nature est infinie et l’esprit humain ne saurait préjuger ce que progressivement il lui sera donné d’en découvrir et d’en faire application, jusqu’à ce qu’une de ces évolutions prévues ou imprévues fasse prochainement ou dans des milliards de siècles, c’est tout un pour l’éternité, disparaître l’homme à son tour. Quant à ces allées et venues de la science qui font dire à Montaigne que nous tournons toujours dans le même cercle, ce qui est vrai encore et sera éternellement en ce qui touche les idées et les institutions humaines, elles provenaient de ce que jadis l’imprimerie ne fixait pas et ne propageait pas comme aujourd’hui chaque progrès réalisé; toute invention, tout perfectionnement était local et momentané, au lieu d’entrer comme maintenant immédiatement et à toujours dans le domaine public; aussi l’invention de l’imprimerie est-elle, sans conteste, la plus considérable qui se soit produite; par elle, rien ne se perd, tout progresse en bien comme en mal, seul l’homme ne change pas.

23, Poetæ.—Les deux derniers vers de cette citation sont employés ici dans un sens tout différent de celui qu’ils ont dans Lucrèce.

24, Solon.—Dans le Timée.—L’Égypte fut un des premiers états du monde connu des anciens à se civiliser, son origine se perd dans la nuit des temps; les calculs les plus modérés font régner vers l’an 2500 Ménès, le premier de leurs rois dont nos histoires font mention.

31, Formarum.—Montaigne a modifié les deux derniers mots de cette citation pour l’approprier à son sujet, qui est tout autre que dans Cicéron.

42, Auparauant.—Les Chinois font remonter leur histoire à une très haute antiquité; il semble vraisemblable d’admettre que leur premier législateur vivait vers le XXXe siècle, et eux-mêmes font partir de l’an 2637 leur ère historique. Longtemps avant les Européens, ils ont connu la boussole, l’imprimerie, la poudre à canon, mais ces inventions sont demeurées chez eux à l’état rudimentaire.

306,

7, Cettuy-là.—Le poète Lucrèce, auteur du vers qui précède et de ceux qui suivent.

14, Autre.—L’Amérique, que Christophe Colomb venait de découvrir en 1492.

16, Heure.—Il est hors de doute qu’à l’heure actuelle, toute la surface habitable de la terre nous est connue; c’est ce qui fait que les excursions dans les régions polaires arctique et antarctique sont de si peu d’intérêt, en dehors de la notoriété qu’y recherchent ceux qui s’y livrent; mais il est non moins indubitable que des modifications considérables peuvent se produire sur la surface terrestre; que de nouveaux continents peuvent surgir, d’anciens disparaître, sous l’action des forces constamment en travail dans l’intérieur de notre planète; comme aussi de notables changements climatériques se produire, le Gulf Stream par exemple se modifiant, ou d’autres courants s’établissant, et les conditions dans lesquelles elle est habitée s’en trouver pareillement modifiées.

22, Siecle.—C.-à-d. si de ce que dit ce poète pour prouver la jeunesse de son siècle, nous concluons que notre monde avance vers sa fin...

26, Contagion.—Par notre communication avec lui.

30, Practiqué.—Gagné.

32, Eulx.—Les Américains.

34, Cusco.—Les Péruviens regardaient cette ville comme sacrée; on y admirait le temple du soleil, l’un des plus vastes et des plus riches qui aient jamais existé, et le palais des Incas (dynastie régnante lors de la conquête du Pérou par les Espagnols).

308,

19, Dure.—Allusion aux casques, cuirasses, hauberts, brassards, cuissards, etc... en métal que portaient Fernand Cortez, Pizarre et leurs compagnons.

26, Inexperimenté.—Si n’ayant aucune idée des effets de ces armes, il eût été soudainement attaqué.

310,

28, Mercadence.—Les avantages du commerce, du latin merces, marchandise.

34, Miserables.—Dans les Essais apparaît partout ce noble sentiment d’humanité, premier bienfait de la philosophie: mais il ne se montre nulle part plus énergique et plus éloquent que lorsque Montaigne portant ses regards sur le Nouveau Monde, n’y aperçoit de tous côtés que des bourreaux et des victimes.  Abbé Jay.

34, Mines.—Il s’agit ici de l’expédition (1513 à 1517) de Balboa, officier espagnol qui, à la recherche des régions où gisait l’or trouvé au Mexique, au moment de sa conquête, parvint, par l’isthme de Panama, jusqu’à l’Amérique du Sud, mais dut rétrograder, n’ayant pas de troupes suffisantes.

312,

33, Enfance.—Voilà comme balbutiaient ces prétendus enfants.

36, Cannibales.—Ceci donne une idée de ce qu’étaient mes Cannibales, c.-à-d. ces hommes du Nouveau Monde que nous traitons de sauvages.

39, Peru.—Atahualpa, dernier roi du Pérou, de la famille des Incas. Fait prisonnier par Pizarre, il fut, quelques mois après (1533), étranglé par son ordre. Zarate, II, 7; de la Vega, I, 36; Gomera, 117; Herrera, V, III, 4 et autres historiens de la conquête de l’Amérique.

314,

9, Preuue.—On forma contre lui une accusation aussi fausse que les preuves qu’on en donnait, savoir qu’il...

19, Mexico.—Guatimozin, dernier empereur indien de Mexico. Fait prisonnier par Fernand Cortez en 1521, après avoir vainement tenté de défendre sa capitale contre ce chef espagnol, il fut d’abord traité avec générosité, mais plus tard eut à endurer les plus cruels tourments dans le but de lui faire dénoncer où se trouvaient ses trésors et finalement fut pendu en 1522. Bernal Diaz del Castillo, 157; Gomera, 146; Herrera, III, 11-8; Torquemada, I, et autres historiens de l’Amérique.

32, Cour.—Le cacique de Tacuba.

35, Mercy... plus.—Var. de 88: congé de dire ce qu’il en sçauoit, pour se redimer de cette peine insupportable.

316,

3, Roy.—Disons plus, un roi si grand...

4, Honteuse.—Var. de 88: vaine.

12, Ventent.—Var. de 88: publient.

24, De Castille.—Var. de 88: d’Espagne.

25, Mal voulus.—Haïs, à qui on veut du mal. Diego d’Almagro qui le premier pénétra dans le Chili, et qui dans le principe avait marché d’accord avec Pizarre le conquérant du Pérou, battu par lui à Cusco, y fut décapité par son ordre (1538). Son fils, ralliant ses partisans, vengea son père, par le meurtre de Pizarre (1541); et peu après éprouva le même sort que lui, dans le même lieu (1542). Gonzalès Pizarre, frère du précédent, se substitua à lui au Pérou, où pendant trois ans il régna en maître, jusqu’à ce que par ordre de Charles-Quint il fut arrêté et mis à mort comme rebelle (1544).

31, Prudent.—Philippe II, roi d’Espagne. Sous son règne (1556 à 1598), les colonies espagnoles de l’Amérique et des Indes rapportèrent immensément d’or et d’argent; mais ce prince consomma follement toutes ces richesses dans ses vains projets de monarchie universelle, et à sa mort, le trésor était vide et obéré.

318,

2, Commerce.—Employé au commerce, en achat de marchandises; emploite signifie ici achat ou emplette, comme on écrirait et prononcerait aujourd’hui.

17, Paumes.—Environ cinq mètres.

320,

6, Perennes.—D’eaux vives coulant continuellement, ne tarissant pas, du latin perennis, continu, permanent.

9, Chef.—Au bout, à la fin de la journée de marche, de chaque étape.

17, Apres.—Voir à ce sujet et sur tout ce qui précède, Robertson, Histoire de l’Amérique, liv. VIII. L’auteur, dans cet ouvrage, s’applique à réduire dans une juste mesure l’exagération des premiers historiens de la conquête du Nouveau Monde.—A ce travail gigantesque qu’était cette route de Quito à Cusco, on peut assimiler le Grand Canal impérial de la Chine qui met en relations Pékin, la capitale du Nord, avec Nankin, la capitale du Sud, et avec Canton; ce canal a été commencé au IXe siècle av. J.-C. et les travaux en sont continués jusqu’à nos jours; il offre une superbe voie navigable de 2.700 kil. sans compter de nombreux embranchements. Ce canal peut faire le pendant de la grande muraille élevée également en Chine sur la frontière N. et N.-E. pour protéger l’empire contre les incursions des nomades: Mongols, Mandchous, Tartares, et qui, formée d’un parapet de terre, revêtu de briques dans certaines de ses parties, s’étend sur une longueur de 1.700 kilomètres, a 6 ou 8m d’élévation et forme une sorte de chaussée pavée, assez large pour donner passage à 5 ou 6 cavaliers de front; il est aujourd’hui ruiné en bien des endroits.  Gal Niox.

26, Terre.—A la bataille de Caxamalca (1532). De la Vega, II, 1, 25. Ce fut Pizarre lui-même qui le précipita ainsi de sa chaise à porteurs.—Avaller, c’est mettre à val, jeter bas.

CHAPITRE VII.
322,

2, Tomber.—Par exemple, par abdication comme firent Dioclétien, Charles-Quint, Marie-Christine; ou encore, comme les chefs d’état élus pour un temps déterminé et qui quittent le pouvoir à l’expiration de leur mandat, ou spontanément parce qu’ils ne veulent pas se prêter à des exigences que réprouve leur conscience.

9, D’affaire.—De difficulté.

15, Esgarée.—Détournée.

25, L’autre.—César.—En traversant les Alpes, dit Plutarque, César, 3, il passa par une bourgade de Barbares, habitée par quelques malheureux ayant grand’peine à vivre; dans son entourage, on se demandait en plaisantant si là aussi on intriguait pour obtenir les charges publiques et s’il y avait des compétiteurs. César, prenant la parole, dit: «Je ne sais, mais quant à moi, je préférerais être le premier ici, que le second à Rome.»

28, Incognu.—Ni avoir à me débattre aux portes avec un huissier, comme un misérable inconnu...

30, Moyen.—L’aurea mediocritas d’Horace.

«La médiocrité est le trésor des sages.» Voltaire.
 «O médiocrité,
Mère des bons esprits, compagne du repos.» La Fontaine, Les souhaits.
«Si le bonheur nous est permis,
Il n’est point sous le chaume, il n’est point sur le trône:
Voulons-nous l’obtenir, amis?
La médiocrité le donne.»

32, Autrement.—Que désiré.

324,

2, A l’equipollent.—Par contre, en revanche, en compensation, en récompense.

7, Encombriers.—Accidents, empêchements, encombrements.

10, Regulus.—Vainqueur des Carthaginois en Sicile et en Afrique, il fut à son tour défait par eux et fait prisonnier (256). Quelques années après, en 250, les Carthaginois lui donnèrent la liberté sur parole, afin qu’il accompagnât la délégation envoyée par eux à Rome pour traiter de l’échange des prisonniers; mais au lieu d’appuyer cette mesure, il ne prit la parole au Sénat que pour en dissuader ses concitoyens, et, après avoir parlé ainsi contre lui-même, ne craignit pas de revenir prendre ses fers à Carthage; on l’y fit périr au milieu d’atroces supplices.

12, Luy.—Cicéron, De Fin. bon. et mal., II, 20, auquel Montaigne a emprunté ce parallèle entre Th. Balbus et Régulus, donne sans conteste la préférence à ce dernier: «La vertu, dit-il, ne laisse pas de proclamer plus heureux que Thorius vidant sa coupe sur un lit de roses, Régulus qui, retourné de Rome à Carthage sans y être contraint autrement que par la parole qu’il en avait donnée à ses ennemis, périt au milieu des plus cruels tourments, déchiré par la faim et les veilles.»

13, Mienne.—Les comparer à la mienne...

16, Aduenir.—Ce mot a ici le sens d’atteindre, comme le mot «aveindre» qui est au commencement de ce chapitre; tous deux dérivent du latin advenire.

17, Vsage.—Cette manière de voir, Montaigne a eu occasion de la traduire en fait, lorsque prirent fin ses fonctions de Maire. Il était absent, sa charge allait expirer, il n’avait plus qu’à présider à l’élection de son successeur; à ce moment la peste sévissait avec intensité à Bordeaux; il ne crut pas, dans cette situation, devoir s’y rendre. Cette attitude, contraire aux idées de nos jours, si différente de celle tenue par Rotrou dans le siècle suivant, dans des circonstances presque identiques, lui a été vivement reprochée en ces derniers temps; jusque-là on n’y avait pas prêté attention, parce qu’il était au terme de son mandat et que ce n’était pas en opposition aux idées de l’époque, bien que se soient produites à ce moment de très honorables exceptions. En cette occasion, Montaigne a été conséquent avec lui-même; homme de devoir, il ne lui convenait pas d’être sans nécessité un héros. «Rien de trop» était aussi du nombre de ses devises.

20, Perse.—Hérodote, III, 83.—A la mort de Cambyse, roi de Perse (522), un mage se fit passer pour son frère Smerdis, que lui-même avait fait mettre à mort (V. III, 178 et N. Fié), et lui succéda. La supercherie ayant été reconnue, il se forma un complot de sept grands de l’empire (Otanez était du nombre) qui tuèrent l’usurpateur (V. II, 332 et N. Deux). Pour le remplacer sur le trône, il fut convenu entre les conjurés que le premier d’entre eux dont le cheval hennirait au lever de l’aurore aurait la couronne. Ce fut Darius qui l’obtint par l’artifice de son écuyer qui avait envoyé d’avance une cavale au lieu du rendez-vous. C’est à cette épreuve que renonça Otanez, aux conditions qu’indique Montaigne.

25, Commande.—Ayant autant d’aversion à commander qu’à être commandé.

29, Desmesurée.—Cette situation s’est bien modifiée; dans les monarchies constitutionnelles, comme dans certaines républiques, qui ne diffèrent qu’en ce que, là, la royauté est à vie et héréditaire, au lieu qu’ici, le président est nommé à l’élection et pour un temps déterminé, le chef de l’état a plus le pouvoir d’empêcher que celui d’agir. Nonobstant, si restreint qu’il soit devenu, ce pouvoir est encore considérable et suffisant pour prévenir le mal, sous condition qu’il soit dévolu à un homme de caractère, qui ne soit inféodé à aucun parti, et qui, au lieu de toujours céder, use des moyens que la Constitution met à sa disposition, pour arrêter ce qu’il condamne dans son for intérieur ou même dans des manifestations platoniques; mais combien en agissent différemment, trahissant par leur faiblesse les intérêts qui leur sont confiés. A Siéyès revient dans les temps modernes l’honneur de cette conception, et il espérait au début faire accepter ces fonctions au général Bonaparte. On sait quel accueil fut fait à sa proposition. Ce rôle de fétiche, assez semblable à celui des derniers rois de la race mérovingienne, qui toutefois n’est telle que lorsque la personnalité n’en impose pas, car ici, comme en tout, tant vaut l’homme, tant vaut la chose, a été assez exactement défini par cette boutade humoristique attribuée au roi des Belges Léopold I, un jour que le Président de son conseil des ministres cherchait à l’intéresser aux difficultés avec lesquelles il était aux prises: «Avez-vous la majorité? Si oui, permettez que j’aille me promener; si non, allez-y vous-même!»

326,

4, Finer.—Trouver, disposer. Signifie proprement: mettre à fin, venir à bout de trouver.

5, Escossois.—Deux ouvrages d’auteurs écossais.

6, Populaire.—L’auteur qui se fait l’avocat du gouvernement par le peuple.

20, Eux.—J.-J. Rousseau disait: «Je respecte trop M. le prince de Conti, pour ne pas toujours le gagner aux échecs.»

27, Faëes.—Enchantées.

27, Brisson.—Plutarque, Du contentement ou repos de l’esprit, 12, dont le fait est tiré, appelle ce même athlète Crisson dans un autre de ses ouvrages, Comment discerner le flatteur de l’ami, 15.

32, Gaigné.—Saint-Simon rapporte une sincère admonestation du duc de Montausier, gouverneur du Dauphin, fils de Louis XIV, à un jeune courtisan qui se laissait toujours vaincre par ce prince au jeu du palet.

34, Crocheteur.—V. N. I, 542.

35, Troye.—Vénus, dans l’Iliade, voulant sauver Énée son fils, blessé et sur le point de succomber sous les coups de Diomède, est elle-même légèrement blessée au bras.

35, Saincte.—Déesse.

328,

11, Qualitez.—Les bonnes qualités des princes...

18, Qualité.—D’être prince.

25, Tybere.—Il ne semble pas que le Sénat romain décernât des prix d’éloquence; Suétone ne mentionne que le refus par Tibère du surnom de «Père de la patrie» qui lui était offert.

27, Ressentir.—Prévaloir.

30, Costé.—Penchant un peu sur le côté.  Plutarque, De la différence entre le flatteur et l’ami, 8.

31, Dionisius.—Plutarque, De la différence entre le flatteur et l’ami, 8.

34, Luy.—Philippe de Macédoine ayant eu un œil crevé au siège de Méthone, Clisophus, un de ses courtisans, ne parut plus devant lui qu’avec un bandeau sur l’œil.

34, Greueures.—Hergnes ou hernies.

35, Plutarque.—De la différence entre le flatteur et l’ami, 8; mais Montaigne a légèrement altéré la narration du fait en question.

330,

2, Mitridates.—Plutarque, De la différence entre le flatteur et l’ami, 8.

7, Fauorinus.—Spartien, Adrien, 15. Favorinus jouit quelque temps de la faveur de l’empereur Adrien, mais finit par se l’aliéner par ses sarcasmes.

10, Asinius Pollio.—Macrobe, Saturn., II, 14.

12, Proscrire.—«A qui peut tout prendre, donne ce qu’il demande.»

14, Carrieres.—Plutarque, Du contentement de l’esprit, 10; Diodore de Sicile, XV, 6, 7; Diogène Laerce, III, 18 et 19.—Philoxène ayant exprimé trop franchement à Denys l’Ancien, à la cour duquel il vivait, sa pensée sur des vers de celui-ci, le tyran l’envoya aux carrières (lieux d’où on extrait des pierres); quelque temps après, en étant sorti et consulté à nouveau par Denys sur le mérite d’une pièce nouvelle qu’il venait de composer, au lieu de répondre, il se contenta de dire: «Qu’on me ramène aux carrières»; cette fois, le maître se mit à rire et pardonna.—Le mot est devenu proverbial, c’est être prêt à recommencer ce qui vous a déjà attiré une injuste persécution.

14, Esclaue.—Platon, se trouvant à Syracuse, s’attira par sa franchise la colère de Denys l’Ancien, qui le fit vendre comme esclave (398) pour le prix de vingt mines (1.822 fr.); les autres philosophes se réunirent pour le racheter et le renvoyèrent en Grèce, en lui rappelant comme un avis salutaire qu’un philosophe doit parler à un tyran le plus doucement possible. Plutarque, Du contentement de l’esprit, 10; Diodore de Sicile, XV, 6, 7; Diogène Laerce, III, 18 et 19.

15, Ægine.—Le cardinal de Richelieu eut un pareil accès de jalousie littéraire contre Corneille; et, à l’apparition du Cid, il fit critiquer la pièce par l’Académie (1636); par la suite, il revint sur cet acte de faiblesse, accorda une pension au poète, auquel l’Académie ouvrit ses portes (1647).

CHAPITRE VIII.

Chapitre des plus intéressants, dont le sujet est traité à fond et sans digressions étrangères. On y trouve des réflexions sur l’utilité de la conversation que Montaigne considère comme plus instructive que l’étude des livres qui est languissante et n’échauffe pas; une peinture très vive et très spirituelle des vices qui accompagnent d’ordinaire les disputes, et, à ce sujet, un mot en passant sur l’abus que les savants font de la science. Montaigne constate encore que ce qui frappe nos sens, est la cause déterminante de nos jugements; il donne une règle pour juger de la capacité d’un homme dans la conversation et termine par une appréciation sur le génie et le caractère de Tacite.  Naigeon.

17, L’aduertissement.—Var. de 88: le seul exemple.

18, Platon.—Lois, XI.

24, Euiter.

«Heureux celuy qui, pour devenir sage,
Du mal d’autruy fait son apprentissage!»
332,

5, Similitude.—Var. de 88: exemple.

6, Caton.—Plutarque, Caton, 4.

8, Lyre.—C’était un thébain, du nom de Gémonide; il faisait jouer devant ses disciples de bons et de mauvais joueurs de flûte et disait: «En ce mode, il faut jouer; en cet autre, non.»

20, Mauuais.—«Un fol avise un sage.» Proverbe.

20, Ordinaire.—Au lieu du développement qui suit, l’éd. de 88 porte seulement: la veuë ordinaire de la volerie, de la perfidie a reiglé mes meurs et contenu.

24, Inuincibles.—Au-dessus de ma portée.

25, Conference.—Conversation, discussion.

29, Parler.—C’est généralement ce dont conviennent les personnes qui, ayant joui de tous leurs sens, ont plus tard perdu soit l’ouïe, soit la vue. Ceux que ce malheur n’a pas atteints, peuvent néanmoins se faire une opinion à cet égard, s’ils ont eu occasion de remarquer combien en général les aveugles conservent leur bonne humeur et recherchent la société, tandis que les sourds demeurent taciturnes et la fuient, parce qu’ils s’y trouvent isolés.

334,

20, Autres.—S.-ent. Pyrrhoniens.

24, Balance.—Emblème de Montaigne.

34, Nature.—Encore faut-il reconnaître que les opinions accidentelles du vulgaire peuvent être de quelque poids, qu’elles ne sont pas absolument vaines et fantastiques, de pures rêvasseries...

336,

17, Instruit.—Var. de 88: aduertit.

21, La decision.—Var. de 88: le iugement.

27, Troigne.—Trogne, air, mine; ce mot, devenu trivial, ne s’emploie plus qu’en mauvaise part.

27, Magistrale.—D’un visage, d’une mine arrogante et trop impérieuse.

31, Ceder.—Add. de l’ex. de Bord: Ouy, à mes despens, que l’on a cru devoir insérer dans la traduction.—Montaigne veut dire que dans les discussions, il cède souvent plus par civilité que par conviction, et il en donne la raison.

36, Soys.—Quelle que soit la forme sous laquelle on me connaîtra, soit qu’on me condamne, soit qu’on m’approuve.

338,

2, Paille.—Je me brouille.—«Rompre paille» avec quelqu’un, c’était déclarer ouvertement qu’on cessait toute relation avec lui. Quand, aux temps féodaux, un vassal voulait rompre les liens qui l’unissaient à son seigneur, il lui envoyait une paille rompue, ou en rompait une devant lui; ainsi agirent, à Soissons, Robert comte de Paris et ses adhérents à l’égard de Charles le Simple ne voulant pas leur accorder le renvoi de son ministre Hagenon (922).

5, Suiure.—Si on fait difficulté de le suivre.

5, Recueilloit.—Accueillait, recevait.

15, Antisthenes.—Plutarque, De la mauvaise honte, 12.

31, Theme.—Du sujet de leur dispute.

340,

9, Republique.—Liv. VII, vers la fin.

14, Artiste.—Artificiel, savant.

18, Similitude.—Var. de 88: comparaison.

19, Plus.—L’un s’attache à un mot, à une comparaison; un autre ne sent plus...

20, Vous.—Add. de 88: respondre.

22, L’effort.—Le fort; altération du fait de la prononciation gasconne.

30, Alemaigne.—Querelle d’Allemand; querelle sans raison sérieuse.

342,

5, Differendum.—Lire disserendum.—C’est ce qu’Épicure pensait de la dialectique des Stoïciens, au dire de Cicéron.

9, Arts.—Professeur d’humanités et de philosophie.

27, Latentes.—En marge de l’ex. de Bord. Montaigne a inscrit la traduction de cette citation, et aussi le membre de phrase auquel, dans Sénèque, elle fait suite: Numquam auctores, semper interpretes (jamais auteurs, toujours traducteurs); mais l’une et l’autre de ces deux additions ont été ensuite rayées.

30, Nullement.—Var. de 88: rarement.

32, Exinanition.—Épuisement, anéantissement; du latin exinanitio, qui a même sens; on dit plus simplement aujourd’hui «inanition».

37, Marotte.—Sorte de sceptre surmonté d’une tête coiffée d’un capuchon bizarre de différentes couleurs et garni de grelots; c’est l’attribut de la folie, c’était celui des fous des rois.—A l’imitation de Montaigne, on a dit:

«Egarant parfois les humains,
La science est sublime ou sotte;
C’est un sceptre en certaines mains,
En d’autres c’est une marotte.» Kerivalant.
344,

6, Protagoras.—Euthydème et Protagoras sont les deux contradicteurs de Socrate dans les deux dialogues de Platon qui portent leurs noms, dirigés tous deux contre les sophistes, dont le second surtout était un des échantillons le plus complets. Il avait été portefaix dans sa jeunesse, était devenu disciple de Démocrite, puis avait tenu école de rhétorique et de grammaire: il fut un des premiers qui fit payer ses leçons. Il enseignait que sur toute question on peut également plaider le vrai et le faux; que tout est arbitraire, lois, vertu, vérité; qu’on ne peut savoir s’il y a des dieux ou non. Protagoras avait écrit sur la rhétorique, la physique, la politique, mais tous ses écrits furent brûlés par ordre des magistrats d’Athènes. V. N. I, 212: Peine.

16, Diuine.—Montaigne traduit ici Lactance, Div. Inst., III, 28.

22, Fist.—C’est malheureux parce qu’en regardant autant l’avocat que la cause, on en arrive à ce que de bonnes causes sont si souvent gâtées par la manière dont elles sont défendues, et que de mauvaises triomphent uniquement par le talent de leur avocat.

346,

3, Pourtant.—C’est pourquoi.

10, Passé.—Héraclite.—Juvénal, X, 32.

12, Mison.—Diogène Laerce, I, 108.

26, Moy.—Quand on voit quelqu’un commettre une faute, il faut se demander, comme faisait Platon: «Est-ce que je ne lui ressemble pas?»  Plutarque.

33, Olet.—Proverbe latin rapporté par Erasme et dont Montaigne a changé le premier mot, substituant stercus (fumier) à crepitus (vent sonore).—Add. de 88: Somme, il faut viure entre les viuants et laisser chacun courre sa mode, sans notre soing et alteration.

36, Clairement.—«Comment peux-tu dire à ton frère: Laisse-moi ôter la paille qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien?» Évangiles selon Saint Matthieu et selon Saint Luc.

37, Inaduertence.—«Les mêmes défauts qui, dans les autres, sont lourds et insupportables, sont chez nous comme dans leur centre; ils ne pèsent plus, ils ne sont plus. Tel parle d’un autre et en fait un portrait affreux, qui ne voit pas qu’il se peint lui-même.» La Bruyère.La Fontaine a traité de même façon ce même sujet dans sa fable de La Besace:

«Lynx envers nos pareils et taupes envers nous,
Nous nous pardonnons tout et rien aux autres hommes.
On se voit d’un autre œil qu’on ne voit son prochain.
Le fabricateur souverain
Nous créa besaciers, tous de même manière,
Tant ceux du temps passé que du temps d’aujourd’hui.
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d’autrui.»

39, Entendement.—Et gentil personnage, add. de l’ex. de Bord. que l’on a cru devoir insérer dans la traduction.

348,

9, Age! si.—Certaines éd. post. portent Agesis; la signification est la même, toutefois les deux mots séparés accentuent davantage la forme conditionnelle et par suite ironique.

11, Tache.—C.-à-d. je n’entends même pas que, pour accuser, il faille être exempt des mêmes vices qu’on reproche à un autre.

20, Socrates.—C’est Platon qui le lui fait dire dans le Gorgias.

22, Cela.—C.-à-d. qu’en général pour contenir et persuader les hommes, il faut parler à leurs sens.

34, Passées.—Luther, Calvin et autres, promoteurs de la religion réformée.

350,

3, Conference.—Il en est de même de la conversation.

8, Morguant.—Et qui a tant de morgue.

13, Commune.—A la conversation ordinaire, à parler de choses communes.

33, Effectuelle.—Effective. Autant celle qui est en paroles, que celle qui se traduit par des actes.

352,

8, Ineptes.—Inaptes, inhabiles.

13, Engin.—Esprit.

16, Socrates.—Dans la République de Platon, VI.

17, Estuyée.—En mauvais étui.—Placée en un lieu qui ne lui convient pas, comme une liqueur fine qui se gâte, si elle est renfermée dans un vase qui n’est pas net.

18, Affollent.—Se nuisent à eux-mêmes.

27, Pourtant.—C’est ce qui fait que pour eux le silence est non seulement...

30, Apelles.—Plutarque, Des moyens de discerner le flatteur d’avec l’ami, 14, et Elien, Hist. div., II, 2, racontent ce trait comme étant de Zeuxis.—Alexandre, grand admirateur de son talent, ne permit qu’à Apelles de faire son portrait. C’est aussi de lui qu’on cite le trait suivant: il exposait ses ouvrages à la vue du public pour recueillir les jugements des passants; dans le nombre, un savetier qui venait de critiquer une sandale, se mit à vouloir juger aussi du reste du tableau; mais le peintre l’arrêta, lui disant ce mot passé en proverbe: «Ne sutor ultra crepidam (que le savetier ne juge pas au delà de la chaussure)», ce que Voltaire a réédité avec une variante: «Faites des perruques, Monsieur André,» dit-il à un André perruquier qui avait composé et fait imprimer une tragédie des plus médiocres qu’il lui avait dédiée.—«Fou qui se tait, passe pour sage,» dit un proverbe.

30, Ouurouer.—Ouvroir, boutique, atelier.

37, Impertinemment.—Non pertinemment, sans être à même.

354,

1, Merite.

«Ce monde n’est rien qu’une loterie
De biens, de rangs, de dignités, de droits,
Brigués sans titre et répandus sans choix.» Voltaire.

4, Suos.—Cette citation, tirée d’une épigramme de Martial, a été traduite en vers par Constant Dubois, qui la termine ainsi:

«La vertu des sujets est de chérir leur maître,
Celle des souverains est de les bien connaître.»

17, Yssue.—Tite-Live, Diodore de Sicile estiment qu’il faut juger du mérite des personnes, non par le succès de leurs entreprises qui est tout entier du domaine de fortune, mais d’après les moyens qu’ils ont mis en œuvre.—«A Carthage, dit Tite-Live (XXXVIII, 48), on condamne à être crucifiés les généraux d’armée qui, dans une expédition militaire, n’ont pas bien pris leurs mesures, lors même que le succès a favorisé leurs entreprises.»

28, Succedoient.—Réussissaient.

30, Fortune.—Plutarque, Apophth. des anciens rois, princes et capitaines. Prologue.—«Et son roi», aj. l’historien grec qui en outre porte «Siramnez».

32, Elles mesmes.—«Le monde se gouverne par lui-même», disait le pape Urbain VIII.—Les opinions les plus diverses se sont produites au sujet de la part que la fortune, le hasard, la chance jouent dans la vie humaine. Notre bonne et notre mauvaise fortune, disent les uns, dépendent de notre conduite; la fortune est un fantôme que la religion a aboli; la fortune favorise ceux qui osent. D’autres pensent comme Denys le Jeune, auquel Philippe de Macédoine demandait comment il ne s’était pas maintenu dans le royaume que son père lui avait laissé: «Mon père m’a laissé ses biens, mais non sa fortune.» Juvénal a émis les deux opinions; dans une de ses satires il parle de «la toute-puissance de notre étoile», dans une autre il dit que «tout dépend de notre prudence». Régnier a dit de même:

«La fortune est un mot et n’est mauvaise ou bonne,
Que selon qu’on la forme ou bien qu’on se la donne...
Elle avance un chacun, sans raison et sans choix.
Les fous sont, aux échecs, les plus proches des rois.»

37, L’affaire.—Probablement la St-Barthélemy, qui fut le plus grand fait de l’époque.

356,

2, Lasches.—Var. de 88: molles, au lieu de «basses et lasches».

15, Fortune.

«Tous faits humains dépendent de fortune,
Non de conseil, ni de prudence aucune.» Amyot, traduit de Plutarque.

33, Thucydides.—Liv. III, 37, Harangue de Cléon.

358,

4, Suffisance.—De grande capacité, de grande habileté.

15, Melanthius.—Plutarque, Comment il faut ouïr, 7.

18, Offusquée.—Masquée, obscurcie par l’emphase du langage.

21, Antisthenes.—Diogène Laerce, VI, 8.

38, Peuple.—Lopez de Gomara, Hist. gén. des Indes, II, 77.—«Les Bourguignons déposaient leur roi lorsqu’il avait des insuccès à la guerre ou que l’année avait été stérile, le considérant comme le maître des événements et des saisons.»   Lebeau.

360,

3, C’est.—Combien il est avantageux.

10, Estrangere.

«Rien n’appartient à rien, tout appartient à tous;
Il faut être ignorant comme un maître d’école
Pour se flatter de dire une seule parole
Que personne ici-bas n’ait pu dire avant vous.» Victor Hugo.
«C’est imiter quelqu’un que de planter des choux.» A. de Musset.

«Imaginer n’est autre que se souvenir.» La Harpe.—«Rien de nouveau sous le soleil.» L’Ecclésiaste.

20, Ceder.—La phrase précédente, introduite dans la présente éd. (95), interrompt quelque peu le sens.

21, A escient.—Sérieusement, de front.

26, Dessein.—Des répliques, des ripostes qui ont porté au delà de mon intention.—Revirade est plutôt gascon que français; toutefois c’est un terme en usage au jeu de trictrac, et aussi au jeu de paume où il signifie «coup de revers».

362,

15, Espaulettes.—Par parcelles, en détail; par intervalles et discontinuation. Ainsi, en fait de maçonnerie, dit Nicot, reprendre ou refaire un mur par espauletées, c’est le refaire et reprendre par parcelles sans l’abattre, le réparer.

27, Aller.—«Quand j’aurais la main pleine de vérités, je ne daignerais pas l’ouvrir pour le genre humain.»  Fontenelle.

29, L’enfoncer.—L’approfondir.

29, Croullez la.—Si vous la remuez, l’ébranlez.

364,

3, Hegesias.—Diogène Laerce, II, 95.

6, Moins.—«Les vérités qu’on aime le moins à entendre, sont souvent celles qu’il importe le plus de savoir.»  Boiste.

11, Cyrus.—Xénophon, Cyropédie, III, 3, 23.

11, Ost.—D’exhorter, haranguer, encourager son armée.

23, Principians.—Les commençants.

366,

1, L’asne.—«Les autres enseignent la sapience, Montaigne désenseigne la sottise.»  Mlle de Gournay.

4, Gaudissans.—Gouaillant, plaisantant. Gausser (gouailler) et gaudir (plaisanter) sont à peu près synonymes.—Montaigne fait ici l’aveu qu’il était tant soit peu goguenard, se plaisant à la raillerie, mais aussi la supportant...

8, Lycurgus.—Plutarque, Lycurgue, 11.

10, Souffrance.—Patience, tolérance.

25, Royal.—François de Bourbon, duc d’Enghien, le même qui gagna la bataille de Cerisoles, tué en 1545, à l’âge de 27 ans, par la chute d’un coffre que quelques seigneurs avec lesquels il jouait firent tomber sur sa tête d’une chambre haute du château; et le marquis de Beaupréau, de la maison de Bourbon-Montpensier, tué en 1560, à l’âge de 15 ans, en courant un lièvre.

368,

23, Fortune.—Allusion à l’Histoire universelle de Trogue-Pompée, écrivain du Ier siècle, dont l’ouvrage, qui est perdu, ne nous est connu que par l’abrégé qu’en a fait Justin, travail écrit avec simplicité et élégance et qui est loin d’être sot, malgré l’appréciation générale qu’en porte Montaigne.

28, Recompence.—Comines, III, 12, ne s’attribue pas ce mot; il dit au contraire le tenir de Louis XI qui lui-même ne s’en donnait pas comme l’auteur, mais le lui citait.—«Les services que les rois ne peuvent reconnaître, les rendent d’ordinaire ingrats.» D’Orléans.—«Les dettes de cette nature ne se pouvant payer produisent ordinairement de la haine dans l’esprit du souverain.» La Rochefoucauld.—Cette pensée a du reste été généralisée: «Dès que nous avons des obligations extraordinaires envers quelqu’un, il semble que nous redoutions sa présence, comme s’il nous incitait sans cesse à la reconnaissance et qu’elle soit un blâme constant du retard que nous mettons à lui témoigner notre gratitude.»  La Chatre.

34, Memorieux.—Doué d’une bonne mémoire.—Ce mot, qu’il ait été forgé par Montaigne, ou usité de son temps, ne l’est plus aujourd’hui et n’a pas son équivalent.

370,

13, Gentil-homme.—On présume que ce gentilhomme était M. de Foix, un des beaux-frères de Diane de Foix, à laquelle Montaigne a dédié le ch. XXV du liv. I des Essais.

18, Particulieres.—Add. de 88: Il n’est pas en cela moins curieux et diligent que Plutarque, qui en faict expresse profession.

18, Luy.—Annales, XVI, 16.

25, Longueur.—«Il abrégeait tout, parce qu’il voyait tout,» dit Montesquieu, en parlant de Tacite.

28, Nostre.—Add. de 88: et si n’en a point oublié ce qu’il deuoit à l’autre partie.

32, Ethiques.—Moraux; dérivé du grec ἠθικός, moral.

35, Ils.—Ses contemporains.

372,

3, Foy.—Sincérité, véracité.

8, Couuert.—Renfermé, dissimulé.—Tacite, Hist., II, 38.

14, Euidence.—Encore ne faut-il pas égaler le soupçon à l’évidence, donner autant de poids à l’un qu’à l’autre.

29, Tibere.—Tacite, Ann., VI, 6; Suétone, Tibère, 67.—Au sujet du mobile de cette lettre, Suétone est du même avis que Tacite.

33, Dict.—Annales, XI, 11.

35, Hautain.—Droit et élevé.

374,

1, Iuge.—Add. de 88: de soy.

19, Bras.—Tacite, Ann., XIII, 35.—Pendant l’hiver de 57 à 58, lors de l’expédition de Corbulon en Arménie.

23, Historiens.—Vespasien, raconte Tacite, Hist., IV, 81, rendit la vue à un homme atteint de cécité qui le pressait d’humecter de sa salive ses joues et les orbites de ses yeux, et l’usage de la main à un autre qui l’avait paralysée. Avant de céder à leurs sollicitations, il les avait fait examiner par les médecins qui auraient déclaré que chez le premier la fonction visuelle n’était pas détruite, que chez le second la main était seulement déboîtée, et que chez l’un comme chez l’autre la guérison était possible; elle fut très probablement déterminée par l’intensité de conviction des deux infirmes.—Chez les anciens, l’orteil du roi des Perses passait pour guérir certaines maladies; dans des temps beaucoup plus rapprochés, les attouchements du roi de France, du souverain d’Angleterre avaient, disait-on, le pouvoir de guérir les écrouelles, etc.

29, Luy.—Quinte-Curce, IX, 1.

30, L’autre.—Tite-Live, I, Præf., et VIII, 6.

376,

5, Ie voys... plis.—Var. de 48: voir si quelque autre s’en contentera.

8, Esprits.—Var. de 88: iugements.

10, Ce que.—S.-ent.: au sujet de Tacite.

CHAPITRE IX.

La vanité.—La vanité est ce dont il est le moins parlé dans ce chapitre; il n’en est question qu’au commencement et à la fin; il n’en est pas moins des plus beaux, plein d’idées profondes, fines, ingénieuses, sérieuses et folles, tristes ou gaies, quelquefois fausses, traitées avec verve, et où l’auteur se révèle un parfait égoïste. Il amuse, intéresse et captive, et non seulement se fait lire, mais conduit à penser, ce qui du reste est, en général, le principal mérite des Essais.  Naigeon.

12, Expresse.—Il n’y a peut-être pas de vanité plus réelle.

13, Exprimé.—«Vanité des vanités, tout n’est que vanité,» dit l’Ecclésiaste.

21, Bassins.—Vases de nuit.

26, Diomedes.—Montaigne semble avoir indiqué ici Diomède pour Didyme. Ce dernier, contemporain d’Auguste, était un grammairien grec d’Alexandrie, qui composa plus de 4.000 traités, tous perdus aujourd’hui; quant à Diomède, c’est un grammairien latin du Ve siècle, qui ne paraît pas avoir été aussi fécond et dont il reste des recherches sur la langue et la versification latines en trois livres.

30, Tempeste.—Allusion au silence qu’imposait Pythagore à ses disciples, qu’ils devaient garder pendant deux ans au moins et qui se prolongeait jusqu’à cinq pour ceux qu’il reconnaissait enclins à trop parler.

378,

1, Seiour.—De son oisiveté, de son repos.—Ce mot, attribué à un Galba quelconque, est de l’empereur Galba.  Suétone, Galba, 9.

3, Coërction.—Répression, châtiment, peine, du latin coerctio qui a même sens.

5, Autres.—Le 13 janvier 1535, François Ier rendit une ordonnance supprimant toutes les imprimeries de France et défendant sous peine de mort de publier aucun livre nouveau.

6, Escriuaillerie.—Démangeaison, fureur d’écrire.

10, Police.—Ajoutez que, dans un état, en devenant plus fins, plus subtils, les esprits n’en deviennent pas plus sages.

13, Conferent.—Y contribuent, y arrivent.

17, Pressent.—Quand la corruption nous environne de toutes parts.

21, Loy.—Loisir, faculté.

24, Philotimus.—Plutarque, Comment on distingue le flatteur d’avec l’ami, 31.

32, Chicane.—Le chancelier de l’Hospital.

33, Oubly.—Avec le parlementarisme, ces amusoires ont changé de caractère. C’est par les promesses, que souvent on ne leur demande pas, que les politiciens cherchent à capter les populations, promesses qu’ils n’ont nullement l’intention de tenir, contre l’accomplissement desquelles les défend leur exagération même, et qu’en tout cas, une fois arrivés, ils cherchent à éluder, ne regardant pas cependant aux conséquences funestes qu’elles peuvent avoir, s’ils sont contraints de s’exécuter: telles les lois sur l’assistance à la vieillesse, sur les retraites ouvrières, sur le revenu. Combien est de plus en plus vraie, sur ce point, cette apostrophe de Marat, dans l’Ami du peuple: «Tu te laisseras donc toujours duper, peuple babillard et stupide? Tu ne comprendras donc jamais qu’il faut te défier de ceux qui te flattent!» A la vérité, ce Suisse (Marat était né à Genève), ce sinistre socialiste d’alors, auquel incombe une si large part des pires excès de notre révolution de 93, combattait en écrivant de la sorte ceux qui prêchaient la modération; ses paroles n’en démontrent que mieux le peu que valent les mots.

38, Testonner.—Parer sa tête, se friser avec soin.

«Ces deux veuves en badinant,
En riant, lui faisaient fête,
L’allaient quelquefois testonnant,
C’est-à-dire ajustant sa tête»;

ainsi s’exprime La Fontaine dans la fable L’homme entre deux âges et ses deux maîtresses; l’explication que dans son dernier vers il donne du mot «testonner» est motivée par ce fait qu’il signifie également donner des coups, principalement sur la tête.

380,

12, Mal-heur.—Quand je suis dans le malheur.

15, Xenophon.—Ce précepte, que Xénophon (Cyropédie, I, 6, 3) met dans la bouche de Cyrus, qui dit le tenir de Cambyse son père, est que «le moyen de gagner le plus sûrement la faveur des dieux, n’est pas de les flatter lorsqu’on se trouve dans l’adversité, mais de se souvenir d’eux dans la prospérité; afin que lorsqu’on sera en nécessité on se puisse réclamer d’eux avec plus d’assurance, comme vous étant de longue main propices et amis et qu’il faut en user de même avec les hommes».

15, Raison.—Mais non par le motif qu’il en donne, c’est-à-dire sans que ce soit intentionnel et dans le but de gagner plus sûrement la faveur des dieux.

29, Part.—De cette disposition d’esprit.

35, Voyager.—V. N. I, 92: Voyages; III, 394, 430.

382,

4, Peuple.—Des gens qui sont à votre service, qui relèvent de vous.

16, Ioinct.—Ajoutez à cela...

17, Pied.—Allusion à une anecdote contée par Plutarque, Paul Émile, 3: «Un Romain avait répudié sa femme; ses amis le lui reprochaient et énuméraient les qualités de l’épouse: «Voyez ce soulier, leur répondit-il; il est bien fait, mais je suis le seul à savoir où il blesse.»

19, Prestez.—Combien vous faites de sacrifices pour...

21, Cher.—Ce passage donne à penser que dans le ménage de Montaigne, non plus que dans tout autre, tout n’allait pas toujours à son gré.—V. III, 384.

28, Autre.—Ceci contredit le proverbe: «Service de grand n’est pas héritage.»

33, M’attends.—C’est ce à quoi je suis attentif, j’applique mon esprit.

36, Contentement.—«S’il est riche, qu’il dîne deux fois», disait-on jadis, dans le peuple, plaisamment d’un homme sottement fier de ses richesses.

384,

14, Dam.—Tant pis pour lui. Dam, dommage, vient du latin damnum. dont c’est une contraction.—Montaigne n’avait qu’un héritier, sa fille.

17, Dissemblables.—Allusion à la réponse que Phocion fit aux envoyés de Philippe roi de Macédoine, qui, pour l’engager à accepter les présents de ce prince, lui représentaient que ses enfants étaient pauvres et ne pourraient soutenir la gloire de leur père: «S’ils me ressemblent, dit-il, le petit bien que je possède à la campagne suffira pour les faire vivre, comme il m’a suffi à moi-même; s’ils ne me ressemblent pas, je ne veux pas entretenir et développer leurs mauvaises dispositions aux dépens des intérêts publics.»  Cornélius Népos, Phoc., I.

18, Crates.—Diogène Laerce, VI, 88.

27, Negoces.—Affaires, du latin negotium.

35, Fois.—Add. de 88: et honteuses.

35, Pointures.—Légers désagréments, petits malheurs, soit: petits parfois, mais quand même toujours désagréables.

386,

6, Ie ne suis... poisent.—Var. de 88: Or nous monstre assez Homere, combien la surprise donne d’auantage, qui faict Ulisse pleurant la mort de son chien, et ne pleurant point des pleurs de sa mere; le premier accident, tout legier qu’il estoit, l’emporta, d’autant qu’il en fut inopinement assailly; il soustint le second plus impetueux, parce qu’il y estoit preparé. Ce sont legeres occasions, qui pourtant troublent la vie.

16, Cauat.—Quinault, dans son opéra d’Atys, a rendu ainsi ce demi-vers latin:

«L’eau qui tombe goutte à goutte
Perce le plus dur rocher.»

20, Inseparables.—V. N. III, 382: Cher.

24, Raisons.—Mes pièces de recettes et de dépenses à l’appui de mes comptes.

33, L’estranger.—Celui que je bois chez les autres. Diogène Laerce, VI, 54.—«Pain d’autrui a bon goût.» Proverbe russe.

388,

7, Dolé.—Construit, poli, aménagé, distribué; du latin dolare, équarrir, raboter, d’où vient également doloire, sorte de hache ou cognée dont se servent les charpentiers.

8, Faineance.—Paresse, fainéantise, indolence.

32, Michel.—C’est le prénom de Montaigne; par suite cette phrase doit s’entendre: Nous nous laissons nous-mêmes de côté, nous dont l’individu nous touche de plus près encore que l’homme pris dans un sens général.

390,

3, Vacation.—Add. de 88: et la plus iuste.

15, Appaster.—Proprement donner la becquée, la pâtée; ici: faire qu’en ma vieillesse, je n’aie nuls soucis, que je ne manque de rien.

19, Amy.—Ce souhait ne fut pas exaucé. Montaigne, de son vivant, eut bien un gendre, sa fille s’étant mariée deux ans avant sa mort; mais, moins d’un mois après le mariage, le nouveau ménage alla habiter les terres du mari.

26, Mescognoissance.—C’est le peu de soin que je mets à les observer, à me rendre compte de leurs faits et gestes.

33, Argent.—Quelquefois, à dessein, je ne prends qu’une connaissance vague, approximative de ce que j’ai exactement en fait d’argent.

392,

4, Iniure.—Tort, comme en latin le mot injuria.—Comme je me soucie peu du tort qu’ils peuvent me faire.

12, Paresse et negligence.—Var. de 88: Faitardise et mollesse.

14, Negoces.—Esclave de mes affaires.

16, Auachir.—Me rendre lâche, débiliter mon courage.

24, Crates.—Vendit ses biens et en retira 300 talents (environ un million à un million ½), qu’il distribua à ses concitoyens; il avait de l’argent placé chez un banquier qui avait ordre de le rendre à ses enfants s’ils n’étaient pas philosophes et de le donner au peuple dans le cas contraire, parce que s’ils étaient philosophes, ils n’auraient besoin de rien.—Cratès était contrefait et d’une malpropreté et d’un cynisme révoltants; il inspira cependant une telle estime à Hipparchia, riche et belle Athénienne, qu’elle l’épousa malgré ses propres représentations.

25, Cures.—Soins; du latin cura, qui a même signification.

25, Maison.—«Allez au fond de la mer, objet de mauvaises pensées, lui fait dire S. Jérome; je vous y précipite, afin que vous ne m’y précipitiez pas vous-même.»

26, A pair.—A l’égal, autant que.

26, Bien.—Mais je consentirais bien à échanger...

27, Braue.—Noble.

32, Estriuiere.—Courroie qui soutient l’étrier de l’homme à cheval.

394,

6, Suruenants.—Cela fait que je reçois avec moins de plaisir et traite moins bien les survenants.

11, Police.—Tout occupé de l’ordre.

25, Platon.—Lettre 9, à Archytas.

30, Desprendre.—A dépenser.

32, Attens.—Je m’y applique.

38, Defraudons.—Nous nous frustrons de...

396,

8, Emploite.—La dépense.

11, Aduertance.—Surveillance, attention; du latin advertere, être attentif, prendre garde.—Le mot n’est pas français, bien que son contraire «inadvertance», de même origine, le soit.

14, Volonté.—La nonchalance de Montaigne dans les questions d’argent, dont il a déjà été parlé, liv. II, ch. XVII, est nettement accusée par cette mention qui a été relevée sur un de ses livres de dépenses: «Item, pour mon humeur paresseuse, mille liures.»

21, Pressé.—J’en souffre trop en mon particulier.

26, Nom.—Ponéropolis, ou ville des méchants, qui, plus tard, s’est appelée Philippopolis. Pline, Hist. nat., IV, 11; Plutarque, De la Curiosité, 10.

38, Societé.—«Si j’avais, dit Voltaire dans une lettre à d’Alembert, des citoyens à persuader de la nécessité des lois, je ferais voir qu’il y en a partout, même au jeu qui est un commerce de fripons, même chez les voleurs.»

398,

18, Pyrrha.—Femme de Deucalion, sauvés tous deux, à cause de leur justice, d’un déluge universel; ils repeuplèrent le monde en jetant derrière eux des pierres qui se transformèrent, celles de Deucalion en hommes et celles de Pyrrha en femmes. Myth.

18, Cadmus.—Fils d’Agénor, roi de Phénicie; envoyé par son père à la recherche d’Europe sa sœur, enlevée par Jupiter, avec défense de revenir tant qu’il ne l’aurait pas retrouvée, arriva en Grèce, où il songeait à s’établir, lorsqu’un dragon dévora ses compagnons. Il tua le dragon et en sema les dents, sur le conseil de Minerve; il en vit naître aussitôt autant d’hommes armés qui s’entre-tuèrent, sauf cinq qui l’aidèrent à bâtir la ville qu’il projetait et qu’il éleva sur le modèle de celle de Thèbes en Égypte, d’où elle prit le nom. Myth.

19, Loy.—Loisir, liberté, faculté.

21, Solon.—Plutarque, Solon, 9.

23, Varro.—S. Augustin, De civ. Dei, V, 4.

37, De Pibrac.—On lui a reproché d’avoir écrit une apologie de la St-Barthélemy: c’est là une accusation erronée; il en fut au contraire un des critiques les plus francs.

40, De Foix.—Paul; le même dont il est question au ch. précédent. V. III, 370 et N. Gentil-homme.

400,

7, Innouation.—Rien n’est plus dangereux pour un état, qu’un grand changement, une révolution.

23, Partie.—La santé et la force.

24, Masche.—Ce qui le ronge, le fait souffrir.

29, Contemporanées.—Contemporains.

35, Capouë.—Tite-Live, XXIII, 3, etc.—Ce sujet a fait l’objet d’un conte en vers d’Andrieux.

402,

30, Resoluant.—Je ne vais pas soudain dire d’un ton résolu et décisif.

38, Peuples.—Platon, République, VIII, 2.—L’histoire moderne nous fournit de nombreux exemples de cette assertion: les Turcs, chez lesquels, depuis des siècles, la guerre est à l’état endémique entre les diverses nationalités dont se compose leur empire en Europe; la France, lors de la Révolution de 1793, d’où elle est sortie plus unifiée qu’avant; la Russie, qui vient d’avoir à supporter une guerre des plus malheureuses et est livrée à des désordres intérieurs, dont, il est vrai, on ne saurait encore prévoir la fin. Seule, au XVIIIe siècle, la Pologne a disparu par suite de ses dissensions intérieures, qui en ont fait la proie de ses voisins.

42, Miserable.—Var. de 88: malotru.

404,

2, Solon.—Valère Maxime, XII, 2.

7, Pelote.—Se jouent de nous.

8, Habent.—Citation dont Montaigne donne le sens, avant de la transcrire.

18, Escheuës.—Isocrate à Nicoclès.

35, Suo est.—Dans l’auteur latin, c’est d’un arbre qu’il s’agit.

406,

2, Fondent.—Vont au fond, coulent.

8, Tempestas.—Citation longtemps attribuée à Virgile, que l’on croit aujourd’hui tirée d’un auteur moderne.

32, Diuulsion.—Séparation; du latin divulsio que Montaigne a francisé.

35, Qu’enuis.—Qu’à regret, à contre-cœur.

40, Inculcation.—Action d’inculquer, répéter.—Je n’aime pas qu’on revienne souvent sur les mêmes choses, même s’il s’agit de choses utiles.

408,

14, Lyncestez.—Quinte-Curce, VII, 1.—Lynceste avait conspiré contre la vie d’Alexandre le Grand, à la suite de la mort de deux de ses frères impliqués dans l’assassinat du roi Philippe. Retenu depuis trois ans dans les fers, on avait différé de statuer sur son sort, en raison de la situation de son beau-père Antipater, chargé du gouvernement de la Macédoine et de la Grèce, pendant qu’Alexandre conquérait l’Asie; lors de l’affaire de Philotas, on décida d’en finir avec lui et c’est alors que se produisit la scène dont parle Montaigne (329).

28, Desprendre.—A me le faire oublier, me le faire perdre de vue.

29, Assigné.—Confié et livré à...

32, Contenance.—Jusqu’à ne pas savoir quelle contenance tenir.

38, Profession.—De la profession militaire, ainsi qu’il résulte de la citation de Quintilien (indiquée par erreur comme étant d’Ovide), donnée quelques lignes plus bas, de différents autres passages des Essais (III, 154, 26; 628, 21 et suivantes; 640, 9; 661, 26 et suivantes; 680, 23), et enfin du tombeau que lui a fait ériger sa femme où il est représenté en chevalier armé de pied en cap.

410,

2, Saye.—Pourrait se traduire de nos jours: «On se met souvent en habit, pour ne pas mieux danser que si on était en veston»; toutefois saye, qui vient du latin sagum, espèce de casaque que les Romains portaient aux armées, signifie plutôt blouse, bourgeron.

4, Curio.—Orateur médiocre qui parlait avec élégance, mais sans ordre ni imagination, et qui, un jour, au forum, fut abandonné de tout son auditoire. Cicéron, Brutus, 60.

10, Artiste.—Tient trop de la forme artificielle, scolastique.

11, Baste.—Il suffit, c’est assez que je me sois promis. V. N. II, 520: Bastantes.

15, Presente.—Et quant à parler d’abondance, à improviser.

18, Alongeail.—Troisième addition; c.-à-d. son troisième livre et les additions que pour la troisième fois il faisait aux deux premiers.

19, Pas.—Les variantes ne manquent pourtant pas; du reste au ch. XII du liv. II, Montaigne se contredit lui-même: «Ie m’eschaulde souuent à corriger et à mettre vn sens nouueau.»

28, Supernumeraire.—Quelque pièce rapportée, quelque ornement ajouté à cet ouvrage.—Emblème est employé ici dans un sens tout différent de celui que nous lui donnons d’ordinaire; il a celui du latin emblema, pièce insérée, mise entre deux autres.

412,

2, Nombre.—Var. de 88: huit.

8, Soy.—Ou des joncs, des roseaux que l’air agite par hasard et à son gré.

11, Antiochus.—Chercha à concilier les doctrines des Académiciens, des Péripatéticiens et des Stoïciens, n’admettant de dissidences que sur les mots, et fut considéré comme le chef d’une nouvelle Académie.

16, Qu’autre.—Non pas meilleure que différente; ou non pas meilleure, mais différente.

18, Lasser.—J’aimerais mieux en être encore aux premières publications de mes travaux, que de lasser en les publiant.

22, Voit.—Add. de 88: le plus souuent.

31, Orthographe.—A cette époque, des efforts étaient faits par plusieurs (Pelletier, Ramus, etc.), pour introduire dans l’orthographe des réformes qu’ils finirent par faire accepter.—Cette même question se produit de nos jours, portant principalement sur l’emploi d’une seule et même lettre pour un même son et la suppression des lettres inutilement doublées, réforme qui, dans ces limites, semble devoir prochainement aboutir.

32, Punctuation.—Cette incurie de sa part, à cet égard, n’a pas peu contribué à jeter de l’obscurité sur plusieurs passages des Essais. La ponctuation, en particulier, n’est pas chose indifférente; un même texte ponctué de façons différentes peut présenter parfois des sens absolument opposés (V. N. III, 512: Ridicules).—En voici un autre exemple: Le général Fairfax, un des généraux les plus célèbres dans les guerres civiles de l’Angleterre, sous Charles Ier (XVIIe siècle), écrivit, dit on, sous la sentence de mort du roi, après sa signature, ces mots que n’accompagnait aucun signe de ponctuation: «Si omnes consentiunt ego non dissentio.» Avec une virgule après consentiunt, ils signifient: «Puisque tous sont de cet avis, je n’y contredis pas»; et dont la traduction, en plaçant outre cette virgule, deux points après non, est: «Quoique tous soient de cet avis, ce n’est pas le mien; je suis de l’avis contraire.» Fairfax se réservait, de la sorte, la possibilité de faire valoir l’un ou l’autre sens, suivant la suite que pourraient avoir les événements.

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