Dernières Années de la Cour de Lunéville: Mme de Boufflers, ses enfants et ses amis
CHAPITRE XIX
1760-1762
Les sorties du séminaire.—L'abbé à l'Ile-Adam.—Il quitte la soutane et devient capitaine de hussards.—Il fait la campagne de Hesse.—Son retour à la Cour de Lorraine.
Si l'abbé de Longeville ne parvenait pas à scandaliser une société blasée et indifférente, en revanche il scandalisait fort ses directeurs, car il n'avait pas l'inconduite modeste. Il montrait complaisamment à ses collègues toutes ses productions, ses chansons gaillardes et impies; elles faisaient le tour du Séminaire et le pauvre abbé Couturier frémissait d'indignation et de terreur. Il aurait voulu sévir, chasser cette brebis impure qui menaçait de pervertir tout le troupeau, mais comment toucher au protégé du roi de Pologne, au neveu du prince de Beauvau, de la maréchale de Mirepoix? Était-ce possible sans s'attirer de terribles inimitiés? Le Père gémissait en secret et s'en remettait à la Providence.
Quand il sortait du séminaire, Boufflers avait-il au moins une tenue plus réservée? En aucune façon. Affolé par la vie sédentaire, son premier soin, pour prendre un peu de mouvement, était de courir les rues sur un grand diable de cheval, qu'il menait bien entendu à des allures désordonnées, sans se soucier des vilains qui ne se rangeaient pas assez vite et qu'il écrasait peu ou prou; aussi son passage était-il marqué par de virulentes vociférations et d'unanimes malédictions. Mais l'abbé n'en avait cure.
L'ardeur de son sang un peu calmée par ces exercices violents, le jeune homme allait visiter sa famille, mais surtout ses belles cousines et leurs amies; il ne puisait pas chez elles des leçons de morale.
Il les suivait souvent dans les châteaux des environs, et en particulier à l'Isle-Adam, où Mme de Cambis était fort en faveur; tout le monde y faisait fête au futur prélat. On s'amusait fort chez le prince de Conti; la réserve n'y était guère de mise, et Boufflers n'eut pas de peine à se mettre à l'unisson des jeunes fous et des aimables étourdies que le prince aimait à réunir près de lui. Aussi l'abbé se plaisait-il extrêmement dans ce riant séjour, où il menait une vie si parfaitement conforme à ses goûts et si différente de celle de l'odieux séminaire [96].
C'est de l'Isle-Adam qu'il écrivait à Mme de Mesmes cette fort galante épître:
«A l'Isle-Adam.
«Allons, il faut bien tenir sa parole et avoir pitié des honnêtes gens qu'on laisse dans la douleur!
«A peine tous vos ennuis de Paris pourraient-ils vous donner une idée de tous nos plaisirs de l'Isle-Adam. On nous compte ici par bataillons et ce qui vous étonnera davantage, c'est qu'on y compte les jolies femmes par douzaines. Je crois être au Salon de peinture, où tout enchante mes regards et rien ne les fixe; il semble continuellement qu'on fasse tort à l'ensemble de l'attention qu'on fait au détail; aussi j'ai pris ici mon parti d'aimer tout le monde à la fois. Si vous saviez quel embarras font dans cette place que vous connaissez mieux que personne, parce que vous y logez toujours, quel embarras, dis-je, font ces dames de Monaco, d'Egmont, de Choisy, de Blot, de Villebonne, etc., vous me plaindriez beaucoup.
«Cependant, si vous voulez que je vous fasse une confidence, leurs chars, quoique les plus brillants, ne sont pas ceux auxquels vous me verriez attaché. J'ai trouvé quelqu'un qui joignait l'air de la candeur à celui de la sensibilité, qui m'a paru tout à la fois une femme d'esprit et une jolie femme, à qui une langueur naturelle dans tous ses mouvements donne plus de grâces, et des grâces plus touchantes que celles de la vivacité la plus agréable. Ses regards sont tendres sans y penser, et le son de sa voix va au cœur par des chemins que les autres ne prennent point. J'ai vu tout cela et j'ai dit tout de suite:
Partout plus de cent belles
Attirent nos regards;
Cent autres, ainsi qu'elles,
Méritent des égards.
Mais quiconque verra
La charmante de Mesme;
Plein d'admiration, dondon
Sans doute il s'écriera, lala
Personne n'est de même.
Cependant cela n'est pas sûr et il ne s'agit plus que d'une preuve pour être convaincu. Nous verrons si la vue de certains objets de votre connaissance lui fera tort à mon retour; si elle résiste à cela comme je l'imagine, toute la place publique s'écroulera comme une décoration d'opéra, à l'exception de votre château-fort, qui est indestructible parce que l'amitié l'a bâti, et il ne restera plus au lieu de toutes les petites guinguettes, où tant de mauvaises compagnies se trouvent mêlées à la bonne, que deux temples dédiés à deux divinités que le cœur humain est fait pour adorer: l'amitié et l'amour. Mon cœur en sera peut-être attristé, mais il sera ennobli; dans le fond je ne ferai qu'y gagner.»
Sans crainte au dieu d'amour je me donne aujourd'hui.
Il va me rendre heureux en me rendant plus tendre,
Les pleurs qu'il me fera répandre
Vaudront tous les plaisirs que j'ai goûtés sans lui [97].
Si Boufflers s'était borné à d'imprudentes escapades et à des inconséquences qui ne laissent pas de traces, le mal n'eût pas été grand, mais il aimait trop rimer, c'est ce qui le perdit. Un soir, poussé par ses amis, et le champagne aidant, il composa quelques chansons d'une rare indécence. Elles eurent, bien entendu, le plus grand succès et l'auteur fut loué à l'envi. Malheureusement il n'en fut pas de même à la Cour, où ces chansons furent colportées; le Dauphin en particulier se montra très choqué de voir un élève de Saint-Sulpice produire des œuvres aussi grivoises. C'est en vain que Boufflers chercha à s'excuser et fit plaider par ses amis les circonstances atténuantes; le Dauphin lui fit dire qu'il ferait mieux de choisir un état plus conforme à son caractère et à la tournure de son esprit.
Ces mésaventures firent longuement réfléchir l'abbé de Longeville, et le résultat de ses réflexions fut que la vie qu'on lui imposait lui était insupportable et qu'à tout prix il la voulait quitter.
Du reste, heureusement pour lui, l'abbé, quoique poète, avait du bon sens et du jugement, un sentiment très droit, beaucoup d'honnêteté naturelle. Bien qu'à l'époque on sût parfaitement concilier les fonctions du sacerdoce, voire même de l'épiscopat, avec une vie dépravée et des mœurs scandaleuses, il estima qu'il y avait incompatibilité complète entre ses goûts, ses penchants, ses instincts, son tempérament et la vie à laquelle on le destinait. Il prit sa décision sans consulter personne, ni sa mère, ni le roi de Pologne, ni aucun des siens; il sortit un jour de Saint-Sulpice et il n'y rentra pas. Dire que le Père Couturier montra un très vif chagrin de ne pas voir son ouaille revenir au bercail serait peut-être excessif; le digne jésuite se borna à prévenir la famille du départ de la brebis égarée et il se réjouit dans son for intérieur d'être débarrassé d'un élève dont la conduite compromettait si gravement la bonne réputation du séminaire.
En jetant le froc aux orties, Boufflers s'attira les plus violents reproches de tous les siens, mais il donnait en réalité un grand exemple d'honnêteté et de sincérité, et loin de mériter le blâme, il se montrait digne des plus vifs éloges.
Ravi d'être débarrassé de cette soutane, qui était pour lui la tunique de Nessus, le jeune homme n'hésita pas une seconde sur le parti qui lui restait à prendre. Il alla trouver son oncle de Beauvau, et par son influence il obtint le grade de capitaine dans les hussards d'Esterhazy et un poste d'aide de camp à l'armée de Soubise. Il endossa sans plus tarder le dolman des hussards, qui lui allait à merveille; il était au comble de la joie, et il se montrait partout dans son nouvel uniforme.
Mais ce n'était pas tout pour Boufflers de quitter la soutane: il fallait encore garder les bénéfices qu'il tenait de la générosité du roi de Pologne. Il trouva le moyen de tout concilier en se faisant affilier à l'ordre de Malte, ordre à la fois religieux et militaire; grâce à lui, il put continuer à porter l'uniforme et en même temps conserver ses bénéfices. Il dut, il est vrai, faire vœu de célibat, ce qui lui importait peu, mais non de chasteté, ce qui lui importait beaucoup. Il obtint en outre le titre de prieur, avec le privilège d'endosser le surplis pardessus l'uniforme et d'assister dans ce bizarre accoutrement aux offices religieux.
L'abbé de Longeville subit donc une nouvelle transformation; il devint chevalier de Malte, d'où le nom de chevalier qui lui resta toute sa vie.
Dans sa joie exubérante, Boufflers éprouve le besoin de crier sa satisfaction sur les toits. Il l'éprouve d'autant plus que sa détermination a soulevé bien des critiques et que beaucoup le blâment. Il n'en fait que rire, et il riposte aux censeurs par une pièce de vers, intitulée l'Apostasie; mais elle est à ce point inconvenante qu'on n'en peut citer que la première partie:
Sur l'air: Eh! mais oui da, etc.
J'ai quitté ma soutane
Malgré tous mes parents;
Je veux que Dieu me damne
Si jamais je la prends.
J'aime mieux mon Annette
Que mon bonnet carré,
Que ma noire jaquette
Et mon rabat moiré.
Eh! mais...
Mon Annette est l'idole
Que j'encense à genoux
Eh! ses bras sont l'étole
Qu'elle me jette au cou.
Eh! mais...
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mais le chevalier, en rupture de petit collet, se moque bien de ses détracteurs; il a bien autre chose à faire que de leur répondre. Ne se bat-on pas en Hesse? Quelle meilleure occasion d'étrenner son bel uniforme! Donc il part sans plus tarder rejoindre l'armée de Soubise.
Avant de s'éloigner cependant, Boufflers veut se disculper auprès de sa famille, mais comme il n'ose affronter la colère de sa mère, c'est à l'abbé Porquet qu'il écrit pour expliquer les motifs qui l'ont poussé à prendre une aussi grave détermination.
Si cette lettre, dont nous citons les passages les plus saillants, fait grand honneur au chevalier, si elle montre une droiture et une honnêteté très rares, c'est en même temps un saisissant réquisitoire contre la façon dont se recrutait le clergé à cette époque.
«Paris, 1762.
«Enfin, mon cher abbé, me voici sur le point d'exécuter un projet que mon esprit a toujours chéri et que votre raison a toujours blâmé, celui de changer d'état. Ce n'est point une petite affaire que de commencer, pour ainsi dire, une nouvelle vie à l'âge de vingt-quatre ans: vous me direz peut-être qu'il faudrait mettre à cela plus de réflexion que mon âge et surtout ma vivacité ne me le permettent; mais ne me condamnez pas sans m'avoir entendu une dernière fois; et, comme en matière de bonheur il n'y a de véritables juges que les parties, laissez-moi, s'il vous plaît, plaider et décider dans ma propre cause.
«J'étais dans la route de la fortune; les premiers pas que j'y avais faits suffisaient pour m'en assurer. Les circonstances les plus favorables semblaient rassemblées pour présenter à mon imagination l'avenir le plus brillant. Sans aucun mérite, j'aurais pu, comme tant d'autres, obtenir encore quelques bénéfices: avec un peu d'hypocrisie, je serais probablement devenu évêque; peut-être avec un peu de friponnerie, cardinal; qui sait si quelques ruses et quelques intrigues de plus ne m'auraient point mis à la tête du clergé? mais j'ai mieux aimé être aide-de-camp dans l'armée de Soubise: Trahit sua quemque voluptas.
«La première règle de conduite n'est point de devenir riche et puissant; c'est de connaître ses véritables désirs et de les suivre. Alexandre, avec l'or de l'Asie dans ses coffres et le sceptre de l'univers dans ses mains, cherchait le bonheur dans Babylone; et un petit pâtre de dix-huit ans le trouvera dans son hameau, s'il obtient en mariage la petite paysanne qu'il aime.
«Mais quittons Alexandre, et revenons à moi, qui ressemble beaucoup plus au petit pâtre qu'à lui. Vous savez qu'un sang bouillant, un esprit inconsidéré, une humeur indépendante, sont les trois premiers traits qui me caractérisent. Comparez ce caractère-là avec tous les devoirs de l'état que j'avais embrassé, et vous me direz si j'y étais propre. Vous n'ignorez pas de quelle impossibilité il est pour moi, et de quelle nécessité il est pour un ecclésiastique, de cacher tout ce qu'il désire, de déguiser tout ce qu'il pense, de prendre garde à tout ce qu'il dit, et d'empêcher qu'on ne prenne garde à tout ce qu'il fait. Pensez de plus aux haines atroces, aux noires jalousies, aux perfidies indignes qui règnent encore plus dans les cœurs des prêtres que dans les autres, et à toute la prise que ma simplicité, mon indiscrétion, ma licence même, auraient donnée sur moi; vous conviendrez que je n'étais pas fait pour vivre parmi ces gens-là. Comptez-vous pour rien le cri général qui s'était élevé contre la liberté de ma conduite? Ce sont les sots qui crient, me direz-vous. Tant pis vraiment; il vaudrait mieux que ce fussent les gens d'esprit à parler et presque à penser comme eux, parce qu'il est dans l'ordre que les vaincus parlent la langue des vainqueurs.
«D'après l'extrême vénération dont vous me voyez pénétré pour la toute-puissance des sots, ai-je tort de chercher à rentrer en grâce avec eux? et ne dois-je pas regarder comme le plus beau moment de ma vie celui de ma réconciliation avec les premiers souverains du monde? Pardonnez-moi de m'égayer un peu dans le cours de mes raisonnements; c'est pour m'aider, et vous aussi, à supporter l'ennui: d'ailleurs Horace, votre ami et votre modèle, permet de rire en disant la vérité; et le premier philosophe de l'antiquité n'était sûrement pas Héraclite. J'aurais pu, me direz-vous, d'après mon respect pour l'avis des sots, quitter mon état sans en prendre un autre; mais les sots m'ont dit qu'il fallait avoir un état dans la société. Je leur ai proposé d'avoir celui d'homme de lettres; ils m'ont dit de m'en bien garder, parce que j'avais trop d'esprit pour cela. Je leur ai demandé ce qu'ils voulaient que je fisse, et voici ce qu'ils m'ont répondu: «Il y a quelques siècles que nous avons voulu que tu fusses gentilhomme; nous voulons à présent que tout gentilhomme aille à la guerre.» Là-dessus je me suis fait faire un habit bleu; j'ai pris la croix de Malte, et je pars.»
Mais, lui répondra l'abbé, ce n'est pas tout de prendre un parti, il faut encore le faire de façon convenable et décente. Comment n'a-t-il pas consulté ses parents les plus proches avant de se décider? Pouvait-il douter de leur tendresse, de l'excellence de leurs avis? En ne les consultant même pas, n'a-t-il pas manqué à ce qu'il leur devait essentiellement? La réponse est aisée:
«Il est vrai que je me suis contenté de faire part à ma mère et à mon frère de mon projet, sans les consulter; mais je crois qu'il était inutile de le faire. Ma résolution était formée; je les aurais trompés si je leur avais demandé leur avis avec l'air d'être disposé à le suivre. S'ils avaient pensé comme moi, les choses auraient été comme elles vont: s'ils avaient été contraires à mes idées, j'aurais souffert de ne point leur céder. J'ai mieux aimé manquer à une petite formalité que de les tromper, ou de leur résister en face. De deux maux inégaux, vous savez lequel il faut choisir.
«Mais il ne fallait peut-être pas former une résolution aussi forte que celle-là.
«Est-on maître de sa volonté? peut-on l'affaiblir ou la fortifier à son gré? et l'homme, esclave né de ses plus folles fantaisies, peut-il commander aux désirs que sa raison approuve?
«Mais ne doit-on pas obéir à ses parents?
«Le respect dû aux parents n'a point de terme; l'obéissance en a un, marqué par la nature; c'est celui de l'entier développement des organes de notre corps et des facultés de notre esprit. A ce moment nous entrons, pour ainsi dire, en possession de nous-mêmes; le gouvernail de nos actions est remis entre nos mains, et, après avoir appris des autres à vivre, nous commençons à vivre pour nous.»
Enfin le chevalier termine son apologie par cette phrase qui, pour lui, résume toute sa pensée et les mobiles qui l'ont fait agir:
«Concluez de ma longue lettre, mon cher abbé, et surtout du long temps que nous avons vécu ensemble, que je pourrai, comme il m'arrive souvent, être emporté loin de mes devoirs par la légèreté de mon esprit, par la vivacité de mon âge, par la force de mes passions, mais que je mourrai avant de cesser d'être honnête!»
Il était impossible de mieux parler, avec plus d'esprit et de loyauté, et si nous avons souvent plaisanté l'abbé Porquet sur ses médiocres aptitudes pour l'éducation, il nous faut avouer qu'il avait donné à son élève sur certains points essentiels des principes excellents et qui, à l'époque, n'étaient pas communs.
L'insouciance et la gaieté qui avaient été si funestes au chevalier pendant son séjour au séminaire lui furent au contraire très profitables dans sa nouvelle profession. Il ne se contentait pas de montrer sur les champs de bataille une bravoure étincelante; au camp il charmait toute l'armée par sa verve et ses bons mots.
Il avait baptisé ses deux chevaux de selle du nom des généraux ennemis; l'un s'appelait le Prince héréditaire, l'autre le Prince Ferdinand. Chaque matin Boufflers appelait son palefrenier et lui demandait avec le plus grand sérieux si le Prince Ferdinand et le Prince héréditaire étaient étrillés: «Oui, monsieur le chevalier,» répondait le palefrenier. Et Boufflers, avec toute la gravité dont il était capable, disait à sa compagnie: «Je les fais étriller tous les matins, vous voyez que j'en sais plus long que nos maréchaux.»
Lorsque le traité de Hubertsbourg (13 février 1763) eut mis fin à la guerre de Sept ans, Boufflers revint à Lunéville, à cette chère cour de Stanislas où il avait passé de si douces années et où tout le rappelait. Son escapade était oubliée, pardonnée, sa mère le reçut à bras ouverts, le Roi lui fit grande fête, tous les amis de son enfance, Panpan, Porquet, Tressan, etc., l'accueillirent avec une joie sans pareille. C'était le retour de l'Enfant prodigue. Le jour de sa fête, un grand banquet réunit au château tous les hôtes de Stanislas; on porta la santé du jeune capitaine, et au dessert, au milieu de l'attendrissement général, l'abbé Porquet se leva pour lire une chanson de circonstance dont l'esprit et l'à-propos parurent des plus heureux:
Messieurs et dames, du silence:
Célébrons l'heureuse naissance
De notre aimable chevalier;
Et faisons-lui la révérence,
L'abbé Porquet tout le premier.
Il parle mieux qu'un chancelier,
Il écrit mieux qu'homme de France,
Il est de plus grand chevalier:
Faisons-lui donc la révérence,
L'abbé Porquet tout le premier.
Modeste amant et fier guerrier,
Il excelle dans tout métier;
(Exceptons-en pourtant la danse):
Faisons-lui donc la révérence,
L'abbé Porquet tout le premier.
O l'être heureux et singulier!
Son maître, dans chaque science,
Est devenu son écolier:
Faisons-lui donc la révérence,
L'abbé Porquet tout le premier.