Dernières Années de la Cour de Lunéville: Mme de Boufflers, ses enfants et ses amis
CHAPITRE XXVI
1766
Séjour de Marie Leczinska à Commercy.—Mort du Dauphin.—Chagrin de Stanislas.—Cérémonie funèbre à la Primatiale de Nancy.—Accident arrivé à Stanislas.—Ses souffrances.—Sa mort.—M. de la Galaizière s'empare des deux duchés au nom de la France.—Testament du Roi.
Les seuls plaisirs véritables que goûta Stanislas pendant les années assombries de sa vieillesse étaient les courts séjours qu'il pouvait encore faire à Versailles auprès de sa chère Maryczka, auprès de celle qui était devenue l'unique joie de sa vie. Rien ne pouvait le faire renoncer à ces voyages, et pour revoir sa fille, il affrontait gaîment aussi bien les fatigues de la route que les intempéries des saisons.
Au mois de juillet 1765, le Roi voulut, comme à l'ordinaire, faire ses préparatifs de départ, mais il était si vieux, si cassé, si fatigué qu'on craignit qu'il ne pût arriver au terme du voyage et on l'écrivit à Marie Leczinska. La Reine, très émue, s'empressa de détourner son père d'un projet qui pouvait lui être si dangereux, mais pour le consoler elle lui annonça qu'elle viendrait elle-même à Commercy et qu'elle passerait trois semaines auprès de lui.
Fidèle à sa promesse, la Reine partit de Compiègne le 17 août et elle arriva à Commercy le 19 au soir. On peut supposer la joie du vieux monarque en revoyant sa fille bien-aimée; cette réunion fut pour tous deux un enchantement de tous les instants; on aurait dit qu'un pressentiment les avertissait qu'il ne se reverraient plus en ce monde.
Marie Leczinska est si heureuse qu'elle trouve tout charmant, délicieux; elle ne cesse de répéter que Commercy est un «palais enchanté». Stanislas, ravi de son admiration, lui montre avec un orgueil enfantin toutes les merveilles dont il est l'auteur; il la promène dans ces jardins magnifiques qui s'étendent à perte de vue devant le château et qu'il fait entretenir avec tant de soin; il lui fait admirer les étangs, les cascades, le pont d'eau avec ses colonnes lumineuses, le kiosque, le château d'eau avec sa vue unique au monde, etc.
Le monarque, en l'honneur de sa fille, veut faire chanter les merveilles de ce riant séjour et c'est à Panpan qu'il s'adresse, à Panpan qui est devenu le poète attitré de la cour.
Le lecteur du roi se met à l'œuvre, mais hélas! l'inspiration lui manque et il accouche de ce pénible poème, dont les flatteries ne dissimulent pas la pauvreté:
Après mille détours dans ces plaines fertiles,
Sous les yeux de son Roi, la Meuse s'applaudit
De prêter ses ondes dociles
Aux loix que le goût leur prescrit.
C'est peu de porter jusqu'aux nuës
Par d'innombrables jets ses flots ambitieux;
Ici, dans les airs suspendues
En nappe ses eaux étendues
Tempèrent du soleil l'éclat trop radieux.
Là, leur cristal à l'œil paraît être solide
Et de son élément n'avoir que la fraîcheur:
Rival hardi du marbre, en colonne fluide
Il semble soutenir un palais enchanteur.
Et quel est donc le dieu qui produit ces miracles?
C'est un sage adoré, c'est le meilleur des Rois.
Les plus magnifiques spectacles
S'empressent d'éclore à sa voix,
La nature à ses vœux semble s'être asservie,
Il est par son vaste génie
Au-dessus de l'humanité;
Le Bien qu'il fait à la Patrie
Le rapproche encor plus de la Divinité.
Par les plus chaudes journées, toute la Cour se rend à la Fontaine Royale; là, sous les épais ombrages, auprès des eaux jaillissantes, le Roi et sa fille passent de longues heures à causer du passé et de leur mutuelle tendresse; de l'avenir il n'est jamais question, car tous deux le redoutent également. Vers cinq heures, on sert dans le pavillon une magnifique collation à laquelle sont conviés tous les courtisans.
C'est encore l'heureux Panpan qui est chargé de célébrer pour la postérité les charmes de la Fontaine Royale:
Dans ces palais de superbe structure,
Je vis hier le triomphe des arts.
Dans ces lieux, aujourd'huy, je vois de toutes parts
Le triomphe de la nature.
Ces chênes, que le temps a courbés en berceau,
Aux feux brûlants du jour opposent leurs ombrages.
Voyez sous leurs épais feuillages
Couler en murmurant ce limpide ruisseau;
A peine a-t-on aidé la pente qui l'entraîne
Un flot à l'autre flot s'enchaîne,
En suivant seulement le penchant du coteau.
Des grottes de ces bois les timides naïades
Après avoir erré de canal en canal,
Par d'imperceptibles cascades,
Ouvrent un lit plus vaste à leurs flots de cristal.
Un essaim d'habitants peuple ces eaux tranquilles,
Et joue en sûreté sous leur nappe d'argent;
Sur tout être qui vit l'humanité s'étend;
Le filet respecta leurs paisibles asiles.
Sur leurs bords tapissés d'un gazon toujours frais
S'élève l'humble toit d'un champêtre palais,
Où règnent à l'abri du tumulte des villes,
Même au sein de la cour, l'innocence et la paix.
C'est dans ces beaux lieux où nous sommes
Que le plus illustre des Rois,
Déposant sa grandeur, veut n'être quelquefois
Que le plus aimable des hommes.
Stanislas, pour distraire sa fille et la détourner de trop sombres pensées, donna des fêtes, des réjouissances; il fit à plusieurs reprises illuminer les jardins, le canal, le pont d'eau et tirer devant le château des feux d'artifice merveilleux.
C'est pendant ce séjour qu'on apprit la mort inopinée de l'empereur François, survenue à Inspruck le 18 août. Les Lorrains, qui étaient toujours restés fidèles au souvenir de leur ancienne dynastie, témoignèrent une profonde douleur. Une foule extraordinaire accourut de la campagne pour assister aux services célébrés à Lunéville et à Nancy en mémoire du fils de Léopold. Ces marques d'attachement montraient à Stanislas qu'en dépit de ses bienfaits il n'avait pu faire oublier à ses sujets leurs anciens souverains, et il en fut péniblement affecté.
Le séjour de la Reine dura trois semaines. Les dernières journées furent attristées par la perspective de la séparation prochaine. Enfin l'heure fatale arriva. Stanislas, désolé, voulut accompagner sa fille jusqu'à Saint-Aubin. Tous deux étaient si vivement émus qu'ils ne pouvaient parler, ils se tenaient étroitement serrés l'un contre l'autre et versaient d'abondantes larmes. La Reine monta en sanglotant dans son carrosse, et elle prit la route de Versailles.
Quand le moment fut venu de retourner à Lunéville, Stanislas ne cessait d'exprimer les regrets qu'il éprouvait de quitter son cher Commercy «qu'il aimait tant». Le jour du départ il était à ce point troublé qu'il embrassa la concierge du château avant de monter en carrosse.
Le départ de sa fille chérie n'était pas la seule douleur qui oppressât le cœur du bon Roi.
La santé du Dauphin donnait depuis quelques mois des inquiétudes et il en avait été souvent question dans les longs entretiens entre le père et la fille. Bien que les nouvelles de Versailles fussent de nature plutôt rassurante, Stanislas ne pouvait se défendre d'une vague appréhension et il parlait de son petit-fils avec une angoisse qu'il ne savait dissimuler. Pendant les mois d'octobre et de novembre, la santé du prince devint de nouveau précaire et on attendait anxieusement les courriers de Versailles.
A la fin de novembre, une fâcheuse nouvelle vint attrister la Cour. On apprit la mort du vieux marquis du Châtelet; le grand chambellan venait de succomber chez son frère, au château de Loisey, à l'âge de soixante-dix ans. Stanislas fut vivement affecté de la perte de ce bon serviteur qui, depuis tant d'années, avait été intimement lié à sa vie et dont la présence lui rappelait les jours heureux des années 1748 et 1749. Fidèle à son souvenir, il désigna aussitôt son fils pour le remplacer.
Au commencement de décembre, l'état de santé du Dauphin devint d'une gravité extrême; le Roi de Pologne était dans la désolation; pas une lettre où il ne parle de son petit-fils avec angoisse, où il ne dise les vœux ardents qu'il forme pour son rétablissement. Non seulement il priait lui-même pour l'auguste malade, mais il ordonna des prières publiques dans toutes les églises de la Lorraine.
Le 19 décembre, le chevalier de Boufflers arriva de Fontainebleau; il apportait de désastreuses nouvelles; le prince déclinait de jour en jour, d'heure en heure; une issue fatale paraissait prochaine.
Ces sinistres prévisions n'étaient que trop justifiées; le Dauphin s'éteignit le 20 décembre.
La nouvelle ne parvint à Lunéville que le 23; elle fut apportée par un courrier qui se rendait à Dresde, porteur du triste message. Stanislas fut consterné; en dépit de toute espérance, il espérait encore; il avait tant prié qu'il comptait fermement sur un miracle de la Providence. Il ne pouvait admettre que la mort inexorable frappât aveuglément un homme en pleine jeunesse, l'unique espoir d'une antique monarchie, alors qu'elle épargnait un vieillard chargé d'ans, infirme et inutile à tous.
La douleur du Roi fut immense; il avait reporté sur son petit-fils toutes ses affections, tous ses rêves d'avenir; il resta inconsolable. Il s'enferma dans ses appartements privés et pendant plusieurs jours ne voulut voir personne que Mme de Boufflers: «Hélas! s'écriait-il dans sa douleur, j'ai perdu deux fois la couronne et je n'en ai pas été ébranlé; la mort de mon cher Dauphin m'anéantit.»
Quant à Marie Leczinska, dans sa désolation elle écrivait à son père:
«Je vis encore après mon malheur affreux... Je pleure un saint... Dieu est ma seule consolation...
«Je pleure un fils et un ami, le malheur de l'État... Il n'y a que le bonheur dont jouit mon fils par la miséricorde de Dieu qui me console....»
Stanislas voulut qu'un service solennel fût célébré à la mémoire du malheureux prince, à l'église primatiale de Nancy, et il en fixa la date au 3 février. Il chargea un jésuite, le père Coster, de composer l'oraison funèbre. Le père, en bon courtisan, s'étendait avec complaisance dans son discours sur les vertus et les mérites de Stanislas lui-même. Quand on soumit au Roi le projet et qu'il entendit son éloge, il s'écria: «Il faut que le Révérend Père supprime ce passage, dites-lui de le garder pour ma propre oraison funèbre.»
Stanislas avait choisi la date du 3 février parce que lui-même devait se trouver à ce moment à la Malgrange, ayant pour habitude de faire ses dévotions à Bon-Secours cinq fois par an, aux grandes fêtes de la Vierge; or, cette année, la Purification se trouvait le 2 février.
Le roi quitta Lunéville avec Mme de Boufflers le 1er février, par un froid rigoureux; en passant il s'arrêta à Bon-Secours pour y prier; mais au lieu de se placer, comme à son ordinaire, dans sa tribune au-dessus de la sacristie, il s'agenouilla dans le chœur, sur le caveau même où reposaient les restes de la reine Opalinska et de la duchesse Ossolinska. En sortant, il dit à la marquise: «Savez-vous ce qui m'a si longtemps retenu dans l'église? Je pensais que dans très peu de temps, je serai trois pieds plus bas que je n'étais.»
Stanislas était du reste hanté d'idées lugubres et la pensée de la mort prochaine le poursuivait sans cesse. On prétend même qu'il eut un étrange pressentiment. Il faisait un jour remarquer à ses courtisans combien de têtes couronnées avaient été frappées par la mort depuis peu de temps, tandis que lui, le plus âgé de tous les souverains du monde, avait été épargné. Il racontait tous les périls auxquels il avait été exposé, au cours de son aventureuse existence, et dont il avait été miraculeusement préservé; il y en avait de tous les genres, sauf un seul, le feu: «Il ne me manquerait plus, dit-il, que d'être brûlé pour être passé par tous les dangers.»
La Providence lui réservait cette nouvelle et dernière épreuve, qui allait lui être fatale.
Le 2 février, Stanislas se rendit à Bon-Secours pour y communier.
Le lendemain 3 eut lieu la cérémonie à la Primatiale, mais le prince, redoutant de pénibles froissements, préféra ne pas y assister, et il resta à la Malgrange. Son fauteuil seul fut placé dans l'église. L'absence du souverain fut heureuse, car il se produisit parmi les assistants des rivalités de préséance qui faillirent dégénérer en scandale.
Le cardinal de Choiseul, qui officiait, exigea que le Père Coster, en prononçant l'oraison funèbre, lui adressât la parole; sinon il menaçait de remonter à l'autel et de continuer la cérémonie. D'autre part, la Cour Souveraine déclara que si l'orateur ne s'adressait pas directement à elle, il serait immédiatement décrété. Un incident imprévu trancha la difficulté. La Cour s'étant présentée accompagnée de la maréchaussée, les gardes du corps qui étaient de service aux portes de l'église refusèrent de laisser pénétrer l'escorte des magistrats. La Cour, offensée, se retira purement et simplement et ses stalles restèrent vides.
Le 4 février, dans l'après-midi, le prince repart pour Lunéville et le soir même il reçoit à sa table la fille de Robert Walpole, lady Mary Churchill, et son mari. Mme de Boufflers l'aide à faire les honneurs. Le Roi fait accueil à ses hôtes, est aimable et gai à son habitude; il paraît jouir de toutes ses facultés.
Le 5 février, Stanislas se lève, comme à son ordinaire, à six heures et demie. Un de ses valets de chambre, Montauban, l'habille; le prince revêt une camisole de satin doublée de molleton, une veste en soie des Indes fort mince et à boutons, enfin une robe de chambre de la même étoffe que la veste et rembourrée de ouate de coton, présent de sa fille. Dès qu'il est habillé, Montauban se retire; le prince s'assied dans son fauteuil près du feu et se met à fumer sa pipe. Au bout d'une demi-heure, il veut poser sa pipe sur la cheminée, mais il y voit à peine; il s'approche trop près du feu et le bas de sa robe de chambre est attiré par la flamme; elle se met à se consumer lentement, sans qu'il s'en aperçoive. Tout à coup, il se voit environné de flammes. Il appelle, il crie, il «hurle», personne ne vient. Par une fatalité inexplicable, Montauban s'est éloigné un instant et le garde du corps de service également. Pendant ce temps le malheureux prince impotent se trouve dans l'impossibilité de se débarrasser du vêtement qui le dévore; dans ses efforts, il est tombé près de la cheminée et ne peut plus se relever. Enfin ses cris sont entendus d'une vieille femme de charge occupée à laver des carreaux à l'étage supérieur. On accourt et on parvient à se rendre maître du feu en roulant le Roi dans une couverture. Mais le prince avait de graves brûlures au bras, au ventre, et même à la figure. La coiffe de son bonnet de nuit avait été brûlée jusqu'au ruban qui l'attachait.
On se fit d'abord de grandes illusions sur l'état du monarque. Lui-même avait conservé toute sa présence d'esprit et il ne cessait de plaisanter sur son accident. Pendant qu'on lui prodiguait les premiers soins, il disait à la vieille femme de charge accourue la première à son secours et qui avait été elle-même légèrement brûlée: «Qui eût dit qu'à nos âges nous brûlerions des mêmes feux!» Il faisait écrire à sa fille Marie Leczinska en lui annonçant son accident: «Vous m'avez recommandé de me préserver du froid: c'était contre le chaud que vous auriez dû me dire de prendre mes précautions.»
Mme de Boufflers, prévenue en hâte, était accourue une des premières au chevet du Roi; son émoi était extrême et sa douleur profonde, et elle ne parvenait pas à les dissimuler. Stanislas, au contraire, très maître de lui, ne songeait qu'à la consoler et à la rassurer. Malgré les douleurs qu'il éprouvait, le digne prince avait conservé toute sa douceur et ses façons aimables. Il montrait tant de fermeté que, le jour même de l'accident, le Père Élisée, qui prêchait l'Avent, ne craignit pas de lui lire dans sa chambre un sermon sur la mort.
Le lendemain, Stanislas apprit la mort de son ancien favori le Père de Menoux, qui avait succombé la veille à Nancy. Cet événement, qui autrefois l'eût affecté profondément, le laissa presque indifférent; il n'avait jamais revu le jésuite depuis leur brouille, en 1764.
L'émoi fut grand en Lorraine quand on connut l'accident. De toutes parts les paysans accouraient à Lunéville pour avoir des nouvelles. Les auberges ne suffisaient plus pour les abriter et ces malheureux mangeaient dans les avenues du parc. Le Roi, informé de ce qui se passait, dicta ce billet pour son intendant:
«Je suis touché, mon cher Alliot, de l'état de détresse où j'apprends que sont les pauvres gens qui viennent tous les jours de fort loin pour savoir de mes nouvelles et qui ne trouvent pas même à se reposer dans la ville. Pourquoi ne m'en avez-vous rien dit? Prenez donc des mesures pour leur faire distribuer du pain et même du vin, parce qu'il fait bien froid. Que l'on donne aux plus pauvres l'argent nécessaire pour gagner leur pays. Tâchez aussi de leur faire entendre qu'ils ne doivent pas tant s'alarmer [124].»
Les habitants de Lunéville, exaspérés contre le valet de chambre dont l'absence avait causé tout le mal, lui appliquèrent le sobriquet de rôtisseur du roi, et le malheureux, désespéré, mourut de chagrin peu de temps après.
Durival, qui tenait son frère au courant de tous les incidents importants de la Cour, lui donne presque jour par jour le bulletin de la santé morale et physique du Roi. Personne n'est plus véridique et mieux renseigné:
6 février.—«Le Roi seul n'a point été effrayé de son accident; il ne tarit pas en bons mots sur son aventure, sa gaieté n'a fait qu'augmenter. Il garde la chambre et on y fait sa partie.»
7.—«Le Roi continue à bien se porter, et à plaisanter d'une aventure qui fait encore frémir, quand on pense qu'il pouvait périr en une minute.»
11.—«J'ai vu le Roi dans sa chambre. Il a le bras gauche enveloppé. Les croûtes du visage commencent à se fermer. Il est sans inquiétude, sans fièvre et dort bien. Ce que j'ai appris de son accident par ceux qui s'y sont trouvés le rend encore plus effrayant. La guérison sera longue.»
Cependant des symptômes alarmants ne tardèrent pas à se manifester; la fièvre se déclara, les plaies noircirent et l'inquiétude gagna la Cour.
On a prétendu que le prince, par pénitence, portait sur sa peau un reliquaire d'argent avec des pointes; ces pointes, échauffées et pressées contre son corps lorsqu'on éteignit le feu, lui causèrent un grand nombre de blessures qui contribuèrent à aggraver rapidement son état.
A partir du 17 les bulletins envoyés par Durival à son frère deviennent de plus en plus alarmants:
17.—«La situation du Roi de Pologne est toujours la même, c'est-à-dire beaucoup de douleur dans les pansements, surtout de la main gauche, de la fièvre, et c'est ce dernier article qui inquiète parce qu'on en craint des accidents fâcheux. Des taches noires se sont manifestées sur la peau; le quinquina les a fait disparaître, mais on en craint le retour. Le Roi a fait ce matin quelques signatures de chancellerie.»
18.—«La nuit a été moins tranquille que la précédente. Le Roi a souffert et s'est fait mettre dans son fauteuil.»
19.—«Les nouvelles sont très satisfaisantes. Le Roi a eu une nuit très tranquille, les escars tombent. Il conserve sa sérénité et sa gaieté.»
20.—«Le Roi eut hier à dix heures du soir un frisson de quelques minutes, ce qui donne à penser qu'il ne provient que de refroidissement, sans principe de fièvre. Les plaies ont été trouvées, au pansement de ce matin, encore en meilleur état que dans ceux d'hier et donnant de bonnes espérances pour les suivants, d'autant que la fièvre de suppuration est fort diminuée.»
Les nouvelles particulières, cependant, étaient moins optimistes. Durival écrivait confidentiellement ce même jour:
«L'affaissement est très sensible, la fièvre continue, et plus forte la nuit que le jour. Enfin l'état du malade n'est rien moins que satisfaisant. M. le chancelier est dans la douleur.»
Le 21 le bulletin laissait entrevoir la vérité malgré des paroles encore rassurantes.
«Le prince, dont l'affaissement pendant la journée d'hier avait donné de l'inquiétude, se trouva beaucoup mieux le soir, et tint son assemblée ordinaire, avec la même gaieté qu'avant l'accident.
«Le présage qu'on en tira pour une nuit plus tranquille que la précédente s'est confirmé en partie; le Roi a passablement dormi depuis minuit jusqu'à six heures. Le pansement ne s'est fait qu'à huit heures, les chairs reprennent dans les parties découvertes; on a levé de nouveaux escars dans quelques autres; ces derniers bien plus profonds qu'on ne l'avait cru, mais bien détachés malgré l'épaisseur. Beaucoup des parties tenaces sont disposées à se détacher aux pansements prochains. Dans celui de ce matin les plaies ont été trouvées et laissées dans le meilleur état possible, et sauf les accidents nous ne sommes pas sans espérance.»
Stanislas avait conservé tout son calme, sans se faire du reste aucune illusion sur le danger de son état. Il voulut revoir lady Churchill et son mari, qui avaient dîné avec lui la veille de l'accident. Il les reçut avec une grande bienveillance, leur fit ses adieux et leur dit en souriant: «Il ne manquait qu'une pareille mort à un aventurier comme moi.»
Il disait, en parlant de la population qui assiégeait les avenues du château: «Voyez comme ce bon peuple m'est encore attaché, aujourd'hui qu'il n'a plus rien à craindre ni à espérer de moi.»
Mme de Boufflers passait par de cruelles angoisses; bien qu'elle cherchât à se leurrer encore, elle ne pouvait cependant se dissimuler l'aggravation survenue, et son inquiétude était extrême; Panpan, Porquet, Mme de Boisgelin ne la quittaient pas; tous s'efforçaient de la consoler et ils cherchaient à lui donner des espérances qu'eux-mêmes étaient loin de partager.
Ce qu'il y avait peut-être de plus cruel dans la situation de la marquise, c'est qu'elle pouvait juger de l'état du Roi par l'attitude que prenaient vis-à-vis d'elle ceux qui, la veille encore, se montraient les plus empressés, les plus respectueux: sous prétexte de soins à donner, d'ordres des médecins, de repos nécessaire, on l'éloignait peu à peu de la chambre du malade; bientôt, malgré ses instances, on lui en interdit l'entrée. Par contre, on entourait le chancelier, ses moindres paroles étaient des ordres absolus: il s'était installé dans l'appartement royal, il n'en bougeait plus ni jour ni nuit; seuls, lui et quelques serviteurs éprouvés avaient accès dans la chambre où le vieux monarque agonisait: il fallait à tout prix éviter que le roi subît une influence étrangère et qu'il prît des dispositions dernières qui auraient pu contrarier les projets de la France.
A Nancy, l'on vivait dans l'anxiété et l'on attendait impatiemment les nouvelles. Le 22, on vit avec effroi passer deux courriers pour Versailles; ils portaient à la Reine la nouvelle que son père était au plus mal.
Le cardinal de Choiseul fit descendre la châsse de saint Sigisbert et on l'exposa à la Primatiale. Il ordonna des prières publiques et une procession solennelle.
Le 22 à quatre heures et demie, Durival reçut de son frère ce laconique billet:
«Lunéville, 22 février,
neuf heures du matin.
«Je vous marquai hier soir l'état du Roy. Je n'ai, ce matin, rien de consolant à vous annoncer; le malade respire, mais sa situation ne laisse que peu d'espérance, et peut-être bientôt... Dieu veuille que je me trompe!»
A sept heures du soir, l'évêque de Toul traversa Nancy, se rendant en toute hâte à Lunéville. Il ordonna de sonner dans toutes les églises pour les prières des quarante heures. Aussitôt, on crut le roi mort et l'alarme fut générale dans la ville.
A onze heures arrive une nouvelle lettre:
«Lunéville, 22 février,
huit heures et demie du soir.
«Notre maître respire encore. Après avoir reçu l'extrême-onction vers dix heures du matin, sans connoissance ni mouvement, il a eu quelques instants lucides. A midi une moiteur salutaire. Elle s'est soutenue et a rétabli la suppuration. Quelques paroles sont sorties avec effort de la bouche du malade, avant et après le pansement. Ce soir la tête est plus libre... On n'espère presque plus rien; mais enfin il vit encore, et c'est beaucoup. On ne pénètre plus dans la chambre du Roi, excepté les gens nécessaires et M. le Chancelier qui s'y renferme, peut-être pour toute la nuit.»
Le lendemain 23, les billets se succèdent tous plus inquiétants les uns que les autres.
«8 h. du matin.
«Il n'y a plus d'espérance de conserver notre bon Roi; il n'a plus qu'un souffle de vie.»
«10 h. du matin.
«Les médecins ne donnent pas quatre heures de vie au malheureux prince.»
«11 h. du matin.
«Je n'ai rien de plus à vous dire sur l'état du Roi, que ce que je vous en ai marqué. Sa Majesté a donné quelques signes de connoissance, mais sa situation est absolument désespérée; je ne vous parle pas de l'accablement de la Cour. Nous sommes tous dans la douleur.»
Le 23, les plaies étaient sèches et noires; le malade vivait dans un assoupissement continuel et on ne parvenait à le réveiller que par de violents cordiaux.
Le chancelier, l'intendant et les gens de service ne quittaient plus la chambre du monarque.
Un envoyé du Roi nouvellement élu de Pologne, Stanislas Poniatowski, s'étant présenté de la part de son maître, La Galaizière ordonna de le laisser pénétrer auprès du moribond; le Roi entendit encore ce qu'on lui disait, mais il ne put articuler un mot; il eut seulement la force de tendre la main à l'ambassadeur.
Puis Mme de Boufflers se présenta pour revoir une dernière fois celui dont elle avait embelli la vie, mais le chancelier, agissant en maître, eut la cruauté de lui faire refuser la porte.
L'agonie fut longue et douloureuse. A quatre heures et quelques minutes le Roi, toujours installé dans son fauteuil, rendait le dernier soupir.
La triste nouvelle se répandit bientôt dans la ville; la désolation était générale, on n'entendait que cris, clameurs et gémissements. Si les Lorrains avaient conservé pour leur ancienne dynastie une inaltérable affection, ils avaient su cependant apprécier la bonté de Stanislas et tout le bien qu'il avait cherché à leur faire; ils lui étaient sincèrement attachés. Enfin la pensée d'appartenir à un nouveau maître leur causait une véritable angoisse et redoublait la douleur qu'ils éprouvaient.
Aussitôt que Stanislas eut expiré, on l'exposa sur un lit de parade, la face découverte. L'embaumement eut lieu le lundi suivant. Immédiatement après, le corps fut placé dans un cercueil «fermant à clef, garni de velours cramoisi et bordé d'un galon d'or» et transporté dans une chapelle ardente; sur la bière furent déposés la couronne, le sceptre et le cordon bleu avec l'ordre du Saint-Esprit. Le cœur, qui était d'une taille extraordinaire, fut embaumé, puis enfermé dans une boîte de plomb et déposé sur un grand plat d'argent recouvert d'un crêpe [125].
Jusqu'au 3 mars ce fut un interminable défilé de toutes les autorités, de tous les corps constitués et d'une grande partie de la population.
Enfin le jour fixé pour les obsèques arriva. Le convoi funèbre partit de Lunéville le lundi à six heures du soir pour se rendre à l'église de Bon-Secours.
Le cortège était somptueux. En tête marchait la maréchaussée de Lunéville. Trois voitures drapées et avec les chevaux caparaçonnés contenaient les huissiers, les gentilhommes de la Chambre, le cardinal. Les ordres religieux, les confréries, cent pauvres habillés en casaque noire, les valets de pied, les palefreniers à cheval, tous portant un flambeau à la main, escortaient les voitures.
Ensuite venait le char funèbre recouvert d'un grand poêle «dont quatre aumôniers à cheval, habillés en surplis et bonnet carré, portaient les quatre coins». Il était accompagné par tous les gardes du corps, leurs officiers et de nombreuses troupes.
Malgré un temps affreux, une foule énorme suivit le convoi; sur la route l'affluence du peuple était si considérable qu'elle retardait la marche des chevaux. La tristesse et la consternation se lisaient sur tous les visages: «C'est que la dernière illusion de la patrie allait descendre dans les caveaux de Bon-Secours avec le cercueil de Stanislas.»
On n'arriva à l'église qu'à une heure avancée de la nuit et le corps y fut déposé en grande pompe [126].
Le lendemain eut lieu la cérémonie officielle [127].
Le testament de Stanislas montre bien la bonté de son cœur; il débute par cet aveu charmant et vraiment touchant:
«Au nom de la Très Sainte Trinité.
«Ma plus grande satisfaction pendant ma vie étant de rendre heureuses les personnes attachées à mon service, je souhaiterais, après ma mort, pouvoir leur continuer le même bonheur, mais en me réglant sur la possibilité, j'ai tâché de laisser à celles qui en auront le plus besoin quelques ressources en me perdant, et à toutes en général une marque de mon souvenir» [128]...
Le Roi, en effet, laissait à tous les fonctionnaires de sa cour, à tous les pensionnés, une année de traitement, à tous ses domestiques une année de gages. Personne n'est oublié depuis le plus élevé jusqu'au plus humble.
Quelques-uns, les amis les plus chers, sont l'objet de legs particuliers: la princesse de Talmont, M. de la Galaizière, le maréchal de Bercheny, le prince et la princesse de Beauvau, Alliot, Rönnow, Solignac, etc. [129].
Le Roi désigne comme ses exécuteurs testamentaires MM. de la Galaizière et Alliot [130].
Par un oubli qui serait inexplicable s'il n'était volontaire, ni Mme de Boufflers ni ses enfants n'étaient nommés dans le testament. Cédant à un sentiment de délicatesse, Stanislas n'avait pas voulu que la marquise fût l'objet d'aucun traitement particulier, mais dans les dernières années de sa vie il lui avait donné un grand nombre d'objets mobiliers tirés des châteaux de Lunéville et de Commercy.
Le lendemain de la mort du Roi, M. de la Galaizière, muni de pleins pouvoirs envoyés d'avance de Paris, prenait définitivement possession des deux duchés au nom de Louis XV. Le même jour il mettait les scellés sur tous les châteaux royaux et il envoyait son frère, M. de Lucé, porter à Versailles le testament de Stanislas.
En même temps il abdiquait ses dignités de chancelier et de garde des sceaux de Lorraine et Barrois, et reprenait sa qualité de simple intendant de province.
Si nous n'avons que rarement indiqué nos sources au cours de ce récit, c'est pour ne pas surcharger le texte de renvois et de notes. En dehors des indications que nous avons données, l'immense majorité de nos documents provient des manuscrits de la bibliothèque de Nancy; ils nous ont été communiqués par l'aimable et savant conservateur, M. Favier, qui s'est mis à notre disposition avec la plus extrême obligeance. Nous lui adressons l'expression de notre bien sincère gratitude.
Nous avions l'espoir d'achever dans le volume que nous publions aujourd'hui la vie de Mme de Boufflers; l'abondance de documents intéressants et inédits ne nous l'a pas permis. Nous verrons dans une étude qui paraîtra très prochainement ce que devint la marquise après la mort du Roi de Pologne et nous la conduirons jusqu'à sa mort en 1786. Nous verrons également quel fut le sort de Mme de Boisgelin, du spirituel chevalier, de Tressan, de Panpan et des principaux personnages qui ont joué un rôle à la Cour de Lunéville.
APPENDICE
I
Montesquieu avait écrit à Solignac en lui envoyant son Lysimaque:
«Monsieur,
«Je crois ne pouvoir mieux faire mes remerciements à la Société littéraire qu'en payant le tribut que je lui dois, avant même qu'elle me le demande, et en fesant mon devoir d'académicien au moment de ma nomination; et comme je fais parler un monarque que des grandes qualités élevèrent au trône de l'Asie, et à qui ces mêmes qualités firent éprouver de grands revers; que je le peins comme le Père de la Patrie, l'amour et les délices de ses sujets, j'ai cru que cet ouvrage convenoit mieux à votre Société qu'à tout autre. Je vous supplie d'ailleurs de vouloir bien lui marquer mon extrême reconnaissance.
«Vous me dites, Monsieur, des choses bien flatteuses, quand vous me parlez d'un voyage en Lorraine; vos paroles ont réveillé en moi toute l'idée de ce bonheur que l'on trouve dans la présence de Sa Majesté.
«Du reste, Monsieur, je me félicite de ce que votre Société a un secrétaire tel que vous, et aussi capable d'entrer dans les grandes vues du Roi et dans l'exécution des belles choses qu'il a projetées.
«Je vous supplie de vouloir bien me conserver l'honneur de votre amitié; il me semble que la mienne s'augmente pour l'historien de la Pologne.
«J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec un attachement respectueux, votre très humble et très obéissant serviteur,
«Montesquieu.
«A Paris, ce 4 avril 1751.» (Inédite.)
II
26 février 1766.
RAPPORT OFFICIEL PAR RÖNNOW, MÉDECIN DU ROI
«Le 5 février à sept heures du matin, le Roi en se levant seul approcha de la cheminée pour se chausser, en robe de chambre d'une étoffe de soie des Indes fort mince et fortement doublée de ouate de coton. Le feu prit au bas de sa robe du côté gauche et s'alluma si promptement que la flamme surpassait la tête avant qu'on vînt à son secours.
«Nous, soussigné, premier médecin et chirurgien du Roi de Pologne, certifions avoir vu, quelques minutes après l'accident, les brûlures de Sa Majesté et avons trouvé toute la main gauche, depuis le poignet jusqu'au bout des ongles en dessus et en dessous, vivement brûlée au point que Sa Majesté ne se plaignit que de sa main et de ses ongles.
«Nous avons en outre trouvé une brûlure sur la partie antérieure de la cuisse gauche d'environ dix à douze pouces de longueur sur deux à trois de largeur dont Sa Majesté ne se plaignit point; une autre sur le bas-ventre qui s'étendait depuis la hanche gauche, jusqu'à trois ou quatre pouces au delà du nombril côté droit, qui avait environ vingt à vingt-trois pouces de largeur sur huit, neuf à dix pouces de hauteur. Comme la flamme avait surpassé la tête et avait mis le feu dans son bonnet de nuit, du même côté, elle avait brûlé la joue, la lèvre inférieure de la bouche, la narine intérieurement et extérieurement, et les cils des paupières et le sourcil de l'œil gauche, de même l'oreille et les cheveux au-dessus. Toutes les brûlures du visage ont été guéries au bout de dix ou douze jours. La main et les doigts après la première exfoliation parurent d'une bonne couleur; mais de jour à autre il se formait de nouvelles escarres gangreneuses, qui firent tomber toute la peau de la main et des doigts; la même chose est arrivée à celle du bas-ventre et de la cuisse, dont la plupart est tombée par elle-même et d'autres qu'il a fallu séparer par les instruments. Malgré tout cela, et l'usage du quinquina intérieurement et extérieurement, dont on avait fait usage dès le commencement des premières taches, conjointement avec d'autres remèdes antiseptiques tant intérieurs qu'extérieurs, les plaies n'ont pas voulu se nettoyer et ont toujours fourni une matière licheneuse et fétide.
«Du quinzième au seizième jour de l'accident, le Roi s'étant couché à huit heures du soir eut un frisson dans son lit à dix heures, au point qu'il a fallu le réchauffer avec des serviettes chaudes; ce frisson fut suivi d'un peu plus de fièvre; néanmoins sans altération. Après ce temps la suppuration des plaies a toujours été en diminuant et l'assoupissement est toujours devenu plus considérable jusqu'au dernier jour que les plaies étaient presque sèches.»
III
PRINCIPAUX PASSAGES DU TESTAMENT DU ROI
30 JANVIER 1761.
«Au nom de la Très Sainte Trinité.
«Ma plus grande satisfaction pendant ma vie étant de rendre heureuses les personnes attachées à mon service, je souhaiterais, après ma mort, pouvoir leur continuer le même bonheur, mais en me réglant sur la possibilité, j'ai tâché de laisser à celles qui en auront le plus besoin quelques ressources en me perdant, et à toutes en général une marque de mon souvenir...
«Je déclare en conséquence par ces présentes... que ma dernière volonté est qu'il soit payé à chacun de mes officiers et domestiques qui sont compris dans l'état général de ma maison et qui seront à ma mort à mon service une année pleine et entière de leurs gages.»
(En dehors de ces libéralités, beaucoup d'officiers et de serviteurs reçurent encore des legs supplémentaires.)
Le tout se montait à 506,462 l. 6 s. 3 d.
Le Roi faisait ensuite des legs particuliers à un grand nombre de personnes et à tous ceux de ses serviteurs qui l'approchaient le plus fréquemment:
«Au comte de Ligniville, grand veneur, pour marque de mon souvenir, 10,000 l.
«A M. de la Galaizière, mon chancelier, pour marque de mon souvenir, un diamant de la valeur de 60,000 l.
«A Alliot, commissaire général de ma maison, pour reconnaître ses services, 60,000 l.
«Au Père Hubermonovitz, mon confesseur, 12,000 l.
«A Rönnov, mon premier médecin, 10,000 l.
«A Solignac, mon secrétaire, 5,000 l.
«Voulant donner à ma chère cousine, la princesse de Talmont, une dernière marque de mon souvenir, je veux qu'il lui soit délivré une somme de 24,000 l.
«Il sera délivré aux Pères Minimes de Bon-Secours, dans l'église desquels je choisis ma sépulture, près du corps de la Reine, ma très chère épouse, une somme de 6,000 l., pour l'exécution de la fondation faite d'un service perpétuel le jour de mon décès, pour le repos de mon âme et de celle de la Reine.
«Je veux qu'incontinent après mon décès il soit célébré deux mille messes pour le repos de mon âme.»
(Suivent encore d'autres legs pieux à des institutions religieuses.
Il lègue à la Reine sa fille une rente de 121,000 livres viagères provenant de ses différentes propriétés.)
«Dans l'espérance où je suis qu'il plaira au Roi d'accorder à la Reine la jouissance du château de Commercy, j'y ai fait à mes frais une dépense considérable pour rendre cette maison commode, utile et agréable et je donne à la Reine tous les meubles et effets mobiliers qui y sont.
«Je laisse à l'absolue disposition du Roi, mon très cher frère et gendre, tous les meubles meublants à moi appartenant dans mon château de Lunéville, de même que ceux de la Malgrange, Einville, Hauviller et Chanteheu.
«Je donne au prince de Beauvau la ménagerie à moi appartenant au bout des bosquets de Lunéville et tout ce qui en dépend.
«Je donne au maréchal comte de Bercheny tous mes chevaux de carrosse, de chaise, de selle, de manège qui sont dans mes écuries, tous mes mulets, tous mes carrosses, berlines, chaises, brancards, chariots, fourgons et tous les harnais et équipages de chevaux...
«Je donne au comte de Ligniville mon équipage de chasse.
«Je donne mon grand service de porcelaine de Saxe à colonnes et tout ce qui le compose en glaces, groupes, vases et figures à Mme la princesse de Beauvau pour marque de mon souvenir.
«Tous mes livres de Lunéville seront remis à ma bibliothèque publique de Nancy, lui en faisant don.
«L'argent qui se trouvera dans ma cassette au moment de mon décès doit être remis à la reine, ma fille, pour acquitter les frais d'exécution du testament [131].»
IV
ÉTAT DES PENSIONS ACCORDÉES PAR LE ROI AU PREMIER
DÉCEMBRE 1765 [132].
V
ÉTAT DES OFFICIERS ET DOMESTIQUES COMPOSANT LA MAISON DE FEU S. M. LE ROI DE POLOGNE AU 1er MARS 1766 ET DES APPOINTEMENTS ET GAGES DONT ILS JOUISSAIENT ET POUR LESQUELS ILS ÉTAIENT EMPLOYÉS CHAQUE MOIS SUR LES ÉTATS GÉNÉRAUX ET PARTICULIERS DE LA MAISON DE LADITE MAJESTÉ.
VI
ÉTAT GÉNÉRAL DE MA MAISON ARRÊTÉ ET SIGNÉ DE MOI LE 25 NOVEMBRE DERNIER, DONT JE FAIS RAPPORTER ICI EN GROS CHAQUE ARTICLE DE DÉPARTEMENT [133].
NOTES
[1] M. Boyé a encore publié récemment la Querelle des vingtièmes en Lorraine. L'exil et le retour de M. de Châteaufort. Nancy, 1906. Mais nous n'avons pas eu connaissance de ce travail.
[2] Voir la Cour de Lunéville au XVIIIe siècle, par G. Maugras.—Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1904. 11e édition.
[3] Comme nous l'avons vu dans notre précédent volume, le prince et la princesse de Craon étaient revenus en Lorraine en 1749, abandonnant leur vice-royauté de Toscane, pour prendre enfin un repos bien gagné.
Bien que les Lorrains fussent détestés en Toscane, M. et Mme de Craon avaient su, par leurs qualités personnelles, s'y créer une haute situation. Ils y tenaient un grand état de maison; la princesse recevait beaucoup, et malgré son âge, elle était encore si belle que le président des Brosses pouvait écrire: «Quoiqu'elle soit grand'mère d'ancienne date, en vérité, je crois qu'en cas de besoin, je ferais bien encore avec elle le petit duc de Lorraine.»
Si les Toscans n'aimaient pas les Lorrains, ils détestaient encore plus les Espagnols. «Un homme de beaucoup d'esprit, raconte encore de Brosses, me disait l'autre jour qu'il préférait les Lorrains aux Espagnols, parce que, dit-il, les premiers m'ôteront bien jusqu'à ma chemise, mais ils me laisseront ma peau (c'est à-dire ma liberté de penser), que m'arracheront les seconds, en ne me laissant pas le reste.»
[4] Comme bien des grands seigneurs de son époque, le prince de Craon était un lettré et ses souvenirs classiques lui revenaient avec à-propos. Se promenant un jour avec Stanislas au bois de Haye, il s'étonna des travaux immenses qu'on y exécutait pour combler les deux fonds, et il cita aussitôt au Roi ce passage d'Horace:
Valet ima summis mutare.
(Liv. 1, Od. 28.)
Stanislas charmé s'écria qu'il fallait élever une colonne sur le chemin et y graver ce passage.
[5] Voir la Cour de Lunéville, ch. XIX.
[6] Né à Paris en 1707, mort en 1780.
[7] M. de Bercheny était propriétaire de la terre de Luzancy, dont il restaura le château. Il était venu en France à la suite de la défaite de Rakoczy et il avait offert son régiment de hussards au Roi, qui le combla d'honneurs. En 1744, il fut nommé lieutenant-général.
[8] Il en avait eu seize.
[9] Souvenirs de Valentin Esterhazy.
[10] Voir la Cour de Lunéville, chap. XIX, p. 363 et suiv.
[11] Il s'occupait beaucoup de mathématiques, de physique, d'anatomie, d'histoire, d'art militaire, etc., etc.; il publia un mémoire important sur le fluide électrique, et en 1749 il fut reçu à l'Académie des sciences.
[12] Nous reproduisons ce quatrain, qui a été cité de façon incorrecte dans la Cour de Lunéville, chap. VII, p. 128.
[13] Toute la correspondance entre Tressan et Panpan, citée au cours de ce volume, est inédite; elle nous a été gracieusement communiquée par Mme Morrison, qui possède les originaux.
[14] Souvenirs du comte de Tressan, par le marquis de Tressan. Versailles, Henry Lebon, 1897.
[15] Il avait été d'abord sous-lieutenant au régiment des gardes lorraines, ensuite capitaine au régiment d'Heudicourt (cavalerie), puis aide de camp du maréchal de Saxe, enfin mestre de camp de cavalerie.
[16] Inédite. Bibliothèque de Nancy.
[17] Les censeurs étaient:
Le Père de Menoux; le Père Leslie; M. Thibault, lieutenant général du bailliage de Nancy; M. de Tervenus; M. l'abbé Gautier, professeur d'histoire et de mathématiques à Lunéville; le chevalier de Solignac, bibliothécaire; l'abbé Montignot, sous-bibliothécaire; l'évêque de Troyes; le comte de Tressan; le Primat de Nancy; M. Déguerty.
[18] Voir appendice no I.
[19] Voir la Cour de Lunéville, chap. IV, page 73, et chap. VI, page 103.
[20] L'adresse de Mme de Graffigny à Paris était: rue Sainte-Hyacinthe, vis-à-vis le corps de garde des grenadiers des Gardes Françaises.
[21] Turgot écrivait un jour à Mme de Graffigny ces réflexions si sages: «Il y a longtemps que je pense que notre nation a besoin qu'on lui prêche le mariage, et le bon mariage; nous faisons les nôtres avec bassesse, par des vues d'ambition ou d'intérêt, et comme par cette raison il y a beaucoup de malheureux, nous voyons s'établir de jour en jour une façon de penser bien funeste aux États, aux mœurs domestiques.»—Il relève dans la même lettre ce propos qui se tient, dit-il, tous les jours: «Il a fait une sottise, un mariage d'inclination.»
[22] Helvétius s'est montré dans ses écrits tout l'opposé de ce qu'il était dans la réalité. Rien ne ressemble moins à l'ingénuité de son caractère que la singularité préméditée et factice de ses ouvrages. Par une véritable aberration d'esprit, il imagina de calomnier tous les gens de bien et lui-même, pour ne donner aux actions morales d'autre motif que l'intérêt. Or il avait dans l'âme tout le contraire de ce qu'il a écrit; il était libéral, généreux, sans faste, bienfaisant; il n'existait pas un meilleur homme. Il mourut le 26 décembre 1771.
[23] Par son mariage, Helvétius était devenu le neveu du prince de Craon, et le cousin de Mme de Boufflers, du prince de Beauvau, etc. Mais il y avait alors une telle distance entre un grand seigneur et un bourgeois que, lors de la mort du prince de Craon, Mme Helvétius seule prit le deuil; son mari crut de bon goût de ne pas l'imiter et tout le monde applaudit à cette modestie.
[24] Une jeune Péruvienne, Zilia, transportée tout à coup au milieu d'un monde dont les mœurs et les usages lui sont totalement inconnus, raconte ses impressions. Il y a des descriptions charmantes, un composé de sentiments naïfs autant que passionnés, mais plus ordinairement
Une métaphysique où le jargon domine
Souvent imperceptible à force d'être fine.
[25] Entre autres, Le Temple de la vertu et Célidor.
En remerciement, l'empereur accorda à l'auteur une pension de 1,500 livres, mais à la condition que les pièces ne seraient pas imprimées.
La margrave de Bayreuth ne se montra pas moins généreuse que l'empereur. Elle aussi accorda une pension à la femme-auteur; elle chercha même à l'attirer auprès d'elle, mais Mme de Graffigny prit prétexte de son âge pour repousser une offre flatteuse et demeurer auprès de ses amis de Paris.
[26] Mme de Graffigny vendit sa pièce au libraire Duchesne pour la somme de 2,000 livres.
La reprise de Cénie lui valut, pour onze représentations, du 18 novembre au 12 décembre, comme droits d'auteur, 1,613 livres qui lui furent payées ainsi: «2 sacs de 600 livres, 17 louis, et 5 francs de monnaie.»
[27] Quant à Collé, qui s'était d'abord montré enthousiaste, il écrivait après avoir lu la pièce:
«Je fais amende honorable du peu de bien que j'en ai dit.
«Je trouve cette rapsodie au-dessous de celle de La Chaussée. Mal écrite, toutes les pensées sont communes, fausses, louches, jamais le terme propre. Enfin la forme et les détails sont aussi mauvais que le fonds, qui est bien la plus pitoyable création que l'on ait faite depuis cent cinquante ans.»
[28] Elle était la nièce de Mlle de Seine, qui avait épousé Dufresne, le célèbre comédien. Elle était entretenue par M. de Voyer, fils du marquis d'Argenson. Elle mourut en 1758 de la petite vérole, à l'âge de vingt-quatre ans.
[29] Mlle Lamotte (1704-1769), était fille d'un officier; elle fut élevée au couvent des Ursulines de Metz, se fit enlever et entra au théâtre. Elle avait été protégée par le maréchal de Saxe.
[30] Comme Mme de Graffigny s'était occupée de la pièce de Panpan et en avait surveillé les répétitions, on lui en attribua très faussement la paternité. On lit en effet dans les Cinq années littéraires, par Clément, La Haye, 1752:
«On nous a donné ces jours-ci à la Comédie-Françoise une pièce nouvelle en prose et en un acte, de Mme de Graffigny, dit-on, auteur des Lettres péruviennes et de Cénie, qui lui ont fait une réputation difficile à soutenir. Ceci est moins une intrigue qu'un embrouillement sans nœud, d'où il résulte pourtant quelques situations comiques, mais foiblement rendues, et si communes! Des qui pro quo de tabatière, des mal-entendus de portrait, imaginez-vous. Mais ce qui n'est pas commun, c'est que les deux amans, se rencontrant en scène vive, s'enfuient pour ne pas s'expliquer et pour se déclarer leur passion par écrit. Le comique du style n'est qu'un enjouement précieux, un pointillage, une espèce de jeu de mots, ou de travail d'esprit: je vous avois déjà fait remarquer quelque chose d'approchant dans Cénie, si vous vous en souvenez; mais c'est de toutes les maladies du goût la plus dangereuse pour une femme, et celle qui fait les progrès les plus rapides: je ne doute point cependant qu'on ne puisse guérir avec beaucoup d'attention sur soi-même et sur le triste ridicule des modèles qu'on se pique d'imiter. Il serait plaisant et je serais charmé que ce ne fût point Mme de Graffigny qui eût fait cette pièce. Elle est intitulée: Les engagements indiscrets. Parlez-moi d'une bonne comédie bourgeoise. Quand reverrons-nous cela? ou d'un franc galimatias, bien naturel et réjouissant.» (Lettre CXI, Paris, 15 novembre 1752.)
[31] Mme de la Marre a bien voulu nous communiquer tous les documents que son père, M. Arthur Ballon (1816-1883), l'aimable et savant conservateur de la Bibliothèque de Nancy, avait réunis sur Mme de Graffigny. Ces pièces nous ont été très précieuses et nous exprimons à Mme de la Marre nos plus vifs remerciements.
[32] Inédite. Bibliothèque de Nancy.
[33] Inédite. Bibliothèque de Nancy.
[34] Inédite. Bibliothèque de Nancy.
[35] Il était né le 29 avril 1679.
[36] Voici la copie de l'inscription gravée sur une plaque de marbre dans l'église d'Haroué.
D. O. M.
CI GÎT
TRÈS HAUT ET TRÈS PUISSANT SEIGNEUR
MARC DE BEAUVAU
PRINCE DE CRAON ET DU SAINT-EMPIRE,
GRAND ÉCUYER DE LORRAINE,
GRAND D'ESPAGNE DE PREMIÈRE CLASSE,
CHEVALIER DE LA TOISON D'OR, VICE-ROI DE TOSCANE,
DESCENDANT DES ANCIENS COMTES D'ANJOU
ET ROIS D'ANGLETERRE.
IL NAQUIT EN 1679,
IL ÉPOUSA EN 1704 MARGUERITE,
COMTESSE DE LIGNÉVILLE.
EN 1737 LES TOSCANS FIRENT FRAPPER UNE MÉDAILLE
EN SON HONNEUR.
LE 8 AVRIL 1739 LE ROI LUI DONNA
AINSI QU'A TOUTE SA POSTÉRITÉ,
PAR LETTRES PATENTES ENREGISTRÉES AU PARLEMENT,
LE TITRE DE COUSIN DE SA MAJESTÉ,
COMME RÉCOMPENSE
DE SES LOYAUX ET VALEUREUX SERVICES,
ET EN MÉMOIRE D'ISABEAU DE BAVIÈRE
HUITIÈME AÏEULE DU ROI.
IL MOURUT AU CHATEAU DE CRAON
LE 10 MARS 1754.[37] En 1759, un nouvel incendie éclata. Le feu prit à six heures du soir dans la cuisine du maréchal de Bercheny et on eut encore toutes les peines du monde à éviter un désastre.
[38] «Avec l'aide de Dieu,
«Ma résolution étant prise de dresser la statue le 26 novembre, voici le réglement qui doit être observé ce jour-là:
«Je me rendrois à huit heures du matin pour entendre la grande messe et un sermon. A neuf heures, après le service, je me rendrois à l'hostel de ville, où je dois trouver l'académie, M. Tressan portant la parolle.
«A dix heures un héros à cheval ayant déjà devant lui six trompettes avec le tymballier faira le tour de la place en annonçant le jour destiné à l'élévation de la statue.
«A onze heures, on découvrira la statue au bruit du canon et toute la garnison rangée dans le milieu de la carrière faisant trois salves de la mousqueterie.
«A midy on donnera le repas selon l'arrangement partyculier et bien réglé pour éviter toute confusion.
«A deux heures après midy des fenestres de chacque pavillon de la place, on jettera de l'argent au peuple.
«A quatre heures, on ira à la Comédie et au concert.
«A huyt heures aprez que l'illumination sera allumé on ira à l'intendance pour voir le feu d'artyfice.
«Au retour on commencera le bal qui terminera la feste.»
[39] Cette statue fut renversée et détruite par les Marseillais, à leur passage en 1792.
[40] Palissot de Montenoy, né à Nancy en 1730, donnait dès sa plus tendre enfance les plus belles espérances. Son père, ancien conseiller de Léopold, lui fit donner une brillante éducation. A neuf ans, il composait un poème épique en vers latins; à douze ans il avait terminé son cours de philosophie; à treize ans il soutenait une thèse de théologie. On le fit entrer à l'Oratoire, mais il ne put s'y supporter. A dix-huit ans il était marié, et il avait déjà composé plusieurs tragédies.
Sa précocité et la réputation qu'elle lui attirait avaient décidé Stanislas à comprendre Palissot au nombre des membres correspondants de son académie.
Il mourut à Paris le 15 juin 1814, dans les sentiments de la plus vive piété.
[41] Le Cercle ou les Originaux.—L'auteur mettait en scène des originaux de toutes sortes; on y voyait figurer des poètes, un financier, un médecin, de beaux esprits, une femme auteur avec son entourage, et enfin un philosophe. Les premiers personnages étaient de fantaisie, mais le philosophe représentait à s'y méprendre J.-J. Rousseau. L'auteur signalait ironiquement ses contradictions, ses ridicules, son esprit paradoxal, son amour de la célébrité et de la singularité.
[42] Guibal mourut peu après et Cyfflé fut nommé sculpteur ordinaire du roi de Pologne.
[43] En 1751, J.-J. Rousseau avait publié son fameux discours sur le tort causé par les lettres et les sciences à la pureté des mœurs. Ce discours souleva à Paris et dans toute la France un véritable enthousiasme et il fut couronné par l'Académie de Dijon. Stanislas, qui ne partageait pas l'opinion du philosophe, écrivit une réfutation pour prouver que les lettres et les mœurs pouvaient fort bien s'allier, et il n'en voulait d'autre preuve, disait-il, que l'exemple même donné par Rousseau.—Le philosophe riposta, mais de la façon la plus courtoise. «J'avais le bonheur, dit-il, dans ses Confessions, d'avoir à faire à un adversaire, pour lequel mon cœur plein d'estime pouvait, sans adulation, la lui témoigner; c'est ce que je fis avec assez de succès, mais toujours avec dignité. Mes amis, effrayés, croyaient déjà me voir à la Bastille. Je n'eus pas cette crainte un seul moment et j'eus raison. Ce bon prince, après avoir vu ma réponse, dit: «J'ai mon compte, je ne m'y frotte plus.»
[44] Voir la Cour de Lunéville, chap. III.
[45] Il rendit un décret qu'il fit approuver par le conseil des finances le 25 août 1756.
«Moi soussigné, j'atteste par cet écrit que je donne la jouissance à Mme la marquise de Boufflers de la ferme de Malgrange avec tout le territoire, maisons, bâtiments et jardins tout comme en jouissait feu M. le duc Ossolinski, en y ajoutant tous les meubles qui se trouvent et dont elle prendra possession suivant l'inventaire qui en a été fait, en assurant sur ma parole que durant toute ma vie elle possédera cette ferme en toute tranquillité, sans qu'elle en soit troublée et sans que jamais de mon vivant je veuille la reprendre, et pour qu'après mon décès elle puisse y avoir tout le droit d'une tranquille jouissance, je m'engage d'obtenir du Roi une assurance par écrit pour que, moyennant une redevance usitée aux domaines, elle en jouisse avec la même sécurité sous le règne du Roi comme elle en jouira toute ma vie sous le mien.
«Le 25 d'août 1756 à Lunéville,
«Stanislas Roi.»
La redevance annuelle fut fixée à 42 l. 16.
Cette pièce nous a été gracieusement communiquée par M. Noël Charavay.
[46] Le marquis de Boufflers n'était âgé que de seize ans et ne devait exercer qu'à vingt-cinq ans.
[47] Arch. Nat., T. 47111-12}.
[48] Saint-Lambert avait obtenu un brevet de colonel au service de France; il fit les campagnes de Hanovre (1756-1757), comme attaché à l'état-major de l'armée de Contades. Il ne se distingua pas particulièrement et renonça à l'état militaire.
[49] Souvenirs du comte de Tressan, par le marquis de Tressan. Versailles, 1897.
[50] Voir la Cour de Lunéville, chap. XI.
[51] Souvenirs du comte de Tressan.
[52] Souvenirs du comte de Tressan.
[53] Voir la Cour de Lunéville, chap. XX.
[54] Souvenirs du comte de Tressan.
[55] Surnom qu'on avait donné à Mlle de Tressan. Le roi de Pologne, son parrain et Marie Leczinska, sa marraine, l'avaient appelée Maryczka, ce qui veut dire en polonais «chère petite Marie». Maryczka se transforma en Maroutzchou, puis en Marichou, puis par abréviation en Michou. Michou devint plus tard marquise de Maupeou.
[56] Souvenirs du comte de Tressan.
[57] Inédite. Collection d'autographes de M. G. Maugras.
[58] Pièce autographe dont nous devons la communication à l'obligeance de M. Noël Charavay.
[59] Le salon de Mme Helvétius, par Guillois.
[60] Voir la Cour de Lunéville, chap. VII.
[61] Françoise-Louise de Bassompierre, marquise de Stainville.
[62] Stanislas ne se contentait pas d'écrire le français de façon fort incorrecte, il le parlait plus mal encore. Il avait aussi pour habitude de tutoyer les courtisans qui vivaient dans son intimité.
[63] Il était auparavant intendant de Montauban.
[64] Les émoluments de la charge de grand maréchal des logis s'élevaient à 4,000 l.
[65] Souvenirs du comte de Tressan.
[66] Voici l'acte de baptême du chevalier:
«Stanislas-Jean, fils légitime de haut et puissant seigneur messire Louis-François, marquis de Boufflers, capitaine de dragons pour le service de Sa Majesté très chrétienne, et de haute et puissante dame, madame Marie-Catherine de Beauvau-Craon, son épouse, étant né à Nancy le 31 mai 1738, fut baptisé le lendemain dans la paroisse Saint-Roch. Les cérémonies ayant été différées par ordre de Monseigneur l'Évêque ont été suppléées le 21 juin de la même année dans la chapelle du Roi; il a eu pour parrain et marraine Leurs Majestés le Roi et la Reine, qui ont signé avec moi.
«Stanislas, Roy,Catherine.
«Cl. Verlet C. R., curé de Lunéville.»
C'est par erreur que l'acte de baptême porte les prénoms de Stanislas-Jean. Boufflers, en réalité, reçut les prénoms de Stanislas-Catherine, en l'honneur de son parrain et de sa marraine.
[67] Voir la Cour de Lunéville, chap. X.
[68] Voir le charmant volume publié en 1894 chez Calmann Lévy par le comte de Croze: Le chevalier de Boufflers et la comtesse de Sabran, et aussi les articles du même dans le Correspondant.
[69] Voir la Cour de Lunéville, p. 215.
[70] François-Xavier Auguste, né à Dresde, le 25 août 1730. Le Roi le nomma lieutenant-général et le plaça à la tête d'un corps de 10,000 Saxons. En 1771, le prince se fixa en France, où il acheta le château de Pont-sur-Seine. Il prit alors le nom de comte de Lusace. Chassé par la Révolution en 1790, il mourut à Zabelitz, le 21 juin 1806.
[71] M. Borwslaski avait cinq frères et sœurs; deux étaient également nains, mais remarquables par leur intelligence et leur gentillesse. Il mourut à l'âge de quatre-vingt-dix-huit ans, en 1837. Il s'était marié et avait eu deux enfants.
[72] Bébé avait 33 pouces, c'est-à-dire 89 cent. 5 et Borwslaski 28 pouces, c'est-à-dire 75 cent. 6.
[73] Louise-Élisabeth Dufréne était née le 3 février 1738, à Lunéville. Son père était maître d'hôtel du roi de Pologne et lieutenant des chasses. Louise fut élevée dans une grande intimité avec les enfants du chancelier de la Galaizière. Elle épousa, le 24 mai 1761, «noble» Jean Durival, secrétaire greffier des conseils du Roi. C'est par erreur que dans le premier volume de cet ouvrage nous avons fait figurer Mme Durival à la Cour en 1747; elle n'y fit son entrée qu'en 1757.
[74] Anecdotes touloises, Bib. Nat. Mss. n. acq. franç. 4502.
[75] Bibl. de Nancy.—Inédite.
[76] C'était en décembre 1751 que le titre de Bienfaisant avait été donné à Stanislas.
[77] Voyez le Dictionnaire philosophique au mot Chine.
[78] Voltaire, dans son Essai sur les mœurs, dit qu'Aurengzeb mourut à cent trois ans. Muley-Ismaël, dont il porte la vie à plus de cent années, n'en a vécu que quatre-vingt et une.
[79] La comédie des Philosophes ne fut imprimée qu'en 1762. Le 9 juin, Palissot écrivait au duc de Choiseul en lui envoyant sa comédie: «J'espère qu'on la lira mieux qu'elle n'a été écoutée; j'ai voulu être l'Aristophane de la France et donner une comédie athénienne. Mon but est de corriger le caractère de la nation, altéré par l'habitude des rêveries philosophiques et par une tournure anglaise qui, n'étant pas naturelle à notre sol, ne peut y produire que des monstres.»
Palissot publia quelque temps après la Dunciade: «Dunciade, dit-il, dérive du mot anglais dunce, qui signifie un sot, un stupide, un hébété», et à la tête de la bande des hébétés il plaçait Marmontel, Thomas, Diderot, Raynald. Le même auteur provoqua encore un scandale effroyable en 1775 avec sa pièce des Courtisanes, que tout le parti dévot soutenait avec rage.
[80] Morellet, né à Lyon le 10 mars 1727, mourut à Paris le 12 janvier 1819. Il fut nommé à l'Académie française par l'influence du parti philosophique.
[81] Libertin s'employait autrefois dans le sens de «libre-penseur».
[82] Un des membres de l'Académie.
[83] Il était interdit en séance publique de faire une lecture ou de prononcer un discours qui n'avaient pas été soumis d'avance à la Société.
[84] Confesseur polonais de la Reine.
[85] Louis Bruno de Boisgelin, né en novembre 1734, était entré comme enseigne au régiment des gardes, en novembre 1748; il fut nommé mestre de camp en octobre 1758.
Les titres du fiancé étaient:
«Très haut et très puissant seigneur Louis-Bruno du Boisgelin de Cucé, chevalier seigneur de Lesturgant, de Kerhuluc, de Bothmar, du Perso, du Lié, de Bogar, du Trechef, du Kerisoet, de Taloet, Keridec et autres lieux.»
[86] Le 24 février 1761, un arrêt du Conseil confirmait la concession faite à M. de Boisgelin.
[87] M. de Boisgelin avait acheté sa charge pour la somme de 640,000 l., dont il ne possédait pas le premier sol.
Il avait dû payer en prêtant serment entre les mains du Roi, 6,000 l. et aux notaires, pour les sommes qu'il lui avait fallu emprunter, 10,350 l. Il devait donc 656,350 l.
Les appointements de sa charge étant de 15,785 l., il était obligé d'ajouter de sa poche, tous les ans, 17,015 l. pour payer les intérêts de ses emprunts.
Pour comble de disgrâce, sa charge ne lui rapporta rien pendant les trois premières années, et il dut encore emprunter 90,000 l.
[88] Cela ne l'empêcha pas d'être nommé brigadier en 1769 et maréchal de camp en 1780.
[89] Claude Drouas de Boussey (1712-1773), évêque de Toul en 1754.
[90] Le maréchal de Beauvau.
[91] Arthur Richard Dillon (1721-1806), évêque d'Évreux en 1753, archevêque de Toulouse en 1758 et de Narbonne en 1762.
[92] Étienne-Charles de Loménie de Brienne (1724-1794).
[93] Le duc de Lauzun et la Cour de Louis XV, chap. XXII.
[94] Toutes les lettres de Boufflers citées dans ce chapitre nous ont été gracieusement communiquées par M. le comte de Croze-Lemercier.
[95] Le Mercure voulut reproduire ce conte qui avait tant de succès, mais il crut devoir l'épurer à l'usage de ses lecteurs. Grimm écrit à ce propos: «Si vous voulez voir un chef-d'œuvre de bêtise et d'impertinence, il faut lire ce conte tel qu'il a été inséré dans le dernier Mercure. L'auteur de ce journal a voulu rendre ce conte décent, mais décent à pouvoir être lu pour l'édification des séminaires où il a été composé et des couvents de religieuses. Les changements auquel ce projet l'a obligé à chaque ligne sont, pour la platitude et la bêtise, une chose unique en son genre.»
Aline, reine de Golconde, fut plus tard mise à la scène et jouée comme opéra; Sedaine en composa les vers et Monsigny la musique.
[96] Voir le Duc de Lauzun, chap. IX.
[97] Inédite. Communiquée par M. le comte de Croze-Lemercier.
[98] Voir la Cour de Lunéville, chap. XVIII.
[99] Cet hôpital était desservi par les sœurs de la Charité connues en Lorraine sous le nom de sœurs de Saint-Charles.
[100] Plus tard, après 1770, on se servit pour couvrir les maisons de lave ou pierre plate qu'on trouvait sur les hauteurs à 2 ou 3 pieds de profondeur.
[101] Un des gentilshommes de la Chambre.
[102] Apologie de l'Institut des Jésuites, 1762, 3 vol. in-12.
[103] Marie Leczinska avait toujours eu pour confesseur un jésuite polonais. Depuis 1756, c'était le P. Bieganski qui remplissait ces fonctions. Malgré les édits du Parlement, la famille royale conserva au château de Versailles les jésuites qui possédaient sa confiance. Mais après l'édit de 1764, Louis XV n'osa plus les disputer au Parlement. La Reine, cependant, put garder près d'elle deux jésuites polonais, dont la présence, disait-elle, était nécessaire à la paix de sa conscience; mais ils durent prendre le costume des simples ecclésiastiques; ils demeurèrent à la Cour jusqu'à la mort de Marie Leczinska.
[104] La «belle mignonne» était le crâne de Ninon de Lenclos, que la Reine illuminait intérieurement et parait de rubans et de fanfreluches pour mieux se pénétrer de la vanité des choses humaines.
[105] Plombières ancien et moderne, par Jean Parisot. Paris, Champion, 1905.
[106] L'abbesse était la princesse Charlotte. La princesse Christine de Saxe lui succéda en 1773; elle eut elle-même pour coadjutrice la comtesse de Brionne, de la maison de Lorraine.
[107] Vie de la princesse de Poix par la vicomtesse de Noailles. Paris, Lahure, 1855.
[108] Inédite. Collection G. Maugras.
[109] Voir la Cour de Lunéville, chap. I.
[110] François mourut l'année suivante, en 1765; son fils fut nommé empereur sous le nom de Joseph II. Il succéda à Marie-Thérèse en 1780.
[111] Fils de Mme du Châtelet. Il était ambassadeur de France à Vienne.
[112] Diane-Adélaïde de Rochechouart-Faudoas, marquise du Châtelet.
[113] Communiquée par le comte de Croze-Lemercier.
[114] Haller (Albert de), né à Berne en 1708, mort en 1777, fut aussi célèbre comme médecin que comme botaniste et physiologiste. Sollicité de toutes parts par les gouvernements étrangers, il allait peut-être quitter sa patrie, lorsque le Sénat de Berne rendit un décret qui déclarait Haller en réquisition perpétuelle pour le service de la République, et créait une charge spéciale pour lui.
[115] Rönnow (Casten), né en Suède, le 15 février 1700. Il s'attacha à Stanislas en 1735, pendant son séjour à Kœnigsberg, et il ne le quitta plus jusqu'à sa mort.
[116] Le squelette de Bébé existe encore au Muséum.
[117] Toutes les lettres du Roi portent en tête une croix. Tous ses écrits sont précédés des initiales de ces mots: Ad Majorem Dei gloriam beatæque Mariæ semper Virginis honorem.
[118] Stanislas possédait un trictrac en bois de grenadine, avec seize dames noires et seize blanches; le couvercle servait en même temps d échiquier. Le Roi le légua à Panpan.
[119] Lallement, Société d'archéologie lorraine, année 1862.
[120] Le roi appelait toujours ainsi les Conigliano.
[121] Joly, le Château de Lunéville.
[122] On se rappelle que les chevaux de guerre du chevalier s'appelaient l'un le Prince Ferdinand, l'autre le Prince héréditaire.
[123] Inédite, communiquée par le comte de Croze-Lemercier.
[124] Joly, le Château de Lunéville.
[125] Après l'autopsie, les entrailles du Roi furent renfermées dans une caisse de plomb et déposées à l'église paroissiale de Lunéville, dans un monument en forme d'urne. En 1793 le monument fut brisé, la caisse de plomb convertie en balles et les restes qu'elle contenait dispersés. Ce n'est qu'en 1859 que le monument fut restauré.
[126] Le monument de Stanislas est placé dans l'église de Bon-Secours, du côté de l'Épître, vis-à-vis le mausolée de la reine de Pologne. Ce dernier représente un ange conduisant la princesse à l'immortalité. Il est de toute beauté.
Le mausolée du Roi est d'un travail moins délicat. La statue du prince est assise sur une urne, laquelle est appuyée contre une grande pyramide.
[127] En 1793, le caveau de Stanislas fut profané, les cercueils qu'il contenait brisés et les ossements dispersés. Ce n'est qu'en 1803 que l'administration municipale fit ouvrir le caveau et recueillir dans un même cercueil les ossements qui gisaient épars; c'étaient ceux du Roi et de la Reine de Pologne, du duc et de la duchesse Ossolinski; il y avait aussi le cœur de Marie Leczinska qui, suivant son désir, avait été déposé, après sa mort, dans le caveau.
[128] Voir appendice, no III, le testament du Roi.
[129] Voir appendice, nos IV, V, VI.
[130] Comme cette infinité de legs devait absorber des sommes considérables, il avait eu la précaution de déposer de son vivant 940,000 livres au trésor royal de France pour subvenir aux dispositions de son testament, et le Roi, «son très cher frère et gendre», s'était engagé à les faire payer au moment de son décès à ses exécuteurs testamentaires.
[131] A la mort de Stanislas on trouva dans sa cassette 580,000 livres; dans le tiroir de sa table 1,200 livres.
[132] Archives Nationales, K 1188.
[133] Cet état est tout entier de la main du Roi de Pologne.
TABLE DES MATIERES
| CHAPITRE PREMIER 1750 |
|
|---|---|
| La Cour de Lunéville en 1750.—Le Carnaval.—Fête à la Mission.—La société de Mme de Boufflers.—Le comte de Bercheny et sa famille | 1 |
| CHAPITRE II 1750-1751 |
|
| Arrivée du comte de Tressan en Lorraine.—Il s'éprend de la marquise de Boufflers.—Panpan devient son confident.—Il reçoit le Roi de Pologne à Toul | 23 |
| CHAPITRE III 1750-1751 |
|
| Mort de la princesse de la Roche-sur-Yon.—Mort du marquis de Boufflers.—Fondation de l'Académie de Nancy.—Rôle prépondérant joué par Tressan.—Panpan est nommé académicien.—Correspondance de Voltaire et de Panpan | 47 |
| CHAPITRE IV 1750-1752 |
|
| Passion de Tressan pour Mme de Boufflers.—Correspondance avec Panpan | 68 |
| CHAPITRE V 1740-1753 |
|
| Mme de Graffigny à Paris.—Cénie.—Les engagements indiscrets | 83 |
| CHAPITRE VI 1753 |
|
| Correspondance de Tressan.—Passion désordonnée pour Mme de Boufflers | 96 |
| CHAPITRE VII 1754 |
|
| Naissance de Mlle de Tressan.—Mort du prince de Craon.—Voltaire en Alsace et en Suisse | 110 |
| CHAPITRE VIII 1755 |
|
| Incendie du château de Lunéville.—Inauguration de la Place Royale et de la statue de Louis XV.—Discours de Tressan.—Le Cercle de Palissot | 129 |
| CHAPITRE IX 1756-1759 |
|
| Correspondance de Voltaire avec Tressan | 153 |
| CHAPITRE X 1756-1758 |
|
| Séjour de Mme de Boufflers à Versailles.—Mort de Mme de Graffigny | 175 |
| CHAPITRE XI 1757-1759 | |
| Difficultés politiques en Lorraine | 191 |
| CHAPITRE XII | |
| Les voyages du Roi à Versailles | 203 |
| CHAPITRE XIII 1756-1760 |
|
| Les enfants de la marquise de Boufflers | 217 |
| CHAPITRE XIV 1758-1760 |
|
| La vie de la Cour.—Les représentations dramatiques.—Passage du prince Xavier de Saxe.—Arrivée du nain Borwslaski.—Chagrin de Bébé.—Les réunions chez la marquise de Boufflers. Mme Durival.—Galanteries de Panpan.—Fâcheuse aventure de Mlle Alliot | 234 |
| CHAPITRE XV 1759-1760 |
|
| Tressan est nommé gouverneur de Bitche.—Voltaire envoie au Roi de Pologne l'Histoire de Charles XII.—Le Roi riposte par son ouvrage: L'Incrédulité combattue par le bon sens | 248 |
| CHAPITRE XVI 1760-1761 |
|
| La Comédie des Philosophes de Palissot.—Querelles à l'Académie de Nancy | 265 |
| CHAPITRE XVII 1760 |
|
| Mariage de Mlle de Boufflers avec le comte de Boisgelin.—Chagrin de Tressan | 274 |
| CHAPITRE XVIII 1760-1762 |
|
| Départ de l'abbé de Boufflers pour le séminaire.—Son chagrin.—La langue fourrée.—Mauvaises plaisanteries du jeune abbé.—Aline, reine de Golconde | 286 |
| CHAPITRE XIX 1760-1762 |
|
| L'abbé quitte la soutane et devient capitaine de hussards.—Il fait campagne.—Son retour à la Cour de Lorraine | 305 |
| CHAPITRE XX 1761 |
|
| Le régiment des gardes françaises passe à Lunéville.—Voyage de Mesdames à Plombières.—Plombières au dix-huitième siècle.—Réjouissances en l'honneur des princesses | 320 |
| CHAPITRE XXI 1762 |
|
| L'ordre des Jésuites est menacé.—Stanislas appelle Cerutti à Nancy.—Exil des Jésuites.—Chagrin de Marie Leczinska et de son père.—Mesdames viennent encore faire une saison à Plombières.—Arrivée de Christine de Saxe.—Projets de mariage.—Fêtes à Plombières et à Lunéville.—Incendie du kiosque.—Fêtes à Nancy.—Retour à Plombières | 336 |
| CHAPITRE XXII 1763-1764 |
|
| Mort de la princesse de Beauvau.—Mariage du prince avec madame de Clermont.—Stanislas publie les œuvres du philosophe bienfaisant.—Mort d'Auguste III.—Le chevalier de Boufflers va complimenter la princesse Christine.—Ses vers à cette occasion.—Il va assister au sacre de l'Empereur à Francfort | 353 |
| CHAPITRE XXIII 1764 |
|
| Voyage du chevalier de Boufflers en Suisse | 369 |
| CHAPITRE XXIV 1764-1765 |
|
| Séjour du chevalier de Boufflers à Ferney | 382 |
| CHAPITRE XXV 1763-1765 |
|
| Mort de Bébé.—Brouille du Roi avec le père de Menoux.—Installation de Tressan à la cour de Lorraine.—Les dernières années du Roi.—Sa tristesse.—Ses amusements: la chasse, la pêche, le trictrac.—Le jeu à la Cour.—Le faro.—Les plaisanteries du roi.—Visites de Le Kain et de la princesse Christine.—La fête du Roi.—L'Académie de Nancy | 396 |
| CHAPITRE XXVI 1766 |
|
| Séjour de Marie Leczinska à Commercy.—Mort du Dauphin.—Chagrin de Stanislas.—Cérémonie funèbre à la Primatiale de Nancy.—Accident arrivé à Stanislas.—Ses souffrances.—Sa mort.—M. de la Galaizière s'empare des deux duchés au nom de la France.—Testament du Roi | 420 |
| Appendice | 443 |
| Table | 455 |
PARIS
TYPOGRAPHIE PLON-NOURRIT ET Cie
Rue Garancière, 8