La vie secrète
II
Ce fut Thérèse qui la première osa se décider :
— Entrez, Monsieur ; puisqu’il n’y a plus qu’à attendre, vous serez mieux au jardin.
— En vérité, je crains d’être indiscret.
— Nullement.
Très calme, Thérèse invitait Jude à la suivre. Il s’inclina et, dirigé par elle, traversa la maison.
Le jardin parut. Prairie ou taillis ? on n’aurait su. Il y avait eu là jadis des allées, à droite aussi des chênes jalonnaient une haie ; mais les allées avaient sombré sous l’invasion des plantes, la haie se confondait avec les branches neuves. Çà et là seulement des passeroses dressant leurs lampions au bout de hampes géométriques mettaient sur ce désordre un air de fête foraine.
— Espérons qu’ils vont revenir tous deux, reprit Thérèse. C’est absurde peut-être, mais je me sens affreusement inquiète.
Jude hocha la tête :
— Rassurez-vous : il est possible que j’aie mal vu.
— Non, hier soir déjà, M. Lethois se plaignait d’être souffrant. J’éprouve un remords aigu de ne pas avoir insisté sur ce sujet.
— Il est possible aussi qu’il y ait eu à ma rencontre une raison fort simple qui nous échappe. Tant de faits, en apparence inexplicables, s’expliquent aisément !
— Le ciel vous entende !
Et ils commencèrent de marcher dans une allée — la seule restée intacte — qui longeait la maison. Ils s’efforçaient de ne penser qu’à Lethois, mais déjà leurs âmes étaient ailleurs et involontairement ils cherchaient à s’observer.
— Y a-t-il longtemps que vous étiez chez lui ? demanda enfin Jude pour rompre le silence.
— Seulement depuis hier.
— Mais… vous êtes de ce pays ?
— De Paris, comme vous.
— Et vous y êtes installée ?…
— Depuis trois ans.
Jude, surpris, acheva :
— Toujours comme moi.
Un pli barra le front de Thérèse :
— C’est sans doute à ces coïncidences que nous sommes redevables de la plaisanterie du docteur. N’ayant pas d’habileté pour déchiffrer les rébus, j’avoue que je n’avais pas compris.
Jude répliqua vivement :
— Pontillac est un original. Ce qu’il dit est sans importance.
Il poursuivit, après une courte pause :
— Que j’aie souhaité profiter, pour vous connaître, de l’occasion d’un voisinage fortuit, j’aurais tort de le nier. Encore, en ce moment — je serai franc — ne puis-je dire si c’était vous que je désirais approcher ou le grand souvenir que vous représentez. Il y a des cultes que l’on aime à vivifier au contact du réel.
— Alors… vous aussi ? interrompit Thérèse, incertaine.
Son visage s’était fermé. Pour la seconde fois depuis hier, on lui parlait ainsi de son père. Tant de sympathies succédant à tant d’hostilités provoquaient sa défiance.
— Je ne vous apprends rien, n’est-ce pas, reprit Jude, en disant que ma génération a subi violemment l’empreinte des idées de votre père. J’ai fait comme les autres.
Malgré la sincérité de l’accent, les yeux clairs de Thérèse demeurèrent incrédules.
— Comme les autres aussi, j’ai changé. L’âge venant, on s’aperçoit qu’une part notable des convictions de la jeunesse résulte d’un entraînement de milieu. Jadis je me serais battu pour des opinions que je ne raisonnais pas ; aujourd’hui, je suis tenté de les récuser toutes par excès de critique. Cela prouve simplement que les années rendent sceptique.
L’aveu qui aurait blessé Thérèse à une autre heure désarma sa défiance.
— Un scepticisme dont vos ouvriers, dit-on, ne méprisent pas les avantages, répliqua-t-elle avec un sourire léger.
Ce fut au tour de Jude d’avoir un geste d’impatience.
— Ne parlons pas de mes ouvriers.
Et un silence suivit.
— Comme Pontillac tarde à revenir ! dit encore Thérèse.
S’apercevant ensuite qu’ils s’étaient arrêtés, elle se remit en marche. De nouveau, ils tentèrent de revenir au seul sujet qui devait les inquiéter, mais plus fort que leurs volontés, le souci de se mieux connaître les entraînait. A la dérobée, Thérèse osa regarder Jude. Impression inattendue, devant cet inconnu elle éprouvait la même sécurité qu’en prenant un livre familier et qui de lui-même va s’ouvrir à la page préférée. Jusque-là aussi, elle n’avait pas songé à remarquer que, seul parmi tous les êtres rencontrés dans ce pays, il n’avait pas l’accent.
De Thérèse à ce moment, Jude n’apercevait que la main, car il restait les yeux baissés. Il y a des mains qui parlent. Après avoir attiré le regard de Jude, celle-ci le retint. Elle suggérait le désir de la prendre pour y poser les lèvres. Jude aurait voulu s’en emparer, imaginant qu’à ce contact il deviendrait subitement très heureux et satisfait.
— Quelle singulière chose ! on dirait que vous regrettez ce que vous avez fait, reprit soudain Thérèse, sans réfléchir à ce qu’il y avait d’insolite à renouer la conversation au point précis où tous deux l’avaient abandonnée tout à l’heure.
Jude tressaillit, puis affectant l’indifférence :
— Non, dit-il enfin.
Très franche, elle riposta :
— Vous en avez l’air.
Jude haussa les épaules :
— Après tout, c’est possible.
— Certain.
— Je ne sais pas.
Cette fois, le regard de Jude avait fui. Il revint ensuite à la main de Thérèse, cette petite main devenue frémissante et qui semblait vouloir communiquer sa force.
Thérèse s’efforça de sourire :
— Savez-vous que le docteur était peut-être moins original que nous l’avons pensé ?
— Je vous en prie, laissons de côté sa stupide plaisanterie.
— Stupide, en effet. Je n’ai la prétention de consoler personne. Et pourtant…
— Pourtant ? répéta Jude.
Sans y prendre garde, ils s’étaient mis à parler d’une voix plus sourde : avant même d’y songer, ils avaient déjà le maintien de gens qu’absorbe une confidence.
Thérèse reprit :
— Mon père avait coutume de dire que le plus clair de nos souffrances tient à l’ignorance des causes et qu’il suffit presque d’en parler pour savoir comment les guérir.
Il répliqua d’un ton acerbe :
— Je n’ai rien à guérir ; je ne me plains pas. Quand je suis venu tenter ici une expérience, je n’avais pas la prétention de m’embarquer dans une idylle et cette tentative même supposait le doute. Si je découvre, après essai, que l’ouvrier reste l’ennemi irréconciliable, il n’y a qu’à me répondre : « Tant mieux ! vous souhaitiez d’être éclairé, vous l’êtes, restez-en là ! »
— Prenez garde ! murmura Thérèse doucement, vous êtes injuste.
— Injuste ?
— Ou vous allez l’être : on l’est toujours quand on devient violent.
— Je devine, vous imaginez, vous aussi, les ouvriers d’après les conceptions simplistes des philosophes en chambre. Peut-être même en avez-vous approché quelques-uns ? Il devait en exister un lot chez votre père, chaque dimanche, et vous revoyez ceux-là, timides, naïfs, quêtant la bonne parole comme une semence, ne se plaignant jamais du patron qui les hait, mais glissant au bon moment le mot qui les fera plaindre : vous les revoyez, auréolés d’une ignorance qui s’affiche candide, étalant au besoin une vilenie bien choisie pour donner l’illusion d’un sauvetage… Moi aussi, je les ai connus, ceux-là, les pires ! De jolis fauves apprivoisés qui, sous couleur de socialisme, forçaient les portes interdites et avec une admirable sûreté d’instinct guettaient l’occasion de s’embourgeoiser aux dépens de l’imbécile qui les accueille ! Mais les autres, les vrais, en avez-vous jamais vu ? Je vous répète qu’il faut avoir vécu à l’usine, près d’eux, pour savoir ce qu’ils sont, ce qu’ils valent…
A mesure qu’il parlait, le jardin avait disparu ; il se retrouvait dans l’usine dont il parlait, devant ces êtres pour lesquels il avait sacrifié sa vie et qui en récompense allaient sacrifier son œuvre. Tout à coup, la lumière de la tourmente venait de déchirer la nue : pareil à Clerc, là où il avait découvert si longtemps des victimes de l’erreur sociale, il n’apercevait plus que des unités hostiles, la foule inepte pour qui la force est l’argument suprême.
Il eut une sorte de haut-le-corps où se mélangeaient du dégoût, de la colère, et une atroce déception :
— Des gens d’une autre race, d’une autre langue, sournois et féroces, rebelles à toute direction comme aux suggestions de leur intérêt, voilà donc avec quoi j’ai tenté de refaire un âge d’or ! On n’est vraiment pas plus naïf !
Thérèse le regarda, prise de pitié.
— Comme vous souffrez ! répliqua-t-elle simplement. Si vous aviez cru ce que vous dites, vous ne vous seriez jamais décidé à tenter l’entreprise.
Il eut un rire forcé :
— En vérité, parlons plutôt de Pontillac. Lethois l’aurait-il égaré à sa suite ?
— Vous riez, dit encore Thérèse tristement, comme on rit dans la tourmente.
— Faut-il vous répéter que je n’éprouve aucun chagrin ?
— Ne le dites pas : rien qu’au son de votre voix, à la façon dont vous me regardez, je devine que votre âme est à vif. Si vous étiez seul, vous crieriez de douleur !
Jude pâlit.
— Et après ? Supposons que vous deviniez juste : votre clairvoyance ira-t-elle jusqu’à trouver le remède à un mal qui n’en comporte pas ?
— Il y a toujours des remèdes : affirmer qu’il n’y en a pas est une manière de s’excuser quand on se refuse à les prendre.
La réponse de Thérèse avait sonné comme un défi. Les lèvres tremblantes, Jude s’arrêta :
— Alors, essayez donc ce miracle d’effacer ce qui est, pour ressusciter ce qui n’est plus ! C’est vrai que jadis je suis venu, ivre de théories, convaincu que l’argent et la bonne volonté suffiraient pour les réaliser. Quelles illusions ! En ce temps-là j’aurais voulu ouvrir les bras, appeler à moi tous les va-nu-pieds, les meurt-la-faim, l’écume des routes, chemineaux, galvaudeux, sans-travail et repris de justice ! J’approuvais leurs révoltes, leurs vices. Je leur étais reconnaissant de n’être que féroces ; je leur criais : « Arrivez donc ! plus de haines ! Vivons en hommes libres ! Faisons lever une aube de justice telle qu’en la voyant chacun voudra marcher vers elle ! » Parfaitement, je disais cela, je le pensais !… Je n’avais oublié que la réalité. J’imaginais des martyrs là où il n’y a peut-être que des malfaiteurs !
Les yeux de Thérèse s’enflammèrent :
— En êtes-vous bien sûr ?
A son tour, entraînée par une ardeur mystérieuse, elle se redressait :
— Oui, je vous le demande, êtes-vous bien sûr d’avoir tenu vos engagements et réalisé cette justice que vous aviez promise ? Je ne suis qu’une ignorante. Je ne sais rien non plus de ce que vous avez fait ; et pourtant, tout à l’heure déjà, vous avez prononcé des mots qui m’ont troublée. Ils sont, disiez-vous, rebelles à toute direction. Faut-il donc, pour vous être agréable, abdiquer sa volonté, et vous croyez-vous à ce point infaillible que vous osiez imposer à chacun la règle qui vous plaît ? Ils sont envieux, méchants et lâches : soit. Depuis combien de temps les avez-vous accueillis, et vous flattiez-vous d’abolir en une heure la trace d’une vie d’asservissement ? Ce serait vraiment trop commode s’il suffisait d’un geste généreux pour faire renaître sur terre l’équité qui n’y est plus !
Il voulut l’interrompre : elle l’arrêta du geste.
— Savez-vous encore si cette heure de crise, le doute qui vous étreint, le danger qui vous menace ne seront pas votre salut ? Je dis bien : le salut pour votre œuvre et pour vous-même ! Tant de fois on s’arrête après un premier effort. Parce qu’il a coûté beaucoup et laisse après lui une immense fatigue, aisément on déclare l’entreprise achevée ; cependant on n’a donné qu’un coup de pioche, on n’a même pas achevé de détruire, et tout est à bâtir !
Railleur, Jude eut une exclamation :
— Peste ! que vous faut-il ? Allez-vous m’offrir, maintenant qu’ils voudraient me chasser, de leur rendre les clés sur un plat d’or en leur disant merci ?
— Pourquoi non ? Je ne suis qu’une ignorante, mais il est des choses que je sais pour les avoir vécues. Je sais qu’il ne suffit pas de décréter une règle pour observer la loi qu’elle doit traduire ; je sais qu’on peut être rassuré par une conviction, lutter pour elle et tout à coup s’apercevoir qu’elle s’évanouit au premier souffle de tempête…
— On peut être sincère et se tromper !
— On peut adhérer à des formules et ignorer l’esprit qui les anime.
— Je vous cite des actes !
— Je vous donne un exemple.
— Lequel ?
— Le mien !
Les mains de Thérèse s’étaient crispées ; cependant elle continuait de couvrir de son regard clair cet homme, hier encore inconnu d’elle, auquel, avec une sorte de joie farouche, elle acceptait de livrer sa pensée la plus secrète :
— Écoutez bien : dans ma vie je n’ai jamais eu qu’un respect, mon père, qu’un amour infini et sans limites, lui toujours. Je ne crois pas l’avoir quitté un jour pendant sa vie : mort, il reste présent.
Elle s’interrompit :
— Mon Dieu ! que ce passé est douloureux à rappeler et comme j’en suis loin ! Je travaillais près de lui, pour lui. Mon âme était en quelque sorte fondue dans la sienne. Nous en étions arrivés à ne plus nous parler parce que nous savions d’avance ce que nous allions dire. Il n’était pas seulement mon orgueil, il était ma conscience. Je jugeais mes moindres actes à travers lui. Je confrontais mes pensées avec les siennes. J’aimais ce qu’il aimait : je haïssais comme lui. Il lui arrivait de m’appeler en riant : « Mon cher disciple » et c’était exact : j’aurais, je crois, accepté le martyre pour défendre la foi qu’il avait su me donner. Chair et esprit, j’étais donc sienne et cependant…
Thérèse baissa la tête. Elle semblait s’adresser maintenant à ce père qu’elle évoquait :
— Cependant l’heure est venue où, me trouvant seule, en butte aux hostilités du dehors et aux suggestions lâches de ma propre conscience, j’ai cru — vous entendez bien — j’ai cru qu’il s’était trompé ! Ah ! l’abominable crise ! Brusquement, tout s’effondra. Ce qu’il m’avait appris, ce que j’avais accepté comme une religion sacrée, mon respect, tout, vous dis-je, fut effacé. En moins de trois jours, j’étais devenue l’épave qui roule au hasard du flot et va se perdre dans la mer !
Elle fit une courte pause.
— Vous aussi ! murmura Jude.
— Moi aussi, j’ai nié le remède ; moi aussi, j’ai nié le salut. Or me voici redevenue pareille, plus forte et sauvée ! Ce salut auquel je ne croyais pas est venu par la voie la plus imprévue, la plus humble au gré des hommes… Près de moi, il y avait une servante illettrée, crédule, dévote, mais admirablement droite. La droiture de l’âme tient lieu de toute science. Parce qu’elle m’aimait, elle seule avait deviné, surveillait les progrès du désastre, et c’est elle que j’ai trouvée devant moi, à la minute suprême où vaincue j’allais céder. « Fais ce que tu voudras, dit-elle, mais relis d’abord ! » Et je dus relire le testament où mon père avait, quelques jours avant sa mort, résumé pour moi la foi de sa vie. Je relus… Quand je vous affirmais qu’on peut avoir observé dix ans la lettre sans pénétrer l’esprit ! Certes, je connaissais ce testament, j’en savais les phrases par cœur ; à cette minute seulement, j’ai compris ! Tout auparavant n’avait été chez moi qu’instinct et habitude. J’avais dormi, bercée par des mots. La tempête en soufflant venait de chasser les mots : je m’éveillai dans la lumière !
Elle se tut. Autour d’eux, le bourdonnement qui peuple l’air semblait suspendu. Abrités par la maison et le rideau des arbres, ils étaient à mille lieues du monde environnant, et justement parce que ce lieu était secret, peut-être aussi parce que leurs âmes se découvraient sous le couvert de métaphysiques vaines, ils éprouvaient une langueur singulière à rester ainsi côte à côte.
Jude répondit enfin, avec un geste las :
— C’était une crise de sentiments. Je lutte contre des faits.
— Ce sont aussi des faits qui vous sauveront.
— C’est-à-dire le hasard…
— Non, vos actes.
De nouveau, ils retombèrent dans le mutisme délicieux qui, plus que les paroles, faisait descendre sur eux un apaisement.
Soudain, un tintement de grelots grésilla sur la route.
— Pontillac !
— Lethois !
La maladie de celui-ci, leur inquiétude initiale, cela même pour quoi ils avaient été réunis et attendaient, ils avaient donc tout oublié !
D’un mouvement prompt, Jude saisit la main que Thérèse ne lui avait pas offerte.
— Amis, n’est-ce pas ?
Thérèse ne répondit pas, mais la main ne fit aucun effort pour se dérober.
— Adieu !
— Vous partez ?
Les yeux de Jude exprimèrent une lassitude découragée.
— Ah ! dit-il, que m’importent ces gens ! Je ne serais bon à rien ici, tandis que chez moi…
— Chez vous ?
— Quelqu’un attend peut-être mon retour avec l’annonce d’une grève !
— La grève ! En êtes-vous là !
— Rassurez-vous : je n’ai pas peur.
— Si j’avais su !…
— Vous auriez parlé de même et vous auriez bien fait.
Rapidement il rejoignit l’entrée, traversa la maison. On eût dit qu’il s’évadait. Thérèse, elle, n’avait pas bougé. Cette grève possible venait de la remplir d’effroi tout à coup, comme si, avec l’œuvre de Servin, quelque chose d’elle-même eût menacé de sombrer. Échappée au présent, elle attendit ensuite. Elle imaginait, devant l’usine en ruines, le désespoir de cet homme qu’elle ne connaissait pas une heure auparavant, qu’elle ne reverrait peut-être jamais plus ; et parce qu’elle était impuissante à l’empêcher, elle se sentait écrasée d’amertume. Elle aurait donné dix ans de sa vie pour écarter un pareil avenir. Cependant des voix s’élevaient, une voiture arrivait… Lethois sans doute qu’on ramène… Et s’arrachant à l’étrange rêverie elle quitta le jardin.
Dehors, Jude venait de rencontrer Pontillac qui rentrait sans Lethois.
— Compliments ! criait le médecin, vous avez une façon à vous de semer les gêneurs.
— Qu’entendez-vous par là ?
— J’entends que vous excellez dans le récit de drames imaginaires, et que j’y fus pris comme un sot. Êtes-vous au moins satisfait du petit entretien que ma naïveté vous procura ?
Et comme Jude continuait son chemin sans répondre, Pontillac tout à coup éclatait de rire :
— L’imbécile ! aurait-il déjà reçu le coup de foudre ?