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Mes cahiers rouges au temps de la Commune

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NOTES


[1] Ce même jour, mercredi 24 mai, à midi et demie, le docteur Faneau, qui, avec son confrère L. de Franco, était à la tête de l’ambulance établie au séminaire de Saint-Sulpice, avait été passé par les armes, avec quatre-vingts fédérés blessés.

[2] On trouvera la reproduction de cette carte, délivrée par le major de la place Vendôme, page 284 de l’album l’Invasion, le Siège de la Commune, par Armand Dayot.

[3] Tridon (Gustave), membre de la Commune (5e arrondissement). Auteur des Hébertistes. Député (démissionnaire) à l’Assemblée de Bordeaux.

[4] Delescluze (Charles). Membre de la Commune (11e arrondissement). Délégué à la guerre (11 mai). Tué à la barricade du boulevard Voltaire (25 mai).

[5] Vallès (Jules). Membre de la Commune (15e arrondissement). Rédacteur en chef du Cri du Peuple.

[6] Longuet (Charles), membre de la Commune (16e arrondissement). Sous le siège, chef élu du 248e bataillon (5e arrondissement).

[7] Rogeard (Auguste), membre de la Commune (n’a pas siégé, démissionnaire après son élection). Auteur des Propos de Labiénus (1865).

[8] Le titre exact du livre est: Le Socialisme d’hier et celui d’aujourd’hui, par Th.-N. Besnard. Paris, Guillaumin. 1870.

[9] Cissey (Courtot de), général de division (1871), commandant le 2e corps de l’armée de Versailles.

[10] Maître (Gustave), chef du 205e bataillon fédéré, puis chef du bataillon des Enfants du Père Duchêne.

[11] Vermersch (Eugène), journaliste et poète, l’un des trois rédacteurs du Père Duchêne (Vermersch-Humbert-Vuillaume).

[12] Dès l’entrée des troupes versaillaises, les pompiers qui étaient restés au service de la Commune furent en butte aux plus cruelles représailles. On accusait ces infortunés d’activer les incendies en emplissant leurs pompes de pétrole!

[13] Rigault (Raoul), membre de la Commune (8e), délégué à l’ex-préfecture de police. Procureur général de la Commune (27 avril).

[14] Sapia (Théodore), chef du 146e bataillon de la Garde Nationale sous le siège. Blessé grièvement le 22 janvier, place de l’Hôtel-de-Ville, et transporté à l’Hôtel-Dieu, il expira pendant le trajet.

[15] Vaillant (Edouard), membre de la Commune (8e arrondissement). Délégué à l’enseignement (21 avril). Aujourd’hui député de Paris.

[16] Le sergent se trompait. Ceux qui étaient conduits à l’Ecole militaire étaient fusillés dans la cour même de l’Ecole, ou dans la cour de l’ancienne Ecole d’Etat-Major de la rue de Grenelle. Voici, entre tous, un épisode de ces jours sinistres. Il m’a été récemment conté par un ami, le propre fils de l’officier supérieur qui commandait en 1871 à l’Ecole militaire. Le narrateur avait, à l’époque de la Commune, quinze ans.

«La femme d’un commerçant du voisinage était venue, éplorée, réclamer son mari, arrêté quelques heures auparavant.—Il vient de sortir à l’instant, répondit-on à la femme quand elle se présenta au poste installé dans l’ancienne Ecole qui servait de quartier-général. C’était vrai. Le malheureux venait de sortir, mais étendu dans une voiture à bras de boulanger, les deux pieds dépassant sous le couvercle abaissé. Le sang coulait à travers les planches du fond. L’homme avait été fusillé dans le jardin de l’Ecole, contre un vieux mur tapissé de lierre.»

Autre épisode, de la même source, et toujours à l’ancienne Ecole d’Etat-Major de la rue de Grenelle:

«Un des jours de la semaine de Mai, un matin, une femme portant un nourrisson dans les bras, reconnaît, parmi les prisonniers que l’on conduisait fusiller, son mari. Elle se précipite, veut lui parler. Mais un coup de crosse la jette sur la bordure du trottoir, tandis que l’enfant va rouler dans le ruisseau.»

[17] C’est à cette place, adossé au piédestal de l’un des lions de pierre (celui de gauche) qui ornent l’entrée de l’avenue de l’Observatoire, que fut fusillé, le matin du 28 mai, le docteur Tony-Moilin. Son seul crime avait été de faire partie, dans les premiers jours qui suivirent le 18 mars, de la municipalité du 6e arrondissement (Saint-Sulpice).

[18] Treillard, directeur de l’Assistance publique (13 avril). Arrêté à son domicile après l’occupation du 5e arrondissement (Panthéon); conduit à l’Ecole polytechnique, il y fut passé par les armes.

[19] Millière (J.-B.), élu à l’Assemblée nationale (1871). Fusillé sur les marches du Panthéon, le 26 mai. Le capitaine Garcin, qui dirigeait l’exécution, fit mettre de force Millière à genoux.

[20] Maxime du Camp, auteur des Convulsions de Paris. Membre de l’Académie française. Décoré après les journées de juin 1848.

[21] Regnault (Henri), peintre, auteur de la Salomé, du Maréchal Prim, etc., tué à Buzenval.

[22] Lambert (Gustave), explorateur, auteur d’un projet de voyage au pôle Nord, tué à Buzenval.

[23] Giffault (Emile), commissaire à l’ex-Préfecture de police, condamné aux travaux forcés à perpétuité.

[24] Privé (Francis), membre de la municipalité du 6e arrondissement (Saint-Sulpice).

[25] Ces lignes ont été écrites après une visite au vieux cimetière de Charonne, en mars 1897.

[26] Voir Enquête parlementaire sur l’Insurrection du 18 mars, édition in-quarto. Déposition du maréchal de Mac-Mahon, page 183.

[27] Lachaise (Marguerite Guindaire, femme Prévost, dite), acquittée dans le procès de l’Archevêque, condamnée à mort (puis commuée) dans le procès Beaufort (19 juin 1872).

[28] Un de ces ordres, en date du 7 avril 1871, est reproduit dans l’Autographe, volume I, page 230. Voir aussi Officiel, 17 avril.

[29] Edouard Moreau, membre du Comité central, fusillé à la caserne Lobau, le 25 mai.

[30] Cluseret (Gustave), membre de la Commune, délégué à la Guerre (4 avril-1er mai).

[31] Dombrowski (Jaroslaw), général commandant la première armée (Neuilly), blessé mortellement le 23 mai à la barricade de la rue Myrrha, mort à l’hôpital Lariboisière.

[32] Avrial (Augustin), membre de la Commune (11e arrondissement), membre de la Commission exécutive (11 avril), membre de la Commission de la guerre (22 avril).

[33] Genton (Gustave), juge d’instruction attaché au parquet du procureur de la Commune (15 mai), condamné à mort, procès de l’Archevêque. Fusillé à Satory le 30 avril 1872.

[34] Ferré (Théophile), membre de la Commune (18e), délégué à la Sûreté générale (14 mai). Fusillé à Satory le 28 novembre 1871.

[35] Gois (Emile), colonel d’état-major, président de la cour martiale (13 mai).

[36] Fortin (Emile), condamné à dix ans de travaux forcés, procès de l’Archevêque.

[37] Lissagaray (Histoire de la Commune, édition Dentu, page 552) reproduit une lettre signée de Beaufort, adressée au général Borel. Mais il déclare qu’il n’en a pas confronté l’écriture avec celle du capitaine de la Commune. Lissagaray semble ignorer la parenté de Beaufort et d’Edouard Moreau.

[38] Sur l’emplacement de ce chantier était (1899) un café-concert.

[39] Duval (Emile-Victor), membre de la Commune (13e arrondissement), fusillé le 4 avril, au Petit-Bicêtre, sur ordre du général Vinoy.

[40] Lors de la publication de ce récit dans l’Aurore (mai 1902), je reçus de mon vieil ami et camarade de proscription Gouhier, membre du Comité central du 18 Mars, ancien combattant de Juin, alors (1907) âgé de près de quatre-vingts ans, et qui finit ses jours à la maison municipale de retraite de Brévannes—ces communards se sont tous fait des rentes!—la note suivante:

«... J’ai vu de près, m’écrivait Gouhier, l’affaire du capitaine de Beaufort. Je me trouvais avec son cousin, notre infortuné Edouard Moreau, et Gaudier, à la porte du Conseil de guerre (la cour martiale de la rue Sedaine), et j’appris de Moreau, qui y était entré et qui venait d’en sortir, que Beaufort était perdu. Je voulais à toute force pénétrer dans la salle, pour essayer de tirer de là Beaufort, étant connu moi-même dans le onzième arrondissement, et très lié avec Genton. Mais Moreau m’entraîna, et nous nous rendîmes ensemble, pour y retrouver Grêlier, avec qui nous avions rendez-vous au sujet de l’intendance, chez un frère de ce dernier, qui demeurait tout près. De là nous entendîmes les coups de feu.»

La note de Gouhier confirme que Beaufort était parent d’Edouard Moreau.

On sait qu’Edouard Moreau fut l’un des membres les plus actifs du Comité central. C’est à Edouard Moreau que fut confiée la rédaction des proclamations adressées au peuple de Paris, après la victoire du 18 Mars.

Arrêté le jeudi 25 mai, conduit à la cour martiale du Châtelet, Edouard Moreau fut fusillé à la caserne Lobau.

La parenté d’Edouard Moreau et de Beaufort explique l’adhésion de ce dernier à la Commune, et détruit cette légende d’espionnage dont on avait injustement flétri la mémoire du capitaine fusillé place Voltaire.

Gaudier et Grêlier, dont il est question dans la note ci-dessus, faisaient partie, comme Edouard Moreau et Gouhier, du Comité central.

[41] Le jury d’accusation, convoqué tardivement, toujours dans l’attente d’une solution pacifique, ne siégea pour la première fois que le 19 mai. Voir, à ce sujet, la conversation entre Raoul Rigault et maître Rousse, bâtonnier des avocats, défenseur de Gustave Chaudey, reproduite dans Leçons du 18 mars, d’Edmond de Pressensé, page 157.

[42] Les otages arrivés le lundi soir à la Roquette avaient été enfermés dans les cellules de la quatrième section (1er étage du bâtiment de l’Ouest). Les otages arrivés le mardi furent enfermés dans les cellules de la troisième section (1er étage des bâtiments de l’Est); au deuxième étage étaient les gardes de Paris, les gendarmes et sergents de ville.

[43] Le décret du 5 avril 1871 dit: «Chaque exécution d’un prisonnier de guerre ou d’un partisan du gouvernement régulier de la Commune de Paris sera suivie sur le champ de l’exécution d’un nombre triple des otages retenus par le verdict d’accusation et qui seront désignés par le sort.»

[44] Sur cet ordre d’exécution, et sur ce qui suivra, les erreurs de M. Maxime du Camp ne se comptent pas. La mort des otages fut, pour lui, décidée par une cour martiale où siégeaient Genton, un vieillard «sordide» et un officier fédéré «ivre». (Convulsions, I, page 260, 8e édition) Cette cour martiale désigna l’archevêque. (page 261) Genton écrivit la liste avec l’archevêque en tête. (page 263) C’est Mégy qui se rend au greffe pour y porter la liste. (page 264) C’est Ferré qui envoie Sicard à la Roquette. Enfin, c’est Genton qui commande le feu. (page 270) Autant d’affirmations, autant d’erreurs. Nous ne relevons que celles-là.

[45] La Roquette n’existe plus. Ceux qui voudront suivre les incidents de ce récit pourront consulter les photographies qui en ont été prises avant la démolition en 1900; elles sont au musée Carnavalet.

[46] François (J.-B.), directeur de la Roquette: travaux forcés à perpétuité, procès Archevêque; mort, affaire rue Haxo; fusillé à Satory le 24 juillet 1872.

[47] Deguerry, curé de la Madeleine, arrêté le 4 avril; Bonjean, ex-président de la Cour de Cassation, arrêté le 21 mars; les Pères Clerc et Ducoudray, arrêtés le 4 avril à la maison des Jésuites de la rue Lhomond; le Père Allard, aumônier des ambulances, arrêté le 5 avril. Voir, sur le Père Allard, le très curieux article de Lucien Descaves, dans le Figaro du 26 juin 1907.

[48] L’archevêque Darboy avait été arrêté le 4 avril, et conduit à Mazas, en même temps que son vicaire, Lagarde.

[49] Flotte (Benjamin), condamné à cinq ans de détention dans l’affaire du 15 mai 1848. Chargé, par Raoul Rigault, d’une mission à Versailles, au sujet de l’échange des otages contre Blanqui, prisonnier. (Voir sa brochure Blanqui et les Otages)

[50] Affre (Denis-Auguste), archevêque de Paris, blessé mortellement à la barricade du faubourg Saint-Antoine, le 25 juin 1848.

[51] Sibour (Auguste), archevêque de Paris, succéda à Affre. Assassiné à Saint-Etienne-du-Mont par un prêtre interdit, Verger. Ce fut Sibour qui célébra à Notre-Dame le fameux Te Deum du 1er janvier 1852 qui inspira à Victor Hugo les vers vengeurs des Châtiments:

Prêtre, ta messe, écho des feux de peloton,
Est une chose impie.

[52] Monseigneur Darboy fait ici allusion à ses démêlés bien connus avec Rome.

[53] Sicard (Benjamin), capitaine d’état-major à la préfecture de police. Arrêté après la semaine de mai, mort à l’hôpital de Versailles.

[54] Le colonel commandant l’ex-préfecture de police était Chardon (J.-B.), membre de la Commune, élu par le 13e arrondissement.

[55] Cette route des otages peut être suivie sur les quatre photographies prises après la Commune, reproduites, d’après celles que je possède, dans Le Siège, l’Invasion, la Commune, de M. Armand Dayot. Bien entendu, les personnages photographiés sont des mannequins, et il ne faut ajouter aucune foi à leur disposition, encore moins aux figures de convention qui leur ont été attribuées. Ces photographies reconstituent toutefois avec exactitude l’état de la prison aujourd’hui disparue.

[56] Lolive (Joseph), garde au 254e bataillon fédéré, ne fut pas compris dans les accusés du procès de l’Archevêque. Il comparut plus tard, le 25 mai 1872, devant le conseil de guerre. Condamné à mort. Fusillé à Satory le 18 septembre 1872.

[57] Quand il comparut devant le conseil, Lolive avoua avoir rechargé son fusil.

Le président.—Combien avez-vous tiré de coups de fusil?

Lolive.—Deux, je crois.

Le président.—Alors, non content d’avoir tiré un premier coup de feu, vous avez rechargé votre arme pour tirer de nouveau.

[58] Vermorel (Auguste), membre de la Commune (18e arrondissement); blessé boulevard Voltaire le 25 mai.

[59] Jourde (François), membre de la Commune (5e arrondissement); délégué aux finances (21 avril).

[60] Theisz (Albert), membre de la Commune (12e arrondissement); délégué aux postes et télégraphes (6 avril).

[61] Un de nos amis a connu à Londres l’un des hommes du peloton, Jouannin, mort, lui aussi. Jouannin, qui avait vingt ans en 1871, servit, pendant les deux mois de la Commune comme cuisinier à l’office du Palais de la Légion d’honneur. La défaite arrivée, il avait pris le fusil. Il passait place Voltaire quand le peloton se dirigeait vers la Roquette. Il se mêla aux hommes, et les suivit jusqu’au mur. Jouannin mourut il y a une dizaine d’années, à Moulins, sa ville natale. Sa famille lui fit faire des obsèques religieuses. A Londres—m’écrivait, peu de temps avant sa mort, Hector France—j’ai connu Jouannin, qu’on appelait, ironiquement, l’assassin.

[62] Wurth (Gustave), juge d’instruction au parquet du procureur de la Commune (18 mai).

[63] Mégy (Edmond), commandant du fort d’Issy (18 avril). Connu pour avoir, sous l’Empire, tué, d’un coup de revolver, l’agent de police qui venait l’arrêter.

[64] Ce furent les seules paroles prononcées par Veysset. Lissagaray (Hist. Commune, Dentu) attribue à Veysset d’après Wurth, ces mots: «Vous répondrez de ma mort au comte de Fabrice.» Jamais ces paroles ne furent prononcées. Pilotell, qui n’a pas quitté Veysset, et qui était à deux pas de lui, quand il fut fusillé, les aurait entendues.

[65] Serizier, chef du 101e bataillon sous le siège, colonel commandant la 13e légion sous la Commune. Fusillé à Satory le 25 mai 1872.

[66] Me Renoult, qui défendit Lucipia devant le conseil de guerre qui jugea, en février 1872, les accusés de l’affaire des Dominicains, est le père de M. René Renoult, sous-secrétaire d’Etat aux finances.

[67] Wroblevski (Boleslas), général commandant la troisième armée (rive gauche). Mort à Ouarville (Eure-et-Loir) le 5 août 1909.

[68] Je joins à la lettre de Léo Melliet un plan détaillé sur lequel peuvent être suivis les différents incidents du drame, depuis l’arrestation des Pères jusqu’à leur sortie de Bicêtre le jeudi 25 mai. Ce plan a été dressé par Lucipia, lorsqu’il attendait, dans la prison, l’heure de comparaître devant le conseil de guerre.

[69] Lucipia faisait partie de la rédaction du Cri du Peuple de Vallès. Sa présence au fort de Bicêtre et à Arcueil le jour de l’arrestation des Dominicains le fit comprendre dans les poursuites. Le conseil de guerre le condamna à la peine de mort, qui fut commuée en travaux forcés à perpétuité.

[70] Edmond Turquet, député, arrêté le 19 mars avec les généraux Chanzy et de Langourian. (Voir plus loin la note de M. Gaudin de Villaine.)

[71] La 13e légion, commandée par Serizier, se composait des 42e, 101e, 102e, 120e, 133e, 134e, 176e, 177e, 183e et 184e bataillons.

[72] Le Mot d’Ordre du 5 mai 1871.

[73] Le Père Duchêne, No 53, du 18 floréal 79.

[74] Cette lettre a été publiée dans le Radical (alors dirigé par Mottu), du 27 mai 1872, quatre jours après l’exécution à Satory (25 mai) de Serizier, Boin et Boudin. Elle avait été apportée au Radical par le fils du fusillé.

[75] La note de M. Gaudin de Villaine a été publiée dans la Libre Parole du 19 mars 1909.

[76] Girault (Alexandre), secrétaire du commissaire de police du 12e arrondissement, Clavier. Condamné aux travaux forcés à perpétuité. Plus tard député de Paris (Belleville).

[77] Thaller, sous-gouverneur du fort de Bicêtre (9 mai).

[78] Un récit de l’exécution de Jecker a paru dans les Droits de l’Homme du 19 janvier 1877, sous la signature Z. Marcas, pseudonyme de notre regretté ami Eugène Razoua, député démissionnaire de la Seine à l’Assemblée de Bordeaux, commandant sous la Commune l’Ecole militaire, mort en exil, à Genève, en 1878.

Razoua tenait son récit d’un réfugié qu’il désigne sous le nom d’Armand, et que j’ai connu comme lui, à Genève. Cette version de la mort de Jecker, exacte dans ses grandes lignes, Razoua l’orna d’un cadre élégant, mais parfois inexact. Armand, de son côté, la tenait très probablement de l’un des cinq qui allèrent, le vendredi matin, prendre Jecker à la Roquette, car lui-même ne faisait pas partie de ce groupe.

Ces cinq sont: Clavier, commissaire de police du quartier Picpus-Bel-Air; Liberton, commandant du 275e bataillon; G., capitaine d’armement du 275e; B. et M., secrétaire du commissariat.

Clavier et Liberton sont morts. Les trois autres vivent et il m’est impossible de les désigner ici autrement que par des initiales.

[79] Adolphe Baudoin qui, au moment où éclata le 18 Mars, était sous-officier d’artillerie de l’armée, fut fusillé à Satory le 6 juillet 1872. Théophile Baudoin mourut au bagne de l’île Nou.

[80] Geresme (J.-B.), membre de la Commune du 12e arrondissement.

[81] Pour suivre ce récit, il est indispensable de se reporter à une carte du Paris de 1871. Ici, par exemple, le lecteur ne comprendrait pas, sans consulter une carte, pourquoi, pour atteindre les hauteurs de Ménilmontant, on passe par la rue des Partants. Cette rue, ce «chemin», comme on disait alors, était la seule voie d’accès à ces hauteurs. L’avenue Gambetta, qui longe le côté nord du Père-Lachaise, n’a été percée que plus tard.

[82] Dans le récit des Droits de l’Homme, c’est Clavier, désigné sous le nom de «l’homme», qui apporte de la mairie l’ordre de fusiller Jecker. C’est une erreur. Clavier n’est pas monté à la mairie, et il n’y a eu aucun ordre, ni de la Commune, ni de quiconque.

[83] Dans tout ce récit, nous désignons Jecker sous l’appellation de banquier mexicain. J.-B. Jecker, dont le nom était devenu célèbre à la suite de ses opérations financières au cours de la campagne du Mexique, était d’origine suisse, né en 1810 à Porrentruy (canton de Berne).

[84] Lissagaray se trompe, lui aussi, quand dans son Histoire de la Commune (édition Dentu), il dit que Jecker fut conduit à la mort par Genton, François, Bo... et Cl... Ces deux derniers faisaient bien partie des cinq, mais ni François ni Genton, n’étaient là.

[85] Ici, comme partout, j’enregistre purement et simplement ce qui s’est dit. G... m’a affirmé que telles avaient été les paroles de François, mais qu’il n’ajoutait aucune foi à son dire.

[86] Jecker fut arrêté à la Préfecture de police le 10 avril. Il venait demander un passeport sous le nom de Ycre. Le chef du bureau des passeports, Charles Riel, lui ayant posé quelques questions, Jecker se troubla. On le conduisit devant Rigault, et là, il se nomma.

[87] Aujourd’hui rue des Pyrénées.

[88] Il y avait alors deux rues des Gâtines, la rue des Hautes-Gâtines (aujourd’hui rue Orfila) et la rue des Basses-Gâtines (aujourd’hui rue des Gâtines). Le mur contre lequel fut adossé Jecker est donc actuellement à l’angle de la rue des Gâtines et de la rue de la Chine. L’hôpital Tenon, la mairie du vingtième et le square qui les sépare aujourd’hui, n’existaient pas en 1871. Les terrains sur lesquels ils sont construits étaient un ensemble de jardins et de petites rues.

[89] Maxime du Camp (Convulsions, I, 8e édition, page 277) dit que François «fouilla le cadavre, prit le portefeuille et le porte-monnaie». Or, François n’était pas là.

[90] Nous répétons le mot tel qu’il nous a été rapporté par l’un des acteurs du drame.

[91] Maxime du Camp (Convulsions, I, 8e édition, page 301) dit que Gois avait reçu de la Commune un ordre vague, ne désignant personne nominativement, «prescrivant au directeur du Dépôt des condamnés, François, de remettre à qui de droit les gendarmes détenus à la Grande Roquette et tous les otages que le peloton d’escorte pourrait emmener».

Cet ordre vague n’a jamais existé que dans l’imagination de M. Maxime du Camp. Gois avait bien reçu, le lundi 22, un ordre; mais c’était un ordre de transfert des otages de Mazas à la Roquette, ordre qu’il n’exécuta pas. Là aussi, comme dans ses récits de la mort de l’archevêque et de la mort de Jecker, M. Maxime du Camp a maintes fois faussé compagnie à la vérité. «Gois monte à cheval.» (page 307) Ranvier dit à Gois à la mairie de Belleville: «Va me fusiller tout cela aux remparts.» (page 310) Autant d’inventions, sans oublier la fameuse vivandière à cheval, vêtue de rouge et le sabre à la main!

[92] L’enceinte de Paris avait été, au commencement du siège, divisée en neuf secteurs. Le 2e secteur (Belleville), comprenant les bastions 12 à 24, était commandé par le général Callier.

[93] C’était ce qu’on appelait la Cité de Vincennes. Aujourd’hui, une Société civile a acquis le terrain, et, au-dessus de la porte d’entrée, on voit resplendir, en lettres dorées, ce titre: Villa des Otages. (1898)

[94] On avait, à la vérité, fait descendre trente-sept militaires, mais l’un d’eux se cacha et fut sauvé. Presque partout, on lira qu’il y avait onze prêtres: c’est une erreur, ils n’étaient que dix. Avec les quatre civils, cela fait cinquante.

Un témoin et acteur du drame, que nous avons consulté, se souvient très nettement de ce chiffre de cinquante, en premier lieu parce qu’il a compté lui-même les otages à la Roquette, et aussi parce qu’il a assisté, avant la fusillade, à leur partage en cinq groupes de dix dans la cour où ils attendaient.

[95] Les dalles, encastrées dans le pavé, sur lesquelles s’appuyaient les bois de justice au jour des exécutions capitales, avaient été arrachées le 6 avril 1871. François les avait fait transporter chez lui, 17, rue de Charonne, où il avait sa boutique d’emballeur. Elles s’y trouvaient encore à la date du 14 janvier 1872.

[96] Les débats du procès dit de l’Opéra-Comique se déroulèrent du 7 au 16 novembre 1853, sous la présidence de Zangiacomi. Dans son réquisitoire, le procureur général Rouland dit, à propos de Ruault:

«Ruault! Pourquoi discuter? Il est mêlé à tout. Il a tout organisé. Conspirateur rusé, tenace, sombre, il est impassible, il oppose une dénégation absolue aux charges qui l’écrasent. Il est l’un des plus coupables. Qu’il soit sévèrement frappé par votre justice!»

Ruault fut condamné à la déportation.

Lorsqu’Albert Fermé publia, en 1869, son livre des Conspirations du second Empire, Ranc, qui avait été un des accusés dans le complot de l’Opéra-Comique, lui écrivait: «Après quinze ans, je vois encore les bancs de la Cour d’assises, je vois, assis entre deux gendarmes, Joseph Ruault, un caractère stoïque, une âme impassible...»

Quelles mystérieuses et atroces misères ont conduit ce fier combattant aux infâmes besognes qu’il paya d’une mort, hélas méritée!

[97] Protot (Eugène), membre de la Commune (onzième arrondissement), délégué à la Justice (17 avril), membre de la Commission exécutive (27 avril).

[98] Lors de sa comparution devant le conseil de guerre, Gaston Da Costa fit la déposition suivante: «En faisant des recherches à la Préfecture de police sous les ordres de M. de Kératry, nous reconnûmes (Rigault, alors commissaire central, et Da Costa), que Ruault était agent secret depuis 1857, à 200 francs par mois. Si nous avions voulu le faire fusiller sous la Commune, nous l’aurions dénoncé à son bataillon et il aurait été fusillé. Rigault interrogea Ruault le 16 mai. Il lui dit que s’il ne faisait pas de révélations, il serait fusillé le lendemain. Le lendemain, Ruault faisait des révélations, et l’affaire n’eut pas de suite.» (Gazette des Tribunaux. Procès Da Costa, 28 juin 1872)

[99] Regnard (Albert), docteur en médecine, secrétaire général de la Préfecture de police.

[100] Dalivous (Louis), capitaine de la 3e compagnie du 74e fédéré. Condamné à mort, affaire Haxo. Fusillé à Satory, le 24 juillet 1872.

[101] Textuellement: «Vous ne b... plus nos filles!»

[102] Ranvier (Gabriel), membre de la Commune, 20e arrondissement. Membre du Comité de Salut public (2 mai).

[103] On pénètre aujourd’hui dans le jardin par une porte située au numéro 79 de la rue; l’allée est au numéro 85, en face de la rue des Tourelles.

[104] Lissagaray (Hippolyte), journaliste, directeur, sous la Commune, de l’Action et du Tribun du Peuple.

[105] Humbert (Alphonse), journaliste, l’un des trois rédacteurs du Père Duchêne.

[106] Roullier (Edouard), cordonnier, membre de la Commission du travail et de l’échange (5 avril).

[107] Cournet (Frédéric), député démissionnaire, membre de la Commune (15e arrondissement), délégué à la Sûreté générale (25 avril).

[108] Varlin (Eugène), membre de la Commune (6e arrondissement), membre de la Commission des finances (30 mars), adjoint à la Commission de la guerre (6 mai).

[109] Fortuné (Henry), membre de la Commune (10e arrondissement).

[110] Alavoine (André), membre du Comité central, administrateur de l’Imprimerie Nationale.

[111] Arnold (G.), membre de la Commune (18e arrondissement).

[112] Ruault fut tué l’avant-dernier. Cela ressort de la déposition d’un témoin devant le sixième conseil de guerre. Grimpé sur le mur de la rue du Borrégo, ce témoin vit, jusqu’au dernier moment, Ruault, qu’on appelait dans son quartier «le père Joseph».

[113] Encore une fois, les otages pris à la Roquette étaient bien au nombre de cinquante. G..., qui les a comptés à l’entrée du secteur, me l’a affirmé de la façon la plus formelle. Ceci pour rectifier les listes fantaisistes, toutes différentes, données jusqu’ici.

[114] Cette fosse n’était pas, comme on l’a écrit, une fosse d’aisances. Elle avait été creusée pour servir plus tard de fosse d’aisances. Les travaux, interrompus par le siège, l’avaient laissée inachevée.

[115] Bénot (Victor), colonel du 1er régiment Bergeret. Condamné à mort, affaire Haxo, fusillé à Satory le 22 janvier 1873.

[116] A l’audience du 21 mars 1872 (la dernière), François se lève et fait la déclaration suivante:

«Pendant tous ces débats, on m’a souvent interrogé pour que je dise le nom de l’officier qui commandait le peloton venu à la Roquette pour qu’on lui livrât les otages. Ni moi, ni ceux qui sont accusés avec moi ne l’avons dit. Si j’ai cru devoir me taire pendant le procès, je crois que je n’ai plus de raison de le faire, maintenant que le conseil va prononcer sa sentence. Voici donc la vérité: l’officier qui dirigeait le peloton était le commandant Gois.»

[117] Écrit en 1898. Voir, pour la disposition du jardin en 1871, à défaut de photographie de l’époque, une gravure de l’Illustration du 13 avril 1872.

[118] André Gill, dessinateur et caricaturiste à l’Éclipse, la Lune, etc. Administrateur du musée du Luxembourg sous la Commune.

[119] La Commune n’est pas encore proclamée. Mais le cri de: Vive la Commune! était déjà populaire pendant le siège, depuis le 31 octobre.

[120] La maison d’édition Ferdinand Sartorius était alors rue de Seine, 27, où demeurait Vermersch.

[121] Le Grand Testament du sieur Vermersch. Une brochure, 70 pages, chez l’auteur, rue de Seine, 27. 1888.

[122] Régamey (Frédéric), dessinateur et graveur. A fondé, en 1873, la revue Paris à l’eau-forte. Guillaume et Félix Régamey, peintres et dessinateurs, ses deux frères.

[123] La Marmite, restaurant coopératif, installé rue Larrey (aujourd’hui disparue), sous les auspices de Varlin, et où se retrouvaient le soir les militants révolutionnaires, dans les dernières années du second Empire.

[124] Maroteau (Gustave), condamné a mort, puis commué aux travaux forcés à perpétuité pour un article de son journal la Montagne: «Ah! j’ai bien peur pour Monseigneur l’Archevêque de Paris!» Né à Chartres (1848). Mort au bagne de l’île Nou (Calédonie), en 1875. Un déporté sculpta, sur la pierre de son tombeau (depuis longtemps envahi par la brousse calédonienne), un livre grand ouvert.

[125] Enne (Francis), journaliste, collabora à la Rue de Vallès, et aux petites feuilles républicaines de la fin de l’Empire. Après la Commune, à laquelle il ne se mêla pas, rédacteur au Radical.

[126] Puissant (Gustave) collabora à la Rue.

[127] Pilotell (Georges), dessinateur, commissaire spécial à la préfecture de police sous la Commune.

[128] Passedouet (Auguste), journaliste. Maire du 13e arrondissement. Mort en Calédonie.

[129] Mourot (Eugène), rédacteur au Mot d’Ordre, secrétaire d’Henri Rochefort.

[130] Le Café de la Salamandre, place Saint-Michel, aujourd’hui le numéro 4 du boulevard Saint-André.

[131] Sornet (Léon), avant d’être le gérant de notre Père Duchêne, avait été mêlé à quelques-unes des affaires politiques de la fin de l’Empire. Gérant de la Misère (Passedouet-Vuillaume).

[132] Paget-Lupicin (Léopold), officier de santé, disciple de Proudhon, proscrit du 2 Décembre. Auteur du Droit des Travailleurs (1870). Directeur de l’Hôtel-Dieu sous la Commune (28 avril).

[133] Teulière (Edouard), membre de la Commission du travail et de l’échange sous la Commune.

[134] Le Cri du Peuple, quotidien, rédacteur en chef Jules Vallès, parut le 22 février 1871. Supprimé le 11 mars, en même temps que le Père Duchêne, le Vengeur (Félix Pyat), le Mot d’Ordre (Rochefort), la Bouche de Fer (Paschal Grousset), la Caricature (Pilotell).

[135] Voir l’affiche du Père Duchêne, dans les Murailles Politiques du 18 juillet 1870 au 25 mai 1871. Vol. I. Page 985. Paris, 1874. Nous en donnons, à la page suivante, une réduction aussi exacte que possible.

[136] Cet article, le numéro 3 du Père Duchêne (18 ventôse 79/8 mars), est de moi. C’est par erreur que Vermersch, dans le fascicule publié par lui à Londres en 1872, reproduisant nos cinq premiers numéros, l’a signé de ses initiales.

[137] Notre numéro 6, le premier paru après le 18 mars, La Grande Joie du Père Duchêne, etc., est daté, par erreur, du 30 ventôse an 79. La date exacte est 1er germinal an 79—mardi 21 mars 1871.

[138] Voir le numéro 40 du Père Duchêne (5 floréal/24 avril).

[139] Clément (J.-B.), journaliste et poète chansonnier. Auteur de la chanson populaire, le Temps des Cerises. Membre de la Commune (18e arrondissement).

[140] Miot (Jules), membre de la Commune (19e arrondissement), membre du Comité de Salut Public. Représentant du peuple à la Législative. Transporté à Lambessa (1851).

[141] Malon (Benoist), membre de la Commune (17e arrondissement). Adjoint à la mairie du 17e sous le siège. Un des fondateurs de l’Internationale.

[142] Flourens (Gustave), membre de la Commune (20e arrondissement). Suppléa son père, Pierre Flourens, dans sa chaire du Collège de France. Mêlé activement au 31 octobre. Tué à Chatou, par le gendarme Desmarets, le 3 avril 1871.

[143] Beslay (Charles), membre de la Commune, qu’il présida comme doyen (6e arrondissement). Délégué à la Banque de France (11 avril).

[144] Voir le Père Duchêne, numéro 13 (8 germinal/28 mars).

[145] Régère (Théophile), membre de la Commune (5e arrondissement).—Son fils, Henri Régère, avait été sous le siège capitaine adjudant-major du 248e bataillon. Il en prit le commandement pendant la Commune.

[146] Amouroux (Charles), membre de la Commune (4e arrondissement). Membre de la Commission des relations extérieures (21 avril). Secrétaire de la Commune. Les procès-verbaux manuscrits des séances de la Commune qui sont conservés à la bibliothèque Lepelletier-Saint-Fargeau sont presque en entier de sa main.

[147] Arnould (Arthur), membre de la Commune (4e arrondissement). Ancien rédacteur de la Marseillaise (1870).

[148] Pyat (Félix), membre de la Commune (10e arrondissement). Membre du Comité de Salut Public (2 mai).

[149] Lachâtre (Maurice), éditeur, publia le grand dictionnaire qui porte son nom.

[150] Le texte entier dans le numéro 12 du Père Duchêne (7 germinal 79/27 mars).

[151] Les élections complémentaires du 16 avril avaient donné, pour le 6e arrondissement, les résultats suivants. Electeurs inscrits: 24.807; votants: 3.442. Courbet: 2.418 voix; Rogeard: 2.292 voix. La commission nommée pour la validation des élections (voir Officiel 20 avril) décida de valider tout élu ayant obtenu la majorité absolue des suffrages sur le nombre des votants. Courbet accepta. Rogeard refusa, expliquant son refus dans une lettre, insérée dans le Vengeur du 22 avril.

[152] Voir le numéro 39 du Père Duchêne (4 floréal 79/23 avril).

[153] Rossel (Nathaniel), colonel du génie au camp de Nevers (1871). A son arrivée à Paris, chef de la 17e légion, puis chef d’état-major de Cluseret à la guerre. Délégué à la guerre (1er mai). Démissionnaire le 10 mai. Fusillé à Satory le 28 novembre 1871.

[154] Denis (Pierre), journaliste. Collaborateur de Vallès au Cri du Peuple. Devint plus tard le conseiller du général Boulanger.

[155] Bouis (Casimir), rédacteur au Cri du Peuple. A écrit la préface du livre où ont été recueillis les articles de Blanqui, la Patrie en Danger.

[156] Brissac (Henri), rédacteur au Vengeur, secrétaire du Comité de Salut public. Condamné aux travaux forcés à perpétuité.

[157] Bouchotte (J.-B.), ministre de la guerre, du 4 avril 1793 à germinal an II.—Voir pour Hébert et Bouchotte le Vieux Cordelier (numéro 5), le Père Duchesne (numéros 330 et 332), et les Hébertistes de G. Tridon (1864, page 22).

[158] Combatz (Lucien), chef de la 6e légion (14 mai). Fit partie du Comité central.

[159] Constant Martin, secrétaire de la délégation à l’enseignement. A sa rentrée en France, se mêla activement au mouvement anarchiste.

[160] Hébert ne fut à la vérité que substitut du procureur de la Commune, qui était Chaumette.

[161] Le Père Duchêne, dans son numéro 17 (12 germinal/1er avril) avait publié sa grande motion pour qu’on fasse payer aux calotins le loyer de leurs boutiques à messes, etc.

[162] Voir Gazette des Tribunaux, le procès de l’abbé Perrin, devant le conseil de guerre (7 avril 1872).

[163] Voir le Père Duchêne, numéro 12 (7 germinal 79/27 mars).

[164] Voir le numéro 36 du Père Duchêne (1er floréal 79/20 avril).

[165] Le Père Duchesne d’Hébert portait à la fin du numéro, en guise de signature, deux fourneaux, dont l’un renversé. Avant la Révolution, le père Duchesne, potier de terre et marchand de fourneaux, faisait partie des types populaires.

[166] Voir la Sociale, numéro 33 du 2 mai 1871. En tête: Formation du Bataillon des Enfants du Père Duchêne.

[167] Les Défenseurs de la République, qui s’appelaient aussi Turcos de la Commune, combattaient alors à Issy. Ils avaient pour commandant le citoyen Naze. (Voir Officiel du 2 mai).

[168] Voir numéro 32 du Père Duchêne, 27 germinal 79/16 avril. Candidats dans le 18e arrondissement: Dupas et A. Pierre, capitaine d’infanterie délégué.

[169] Le fort d’Issy, abandonné une première fois, dans la nuit du 29 au 30 avril, par Mégy, qui en avait le commandement, avait été réoccupé le lendemain par Cluseret. Il tombait définitivement aux mains de l’armée de Versailles le 8 mai. Rossel démissionnait après avoir fait afficher sa retentissante dépêche: «Le drapeau tricolore flotte sur le fort d’Issy, abandonné hier soir par sa garnison.»

[170] Voir le récit précédent: Une journée à la Cour martiale, p. 27.

[171] Maxime du Camp (Convulsions, I, 84) publie un reçu signé Sanson, probablement pris, comme le sabre, sur le cadavre du capitaine d’état-major (et non commandant) du bataillon des Enfants du Père Duchêne, fusillé à la Croix-Rouge.

[172] Larochette, journaliste, un de nos amis du quartier latin.

[173] Vallès, dans l’Insurgé (p. 329-30), note un incident dans lequel il met en scène, dans la matinée du mardi 23 mai, le bataillon du Père Duchêne, Vermersch et lui-même. Il ne nomme même pas Maître, qui n’a pas quitté ses hommes. Il est presque inutile de faire remarquer que le récit de Vallès visant uniquement Vermersch, qu’il n’aimait pas, est complètement fantaisiste. Vallès se représente, marchant fièrement près du tambour, dont «les vibrations résonnent dans son cœur». Le bataillon, une trentaine d’hommes, avait-il un tambour!

[174] Aconin, capitaine au 248e bataillon, adjoint au maire du 5e arrondissement (Panthéon).

[175] Voici la strophe:

Si de l’or flâne en mon gilet,
Qu’on le porte chez Rachel, fille
Qui reste seule, sans famille,
Et loge près du Châtelet.
Elle est jolie et mal famée;
Elle a l’œil bleu, grand et moqueur,
Et c’est des reines de mon cœur
Celle que j’ai le mieux aimée.

[176] Voir au sujet de ces complots, les Papiers Posthumes, de Rossel (pages 119 et suivantes) et la Commune vécue de G. Da Costa (tome II, pages 190 et suivantes).

[177] Nous faisions brocher en fascicules de dix numéros les bouillons qui nous rentraient. Les soixante premiers numéros ont été ainsi brochés en fascicules de couleurs: jaune (1-10), ocre (11-20), bleu (21-30), vert (31-40), rouge (41-50), violet (51-60). Au dos de la couverture, reproductions de proclamations, appels, discours, etc.

[178] Le passage du Saumon, récemment détruit, a fait place à la rue Bachaumont. Bien entendu, nous ne revîmes jamais les 7.000 collections brochées du Père Duchêne. Qui se les appropria? Ce qui est certain, c’est qu’ils furent vendus à très bon compte aux amateurs. Il fut même fait, avec nos clichés restés à l’imprimerie, de nouveaux tirages. J’écrivis un jour de Genève (juillet 1871), au personnage qui nous avait ainsi dépouillés honteusement, pour lui demander humblement de m’envoyer une collection. Il ne me répondit pas. Je n’imprime pas son nom ici. Il est mort depuis longtemps.

[179] Humbert, arrêté, était alors à Versailles, attendant sa comparution devant le conseil de guerre qui le condamna aux travaux forcés à perpétuité. Vermersch et moi fûmes condamnés à mort par contumace. 3e conseil de guerre, audience du 20 novembre 1871.

[180] Vermersch oublie ici notre dîner du dimanche de l’entrée des troupes.

[181] Voici le titre de ce numéro faux: «La Grande Jubilation du P. D., avec son salut aux jean-foutres de Versailleux, qui viennent d’eux-mêmes se jeter dans la mélasse; son grand appel aux bons bougres du faubourg Antoine et du 20e arrondissement, et son projet d’illumination générale de la Ville de Paris.» Imprimé à 100 exemplaires numérotés. Je possède le numéro 80. Et je l’ai même payé 5 francs!

[182] Voir un curieux passage (page 212) du livre Vingt ans de Police, souvenirs et anecdotes d’un ancien officier de paix. Paris, Dentu, 1881. Voir aussi mon article, Fausse monnaie, Médailles suspectes, paru dans l’Aurore du 11 juin 1907.

[183] Pour donner une physionomie exacte de cette brasserie Glaser, ou brasserie Saint-Séverin, restée célèbre dans les fastes révolutionnaires, j’ai cru devoir faire remonter mes notes jusqu’aux derniers mois de l’Empire, et, ensuite, aux grandes journées du siège.

[184] Oudet (Emile). Membre de la Commune (19e arrondissement). Membre de la commission de sûreté générale.

[185] Courbet (Gustave), membre de la Commune (6e arrondissement). L’auteur de la Remise des Chevreuils, l’Enterrement d’Ornans, etc.

[186] Lullier (Charles), lieutenant de vaisseau démissionnaire. Membre du Comité central. Arrêté, il s’échappa et combattit violemment la Commune. Il n’en fut pas moins condamné à mort, commué aux travaux forcés.

[187] Eudes (Emile), membre de la Commune (11e arrondissement). Membre du Comité de Salut public (10 mai).

[188] Brideau (Gabriel), chef de la police municipale sous la Commune.

[189] On découvrit, en 1870, que Puissant faisait, depuis de longues années, partie de la police. Voir l’article de M. Jules Claretie, l’Homme sans nom, dans le Temps du 26 novembre 1908, et ma chronique de l’Aurore du 30 novembre 1908: A propos de l’Homme sans nom.

[190] Enquête parlementaire, édition en un seul vol., page 266.

[191] Le Père Duchêne. No 28 du 23 germinal an 79/12 avril 1871.

[192] C’est dans le Journal des Débats que parut (15 avril 1848) la belle et poignante réponse de Blanqui au document Taschereau.

[193] Constant Thérion a servi, dit-on, de modèle à Daudet pour son Élysée Méraut des Rois en exil.

[194] Caria (Léopold), blanquiste. Prit part à l’affaire de La Villette. A l’état-major de la Légion d’honneur avec Eudes. Condamné aux travaux forcés par conseils de guerre.

[195] Briosne, élu membre de la Commune (9e arrondissement) aux élections complémentaires du 16 avril. Refusa de siéger.

[196] J’ai déjà parlé plus haut (page 72) de ces lettres.

[197] Voici ces deux derniers documents. D’abord le court billet de rappel, daté de Mazas, adressé par le prélat prisonnier à son grand-vicaire:

L’archevêque de Paris à M. Lagarde, son grand-vicaire.

M. Flotte, inquiet du retard que paraît éprouver le retour de M. Lagarde, et voulant dégager, vis à vis de la Commune, la parole qu’il avait donnée, part pour Versailles à l’effet de communiquer son appréhension au négociateur.

Je ne puis qu’engager M. le grand-vicaire à faire connaître au juste à M. Flotte l’état de la question, à s’entendre avec lui, soit pour prolonger son séjour de vingt-quatre heures, si c’est absolument nécessaire, soit pour rentrer immédiatement à Paris, si c’est jugé plus convenable.

De Mazas, 19 avril 1871.

G... archevêque de Paris.

Flotte n’alla pas lui-même à Versailles. Ce fut le jeune fils de madame Antoine (sœur de Blanqui) qui s’y rendit, porteur du billet de rappel de Monseigneur Darboy.

Quand Antoine se présenta au domicile de l’abbé Lagarde—je tiens de lui-même ces détails qu’il me donna dès son retour de Versailles—il lui fut répondu que le vicaire-général était en conférence et qu’il lui était impossible de se déranger.

Antoine fit remettre à Lagarde le billet de l’archevêque. Quelques minutes après, un domestique lui rapportait un chiffon de papier sur lequel le grand-vicaire avait transcrit au crayon, cette réponse laconique mais claire:

M. Thiers me retient toujours ici, et je ne puis qu’attendre ses ordres, comme je l’ai plusieurs fois écrit à Monseigneur. Aussitôt que j’aurai du nouveau, je m’empresserai d’écrire.

Lagarde.

A dater de ce jour, Lagarde ne donna plus signe de vie. Quand il revint sain et sauf à Paris, l’archevêque son maître était tombé sous les balles de la Roquette.

[198] Glaser mourut en janvier 1871, victime de l’épidémie de petite vérole qui sévit en ces jours déjà si lugubres. Nous le conduisîmes au cimetière Montparnasse. Pendant que l’un de nous prononçait, sur le bord de la fosse, quelques paroles d’adieu au vaillant camarade (Glaser était capitaine dans un bataillon de marche de la garde nationale), un obus éclata tout près au milieu des tombes.

[199] L’insurrection n’est point encore, à cette date du 1er mars, maîtresse de Paris. Mais nous sommes, depuis la capitulation, en pleine ville révoltée.

[200] Les statues étaient encore voilées de noir en avril. Le Père Duchêne numéro 36 du 1er floréal (20 avril) demande que ces voiles soient enlevés:

«Ça n’est plus un voile noir qu’il faut mettre aux bonnes villes de France,
«C’est un drapeau rouge qu’il faut leur foutre dans la main!»

[201] La pension Laveur, où fréquentaient Courbet, Pierre Dupont, Vallès, tant d’autres, était installée, au no 7 de la rue des Poitevins, dans l’ancien hôtel de Thou-Panckouke. Le percement de la rue Danton la fit disparaître en 1896. Un petit-neveu de Laveur a transporté la maison rue Serpente.

[202] Voir la reproduction de cette carte dans l’album Guerre, Invasion et Commune, d’Armand Dayot, page 283.

[203] Ce tableau de Daubigny, la Moisson, a été transporté en 1907 au Louvre.

[204] De temps immémorial, «l’astronome» de la place Vendôme avait installé sa lunette sur le trottoir qui encercle la grille du monument. Pour une maigre rétribution, il décrivait aux amateurs les spectacles du ciel. La lunette était restée là pendant le siège et pendant la Commune.

[205] La Victoire ailée, qui reposait sur la dextre de César, disparut, comme elle avait déjà disparu (pas la même) en 1814. Ses traces ne sont point encore retrouvées. Le musée Carnavalet possède dans ses vitrines un tout petit morceau du monument brisé le 16 mai. Je connais deux autres échantillons, dont l’un est une tête de soldat arrachée aux frises. L’autre, plus considérable, est l’un des quatre boulons qui vissaient, sur la calotte supérieure, le César jeté bas par la Commune. Ce boulon, qui était, en 1895, entre les mains de mon ami J.-B. D..., fut scié par lui en trois morceaux. L’un de ces trois morceaux me sert de presse-papier.

[206] Reclus (Élisée), géographe. Auteur de la Géographie universelle. Simple garde national, il fut fait prisonnier au plateau de Châtillon (4 avril). Condamné à la déportation. Commué en bannissement. Né en 1830. Mort en 1905.—Son frère Reclus (Elie), auteur des Primitifs, nommé par la Commune directeur de la Bibliothèque nationale (30 avril). Né en 1827. Mort en 1904.

[207] Journalistes, peintres, poètes même, criaient haro sur le grand artiste. Dans une plaquette de 12 pages: Sauvons Courbet!, éditée chez Lemerre, M. Emile Bergerat s’écriait:

Qu’il vive! extasié devant son ombilic!
Les pouces sur le ventre, à la façon des Carmes!
Qu’on l’engraisse! et qu’ouvert nuit et jour au public,
Il crève de vieillesse entre quatre gendarmes!

Et le naïf géant qu’était Courbet s’affolait, à la lecture de ces généreuses productions!

[208] A l’audience du 14 août 1871 (procès des membres de la Commune), Courbet répondant à une interrogation du président, exposait ainsi son projet de déboulonner la colonne et de la réédifier aux Invalides:

Le président.—Il paraît que la colonne Vendôme vous était particulièrement désagréable. Dès le 14 septembre (1870), vous en demandiez la démolition.

Courbet.—... Pour moi, cette colonne obstruait. Un individu n’a pas le droit d’entraver la circulation. Cette colonne était mal placée... Moi je ne considérais la chose qu’au point de vue plastique. Je n’avais aucune haine contre la colonne, puisque mon oncle a été un des officiers du premier Empire; mais je voulais la mettre ailleurs, où elle fut mieux en vue. Je voulais la déboulonner. Si vous aviez fait attention, au point de vue de l’art, à cette colonne, vous auriez été de mon avis. C’était une mauvaise reproduction de la colonne Trajane. C’était de la sculpture comme un enfant en ferait. Pas de perspective. Rien. Les figures sont absolument grotesques.

Le président.—C’est alors un zèle artistique, tout simplement, qui vous poussait à en vouloir à cette colonne.

Courbet.—Tout simplement. Sur la place Vendôme c’était une prétention malheureuse d’œuvre d’art qui faisait rire les étrangers. Aux Invalides, c’était autre chose. C’était un souvenir militaire qui n’avait pas besoin d’être artistique.

[209] Gaillard (Napoléon). Cordonnier. Orateur connu des réunions publiques. Nommé par Rossel colonel directeur des barricades (1er mai).

[210] Le haut fonctionnaire était M. de Salignac de Fénelon, qui vint, très loyalement, déposer favorablement au procès de notre ami Albert Callet, qui s’était, en même temps que Paget, Pilotell, Roullier, installé, le 19 mars, rue de Grenelle.

[211] Après les élections du 26 mars, la Commune nomma une commission de l’enseignement. Le 20 avril, elle choisit Vaillant comme délégué à l’Instruction publique.

[212] Ce portail—un lourd chapiteau que supportaient quatre colonnes, et un escalier d’accès—n’existe plus. Les bâtiments de l’Hôtel-Dieu qui se trouvaient au Parvis ont été démolis après la guerre.

[213] Les premières flammes jaillissent à dix heures du beffroi de l’Hôtel de Ville.

[214] Paget pêchait, assis à l’entrée d’un des «cagnards» de l’ancien Hôtel-Dieu. Voir au musée Carnavalet un tableau représentant les cagnards disparus.

[215] Voir Enquête Parlementaire du 18 Mars, édition en un volume, page 286. M. de Quinsonas avait été, pendant la lutte contre la Commune, officier d’ordonnance du général de Cissey.

[216] Je reparlerai plus loin, dans le chapitre Matin de Bataille, de Joseph Moutier.

[217] Voir Enquête Parlementaire sur l’Insurrection du 18 mars, édition en un volume, page 295. Déposition de M. le comte de Mun (orthographié par erreur, dans cette édition, de Mung).

[218] V. Revue des Deux-Mondes, 15 juin 1871, le 18 mars, par E. de Pressensé. V. E. Rousse. Lettres à un ami, II, 287. Hachette, 1909.

[219] V. p. 190, Déjeuner chez Protot.

[220] Ducrot (Auguste), commandant la deuxième armée, destinée à opérer sur la Marne. Sa proclamation du 28 novembre 1870 se terminait par cette phrase: «Pour moi, j’en fais le serment devant la nation tout entière, je ne rentrerai dans Paris que mort ou victorieux.»

[221] Le café d’Orsay était situé au coin de la rue du Bac et du quai d’Orsay, en face du pont Royal. Il a disparu lors de l’achèvement des bâtiments de la Caisse des Dépôts et Consignations.

[222] Rosalie Bordas s’était rendue populaire en interprétant la chanson la Canaille, écrite par Alexis Bouvier au lendemain du meurtre de Victor Noir par le prince Pierre Bonaparte. Après la déclaration de guerre, elle chanta avec grand succès la Marseillaise à la Scala.

[223] Camélinat, l’un des fondateurs de l’Internationale. Nommé par la Commune directeur de la Monnaie. Plus tard, député de Paris.

[224] Cet exemplaire (le mien) de la pièce de cinq francs frappée par la Commune a été reproduit dans l’album la Guerre, l’Invasion, la Commune, d’Armand Dayot, page 299.

[225] Un second type de pièce portait sur la tranche la mention: Travail, Garantie Nationale. (Voir plus loin la lettre de Camélinat.)

[226] Pas tous. Au ministère de la Justice, où j’allais souvent déjeuner avec Protot, il m’est arrivé, à maintes reprises, de me servir de couverts d’argent aux armes fleurdelysées.

[227] Il n’existe plus à la Monnaie aucune trace de l’exécution de cette tranche. Je m’en suis assuré près de la direction.

[228] La lettre de Camélinat, en dehors des renseignements précieux qu’elle donne sur la Monnaie le mercredi 24 mai, fixe, par ce détail, l’heure de l’exécution de Beaufort. (Voir plus haut, page 66.)

[229] On m’a assuré que Lonclas faisait également partie de cette délégation.

[230] Le signataire de cette curieuse lettre est un industriel connu.

[231] Maxime Du Camp (Convulsions, 8e édition, I. 293) nie formellement l’incident Delescluze. Il n’ignore pas la deuxième démarche d’Arnold, mais il ne sait rien de ce qui se passa à la porte de Vincennes. Il traite de «déposition erronée», le récit, pourtant exact, bien que malveillant, d’un sieur Reculet, qui a assisté à la scène du refus de passage par les gardes. (Voir Enquête Parlementaire, 18 mars, édit. en un vol., p. 522).

[232] M. Washburne était alors ambassadeur des Etats-Unis à Paris. Il avait fait, avec son secrétaire particulier, Mac-Kean, de nombreuses démarches pour faire mettre en liberté Monseigneur Darboy.

[233] V. plus haut, p. 85, le Fusillé du Pont-Neuf.

[234] Quand l’amnistie nous eut rouvert les portes de Paris, il nous prit envie d’aller, un soir, dîner chez Lapeyrouse, dans cette même salle du rez-de-chaussée, donnant sur le quai, où j’avais passé, le 24 mai 1871, une heure tragique. J’invitai un ami, comme moi retour d’exil. Nous avions longuement causé. Nous étions restés seuls.—Tiens, me dit l’ami, si tu réclamais la monnaie de ton billet de cent? Après avoir réglé l’addition, nous fîmes venir le gérant. Bien entendu, je n’avais pas la moindre intention de rentrer dans mon dû. Le gérant écouta, grave et souriant à la fois.—Dommage, monsieur, conclut-il en s’inclinant, vraiment dommage. Depuis 1871, la maison a changé de propriétaire. Voulez-vous, cependant, que je communique votre réclamation à la caisse?—Non, non, ne réclamez rien. Nous nous ferons rembourser cela à la prochaine. Et nous nous levâmes en riant, heureux tous deux d’avoir bavardé, en pleine liberté, dans cette salle où nous avions failli perdre la nôtre, et peut-être même plus encore.

[235] Lisbonne (Maxime), colonel fédéré. Blessé le 25 mai boulevard Voltaire, condamné à mort, commué aux travaux forcés.

[236] Rigault fut tué, vers trois heures, d’un coup de revolver, au pied de la barricade Royer-Collard, par le sous-officier qui le conduisait au Luxembourg.

[237] La poudrière du Luxembourg sauta, très exactement, à midi vingt-huit minutes. (Témoignage d’un ami, habitant rue d’Assas, qui nota l’heure.)

[238] Voir plus haut, Une journée à la Cour martiale du Luxembourg, p. 10.

[239] La «boutique à Roullier» occupait les locaux du rez-de-chaussée, aujourd’hui dépendance du Collège de France, numéro 9 de la place Marcellin-Berthelot.

[240] La Misère, petite feuille in-quarto. Sept numéros, du 6 au 12 février 1870. Rédacteurs: A. Passedouet, Maxime Vuillaume, Henri Bellenger, etc. Gérant: Léon Sornet. Imprimerie Rochette, 72-80, boulevard Montparnasse. La Misère vendait la brochure le Droit du Travailleur, par le citoyen Paget-Lupicin.—Passedouet, condamné à la déportation, mourut en Calédonie. Léon Sornet fut le gérant de notre Père Duchêne.

[241] On ne disait pas encore, en ce temps-là, à la vérité, anarchiste. On se contentait d’être révolutionnaire.

[242] Le café Huber occupait l’angle de la rue Monsieur-le-Prince et des escaliers, encore existants, de la rue Antoine-Dubois. La maison, disparue, a fait place aux bâtiments de l’Ecole pratique de Médecine.

[243] Roullier avait toujours travaillé en échoppe. Avant de s’être installé dans son atelier du «Collège de France», il avait battu la semelle 9, rue du Sommerard, au rez-de-chaussée de la maison que j’habitais. Longuet, qui demeurait à côté, au coin de la rue des Carmes et de la rue du Sommerard, y venait tailler de longues bavettes avec le citoyen savetier.

[244] La reprise d’Hernani au Théâtre-Français eut lieu le 20 juin 1867. La soirée fut des plus tumultueuses. La jeunesse des écoles y manifesta bruyamment, applaudissant à outrance les passages qui renfermaient quelque allusion hostile au régime impérial.

[245] C’était, on le sait, un faux Vallès, qui avait subi ces tortures. D’autres infortunés furent ainsi passés par les armes, sur la dénonciation de quelque passant qui croyait reconnaître en eux, tantôt Billioray, tantôt Ferré, Vaillant, d’autres encore.

[246] Le Moniteur Universel du 1er juin 1871.

[247] «Le nombre des dénonciations anonymes adressées, soit aux quartiers généraux de l’armée, soit aux mairies, soit à Versailles, soit enfin, le plus grand nombre, aux commissaires de police de Paris, s’élève, depuis le 22 mai jusqu’au 13 juin, à 379.823. Le numéro d’ordre d’enregistrement à la Préfecture de police, où ces correspondances sont centralisées, a permis d’établir cette statistique de l’anonymat.» (Opinion Nationale du 16 juin 1871).

[248] La Petite Presse du 8 juin 1871.

[249] La Petite Presse du 20 juin 1871.

[250] Bellenger se trompait. Humbert était caché aux Batignolles, rue Truffault. Dénoncé par le concierge (15 juin), il fut conduit au commissariat de police voisin, où un agent le reconnut. Humbert protesta. Mais on découvrit chez les braves gens qui lui avaient donné asile une lettre adressée le matin même par sa mère. Madame Humbert demeurait 14, rue Soufflot. On y conduisit le prisonnier. Quand elle vit son fils, la pauvre mère se jeta dans ses bras. Humbert était perdu. On l’emmena dans un fiacre, d’où il s’échappa. Il fut repris à l’Odéon. A Versailles, il fut reçu par le fameux commissaire Clément, celui que nous appelions sous l’Empire le «vieux mouchard».—Je vous attendais, dit ironiquement Clément quand il se trouva en face d’Humbert. On sait qu’Humbert fut, le 21 novembre 1871, condamné aux travaux forcés à perpétuité par le conseil de guerre.

[251] Des trois rédacteurs du Père Duchêne, deux furent condamnés à mort par contumace: Vermersch et moi. Le troisième, Alphonse Humbert, présent, fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il fit ses huit années de bagne. Je les aurais certainement faits comme lui. (Procès du Père Duchêne devant le conseil de guerre, audiences des 20 et 21 novembre 1871).

[252] Razoua, arrêté le 17 juillet, fut remis en liberté dans les derniers jours d’août, le gouvernement français n’ayant fourni aucune preuve à l’appui de sa demande d’extradition. Voir pour détails, la Proscription française en Suisse par A. Claris. Genève, 1873. Bibliothèque nationale Lb57, 1702.

[253] Brunereau (Louis), ancien délégué à la commission du travail du Luxembourg en 1848, chef du 117e bataillon sous le siège, du 228e après le 18 Mars.

[254] Gambon (Ferdinand), membre de la Commune (10e arrondissement), ancien représentant du peuple à la Constituante (1848), député à l’Assemblée nationale (1871). Membre du Comité de Salut public (10 mai).

[255] Martelet, membre de la Commune (14e arrondissement). Représenta la Commune aux obsèques de Pierre Leroux.

[256] Legrandais, chef de bataillon après le 18 Mars. Plus tard, conseiller municipal du quartier Clignancourt (Montmartre).

[257] Le Rappel du 10 février 1870 raconte ainsi son arrestation: «M. Bazire, rédacteur à la Marseillaise, a été arrêté à deux heures sur le quai de l’Orangerie. L’empereur se promenait sur la terrasse. Le citoyen Bazire a levé son chapeau et crié: Vive la République! Des agents se sont jetés sur lui et l’ont arrêté sur le champ.»

[258] Nina Gaillard, dite Nina de Villars, musicienne et poète. Femme séparée d’Hector de Callias, journaliste, frère du peintre Horace de Callias. Nina avait ouvert, dans son appartement de la rue Chaptal, un salon littéraire, artistique et bohème où fréquentaient, à coté de poètes et d’artistes, des révolutionnaires comme Raoul Rigault et d’autres. Prise de peur après la répression versaillaise, elle s’enfuit à Genève. Elle y donna des concerts de musique classique, où elle se faisait présenter sur la scène par l’ancien membre de la Commune, fusionnien, Babick, vêtu d’une redingote à la polonaise, boutonnée jusqu’au col, bottes montantes, et ceinture rouge à la taille. Le public genevois, effaré, déserta vite. Quand elle fut rassurée, Nina retourna à Paris, où elle s’installa, avec sa mère, rue des Moines, aux Batignolles, son salon toujours ouvert. On y rencontrait Charles Cros, le musicien Cabaner, Ghys, Catulle Mendès, Bazire, etc.

[259] Massol (Léon), ingénieur. Il s’adonna plus tard aux études pasteuriennes. Membre du Comité de l’Institut Pasteur, il mourut en décembre 1909 directeur du laboratoire de bactériologie de l’Université de Genève, qu’il avait créé.

[260] Dumay (Jean-Baptiste), ouvrier mécanicien, maire du Creusot après le Quatre-Septembre, y proclame la Commune le 26 mars. Le mouvement avorté, il se réfugie en Suisse et est attaché, jusqu’à l’amnistie, aux travaux de percement du Gothard. Plus tard, député de Paris.

[261] Babick, membre de la Commune (10e arrt). Membre de la commission de justice et de la commission des travaux publics.

[262] Razoua (Eugène), homme de lettres, ancien maréchal des logis de spahis, rédacteur du Réveil de Delescluze. Représentant de Paris à l’Assemblée nationale (1871), démissionnaire. Colonel commandant l’Ecole militaire.

[263] Clément Thomas, commandant en chef des gardes nationales de la Seine (4 novembre 1870). Arrêté à Montmartre le 18 mars, il fut fusillé rue des Rosiers avec le général Lecomte.

[264] Josselin (François), membre du Comité central, chef de la 18e légion.

[265] Voir Dîner chez Rachel, page 211.

[266] Razoua (Eugène). Souvenirs d’un spahis, avec préface de Tony Révillon. Paris, Achille Faure, 1866.—Voir L’Homme qui tue, d’Hector France, qui fut de l’escadron de Razoua.

[267] Lonclas (A.), membre de la Commune (douzième arrondissement), chef du 73e bataillon de la garde nationale. Membre de la Commission militaire (16 mai).

[268] Philippe, membre de la Commune (douzième arrondissement). Condamné à mort par le conseil de guerre, Philippe fut fusillé à Satory, en même temps que Bénot, qui avait incendié les Tuileries, et Decamps, le 22 janvier 1873.

[269] Vermersch n’était pas docteur ès-lettres.

[270] Je ne crois pas que ce projet ait jamais été mis à exécution.

[271] Wieland était un professeur d’Altorf avec qui Vermersch s’était lié.

[272] Voir plus loin, p. 423, le Mur.

[273] Ranc (Arthur), membre de la Commune, élu par le 9e arrondissement. Démissionnaire le 6 avril. Plus tard, député, sénateur de la Seine.

[274] Voir plus haut, page 302.

[275] Advenant, administrateur du Réveil de Delescluze. C’est Advenant qui fit élever le tombeau de Delescluze au Père-Lachaise, tout proche de l’emplacement où étaient installées, pendant la Semaine de Mai, les batteries fédérées.

[276] L’article du Père Duchêne ne détermina en rien l’arrestation de Chaudey. Depuis deux jours, elle était décidée. Rigault me l’a formellement déclaré quelques jours après l’arrestation du rédacteur du Siècle. Da Costa me l’a, à plusieurs reprises, déclaré, lui aussi. (Voir sa Commune vécue, II, 96.)

[277] Lefèbvre-Roncier, juge suppléant à la cour martiale (13 mai). Sous-chef d’état-major au ministère de la guerre (Delescluze). Plus tard, conseiller municipal de Paris.

[278] Cette brochure parut, en 1906, à l’Imprimerie l’Emancipatrice, 3, rue de Pondichéry. (80 pages in octavo. 300 exemplaires numérotés, non mis dans le commerce.)

[279] Da Costa, dans sa Commune vécue (volume II, pages 97 et suivantes), s’évertue à établir «la vérité» sur l’article du Père Duchêne. Il nomme avec raison Advenant. Mais l’interprétation qu’il donne à sa démarche est inexacte. Il ignore également les conditions dans lesquelles fut publié l’article. Ce qu’il écrit n’est donc pas, comme il le croit, la vérité.

[280] Dans les Notes Politiques qu’il donnait au Radical, Ranc écrit (26 septembre 1904): «La République Française, répondant à mon dernier article, déclare que je suis resté fidèle à mes vieilles idées jacobines. A mes vieilles idées républicaines et révolutionnaires, oui. Jacobines, non. J’ai la douce habitude d’être traité de vieux jacobin, et cela ne me touche pas autrement. Il faut pourtant que je réclame au nom de la vérité, et je suis enchanté que la République Française m’en fournisse l’occasion. Qu’on m’appelle vieux dantonien, cela me flattera. Qu’on m’appelle vieil hébertiste, cela ne me choquera nullement. Je tiens qu’Hébert est un grand calomnié, et que Chaumette a été un des meilleurs, un des plus intelligents serviteurs de la Révolution. Donc, hébertiste, tant qu’il vous plaira! mais jacobin, non! Je n’ai jamais été de l’église où l’on glorifie Robespierre. Je n’ai jamais fait mes devoirs dans la chapelle de l’Etre suprême. Ceci dit, passons.»

[281] Le Père-Lachaise reçut beaucoup plus d’un millier de cadavres. A elle seule, l’abominable cour martiale de la Roquette fournit à ses fosses communes douze cents fusillés.

[282] L’hospice municipal de Brévannes, à Limeil-Brévannes (Seine-et-Oise), a été créé en 1884 par la Ville de Paris pour remédier à l’encombrement des hôpitaux parisiens.

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