Essais de Montaigne (self-édition) - Volume IV
4, Ny que... nous.—Var. des éd. ant.: et qu’il souffre pour luy? et.
12, Premier.—Pline, Nat. Hist., X, 2.—Le phénix était un oiseau fabuleux qui, suivant les anciens, était unique en son espèce, vivait plusieurs siècles, se faisait périr sur un bûcher et renaissait de ses cendres.
40, Luy.—Selon l’expression du pape S. Calixte et de S. Augustin que le concile de Trente a adopté, «Dieu couronne ses dons, en couronnant nos mérites».
43, Faillir.—«Pourquoi nous as-tu fait fourvoyer, ô Eternel, hors de tes voyes, pourquoi as-tu estrangé nostre cœur de ta crainte?» Isaie, traduction de Calvin.
14, Plutarque.—Dans le traité: Pourquoi la justice divine diffère quelquefois la punition des maléfices, 4.
20, Cognoissance.—De nos jours, on n’hésite cependant pas, en France, à faire de pareils gens ministres de la guerre et de la marine et eux-mêmes ne doutent pas un instant être à hauteur de leur tâche et les voilà jouant avec la plus entière conviction le rôle de la mouche du coche, avec cette différence toutefois que leur action, moins anodine, s’exerce surtout sur le personnel qu’ils bouleversent, sans la moindre conscience, au gré de leurs passions politiques. Pour le reste, la machine, il est vrai, continue à fonctionner en vertu de la vitesse acquise; les conséquences de leur direction nulle ou néfaste ne se font sentir qu’à la longue, alors qu’en a déjà disparu la cause; mais le mal est fait, l’aiguillon demeure dans la plaie! Puissent les événements, par de trop cruelles épreuves, ne pas ouvrir trop tardivement nos yeux sur le danger que présentent pour le pays ces atteintes flagrantes au bon sens.
29, Sempronius.—En 196.—Tite-Live, XLI, 16.
32, Minerue.—Tite-Live, XLV, 33. A Amphipolis, en 168, lors des fêtes données pour célébrer la défaite de Persée et la pacification de la Grèce; mais les armes seules des ennemis furent brûlées, les autres dépouilles furent envoyées à Rome et les masses de numéraire, lingots et objets d’orfèvrerie versés au Trésor étaient si considérables que les citoyens romains ne payèrent plus, dit-on, d’impôt jusqu’à l’an 44, c.-à-d. pendant plus d’un siècle.
35, Aussi.—«A l’embouchure de l’Indus, Alexandre s’avança au delà et en pleine mer sacrifia aux dieux et précipita dans les flots les taureaux immolés à Neptune et les coupes d’or qui ont servi aux libations, demandant aux dieux de protéger le voyage que Néarque va entreprendre dans le golfe Persique.» Arrien, VI, 19.—Aucun historien ne parle des sacrifices humains ou boucheries d’hommes, que lui prête Montaigne.
40, Vmbris.—Pallas, fils d’Évandre, roi du Latium, allié d’Énée, ayant été tué par Turnus, roi des Rutules, que la jalousie avait armé contre ce dernier, celui-ci, après lui avoir fait de magnifiques funérailles, comprenant les sacrifices dont il est ici question, vengea sa mort en tuant Turnus. Ce sujet est le thème des six derniers livres de l’Énéide.
1, Getes.—Hérodote, IV, 94.
10, Amestris.—Plutarque, De la superstition, 13; Hérodote, VII, 114.—Amestris était la femme et non la mère de Xerxès; celle-ci était Atossa, fille de Cyrus.
14, Themixtitan.—Ou plutôt Tenuxtitlan, pris souvent pour une divinité, est l’ancien nom de Mexico; ce nom de Mexico (source d’eau) n’était alors lui-même que celui d’une partie de la ville, les Espagnols l’ont appliqué à la ville entière.
16, Innocence.—Ces sacrifices humains, d’enfants et autres, étaient fréquents chez les Mexicains; en une seule fois, rapportent les chroniques, auraient été immolés douze mille prisonniers de guerre. Au début de la conquête, des blancs, faits prisonniers ou dont les indigènes s’étaient emparés par surprise, furent sacrifiés de la sorte. Dans certains temples, on nourrissait parfois une année durant, un esclave qui représentait l’idole principale et qui, après avoir joui tout ce temps de l’adoration, était sacrifié à la fin de son règne. Herrera et autres.
18, Carthaginois.—Plutarque, De la superstition, 13.
22, Lacedemoniens.—Plutarque, Apophth. des Lacédémoniens, vers la fin.
25, Gratifier.—Add. des éd. ant.: l’ouurier par la ruyne de son ouurage, et.
27, Coulpables.—Préserver les coupables de la peine qu’ils avaient méritée.
30, Commises.—V. N. I, 24: Dueil.
33, Et ces... ennemis.—Var. de 88: Et que Decius pour acquerir la bonne grace des dieux, enuers les affaires Romaines, se brulast tout vif en holocauste à Saturne, entre les deux armées.
33, Decius.—Décius, consul romain, dans une bataille qu’il livra aux Latins, se voua aux dieux infernaux, sur la foi d’un oracle, pour assurer la victoire à son armée, et se jetant au milieu des rangs ennemis, y périt sous leurs coups (341). Son fils et son petit-fils imitèrent son dévouement: le premier, dans une bataille livrée aux Samnites (295); le second, dans la guerre contre Pyrrhus (279).—Codrus, le dernier roi d’Athènes, se sacrifia de même dans une guerre contre les Ioniens, un oracle ayant déclaré que l’avantage demeurerait à celui des deux peuples dont le chef serait tué (1132).
9, Poisson.—Hérodote, III, 41 et 42.—La mauvaise fortune que Polycrate avait si infructueusement tenté de conjurer, finit par l’atteindre: alors qu’il méditait la conquête de l’Ionie, il fut pris par trahison et mis en croix (524).
11, Mahometans.—Les Corybantes étaient les prêtres de Cybèle dont ils célébraient le culte, de la façon la plus bruyante et la plus désordonnée, hurlant et allant jusqu’à se déchirer dans leurs accès de frénésie (V. N. II, 594).—Les Ménades ou Bacchantes célébraient le culte de Bacchus, leur dieu, par des orgies où elles se livraient à des transports furieux de même ordre.—De nos jours encore, chez les Mahométans, les Aissaoua en Afrique, les Fakirs en Orient et surtout dans les Indes, se soumettent aux jeûnes les plus austères et aux tortures les plus affreuses pour mériter la félicité éternelle et la vénération de leurs coreligionnaires.
20, Mastiner.—C.-à-d. de mutiler son corps, le rendre incapable des fonctions qui lui appartiennent, fonctions purement matérielles et soumises par leur nature à la direction de l’âme, et cela pour épargner à celle-ci...
33, Interest.—Préjudice.
2, Cela.—Diogène Laerce, II, 117.
26, Seiour.—Sans jamais se reposer.
32, Attaquent.—Var. des éd. ant. et de l’ex. de Bordeaux: attachent.
14, L’asseure.—Dans le Timée.
23, Epicurus.—Diogène Laerce, X, 85.
29, Ceres.—Bacchus répandit, parmi les hommes, la culture de la vigne; Cérès leur enseigna l’agriculture.
29, Herodote.—Les dires qui suivent sont tirés de Pline, VII et VIII, et d’Hérodote, III et IV; mais, en les rapportant, ils ne les présentent que comme des on-dit, et déclarent en même temps ne pas y croire; Pline ajoute même que, si on les admettait, il faudrait également ajouter foi à tous les contes dont la fausseté a été avérée depuis tant de siècles.
34, Pates.—Pline estime que ce doit être une espèce de singes.
40, Feu.—Dans les îles Mariannes, dans le Grand Océan, découvertes par Magellan en 1521, les habitants, outre quantité de choses que nous croyons nécessaires à la vie, qui leur manquaient, n’avaient jamais vu de feu; ils ignoraient également qu’il y eût d’autres terres et se regardaient comme les seuls hommes qui fussent dans l’univers.
41, Noire.—Un curieux et habile anatomiste, dit Hérodote, m’a assuré que le fait était absolument faux.
42, Hommes.—Il est vraisemblable que ces transformations étaient produites tout simplement parce que ces gens se vêtissaient une partie de l’année de peaux de loup et de cheval.
43, Plutarque.—Dans son traité De la face de la Lune; Pline, VII, 2.
44, Odeurs.—Plutarque en effet, et Pline avec lui, parlant sur la foi de Mégasthène, disent qu’à l’extrémité des Indes, près des sources du Gange, il y a une peuplade qui n’a point de bouche, ce qui les fait nommer «Astômes»; ils sont tout velus, et ne mangent ni ne boivent; ils font brûler une certaine racine qui se trouve dans le pays et se nourrissent du parfum qui s’en exhale, qu’ils respirent par les narines.
14, N’auoit.—Add. des éd. ant.: ny force, ny cognoissance.
16, Noire.—Cicéron, Acad., II, 23 et 31; Galien, II, 1; Lactance, Div. Instit., III, 23; etc. Dans des temps plus rapprochés, un Allemand, Voigt, a publié aussi une dissertation Adversus alborem nivis (contre la blancheur de la neige).
18, Dire.—Cicéron, Acad., II, 23; Sextus Empiricus, Hyp. Pyrrh.
21, Ἔστι.—Citation que Montaigne a fait précéder de sa traduction.—Cette pensée d’Euripide a été utilisée, comme forme et comme fond, par Arnobe, Descartes, Bossuet, Pascal et d’autres: «Ce que l’on appelle veiller (être éveillé), n’est peut-être qu’une phase du sommeil perpétuel.» Arnobe.—«Qui sait si cette autre partie de la vie où nous pensons veiller, n’est pas un autre sommeil, peu différent du premier.»
24, Eloise.—Eclair. Le mot est encore employé couramment dans les campagnes du S.-O. de la France; vient du latin elucere, briller, comme le mot éclair lui-même.
29, Melissus.—Diogène Laerce, IX, 24.
32, Protagoras.—Diogène Laerce, IX, 51; Sénèque, Epist. 99.
35, Mansiphanes.—Sénèque, Epist. 88.—Est mis ici, par erreur de typographie, pour Nausiphanez, rectification que porte l’ex. de Bordeaux.
2, Comprins.—Cicéron, Acad., II, 37; Sénèque, Epist. 88.
3, Il m’a.—Dans les éd. ant. ce passage commence par cette précaution oratoire: Ie ne sais si la doctrine Ecclesiastique en iuge autrement, et me soubs-mets en tout et par tout à son ordonnance, mais il m’a.
11, Grammariens.—C.-à-d. viennent du fait des grammairiens; sont «question de mots», dirions-nous aujourd’hui.—Cette influence omnipotente de la grammaire, Molière, dans Les femmes savantes, la signale de la sorte:
«Quelque étrange que cette assertion puisse paraître, dit de son côté Mgr Dupanloup, Discours de réception à l’Académie française, je ne crains pas d’affirmer que la grammaire et le dictionnaire sont deux colonnes de la raison et de la société humaine.»
16, Hoc.—Mot latin qui signifie «ceci», et par lequel commence la formule de la consécration dans le sacrement de l’Eucharistie: «Hoc est corpus meum (ceci est mon corps).»—Allusion de Montaigne à la querelle sur ce point des catholiques et des protestants, ceux-ci niant la transsubstantiation, autrement dit le changement qui s’opère en ce moment du pain et du vin en la substance même du corps et du sang de N.-S. Jésus-Christ.
Boileau, dans sa Satire XII, Sur l’Équivoque, qui traite précisément de la diversité des interprétations auxquelles prête le langage (satire qui fut frappée d’interdit et ne parut qu’après la mort de l’auteur), celui-ci faisant allusion aux disputes religieuses soulevées au IVe siècle, entre les orthodoxes disant que le Fils est de même substance que le Père «homousios», et les Ariens soutenant qu’il est d’une substance semblable «homoiousios», mots qui ne diffèrent que par la diphtongue oi, qui manque dans le premier et se trouve dans le second, a dit:
Il avait d’abord écrit:
21, Donc.—C’est le raisonnement désigné en scolastique sous le nom de «Sophisme du menteur», attribué par les uns à Zénon (Cicéron, Acad., II, 29; Aulu-Gelle, XVIII, 2; etc.), par d’autres à Épaminondas, et qui a été le sujet de discussions innombrables: «Tu dis que tu es un menteur; si tu dis vrai, tu mens; si tu mens, tu ne dis pas vrai; donc tu n’es pas un menteur.»
36, Que sçay-ie?—Cette devise et la balance en équilibre, sont devenues l’épigraphe des Essais. Elles figurent pour la première fois dans l’édition de 1635, au-dessous du portrait de Montaigne. Elles caractérisent du reste parfaitement sa philosophie, que peint également bien cette maxime qu’il avait inscrite en grec sur les solives de sa bibliothèque: «Il n’est point de raisonnement auquel on ne puisse opposer un raisonnement contraire.» C’est ce «Que sçay-ie?» qui indignait si fort Pascal et lui a fait dire en parlant de Montaigne: «Il met toutes choses dans un doute si universel et si général, que l’homme doutant même s’il doute, son incertitude roule sur elle-même dans un cercle perpétuel et sans repos, s’opposant également à ceux qui disent que tout est incertain et à ceux qui disent que tout ne l’est pas, parce qu’il ne veut rien assurer. C’est dans ce doute qui doute de soi, et dans cette ignorance qui s’ignore, que consiste l’essence de son opinion. Il ne peut l’exprimer par aucun terme positif; car, s’il dit qu’il doute, il se trahit en assurant au moins qu’il doute, ce qui étant formellement contre ses intentions, il en est réduit à ne s’expliquer que par interrogations, de sorte que, ne voulant pas dire: «Je ne sais», il dit: «Que sais-je?» de quoi il a fait sa devise, en la mettant sous les bassins d’une balance, lesquels pesant les contradictions, se trouvent dans un parfait équilibre; en un mot, il est pur Pyrrhonien.»—Et, ce disant, Pascal était bien dans le vrai, car non seulement Montaigne était pyrrhonien, mais il en a convenu: Lors de la reconstruction de son château, après l’incendie de 1885, on a trouvé dans les décombres un jeton de cuivre dont l’empreinte figure au Musée de Périgueux et porte: sur une face les armes de Montaigne entourées du collier de Saint-Michel et l’exergue «Michel, seignevr de Montaigne»; au revers, dans un écu, une balance dont les plateaux sont horizontaux et la légende «42. 1576 Ἐπέχω» (Je m’abstiens), qui est précisément le mot d’ordre et le principe essentiel de l’école des sceptiques: le chiffre 42 indique l’âge que Montaigne avait alors, en 1576.—Une autre épigraphe: «Vires acquirit eundo (ses forces s’accroissent au fur et à mesure qu’il va)», se trouve sur une édition de 1598 et un grand nombre d’autres subséquentes. Elle est écrite de la main même de l’auteur sur l’exemplaire de Bordeaux qui devait servir à la réimpression de l’ouvrage, et cependant elle n’a été reproduite ni sur l’édition de 1595, ni sur celle de 1635, ce qui porte à croire que les éditeurs posthumes de Montaigne, s’inspirant probablement de sa pensée qu’ils avaient été à même de connaître, ne l’ont considérée que comme une idée à laquelle, à la réflexion, il n’aurait pas été donné suite; si exacte fût-elle, puisque le texte primitif allait toujours en augmentant, appliquée à son œuvre par l’auteur lui-même, elle eût dénoté par trop de prétention, escomptant par avance une vogue qui n’est venue que notablement plus tard.
2, Irreuerence.—Dont il est question plus haut: «Dieu ne peut faire ceci ou cela.»
6, Ancien.—Cet ancien c’est Pline, II, 7, dont Montaigne, dans les éd. ant., avait inscrit le nom que, finalement, il a rayé.
28, Point.—Ne le comprend point.—Du temps de Montaigne, le mot appréhender, du latin apprehendere, prendre, saisir, n’était employé que dans ce sens et absolument inconnu dans celui de craindre qui, aujourd’hui, a tendance à prédominer.
32, Poix.—Montaigne, en philosophe, contredit ici l’auteur qu’il a traduit et qu’il dit défendre: «L’homme, dit très orthodoxement Sebond, est, par sa nature, en tant qu’homme la véritable et vivante image de Dieu; de même que le cachet marque son empreinte sur la cire, Dieu a empreint en l’homme sa ressemblance, etc...»
38, Encore.—C.-à-d. et je désire qu’aucun chrétien ne fasse comme eux.
40, Yeux.—Et mesurer à nostre mesure, ajout. les éd. préc.
41, Nostres.—C.-à-d. chrétien comme nous. Il s’agit ici de Tertullien, dans ce passage si connu et si souvent cité dans les discussions théologiques: «Quis negat Deus esse corpus, etsi spiritus sit? (Qui peut nier que bien qu’esprit, Dieu n’ait aussi un corps?)» ce qui, à tout prendre, n’est qu’une assertion de rhéteur qui n’éclaire en rien la question.
1, Curant.—Cicéron, De Nat. deor., III, 35.—Ce que ce même auteur a encore exprimé sous cette autre forme plus connue: «De minimis, non curat prætor (le préteur [magistrat romain qui, dans les provinces, était investi de tous les pouvoirs] ne s’occupe pas des détails)»; maxime favorite de bien des paresseux et de bien des ignorants, portés à en faire l’excuse de leur paresse et de leur ignorance, par une application abusive et aussi une traduction fautive, pour être trop littérale, son vrai sens étant: Le préteur ne se laisse ni absorber ni arrêter par les détails, une fois sa décision prise et l’action en train.
26, S. Paul.—Ep. aux Romains, I, 22 et 23.
34, Faustine.—Hérodien, IV.—C’est par ironie que Montaigne l’appelle «honneste femme»; ses débauches n’étaient ignorées, dans l’empire, que de Marc-Aurèle, son mari.
35, Cheuremorte.—Porter quelqu’un ainsi, c’est le porter sur le dos, ses bras entourant le cou, ses jambes, que l’on soutient, enserrant le corps de celui qui porte.
9, Offre.—Plutarque, Apophth. des Lacédémoniens.
10, Douzaines.—La Bruyère a exprimé la même pensée: «Faites donc seulement une goutte d’eau», dit-il, au lieu de: «Il ne sçauroit forger vn ciron»; seulement l’assertion de Montaigne est toujours vraie, tandis que les progrès de la science ont réduit à néant le défi de La Bruyère.
10, Trismegiste.—Hermès Trismégiste; personnage fabuleux que les Égyptiens et, d’après eux, les Grecs, regardaient comme le père de toutes les sciences, le législateur et le bienfaiteur de l’Égypte, et que l’on place dans le XXe siècle. Il existait sous son nom quarante-deux livres sacrés, appelés «livres hermétiques», confiés aux prêtres seuls et qui contenaient toute l’encyclopédie religieuse et scientifique des premiers temps de l’Égypte.
13, Faire.—Asclepius dialog., ap. Apuleium.
17, Animal.—Animé.—Cicéron, De Nat. deor., III, 13, 14; tous les arguments qui suivent sont tirés du même ouvrage, II, 6, 8, 11, 12, 16, etc.
1, Imbecillité.—De faiblesse, d’imperfection.
8, Desbastiment.—Le théisme et l’athéisme, tous ces arguments pour et contre la divinité, se forgent...
10, Estirons.—Étendons, allongeons.
21, Mont Senis.—Montaigne cite ici le mont Cenis, au pied duquel il était passé en revenant d’Italie, comme représentant pour lui et vraisemblablement son époque, le point le plus élevé de la terre, bien qu’il n’ait que 3.600 m., tandis que son voisin le mont Blanc, sommet culminant de l’Europe, en a 4.800. Mais on s’inquiétait peu alors de ce dernier, perdu dans le massif des Alpes, non plus que de ces autres absolument inconnus, il y a à peine quatre-vingts ans: le Kilimandjaro (6.130 m.) en Afrique; le Sorata (7.900 m.), un des sommets des Andes dans l’Amérique du Sud; le Gaurizankar (8.840 m.) dans l’Himalaya, en Asie, la plus haute montagne du globe.—Quant à la profondeur des mers, on n’avait pas sur elle de données plus approchées; ce n’est également que depuis le siècle dernier qu’on a donné à cette étude une extension de laquelle il résulte qu’à l’heure actuelle la plus grande profondeur relevée se trouve dans l’océan Pacifique, en un point dénommé «Fosse du Néro», où a été constaté un fond de 9.650 m.
22, Astrolabe.—Instrument pour mesurer la hauteur des astres au-dessus de l’horizon.
27, Temple.—Le fait, rapporté par Josèphe, Ant. jud., XVIII, 4, qui parle d’Anubis, au lieu de Sérapis, se passa en l’an 32, sous le règne de Tibère, qui fit crucifier les prêtres qui avaient pris part à ce sacrilège, détruire le temple, jeter la statue du dieu dans le Tibre et exila l’amoureux, lui accordant les circonstances atténuantes, en raison de la violence de son amour.
38, Diuins.—Plutarque, Romulus, 3, qui donne Taruncius, qu’il nomme Tarucius, non comme un jeune homme, ce qui eût été plus généreux de la part du Dieu, mais comme un homme déjà fort âgé.
39, Estoc.—Des deux côtés, du côté paternel et maternel.—Estoc, ligne d’extraction, source d’une lignée, point auquel la lignée entière rapporte son commencement. Nicot.
2, Neptune.—Platon descendait au sixième degré, par sa mère, de Solon qui, lui-même, tirait son origine de Neptune.
4, Platon.—Plutarque, Symposiaques, VIII, 1, rapporte que, d’après une tradition, Apollon aurait apparu à Ariston, lui défendant d’avoir commerce avec sa femme, parce qu’elle était enceinte de son fait, et qu’elle accoucha le jour même de l’anniversaire de ce dieu, dont Platon était considéré comme étant fils. Voir aussi Diogène Laerce, III, 2.—C’est le cas identique, à quatre siècles d’intervalle, à celui de Joseph et de Marie, au dire des saintes Écritures.
11, Langue.—Ce nom de «merlin» donné à ces enfants supposés nés du fait d’un enchantement, d’un miracle, est probablement une allusion au célèbre enchanteur de ce nom, qui vivait au Ve siècle et était issu, disait-on, d’une religieuse et d’un démon ayant pris forme humaine pour la circonstance, ce que l’Église (S. Cyprien, S. Augustin), et aussi la science (Ambroise Paré), ont longtemps admis; aussi, les tribunaux ecclésiastiques n’hésitaient-ils pas à pourchasser le démon en livrant au feu sa victime, pour la débarrasser de son persécuteur.
23, Figure.—Cicéron, De Nat. deor., I, 18.
26, Xenophanes.—Eusèbe, Prép. évang., XIII, 13.
28, Nous.—Cette réflexion de Montaigne rappelle cette boutade de Fontenelle, répondant à quelqu’un disant devant lui que Dieu avait fait l’homme à son image: «Celui-ci, depuis, le lui a bien rendu.»
36, Mangent.—Dans tout ce passage, Montaigne, qui combat les idées de ceux qui estiment que tout a été fait pour l’homme, est en opposition complète avec Sebond, ch. 97: «Le ciel te dit (à l’homme): Ie te fournis de lumiere le iour, à fin que tu veilles; d’ombre la nuict, à fin que tu dormes et reposes; pour ta recreation et commodité, ie renouuelle les saisons, ie te donne la fleurissante douceur du printemps, la chaleur de l’esté, la fertilité de l’automne, les froideurs de l’hyuer... L’air: Ie te communique la respiration vitale, et offre à ton obéyssance tout le genre de mes oyseaux. L’eau: Ie te fournis de quoy boire, de quoy te lauer. La terre: Ie te soutiens; tu as de moy le pain de quoi se nourrissent tes forces, le vin de quoi tu esiouis tes esprits, etc...»—Bossuet, critiquant sur ce point la manière de voir de l’auteur des Essais et son mode de discussion, prend notamment à partie ce passage où il assimile l’homme à l’oison: «Les hommes voudraient se persuader qu’ils ne sont que corps, et ils aspirent à la condition des bêtes qui n’ont que leur corps à soigner; ils semblent vouloir élever les animaux jusqu’à eux-mêmes, afin d’avoir droit de s’abaisser jusqu’aux animaux et de vivre comme eux. Ils trouvent des philosophes qui les flattent dans ces pensées: Plutarque a fait des traités entiers sur le raisonnement des animaux qu’il élève, ou peu s’en faut, au-dessus des hommes; c’est plaisir de voir Montaigne faire raisonner son oie, qui, se promenant dans sa basse-cour, se dit à elle-même que tout est fait pour elle; que c’est pour elle que le soleil se lève et se couche; que la terre ne produit ses fruits que pour la nourrir; que la maison n’est faite que pour la loger; que l’homme lui-même n’existe que pour prendre soin d’elle et qu’enfin, s’il égorge parfois des oies, ainsi fait-il bien de son semblable!»
38, Region.—Un poète anglais a émis la même idée: «Le crabe, au fond de la mer, dit: Dieu est trop bon de me traiter aussi magnifiquement et de tant faire pour moi!»
11, Veteris.—Telluris iuvenes, les Enfants de la Terre, appelés aussi les Titans, ou les Géants, êtres fabuleux, de taille colossale, qui tentèrent, en entassant Ossa sur Pélion (deux montagnes de la Grèce anc.), d’escalader le Ciel pour détrôner Jupiter, lequel, aidé d’Hercule, les terrassa et, les frappant de la foudre, précipita les uns dans les Enfers, et ensevelit les autres sous des montagnes volcaniques. Myth.
17, Tenet.—Neptune avait construit les murs de Troie; mais le salaire convenu lui ayant été refusé, il se déclara contre elle, lors de la guerre qui éclata entre ses habitants et les Grecs; Junon avait également pris parti pour ces derniers par rancune du jugement de Pâris. V. Lex., Scæes.
22, Territoire.—Hérodote, I, 172.
23, Necessité.—C.-à-d. la puissance des dieux est partagée et répartie suivant nos besoins; l’un guérit...—On peut en dire autant des saints de l’Église romaine où beaucoup sont particulièrement honorés dans certaines localités et certains invoqués dans des cas spéciaux comme, par exemple, S. Antoine de Padoue pour retrouver ce qui est égaré, pour ne parler que de l’un de ceux le plus en faveur de nos jours.
28, Ponant.—Occident; ce terme était fréquemment employé au XVIe siècle.
35, Venerandus.—Le texte d’Ovide ajoute erat, addition qui figure également sur la plupart des éditions modernes.
41, Mille.—Ce renseignement paraît tiré d’Hérodote, Opera et Dies, 252; toutefois cet auteur n’en compte que trente mille; par contre, son assertion est tenue comme beaucoup trop faible, notamment par Maxime de Tyr, qui dit qu’ils sont innombrables, et par Varron.—On estime à vingt-cinq mille environ les saints de l’Église catholique.
5, Physiciens.—Médecins. Cette dénomination leur était fréquemment donnée jadis dans les campagnes; elle leur est encore appliquée parfois, dit-on, en Angleterre. Payen.
9, Chrysippus.—Plutarque, Des communes conceptions, etc., 27.
13, Creten.—Jupiter avait été secrètement élevé dans l’île de Crète, par les soins de sa mère et à l’insu de Saturne son père, auquel Titan, frère aîné de ce dernier, avait cédé le trône sous condition qu’il n’élèverait pas d’enfant mâle. Myth.
18, Fallitur.—S. Augustin ajoute que Varron estimait que «là était tout le secret des politiques et des ministres d’état». Les choses ne semblent guère avoir changé depuis: l’homme le plus honnête, le plus courtois dans la vie privée, perd absolument toute notion de probité et de courtoisie dès qu’il est mêlé à la politique; de quelque parti qu’il soit, mentir, tromper, manquer à ses engagements, caser ses créatures, gaspiller les deniers publics, n’avoir d’autre règle en quoi que ce soit que son intérêt politique et cela impudemment, sans la moindre vergogne, sont pour lui une seconde nature; les débutants et les naïfs se transforment rapidement et inconsciemment de la sorte; et, dès lors, chez eux comme chez tous autres plus ou moins éhontés ou ayant déjà vécu dans cette atmosphère cela devient calcul et parti pris.
21, Phaeton.—Avait obtenu d’Apollon, son père, de conduire le char du Soleil; mais, l’entreprise étant au-dessus de ses forces, les chevaux mal dirigés s’emportèrent, la surface de la terre fut embrasée, les eaux desséchées, et Jupiter ne put mettre fin à ces désordres qu’en foudroyant l’imprudent conducteur.
25, Fer, et.—L’ex. de Bordeaux aj.: auecq Anaxagoras.—Xénophon, Memor., IV, 7, 7; Plutarque, De Plac. phil., II, 20.
26, Dit-il.—Cicéron, De Nat. deor., II, 22.
32, Socrates.—Xénophon, Mém. sur Socr., IV, 7, 2.
34, Polyænus.—Cicéron, Acad., II, 38.
37, Xenophon.—Mémoires sur Socrate, IV, 7, 6 et 7.
1, Perscrutent.—Qui recherchent, scrutent; mot forgé par Montaigne, du latin perscrutari, chercher, rechercher avec soin, examiner à fond.
7, Herbes.—Montaigne semble dire que le soleil ne tue ni les plantes, ni les herbes; cela se produit dans certaines conditions. Pour ce qui est de la pierre qui, dit-il, «ne luit point au feu», on rend facilement incandescent aujourd’hui un caillou avec les hautes températures que l’on obtient avec le four électrique, et on ne peut pas plus fixer ces foyers de 3000° qu’on ne peut regarder fixement le soleil.
8, Point.—Ce n’est pas précisément sur les questions de science, auxquelles il était étranger, que la manière de voir de Socrate offre de l’intérêt; toutefois sur ce point particulier, lui et Montaigne sont bien dans le vrai. Certaines sciences, en effet, qui ont donné tout ce qu’elles pouvaient et auxquelles il n’y a pas d’intérêt réel à s’adonner davantage, sont encore pratiquées aujourd’hui: telles sont l’astronomie poussée à outrance et réduite à étudier la topographie de la lune et les taches du soleil, et ces explorations des régions polaires inabordables actuellement, suffisamment connues pour qu’on sache qu’il n’y a présentement aucun parti à en tirer. En citant l’astronomie transcendante, nous n’avons pas entendu y comprendre la météorologie, science bien autrement importante, dédaignée de sa grande sœur et presque encore en enfance.
24, Ordo.—Citation empruntée à la description du char du Soleil.
29, Platon.—République, X, 3.
34, Acceptat.—Ces vers, rapportés par le grammairien Valérius Probus, sont de Varron; leur reproduction n’est toutefois pas textuelle.—Les cinq zones dont il est ici question, environnant le monde, sont celles déterminées par les deux cercles polaires arctique et antarctique, et les deux tropiques du Cancer et du Capricorne; la bordure qui les traverse obliquement, c’est le zodiaque avec ses douze constellations. V. N. I, 254: Aqua.
1, Ainigmatique.—Platon ne dit ni que la nature est une poésie, ni même qu’elle est énigmatique, ce qui néanmoins est de toute vérité; il dit simplement, à propos d’un vers d’Homère dont le sens est difficile à saisir, que «toute poésie est, de sa nature, énigmatique».
9, Descousu.—Timon l’appelle, par iniure, grand forgeur de miracles; addition de l’ex. de Bord. que l’on a cru devoir insérer dans la traduction.—Timon est un poète satirique, cité par Diogène Laerce, dans sa Vie de Platon.
16, Empruntée.—Sous François II, Montaigne étant encore enfant, les hommes trouvèrent qu’un gros ventre donnait un air de majesté; les femmes s’imaginèrent aussitôt qu’il en serait de même d’un gros derrière: on eut alors de gros ventres et de gros derrières postiches et cette mode ridicule dura trois ou quatre ans. Essais historiques sur Paris, 1757.—Qu’est-ce autre chose qu’un de ces derrières postiches, généralement dans de fort modestes proportions, il est vrai, que cet ajustement, du nom de tournure, dont font usage nos femmes pour faire bouffer leurs robes?
19, Epicycles.—Cercles dont les centres se meuvent sur la circonférence d’un autre de plus grand diamètre. En faisant décrire aux planètes des orbites de cette nature, Ptolémée, astronome du IIe siècle, expliquait leurs mouvements et les irrégularités apparentes de ces mouvements.
20, Astrologie.—Du temps de Montaigne, on entendait par là l’astronomie.
22, Subject.—S. Hilaire de Poitiers dit que l’orgueil caché des prétendus sages les porterait, s’ils le pouvaient, à aller jusque dans le ciel, changer et corriger les mouvements des astres.—Alphonse, roi de Castille, auquel le système de Ptolémée déplaisait, disait qu’il se croyait de taille à donner de bons conseils à Dieu.
25, Platon.—Dans le Timée.
32, Rauissement.—Rétrogradation, trépidation, ascension sont autant de termes empruntés au système astronomique de Ptolémée, qui tenait la terre comme fixe et en faisait le centre du monde: reculement, ravissement y sont ajoutés par plaisanterie.
34, Petit monde.—En grec: microcosme.
39, Ame.—Quelques auteurs ont donné à l’homme deux âmes: l’une rationnelle, l’autre sensitive; Platon en compte trois. C. de M.
1, Imaginaire.—Une république, un gouvernement imaginaire.
9, Condonons.—leur concédons; mot francisé, par Montaigne, du latin condonare, accorder, pardonner, remettre.
21, Pieds.—Platon, qui dans le Théétète conte ce fait, dit seulement que Thalès, marchant les yeux levés vers le ciel pour contempler les astres, tomba dans un puits, et ne fait nullement intervenir sa servante comme cause de l’accident. Cela semble avoir fourni à La Fontaine le sujet de sa fable: «l’Astrologue qui se laisse tomber dans un puits», où il dit:
et encore:
24, Plagas.—Cette critique présentée par Montaigne, comme émise par Démocrite et reproduite par Cicéron, émane au contraire de celui-ci et est dirigée contre le premier.—Dans sa fable (liv. II, fabl. 13) La Fontaine reproduit cette citation: «Sans rien voir sur la terre, on se perd dans les cieux.»
27, Platon.—Dans le Théétète, là même où il est question de l’accident de Thalès.
42, Congé.—Autorisation, permission.
6, Faucée.—Du latin fauces, entrée, avenue, défilé, brèche, pénétration.—Le sens de la phrase est: «Mais savoir comment une impression spirituelle peut exercer une action si intense sur la partie matérielle de l’homme, connaître la nature des rapports et de la connexité de ces admirables ressorts, jamais homme ne l’a fait.» De nos jours, les médecins, les physiologistes disent que c’est un effet de sympathie, ce qui signifie qu’ils n’en savent pas plus, à cet égard, que du temps de Montaigne.
8, Sçeu.—Les éd. ant. aj.: comme dict Salomon.
9, Pline.—Nat. Hist., II, 37.
9, S. Augustin.—De Civ. Dei, XXI, 10.
33, Autre.—L’autorité d’Aristote fut toute-puissante pendant des siècles, au point qu’en 1624, le parlement de Paris bannit de son ressort trois hommes qui avaient voulu soutenir publiquement des thèses contre la doctrine de ce philosophe, et qu’il défendit à toute personne de publier, vendre et débiter les propositions contenues dans ces thèses à peine de punition corporelle, et d’enseigner aucune maxime contre les anciens auteurs approuvés, à peine de la vie; qu’en 1629, cette même cour édictait qu’on ne pouvait choquer les principes de la philosophie d’Aristote, sans manquer à ceux de la théologie scolastique reçue par l’Église. Bayle.
1, Diogenes.—Diogène d’Apollonie. Sextus Empiricus, Pyrr. hypot., III, 4.
9, Priuation.—Montaigne énumère ici les principes essentiels que chacun des philosophes qu’il mentionne avait imaginés pour expliquer le système du monde:—Platon admettait l’existence de certains types ou modèles qu’il appelait Idées;—Épicure expliquait tout par le concours fortuit des Atomes;—Leucippe et Démocrite, par le Vide et les Atomes en nombre infini doués d’un mouvement éternel;—Thalès posait comme principe matériel de toutes choses l’Eau ou l’état liquide, et y ajoutait l’esprit comme principe moteur;—pour Anaximandre, c’était l’Infini;—pour Diogène d’Apollonie, c’était l’Air;—pour Pythagore, les Nombres; le monde lui-même n’était qu’un tout harmonieusement composé;—pour Parménide, il n’existait qu’un être, unique, immuable, infini;—Anaxagore estimait qu’à l’origine, tous les éléments, en nombre infini, étaient confondus, et que c’est par l’intervention d’une intelligence suprême qu’avait eu lieu la séparation des éléments hétérogènes et l’assemblage des éléments similaires.—Empédocle admettait quatre éléments: le feu, la terre, l’air et l’eau, et deux causes premières: l’amitié qui les unit, la haine qui les sépare;—pour Héraclite, il n’existait qu’un principe, le feu, mais un feu pur et subtil, bien différent de celui que nous voyons;—enfin Aristote, estimant que les points de vue sous lesquels toute chose peut être envisagée se réduisent aux éléments dont elle est composée, à sa nature intime ou essence, à sa cause et au but ou fin vers laquelle elle tend, distinguait quatre principes: la matière, la forme, la cause efficiente et le principe final, lesquels doivent se retrouver partout et que la philosophie a pour mission de déterminer.
15, L’escole.—Aristote, dont les éd. ant. mettent le nom.
21, Boule-veuë.—A première vue; comparaison tirée du jeu de boules. Jouer à boule-vue, c’est agir sur un simple coup d’œil jeté sur le jeu sans se donner le temps d’apprécier la distance ni de calculer ce qu’il y a de mieux à faire.
26, Volonté.—«Appartenir à une école, c’est en épouser nécessairement les préjugés et le parti pris.» Le Bon. Cela est vrai aussi bien en politique qu’en scolastique.
9, Philodoxes.—Platon, Rép., V (vers la fin), les définit ainsi: Gens qui se remplissent d’opinions dont ils ignorent les fondements, qui s’entêtent de mots, qui n’aiment et ne voient que les apparences des choses.
15, Philosophique.—Il ne saurait cependant à de semblables propos, être fait de réponses plus probantes.
40, Essais.—C’est aller un peu loin que de vouloir d’un philosophe qu’il connaisse le pourquoi et le comment de toutes choses; il observe, cherche à se rendre compte de tout, mais ne saurait être tenu d’en donner, quand même, une explication.
15, L’aimant.—Diogène Laerce, I, 24.—Combien aujourd’hui avec ce que nous connaissons de l’électricité, qui n’est du reste qu’une forme particulière du magnétisme ou aimantation, s’affermirait en eux cette idée, bien moins singulière à la réflexion qu’elle ne semble de prime abord.
22, Dicæarchus.—C.-à-d. la raison humaine a appris à Cratès et à Dicéarque qu’il n’y avait absolument point d’âme et que le corps s’ébranlait, etc. Sextus Empiricus, Pyrr. hypot., II, 5; Cicéron, Tusc., I, 10.
24, Platon.—Lois, X.
25, Repos.—Thalès ajoutait: «et qui se meut de soi-même». Plutarque, De Plac. phil., IV, 2; là, se trouve également rapportée l’opinion d’Asclépiade.
27, Parmenides.—Macrobe, in Somn. Scip., I, 14.
27, Empedocles.—Cicéron, Tusc., I, 9.
27, Sang.—Certains font dériver le mot latin anima, âme, du grec αἷμα, qui signifie sang.
29, Posidonius.—Diogène Laerce, VIII, 156.
30, Chaleureuse.—Galien, tout en admettant cette idée, déclare qu’en fin de compte il n’ose rien affirmer sur la nature de l’âme.
32, Hippocrates.—Macrobe, in Somn. Scip., I, 14.
32, Varro.—Lactance, De Opif. Dei, 17.
35, Elemens.—Suivant Zénon, l’âme est du feu; et cette idée qu’elle est la quintessence des quatre éléments que lui attribue Montaigne, est d’Aristote qui, au dire de notre auteur, quelques lignes plus loin, se serait tu sur sa nature. Cicéron, Tusc., I, 10.
35, Ponticus.—Stobée, Eclog. phys., I, 40.
35, Xenocrates.—Macrobe, in ">Somn. Scip., I, 14.
40, Aristote.—S.-ent. qui définit l’âme.
41, Entelechie.—Mot grec signifiant «la perfection». Cicéron, Tusc., I, 10.
2, Lactance.—De Opif. Dei, 47, au commencement.
3, Seneque.—Nat. quæst., VII, 14.
6, S. Bernard.—Lib. de anima, I.
8, Heraclitus.—Diogène Laerce, IX, 7.
11, Essence.—Qu’est-ce que l’âme? disons-nous à notre tour. C’est le principe de la vie, ou encore, d’après nos dictionnaires, l’ensemble des facultés morales et intellectuelles de ce qui a vie. Mais ce ne sont là que des effets et ils n’en expliquent pas la production. De fait, nous nous trouvons en présence d’un de ces infinis problèmes que notre intelligence n’arrive pas à résoudre, et si nous tentons de l’élucider, il nous faut, comme en tant d’autres choses, déduire l’inconnu du connu. Or les manifestations de l’âme ne prennent naissance en nous que peu à peu; au début de l’existence, rien n’apparaît; c’est ensuite l’instinct, c’est-à-dire une action irréfléchie, qui se montre seul; puis, en germe, chez l’homme, du moins, parce que son organisme le comporte, tout ce qui compose l’âme telle que nous la concevons dans l’être humain: la notion du bien et du mal, les vertus et les vices, toutes les qualités bonnes ou mauvaises, les affections, les répulsions ainsi que la volonté, la mémoire, l’intelligence, la raison, la réflexion qui les mettront en œuvre, variables chez chaque individu suivant la conformation de son cerveau, qui est l’organe qui en est le point de départ et dont un rien congénital ou accidentel suffit à différencier toute la vie durant ou momentanément l’homme de génie de l’imbécile, le fou du sage, le criminel de l’honnête homme, ce que du reste le bon sens populaire rend si exactement quand il dit de quelqu’un qui n’est pas comme tout le monde, qu’il lui manque une case; et cet ensemble grandissant ensuite peu à peu, s’épanouissant au fur et à mesure que le corps lui-même se développe; et, chez tous, reposant quand il repose, s’oblitérant plus ou moins quand il est malade, mourant quand il meurt, l’abandonnant la plupart du temps partiellement avant même que la vie n’ait pris fin, dès que la désagrégation commence.—Qu’en conclure, sinon que l’âme est essentiellement fonction de l’être, qu’elle ne fait qu’un avec lui, qu’elle est une conséquence de son organisation à laquelle elle ne survit pas? Pas plus que lui elle ne vient du néant, ni n’y retourne, mais, comme lui, elle se forme et se transforme, telles l’électricité, la chaleur, la lumière qui partout, à l’état latent, apparaissent ou disparaissent suivant que les éléments d’où elles naissent sont dans telles ou telles conditions; tel encore par exemple le fer qui, dans le minerai, échappe à notre vue et dont certaines transformations le dégagent, que certaines préparations assimilent aux êtres animés, aux végétaux, que la rouille réduit en poussière et rend à la terre, où ses molécules impalpables, sans jamais cesser d’exister, demeurent susceptibles de participer à tout, sans jamais redevenir elles-mêmes; ainsi l’âme qui, en nous, naît dans des conditions données, se transforme avec ces conditions; et quand celles-ci cessent d’exister, elle se désagrège et ses éléments retournent se confondre avec l’universalité des choses, où de toute éternité là aussi tout est dans tout, à l’état embryonnaire.
12, Herophilus.—Plutarque, Des Opin. des phil., IV, 5.
13, Aristote.—Sextus Empiricus, Adv. Mathem.
20, Stoïciens.—Plutarque, Des Opin. des phil., IV, 5.
20, Erasistratus.—Id., ibid.
21, Empedocles.—Id., ibid.
22, Moyse.—Genèse, IX, 4; Lévit., VII, 26; Deutér., XII, 23; etc.
24, Strato.—Plutarque, Des Opin. des phil., IV, 5.
30, Chrysippus.—Galien, De Plac. Hipp. et Plat., II, 2.
39, Stoïciens.—Sénèque, Epist. 57.
42, Trapelle.—Souricière, de l’italien trappola, qui a même signification.
8, Plutarque.—Thésée, préambule.
8, Chartes.—Cartes géographiques; du latin charta, feuille de papier.
8, Orée.—Bord, extrémité; du latin ora qui a même sens.
14, Bestise.—Pascal a dit aussi en parlant de l’homme: «Trop et trop peu d’instruction l’abêtissent.» Et, en un autre passage: «Les sciences ont deux extrémités qui se joignent: la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent tous les hommes en naissant; l’autre est celle où atteignent les grandes âmes qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu’ils ne savent rien et se rencontrent dans cette même ignorance, d’où ils sont partis.»
19, Platon.—Plaisanterie que l’on attribue à Diogène le Cynique, et à laquelle il fut répondu en ajoutant à la définition déjà donnée «et à larges ongles». Diogène Laerce, IV, 40.
35, Iliade.—Cicéron, De Nat. deor., II, 37.
36, Zenon.—Id., ibid., III, 9.
38, Cotta.—Id., ibid., II, 12.
6, Sectes.—Les éd. ant. aj.: comme il s’en voit infinis chez Plutarque contre les Epicuriens et Stoïciens: et en Seneque contre les Peripateticiens.
8, Montre.—Un échantillon.
17, Lasches.—Les éd. ant. aj.: combien de fois leur voyons-nous dire les choses diuerses et contraires?
18, Ailleurs.—Dans le premier Alcibiade. C’est Socrate qui, par ses arguments, réduit Alcibiade à le dire.
32, Inconstante.—«Montaigne sut ramener sur le territoire de la philosophie le bon sens qui en avait été si longtemps exilé.» Dégerande.
17, Fortuit.—C.-à-d. je me suis trouvé philosophe sans l’avoir cherché et tout à fait par hasard.
18, Ame.—Les éd. ant. aj.: (car i’ai choisi ce seul exemple pour le plus commode à tesmoigner nostre foiblesse et vanité).—L’analyse qui suit de la doctrine de Platon est prise dans la seconde partie du Timée, ou simplement de Diogène Laerce, III, 67.
24, Ratiocine.—Raisonne; du latin ratiocinari qui signifie la même chose.
31, Inconuenient.—Aussi n’est-il pas étrange, extraordinaire.
42, Vniuerselle.—L’empereur Julien pensait ainsi. Payen.
6, Locum.—Delille a donné de cette citation la traduction ci-après:
28, Touche.—Plutarque, Pourquoi la justice div., etc., 19.
30, Recordation.—Souvenir; mot francisé par Montaigne, du latin recordatio qui a cette même signification.
37, Sçauantes.—Add. des éd. ant.: et pleines de suffisance.
41, Sçauoir.—Add. des éd. ant.: de cette prudence et sapience.
42, Platon.—Dans le Phédon.
15, Nous.—Vivants.
31, Futurs.—Autant de mauvaises actions on aurait commises, autant de personnes on aurait lésées de la sorte, seraient d’après Platon, République, X, punies d’une peine de dix ans chacune, jusqu’à concurrence de dix fois, soit cent ans, durée de la vie humaine.
33, Temporelles.—Origène, d’après saint Augustin, rejetait l’éternité des peines.
36, Receue.—Add. des éd. ant.: aux siecles anciens.
12, Desmue.—Tirée hors de, déplacée, détournée; participe passé de desmouvoir, qui vient du latin dimovere, dont c’est la signification.
43, Philosophe.—Ils ne remédient pas au cas où, par accident, chez un philosophe...
12, L’vsage.—Var. des éd. ant.: le goust.
28, Decidere.—Montaigne a traduit cette citation avant de la transcrire.
38, Aristote.—Métaphys., II, 1.
43, Syrius.—De Syros. Cicéron, Tusc., I, 16.—Le texte latin porte Tullius.
11, Gloire.—Les éd. ant. aj.: et de la reputation.
13, Platon.—Lois, X, 13.
20, Estançonner.—Appuyer, étayer; s’estançonner par ses inventions, c’est assurer, renforcer son existence par ses propres imaginations.
7, Nemroth.—Il semble que la pyramide dont il est ici question soit celle qui existait à Barsippe en Chaldée, pyramide quadrangulaire à gradins, demeurée inachevée de temps immémorial et que les Chaldéens identifiaient avec la tour de Babel.
24, Raison.—Car cela ne nous a été nullement appris par la nature, non plus que par la raison.
24, Retentera.—Essayer, éprouver de nouveau; du latin retentare, tenter derechef.
29, Stoïcien.—Sénèque.
1, Nous.—L’ex. de Bordeaux aj.: en diuers lieux; add. dont il a été tenu compte dans la traduction; cette croyance existe en effet en Perse, en Hindoustan et ailleurs.
2, Pythagoras.—La métempsycose, que Lucrèce appelle un officieux mensonge qui délivre des frayeurs de la mort et rassure l’esprit en lui donnant l’espérance de renaître dans un autre corps.
7, Maison.—Les éd. ant. ajout.: Socrate, Platon et quasi tous ceux qui ont voulu croire l’immortalité des ames, se sont laissez emporter à cette inuention, et plusieurs nations, comme entr’autres la nostre et nos Druides.—Ces derniers mots: et nos Druides manquent dans l’éd. de 1588.
10, Ans.—Montaigne a déjà traité ce sujet et cite (vol. II, pag. 106) un passage d’Ovide à ce propos.—D’après Héraclide de Pont, Pythagore racontait avoir été Éthalide que l’on disait fils de Mercure; et ce Dieu lui ayant promis de lui accorder tout ce qu’il voudrait, excepté l’immortalité, il lui avait demandé à conserver pendant sa vie et après sa mort, la mémoire de tout ce qui lui arriverait; c’est pourquoi il était à même d’affirmer être passé dans le corps d’Euphorbe après avoir été Éthalide; être ensuite devenu Hermotine; puis Pyrrhus, un pêcheur de Délos, et enfin Pythagore. D’autre part, Euphorbe, blessé par Ménélas au siège de Troie, déclarait avoir été Éthalide et prétendait se rappeler par quelles plantes, dans quels animaux son âme avait successivement passé depuis qu’il avait cessé d’être Éthalide, ce qu’elle avait éprouvé aux enfers et ce qu’il avait vu éprouver aux autres. Hermotine disait avoir été Euphorbe et, pour le prouver, avait été au temple d’Apollon et avait montré son bouclier que Ménélas, après l’en avoir dépouillé, avait consacré à ce Dieu, à son retour de Troie. Pyrrhus, le pêcheur de Délos, se souvenait d’avoir été Éthalide, Euphorbe, Hermotine; et Pythagore avait conservé les mêmes souvenirs, en y ajoutant celui de Pyrrhus.—V. également Diogène Laerce, VIII, 4, 5.
16, Recite.—De quelques faiseurs d’horoscope, dit S. Augustin, De Civ. Dei, XXII, 28.
18, Chrysippus.—Lactance, Div. instit., VII, 23.
19, Platon.—Dans le Ménon.
21, Ailleurs.—Platon, dans le Timée.
17, Dit-il.—Romulus, 14.
28, Socrates.—Ce sont là deux des opuscules des œuvres morales de Plutarque, intitulés, l’un, «De la face qui apparaît dedans le rond de la lune»; l’autre, «Du démon de Socrate».
3, Physicien.—V. N. II, 290: Physiciens.
4, Disoit.—Diogène Laerce, II, 17.
6, Dit.—Plutarque, Des Opin. des phil., V, 3. Les citations qui suivent sont tirées de ce même chapitre.
19, Democritus.—Plutarque, Des Opin. des phil., V, 5, dit expressément que Démocrite était d’une opinion contraire, mais que Zénon et Aristote étaient tous deux de cet avis sur ce point.
28, Moys.—Ceci porte à croire que la mère de Montaigne était, ou croyait être accouchée de lui au onzième mois de sa grossesse. En ce qui me touche, la conception d’une de mes petites-filles m’a été annoncée par ses parents un premier janvier, et, sous la direction d’un médecin des hôpitaux de Paris, la mère, qui a ressenti successivement tout ce que la femme éprouve en pareil cas, a pris les précautions d’usage, et l’enfant n’est venu au monde que le vingt-deux décembre, sans que rien d’anormal, sauf sa durée, se soit produit dans la gestation.—En pareille matière, rien n’est moins certain que la supputation du temps, la question n’a jamais été complètement décidée pour l’espèce humaine, et les observations faites sur les animaux prouvent qu’il y a chez eux de grands écarts (Cuvier). D’après la loi française, l’enfant qui vient au monde avant l’expiration du 300e jour (dix mois) après la mort du mari est seul réputé légitime; Pline, chez les anciens, admettait onze mois; Rabelais également, qui cite de nombreux auteurs à l’appui de son dire.
37, Protagoras.—Sextus Empiricus, Adv. Math.
6, Thales.—Diogène Laerce, I, 36.
8, Vous.—La personne à laquelle ce chapitre est dédié, et qu’ainsi qu’il a été dit plus haut, on pense être Marguerite de France, fille de Henri II, reine de Navarre, à la demande de laquelle cette apologie de Sebond aurait été écrite.
9, Corps.—De m’étendre si longuement sur un même sujet.
16, Reseruément.—De ce passage on peut conclure que Montaigne est d’avis que, dans les disputes philosophiques en général, et en particulier dans celles où la religion est intéressée, il ne faut invoquer l’incertitude de nos connaissances, se réfugier dans le doute et, en matière religieuse, admettre la tradition, que lorsque, pressé de toutes parts, on n’a plus aucune bonne raison à alléguer en faveur de son opinion.
21, Deux.—Hérodote, III, 78.—En 522, lors de la conjuration qui donna le trône à Darius (V. N. III, 324: Perse). Gobrias, un des conjurés, avait saisi l’usurpateur par le corps et luttait avec lui dans l’obscurité, quand, de crainte de voir son adversaire lui échapper, il dit à Darius, son complice, de frapper sans souci de l’atteindre lui-même.
26, Impatiens.—Ne pouvant supporter.
33, Mie.—Pas, nullement.
38, Attrempance.—Mesure, réserve gardée dans ce qu’on fait et dans ce qu’on dit.
3, Plaist.—Ceci confirme ce que l’on suppose de la dédicace de ce chapitre à Marguerite de France (N. II, 332: Vous), en raison de son rang, de son érudition et aussi de ce qu’elle était une des plus belles personnes de son temps.
6, Fantasie.—Add. des éd. ant.: et qui se fut seruy à faire son amas, d’autres que de nostre Plutarque.
7, Epicurus.—Plutarque, Contre Colotès, 27.
9, Platon.—Lois, IX.
28, Outrageux.—L’éd. de 1588 port.: dangereux.
35, Effrenée.—Les éd. ant. port.: iugement à cette liberté desreglée, au lieu de: «vol... effrenée».
14, Vsage.—On ne plaide plus, on ne discute pas pour savoir si cette monnaie est de bon ou de mauvais aloi, mais seulement si elle est d’usage, si elle passe ou ne passe pas.
16, Liaisons.—Nouement d’éguillettes. V. N. I, 136: Liaisons.
17, Domifications.—Du latin domus, maison, et facere, faire. Terme d’astrologie signifiant le partage du ciel en douze zones, en vue de tirer l’horoscope de quelqu’un.
18, Philosophale.—Substance à la recherche de laquelle s’adonnaient les alchimistes et à laquelle on prêtait la propriété de transformer en or tous les métaux.
23, Vitale.—Mensale, vitale, etc., sont des termes de chiromancie (art de prédire la destinée par l’inspection de la main): la mensale est la ligne qui à l’intérieur de la main va de dessous le petit doigt vers l’index; la vitale, celle qui du milieu du poignet va aboutir entre le pouce et l’index; la moyenne naturelle, celle qui a son point de départ entre le pouce et l’index et aboutit entre le poignet et le petit doigt; au centre de la main est le triangle sur lequel Mars a action; l’enseigneur, c’est l’index; les tubercles, appelés monts, sont les proéminences formées par la dernière phalange de chaque doigt. Chacune est plus spécialement soumise à l’action d’un dieu ou d’une déesse et son plus ou moins de saillie accuse, plus ou moins accentués chez l’individu, la qualité ou le vice auxquels préside cette divinité.
9, Leschant.—Add. de 80: et formant.
33, D’accord.—Add. des éd. ant.: s’ils ne le sont meshuy après tant de siecles!
1, Iugement.—Les académiciens admettaient quelques modifications à ce jugement sur notre complète ignorance.
5, Sphere.—Eudoxe estimait le monde formé de sphères concentriques dont la terre était le centre et dans chacune desquelles se mouvaient dans l’ordre suivant, d’après leur éloignement de la terre: la Lune, le Soleil, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne; une huitième sphère comprenait les mouvements de tous les autres astres, système qui fut adopté par Platon et par Aristote.
10, Plus vray-semblables.—Var. des éd. ant.: beaucoup plus veritable et plus ferme.
15, Vraysemblable.—Logique. Montaigne veut dire que l’opinion des pyrrhoniens est plus liée, se soutient mieux que celle des Académiciens.
27, Pas.—Add. des éd. ant.: le corps et.
30, Vanter.—Jouer, aller au gré du vent.
8, L’autre.—Add. des éd. ant.: car la verité n’est iamais qu’vne.
19, Pas.—Sous-entendu: habiter, tenir; ellipse analogue à celle que présente cette locution: «Il n’en peut plus».
35, Sappho.—Les anciens sont unanimes pour admirer la verve et le feu qui brillaient dans ses vers; on la surnommait la dixième muse; il ne nous reste d’elle que quelques fragments. Se confond souvent avec une autre Sapho, également lesbienne, courtisane célèbre qui vécut plus tard.
36, Cleomenes.—Plutarque, Apophth. des Lacédémoniens.
1, Fortuna.—Add. des éd. ant. et de l’ex. de Bordeaux: qu’il iouysse de ce bon heur (traduction de la citation qui précède).
7, Part là.—Le code criminel, établi lors de la refonte de nos codes, après la première révolution, était très dur et très rigoureux, et était tel, disait-on, parce qu’il avait été rédigé par Treilhard (1742 à 1810) alors tourmenté de la gravelle.
7, Areopage.—Ce tribunal était composé de 31 membres; on n’y tolérait aucun artifice oratoire susceptible d’émouvoir ou d’attendrir les juges; longtemps il jouit d’une immense réputation de sagesse et d’impartialité; il siégeait de nuit comme l’indique Montaigne et rendait son jugement séance tenante, nul procès à Athènes ne pouvant durer plus d’un jour.
15, Tourneuirent.—Le tournent et le virent en tous sens.
21, Vie.—Un dicton latin résume ainsi l’existence humaine: «Nasci, pati, mori (naître, souffrir, mourir).»
14, Homme.—Montaigne dit ailleurs (III, 186): «Ie croy Platon de bon cœur, qui dit les humeurs faciles ou difficiles, estre vn grand preiudice à la bonté ou mauuaistié de l’ame.»
21, Moy.—Add. de 88: sans le congé du iugement.
26, Virer.—Add. des éd. ant.: en cent visages.
42, Comme moy.—Var. de l’éd. de 88: bien.
7, Formaliser.—Pour y conformer son esprit, son jugement, son attention.
31, Cupiditez.—Passions.
32, Themistocles.—Prit part à la bataille de Marathon (490) et porta un coup mortel à la flotte de Xerxès par la victoire de Salamine (486); exilé par suite des intrigues de Sparte, il se réfugia chez les Perses et s’empoisonna pour n’être pas obligé de porter les armes contre la Grèce.
32, Demosthenes.—Ce prince de la parole n’acquit son grand talent oratoire que grâce à un travail long et opiniâtre; son style était pur et concis; son éloquence, éminemment persuasive, était absolument dépouillée d’artifice. Pendant quinze ans il s’employa tout entier contre Philippe de Macédoine qui voulait asservir sa patrie, et prononça contre lui ses immortelles Philippiques et Olynthiennes; il assista à la bataille de Chéronée (388); après la mort d’Alexandre, il mit son éloquence au service des Grecs confédérés, et s’empoisonna pour échapper à Antipater.
38, Clemence.—Var. de l’éd. de 80: liberalité et à la iustice.
9, Vertueuses.—Add. des éd. ant.: Au moins cecy ne sçauons nous que trop, que les passions produisent infinies et perpetuelles mutations en nostre ame et la tyrannisent merueilleusement. Le iugement d’vn homme courroucé ou de celuy qui est en crainte, est-ce le iugement qu’il aura tantost quand il sera rassis?
18, Trouble.—Var. des éd. ant.: desreglement et de la cecité?
19, Maladie.—Var. des éd. ant.: fauceté.
20, Perturbation.—Var. des éd. ant.: l’erreur.
20, La temerité.—Var. des éd. ant.: le mensonge.
25, Insensez.—Platon, Phèdre.
28, Sommeil.—Cicéron, De Divinat., I, 57.
31, Apporte.—Par son anéantissement (l’anéantissement de la raison), causé par la fureur ou le sommeil, image de la mort, nous devenons...
40, Pas.—La philosophie.
5, Infiable.—Infidèle, peu digne de foi.
13, Souffre.—«Le premier soupir de l’amour est le dernier de la sagesse.»
22, Planir.—Diminuer et s’aplanir.
39, Volubilité.—Add. des éd. ant.: et imperfection.
40, Constance.—Add. des éd. ant.: et fermeté.
7, Entier.—Var. de 1588: pur et entier, au lieu de: «entier».
19, Nicetas.—Cicéron, Acad., II, 39, où suivant l’édition on lit Nicétas ou Hicétas.
19, Syracusien.—Var. des éd. ant.: il y a enuiron 18. cens ans que quelqu’vn, au lieu de: «Cleanthe... Syracusien».
21, Aixieu.—V. N. I, 254: Aqua.—Cette constatation semble due aux Assyriens, desquels l’auraient tenue Pythagore et son école, mais contre laquelle s’éleva Aristote. Pour cette théorie, Cléanthe, au dire de Plutarque, De la Face de la Lune, 4, sur la dénonciation d’Aristarque, qui demandait qu’il fût poursuivi comme blasphémateur, faillit avoir le sort qui, vingt siècles après, menaça Galilée pour avoir soutenu cette même thèse alors que déjà deux cents ans auparavant elle avait été rééditée par Copernic. Celui-ci admettant en effet le double mouvement de la terre sur elle-même, mouvement s’effectuant suivant un plan (celui de l’écliptique) incliné par rapport à la ligne des pôles, établit sur ce principe le système planétaire qui porte son nom et qui a renversé celui de Ptolémée admis jusqu’alors.—Certains toutefois estiment, en ce qui concerne Cléanthe, qu’une erreur a dû être commise dans la transcription du texte de Plutarque et que les rôles y sont inversés: d’après eux ce serait Aristarque qui affirmait le mouvement de la terre et Cléanthe qui lui en faisait un crime.
24, Ne nous... deux.—Var. des éd. ant.: n’y a guiere d’asseurance, ny en l’vn ny en l’autre.
34, Vogue.—Var. des éd. ant.: credit et authorité.
35, Precedentes.—Les Essais venaient à peine de paraître, quand s’est produite cette tierce opinion, émise par Tycho-Brahé (1546 à 1601), dont le système en progrès sur celui de Copernic, modifié par Képler (1571 à 1631) que lui-même avait formé, et confirmé par Newton (1642 à 1727), est la base de l’astronomie moderne.
37, Introduicts.—V. au sujet de ces principes N. II, 300: Priuation.—Les éd. ant. aj.: de matiere, forme et priuation.
39, Lettres.—S.-ent. de crédit.
43, Boute-hors.—D’être déboutés, jetés dehors.
43, Deuanciers.—«Y a-t-il une chose, dit l’Ecclésiaste, dont on puisse dire: c’est du nouveau? Non, cette chose a déjà été dans les siècles qui furent avant nous; on ne se souvient plus des choses d’autrefois, de même on ne se souviendra plus des choses à venir, parmi ceux qui viendront plus tard.» Ceci, qui était déjà vrai du temps de Salomon, l’est probablement encore aujourd’hui; car nul ne peut assurer que notre civilisation ne disparaîtra pas comme d’autres qui l’ont précédée; et des hommes, dans la suite des siècles, découvriront encore ce que nous avons découvert avant eux et croiront que c’est du nouveau (Harduin).
36, Toucher.—Telles sont en effet l’hyperbole et ses asymptotes: la première ligne courbe, de la nature de celles que l’on obtient en sectionnant un cône par un plan oblique à son axe, les secondes, lignes droites en corrélation particulière avec la première, si bien que toutes trois prolongées indéfiniment, les asymptotes vont approchant toujours de plus en plus l’hyperbole sans, comme l’indique leur nom, jamais la rencontrer, quoique sises dans le même plan. Mais leur découverte est bien antérieure à Jacques Peltier; on en trouve mention dans Apollonius, géomètre grec du IIIe siècle.
39, Combattre.—Add. des éd. ant.: et ruiner.
7, Antipodes.—L’existence des antipodes a été fort controversée dans les temps passés: les philosophes anciens ne les admettaient pas; l’Église primitive pas davantage. Lactance dit à cet égard: «Quel est l’homme assez insensé, pour croire qu’il y a des hommes dont les pieds sont plus élevés que la tête?» S. Augustin abondait dans le même sens, parce que, disait-il, «les antipodes seraient au delà de la mer et que la mer est intraversable». Cette idée des antipodes, émise par Virgile prêtre, depuis fait évêque et canonisé, fut même qualifiée d’hérésie par le pape Zacharie, comme admettant, sous la terre, une autre terre, un autre soleil, une autre lune et des habitants sur cette autre terre, ne descendant pas d’Adam.
13, Sçauoir mon.—Il reste à savoir.
15, Disent.—Add. de 88: Aristote dict que toutes les opinions humaines ont esté par le passé et seront à l’aduenir, infinies autresfois. Platon qu’elles ont à renouueller et reuenir en estre après trente six mille ans.
17, Platon.—Dans le dialogue intitulé la Politique.
20, Herodote.—Liv. II, 142, 143, etc.
28, Salomon.—«Ce qui a été, est encore; ce qui doit être, a déjà été; Dieu rappelle ce qui est passé.» Ecclésiaste, III, 15.—Outre qu’il bâtit le temple de Jérusalem et les murailles de cette ville, Salomon possédait un savoir immense; on lui attribue plusieurs des livres saints: les Proverbes, le Cantique des Cantiques, l’Ecclésiaste.
28, Isaïe.—«Je m’en vais créer de nouveaux cieux, une terre nouvelle, et tout ce qui a été auparavant s’effacera de la mémoire.» Isaie, LXV, 17. Nombre des prophéties d’Isaïe nous sont parvenues; elles se distinguent par la sublimité des idées, l’énergie des tableaux et le style qui est d’une véhémence extraordinaire; on admire surtout le cantique sur la ruine de Babylone.
31, Changement.—Rien ne se fait avec rien, donc l’univers n’a pas eu de commencement; rien ne se perd, tout se transforme, donc il ne prendra jamais fin. Ce dernier principe, nous en voyons par nous-mêmes l’action incessante en ce qui touche les choses de la terre; il n’est pas moins vrai en ce qui concerne les astres. Ceux-ci, en raison de la loi de la gravitation universelle, dont la réalité est vérifiée par le mouvement des corps célestes qu’elle explique jusque dans leurs anomalies apparentes qu’elle arrive à prévoir, ne peuvent résister éternellement à la désagrégation, ni se désagréger sans que leurs débris aillent, à travers les espaces, s’agglomérer à la longue à d’autres existants.
32, Escholes.—Celle de Platon.
39, Derriere.—Cette théorie du monde, de la terre, etc... pourvus d’une âme en même temps que d’un corps, et ayant des mouvements propres, aurait été émise par l’école de Pythagore; d’autres la trouvent en germe dans certains passages du Timée de Platon. Corpet.
39, Heraclitus.—Diogène Laerce, IX, 8.
2, Mere.—On estime que cette lettre n’est pas d’Alexandre le Grand, mais d’un Alexandre, écrivain grec du Ier siècle. S. Augustin, qui la relate, semble avoir fait confusion.
5, Cicero.—De Divinat., I, 19.
5, Diodorus.—Liv. III, 31.
7, Pline.—Nat. Hist., XXX, 1.
7, Zoroastre.—Sa doctrine, qui constituait la religion des mages et prédominait en Perse avant que cette contrée ne devînt musulmane, est consignée dans le Zend Avesta. Elle admettait deux principes opposés, au-dessus desquels s’élève un Dieu suprême; elle prescrivait le culte du feu, réglait la vie publique comme la vie privée, annonçait des peines et des récompenses après la mort; c’est en somme un dieu unique, l’immortalité de l’âme et le jugement dernier. On ignore si Zoroastre a réellement vécu, ou si on a simplement rattaché à ce nom les traditions de cette religion des mages qui dominait dans le centre de l’Asie du XIIIe au VIe siècle.
8, Dit.—Dans le Timée.
11, Saïs.—Il y existait un temple d’Isis, où se lisait cette inscription: «Je suis ce qui a été, ce qui est, ce qui sera, et nul n’a encore soulevé le voile qui me couvre.»
16, Exemples.—Montaigne entasse ici, comme il l’a déjà fait précédemment, sans les avoir contrôlés, nombre de récits relatés dans les premiers ouvrages écrits par les Espagnols, après la conquête de l’Amérique, où l’ignorance et la prévention se sont donné beau jeu et dont l’exactitude est plus que douteuse.
29, Credit.—Pierre Meslie, Diverses leçons, I, 3, établit que le signe de la croix était pratiqué et estimé en certaines contrées de l’ancien monde, bien avant que N.-S. Jésus-Christ ne fût crucifié.
30, S. André.—Croix dont les deux branches sont de même longueur et ne se coupent pas à angle droit. C’est sur une croix de cette nature, par suite les jambes écartées à l’égal des bras, que S. André fut crucifié, d’où son nom; c’est également sur une croix de cette espèce, au lieu de roue, que souvent l’on plaçait les grands criminels condamnés à être roués, les y clouant et leur rompant ensuite bras et jambes.
22, Liberté.—Tacite en dit autant des Germains.
24, Figures.—Dans le genre de l’écriture hiéroglyphique, ou encore de la langue chinoise. Cette langue, remarquable par son originalité, son antiquité, son immutabilité, son extension dans les contrées les plus peuplées de l’Asie, est, de toutes les langues anciennes, non seulement la seule qui soit encore parlée de nos jours, mais la plus usitée des langues actuelles.—La langue écrite n’est pas alphabétique; c’est la réunion d’une immense quantité de caractères plus ou moins compliqués, dont chacun exprime un mot, représente une idée ou un objet. Les caractères primitifs, qui sont des signes ou plutôt des dessins grotesques, sont au nombre de 214. Il y a quelques caractères pour le ciel, l’homme, les parties du corps, les animaux, les métaux, les plantes, etc. Ces caractères primitifs ont servi à former une innombrable quantité de signes, composés le plus souvent arbitrairement, mais qui offrent quelquefois des symboles ingénieux, des définitions vives et pittoresques, des énigmes d’autant plus intéressantes qu’on en a perdu la clef. Les notions abstraites furent très difficiles à exprimer: la colère est peinte par un cœur surmonté du signe de l’esclavage; une main tenant le symbole de milieu, désigne l’historien, dont le devoir est de n’incliner d’aucun côté; le caractère de la rectitude indique le gouvernement; deux images de perles (il est si difficile d’en trouver deux bien appareillées) désignent un ami; d’autres mots ont des compositions tout arbitraires, mais un grand nombre sont intéressants à analyser; beaucoup d’allusions et de traits piquants sont perdus, les étymologies ne se retrouvent pas toujours, mais bien certainement les Chinois se sont peints dans leur langue.—On traçait primitivement les signes avec une pointe métallique sur un bambou; mais trois siècles avant J.-C., on découvrit l’art de faire du papier et de l’encre, et le pinceau remplaça le poinçon. On écrit les caractères en lignes verticales en commençant par la droite et allant vers la gauche. Il y a aujourd’hui 30 à 40.000 caractères, mais les deux tiers seuls sont usités, et, en retranchant les synonymes, on trouve que la connaissance de 5 à 600 caractères suffit à comprendre les textes originaux.—La langue parlée est composée d’un nombre limité d’intonations monosyllabiques, 450 environ, qui, par la variation subtile des accents, se multiplient jusqu’à 1.600 environ; elle serait très facile (Gal Niox).
30, Aspergez.—Goupillons; le mot aspergez, qui vient de ce à quoi sert la chose, existe encore à l’état de substantif, mais est peu usité.
10, Deffubler.—Découvrir, dégager, ôter un affublement.
25, Poste.—A son gré; c’est une expression italienne: a sua posta.
27, Main.—Nous sommes à même de nous rendre compte, de constater.
30, L’ame.—Chaque race possède une constitution mentale qui lui est propre, née à la longue de la communauté de sentiments et d’idées, créée par suite plus du fait des ancêtres que des vivants, car l’homme ne se forme pas tout seul, et la race dont il sort, comme le milieu où il vit, lui apportent leurs diverses influences. De cette mentalité procèdent ses croyances et ses institutions qui sont plus souvent des effets que des causes; son rôle dans l’existence de la race est prépondérant par l’influence qu’elle exerce d’une façon latente, mais continue, sur sa moralité, autrement dit sur ses règles fixes de conduite et sa fidélité à les observer, ainsi que sur ses actes.—Les différences dans la constitution mentale des peuples font qu’ils sentent, raisonnent et agissent de façons fort différentes, de sorte qu’ils se trouvent fréquemment en dissentiment sur nombre de questions dès qu’ils sont en contact; de là naissent la plupart des guerres.—Ces mentalités par exemple, chez les races latine et anglo-saxonne, se distinguent en ce que la première est beaucoup plus vaniteuse, loquace, superficielle, mobile, l’imagination y prédomine, elle est davantage portée à l’agriculture, la seconde à l’industrie, au commerce, à la colonisation. Les Latins se soucient peu de la liberté (chaque parti estime qu’elle règne, quand il est le plus fort), mais ils sont épris d’égalité, ce qui leur fait supporter tous les despotismes, à condition qu’ils soient impersonnels: et, de fait, chez eux, république, monarchie, socialisme sous des étiquettes différentes ont même effet, l’absorption de l’individu par l’État; les Anglo-Saxons sont assoiffés de liberté, la réalité est un mythe, et qu’ils soient en monarchie comme en Angleterre, ou en république comme aux États-Unis, l’action de l’État est réduite au minimum, celle des particuliers est sans limites.
En France en particulier, où les idées socialistes gagnent de plus en plus et viennent ajouter à la mentalité latine, s’accentue cette ingérence de l’État en toutes choses; alors qu’il ne devrait pas être le tuteur et le professeur perpétuels des citoyens, mais uniquement leur protecteur, parfois leur initiateur et dans certains cas leur serviteur, il va substituant son action à celle des individus et des associations et entrave ainsi leur libre développement, en dépit de l’expérience qui enseigne combien la gestion directe par l’État est plus onéreuse, plus routinière et moins à la dévotion du public; c’est ainsi qu’il monopolise les postes, le télégraphe, le téléphone, les tabacs, les allumettes, on pourrait même dire l’instruction, convoite les chemins de fer, a une imprimerie, des manufactures (Sèvres, les Gobelins), exploitant au lieu de se borner à contrôler. Il est vrai que c’est un moyen de se procurer des emplois à donner à soi-même quand la roue de la fortune tournera, à ses adhérents toujours nombreux à la curée, et d’augmenter le nombre des fonctionnaires et des employés qui sont autant d’électeurs dont on escompte les votes.
Cette intervention de l’État s’étend à tout, disons-nous; n’a-t-elle pas été s’immiscer dans les détails de ces fêtes séculaires qui ont lieu chaque année à Orléans, en mémoire de la levée, en 1429, du siège de cette ville, par le fait de Jeanne d’Arc!
32, Athenes.—Elle était consacrée à Minerve, d’où son nom Athéna qui est celui en grec de cette déesse. Pendant des siècles elle eut dans l’antiquité un éclat tout particulier; longtemps elle domina sur mer et eut de nombreux comptoirs et fonda un grand nombre de colonies: plus longtemps encore y fleurirent les lettres, les arts et l’esprit; elle fut la patrie de Phidias, de Socrate, de Périclès, de Démosthène et d’une multitude de philosophes, d’hommes d’état, d’écrivains, d’artistes éminents: on y admirait une foule de monuments, dont quelques-uns tels que le Parthénon étaient des chefs-d’œuvre et dont les ruines dénotent encore la splendeur.
35, Valentes.—Hésiode, Pindare, Épaminondas, Plutarque, nés à Thèbes ou environs, démentent la complète exactitude de cette réputation de «lourdauds» faite aux Béotiens.
10, Infertiles.—Hérodote, IX, d’où le fait est tiré, prête à Cyrus une seconde raison: «De conquérants qu’ils étaient, leur dit-il, ils deviendraient la proie de quelque peuple belliqueux»; argument, ajoute l’historien, qui leur fit perdre l’envie qu’ils avaient eue d’émigrer.—Cette influence du climat, qu’Hérodote constatait il y a vingt-deux siècles, disant: «Les pays mous font des hommes mous», a été reconnue de tous temps; on la trouve accusée, entre autres, par Hippocrate, Platon, Galien, Cicéron, Sénèque, Bodin, Malebranche, Montesquieu, J.-J. Rousseau.
22, Iouyssance.—Qu’en dehors de ce que nous ne pouvons réaliser, même en imagination nous sommes incapables de désigner...
32, Lacedemoniens.—Platon, Second Alcibiade.
37, Et le Chrestien... Dieu.—Var. des éd. ant.: C’est pourquoy le chrestien plus humble, et plus sage, et mieux recognoissant que c’est que de luy, se rapporte à son créateur de choisir et ordonner ce qui luy faut. Il ne le supplie d’autre chose, sinon, au lieu de: «Et le Chrestien supplie Dieu».
2, Desprier.—Mot créé par Montaigne; on n’en saurait trouver de plus clair, de plus court, de plus expressif pour rendre l’idée qu’il exprime ici; il est demeuré dans la langue, mais avec un sens plus restrictif, celui de retirer une invitation.
2, Prieres.—Pour le délivrer de ce don funeste, dont il l’avait gratifié sur sa demande, Bacchus fit baigner Midas dans le Pactole qui, depuis, dit la fable, roule des paillettes d’or dans ses flots.
8, Aueindre.—Atteindre; se disent encore l’un pour l’autre dans certaines parties de la France.
11, Biton.—Hérodote, I, 31.—Un jour de sacrifice, alors que tardaient à venir les bœufs qui devaient traîner au temple le char de leur mère qui en était prêtresse, ils s’y attelèrent eux-mêmes. Le peuple les acclama; leur mère, ravie, pria la déesse de leur accorder en récompense ce qui leur serait le plus avantageux, et, quand elle sortit du temple, elle les trouva tous deux endormis pour toujours dans les bras l’un de l’autre; «la mort est donc, en conclut Plutarque, qui conte aussi le fait, ce qu’il y de plus heureux».
11, Agamedes.—Plutarque, Consolation à Apollonius, 14.—Ayant demandé à Apollon leur salaire pour la construction du temple de Delphes, le dieu leur répondit qu’il le leur donnerait le septième jour, et ils moururent ce jour-là.—Une autre version raconte leur fin d’une façon moins honorable pour eux et moins probante pour la morale que Montaigne veut en tirer. Chargés postérieurement de bâtir pour le roi d’Orchomène un édifice pour y conserver ses trésors, ils y ménagèrent une entrée secrète, au moyen de laquelle ils venaient, la nuit, y puiser. Ce prince s’étant aperçu qu’on le volait, tendit un piège. Agamède y fut pris. Trophonius, craignant ses révélations, lui coupa la tête et s’enfuit en l’emportant, ce qui est une réédition de l’histoire de l’architecte de Rhampsinit. V. N. I, 56: Enfans.
32, Varro.—S. Augustin, De Civ. Dei, XIX, 2.
34, Disputat.—Au lieu de disputat, l’ex. de Bord. porte dissentit, variante conforme au texte de Cicéron.
1, Apparences.—«Le corps d’un athlète et l’âme d’un sage, voilà, a dit Voltaire, à propos de Buffon, ce qu’il faut pour être heureux»; c’est le «mens sana in corpore sano (du jugement et de la santé)» de Juvénal, Sat., X, 152. Mais cela ne dépend pas de nous et, d’un moment à l’autre, peut cesser d’être; seul, celui qui sait être content de son sort, possède les conditions de bonheur en ce monde.—Le bonheur est une illusion, le plaisir souvent une duperie; il faut arranger sa vie de manière à éviter la douleur et se garer de l’ennui (d’après Schopenhauer).
6, Aristote.—Morale à Nicomaque, IV, 3.
7, Archésilas.—Sextus Empiricus, Pyrr. Hypot., I, 33.
12, Ataraxie.—Mot grec qui signifie tranquillité, sérénité parfaite, indifférence absolue.
17, Lipsius.—Juste Lipse a rempli en partie ce vœu dans un ouvrage assez considérable sur le stoïcisme qui parut en 1604, douze ans après la mort de Montaigne.
31, Diuin.—C.-à-d. qu’ainsi que la divinité, au dire même de Socrate, le lui avait elle-même appris, c’est satisfaire à ses devoirs que de se conformer aux lois de son pays.
38, Loix.—Cette agitation ne semble pas s’être calmée depuis l’époque où Montaigne écrivait. En France, durant la législature de 1898 à 1902, la dernière pour laquelle ce renseignement subsiste, en quatre ans, ont été présentés: 2.781 projets ou propositions de loi, dont 627 dits d’intérêt général, et il a été statué sur 1.690 d’entre eux; à quoi il y a lieu d’ajouter la discussion de 130 interpellations, 118 questions adressées aux Ministres, et enfin le dépôt de 3.597 pétitions; ce qui ne veut pas dire que la législature ait été plus profitable ou plus utile qu’une autre; jamais, au contraire, nous n’avons été plus éloignés de la pratique de cet adage: «acta, non verba» qui devrait être la devise d’un état bien gouverné; mais chacun veut avoir l’air de faire.
39, Voisins.—Montaigne a pu voir en effet, de 1534 à 1558, les Anglais ou plutôt la cour d’Angleterre sous Henri VIII, Edouard VI, Marie Tudor et Elisabeth, changer quatre fois de religion.
5, Capitale.—Qui nous exposerait à une peine capitale.
10, Ancien.—Xénophon, Mémoires sur Socrate, I, 3, 1.—Ce Dieu, c’est Apollon, dont la Pythie, sa prêtresse, rendait à Delphes ses oracles, montée sur un trépied.
15, Estoit.—Il serait peut-être plus exact de dire: «celle dans laquelle on a été élevé»; d’aucuns diraient: à quoi bon? ou, avec Renan: «l’orthodoxie procure de grandes joies, mais elle ferme à la vérité». Admirons avec quelle hâte après avoir risqué cette assertion, sur laquelle du reste il ne se prononce pas, Montaigne fait amende honorable; il se trouve là tout entier. C’est un grand tort, à mon sens, que de lier d’une manière indissoluble ces deux idées: Dieu et la Religion. La première, personne ne la discute, et le plus souvent ceux qui en raisonnent, déraisonnent, parce que pour tous c’est l’inconnu; seule, la seconde est en cause: elle s’étaye sur la première dont elle ne saurait se passer, tandis que celle-ci, dans son infinité, n’a que faire d’elle.
Il n’en est pas moins vrai que la Religion est une idée naturelle à l’homme dès qu’il est à même de juger de son néant en face de l’Univers et de ses merveilles sans cesse renaissantes qui n’ont point eu de commencement et n’auront pas de fin, et ce n’est pas sans raison que la Providence, l’âme de ce tout sans limites, tout en ne faisant pas qu’elle soit identique chez tous, ce qu’elle n’a pas probablement jugé indispensable, nous l’ait infusée, comme elle a fait de la raison, de la conscience, laissant à notre libre arbitre d’en faire l’estime que nous croyons, de même que, dans tous nos actes, nous tenons plus ou moins compte de ce que nous soufflent la raison et la conscience.
La religion, chez ses adeptes sincères, nous affermit dans l’observation de nos devoirs envers nous-mêmes et envers le prochain, et par l’espérance nous soutient dans l’adversité; elle ne fait que du bien, jamais de mal; par elle la morale et la résignation pénètrent les masses sur lesquelles n’ont point prise les dissertations philosophiques qui ne s’adressent qu’à la raison; il leur faut quelque chose qui préférablement agisse sur l’imagination, ce que leur offrent les légendes religieuses et les cérémonies du culte.
Chaque religion comporte trois choses: la morale, le dogme et le culte.
Chez les peuples civilisés elles n’ont jamais beaucoup différé sous le premier de ces rapports. Entre toutes cependant, la religion chrétienne qui a pour base essentielle la charité, aimer le prochain comme soi-même, faire à autrui ce qu’on voudrait qu’il soit fait pour vous-même, tient incontestablement, par cela même, le premier rang.
Comme dogmes, toutes se valent. Toutes ont pour point de départ l’existence de Dieu que tout démontre, que personne ne nie, que chacune dépeint à sa manière, y joignant, pour le rehausser, comme s’il en était besoin, certains faits surnaturels qui relèvent exclusivement de la foi, sorte d’hypnotisme, auquel il est difficile de se prêter quand on ne l’a pas; sur ces faits qu’elles imposent à notre croyance, toute discussion est stérile, car la raison et la foi sont deux antipodes, et entre elles nul ne sait où est la vérité.
C’est sous le rapport du culte que les diverses religions, et dans chacune, ses diverses sectes, diffèrent le plus.—Par son unité, par ses cérémonies réellement impressionnantes, la religion catholique l’emporte de beaucoup à cet égard sur toutes les autres. Elle l’emporte aussi par la confession auriculaire, qu’à l’encontre de bien d’autres je prise particulièrement; très discutable en théorie, bien innocente en réalité, elle permet à l’homme, être essentiellement faible, par l’aveu de ses fautes et l’absolution qu’il en obtient, d’en mesurer l’étendue, d’en éprouver des regrets, du repentir, d’être encouragé à les réparer, à résister aux tentations qui peuvent se reproduire, d’en faire en quelque sorte pénitence et en recevoir l’absolution, allège, réconforte et amende, à l’instar de ce qui se passe quand le criminel fait l’aveu de son crime au juge d’instruction et qu’il paie sa dette à la justice humaine; l’idée est grande et l’effet salutaire.
Ce sont ces considérations qui font que, personnellement, je place la religion catholique, apostolique et romaine au-dessus de toutes les autres. Mais si j’estime d’effet utile, pour le maintien de l’unité, l’autorité du pape, en matière de dogme et de culte, je tiens pour abusive son ingérence dans les questions d’administration diocésaine et les rapports du clergé avec les fidèles, et ceux des uns et des autres avec l’État; ce sont là des affaires du ressort, en cas de conflit, de conciles provinciaux ou nationaux.—Les erreurs, les abus si monstrueux commis à diverses époques par ses ministres, qui se sont montrés si intolérants chaque fois qu’ils ont eu la suprématie, n’altèrent en rien son excellence; ces ministres sont hommes et en ont les imperfections, il faut le regretter, sans en faire porter la responsabilité à l’institution; et c’est pourquoi je suis de tout cœur de l’Église catholique, apostolique et romaine en ce qui touche le spirituel, français en ce qui est afférent au temporel.
27, Au delà.—Pascal, qui a jugé si sévèrement Montaigne et copié en tant d’endroits, dit: «On ne voit presque rien de juste ou d’injuste, qui ne change de qualité, en changeant de climat; trois degrés d’élévation du pôle renversent toute la jurisprudence, un méridien décide de la vérité; à quelques années d’intervalle, les lois fondamentales modifient le droit; plaisante justice qu’une rivière ou une montagne borne: qui, vérité en deçà des Pyrénées, est erreur au delà!... Pourquoi me tuez-vous? Eh quoi! ne demeurez-vous pas de l’autre côté de l’eau?»—Cette même idée, Chateaubriand l’exprime lui aussi: «Un homme, écrit-il, peut être pendu de ce côté-ci d’un ruisseau, pour des principes réputés sacrés de l’autre côté de ce même ruisseau.» Payen.
7, Indifferentes.—Les philosophes de la secte de Zénon et de Pyrrhon l’admettaient aussi, cela et bien d’autres choses; en le relatant, Sextus Empiricus ajoute que toutefois ils se fussent bien gardés de jamais, dans la pratique, agir à l’encontre de ce qui est universellement admis.
7, Platon.—De la République, I.
24, Inconstance.—Autre pensée que Pascal s’est encore appropriée et qu’il rend de la sorte: «Le larcin, l’inceste, le meurtre des enfants et des pères, tout cela a sa place entre les actions vertueuses...; il y a sans doute des lois naturelles, mais cette belle raison humaine a tout corrompu.» Payen.
28, Autre.—Ce qui gouverne les hommes, ce sont les idées, les sentiments, les mœurs; leur ensemble crée à chaque race une mentalité particulière; les coutumes, les institutions, les lois ne sont que l’expression de cette mentalité; aussi, comme elle, sont-elles variables d’un peuple à un autre.
30, Coustume.—Les Hindous. Sextus Empiricus, Pyrr. Hypot., III, 24.—Strabon l’attribuait aussi aux Massagètes (peuple de la Scythie): «Ils estimaient, dit-il, que la mort la plus honorable, quand l’âge les a rendus inutiles, c’est d’être tués et mangés avec de la viande de mouton; quant à ceux qui étaient usés par la maladie, ils les détruisaient comme impies et ne les considéraient que comme dignes d’être dévorés par les bêtes féroces.» Un autre auteur les représente comme ne tenant rien comme plus malheureux que de périr autrement que par le fer, et c’est pourquoi ils se faisaient une loi de tuer ainsi les vieillards et de les manger. V. I, 170 et N. Eux-mesmes.
10, Courage.—Diogène Laerce, II, 78.
14, Goujon.—Id., II, 67.
17, Choulx.—Diogène Laerce, II, 68; Horace, Epist., I, 17, 1.
23, Pacis.—Après la citation, les éd. ant. aj.: Il aduient de cette diuersité de visages, que les iugements s’appliquent diuersement au choix des choses.
27, Impuissantes.—Diogène Laerce, I, 63.
30, Socrates.—Id., II, 35.
32, Seruitude.—Sextus Empiricus, Pyrr. Hypot., III, 24; Plutarque, Cicéron, 26; Juvénal, I, 105, etc.
33, Public.—Sextus Empiricus, Pyrr. Hypot., I, 14; III, 24.
37, Colit.—«Les chrétiens, qui adorent un seul et même Dieu, se sont, à diverses reprises, montrés aussi acharnés les uns contre les autres que ces anciens peuples, parce que leurs croyances différaient sur certains points.» Coste.
5, Semble.—Un avocat italien disait à une cour devant laquelle il plaidait: «Le mois dernier vos Excellences ont jugé ainsi; ce mois-ci, dans le même cas, vous jugez d’une façon tout opposée; de quelque façon que ce soit, c’est parfait.» Payen.
18, Considerable.—A considérer.
19, Fust.—C.-à-d. qu’il ne fallait pas considérer (qu’il importait peu), dans la paillardise, de quelle manière on s’y livrait.—Plutarque, Règles et préceptes de santé, 5. Mais Arcésilas entendait condamner, par là, la débauche sous quelque forme qu’elle se produisît chez l’un aussi bien que chez l’autre, parce que, ajoute Plutarque, il y a autant de mal d’un côté que de l’autre.
23, Propos.—De l’amour des garçons.
24, Diogarchus.—L’ex. de Bord. porte Dicearchus, ce qui est conforme au texte latin.
8, Ceremonies.—Les éd. ant. aj.: Chacun a ouy parler de la deshontée façon de viure des philosophes cyniques.
8, Chrysippus.—Plutarque, Contredits des philosophes stoïques, 31.
12, Hippoclides.—Hérodote, VI, 129.
12, Fourché.—Jeu d’enfant consistant à se tenir verticalement sur les bras, contre un arbre ou un mur, la tête en bas, les jambes en l’air écartées l’une de l’autre.
13, Metrocles.—Diogène Laerce, VI, 94.
24, Affoler.—Ravaler, déprécier.
28, Estimation.—Le mystère, la réserve, la circonspection dans la jouissance des plaisirs de l’amour, font partie de leur prix.
35, Oisifs.—L’ex. de Bord. raye: vagabonds et oisifs.
35, Malaisance.—Pie V voulut, au commencement de son pontificat, supprimer les maisons de tolérance, mais il se vit bientôt dans l’obligation de les rétablir.—Au début de la conquête de l’Algérie, le général Bedeau, bien que, par son caractère et ses sentiments religieux, fort opposé à la prostitution, favorisa à Sétif, où il commandait, l’établissement de maisons publiques, comme sauvegarde de la tranquillité des femmes honnêtes.
36, Coruine.—Le texte de Martial porte Scævine.
8, Aulx.—Ce fait, généralement attribué à Diogène le Cynique, n’est fondé sur le témoignage d’aucun auteur ancien. Bayle, Hipparchia.
9, Autheur.—S. Augustin, De Civ. Dei, XIV, 20.—Le passage où il exprime cette appréciation est, pour le moins, aussi licencieux que le français de Montaigne.
19, Frottant.—Diogène Laerce, VI, 69.
21, Rüe.—Id., VII, 58.
23, Discretion.—Sans faire de distinction; du latin discretio, qui a cette signification; aujourd’hui, ce mot ne s’emploie plus dans ce sens.
25, Regle.—Diogène Laerce, VI, 96.—L’ex. de Bord. portait: s’accouploit à lui en public; mais cette addition a ensuite été rayée.—Les éd. ant. et l’ex. de Bord. ajoutent: Solon fut, à ce qu’on treuue, le premier qui donna par ses loix liberté aux femmes, de faire profit publique de leurs corps. Cette phrase rayée depuis sur l’ex. de Bord. y avait été complétée de la sorte: toutefois, si ie ne me trompe, Herodote recite auant lui cet vsage receu à plusieurs polices, addition qui a pareillement été rayée.
31, Protagoras.—Sextus Empiricus, I, 29 et 32.
7, Maintenir.—Luther faisant allusion aux interprétations diverses que chacun en tirait à l’appui de ses dires, appelait l’Écriture sainte «le livre des hérétiques».—Montesquieu en parle de même: «C’est un pays où les chrétiens de toutes sectes font des descentes et vont comme au pillage; c’est un champ de bataille où les nations ennemies se rencontrent, se livrent bien des combats, où l’on s’attaque, où l’on escarmouche de bien des manières; la plupart des interprètes n’ont point cherché dans l’Écriture ce qu’il fallait y croire, mais ce qu’ils croyaient en eux-mêmes.»
23, Pourtant.—C’est pourquoi, c’est pour cette raison.—Montaigne, qui fait un usage fréquent de ce mot, l’emploie presque toujours dans ce sens.
32, Landit.—Par le landit.—Le landit ou lendit était le salaire de leurs leçons que les écoliers donnaient à leurs maîtres, et qu’il était d’usage de remettre lors de la foire dite du Landit, qui se tenait à S.-Denis; d’où le nom attribué à ce paiement fait constamment à cette époque et qui, pour les élèves de l’université, consistait en six ou sept écus d’or fichés dans un citron et qu’on mettait dans un verre de cristal; les écoliers désignaient entre eux, sous le nom de «frippelandis», ceux qui frustraient leurs régents de ce présent. Quant au nom même de la foire, il viendrait du latin indictum, comme ayant toujours lieu à jour dit, fixé d’avance une fois pour toutes.
37, Dire.—Rabelais, prologue du livre I de Gargantua, exprime la même idée: «Croyez-vous, en vostre foy, qu’oncques Homere, escriuant l’Iliade et Odyssée, pensast es allegories, lesquelles de luy ont calfreté Plutarche, Heraclides Ponticq, Eustatie, Phornute, et ce que d’iceux Potitian a desrobé? Si le croyez, vous n’approchez ne de pieds ne de mains à mon opinion qui decrete icelles aussi peu auoir esté songées d’Homere que d’Ouide, en ses Metamorphoses, les sacremens de l’Euangile, lesquels vn frere Lubin, vray croquelardon, s’est efforcé demonstrer, si d’aduenture il rencontroit gens aussi fols que luy.»
16, Mesmes.—Et on le met en opposition avec lui-même.
20, Heraclitus.—Sextus Empiricus, Pyrr. Hypot., I, 29.
25, Amer.—Sextus Empiricus, Adv. Math., 163.
28, Cyrenayens.—Ou Cyrénaïques. Cicéron, Acad., II, 7.
34, Chacun.—Cicéron, Acad., II, 46.
37, Retirée.—Séparée, disjointe.
38, Cogitation.—C’est la conclusion que Platon poursuit dans le Phédon et le Théétète.
14, Sentiment.—C’est à peu près la même idée qu’exprime Helvetius, quand il dit: «Juger, c’est sentir.»
17, Cognoissance.—Descartes, Locke, Condillac et autres philosophes de temps postérieurs à Montaigne, n’ont fait que le copier, quand ils ont dit et répété leur fameux: «Cogito, ergo sum (Je sens, je pense, donc j’existe).»
24, Dit.—Acad., II, 27.
30, Perdu.—Plutarque, Contredits des phil. stoïques, 9.
22, Apprehendent.—Ne le saisissent, ne le conçoivent.
31, Bute.—Le tir à l’arquebuse.
40, Costier.—Que le coup a porté trop haut, ou à côté du but.
1, Dire.—Que nous ayons à regretter, qui nous manque.
4, Sens.—Sextus Empiricus, Pyrr. Hypot., I, 14.
7, Rapporter.—Que peuvent être ces vertus d’assécher ou restreindre que Montaigne prête à la pomme? S’il veut dire qu’elle pourrait être susceptible de se dessécher et de se contracter, ce qui est, nous le constatons par la vue; s’il entend par là causer de l’altération et de la constipation, nous sommes à même de le constater par le palais et les intestins. Aussi, tout en saisissant parfaitement l’idée de l’auteur qui veut dire que «si la pomme a d’autres propriétés que celles que nous lui connaissons, elles nous échappent parce que peut-être nous ne possédons pas les sens nécessaires pour que nous nous en apercevions», faute de pouvoir préciser plus qu’il ne fait, nous le reproduisons textuellement.
12, Choses.—Cette réflexion de Montaigne se confirme de plus en plus de nos jours, avec les progrès de l’électricité dont nous constatons les effets, les produisant et même en tirant parti, alors que leur explication nous échappe et qu’eux-mêmes vont déroutant complètement notre entendement, comme il arrive encore de la télégraphie sans fil, des rayons X, du radium, etc., etc.
11, Videtur.—Montaigne a traduit ces deux vers, avant de les citer.
21, Timagoras.—Cicéron, Acad., II, 25.
25, Epicuriens.—Au jugement des Épicuriens, c’est de.
6, Plaira.—Aux exemples qu’il va donner, Montaigne aurait pu en ajouter beaucoup d’autres, particulièrement en ce qui touche la vue, le plus trompeur de nos sens; les illusions d’optique dues à la réflexion, à la réfraction, au mirage etc..., abondent en effet.
34, Vastité.—Étendue, immensité; mot forgé par Montaigne, du latin vastitas, d’où vient notre adjectif vaste.
41, Zenon.—Diogène Laerce, IV, 23.
6, Fascheux.—Ne fut pas blâmable, n’eut pas tort.
9, Moy.—Diogène Laerce, IV, 36.
19, Espaigne.—Le corail.
20, Oceane.—Les perles.
22, Sien.—«L’irréel est, dans certains cas, plus vrai que le réel; ainsi, les objets ont des états, des formes nettement déterminés; états et formes qui n’importent pas tant que ceux sous lesquels nous les voyons constamment, souvent très différents de la réalité» (Le Bon), ainsi qu’il arrive, dans les effets de perspective, au théâtre, par exemple.
27, Narcisse.—Était d’une admirable beauté; s’éprit de sa propre image et, de chagrin de ne pouvoir la posséder, se noya dans la source où il l’apercevait et fut changé en la fleur qui porte son nom.
34, Sequitúrque.—Le texte latin porte loquiturque.
38, Tours.—Leur hauteur est de 68 m. L’église est érigée sur l’emplacement de l’ancienne cathédrale mérovingienne qui avait, elle-même, remplacé un temple païen; sa construction, commencée en 1163, ne fut achevée qu’en 1230, et encore seulement dans son ensemble.
3, Terre.—Idée reproduite par Pascal: «Le plus grand philosophe du monde, sur une planche plus large qu’il ne faut pour marcher à son ordinaire, s’il y avait dessous un précipice, quoique la raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra.»
4, Deça.—Les Pyrénées, de ce côté-ci de la France.
12, Yeux.—Démocrite; mais le fait est controuvé. Cicéron, De Fin. bon. et mal., 29, n’en parle que comme d’une chose incertaine, et Plutarque, De la Curiosité, II, dit positivement que c’est une fausseté.
20, Theophrastus.—Plutarque, Comment il faut ouïr, 2.
28, Fureur.—L’inverse se produit également: David, jouant de la harpe, calmait Saül tourmenté par le mauvais esprit; Odette de Champdivers endormait parfois, en touchant de son luth, la sombre folie de Charles VI; et, de nos jours, des médecins parlent de traiter par la musique certaines maladies.
34, Protocole.—Protocole était, du temps de Montaigne, le qualificatif appliqué à qui, le texte d’un discours en main et placé derrière celui qui le prononçait, lui soufflait ce qu’il avait à dire s’il se trompait ou demeurait court; qui en un mot remplissait un rôle analogue à celui du souffleur au théâtre. Ce terme ne s’applique plus aujourd’hui qu’au formulaire suivi dans l’accomplissement d’actes publics et aux procès-verbaux auxquels donnent lieu certains d’entre eux.
34, Gracchus.—Plutarque, Comment il faut refréner la colère, 6.—T. Gracchus était emporté, violent dans sa manière de dire, et avait pour le calmer un de ses serviteurs qui, avec une petite flûte, jouant sur un ton doux et mélodieux quand sa voix s’élevait, l’en avertissait. «Je voudrais, quant à moi, ajoute Plutarque, que l’on me présentât un miroir quand je me mets en colère et que j’y visse mes traits convulsés par cette passion; ce serait aussi utile à d’autres.»—L’histoire romaine présente un autre cas d’un joueur de flûte attaché aux pas d’un autre personnage; mais c’est à un tout autre titre, non pour le rappeler à lui-même, mais pour le signaler aux autres: à Duilius, vainqueur à la première bataille navale remportée sur les Carthaginois (l’an 200, lors de la première guerre punique), le Sénat accorda, à titre d’honneur, d’être reconduit le soir à la lueur de flambeaux et précédé d’un joueur de flûte. A cette même occasion fut érigée à Rome une colonne rostrale qui, restaurée à diverses reprises, existe encore; l’inscription qu’elle porte est un des monuments les plus anciens de la langue latine; cette colonne est aujourd’hui surmontée d’un bec de gaz!