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Essais de Montaigne (self-édition) - Volume IV

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650,

1, Armez.—Suétone, César, 67.—V. I, 520: Pareillement, qui auroit etc.

1, Grauez.—L’éd. de 80 porte: labourez.

4, Compagnons.—Suétone, César, 67.

10, Estoit.—Les éd. ant. aj.: trop molle et.

12, Soldats.—Suétone, Auguste, 25.

13, Seuerité.—Les éd. ant. aj.: et asseurance.

14, Plaisance.—Suétone, César, 69.—V. N. I, 198: Metuens.

17, Douceur.—Suétone, César, 69.—La 10e légion se mutina, à Rome, en 46, alors qu’il était sur le point de passer en Afrique; c’était sa légion préférée. Il la fit rentrer dans l’ordre en se présentant aux mutins et les appelant «Citoyens», au lieu de «Soldats»; ils protestèrent qu’ils étaient soldats. Il leur pardonna, mais les plus compromis perdirent le tiers du butin et des terres qui leur étaient destinés.

18, Rhin.—César, De Bello Gallico, IV, 17.—Le pont construit par César sur le Rhin, le fut en l’an 55, près de Bonn. Il était sur pilotis et fut achevé en dix jours; en cet endroit le fleuve a 600m de large, mais c’était l’époque de l’année où ses eaux sont le plus basses et, de ce fait, cette largeur peut être réduite de moitié.

26, Combat.—Sur ce point, Cyrus, estimant les harangues inutiles (V. III, 364), différait d’avis avec César; peut-être était-ce en raison de la difficulté d’en user, par suite des effectifs considérables et de la composition des armées asiatiques formées de nombreux contingents de peuples divers, assez peu disciplinés, alors que les armées romaines, bien inférieures en nombre, beaucoup plus disciplinées, homogènes, constituaient des groupes compacts dont le chef pouvait être vu et entendu.—Dans les armées modernes, par suite des étendues considérables sur lesquelles opèrent les armées, les harangues sur le champ de bataille sont généralement remplacées par des ordres du jour lus avant le combat; toutefois, il est encore des circonstances où elles se produisent.—On a conservé le souvenir de celle qu’Henri IV, en 1590, à la bataille d’Ivry, adressait à ses troupes: «Gardez bien vos rangs, et si vous perdez vos enseignes, cornettes et guidons, ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez toujours au chemin de l’honneur et de la victoire.»—Napoléon excellait dans l’un et l’autre genre, comme en tout ce qui touche à l’art de la guerre: Sa proclamation à l’armée d’Italie, en 1796, au début des hostilités, après lui avoir énuméré ce qu’il attendait d’elle, se terminait ainsi: «Soldats d’Italie, manqueriez-vous de courage et de constance?» Dans cette même campagne, au moment d’entrer en Vénétie, ayant déjà conquis le Piémont et la Lombardie, après leur avoir fait miroiter le triomphe: «Vous rentrerez dans vos foyers, leur disait-il, et vos concitoyens, en vous montrant, diront: Il était de l’armée d’Italie!» En 1798, à la bataille des Pyramides: «Soldats, du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent!» A Marengo, en 1800, lorsque, à la fin de la journée, il reprenait l’offensive: «Souvenez-vous que mon habitude est de coucher sur le champ de bataille!» En 1812, le matin de la bataille de la Moskowa, alors que le soleil, jusque-là caché par un épais brouillard, venait de se montrer: «Soldats, leur dit l’empereur, voilà le soleil d’Austerlitz.» En 1815, trois jours avant Waterloo, comme l’armée entrait en Belgique, il lançait une proclamation, la dernière, se terminant par ces mots: «Pour tout Français qui a du cœur, le moment est venu de vaincre ou de mourir!»—Citons encore ce fait de Nelson, à la bataille de Trafalgar (1805), au moment où le combat allait s’engager, communiquant par signaux à tous les navires de sa flotte ces simples mots devenus depuis si célèbres: «L’Angleterre compte qu’aujourd’hui, chacun fera son devoir!»

29, Tournay.—César, De Bello Gallico, II, 21.—Cette bataille, qu’il conviendrait mieux d’appeler de la Sambre, se livra sur le territoire des Nerviens, aux environs de Maubeuge, contre la Gaule du Nord (53). César fut surpris, pendant qu’il fortifiait son camp: les soldats attaqués se rallièrent aux premières enseignes venues, l’arrivée de l’arrière-garde rétablit le combat; la race et le nom des Nerviens y furent presque anéantis; de 60.000 h. en état de porter les armes, il en resta à peine 5.000.

36, D’autres.—Jadis un chef, embrassant du regard l’ensemble de ses troupes sur un champ de bataille, pouvait, de sa personne, se porter utilement d’un point à un autre; il n’en est plus ainsi, et, en général, moins il se déplace dans le courant de l’action, mieux cela vaut; renseigné, minute par minute, sur les mouvements de l’adversaire et les fluctuations du combat qu’il suit sur la carte, échappant par son éloignement aux impressions suggestives exagérées que causent toujours les événements dont on a le spectacle sous les yeux, il juge plus sainement et peut donner avec plus d’à-propos des ordres plus réfléchis.

652,

3, Sien.—Suétone, César, 55.—Les éd. ant. aj.: C’estoit le plus laborieux chef de guerre et le plus diligent qui fut onques.

5, Coche.—Plutarque, César, 12.—L’éd. de 88 porte: sa coche.

11, Passa.—Surpassa, surmonta.

11, Extremes.—Dans cette guerre, César fut souvent en danger par les embûches qu’on lui dressa, et son armée faillit périr par la disette (48).

13, Marseille.—La ville, qui avait promis sa neutralité à César, avait ouvert son port à la flotte de Pompée. Le siège fut long, et les assiégés, plusieurs fois battus, ne se rendirent qu’à la dernière extrémité, manquant de vivres, leurs remparts démantelés et plus aucun espoir d’être secourus (48).

14, Ægypte.—César y détrôna le jeune Ptolémée XII, tant pour le punir d’avoir donné son assentiment au meurtre de Pompée, qu’en raison des dissentiments qui s’étaient élevés entre ce prince et Cléopâtre, sa femme et sa sœur, dont les charmes l’avaient séduit et en faveur de laquelle il se déclara (48). Il le remplaça par son frère Ptolémée XIII, âgé de 11 ans, qu’épousa Cléopâtre au lieu et place de son frère aîné; elle-même avait 21 ans; ce second époux mourut quatre ans après.—Dans cette expédition d’Égypte qui se réduisit, comme action militaire, à la répression du soulèvement d’Alexandrie, devant laquelle César, poursuivant Pompée, s’était arrêté en apprenant la mort de son rival, et avait débarqué précédé de ses licteurs, ce que les Égyptiens avaient considéré comme une offense à la majesté de leur roi et qui leur avait fait prendre les armes, les Romains mirent le feu à plusieurs édifices, entre autres à cette célèbre bibliothèque des Ptolémée. 400.000 volumes furent brûlés. Reconstituée par la suite, elle fut à nouveau partiellement incendiée par accident sous Théodose le Grand et finalement anéantie en 638 de parti pris, par la barbarie des Musulmans, qui pendant des mois employèrent les innombrables et précieux volumes dont elle se composait à chauffer les bains publics.

16, Pharnaces.—Fils de Mithridate le Grand auquel il succéda à la suite d’une sédition militaire; avait espéré, à la faveur des guerres civiles des Romains, rentrer dans les conquêtes faites et perdues par son père. César en cinq jours et dans un combat de quatre heures anéantit ses espérances (47). C’est à cette occasion qu’il écrivit au Sénat ce compte rendu célèbre de ses opérations ne comprenant que trois mots: Veni, vidi, vici (je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu), qui, lors de son triomphe, furent reproduits sur un tableau qui figurait au cortège.

17, Iuba.—A Thapsus, en 46. V. N. II, 648: Iuba.

18, Pompeius.—A Munda, en 46. L’aîné des fils de Pompée s’y trouvait seul; il périt dans sa fuite; cette bataille où César avait contre lui Labienus, son ancien lieutenant en Gaule, et qu’il faillit perdre, mit fin à la guerre civile et assura d’une manière décisive son triomphe.

26, Auaricum.—César, De Bello Gallico, VIII, 24.—Aujourd’hui Bourges; en 52, au début du soulèvement des Gaules provoqué par Vercingétorix.

31, Angleterre.—Suétone, César, 58.—L’expédition de César contre les peuples de la Grande-Bretagne (55), où par deux fois il franchit le détroit actuel du Pas de Calais, peut compter parmi celles témoignant le plus d’audace; on dit qu’il l’entreprit uniquement dans l’espoir d’y trouver des perles dont il était fort avide, comme aussi des pierres précieuses, des statues et des tableaux antiques. Ni l’une ni l’autre de ces descentes ne donnèrent de résultats sérieux; la première eut pour prétexte les secours prêtés aux Gaulois, la seconde que les conditions de paix n’avaient pas été remplies. César semble chaque fois s’être embarqué partie à Wissan, partie à Boulogne, et avoir débarqué à Kent près de Douvres, au N. de Douvres, à la pointe orientale du comté de Kent qui porte aujourd’hui le nom de North Foreland près de Ramsgate.

32, Gué.—Vraisemblablement la profondeur de l’eau près du rivage, qu’il fallait gagner en marchant plus ou moins dans la mer, les navires ne pouvant approcher assez près pour qu’il fût possible d’aborder autrement; du reste Suétone, César, 58, dit à ce propos: «Il ne passa en Bretagne qu’après avoir reconnu par lui-même le point de débarquement, l’itinéraire à suivre et les conditions d’accès.»

35, Refusa.—César, De Bello civili, I, 72.

38, Ost.—Armée; du latin hostis (ennemi). Ce mot était, dans l’ancienne langue française, employé indifféremment pour désigner l’un et l’autre de deux adversaires: «Si l’ost savait ce que fait l’ost, disait un adage militaire de l’époque, l’ost déferait l’ost (Si l’un connaissait les projets de l’autre, le premier battrait le second).»

38, Necessité.—César fit, à diverses reprises, franchir des cours d’eau à son armée dans des conditions assez délicates, ses hommes ayant de l’eau jusqu’aux aisselles, notamment la Loire, en 51, lors de l’insurrection générale des Gaules, et la Sègre en Espagne, comme l’indique ici Montaigne, lors de ses opérations contre Afranius en 49. En ces circonstances, sa cavalerie, répartie de l’un et l’autre côté, était employée, en amont, à rompre le courant; en aval, à recueillir ceux qui auraient été entraînés.

654,

21, Bouclier.—César, De Bello Gallico, II, 25.—En l’an 53.

25, Presence.—Suétone, César, 58.

25, Dirrachium.—Suétone, César, 58; Plutarque, César, passim; Appien, Guerre civile, II; etc.

35, Siennes.—César franchit le Rubicon avec 5.000 fantassins et 3.000 cavaliers; il avait en Égypte 3.200 fantassins et 800 cavaliers; il n’amena en Afrique contre Scipion et Juba que 3.000 fantassins et quelques cavaliers.—A la bataille de Pharsale il perdit 200 hommes; Pompée, 15.000. A celle de Thapsus il en perdit 50; à celle de Munda, 1.000, et ses adversaires leur armée entière.

35, Gens-là.—Alexandre et César.

37, Disoit-il.—César.

656,

3, Bout.—Suétone, César, 62.

4, Alexia.—Ce siège, qui se termina par la prise de la ville et la reddition de Vercingétorix (52), mit fin au soulèvement général de la Gaule; il ne resta plus à faire rentrer dans l’ordre que quelques peuplades; la pacification complète se termina l’année suivante.

6, Cheuaux.—Dans ses Commentaires, VII, 64, César dit «huit mille chevaux»; c’est le nombre qu’il faut lire; il est probable que Montaigne avait écrit sur son manuscrit «huit à neuf mille», l’imprimeur aura lu «cent neuf mille.»

7, Maniacle.—Littéralement «furieuse»; ici, incroyable, merveilleuse. Dans l’ancien français, maniacle et maniaque étaient synonymes; ce dernier seul est resté.

12, Tigranocerta.—Tandis que Lucullus, avec 15 à 20.000 hommes, assiégeait Tigranocerte sa capitale, Tigrane roi d’Arménie vint la secourir traînant avec lui une armée de 250.000. Lucullus, malgré son infériorité numérique, marcha contre eux; les barbares s’enfuirent sans presque soutenir le choc et perdirent 100.000 h.; Lucullus n’aurait eu que cinq morts et cent blessés; peu après, il était maître de la ville (69).

20, Est.—Les éd. ant. aj.: rare et.

19, Confusion.—César, De Bello Gallico, VII, 71.

28, Secours.—Xénophon s’exprime ainsi: «Ce n’est ni le nombre, ni la force qui donnent la victoire; elle est acquise à ceux qui, avec l’aide des dieux, attaquent avec le plus de fermeté d’âme.»—C’est là une vérité relative, à l’appui de laquelle on peut citer de nombreuses batailles dans l’antiquité, alors que le combat corps à corps jouait un rôle presque exclusif et toujours prédominant, où des résultats inouïs ont été obtenus avec des forces absolument disproportionnées. Mais l’invention des armes à feu et leurs perfectionnements incessants, leur accroissement en portée, en justesse et en vitesse, ont réduit à néant l’influence de la force physique des combattants et augmenté celle du nombre dans une très notable proportion. Aujourd’hui, où la question est souvent aux trois quarts résolue quand on est encore hors de vue et bien avant que le feu soit ouvert, et où la victoire est à peu près décidée sans que parfois on se soit abordé sur le point décisif, même avec des effectifs en présence atteignant des centaines de mille hommes de part et d’autre, le nombre joue un rôle considérable en facilitant les mouvements enveloppants. Toutefois il n’est pas plus que jadis le seul facteur du succès; le moral des troupes, l’initiative, l’habileté manœuvrière des chefs, surtout chez le général et ses principaux lieutenants, peuvent, encore comme par le passé, donner la victoire à une armée numériquement inférieure, si elle ne se cantonne pas dans une passivité continue et, par sa mobilité et ses propres attaques exécutées en temps opportun, s’applique à contenir et à déjouer les mouvements et les attaques de l’adversaire.

30, Tamburlan.—Tamerlan, appelé aussi Timour et dont le véritable nom est Timour-Leng; né à Samarcande, dans le Turkestan, il conquit ce qui aujourd’hui constitue la Perse, l’Afghanistan, la partie N. de l’Hindoustan et l’Asie Mineure; il marchait sur la Chine, quand il mourut. Sanguinaire et fanatique, il incendia Delhi, Damas, Bagdad et nombre d’autres villes; devant Delhi, il fit égorger 100.000 captifs; à Bagdad, il érigea un obélisque avec 90.000 têtes coupées.

32, Confusion.—A Ancyre (Asie Mineure), en 1402. Un million de combattants se choquèrent en cette journée; la bataille dura trois jours et deux nuits; 240.000 h., dit-on, furent tués sur le terrain même. Des deux adversaires, l’un, Tamerlan, était manchot et boiteux par suite de blessures reçues à la main et au pied, l’autre était borgne.

34, Baster.—Suffire à un habile général.—C’était vrai jadis, et Turenne dans son admirable campagne d’Alsace de 1675, Bonaparte dans celle non moins remarquable de 1796 en Italie, l’ont bien montré; mais avec le principe de la nation armée et la puissance de l’armement actuel, les petites armées où le chef exerçait une action prédominante et pouvait conduire les choses à son gré, ne sont plus. Le général placé aujourd’hui à la tête d’une armée de plusieurs centaines de mille combattants, se mouvant sur une étendue de 80 à 100 kilomètres et même davantage, livrant bataille sur un front de plusieurs lieues, n’est plus, malgré le télégraphe, aussi maître que jadis de les faire se mouvoir à son gré et avec une rapidité suffisante, et une fois l’action générale engagée, les combats partiels dont elle se compose sont si multipliés, se livrent à de telles distances et sont d’une importance telle, que son intervention, quelque grand que soit son génie, peut être impuissante ou tardive. Aux temps anciens et au moyen âge, on a bien vu des masses aussi considérables en présence, mais, outre que les non-combattants s’y trouvaient dans une proportion énormément plus considérable, le défaut d’organisation, le combat corps à corps qui était seul pratiqué, la courte portée et la puissance bien moindre des armes de jet, ne permettaient guère de manœuvrer et le nombre perdait par là beaucoup de son importance.

37, Vercingentorix.—Arverne de naissance (les Arvernes avaient pour territoire à peu près l’Auvergne actuelle), Vercingétorix souleva la Gaule centrale que César venait de soumettre et se fit nommer généralissime (53). César accourant aussitôt, après avoir échoué devant Gergovie, capitale des Arvernes (située proche l’emplacement actuel de Clermont-Ferrand), le battit en plusieurs rencontres, s’empara d’Avaricum, sa principale place d’armes, l’enferma dans Alésia et le contraignit à se rendre (52). Jeté dans un cachot à Rome, Vercingétorix y demeura six ans et, après avoir orné le triomphe du vainqueur, fut étranglé (47). Vercingétorix était chez les Gaulois, non un nom propre, mais un titre de commandement qui pourrait se traduire par généralissime; on ignore comment s’appelait le chef arverne connu sous ce nom et vaincu à Alésia.

39, Alexia.—César, De Bello Gallico, VII, 8.

658,

3, Consideré.—Retenu, réfléchi, réservé, prudent; d’où inconsidéré, étourdi.

3, Appius.—Suétone, César, 60.

4, Estimant.—Les éd. ant. aj.: dict Suetone.

12, Appetit.—Montaigne a dit précisément le contraire, liv. II, ch. 33, II, 634.

18, Ariouistus.—Venu en Gaule comme allié des Séquanes (peuple qui habitait le territoire de l’anc. Franche-Comté), Arioviste voulut s’opposer aux conquêtes de César après avoir feint d’être l’ami des Romains, mais il fut complètement battu, en 58, près de Vesontio (auj. Besançon).

23, Foy.—César, De Bello Gallico, I, 46.

27, Ennemis.—Suétone, César, 68.

30, Guerre.—Les histoires grecques et romaines contiennent de nombreux récits des prouesses que les nageurs ou plongeurs ont exécutées dans l’antiquité.

33, Alexandre.—Tout comme Alexandre du reste, César était aussi un excellent cavalier. V. I, 530.

660,

2, Cotte d’armes.—Signifie ici son manteau de général, riche casaque qui se mettait comme signe distinctif, par-dessus la cuirasse; du reste les éd. ant. à 88 portent acoustrement, au lieu de «cotte d’armes», qui se dit plus généralement d’une sorte de blouse faite de petits anneaux de fer entrelacés, d’où son nom de «cotte de mailles».—En ce qui concerne les tablettes, Voltaire conteste le fait: «Outre que César n’en parle pas dans ses Commentaires, dit-il, quand on se jette à la mer des papiers à la main, on les mouille»; et, quant à la cotte d’armes, Dion dit au contraire: «César jeta son manteau de pourpre qui pouvait l’empêcher de nager; les Égyptiens s’en emparant, s’en firent un trophée.»

3, L’aage.—Suétone, César, 64.—En 48. V. N. II, 652: Ægypte. Il attaquait un pont dans Alexandrie, quand une brusque sortie de l’ennemi le contraignit à se jeter dans une barque; il avait alors 53 ans.

4, Creance.—N’inspira tant de confiance.

5, Centeniers.—Centurions, chefs d’une troupe de cent hommes.

8, Necessiteux.—Suétone, César, 68.

8, Chastillon.—Plus connu sous le nom d’amiral de Coligny; jouit dès le début d’une grande faveur à la cour et fut élevé en 1552 à la dignité d’amiral; mais las des intrigues qui se menaient autour de lui, il ne tarda pas à résigner tous ses emplois et à se retirer dans ses terres. En 1562, lors des guerres de religion, il fut fait lieutenant-général par le parti protestant; comme tel, prit part à la bataille de Dreux, au combat indécis de S.-Denis, aux batailles de Jarnac et de Montcontour qui furent fatales à son parti. Après la paix de S.-Germain (1570), il revint à la cour où il fut des plus choyés et en 1572 une des premières et la plus illustre victime de la S.-Barthélemy. Il était d’un caractère grave, doux et bienveillant, général assez habile, mais malheureux.

11, L’accompagnoient.—Les Français de son armée, c’étaient les protestants; les étrangers étaient les contingents allemands au service de ce parti.

18, Prenoient.—En 725; Carthage employait des mercenaires dans ses armées en présence desquelles on était, d’où cette qualification appliquée en la circonstance dans l’armée romaine à ceux qui ne firent pas ce sacrifice aux difficultés du moment.

21, Tancer.—Suétone, César, 68.—Dans les nombreuses actions de guerre qu’il engagea, César n’éprouva que deux échecs, du reste bien vite et glorieusement réparés: l’un devant Gergovie en Gaule, l’autre à Dyrrachium.

21, Legions.—L’effectif de la légion romaine a varié de trois à six mille fantassins et trois cents cavaliers; la cohorte en était une fraction qui comprenait cinq cents hommes.

24, Flesches.—Suétone, César, 68; César, De Bello civili, III, 53.

24, Scæua.—César, De Bello civili, III, 53; Florus, IV, 2; Valère Maxime, III, 3, 23; Suétone, César, 68.

29, Party.—Suétone, César, 68.

34, Propre.—En 48.—Plutarque, César, 5.

35, Salone.—César, De Bello civili, III, 9.—En 49, pendant les opérations autour de Dyrrachium.

37, Aduint.—Les éd. ant. aj.: et extraordinaire.

662,

2, Engins.—Machines de guerre.

4, Cordes.—Les femmes de Carthage firent de même, lors du siège de cette ville par Scipion Émilien.

CHAPITRE XXXV.

18, Sçait.

 «Et si je sais compter,
Il en est jusqu’à trois que je pourrais citer.» Boileau.
664,

8, Dolent.—Citation dont les termes sont légèrement altérés, sans que le sens soit modifié.

8, Rechigner.—Air renfrogné; rechigner, dit Nicot, c’est user de paroles et de regards mal gracieux et vient de ce que c’est faire en quelque sorte comme un chien mécontent.

9, Dispenserons.—Permettrions, accepterions; dispenser signifiait autrefois permettre.  Nicot.

16, Voix.—«Femme rit quand elle peut et pleure quand elle veut.» Proverbe.

21, Payement.—C.-à-d.: Cette cérémonieuse contenance est bien moins pour le mort que pour les vivants; elle a plus pour objet d’acquérir que de payer.

30, Pline le ieune.—Epist. VI, 24.

666,

20, Faux.—Le milieu.

26, Riches.—Var. des éd. ant.: de grand lieu, au lieu de: «riches».

27, Arria.—Le récit qui suit est en entier extrait de Pline le Jeune, Epist. 111, 16.

28, Consulaire.—Qui avait été consul.

32, Plusieurs.—Cecina Pœtus se tua dans les circonstances que rapporte ici Montaigne (43); Thraseas Pœtus son gendre, illustre par sa vertu et son courage, fut un des représentants de la faible opposition sénatoriale qui osait désapprouver Néron; il sortit du Sénat, pour ne pas entendre l’apologie du meurtre d’Agrippine faite par Sénèque. Accusé sous de frivoles prétextes, il fut condamné à mourir et s’ouvrit les veines; sa femme, imitant l’exemple de sa mère, ne voulait pas lui survivre. Thraseas la pria instamment de se laisser vivre pour Fannia leur fille (66).

668,

15, Sçauriez.—«Ne savez-vous pas, fait dire Martial à Porcie fille de Caton d’Utique, qu’on ne peut empêcher personne de mourir; je croyais que mon père vous l’avait appris?» V. N. II, 430: Premier.

29, Instant.—Var. des éd. ant.: Cela dit, au lieu de: «Et en mesme instant».

39, Riche.—Il est incontestable que les trois mots mis par Pline dans la bouche d’Arria, en disent beaucoup plus, dans leur concise simplicité, que la phrase étudiée que lui prête Martial.

44, Crainte.—Var. des éd. ant.: en quoy il estoit de suyure son conseil, au lieu de: «de la suyure en mourant».

670,

2, Paulina.—Tacite, Ann., XV, 61 et 64.

2, Ieune.—L’éd. de 80 porte: belle, ieune.

4, Seneque.—Fut d’abord orateur, puis s’adonna à la philosophie; accusé d’intrigues criminelles avec la fille de Germanicus, il fut exilé en Corse et il y demeura huit ans; rentré en grâce, il fut choisi comme précepteur de Néron. Lorsque, parvenu à l’empire, celui-ci donna carrière à sa mauvaise nature, Sénèque essaya de s’y soustraire en sollicitant sa retraite; l’empereur s’y opposa par hypocrisie, puis ne voyant en lui qu’un censeur incommode, il feignit de le trouver compromis dans la conspiration de Pison et lui envoya l’ordre de se donner la mort, ce qu’il fit en se faisant ouvrir les veines et témoignant d’un calme absolu, ce dont Montaigne nous donne ici un récit complet (68). On a reproché à Sénèque les richesses considérables acquises pendant qu’il était en crédit, l’approbation qu’il a donnée à l’empoisonnement de Britannicus et l’apologie qu’il a faite du meurtre d’Agrippine. On a de lui des écrits philosophiques et de nombreuses lettres à Lucilius; partout il y prêche la morale la plus austère et le mépris de la mort; Montaigne leur a fait de très fréquents emprunts; son style est brillant, élégant, quoique un peu affété. Sénèque semble né à Rome; on le donne parfois comme étant de Cordoue, d’où était son père venu à l’âge de 15 ans à Rome, où il a vécu et où il est mort.

13, Estriuoit.—Refusait de se soumettre.

672,

18, Beauté.—Var. des éd. ant.: noblesse, au lieu de: «beauté».

20, Vieillesse.—L’éd. de 80 ajoutait: (car il auoit lors enuiron cent quatorze ans); il en avait en réalité soixante-cinq.

30, Elle.—La poison; le mot, du temps de Montaigne, était féminin; aujourd’hui encore, on le fait tel dans le langage trivial.

37, Fascheuse.—Var. des éd. ant. à 88: lourde, au lieu de: «fascheuse».

674,

6, Commun.—C’est du reste de la réalité, à laquelle n’atteint jamais la fiction, que les auteurs, se bornant à modifier certains détails et parant le tout avec plus ou moins de talent, tirent généralement le fond des ouvrages qui leur font le plus honneur; l’imagination serait impuissante à concevoir l’infinité des situations que nécessite la production littéraire qui va sans cesse croissant; et c’est en serrant au plus près la vie réelle, ses incidents et ses accidents, qu’ils captivent le plus notre intérêt.

15, De ce.—Les éd. ant. portent: ou comme Arioste a rangé en vne suite, ce; au lieu de: «de ce».

22, Lucilius.—Epist. 104.


NOTES.


TROISIÈME VOLUME.

LIVRE SECOND
(Suite).

CHAPITRE XXXVI.
10,

21, Aueugle.—Ce qui ne veut pas dire qu’il était aveugle-né; croire qu’Homère est né aveugle, dit Velleius Paterculus, c’est être soi-même aveugle et privé de tout sens et surtout de bon sens.

21, Auant que.—Les éd. ant. aj.: les arts et.

12,

17, Elle est.—Les éd. ant. aj.: foible et.

23, Imiter.—Ce jugement sur Homère a été formulé par Velleius Paterculus, I, 5.

23, Aristote.—Poétique, 24.

24, Substantiels.—Les éd. ant. aj.: et massifs.

26, Coffret.—Pline, Hist. nat., VII, 9.—A la bataille d’Issus, tout le camp de Darius, qui traînait avec lui sa famille, sa cour, des richesses considérables, et où régnait un luxe inouï, était tombé aux mains du vainqueur.

28, Militaires.—Plutarque, Alexandre, 2.

29, Cleomenes.—Plutarque, Apophth. des Lacédémoniens.

32, Plutarque.—Dans son traité Du trop parler, 5.

37, Point.—Plutarque, Alcibiade, 3.

42, Qu’il est.—Plutarque, Apophth. des rois, art. Hiéron.

43, Philosophes.—Cicéron, Tusc., I, 32.

46, Helene.—Fille de Jupiter et de Léda, femme de Tyndare roi de Sparte, était sœur de Castor et de Pollux, ainsi que de Clytemnestre femme d’Agamemnon. Elle épousa Ménélas, qui succéda à Tyndare comme roi de Sparte et dont elle eut une fille Hermione. Elle fut enlevée par Pâris, fils de Priam, roi de Troie, ce qui détermina la guerre de ce nom, entre les Grecs et Troie. Après la prise de cette ville qu’Hélène livra perfidement aux Grecs pour rentrer en grâce auprès de son époux, celui-ci la ramena à Sparte. Ménélas mort, elle dut quitter Sparte et se retira à Rhodes où Polixo, femme de Tlépolème qui avait péri au siège de Troie, la fit pendre.

47, Iamais.—Montaigne semble avoir des doutes que le siège de Troie ait jamais eu lieu.

14,

5, Troyens.—Les Romains se réclamaient, par la descendance d’Énée, d’une prétendue origine troyenne; cette origine a été également revendiquée par les Vénètes; on a même été jusqu’à l’établir pour les Francs.

7, Moy.—Cette lettre a toujours passé pour apocryphe.—En citant ce passage, Bayle dit: «Voilà comment des maux chimériques, forgés par des poètes, ont servi d’apologie à des maux réels»; forgés par des poètes, par d’autres ou par nous-mêmes; cette réflexion est bien juste.

12, Athenæ.—Vers grec cité par Aulu-Gelle, III, 11, et reproduit en latin.—La même incertitude règne sur le lieu de naissance de quelques illustrations semblables: Christophe Colomb est revendiqué par Gênes, Savone, Nervi, Cogoletto, Cuecaro et Calvi. Huit villes se sont disputé l’honneur d’avoir vu naître Cervantès: Madrid, Tolède, Séville, Lucana, Esquivias, Alcazar de San Juan, Consnegra et Alcala de Hénarès.—On ne connaît pas avec certitude où est né Charlemagne.

13, Alexandre le Grand.—Fils de Philippe et d’Olympias, eut Aristote pour précepteur et monta sur le trône en 336. Dès son début, il soumit la Grèce qui, se fiant sur sa jeunesse, avait cru pouvoir secouer le joug que son père lui avait imposé, et détruisit Thèbes de fond en comble. Puis, se faisant nommer généralissime des Grecs contre les Perses, il franchit l’Hellespont avec 30.000 hommes et 5.000 chevaux; défit sur les bords du Granique (334) l’armée de Darius roi des Perses et soumit l’Asie Mineure; l’année suivante il le vainquit lui-même à Issus en Cilicie (333), et y fit prisonnière sa famille qu’il traita avec générosité; acheva la soumission de la Syrie, de l’Égypte où il fit bâtir Alexandrie, et pénétra jusqu’en Libye où il se fit déclarer fils de Jupiter, par l’oracle d’Ammon. A son retour, il remporta une nouvelle victoire sur Darius (331), qui fut bientôt suivie de la mort de ce roi et le rendit maître de toute la Perse. Poursuivant ses conquêtes, il attaqua les Scythes, les Indiens, défit le roi Porus qu’il traita avec magnanimité et s’avança jusqu’à l’Indus. Ses soldats refusant de le suivre plus loin, il revint à Babylone où il mourut d’une fièvre aiguë (323), usé qu’il était par les débauches et les excès de toutes sortes.—A sa mort, son corps, après avoir été embaumé et exposé pendant sept jours, fut placé dans un cercueil d’or et transporté, suivant le désir qu’il en avait manifesté, à Alexandrie (Égypte). Sur le chariot qui effectuait le transport et qui était traîné par 64 mulets, attelés à quatre timons, se présentant 8 de front, sur une égale profondeur, s’élevait une chambre sépulcrale monumentale où abondaient l’or, la pourpre et les pierreries. César et Auguste se firent ouvrir son tombeau, et sur sa tête ce dernier plaça une couronne d’or; l’empereur Septime Sévère en interdit l’accès; et, depuis, on ignore ce qu’il est devenu.

31, Possession.—Alexandre ne désigna personne pour lui succéder, se contentant de léguer sa couronne au plus digne. Son empire fut partagé entre ses généraux et ce partage fut la source de guerres longues et sanglantes. Perdiccas, auquel en mourant il avait remis son anneau royal, se considérant de ce fait comme appelé à régner sur l’ensemble, effectua le partage sans rien se réserver pour lui-même en particulier: Séleucus reçut la Syrie et la haute Asie; Ptolémée, l’Égypte; Antigone, l’Asie Mineure; Eumène, la Cappadoce et la Paphlagonie; Lysimaque, la Thrace; Antipater, la Macédoine et la Grèce. Quelques-uns, comme Séleucus et Ptolémée, firent souche et leurs dynasties régnèrent jusqu’au moment où, deux ou trois siècles après, leurs états devinrent simples provinces romaines.

32, Temperance.—Ce mot est à prendre ici dans le sens de modération, bien qu’Alexandre n’ait guère été plus modéré que tempérant.

34, Reproche.—Les éd. ant. à 88 aj.: que la colere.

38, Thebes.—Certaines éditions postérieures ajoutent: et de Persepolis.—Pour ce qui est de la ruine de Thèbes, V. N. I, 22: Esclaues. Celle de Persépolis, que Montaigne eût également pu citer, eut lieu dans les conditions suivantes: Dans le cours d’une orgie et sous l’influence de l’ivresse et à l’incitation de Thaïs, courtisane athénienne, Alexandre, quittant la salle du festin, portant lui-même une torche enflammée, alla mettre le feu au palais des rois de Perse; ce palais, dont les ruines subsistent encore, construit en bois de cèdre, passait pour la huitième merveille du monde (331).

38, Menander.—Commandant d’une forteresse en Perse, ne voulut pas y demeurer quand Alexandre se proposa de passer dans les Indes; irrité de son refus, ce prince le tua de sa propre main.

39, Hephestion.—Favori d’Alexandre, compagnon de ses travaux et de ses plaisirs, atteint de maladie, mourut du fait de sa propre imprudence; Alexandre fut si affecté de cette mort, qu’il fit, dit Plutarque, mettre en croix le médecin qui le soignait. Arrien conteste le fait.

39, Persiens.—Après la bataille d’Issus, où les pertes des Perses s’élevèrent, dit-on, à cent mille hommes.

40, Indiens.—Ces Indiens, guerriers de profession, se mettaient à la solde des peuplades voisines et les servaient avec fidélité et courage; ils avaient fait souvent du mal à Alexandre qui, les tenant assiégés dans une ville d’abord difficile, leur offrit une capitulation honorable pour les amener à en sortir; comme ils se retiraient, il les surprit dans leur marche et les fit tous passer par le fil de l’épée (330).

16,

1, Cosseïens.—Pour se distraire du chagrin que lui causait la mort d’Héphestion, Alexandre, dit Plutarque, partit en guerre, comme on va à une partie de chasse, contre les Cosséiens qu’il extermina, sans distinction de sexe, ni d’âge, n’épargnant même pas les petits enfants: holocauste, dit son entourage, à la mémoire d’Héphestion (327).

2, Clytus.—Quinte-Curce, X, 5.—Clitus était frère de la nourrice d’Alexandre, l’avait suivi dans toutes ses expéditions et lui avait sauvé la vie au passage du Granique. Dans un festin, le roi, échauffé par le vin, et irrité de ce qu’il mettait les exploits de son père au-dessus des siens, le tua (326). Revenu à lui, il le pleura et lui fit faire des funérailles magnifiques; mais ce qui contribua le plus à calmer sa douleur et ses remords, c’est que la veille du meurtre, l’ayant vu en songe vêtu d’une robe noire, assis au milieu des enfants de Parménion qui tous étaient morts, le divin Aristandre lui rappela ce songe, comme un indice certain que c’était là un événement réglé par le destin; et que, d’autre part, le philosophe Anaxagoras s’évertua à lui prêcher que toutes les actions des princes sont justes et légitimes, et qu’il se devait à lui-même de ne pas se laisser maîtriser par une vaine opinion.

5, Vices.—Si Alexandre a pu mériter d’être jugé ainsi au début, il n’en a pas été de même plus tard, quand la nature s’éveillant en lui et la prospérité l’enivrant, ses passions ont pris le dessus. Dès lors, il se plongea dans la débauche et sa vie ne fut plus qu’une suite ininterrompue de désordres de tous genres qui scandalisèrent ses anciens sujets. Tite-Live et Athénée le jugent beaucoup moins favorablement que Montaigne qui, comme Plutarque et Quinte-Curce ses historiens, se montre fort indulgent à son égard. C’est chez ce dernier qu’on trouve le récit curieux de son attitude vis-à-vis de Bagoas, cet eunuque mignon de Darius, qui servit de même aux plaisirs de son vainqueur, lequel en plein théâtre lui prodiguait les baisers les plus lascifs; Tite-Live, qui ne s’est occupé de lui qu’incidemment, estime qu’il n’eût pas triomphé des Romains aussi facilement qu’il a subjugué les nations orientales.

9, Indes.—Ses troupes refusant de le suivre au delà du Gange, Alexandre revint sur ses pas. Mais, pour laisser dans ces contrées une haute idée de son nom, il fit, dit Plutarque, forger des armes plus grandes, des mangeoires pour chevaux plus hautes, des mors plus pesants que d’ordinaire, et les abandonna, les faisant semer çà et là.

10, Fortune.—Voir sur les faits qui précèdent: Plutarque, Alexandre, 18, 19, 22, etc.;—Quinte-Curce, IX, 3; X, 4, 5, etc.;—Diodore de Sicile, XVII, 95.

13, Hommes.—Annibal, d’après Tite-Live, donnait le pas à Alexandre sur tous autres, parce qu’avec une poignée d’hommes, il avait triomphé d’innombrables ennemis, et qu’il avait atteint les régions extrêmes qu’il était donné à l’homme de pouvoir atteindre. V. N. II, 622: Hannibal.

15, Miracle.—Les éd. ant. à 88 aj.: car on tient entre autres choses que sa sueur produisoit une tres douce et souafue odeur, ce que Montaigne a déjà dit dans son chapitre des senteurs, I, 574.

23, Medailles.—Trébellius Pollion, Trig. tyrann., 14.—On a eu la même opinion, après saint Louis, sur les pièces de monnaie à son effigie.

18,

1, Epaminondas.—S’était d’abord adonné à l’étude des lettres et de la philosophie. Lié avec Pélopidas, il l’aida à délivrer Thèbes des Lacédémoniens qui s’en étaient emparés par trahison. Nommé général lors de la guerre qui s’ensuivit, il fut vainqueur à Leuctres (371), et releva Messène de ses ruines pour l’opposer à Lacédémone. Postérieurement, il obtint plusieurs avantages sur Alexandre, tyran de Phères; puis, la guerre ayant repris contre les Lacédémoniens, il les battit à nouveau à Mantinée, mais y fut blessé mortellement (363). Épaminondas donna l’exemple de toutes les vertus; il n’avait pas moins de frugalité et de désintéressement que de génie et de courage. V. N. I, 344: Reng.

13, Eux.—Diodore de Sicile, XV, 88; Pausanias, VIII, 13, etc. C’est aussi le jugement de Cicéron, De Orat., III, 34; Tusc., I, 2; il est vrai qu’ailleurs, Acad., II, 1, il en dit autant de Thémistocle.

16, Luy.—Plutarque, De l’Esprit familier de Socrate, 23.

20, Partie.—Les éd. ant. aj.: qui est de la vertu et.

23, Cestuy-cy.—Épaminondas.

25, Parangon.—En comparaison. Ce mot s’employait aussi dans le sens de modèle: «O dame illustre, ô parangon d’honneur!»  Marot.

20,

18, Leuctres.—Plutarque, Coriolan, 2; et dans le traité où il entreprend de prouver Qu’on ne saurait vivre joyeusement selon la doctrine d’Épicure, 13.

19, Beaucoup.—Coucher de beaucoup, c’est exagérer, se vanter.—Ce mot «coucher» était à l’époque fréquemment employé et présentait des acceptions très diverses suivant la nature du complément qui l’accompagnait: «coucher de peu», c’était faire bon marché de, faire le modeste; «coucher gros», mettre gros jeu sur une carte par exemple; «coucher par écrit» se dit encore dans le langage familier. Regnier a dit: «Ne couche de rien moins que l’immortalité», c.-à-d. ne vise, n’aspire à rien moins qu’à l’immortalité.

20, Tant.—L’éd. de 88 aj.: vtile et.

22, Cause.—Plutarque, De l’Esprit familier de Socrate, 4.

25, L’espargner.—Id., ibid., 17.

22,

2, Luy.—Diodore de Sicile, XX, 88; Cornélius Népos, Épaminondas, 10; Justin, VI, 8; etc.

CHAPITRE XXXVII.

3, Pieces.—C’est son livre même que Montaigne désigne de la sorte.

9, Oster.—Cependant, précisément dans ce chapitre (pag. 26), a été supprimé et remplacé par quelques mots, un assez long passage qui se trouvait dans l’édition de 1588.

18, Conuersation.—C.-à-d. une vie qui se prolonge jusque dans la vieillesse ne se passe...

30, Membre.—Les éd. ant. et l’ex. de Bordeaux aj.: mais c’estoient vaines propositions.

24,

7, Mæcenas.—S’était lié avec Auguste, alors que celui-ci étudiait en Grèce. Il l’accompagna dans toutes ses guerres et, quand il devint empereur, se contenta d’être son ami et refusa toutes charges et honneurs. Il ne se servit de son crédit que pour le porter à la clémence et surtout favoriser les gens de lettres: Virgile, Horace, Properce étaient ses amis et ses protégés; lui-même avait composé quelques poésies, dont il ne reste que quelques fragments.

11, Bene est.—Vers de Mécène conservés par Sénèque et que La Fontaine a traduits ainsi dans sa fable La Mort et le malheureux:

 «... Qu’on me rende impotent,
Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu’en somme
Je vive, c’est assez: je suis plus que content.»

17, Stoïcien.—Ou plutôt «le cynique». Est le fondateur de cette école: il était disciple de Socrate et fut le maître de Diogène. Il faisait consister le souverain bien dans la vertu qu’il plaçait dans le mépris des richesses, des grandeurs et de la volupté; c’est lui qui, le premier, prit la besace et le bâton de mendiant comme symbole de la philosophie.—Ce trait est rapporté par Diogène Laerce, VI, 18.

38, Essayé.—Éprouvé.

26,

6, Accointer.—Me familiariser avec la mort.

13, Opter.—La pensée exprimée par ce vers de Martial a été souvent reproduite:

«Las d’espérer et de me plaindre
Des Muses, des grands et du sort,
«Être satisfait de son sort,
Quel qu’il soit, ne jamais s’en plaindre,
C’est ici que j’attends la mort,
Sans la désirer ni la craindre.» Meynard.
Et regarder venir la mort
Sans la désirer ni la craindre.» Bussy-Rabutin.

Madame de Tracy l’a développée: «La vraie philosophie c’est de préférer ce qu’on a, et de voir toutes choses du bon côté; de même le vrai christianisme consiste à faire à tous les êtres animés, bêtes et gens, le plus de bien possible et à attendre la mort sans crainte, comme sans impatience.»—Quinault l’a résumée ainsi:

«Faites choix de l’indifférence,
Elle assure un sort plus heureux.»

20, Gestes.—Au lieu de: «Qu’elle laisse... gestes» (l. 18 à 20), les éd. ant. portent: comme si elle dressoit les hommes aux actes d’vne comedie, ou comme s’il estoit en sa iurisdiction, d’empescher les mouuements et alterations que nous sommes naturellement contraincts de receuoir: qu’elle empesche donq Socrates de rougir d’affection, ou de honte, de cligner les yeux à la menace d’vn coup, de trembler et de suer aux secousses de la fiebure: la peincture de la Poesie, qui est libre et volontaire, n’ose priuer des larmes mesmes, les personnes qu’elle veut representer accomplies et parfaictes.

 E se n’afflige tanto,
Che si morde le man, morde le labbia,
Sparge le guancie di conticuo pianto,

elle deburoit laisser cette charge à ceulx, qui font profession de reigler nostre maintien et nos mines.—Traduction de la citation: «Son affliction est telle qu’il se mord les mains, qu’il se mord les lèvres et que sa joue est sans cesse inondée de pleurs» (Auteur inconnu).

20, Condonne.—Accorde, permette, du latin condonare qui a même sens.

22, Voyelle.—Qui se décèle par la voix, par des plaintes, des gémissements.

29, Instruire.—Les éd. ant. aj.: qu’elle luy ordonne ses pas et le tienne en bride et en office.

35, En accidens.—Précédé dans l’éd. de 88 par: Voyla sa charge: du dehors, il importe peu et.

37, Corps.—Les éd. ant. port.: C’est bien assez que nous soyons tels, que auons nous accoustumé en nos pensées et actions principales: quant au corps, s’il, au lieu de: «Si le corps».

38, Tourneboule.—Qu’il se tourne et se retourne comme une boule.

28,

5, Epicurus.—Diogène Laerce, X, 18.

8, Cæstibus.—Cestes: gantelets garnis de fer ou de plomb, dont se servaient les athlètes dans les combats du pugilat.

12, Assaux.—Les éd. ant. aj.: de la douleur.

19, Desespoir.—Les éd. ant. aj.: et à la rage.

22, Refert.—Vers du Philoctète d’Attius, cités deux fois par Cicéron, De Finibus, II, 29 et Tusc., II, 14.

30, Cicero.—De Divinat., II, 69.

32, Desgarcent.—Mot forgé par Montaigne pour exprimer que les douleurs de la pierre ne le portaient à rêver qu’il avait commerce avec une femme, comme il était arrivé à l’individu dont parle Cicéron.

33, Vreteres.—Canaux qui mettent en communication les reins et la vessie.

34, Ordinaire.—Les éd. ant. aj.: ie deuise, ie ris, i’estudie, sans esmotion et alteration.

36, Preparer.—Les éd. ant. aj.: par estude et.

30,

1, Essayé.—Je me suis cependant mis à l’essai, à l’épreuve.

8, Santé.—Les éd. ant. aj.: et pure de douleurs.

13, Presomption.—Socrate disait d’Antisthène affectant de ne porter que des vêtements dépenaillés, qu’il apercevait sa vanité au travers des trous de son manteau.—«L’excès de modestie est un raffinement d’orgueil.» Pascal.—«La simplicité affectée est une imposture délicate.»—«L’orgueil est égal chez tous les hommes; il n’y a de différence qu’aux moyens et à la manière de le mettre à jour.»  La Rochefoucauld.

32, Cartilage.—Pline, Hist. nat., VII, 12.

34, Illegitime.—Plutarque, dans son traité De ceux dont Dieu diffère la punition, 19, ne dit pas qu’on ait jamais tenu pour illégitimes ceux qui ne portaient pas l’empreinte d’un fer de lance sur le corps; il remarque au contraire qu’après avoir disparu, cette empreinte avait reparu dans cette même famille après un assez long intervalle de temps.

36, Ressemblance.—C’est ce qu’Hérodote, VI, 180, raconte d’un peuple de Libye.

32,

15, Mere.—Le père de Montaigne paraît avoir eu dix enfants, dont les deux aînés seraient morts en bas âge, peut-être avant la naissance de Michel, de telle sorte que, né le troisième après cinq années de mariage, il se trouva être l’aîné de quatre frères et trois sœurs qui parvinrent à âge d’homme. V. N. I, 114: Frere.

38, Deux.—Ramon Eyquem, son bisaïeul, mort en 1478.

41, Sept.—Les éd. ant. port.: six.

34,

10, Empeschement.—Les éd. ant. port.: rengregement de mal.

13, Quatre.—Ces quatre frères étaient: Pierre, le père de Montaigne, qui était l’aîné. Thomas, que l’on appelait M. de S.-Michel, parce qu’il était curé de cette paroisse où se trouvait sis le château de Montaigne; il mourut jeune. Pierre minor, dit Seigneur de Gaviac; il succéda aux emplois ecclésiastiques de son frère Thomas et devint chanoine de S.-André et de S.-Seurin de Bordeaux et curé de Lahontan, localité dont il est question plus loin, page 60. Enfin Raymond, Seigneur de Dussaguet, avocat au parlement de Bordeaux.

16, Mal.—Et cela lui réussit si mal.

19, Dyspathie.—Aversion; le mot est emprunté du grec, nous disons aujourd’hui antipathie.

25, Consideration.—Préjugé.

29, Epicurus.—Cicéron, Tusc., V, 33; Diogène Laerce, X, 129.

35, Iniurieuse.—Les éd. ant. port.: ne peut auoir ny grace, ny faueur, au lieu de: «nous vient... à estre iniurieuse».

40, Secours.—Les éd. ant. et l’ex. de Bordeaux port.: de s’ayder de ces nobles, au lieu de: «d’appeler à son secours».

36,

2, Chere.—Les éd. ant. port.: espineuse.

6, Certain.—Les éd. ant. aj.: Mais ie dy que ce qui s’en void en practique, il y a grand dangier que ce soit pure imposture, i’en crois leurs confraires Fiorauanti et Paracelse.

8, Refforts.—Raifort; sorte de rave sauvage de goût très prononcé.

9, Sené.—Arbrisseau des pays chauds, dont les valves des fleurs sont purgatives.

11, Solon.—C’est Plutarque qui le lui fait dire dans le Banquet des sept Sages, 19.

14, Vberté.—Fertilité; du latin ubertas qui a même signification.

15, Arondes.—Hirondelles; cet ancien nom de l’hirondelle se retrouve encore dans «queue d’aronde», à la fois terme de charpentier et de fortification.

19, Pastissage.—Mélange informe, espèce de salmigondis ou de macédoine.

25, Designe.—Prescrit, ordonne.

26, Estime.—Montaigne raconte dans son Voyage que, se trouvant, pour sa santé, aux bains «della Villa» près de Lucques, en 1581, il laissa échapper cette exclamation: «La vaine chose que la medecine!» Ce qui suit prouve que ce mot partait du fond de l’âme; et pour le confirmer dans son idée, plusieurs fois, rapporte-t-il encore, il fut appelé à Rome à des consultations de médecins; à l’une, entre autres, le malade était résolu de s’en tenir à sa décision; et il ajoute: «J’en riois en moi-même.» Le Clerc.

37, Ordonnances.—Les éd. ant. port.: drogues.

38,

1, Point.—Je ne me fais pas un sujet de frayeur, je ne souffre pas d’être sans médecin;—c’est le sens propre de «passionner» qui ne se dit plus aujourd’hui qu’au sens figuré.

13, Censeur.—Pline, d’où cette assertion semble tirée, émet en effet que les médecins ne furent reçus à Rome que six cents ans après la fondation de cette ville; mais pour ce qui est de leur expulsion, il dit expressément qu’elle n’eut lieu que longtemps après la mort de Caton.

18, Plutarque.—Vie de Caton le Censeur, 12.

19, Pline.—Hist. nat., XXV, 8.

20, Herodote.—Liv. IV, ch. 187.—Hippocrate dit à peu près la même chose des Scythes.

40,

2, Platon.—Dans le Timée.

3, Appartiennent.—Dont nous avons la disposition.—Ces trois modes de perturbations intestines sont les vomitifs, les purgations et la saignée.

7, Harpades.—Combats; coups de harpon ou de griffes.—Se harper, c’est lutter à qui mieux mieux, corps à corps, se prenant aux cheveux, se mordant, mettant tout en jeu pour se faire le plus de mal possible.

10, Infiable.—Incertain, sur lequel on ne peut compter.

14, Dihore.—Expression employée jadis dans le Languedoc et qui peut se traduire par «Holà!» ou encore: «Alerte, à l’aide, au secours»;—était employée couramment dans cette région, alors dans son premier sens, par les laboureurs, les charretiers pour presser la marche de leurs bêtes.

15, Impiteux.—Impitoyable, sans pitié.

21, Entraine.—Imitation de ce vers de Sénèque, Epist. 107: «Ducunt volentem fata, nolentem trahunt (Le destin mène qui s’y prête et contraint qui résiste).» Ce que Fénelon a rendu sous cette autre forme: «L’homme s’agite, Dieu le mène.»

27, Tué.—Pline l’Ancien, qui vivait avant Adrien, cite une épitaphe exactement conçue dans les mêmes termes: «Le trop grand nombre de médecins qui l’ont assisté, l’a tué.»—Dans une de ses comédies, Casimir Delavigne exprime la même idée, en parodiant le vers si connu de Corneille et l’appliquant à un malade auquel plusieurs médecins ont apporté leurs soins: «Que vouliez-vous qu’il fît contre trois?—Qu’il mourût.»

28, Diogenes.—Diogène Laerce, VI, 62.

29, Autresfois.—«Parlons franchement, Docteur, dit un jour, en plaisantant, Frédéric II de Prusse à son médecin. Combien avez-vous tué d’hommes pendant votre vie?—Sire, répondit celui-ci, à peu près trois cent mille de moins que Votre Majesté.»—«Diaulus était médecin, maintenant il est croque-mort; il n’a pas changé de métier.» Martial.—«Tu tuais les hommes étant médecin; gladiateur, tu les tues encore.»  Martial.

29, Nicocles.—Le mot de Nicoclès se trouve dans le ch. 46 de la Collection des moines Antonius et Maximus; cette épigramme a souvent été répétée.

33, Faute.—Les éd. ant. à 88 port.: heur, que leur erreur et leurs fautes sont soudain mises sous terre et enseuelies, au lieu de: «heur... faute».

37, Moy.—Les éd. ant. port.: query à moy, au lieu de: «query moy».

39, Subiects.—C.-à-d. les médecins s’en font honneur auprès de ceux qui se sont mis entre leurs mains.

42,

15, Morfondement.—Ce que nous appelons aujourd’hui un chaud et froid, une affection causée par un froid subit, vous surprenant ayant chaud.

21, Propos.—De la République, III.

27, Conte.—Dans sa fable Le malade et le médecin.—Les éd. ant. à 88 port.: ce me semble.

40, Propres.—Les Chinois, les Japonais paient, dit-on, leurs médecins, tant par journée de bonne santé; et, quand ils sont malades, ils sont soignés gratis. La chose n’est pas aussi paradoxale qu’elle en a l’air au premier abord; c’est l’analogue de ce qui se pratiquait il y a un demi-siècle en France, et qui se pratique peut-être encore dans les campagnes, où l’on contractait abonnement avec le médecin; c’est également ce qui se passe dans les sociétés de secours mutuels. Ce mode a disparu dans les grandes villes depuis que les médecins ont mis leurs soins à des prix tellement exorbitants que, pour échapper à leurs exigences souvent peu en rapport avec leur science (les plus modestes ne sont pas les moins bons), beaucoup de personnes de condition aisée cherchent à se faire admettre dans les hôpitaux. On se plaint qu’en agissant ainsi, elles volent les pauvres pour lesquels ces établissements ont été créés; c’est la nécessité qui les y oblige: elles n’ont d’autre moyen de se procurer des soins dont elles soient sûres, et d’échapper ainsi à l’ignorance des uns et aux prix exagérés des autres. «Les anciens ne voulaient pas surtout que la vie des hommes fût au prix d’un énorme salaire»; mais déjà du temps de Pline qui écrivait ainsi, les médecins étaient parfois payés des prix excessifs, effet de la civilisation qui, augmentant le bien-être physique, fait que chacun tient davantage à la vie. D’après lui, Erasistrate aurait reçu cent talents (575.000 fr.) pour avoir guéri le roi Antiochus et il en cite plusieurs qui en ont laissé plus de mille à leurs héritiers, après en avoir dépensé autant durant leur vie. Aujourd’hui on a également tendance à l’exagération, et quand on leur parle de tarif, les princes de la science répondent en concédant le paiement de leurs honoraires au prorata du revenu représenté par le prix du loyer. Si encore ils étaient tenus de garantir la guérison ou seulement du soulagement!

44,

1, Æsculapius.—Avait appris la médecine du centaure Chiron. Non content de guérir les malades, il ressuscitait même les morts; c’est ainsi qu’il rendit la vie à Hippolyte, fils de Thésée, qui, repoussant les obsessions de Phèdre sa belle-mère, accusé par elle auprès de Thésée d’avoir voulu la séduire, sur la demande, adressée par son père à Neptune, de le venger, avait été déchiré par un monstre marin. Jupiter, irrité de l’audace d’Esculape, le foudroya, à la prière de Pluton, dieu des enfers, dont l’empire, s’il eût eu des imitateurs, eût couru risque de devenir désert.

2, Hypolitus.—Les éd. ant. et l’ex. de Bord. port. à tort Heleine, au lieu de «Hypolitus».

6, Stygias.—Du Styx. Ce fleuve faisait sept fois le tour des enfers; ses eaux étaient glacées et vénéneuses; c’est par lui que les dieux avaient coutume de jurer et leur serment alors était irrévocable; s’ils y manquaient, ils étaient déchus pendant neuf ans de leur divinité.

9, Mon.—Vraiment oui, puisqu’il peut impunément...—Expression elliptique d’usage fréquent du temps de Montaigne, mise pour: «C’est mon avis».—Cette réponse de Nicoclès se trouve dans le ch. 146 de la Collection des moines Antonius et Maximus.

18, Cassam.—En citant ce vers, Cicéron l’explique, ajoutant: «au lieu de dire comme tout le monde, «un limaçon» ou plutôt fort probablement «un bouillon de limaçons».

20, Fanatiques.—Les éd. ant. et l’ex. de Bord. port.: fantastiques.

46,

2, Contestations.—Pline, Hist. nat., XXIX, 1.

22, Hierophilus.—Celse, préface du Ier livre.—Hiérophile fut le créateur de l’anatomie; on dit qu’il poussa l’amour de la science jusqu’à disséquer des corps de criminels vivants.

23, Erasistratus.—Erasistrate s’est adonné à l’anatomie; a été le chef de l’école des Méthodistes qui, procédant d’après des méthodes déterminées, était opposée à celle des Empiriques, qui s’appuyaient exclusivement sur l’expérience; son école a jusqu’à Galien joui d’une grande célébrité.

23, Asclepiades.—Il préconisait les douches; le premier, il a pratiqué la bronchotomie dans le cas de l’angine.

24, Alcmæon.—A écrit sur la nature de l’âme et sur la médecine; admettait comme causes de toutes choses, certains principes fondamentaux, dont chacun avait son contraire.

27, Strato.—Straton; il passa une partie de sa vie en Égypte où il fut précepteur de Ptolémée Philadelphe. Il expliquait tout par la force productrice de la nature et les maladies par les entraves qu’on lui opposait.

28, Hippocrates.—Le père de la médecine, ainsi qu’on l’a surnommé.—Avait beaucoup voyagé; enseigna et pratiqua, surtout à Athènes. Se basait, pour traiter les malades, sur l’observation, plus que sur des hypothèses, comme on l’avait fait jusqu’à lui; usait de remèdes simples; le premier, divulgua les méthodes curatives jusqu’alors tenues secrètes; a beaucoup écrit, en relatant ses observations; n’a pas craint d’avouer ses erreurs. On a dit de lui qu’il avait refusé des propositions d’Artaxerxès, roi des Perses, qui, à prix d’or, voulait l’enlever à la Grèce et se l’attacher.

28, Amis.—Pline l’Ancien, Hist. nat., XXIX, 1, au commencement.

37, Peloponnesiaque.—Guerre du Péloponnèse; guerre mémorable de la Grèce ancienne, qui eut lieu de 431 à 401, entre Sparte et Athènes, et qui, après des alternatives de succès et de revers, se termina par la défaite de cette dernière.

38, Science.—Tous ces détails sur la médecine sont extraits de Pline, Hist. nat., XXIX, 1.

48,

7, Themison.—Restaurateur de l’école méthodiste, basée sur ce qu’il n’y a dans la nature que de la matière animée et que la diversité des corps provient de la diversité des atomes ou éléments qui les composent.

7, Musa.—Guérit Auguste d’une maladie dangereuse, ce qui lui valut d’être comblé d’honneurs par le prince et par le Sénat: sa statue fut placée dans le temple d’Esculape; et, à sa considération, les médecins furent exempts de toutes sortes d’impôts.—Musa était l’ami d’Horace et de Virgile; c’est lui, a-t-on dit, que ce dernier a célébré dans le livre XII de l’Énéide, sous le nom de Iapis.

9, Messalina.—Les éd. ant. aj.: femme de Claudius Cæsar.

23, Latineurs.—Gens qui s’expriment en latin.

25, Cueillons.—Les éd. ant. port.: nous ne sçaurions donner pris aux drogues que nous cognoissons: si elle ne nous est inconnue, si elle ne vient d’outre-mer, et ne nous est apportée de quelque lointaine region, elle n’a point de force; au lieu de: «la drogue... cueillons».

26, Gayac.—Arbre de la Jamaïque à bois très dur et résineux dont la décoction est un sudorifique; on le nomme aussi «bois saint».

26, Salseperille.—Salsepareille; plante d’Amérique, dont la racine est dépurative et sudorifique.

27, Esquine.—Bois d’esquine; racine d’un certain jonc des Indes, dont il est fait usage en médecine.

30, Mespriser.—Les éd. ant. aj.: et estimer vaines.

34, Paracelse.—Prétendait révolutionner la médecine; et après avoir joui d’une grande réputation, tomba dans le discrédit et mourut à l’hôpital.

34, Fiorauanti.—Mêlait à un peu de science beaucoup de charlatanisme, acquit une certaine notoriété.

35, Argenterius.—Se distingua par ses vives attaques contre Galien.

50,

2, More.—Ésope, dans sa fable l’Éthiopien.—Les Maures sont distincts des Berbers, des Arabes et des Nègres dont l’ensemble forme la majeure partie de la population de l’Afrique; ils semblent un croisement de ces deux dernières races, habitent de préférence les villes, sont vigoureux, basanés, fourbes et cruels, s’adonnent volontiers au brigandage, à la piraterie et à la traite des nègres.

22, Merueilleusement.—Met à une rude épreuve.

23, Repos.—Les éd. ant. à 88 aj.: et de ne troubler rien en son estat.

30, Affuster.—Ajuster, mener à bien; au propre, c’est appliquer une garniture de bois à quelque chose.

40, Faut.—S’il se méprend, s’il manque.

52,

14, Conseil.—L’éd. de 88 aj.: (car d’en voir plusieurs bien d’accord il est mal aisé: ilz haissent l’vni-son de la musique).

15, Suader.—Persuader, comme portent les éd. ant. Suader est le mot latin suadere qui a même signification.

22, Foye.—De nos jours, cela n’est plus exact: l’invention de Roentgen, autrement dit les rayons X réalisent dans une certaine mesure ce fait qui dépasse notre intelligence, bien que nous le reproduisions à volonté, de rendre translucides des corps opaques, notamment le corps humain, et de nous en révéler l’ossature et la présence de tout corps étranger.

24, Et qui.—L’éd. de 80 porte: desquels, ils disent, qu’il y en a aucuns qui, au lieu de: «et qui».

35, Diuerses.—Plus tard, Voltaire, exprimant la même idée, a dit de même: «Quelle bonne farce, d’introduire dans un corps que l’on connaît peu des médicaments que l’on ne connaît pas.»

54,

4, Officier.—Qui est pourvu d’un office, d’une charge. Ici d’un pharmacien ou, comme on disait alors, de l’apothicaire.

6, Pourpointiers.—Tailleurs qui ne faisaient que le pourpoint (ancien vêtement français qui couvrait le corps du cou à la ceinture); doit s’entendre de l’ensemble des vêtements du haut du corps.

6, Chaussetiers.—Ne faisaient que les hauts-de-chausses (culottes) et les bas.

13, Ægyptiens.—Hérodote, II, 84.

14, Descouper.—Diviser en parties complètement séparées; on dit actuellement créer des spécialités.—A cet égard, le vœu de Montaigne est aujourd’hui complètement réalisé; les spécialistes foisonnent, il y en a de toutes sortes. L’idée est bonne, sa réalisation l’est moins. Adressez-vous à l’un d’eux, à peine s’il vous examine, admet sans conteste que vous ne faites pas erreur, que votre cas relève bien de lui et, ne voyant que sa partie, de la meilleure foi du monde, quels que soient votre tempérament et vos antécédents qu’il ne recherche même pas, vous trace un traitement d’après une des formules qu’il a adoptées. Hors certains cas de chirurgie où incontestablement les spécialistes, en raison d’une pratique plus fréquente, ont plus de dextérité et sont à préférer, il n’y en a pas un seul, si grande soit sa réputation, qui vaille mieux qu’un médecin modeste et consciencieux auquel vous vous confiez d’habitude, qui vous voit fréquemment, qui vous porte affection, vous suit et de longue date connaît votre tempérament.—En somme, il est sage de n’avoir recours à un spécialiste que sur le conseil de son médecin ordinaire.

21, Amy.—La Boétie, mort de la dysenterie en 1563.

25, Dissentieuses.—Par ces drogues mêlées confusément et qui ont des qualités discordantes et contraires.

29, Graue.—Gravelle; maladie des reins et de la vessie donnant lieu à la production de concrétions calcaires semblables à de petits grains de sable.

29, Pierre.—Maladie dans laquelle les concrétions qui se produisent chez certaines personnes atteintes de gravelle, s’agglomèrent, ce qui rend leur expulsion beaucoup plus difficile et douloureuse.

56,

3, Expeller.—Chasser; du latin expellere, qui a même signification et dont le participe passé expulsus a fourni les dérivés «expulsé, expulsion».

8, Eau.—Uriner; expression gasconne qui s’est généralisée et s’emploie aujourd’hui assez couramment dans le langage familier.

19, Il est bon.—Le passage commençant par ces mots et se terminant pag. 60, lig. 14, par ceux-ci: «en cet art», était rédigé ainsi qu’il suit dans l’édition de 1580: Somme, ilz n’ont nul discours, qui ne soit capable de telles oppositions. Quant au iugement de l’operation des drogues, il est autant ou plus incertain. I’ay esté deux fois boyre des eaux chaudes de noz montaignes: et m’y suis rangé, par ce que c’est vne potion naturelle, simple, et non mixtionnée, qui au moins n’est point dangereuse, si elle est vaine: et qui de fortune s’est rencontrée n’estre aucunement ennemie de mon goust (il est vray que ie la prens selon mes regles, non selon celles des medecins) outre ce que le plaisir des visites de plusieurs parens et amis, que i’ay en chemin, et des compaignies qui s’y rendent, et de la beauté de l’assiete du pais, m’y attire. Ces eaux là ne font nul miracle sans doute, et tous les effectz estranges qu’on en rapporte ie ne les croy pas; car pendant que i’y ay esté, il s’est semé plusieurs telz bruits que i’ay decouuers faux m’en informant vn peu curieusement. Mais le monde se pipe aiseement de ce qu’il desire. Il ne leur faut oster aussi qu’elles n’esueillent l’appetit et ne facilitent la digestion, et ne nous prestent quelque nouuelle alegresse, si on n’y va du tout abatu de forces. Mais moy ie n’y ai esté ny ne suis deliberé d’y aler que sain et auecques plaisir. Or quant à ce que ie dis de la difficulté, qui se presente au iugement de l’operation, en voicy l’exemple. Je fus premierement à Aigues-caudes, de celles là ie n’en sentis nul effet, nulle purgation apparente: mais ie fuz vn an entier aprez en estre reuenu sans aucun ressentiment de colique, pour laquelle i’y estoy allé. Depuis ie fus à Banieres, celles cy me firent vuyder force sable, et me tindrent le ventre long temps apres fort lache. Mais elles ne me garantirent ma santé que deux mois: car apres cela i’ay esté tresmal traicté de mon mal. Ie demanderois sur ce tesmoignage, ausquelles mon medecin est d’auis que ie me fie le plus, ayant ces diuers argumentz et circonstances pour les vnes et pour les autres. Qu’on ne crie donc plus apres ceux, qui en céte incertitude se laissent gouuerner à leur appetit et au simple conseil de nature. Or ainsi, quand ils vous conseillent vne chose plus tost qu’vne autre, quand ils nous ordonnent les choses aperitiues, comme sont les eaux chaudes, ou qu’ils nous les deffendent: ils le font d’vne pareille incertitude, et remettent sans doubte à la mercy de la fortune l’euenement de leur conseil: n’estant en leur puissance ny de leur art de se respondre de la mesure des corps sableux, qui se couuent en noz reins: là où vne bien legiere differance de leur grandeur peut produire en l’effet de notre santé des conclusions contradictoires. Par cet exemple lon peut iuger de la forme de leurs discours. Mais pour les presser plus viuement, il ne fauldroit pas vn homme si ignorant comme ie suis de leur art.

31, Bastelant.—Faisant les bateleurs, se jouant et badinant.

58,

33, Della Villa.—Bains près de Lucques; on les nomme actuellement tout simplement i Bagni (les Bains).

60,

1, Prise.—C.-à-d. on retient les malades au lit dans l’établissement même où ils ont bu l’eau.

3, Corneter.—Corneter et ventouser sont synonymes; le premier est hors d’usage; dans quelques dictionnaires modernes, on trouve encore «cornet à ventouses».

4, Doccie.—Douches; jets d’eau chaude ou froide que l’on dirige sur le corps ou une de ses parties. Leur emploi, restreint au temps de Montaigne à l’état de traitement curatif, s’est généralisé, et est devenu en outre un de nos moyens courants d’hygiène et de propreté.

19, Effertur.—Ausone, Epig. 74, de qui sont ces vers, joue ici sur le mot effertur, efferre signifiant emporter et aussi porter en terre.—En fait de médecins du nom d’Alcon, on n’en connaît qu’un, dont Pline dit qu’il vivait à Rome du temps de Claude, et qu’ayant été exilé et ses biens s’élevant à dix millions de sesterces (2.100.000 Fr.) confisqués, il en gagna autant en peu d’années, après avoir été rappelé.

25, Caupene.—Ce baron de Caupène était petit-fils du maréchal de Montluc.

27, Benefice.—Charge ecclésiastique pourvue d’un revenu; les patrons étaient ceux qui avaient contribué, eux ou leurs ancêtres, à la fondation de l’église; ils présidaient aux cérémonies, présentaient un candidat à la nomination de l’évêque et percevaient quelquefois une partie des revenus du bénéfice. Celui dont il est question ici, était la cure de Lahontan, dont avait été titulaire un des oncles de Montaigne. V. N. III, 34: Quatre.

37, Destroit.—District, pays, se livrer à la mendicité.

43, Maistres.—Voir N. II, 478: Maistre Iean.

62,

2, Grand.—Ou monsieur, comme portent les éd. ant.

4, Comperes.—L’éd. de 80 port.: cousins.—Les bourgeois s’appelaient entre eux compères, comme les gentilshommes s’appelaient cousins.

12, Apostemes.—Abcès non ouverts; apostème et apostume se disent encore, quoique rarement; on le trouve chez La Fontaine, dans sa fable Le cheval et le loup:

«J’ai, dit la bête chevaline,
Un apostume sous le pied.»

25, Raccourcies.—Ce membre de phrase: «leurs vies raccourcies de moitié», est de trop. On ne saurait nier que la médecine ne soit parvenue à force d’hygiène à prolonger la vie humaine dont certaines statistiques fixent, de nos jours, la durée moyenne, en France, à 46 ans, alors qu’il y a un siècle à peine, on la tenait moindre de près de 10 ans. De fait, les maladies engendrées ou aggravées par la misère et les logements insalubres, la malpropreté, la négligence dans les soins donnés aux enfants en bas âge, ont bien diminué; et aussi les épidémies, par suite des mesures prises dès leur apparition pour en arrêter le développement; enfin la vaccination a de plus en plus raison de nombre de maladies, et non des moindres, contre lesquelles la science était jadis impuissante. Mais à quel prix ce résultat est obtenu, Montaigne nous le dit, et cet affaiblissement qu’il accuse dans nos tempéraments est bien réel: notre vie est plus longue, mais plus souffreteuse; l’intensité de l’existence qui aujourd’hui se passe, pour le plus grand nombre, dans un état de préoccupations et souvent de surexcitations continues qui, jadis, n’était l’apanage que de quelques-uns; la sophistication des denrées alimentaires quelles qu’elles soient, la contamination presque générale de l’eau que nous buvons; l’alcoolisme qui va gagnant sans cesse, font que finalement, dès la jeunesse, nous sommes aux prises avec des maux d’estomac, d’intestins, avec des douleurs de toute nature qu’autrefois on ne connaissait guère que dans l’âge avancé, et témoignent d’une dégénérescence qui va augmentant de génération en génération.—Parmi ces infirmités devenues plus précoces et multipliées, la tuberculose, qui présentement en France emporte 350.000 personnes par an, tient le premier rang, tant par sa gravité que par la rapidité de son extension. Son développement excessif, depuis une cinquantaine d’années, tient à ce qu’elle est héréditaire, et que la sélection qui, il n’y a pas encore cent ans, s’opérait aux débuts de la vie et s’étendait à tout ce qui était venu au monde avec une organisation débile, se trouvant considérablement réduite par les progrès de l’hygiène, tous ceux qui n’ont échappé que grâce à ces conditions d’hygiène, vont procréant des êtres qui sont tout désignés pour être atteints à bref délai et propager à leur tour les germes morbides qu’ils ont reçus en naissant. On peut essayer de guérir les tuberculeux, on y parviendra peut-être pour nombre d’entre eux; mais tous les moyens curatifs existants ou à trouver: régime, sanatoria, sérums, ne seront que des palliatifs insuffisants contre le fléau; pour l’enrayer, il n’est qu’un remède d’efficacité absolue: il faut le prévenir, en tarir la source en interdisant le mariage, c’est-à-dire la propagation de leur mal, à ceux qui sont contaminés; et pour cela il suffit que la loi édicte qu’un bulletin de visite médicale, délivré à bon escient, soit joint aux pièces à produire à la mairie, par quiconque est en instance de mariage. Conçu en termes généraux, ce bulletin aurait, du même coup, pour effet de protéger les familles contre l’introduction subreptice dans leur foyer des syphilitiques et autres avariés qui, plus heureux que les tuberculeux, ont des chances de guérison; il ne serait qu’un renseignement qui leur permettrait de savoir à quoi s’en tenir, celles qui le jugeraient à propos ayant, à moins que l’expérience ne montre la nécessité d’un interdit formel, la faculté de passer outre; le remède n’est ni difficile, ni coûteux, ni gênant pour ceux qui sont indemnes, il suffit de vouloir.

40, Curieux.—Les éd. ant. à 88 aj.: et d’autres auec moy.

64,

5, Inusité.—Il s’agit ici de pelotes, de grosseur variable, pouvant atteindre cinq à six centimètres de diamètre, nommées par les savants «egagrophytes» et aussi «besourds d’Allemagne», composées de détritus de plantes, de poils de l’animal et de concrétions calcaires qui se forment assez fréquemment dans le premier et parfois dans le deuxième estomac des ruminants.

15, Petrifiante.—Les éd. ant. aj.: Et si cette beste est suiette à cette maladie, ie trouue qu’elle a esté mal choisie pour nous y seruir de medicaments.—En supprimant ce membre de phrase, Montaigne s’est bien inconsciemment épargné les démentis que l’avenir lui eût apportés, lorsque 150 ans plus tard la vaccine était découverte et que trois siècles après lui le génie de Pasteur, qui n’était pas médecin, imaginait de communiquer certaines maladies à certains animaux et par des traitements appropriés d’en tirer ces sérums qui immunisent l’homme et aussi d’autres animaux contre ces mêmes maladies ou les en guérissent, ouvrant à la science un champ illimité d’expériences et d’applications.

21, Euenemens.—Néanmoins, elles réussissent dans quelques heureuses circonstances.

22, Necessité.—«Honore les médecins à cause de la nécessité (sous-entendu: où tu es d’y avoir recours),» dit l’Ecclésiastique, XXXVIII, 1; et il ajoute: «parce qu’il est une création du Très-Haut».

23, Asa.—«Affligé, dit l’Écriture (II Paralipomènes, XVI, 12), d’un mal qui lui tomba sur les pieds et remonta plus haut (probablement la goutte), il n’eut point recours au Seigneur et mit plutôt sa confiance dans la science des médecins.» On croit que par médecins, il faut entendre ici les magiciens, parce qu’alors la plupart des médecins usaient de sortilèges et de superstition, et qu’il est vraisemblable que s’il en eût été autrement, ce reproche ne lui eût pas été adressé.

25, Aymez.—«Le médecin, d’après Alphonse Daudet, est un homme qui console toujours, soulage souvent, guérit parfois.» Définition fort juste en tant qu’appliquée au médecin familial, qui vous suit au cours de la vie, étudie et connaît votre tempérament, est votre ami autant que votre conseiller, ce qui est rare dans les grands centres où abondent par trop ce que l’on est convenu d’appeler les princes de la science et aussi les spécialistes et les prolétaires. Aux premiers le temps fait défaut, les seconds ne voient que ce qui les touche, les derniers parfois n’ont pas assez de scrupule; chez certains d’entre les uns et les autres les honoraires demandés sont souvent d’une exagération excessive, lors même que leur science s’est trouvée en défaut ou que leurs soins n’ont pas abouti.

28, Vacations.—Professions.

32, Loy.—Je leur permets, je leur donne licence.

33, Sorte.—Les éd. ant. port.: me coucher sur le costé droit, si i’ayme autant y estre, que sur le gauche, au lieu de: «m’abrier... sorte».

36, Clairet.—Ancien nom du vin de Bordeaux que, dit-on, les Anglais, qui en sont fort amateurs et gros consommateurs, lui ont conservé et qui vient de ce que, relativement aux autres vins du Midi, il est peu chargé en couleur.

66,

10, Destroussement.—Ouvertement.

14, Soif.—Les éd. ant. port.: faim.

24, Place.—Places publiques. «C’était une loi sagement établie», dit Hérodote, I, 197, qui ajoute: «il n’était pas permis de passer près d’un malade sans s’enquérir de son mal».—V. aussi Strabon, XVI.

29, Breuets.—Barbotages est pris ici au figuré et signifie marmottages, prières cabalistiques, etc.; les brevets sont les préservatifs contre le poison, les enchantements, les maladies, etc., généralement sous forme de billets enfermés dans une sorte de gaine en étoffe ou en peau qu’on suspendait aux bras, aux poignets et autres parties du corps, autrement dit des amulettes; il nous en reste bien quelque chose.

32, Homere.—Odyssée, IV, 231.

36, Confrairie.—Société habituelle; lorsqu’il écrivait les Essais et en particulier ce chapitre où il se met assez souvent en cause, il ne faisait plus partie du Parlement.

68,

2, Desprendre.—Je ne puis quitter ce sujet.

6, Simples.—Nom vulgaire des herbes et plantes médicinales.

17, Galen.—Galien; séjourna plusieurs années à Alexandrie pour y étudier l’anatomie; vint à Rome et y devint le médecin des empereurs Marc-Aurèle, Vérus et Domitien. C’est, après Hippocrate, dont il suivait la doctrine, le premier médecin de l’antiquité; il a publié une foule d’écrits qui formaient un corps complet d’études médicales, plusieurs sont perdus. Il expliquait tout, en médecine comme en physique, par le fait des quatre éléments: l’eau, l’air, la terre, le feu, et celui des quatre qualités: le chaud, le froid, l’humide, le sec; et pour expliquer les phénomènes de la vie, il admettait un fluide vital.

20, Vaisseau.—Vase. Un auteur du XVIIe siècle dit qu’à cette époque les Indiens considéraient du bouillon de serpent comme un excellent préservatif contre la lèpre.

30, Aisée.—C.-à-d. à laquelle il faut prêter une croyance bien souple et bien accommodante; il se trouve à nouveau non moins embarrassé pour discerner dans quel cas et à quelle maladie il peut faire application de ce remède.

36, Maladies.—Devant chacun de ces compléments: l’épilepsie, au mélancolique, en hiver, etc..., les mots «que c’est», sont chaque fois sous-entendus.

70,

16, Experiences.—Hippocrate, Galien et Celse.

24, Pas.—Sur ce passage, ce sujet.

72,

9, Tibere.—Tacite, Ann., VI, 46.—Tibère, encore jeune, se distingua aux armées et, plus tard, fit fleurir la paix, l’ordre, la justice dans les provinces et administra bien les finances; mais, soupçonneux et cruel, il donna, lorsqu’il eut le pouvoir suprême, libre cours à ces instincts. Sur la fin de sa vie, il s’était retiré dans l’île de Caprée, non loin de Naples, pour échapper à la haine qu’il sentait s’élever autour de lui et se livrer en toute liberté à ses vices.

26, Suffisance.—L’éd. de 88 aj.: pour m’agencer et meliorer, non pour me parer et honorer;—celle de 88 aj.: et de la valeur.

33, Creu.—Ailleurs pourtant, Montaigne dit qu’il faut colloquer les gens non selon les facultés de leur père, mais selon celles de leur âme. Si tous ceux, «sous de meschantes chausses», n’avaient pas fait de livres, que de chefs-d’œuvre n’existeraient pas: Homère a mendié; Virgile naquit paysan; Horace était fils d’esclave; Corneille, qui touchait six francs de droits d’auteur quand on jouait le Cid, demandait un crédit de trois sols pour un ressemelage de souliers; La Fontaine avait souvent besoin de Fouquet; Boileau empruntait cent pistoles à Racine pour aller aux eaux, et Racine les demandait à Louis XIV pour les prêter à Boileau.

34, Moy.—Ne me le demandez pas à moi, qui aimerais encore mieux être un bon cuisinier, si.

37, Ailleurs.—Le Talmud dit dans le même sens: «La science sans richesse est comme un pied sans soulier; la richesse sans la science comme un soulier sans pied.»

74,

12, Latins.—Bien d’autres médecins latins ont écrit, entre autres: Celius Aurelianus, contemporain de Galien; Serenus Samonicus, qui vivait sous l’empereur Septime Sévère; Marcellus Empiricus, sous Théodose le Grand; Æmilius Macer, contemporain de Virgile; Apulée, contemporain de Celse; il est, du reste, à observer que les Romains s’abstenaient en général de pratiquer cet art, que n’exerçaient guère que les Grecs.  Payen.

12, Celsus.—A traité de toutes les sciences, et en particulier de la médecine; seul, demeure son ouvrage sur ce dernier sujet, remarquable par le style autant que par la valeur du fond.

14, Pincer.—C.-à-d. je ne fais que critiquer légèrement cet art des médecins.—Montaigne fait le mot «art» tantôt féminin, tantôt masculin, mais plus souvent féminin.

14, Pline.—Liv. XXIX, ch. 1.

15, Corde.—Ou de leur latin, comme port. les éd. ant.; c.-à-d. de leurs ressources.

21, Gramontoises.—C.-à-d. il ne parle pas des eaux thermales de ce côté-ci des Pyrénées qui relèvent de la seigneurie de Gramont.—Cette seigneurie, située dans la Basse-Navarre, appartenait à la famille du même nom, dont était madame de Duras.—L’éd. de 88 aj. ici: les montaignes où elles sont assises ne sonent et ne retentissent rien que de Gramont.

21, Ils.—Les éd. ant. port.: Nos médecins sont encore plus hardis, car ils, au lieu de: «Ils».

29, Pericles.—Chef du parti démocratique à Athènes; il aimait les lettres et les arts qui prirent, sous son initiative, un essor qui fait souvent désigner son époque sous le nom de «siècle de Périclès». Il signala son administration à l’intérieur par la construction de beaux édifices et des fêtes somptueuses; au dehors, par de grands succès, mais qui ne se maintinrent pas. Il détenait le pouvoir quand éclata la guerre du Péloponnèse (V. N. III, 162: Peloponnesiaque); il n’en vit que les débuts et mourut de la peste.

30, Breuets.—Amulettes. V. N. III, 66.

76,

5, Dragmes.—Poids et monnaie grecs: comme poids, la drachme était environ de trois grammes; comme monnaie, de cinquante à quatre-vingts centimes environ, sa valeur ayant varié à diverses époques.

5, Opiate.—Préparation pharmaceutique de consistance un peu molle et dont le suc de pavot (opium) était la base.

6, Violente.—Les éd. ant. aj.: et qui aura troublé l’assiette de mon entendement et de ma raison.

11, Deriuée.—C.-à-d. qui m’est venue de, qui m’a été transmise par mes ancêtres.

18, Assené.—Bien singulier, bien mal placé, peu justifié.

37, Diuersité.—«Diversité est ma devise,» a dit La Fontaine.—Les éd. ant. aj.: et la discordance.


LIVRE TROISIÈME

CHAPITRE PREMIER.
78,

Troisieme.—Ce troisième livre a paru pour la première fois dans l’éd. de 1588.

Honeste.—Ce chapitre traite de la conduite à tenir dans les guerres civiles. Il mérite attention et est assez difficile à comprendre; Montaigne y développe les idées qui ont dû le guider et les sentiments qui ont dû l’animer pendant le temps durant lequel il a occupé des fonctions publiques.

2, Curieusement.—Avec recherche, avec prétention, de parti pris.—Pascal a encore ramassé ici, chez Montaigne, comme cela lui arrive souvent, une pierre pour le lapider. Après lui avoir reproché de s’être fait le sujet principal de son livre, il termine: «Car de dire des sottises par hasard et par faiblesse, c’est un mal ordinaire; mais d’en dire par dessein, c’est ce qui n’est pas supportable...»

6, Eust.—Pour peu qu’elles me coûtent.

11, Poison.—Tacite, Ann., II, 88.

38, Parer.—«L’hypocrisie est un hommage rendu par le vice à la vertu.» La Rochefoucauld.

80,

9, Sentent.—«Cet âge est sans pitié,» a dit La Fontaine, parlant de l’enfant.

28, Impudence.—Cette même thèse est exposée par Boguet, ce juge de Saint-Claude qui, dans son discours sur les sorciers (1602), blâme la perfidie dont on usait envers eux, ne voulant pas que l’avocat trahisse son client, que le juge promette grâce à l’accusé pour le faire mourir; blâmant les épreuves auxquelles on les soumettait, la torture qu’on leur infligeait, et qui tout en préconisant ces principes humanitaires, fit du pays un désert; il n’y eut jamais juge plus consciencieusement exterminateur (V. N. III, 540: Vif).

32, Peine.—Que difficilement je trahirois le prince pour un particulier, moi qui serais très fâché, etc.

36, Princes.—Entre le roi de Navarre, depuis Henri IV, et le duc de Guise; postérieurement entre Henri III et le roi de Navarre. V. de Thou, De Vita sua, III, 9.

82,

3, Masque.—Engageassent la pointe de leur lance ou de leur épée dans mon masque.

3, Mestier.—Les diplomates.

5, Peuuent.—Contrefont la plus parfaite neutralité et se montrent les plus amis qu’ils peuvent, les plus dévoués aux intérêts de ceux avec qui ils traitent.—«Un diplomate, disent les Italiens, doit avoir la physionomie ouverte et la pensée impénétrable.»

15, Hipperides.—Plutarque, De la différence du flatteur avec l’ami, 24.—Hypéride s’employa activement contre les Macédoniens qui, vainqueurs, se le firent livrer, lui arrachèrent la langue et le soumirent aux pires tortures.

24, Peut.—Que le coup porte, s’il est possible.

27, Particuliere.—Tacite dit de même: «Galba, Othon, Vitellius ne me sont connus ni par les bienfaits, ni par les offenses que j’en ai reçus.»

28, Priué.—Ni excitée, ni ralentie par un intérêt personnel.

29, Iuste.—Cette cause est celle de la Ligue, confédération du parti catholique sous Henri III, fondée par le duc de Guise, dans le but apparent de défendre la religion contre les Calvinistes; en réalité, pour renverser le roi. Henri IV y mit fin par ses victoires et son abjuration en 1593.

31, Potest.—Cette citation ne figure pas ici dans l’ex. de Bordeaux; elle est reproduite dans la présente édition une seconde fois, III, 502.

84,

4, Vieille.—Allusion à un dicton de l’époque. La vieille femme en offrant un cierge à saint Michel, un autre au dragon avec lequel, dans les tableaux, on le représente en lutte, cherche à ménager les deux adversaires, la chèvre et le chou, comme dit un autre proverbe. Montaigne, à son instar, est disposé à faire sa cour aux deux partis en présence. Cet aveu prêterait fort à la critique sans le commentaire qui le suit et dont il ne saurait être séparé.—La Fontaine, et lui sans commentaires, a dit aussi: «Le sage dit, selon les gens: Vive le roi, Vive la Ligue»; mais ce n’est qu’une constatation qu’il fait et non une opinion personnelle qu’il émet.—Ce passage rappelle encore celui de Macrobe, où il parle d’un homme qui avait dressé deux corbeaux, l’un pour féliciter Auguste, l’autre pour applaudir Marc-Antoine.

7, Besoing.—Add. de 88: et s’il ne sert.

9, Atticus.—Cornélius Népos, Atticus, 6.—Atticus s’éloigna de Rome, pendant les guerres civiles, pour ne pas prendre part aux troubles publics. Il se refusa constamment à toute situation officielle et resta constamment lié avec les hommes les plus éminents, quoiqu’ils fussent divisés entre eux, avec Sylla et Cinna, Pompée et César, Antoine et Cicéron, Brutus et Octave. Jouissant d’une grande fortune et d’un grand crédit, il n’en usa que pour faire réparer les injustices et secourir les victimes des divers partis.

17, Honneste.—Combien est d’à propos cette appréciation de Montaigne sur la conduite à tenir en cas de troubles. En ces temps, dès qu’il s’en produit, on gémit, on ferme boutique, on se clôt chez soi, on émigre ou encore on va voir, semblant faire cause commune avec les fauteurs de désordre et de la sorte donnant plus d’importance au mouvement et ajoutant à la difficulté de la répression, s’en remettant exclusivement du soin de ramener l’ordre au Gouvernement qui parfois trahit, parfois lâche pied, et en tout cas, n’a pas toujours sous la main de quoi parer au mal, qui va grandissant d’instant en instant. Il en serait souvent autrement si dès le début chacun s’y employait; en Angleterre, quand le fait se produit, chacun prenant parti a possibilité de s’enrôler momentanément dans la police, à laquelle ce concours immédiat permet la plupart du temps d’étouffer le mal dès qu’il se manifeste. Que ne tente-t-on pareille chose en France! il ne manque pas de gens d’ordre et de cœur pour s’y prêter; sa réalisation serait peut-être plus facile qu’on ne se l’imagine, et procurerait un appoint moral sérieux et effectif qui n’est pas à négliger.—On commence du reste, dans nos grandes villes où les attaques nocturnes vont se multipliant dans une proportion inquiétante, à se faire à l’idée que le plus sûr est encore de se protéger soi-même, et à préconiser la création de gardes de nuit, à la charge des particuliers et à l’instar des sérénos en Espagne et de ce qui existe de semblable en d’autres pays sous d’autres noms, spécialement chargés de veiller dans telle rue, tel quartier, à la sûreté de tous, prévenir les effractions, prêter assistance aux passants attardés, poursuivre et arrêter les malfaiteurs.—Cette attitude inerte des populations en cas de troubles, se retrouve également lorsque se produit un incendie; la plupart viennent voir, puis se dérobent aussitôt, laissant aux sapeurs-pompiers et à l’armée, quand il s’en trouve des détachements sur les lieux, la tâche exclusive de le combattre; cette observation n’a pas trait, bien entendu, à Paris et autres villes, où le service de secours contre l’incendie est organisé de toutes pièces et n’a besoin d’aucune aide.

18, Applicent.—D’un fait particulier auquel a trait cette citation, Montaigne fait une maxime générale, en changeant un peu les paroles de l’auteur.

19, Gelon.—Hérodote, VIII, 163.—En 480; mais le fait n’est pas exact: Gelon allait se joindre aux Grecs contre Xerxès, quand les Carthaginois, à l’instigation de ce prince, attaquèrent la Sicile, où du reste ils furent complètement battus, et une des conditions que leur imposa le vainqueur fut l’abolition des sacrifices de victimes humaines.

22, En eschauguette.—En sentinelle; se dit et du lieu d’où l’on surveille et de l’action elle-même.

24, Concilier.—Faire alliance avec, se rendre favorable.

30, Veut.—C.-à-d. auxquelles, qui le voudrait, ne peut se dispenser de prendre part.—La traduction présente ici un contre-sens que corrige l’errata placé à la fin du volume.—La difficulté de compréhension de ce membre de phrase disparaît en le lisant: «ne s’empesche pas qui ne veut pas», ce qui n’en change pas le sens.

31, Attrempance.—Modération, du latin temperantia, qui a cette signification.

34, De Moruilliers.—Personnage considérable de l’époque; prit part au traité de Cateau-Cambrésis et au concile de Trente. Protégé par les Guise, il se montra toujours contraire à la Réforme, mais ne s’associa point aux persécutions dont elle fut l’objet.

34, Ouurent.—Travaillent.

37, Appreste.—Ceci est fort sujet à discussion. A moins de s’annihiler complètement, et encore, ce qui en tout cas n’est ni digne, ni conforme au devoir, la neutralité, dans les divisions politiques, est peu admise; il faut être nettement d’un côté ou de l’autre et qui n’est pas du côté du manche, est du côté du balai; vienne l’occasion, on le lui fera bien voir.

86,

3, Marcher.—Par ce fait qu’on marche.

14, Guerre.—«Nos vertus ne sont souvent que des vices déguisés.» La Rochefoucauld.—«Les vices entrent dans la composition des vertus, comme en médecine les poisons dans la composition des remèdes; la prudence les assemble et les tempère et elle s’en sert utilement dans les diverses circonstances de la vie.»  La Rochefoucauld.

25, Homme.—Quand, le 15 juin 1815, de Bourmont, chef d’état-major d’un corps d’armée français, passa à l’ennemi, quelques heures après il rencontrait Blücher qui commandait l’armée prussienne qui nous était opposée. Le vieux soldat, révolté de voir un homme portant l’uniforme de général de division déserter le matin d’une bataille, le laissa passer sans rien lui demander et un de ses officiers s’étonnant de sa brusquerie à son égard, alors qu’il avait arboré la cocarde blanche, dit tout haut, sans se soucier d’être entendu par le transfuge: «Qu’importe la cocarde, Jean foutre sera toujours Jean foutre.»

88,

7, Lysimachus.—Plutarque, De la Curiosité, 4.—Lysimaque appartenant à la garde royale d’Alexandre le Grand et ayant encouru sa disgrâce, fut, par ordre de ce conquérant, exposé sans armes à la fureur d’un lion énorme; comme l’animal ouvrait la gueule pour le dévorer, il lui saisit la langue avec la main et l’étouffa, ce qui excita si fort l’admiration d’Alexandre qu’il lui rendit son amitié; il se révéla par la suite un de ses meilleurs généraux, et à sa mort devint roi de Thrace; plus tard il conquit la Macédoine et périt en cherchant à s’agrandir davantage encore; d’un caractère qui était en rapport avec sa force brutale, il se rendit odieux par ses cruautés; n’épargnant pas même les siens, il mit à mort un de ses fils sur de légers soupçons.

9, Secrets.—«La pensée intime du roi doit demeurer secrète.» Livre de Tobie.

90,

1, Succedoit.—C.-à-d. et cela avec succès.

2, Heure.—C.-à-d. cependant je m’en détachai de bonne heure.—Allusion aux fonctions de conseiller au parlement de Bordeaux que Montaigne occupa de 1554 à 1570.

20, Engin.—Esprit; du latin ingenium qui a cette signification.

29, Bastonnades.—Cette fable d’Esope a été reproduite par La Fontaine: L’âne et le petit chien, IV, 5.

92,

1, Dandamys.—Plutarque, Alexandre, 20; Strabon, XV, qui l’appelle Mandanis.—Le propos, tenu par Dandamis, sur ces philosophes grecs était qu’ils pensaient sagement, mais avaient tort de faire passer la loi et les coutumes avant la nature, sans quoi ils ne rougiraient pas d’aller nus et de vivre simplement. C’est par ses conseils que le roi Taxile aurait fait sa soumission à Alexandre. Invité à se rendre auprès de lui par ce conquérant qui lui promettait récompense s’il obéissait et le menaçait de châtiment dans le cas contraire, il refusa, faisant répondre qu’il n’avait nul besoin qui ne trouvât déjà ample satisfaction et que la mort le débarrasserait d’une guenille charnelle déjà usée par la vieillesse et lui procurerait en échange une vie meilleure.

9, Necessaires.—Telle, par exemple, celle qui a pour objet la propagation de l’espèce.

23, Rome.—Tacite, Ann., II, 65.—En 18, ces deux compétiteurs étaient l’oncle et le neveu, et l’empereur qui intervint ce fut Tibère; Pomponius Flaccus, employé en cette circonstance, était lié avec celui qu’il reçut mission d’arrêter et c’est ce qui l’avait fait désigner à cet effet, ce choix devant moins exciter sa défiance.

26, Sentir.—Montaigne fait ici allusion à quelque trait de perfidie qui s’est produit à l’époque où il écrivait; mais dans ces temps de corruption et de troubles il y eut tant de faits de ce genre, qu’on ne peut deviner duquel il veut parler. Peut-être est-ce de la Saint-Barthélemy succédant à la paix qui venait d’être conclue avec les Protestants et ayant lieu en même temps que se célébrait le mariage de la sœur du roi avec le roi de Navarre leur principal chef, ou encore on a cru que ce pouvait être de la feinte réconciliation de Catherine de Médicis avec le duc de Guise et qui aboutit à l’assassinat de celui-ci, qu’il était question; c’est douteux, parce que l’événement s’est produit l’année même où s’imprimait cette partie des Essais (1588) et qu’à ce moment semblable dénouement ne pouvait se prévoir.

35, Non que.—Alors que cela n’irait pas jusqu’à assassiner...

38, Lacedemoniens.—Plutarque, Différence entre le flatteur et l’ami, 21.

94,

5, Iuges.—Plutarque, Apophth. des rois.—Il y a longtemps de cela! Que de fois depuis, malgré ce qu’a pu dire un des siens, a-t-elle, dans les causes politiques, rendu des services en rendant des arrêts; cela est et sera toujours en plus ou en moins, suivant les hommes et les temps.

18, Fabricius.—Combattant Pyrrhus, le médecin de ce prince lui proposa de l’empoisonner; il en avertit le roi auquel il renvoya le traître chargé de liens; Pyrrhus, frappé de sa générosité, lui rendit sans rançon tous les prisonniers qu’il lui avait faits et bientôt après évacua l’Italie (278). Quelques années auparavant (282), vainqueur des Samnites, il avait refusé les présents qu’ils lui offraient pour leur avoir fait accorder la paix. Deux fois consul, une fois censeur, il mourut si pauvre que l’État fut obligé de doter sa fille et de faire les frais de ses funérailles.—L’éd. de 88 port. Flaminius, ce qui est une erreur.

23, Practiqua.—Gagna, soudoya.

26, Galant.—En habile homme.

31, Arse.—Brûlée, du latin arsus, part. passé de ardere qui a cette signification.

31, Totale.—Avec massacre général;—occision, du latin occidere, tuer; part. passé, occisus.

36, Conduitte.—En 1138.—Boleslas lui avait tendu une embuscade dans laquelle il était tombé, et était demeuré quelque temps son prisonnier. Martin Cromer, De rebus Polon., V.

96,

1, Argyraspides.—Corps des plus estimés de l’armée macédonienne, composé de vieux soldats et qui faisait partie de la garde d’Alexandre; à sa mort, ils suivirent Eumène. Ils avaient de petits boucliers d’argent, d’où leur nom, et étaient armés de la sarisse, sorte de longue lance.

1, Eumenes.—Plutarque, Eumène, 9.—Eumène avait été secrétaire de Philippe, père d’Alexandre. A la mort de ce dernier, il se fit le protecteur de sa veuve et de son fils, ce qui le mit en lutte continue avec les autres généraux et, en particulier, contre Antigone, auquel le livrèrent ses soldats fatigués de ces guerres sans fin et gagnés par les promesses qui leur furent faites. Antigone le laissa mourir de faim; mais obligé de décamper et la mort ne se produisant pas assez vite, il le fit égorger (315).

2, Mais.—A peine l’eut-il fait tuer.

13, Tarpeien.—A Rome; roche située près du Capitole et d’où l’on précipitait les criminels coupables de trahison; l’esclave qui avait trahi Sulpitius en fut précipité coiffé du bonnet de liberté, fruit de sa scélératesse.  Valère Maxime, VI, 5, 7.

15, Canacre.—Grégoire de Tours, II, 41, d’où le fait semble tiré, dit Chararic, au lieu de Canacre, et ne le rapporte pas de la sorte; Montaigne a dû faire confusion. Il est à croire qu’il s’agit plutôt de Cloderic, dont il est question immédiatement chez ce même historien: Cloderic avait fait égorger Sigebert, son père, roi de Cologne, à l’instigation de Clovis; celui-ci le fit tuer à son tour par des émissaires, qui le massacrèrent comme il leur montrait le trésor dont la mort de son père l’avait rendu maître (509).

16, Pratiquez.—Ce à quoi il les avait incités.

20, Race.—Suivant ce qui est de coutume chez eux.

30, Conscientieuse.—C’est ainsi que venait d’en agir (1501) le duc de Valentinois, César Borgia, et le souvenir de ce fait, consigné du reste dans Machiavel, Prince, 7, n’en était pas encore perdu, à l’égard de Remiro d’Orso, établi par lui gouverneur de la Romagne, qu’il lui avait asservie par la terreur, et qu’il fit ensuite poursuivre et exposer éventré sur la place publique, en désaveu des cruautés qu’il avait commises dans son intérêt, pensant par là se concilier les populations qui ne furent pas dupes du procédé.

98,

3, Seianus.—Quand Tibère se retira à Caprée, Séjan exerça toute l’autorité à Rome, enchérissant encore sur la tyrannie de son maître; mais, pressé par l’ambition, il alla jusqu’à aspirer au pouvoir suprême et pour y arriver conspira contre l’empereur; découvert, il fut arrêté et étranglé.

5, Forcée.—Violée.—Montesquieu fait à ce sujet la réflexion que Tibère, en agissant ainsi, détruisait les mœurs pour conserver la coutume: Voltaire conteste cette aggravation d’un acte de cruauté déjà si odieux par lui-même. L’enfant avait sept ans, Tibère en avait soixante-dix et était trop adroit pour ordonner une barbarie aussi infâme qui, sans utilité, lui aurait valu, malgré l’abaissement des caractères, la réprobation universelle. Du reste ni Tacite, Ann., V, 9, ni Suétone, qui rapportent le fait, ne disent que cette action exécrable ait été commise avec son assentiment ou celui du Sénat; ils se bornent à la présenter comme un bruit rapporté par les écrivains du temps.

13, Propre parricide.—En commettant un crime semblable.

16, Vuitolde.—Cromer, De rebus Pol., XVI.

22, Foy.—Fait manquer à sa parole et violer sa foi.

27, Gehenne.—Tourmenté, pressé, gêné.

100,

2, Reserue-il.—Dans quelle nécessité plus pressante et plus juste veut-il s’en remettre à la pure conduite du ciel?

9, Naturelles.—De droit commun, dictées par la nature.

27, Frere.—Diodore de Sicile, XVI, 65; Plutarque, Timoléon, 3; Cornélius Népos, Timoléon, 1.—Son frère Timophane voulant usurper le pouvoir à Corinthe, Timoléon, n’ayant pu le détourner de ses projets criminels, le tua (365); après ce cruel sacrifice, il s’exila et resta vingt ans éloigné des affaires. En 343, chargé par Corinthe d’aller délivrer Syracuse de la tyrannie de Denys le Jeune, il le chassa, délivra de même plusieurs autres villes de la Sicile des tyrans qui les opprimaient et repoussa les Carthaginois; partout il rétablit la république, fit refleurir l’ordre et la prospérité, puis abdiqua le pouvoir souverain. Il est regardé comme un modèle de grandeur d’âme, de sagesse et de modération.

28, Diuers.—Si étrange, si singulier.

35, Cettuy-cy.—C.-à-d. le but que se proposait Timoléon en tuant son propre frère qui oppressait sa patrie, est excusable, autant qu’une pareille action peut l’être.

102,

1, Orde.—Sale; dérive du latin sordidus, par suppression de la lettre initiale; de ce mot dont on ne se sert plus aujourd’hui, est venu «ordure», qui est encore en usage.

3, Garand.—Pour justifier.

9, Elles.—Cicéron, De Offic., III, 22.

13, Aueugle.—Le maître punit son disciple de ce qu’il a été docile; et le clairvoyant, l’aveugle qu’il guide, du faux pas qu’il lui fait faire.

20, Rien.—Ce point de morale est controversé; V. la note ci-dessous, lig. 28: adhiberi.—A l’appui de l’opinion de Montaigne, on peut citer le fait de Turenne qui, dévalisé par des brigands, leur demanda de leur racheter un des bijoux qu’ils lui avaient enlevés, auquel il tenait particulièrement, et chez qui, peu après, confiant dans sa parole, l’un de ses voleurs n’eut pas crainte de se présenter pour toucher le prix convenu.

24, Parole.—De tenir fermement ma parole. La «maille» était une petite monnaie de cuivre (il en fallait vingt-quatre pour faire un sou); faire la maille bonne, c’est garantir que le compte est exact.

28, Adhiberi.—Cette citation est de Cicéron, De Offic., III, 30, qui parle de Régulus, c’est-à-dire de la conduite à tenir à l’égard d’un ennemi légitime, vis-à-vis duquel tout engagement pris doit être tenu. Au contraire et à l’encontre de ce qu’en pense Montaigne, Cicéron (De Off., III, 29) estime que vis-à-vis d’un ennemi illégitime, tel qu’un pirate, c’est l’exemple dont il se sert: «Il ne peut y avoir entre vous et lui ni foi ni serments»; il avait déjà dit à ce même propos, dans le même ouvrage (I, 10): «Qui ne sent qu’on n’est pas obligé de tenir les promesses arrachées par la crainte, ou surprises par fraude?»

31, Excellens.—Voir liv. II, ch. XXXVI, III, 18.

104,

4, Iustice.—Plutarque, De l’Esprit familier de Socrate, 4 et 24.

14, Gauchit.—Et évite, au milieu d’une telle mêlée, la rencontre...  Plutarque, De l’Esprit familier de Socrate, 17.

17, Benignité.—C’est-à-dire celui-là maîtrisait bien la guerre, qui arrivait à lui faire admettre la pratique de la bonté.

23, Armez.—Plutarque, Pompée, 3.—Ce langage fut tenu par Pompée aux Mamertins qui, cités par lui à son tribunal, s’y refusaient, invoquant des traités antérieurs. Le différend se termina par la prise de leur ville (82), qui ne dut d’échapper à une destruction totale qu’au dévouement d’un de ses citoyens. V. N. I, 20: Peine.

25, Deux.—Plutarque, César, 11.—Réponse faite par César qui, au début de la guerre civile, manquant d’argent, mit la main sur la réserve du trésor public destinée à subvenir aux guerres contre les Gaulois, créée lors du sac de Rome en 390. Cette réponse s’adressait à Métellus, tribun du peuple, qui s’opposait à cet enlèvement; César alla même jusqu’à le menacer de le tuer, lui disant: «Et tu sais, jeune homme, qu’il m’est plus facile de le faire que de le dire»; déjà aux objections qui lui avaient été faites, touchant l’affectation déterminée de cette réserve, il avait répondu qu’«elle n’avait plus sa raison d’être, puisque, grâce à lui, la Gaule était soumise»; et les tribuns hésitant encore à lui en ouvrir les portes, il ordonna de la briser.

26, Loix.—Plutarque, Marius, 10.—Ce propos fut tenu par Marius, auquel on faisait reproche d’avoir en 90, au mépris de la loi, concédé le droit de cité à un millier d’habitants de l’Ombrie, et à d’autres, pour s’en faire des partisans.

28, Ennemis.—Épaminondas n’avait-il pas emprunté aux Lacédémoniens...—Les Lacédémoniens sacrifiaient aux Muses, en usant à la guerre d’instruments de musique dans le but indiqué ici; et aussi pour que, par leur intervention, leurs hauts faits passassent à la postérité.

29, Destremper.—Modérer, tempérer.

30, Parentes.—Le premier de ces deux membres de phrase est interrogatif dans Cicéron, et la réponse est loin d’être aussi péremptoire que le donne à supposer la citation telle qu’elle est présentée.

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