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Dans l'ombre chaude de l'Islam

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REGARD EN ARRIÈRE

Vivre seule, c’est vivre libre. Je ne veux plus penser à rien. Pendant des mois j’espacerai mon âme… J’ai connu des jours nombreux où je menais une existence de « chien perdu ». Ces jours sont loin, derrière les vastes solitudes, derrière les montagnes écrasantes, par-delà les Hauts-Plateaux arides et le Tell cultivé, dans la ville aux nuits d’angoisse où les choses chaviraient devant mes yeux, où mon cœur se gonflait de pitié et d’impuissance. Maintenant, j’ai reconquis l’orgueil, et les figures amies me sont plus douces. Je ne souffrirai plus de personne.


— Petite rue du Soudan, où je travaillais la tête penchée sur des papiers, dans ma chambre pavée de faïence, sur une terrasse haute, parmi les linges qui séchaient au soleil, avec des voisinages d’hôtes inconnus, — je ne tendrai plus l’oreille aux bruits de l’escalier : je n’attends aucun camarade, et les heures ne sont plus pour moi que des moments de lumière !

Si j’écrivais des mots sur les marges des lettres que j’ai reçues, ils seraient amers ; mais j’ai laissé toutes les lettres et tous les souvenirs derrière moi. J’ignore aussi l’heure des journaux et les dernières nouvelles. Les feuilles m’arriveront par le bureau de Collomb. Je saurai, de temps en temps, ce qui se passe ailleurs, pas toujours… ainsi j’aurai mieux le loisir de vivre de moi-même. Il me semble que j’entre dans ma vie en avançant dans les terres inconnues.


— Cette route fut longue et morne, mais nous marchions : c’était assez.

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