Hiên le Maboul
XIV
Hiên se retourna. L’hôpital de Cho-Quan effaçait entre les manguiers son toit couleur de brouillard ; une cloche sonnait à petits coups étouffés et grêles : la visite du matin. Hiên tâta sous son veston les papiers qui affirmaient sa liberté reconquise ; il les sortit de sa poche, les compta, les recompta : feuille de route, exeat, certificats attestant que le tirailleur Phâm-vân-Hiên, définitivement guéri du « béribéri », était renvoyé de l’hôpital de Cho-Quan et dirigé sur sa garnison du Cap-Saint-Jacques. Il referma son veston et respira : ce soir, il retrouverait Maÿ et l’Aïeul. Il regarda une dernière fois les toits gris de sa prison et se mit en marche, à grandes enjambées, sur la route de Saïgon.
Il avait plu à l’aube : les ornières achevaient de boire des flaques d’eau pourpres, les volubilis penchaient leurs clochettes alourdies le long des haies lavées et rajeunies. Les aréquiers redressaient leurs plumets trempés ; les fleurs de frangipanier rouvraient leurs corolles enroulées en conques ; les moineaux guillerets chantaient dans les buissons de petits hymnes au soleil reparu. Hiên baigna dans le gazon humide des accotements ses pieds souillés de boue et gambada comme un poulain échappé.
Avec une âpre allégresse de convalescent, il se remémora ces quatre semaines de maladie et de captivité. Au lendemain de ses fiançailles, il avait été saisi d’un mal bizarre : ses jambes et ses bras avaient enflé au point qu’il ne pouvait plus se tenir debout ni remuer les mains. Le docteur du Cap l’avait déclaré atteint de « béribéri » et Hiên avait tremblé, car les médecins d’Europe ne savent pas soigner ce mal étrange et peu étudié, dont la cause même est ignorée. A tout hasard on lui avait appliqué le thermo-cautère sur la poitrine et dans le dos, sans autre résultat que de lui arracher des hurlements de douleur ; on l’avait bourré de viande et de riz, et ce traitement, qui l’enchantait, l’avait seulement fait grossir encore ; et l’on ne put savoir si cet accroissement d’embonpoint était dû au béribéri ou simplement au régime suivi.
Finalement on l’avait expédié à l’hôpital de Cho-Quan, où, pendant un mois, les docteurs avaient expérimenté sur lui une série de systèmes ingénieux. Convaincu qu’il allait mourir dans cette grande maison triste où l’on parlait à voix basse, où l’on entendait gémir les patients et soupirer les agonisants, où les infirmiers indigènes, ses compatriotes, prélevaient régulièrement les meilleures portions de ses repas, il pleurait sa fiancée et son maître.
Maigrit-il de chagrin ou plutôt guérit-il subitement ? Mystère ! En tout cas, il se retrouva, certain jour, dégonflé et normal, le pouls régulier, et les médecins triomphèrent de cette cure inattendue. On le garda encore pendant une semaine en observation, et, comme il enflait d’autant moins qu’il ne mangeait pas à sa faim, on le libéra.
Et c’est ainsi que, ce matin de mai, il se trouvait déambuler sur la route de Cho-Quan à Saïgon et recueillir les dernières gouttes laissées par l’averse sur les manguiers.
La ville était proche. Hiên s’épouvanta de son immensité et de son mouvement qu’il n’avait pu soupçonner un mois auparavant, enfermé qu’il était dans un fourgon d’ambulance. Les cris des « coolies pousse-pousse » tirant leurs petits véhicules à roues caoutchoutées, des cochers de « malabars » accrochés aux brancards de leurs voitures à caisse étroite et décorée de fleurs grossières, les appels des Chinois vendeurs de soupe au vermicelle, des marchandes de poisson, tout ce bourdonnement formidable du quartier indigène lui emplissait les oreilles et l’étourdissait.
Coudoyé rudement et bousculé, il allait d’ahurissement en ahurissement, tantôt en arrêt devant les jambières grenat et le chapeau démesuré d’un policier annamite, tantôt saisi d’inquiétude au passage d’un Chetty barbouillé de chaux et les narines plaquées d’or, tantôt suivant d’un œil rond les chevaux australiens, minces et géants, tenus en main par de minuscules boys. Il admira, figé sur le trottoir, les robes de velours, les colliers de grains d’or, les mules brodées des congaï qui évoluaient, ondulant de la croupe et balançant prétentieusement les bras : la splendeur de ces belles dames l’émut plus que leurs œillades, auxquelles il ne prit garde.
De longues théories de fillettes, trottinant entre leurs paniers de paddy, formaient sur la chaussée des processions de chenilles bigarrées. Des garçons mal peignés, assis au seuil de maisons basses, faisaient des signes que Hiên ne comprit pas et leurs rires aigus de filles l’exaspérèrent.
Au pied d’un réverbère, les tirailleurs accroupis sur les escabeaux d’un restaurant improvisé, buvaient du thé : il leur demanda son chemin. Il but du thé avec eux et causa : ses nouveaux camarades l’informèrent que la chaloupe du Cap-Saint-Jacques ne partait pas avant onze heures et qu’il pouvait, sans crainte de manquer son départ, passer un moment avec eux. Ils lui apprirent des choses étonnantes sur Saïgon, sur Cho-Len. La naïveté infinie de ce provincial les confondait : mais, comme il avait payé déjà plusieurs tournées, ils lui celèrent soigneusement leur dédain : on se sépara bons amis, après avoir décliné ses noms et ses numéros matricules et s’être promis à plusieurs reprises de se revoir.
Hiên descendit la rue Catinat, le cœur battant de stupéfaction et de ravissement. Il s’attardait aux devantures des magasins, où, derrière des comptoirs débordants de soieries, de dentelles, d’étoffes, d’objets de toutes sortes et de toutes formes et dont il ne soupçonnait point l’usage, trônaient des messieurs chauves et barbus et des demoiselles pâles à l’air arrogant et méchant. D’autres messieurs barbus et d’autres demoiselles aux figures pâles émergeant de robes flottantes et molles le frôlaient, et il s’écartait précipitamment, redoutant quelque coup de canne et fuyant le regard dur des yeux fixes.
Des grincements d’archet l’attirèrent : debout entre les baies de la véranda, les pseudo-tziganes de l’Hôtel Insulaire massacraient une quelconque « marche de Rakoczy ». Il admira franchement leurs dolmans garance à brandebourgs noirs, mais leur musique lui parut singulièrement barbare et criarde et, s’étant risqué à gravir la première marche du large escalier de briques, il constata que le chant des violons semblait plonger les rares consommateurs dans un accablement profond. Des domestiques chinois le menacèrent de leurs serviettes : il s’enfuit à toutes jambes et se réfugia derrière la haie des pousse-pousse qui appuyaient au trottoir leurs brancards ornés de cuivre.
Il reprit sa promenade, poursuivi par les piaulements saccadés de l’orchestre. A la terrasse d’un café, des officiers en tuniques blanches buvaient dans des verres embués des liqueurs multicolores. Des joueurs, assemblés autour d’un tapis vert, manipulaient avec violence, et d’un air furieux, de petits rectangles de carton enluminés : Hiên consacra un bon quart d’heure à surveiller leur partie avec des yeux agrandis par l’étonnement. Entre les tables de marbre s’insinuaient des marchands de journaux, garçons impudents à faces glabres sous les casquettes de drap bleu foncé, des bouquetières, toutes petites filles qui offraient des roses et des œillets avec des mines effrontées de rôdeuses.
Plus loin, les mêmes personnages faisaient des gestes identiques aux terrasses de cafés pareils. Puis les boutiques chinoises ouvraient sur la rue leurs échoppes sales et puant l’opium ; des rotiniers tressaient des chaises longues et des fauteuils, des ébénistes vernissaient des armoires de bois jaune ; des tailleurs pesaient de leurs pieds nus sur les pédales rouillées de machines à coudre préhistoriques ; des bijoutiers fignolaient, à coups de marteau, des dragons à crinière hirsute sur des manches d’ombrelles.
Enfin ce fut le port. Un tramway à vapeur passa en toussant, sifflant, crachant de la vapeur et de la fumée, et Hiên, mal initié encore à toutes les merveilles de la civilisation, crut à quelque invention de mauvais esprits. Le monstre disparu, il se rassura et s’orienta entre les barils, les sacs et la ferraille qui encombraient le quai.
La multitude des chaloupes, vedettes, paquebots, cargo-boats amarrés au ras des appontements l’épouvanta. Un coolie obligeant lui indiqua la chaloupe du Cap. Un élégant commissaire, chaussé d’escarpins vernis qui laissaient voir des chaussettes à pois, prit sa feuille de route avec des airs dégoûtés de percepteur recevant les impôts d’un vulgaire contribuable. Moyennant cette formalité, le tirailleur fut autorisé à se choisir une place sur le pont.
Il n’arriva pas sans difficulté jusque-là : l’entrepont était semé d’obstacles de toute nature, ballots de coton, meubles, paniers de poissons, rails, traverses, caisses de cartouches. Au bord d’un trou noir, des matelots annamites, suants et hurlants, manœuvraient des treuils à bras qui déroulaient avec un tapage insupportable des chaînes graisseuses. Des commissionnaires allaient et venaient, ployés en deux sous d’énormes malles dont les angles heurtaient brutalement les infortunés passagers. Des femmes embarrassées d’enfants pleurards et de boîtes laquées se querellaient autour de l’échelle qui menait au spardeck. Elles s’effacèrent pour livrer passage à deux gros fonctionnaires européens, et Hiên s’élança dans le sillage tracé par les amples dolmans.
Parvenu enfin sur le pont, il élut domicile près du bastingage et, déposant sa musette, poussa un profond soupir de soulagement. La rivière de Saïgon étalait ses eaux jaunes entre le quai planté de tamariniers et les rizières de la rive gauche que bordaient des aréquiers, de bananiers et des lataniers et où les buffles paissaient. Jusqu’à l’horizon, que fermaient des montagnes grises, des voiles de rotin cheminaient entre les palmiers et les palétuviers sur d’invisibles arroyos. Contre les berges, où s’écoulaient des ruisseaux boueux, de misérables cabanes étaient plantées sur quatre pieux ou flottaient sur des radeaux de bambous.
L’autre rive était plus exclusivement européenne : les cales de l’arsenal penchaient leurs toits d’ardoise auprès de formidables tas de charbon et de briquettes ; les torpilleurs salis, les contre-torpilleurs blancs, souillés de suie, les canonnières couleur de rouille, les croiseurs pavoisés de chemises et de pantalons mouillés, les vieux cuirassés transformés en pontons et coiffés de paillotes, retentissaient de coups de sifflets, de heurts de marteaux, de sonneries de clairons. Des vedettes s’essoufflaient, remorquant des chalands de tôle rouge ; des canots croisaient des sampans pilotés par des matelots annamites et portant sur des pavillons multicolores des noms de navires ou des numéros d’ordre. La flottille des Messageries Fluviales égrenait ensuite les cheminées noires de ses chaloupes.
Hiên le Maboul, accroupi contre le bastingage, s’étonnait des paquebots géants qui le regardaient par les trous sombres des hublots : « affrétés » massifs, courriers effilés, cargo-boats trapus. A perte de vue, les steamers étaient amarrés sur deux files, allemands, japonais, américains, anglais, russes, chinois ; au loin, les navires arrivant s’annonçaient par des panaches de fumée noirâtre.
Dans la clarté blanche du soleil, qui avivait le vert tendre des feuilles neuves, l’ocre déteint des toits de paille, la pourpre des flamboyants en fleurs, les bronzes des lisses et l’acier bleuissant des canons, l’énorme port vivait et haletait à côté des rizières paisibles jalonnées de palmiers et peuplées de buffles.
* *
A chaque instant, des passagers nouveaux émergeaient du capot sur le pont. Hiên perçut le cliquetis d’une baïonnette : il se retourna et reconnut Phuc, son ancien ennemi, qui grimpait à son tour l’échelle, gêné par son mousqueton, par sa couverture roulée, son « coupe-coupe », sa petite marmite de cuivre, tout l’équipement enfin d’un tirailleur en tenue de campagne. Sur ses talons, une femme noiraude, courte et râblée comme lui, portait la caisse classique et réglementaire, des nattes, des ombrelles, des paniers de provisions où résonnaient des vaisselles.
— Par ici ! par ici ! clama Hiên.
— Bonjour !… Aide-moi à me débarrasser et à débarrasser ma femme.
Ils s’installèrent contre le bastingage et, s’étant assis sur une natte, causèrent en camarades enchantés de se retrouver. Phuc venait d’achever un stage d’infirmier au camp des Mares ; il compatit au récit que lui fit Hiên de ses souffrances. La grosse fille noire les écoutait en clignant ses petits yeux bridés et en mâchant bruyamment une feuille de bétel.
— Oui ! je me suis marié, expliqua Phuc. Mon stage fini, j’ai obtenu une permission de quinze jours et je suis allé dans mon village. J’y ai trouvé cette honnête fille que je connaissais depuis des années et qui m’attendait, paraît-il ; et nous nous sommes mariés.
La mangeuse de bétel ouvrit une large bouche saignante, où luisaient des dents laquées, et rit silencieusement.
— J’étais un peu fou autrefois, confessa Phuc ; imagine-toi que cette petite sotte de Maÿ m’avait séduit, avec ses allures de fille de mandarin, avec ses yeux méchants, avec ses tuniques de soie… Je l’aurais épousée, ma foi ! j’aurais fait cette bêtise !… Hein ! me vois-tu accouplé avec cette pimbêche ?… Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ?
— Je ne dis rien !
— Je plains son mari. Pendant que monsieur suera sur la place d’exercice, madame ira promener devant l’hôtel Ollivier ses robes neuves et ses attitudes languissantes. Le premier venu qui lui montrera une piastre la verra nue sous sa moustiquaire. Un beau jour, du reste, elle filera le parfait amour avec un Français, qu’elle trompera, mais qui lui donnera de l’argent et des bijoux. Cependant son mari se lamentera… Nous autres, on s’aime solidement la nuit, et, le matin, on se moque bien d’avoir une robe trouée ; n’est-ce pas, Thi-Sao ?
— Oui, frère aîné !
Le joyeux Phuc pinça vigoureusement la cuisse rebondie de son épouse, qui tendait le pantalon luisant, et conclut :
— Les gens avisés épousent des Thi-Sao ; Maÿ est pour les imbéciles.
— Je suis fiancé à Maÿ depuis six semaines, dit humblement Hiên.
— Tu es… Ah ! fit l’autre, abasourdi.
Il devint subitement muet, car c’était un bon garçon, un peu étourdi seulement ; et l’énorme impair qu’il venait de commettre le consternait. La placide Thi-Sao, que l’incident n’avait nullement troublée, offrit aux tirailleurs une chique de bétel, et tous trois mastiquèrent sans mot dire. Près d’eux, les autres passagers s’étaient casés pareillement par groupes entassés sur des nattes.
La chaloupe, prête au départ, vomissait de la fumée et s’entourait de jets de vapeur ; elle siffla longuement, à plusieurs reprises, lâcha ses amarres, comme à regret, et fila, remuant des tourbillons de vase.
Penché sur l’eau boueuse, Hiên avait froid au cœur. Les paroles de Phuc, les paroles de l’Aïeul seraient-elles vérifiées, un jour ? Se pourrait-il que Maÿ, si jolie, si fine, livrât son petit corps pour de l’argent ?… Comment pouvait-on lire dans ses yeux immobiles la prédiction d’un tel avenir ?… Serait-il seul aveugle, lui, Hiên ? Le doute entra dans son âme pour la première fois et toute sa joie du retour fut empoisonnée.
Phuc lui tendit une cigarette et demanda, brusquement soucieux :
— As-tu reçu des nouvelles de la compagnie, à l’hôpital ?
— Non, répondit Hiên, je n’ai vu personne.
— Le bruit a couru, aux Mares, d’un nouveau départ de l’Aïeul. C’est un tirailleur libéré qui en parlait. Tu ne sais rien à ce propos ?
— Rien !
Ils échangèrent un regard inquiet. Tous deux avaient la même pensée : l’Aïeul parti, Pietro redevenait le maître et la vie d’enfer recommençait. Tous deux frémissaient à l’évocation du tyran, mais Hiên se sentait plus particulièrement menacé. L’Aïeul l’avait arraché au bourreau, l’avait réconforté et relevé, avait protégé ses amours : allait-il retomber dans ses ténèbres, recevoir encore des injures et des coups, être comme jadis, aux yeux de sa fiancée, le pantin ridicule et bafoué dont elle riait ?… Ce mariage, que l’Aïeul avait préparé, se ferait-il ?… Les rizières inondées, étincelant au soleil de midi, lui parurent soudain sombres et désolées.
Son camarade, qui n’était point accoutumé aux longs chagrins, prononçait des paroles encourageantes :
— Le tirailleur libéré n’assurait rien !… Ce sont de simples racontars… Ne te frappe pas, frère aîné ! Nous apercevrons l’Aïeul sur l’appontement, tout à l’heure…
Sa face réjouie affirmait sa confiance inébranlable dans les événements.
— Puisses-tu dire vrai ! répondit la voix dolente de Hiên.
Et l’espoir tenace lui rendit la gaieté. Entre les paillotes de la rive, des coqs de pagode voletaient gauchement, leur queue rousse pendante ; le museau lustré d’une loutre émergeait parmi les herbes flottantes et plongeait de nouveau dans la vase. Des canards à plumage gris fer nageaient de conserve contre le courant : au bruit de l’hélice, ils allongèrent leurs têtes plates, où luisaient les yeux méfiants, et filèrent comme un essaim de flèches, égratignant de leurs pattes l’eau bourbeuse. Des tourterelles roucoulaient dans les touffes de bambou ; des singes exécutaient des pirouettes dans les palétuviers… Hiên se rasséréna définitivement au spectacle de la vie grouillante dans la lumière immobile.
Les berges s’éloignèrent. Le clapotis capricieux et saccadé du fleuve devint la houle large et régulière de l’estuaire. La chaloupe côtoya les pentes raides du massif de Ganh-Ray qui dévalaient vers des roches noires chevelues d’algues glauques, et la baie des Cocotiers apparut, avec ses villas blanches noyées dans le feuillage des frangipaniers. Thi-Sao repliait ses nattes. L’ancre dévida sa chaîne goudronnée qui cogna la tôle.
Les deux camarades cherchaient en vain sur l’appontement le casque de l’Aïeul. Dans le canot vert qui se hâtait vers la coupée, des tirailleurs se courbaient sur les rames. A l’appel de Hiên, ils levèrent la tête.
— Nho, demanda Hiên, haletant, où est l’Aïeul ?
Nho montra du doigt les montagnes de Baria, qui s’estompaient à l’horizon envahi par la brume :
— L’Aïeul est parti, dit-il d’une voix morne.
La nuit sembla submerger la baie violette.