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Véritables mémoires de Cagliostro

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VII
J’explique comment Jupiter a pu prendre la place d’Amphytrion, et je rencontre Alcmène en domino rose.

Un paradis où les anges seraient vêtus en Isabelles et en Colombines, tel est le Corso de Naples pendant le carnaval. Jeune comme j’étais et bien fait de ma personne, on imagine aisément que je tentai plus d’une belle folie amoureuse ; j’en menai trois ou quatre à bonne fin. Je ne manquais pas d’assurance, à cause de l’argent que j’avais, et surtout à cause du nom que je commençai dès lors à porter. Le comte de Cagliostro ! cela sonnait bien. Remarquez que j’avais parfaitement le droit de me faire appeler de la sorte, en souvenir de l’un de mes oncles, et parce que je m’étais fabriqué des titres de noblesse tout à fait authentiques. Quant aux façons de gentilhomme, nécessaires pour se pousser auprès des dames, je n’étais pas maladroit à me les assimiler. Il faut même que j’insiste, en passant, sur la faculté d’imitation qui m’a toujours distingué ; elle donnera la clef de quelques-unes de mes aventures qui, sans cela, paraîtraient peu compréhensibles. Avec un peu d’étude et une certaine contention d’esprit, je parvenais, non pas à modifier mes traits eux-mêmes jusqu’à les faire ressembler parfaitement à ceux de quelque autre personne, mais à copier ses allures, son regard, son sourire, tout l’air de son visage. Pour y réussir, je tâchais d’avoir une connaissance intime du caractère de mon modèle ; je m’efforçais de penser ses pensées, de m’identifier moralement à sa nature ; et pourvu qu’il ne fût pas dans des conditions physiques trop éloignées des miennes, j’obtenais d’extraordinaires effets de ressemblance, basés quelquefois sur d’imperceptibles manies, sur des nuances, sur des riens, sur ces échappées involontaires qu’on pourrait appeler l’extériorité de l’âme. Peut-être ai-je abusé quelquefois, dans des rendez-vous crépusculaires, de ce don précieux. Mais il n’y avait pas grand mal, et ce sont de menues peccadilles. L’important était de ne pas tromper sur la qualité.

C’est précisément sur ce point que je faillis être dupé pendant le carnaval de Naples. Je faisais « Corso », par une belle après-midi, me laissant heurter et fouler par le peuple, lorgnant les dames aux balcons, adressant des galanteries ou des quolibets aux carossées de masques, quand je vis arriver une calèche où se trouvaient deux personnes : un jeune homme à l’air grave et une dame fort parée, qui me parut d’une beauté rare et d’une coquetterie non moins singulière. Elle distribuait à droite et à gauche des sourires, et même des baisers, d’un peu loin il est vrai. Enveloppée d’un domino de soie rose qui laissait voir un cou d’une blancheur éblouissante, elle agitait avec une aimable afféterie une petite tête la plus adorable du monde, et son masque de velours, large de deux doigts, ne servait qu’à mettre en lumière, dans un cadre sombre, deux yeux incomparables qui me troublèrent jusqu’à l’âme. Un minois frais et riant, une petite bouche qui était un écrin de perles, de beaux cheveux noirs, courts et bouclés, donnaient à cette charmante fille un air délicieux d’adolescence à peine mûre. La mignonne s’amusait de tout son cœur, renvoyant aux passants les dragées et les bouquets qui pleuvaient sur elle. J’en reçus un par le nez, lancé peut-être à dessein, car j’étais planté devant elle et ne cachais pas mon admiration. J’attrapai les fleurs à la volée, et, après y avoir mis un baiser, je les jetai sur ses genoux.

Dieu du ciel ! que vis-je alors ? Cet ange me tira la langue.

Mes illusions défaillirent. Quoi ! avais-je admiré quelque banale et impudente créature ? Non, non, non ! ces yeux, cette gaieté, cette candeur visibles ne pouvaient me tromper ; l’inconnue n’était point une courtisane. Une pensionnaire plutôt ! la malice dont j’avais été victime n’était qu’une extravagance de fillette.

Devant ma surprise, elle éclata de rire, en me désignant à son compagnon, grosse figure sournoise, qui me regarda d’un air de commisération. Cela me piqua ; je suivis leur calèche pendant les allées et venues qu’elle fit sur le cours ; je ne manquai pas d’échanger mainte œillade avec la jeune femme qui semblait se plaire à ce manège. Un moment vint où, feignant d’être blessée par son masque et sous ombre de l’arranger, elle se découvrit le visage avec un sourire qui m’était certainement adressé. Elle était parfaitement belle, j’en devins parfaitement amoureux.

Comme je ne pouvais me méprendre sur ses bonnes dispositions, je continuai de suivre la voiture avec une persistance qui fut récompensée. Nous arrivâmes à l’hôtel d’Angleterre, où le couple descendit. Il était évident que j’avais affaire à des étrangers, ou à des Italiens de petite ville, venus à Naples pour y passer les meilleurs jours du carnaval. De nouveaux épousés peut-être, faisant leur voyage de noces ? L’indifférence avec laquelle ils se traitaient ne s’opposait pas à cette hypothèse. Le mariage a ses mystères.

L’hôtelier consentit à me montrer son livre de police. Les deux voyageurs étaient inscrits sous ces noms : « Roméo Staffi, Lorenza Feliciani. » C’était de Rome qu’ils venaient. Par une servante, que je payai bien, j’appris en outre que le signor et la signora avaient une chambre à deux alcôves et ne dormaient pas sous le même ciel de lit. Ce Roméo Staffi était un imbécile.

Je réfléchissais à ces choses, quand le signor entra dans la salle commune, suivi de la signora Lorenza qui se mit à rire en m’apercevant.

Elle était démasquée ; je n’avais jamais vu d’aussi belle personne !

Sa gaieté ne laissait pas que de me confusionner un peu ; le cavalier, clignant de l’œil d’un air narquois, me dit à brûle-pourpoint :

— Avouez que vous mourez d’envie de faire notre connaissance ?

Je l’avouai franchement, m’excusant sur la liberté du carnaval, et sur une égratignure que m’avait faite un bouquet de roses et dont je voulais demander raison à « madame ».

— Dites « mademoiselle », répondit Roméo.

— Pourquoi donc ? fit Lorenza.

Et nous voilà tous trois à nous regarder.

La jeune femme parlait avec une voix vibrante et sonore, une adorable voix de contralto. Elle reprit sans nul embarras et en riant de plus belle :

— Il est certain que s’il suffit de ne pas être mariée pour être demoiselle, je suis une demoiselle véritable ; mais s’il suffit de ne pas être demoiselle pour être mariée, je suis mariée aussi.

Je ne compris pas un mot à ce discours plaisant ; par bonheur, le seigneur Roméo voulut bien me tirer de gêne.

— La vérité, monsieur, c’est que nous sommes fiancés malgré la volonté de nos parents, et que nous courons le monde dans l’espoir de les décider à nous unir. Mais notre vie, en dépit des apparences, est parfaitement irréprochable…

Irréprochable ! triple sot ! Pourtant cette stupidité n’était pas pour me déplaire, et, touché de leur confiance, je me mis à la disposition des deux amants. Je leur offris mes conseils, ma bourse, mon épée, — et un dîner qu’ils acceptèrent sans façon.

Vraiment, le repas fut très intéressant, d’autant que les petits souliers de Lorenza, sous la table, ne semblaient pas avoir pour les miens une antipathie insurmontable, et aussi parce que mes nouveaux amis complétèrent leurs confidences.

La belle Lorenza était la fille d’un passementier de Rome. Touchante conformité ! mon père avait été passementier à Palerme ! mais je me gardai d’en souffler mot, pour ne pas contredire mes nobles parchemins. — C’était à l’église de la Trinité des Pèlerins, où elle était fort assidue, que Lorenza avait fait la connaissance de Roméo. De quelle façon ? En se confessant à lui. Roméo était prêtre en effet, ce qui m’expliqua l’air un peu taciturne empreint sur les traits de ce bizarre amoureux. Mais il espérait quitter les ordres pour se marier ; il était en instance à ce sujet auprès du saint-père. Ces « désordinations » ne sont pas impossibles, et, appuyé par de hautes protections, Roméo comptait réussir. Le fâcheux, c’était que les parents de Lorenza, loin de se prêter au mariage secret que Roméo avait voulu contracter, en attendant l’issue de son instance, avaient fait enfermer leur fille au couvent de l’Annonciade et défendu leur porte au jeune prêtre. Roméo, pour leur forcer la main, avait enlevé la belle Romaine, et il la promenait à Naples dans l’honnête dessein de la compromettre outrageusement.

L’affaire me parut grave. Le Saint-Office pouvait s’en mêler. Il est malséant que les prêtres enlèvent les filles, même dans l’expectative d’un mariage douteux.

Je développai ce raisonnement aux jeunes gens qui m’écoutèrent avec attention. Je leur parlai des suites probables de leur escapade. Je ne pouvais supporter l’idée que Lorenza pût être mise en prison, et je lui fis à ce sujet les remontrances les plus vives, emporté par un intérêt que je ne pouvais dissimuler.

— Ohimé ! s’écria Roméo en riant, je crois que vous êtes amoureux de ma fiancée ?

— C’est vrai, répondis-je, et je vous l’enlèverais de grand cœur, si elle m’aimait. Mais je suis prêt à me dévouer à vous deux, puisqu’elle vous aime. Qu’avez-vous à répondre à cela ?

— Rien, dit-il, sinon que je vous suis fort obligé ; et puisque Lorenza vous paraît jolie, je vous autorise à l’embrasser.

Per Baccho ! je pris la balle au bond et m’avançai vers Lorenza que je saisis entre mes bras, malgré sa résistance assez robuste. Roméo riait à se tordre. Il me parut d’une pâte à faire un excellent mari. Cependant la signora me repoussait sérieusement, mais en riant elle-même, ce qui la rendait maladroite à se défendre. Elle esquiva mon premier baiser, reçut le second, et répondit au troisième par un soufflet.

— N’allons pas plus loin, dit Roméo en s’interposant. J’ai promis à Lorenza de la conduire au spectacle. Aurons-nous l’honneur de votre compagnie ?

— A une condition, dis-je, c’est que la signora m’accordera la permission de baiser la main qui m’a si rudement frappé.

— Oh ! point du tout, dit-elle.

— En ce cas, répondis-je, je n’irai point avec vous.

— C’est comme il vous plaira, seigneur comte.

Les amoureux partirent. Je m’étais dépité mal à propos et, par un caprice, perdais l’occasion de passer une bonne soirée. Un baiser sur la main, eh ! je lui en aurais donné bien d’autres ! Les façons d’agir de son amant me permettaient à cet égard des espérances. J’aurais dû rentrer chez moi ; avec la lâcheté naturelle à l’amour, je demeurai à l’hôtel sous de vagues prétextes. J’avais besoin de revoir Lorenza avant de m’endormir, et parfois je me demandais si ces bizarres fiancés ne me permettraient pas de dresser un troisième lit dans leur chambre.

Pendant que je me livrais à ces imaginations galantes, voilà un grand bruit devant la porte de l’hôtel, une foule rassemblée, puis des soldats, des exempts et un officier de justice qui entrent avec fracas.

L’hôte salue jusqu’à terre et roule son tablier entre ses doigts. On apporte le registre de l’hôtel, l’officier déclare qu’il met en état d’arrestation Roméo Staffi et Lorenza Feliciani pour divers crimes à connaître par le tribunal de la Sainte Inquisition romaine. On monte chez les jeunes gens, on ne les trouve pas. Seul, je savais qu’ils étaient à San-Carlo. Je m’esquive à la faveur du tumulte ; je loue une chaise de poste et de bons chevaux ; je passe à mon logement où je prends de l’argent et un porte-manteau bien garni ; puis j’envoie ma voiture stationner dans une ruelle voisine du théâtre. A San-Carlo, je ne cherchai pas longtemps mes étourdis. Ils étaient au premier rang d’une loge, bien en vue, et marquaient la mesure en dodelinant de la tête.

Toutefois, au premier signe que je leur fis, ils se levèrent pour me rejoindre ; j’avais sans doute la figure bouleversée.

— Pas un mot, pas un geste ! Nous causerons sur la grand’route. On est venu pour vous arrêter ; il faut fuir sans perdre un instant.

Nous arrivons dans la petite rue où la chaise nous attendait ; mais, au moment où nous en approchons, la portière s’ouvre, et j’en vois sortir un homme avec une grande épée, qui me salue poliment.

C’était l’officier de police.

— Seigneur comte, dit-il, vous vous êtes donné beaucoup de peine pour trouver un carrosse que je vous aurais offert moi-même. Puisque vous avez loué celui-ci, nous en profiterons. Vous commettiez d’ailleurs une grave imprudence ; les routes ne sont pas sûres ; voyager de nuit, sans escorte, est une chose hardie. Nous ne souffrirons pas qu’il vous arrive malheur. J’ai amené avec moi quelques braves gens qui se tiendront devant et derrière votre voiture ou galoperont aux portières. Voulez-vous passer, belle inamorata ? ajouta l’affreux railleur en offrant la main à Lorenza. A vous, monsieur l’abbé ! A vous, monsieur le comte !

Je réfléchis que je pourrais servir ces jeunes gens plus utilement, si je ne me laissais pas envelopper dans leur désastre, et je reculai d’un pas en m’excusant sur des affaires que je voulais terminer à Naples.

— Eh quoi dit le coquin qui se moquait de nous, vous abandonneriez une aussi belle dame dans son malheur ? Je ne veux pas le croire pour votre honneur. Montez, je vous prie.

— Avez-vous un mandat contre moi ?

— Contre vous, seigneur ? Oh ! vous êtes trop sage ; mais vous serez fort utile à la justice pour l’éclairer. Montez de bonne grâce. J’aurais tous les regrets du monde de vous faire donner dans le dos des coups de crosse de mousquet.

Il fallut obéir. Je me plaçai sur le devant de la voiture, en face de Lorenza, qui dut forcément croiser ses genoux avec mes jambes. Cela me fut une sorte de consolation. L’exempt entra quatrième, ferma la portière, et nous voilà partis pour Rome.

Je passai la nuit aussi chastement que le permirent les cahots de la chaise, bercé de rêves doux et lointains, regardant fuir la campagne sous un beau clair de lune.

La nuit s’écoula, puis la matinée. Vers la fin de l’après-midi, nous aperçûmes à l’horizon le dôme de Saint-Ange, et nous nous arrêtâmes à Pizzo pour relayer une dernière fois. Je fis servir une collation, avec l’autorisation de l’officier qui s’était fort humanisé avec nous.

Nous étions encore à table lorsque entra dans l’hôtellerie un grand homme sec, habillé de noir, porteur d’une longue baguette, et dont le nez ressemblait à celui d’un oiseau de proie. J’appris bientôt que c’était le barigel du Saint-Office. L’Inquisition venait au-devant de nous ; c’était un grand honneur qu’elle nous faisait.

— Monsieur l’officier, dit brutalement le barigel, j’ai reçu votre message, et je vous annonce que vous êtes un sot. Quels sont les gens que vous m’amenez ?

— Per Baccho ! dit l’officier, ce sont les gens que vous m’avez chargé d’arrêter, Roméo Staffi et Lorenza Feliciani.

— Le ciel vous confonde ! J’arrive du couvent de l’Annonciade où j’ai vu la signora Lorenza elle-même. A la vérité, elle ressemble quelque peu à madame, mais on n’est pas agent de police pour se laisser prendre aux apparences. Quelles preuves avez-vous de l’identité de vos prisonniers ?

— Excellence, leurs noms écrits par eux-mêmes sur le registre de l’hôtel où ils étaient descendus : Roméo Staffi et Lorenza Feliciani.

— Pardon, interrompit notre belle compagne, il n’y avait pas Lorenza, mais Lorenzo.

— Lorenza, Madame.

— Lorenzo, Monsieur.

— J’ai vu l’a.

— Et moi j’ai écrit l’o, — peut-être avec un paraphe ; mais ce sont ornements d’écriture qui n’ont rien de criminel.

— Vous osez soutenir, cria l’officier, que vous êtes un homme ?

— Qu’on me donne une épée, et je le prouve ! répondit effrontément ma passion.

— Eh bien ! dit le barigel à l’officier, êtes-vous un sot, oui ou non ?

Roméo prit la parole :

— Bien des gens s’y sont trompés, Excellence, mais puisque mon innocence est reconnue, nous ferez-vous la grâce de manger un melon en notre compagnie ?

Dieu juste ! j’étouffais. Avoir été dupé, joué, bafoué à ce point ! Et pourtant, je demeurais, malgré l’évidence, dans une confusion d’esprit singulière ; je regardais cet adolescent qui jouait si bien les filles, et ne pouvais me persuader encore que je me fusse trompé.

Enfin je dis au jeune masque, avec une émotion où perçait une sourde colère :

— Ainsi, vous vous êtes moqué de moi ?

— Bah ! en carnaval ! répartit le jeune drôle.

— Vous souvenez-vous au moins du soufflet que vous m’avez donné ?

— Allez-vous me chercher querelle ?

— Certes ! criai-je.

— Eh bien, sortons, dit-il.

Dès que nous fûmes sur la route, je repris :

— Où trouverons-nous des armes ?

Il éclata de rire.

— Oh ! le méchant caractère ! Suis-je donc coupable parce que j’ai dix-sept ans et que je suis beau ? Quand vous m’aurez vu casser quelques pots et pousser quelques filles, vous ne vous y tromperez plus. Un soufflet, la belle affaire ! Vous me le rendrez à notre première dispute. Nous trouer la peau pour un pareil sujet, ce serait absurde, seigneur comte ! Attendez que je vous aie emprunté votre maîtresse. Allons, riez de l’aventure, c’est le meilleur parti, et pour faire ma paix avec vous, je vous promets un baiser de ma sœur.

— Vous avez une sœur ? dis-je.

Et j’eus grand’peine à ne pas ajouter : « aussi belle que vous ».

— Eh oui, j’ai ma sœur Lorenza, qui me ressemble en mieux, comme une étoile ressemble à une chandelle. L’histoire que nous vous avons racontée, Roméo et moi, est vraie de point en point, et c’est pour distraire ce pauvre abbé, qui est fort à plaindre depuis que l’on a mis Lorenza au couvent, que j’ai consenti à jouer le rôle de ma sœur pendant quelques jours de carnaval.

— Vous me présenterez à la signorina Lorenza ?

— Sans doute.

— Quand cela ?

— Demain, dès que vous le voudrez. L’Annonciade n’a pas la clôture sévère. On y loge les filles désobéissantes, lorsqu’elles ne sont plus d’âge à recevoir le fouet.

Qu’eût fait tout autre à ma place ? Je me composai le meilleur visage que je pus, pour ne pas avoir l’air trop ridicule, et je tendis la main à mon nouvel ami.

Deux heures après, il y avait quatre hommes parfaitement ivres dans l’hôtellerie de Pizzo.

L’abbé buvait comme un barigel, et le barigel comme un abbé ; Lorenzo leur tenait tête vaillamment ; quant à moi, j’avais vidé tant de gobelets à la santé de ma future conquête, que, si je n’avais pas été le comte de Cagliostro, j’aurais été gris comme un bourgeois. Quand je vis que nous étions sur le point de nous laisser glisser de nos chaises, je priai Lorenzo d’emprunter des habits de son sexe à un garçon de l’auberge, de peur de quelque méprise.

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