Keetje Trottin
Un matin, je rentrais de courses. Je me laissai glisser le long de la rampe jusque dans la cuisine. J’y trouvai Corry et le patron bouche contre bouche : lui, les mains sur le dos, le corps et la tête penchés en avant ; elle, les poings sur les hanches, et aussi penchée en avant. Il se décollèrent ; il se sauva en bougonnant.
— Ah ! sotte fille, tu nous mouchardais, tu ferais mieux de te laver les oreilles… Voilà les pommes, tiens, prends cette grosse pour toi, et pèle les autres aussi épaisses que tu voudras, mais fais vite… Tu comprends, j’en ai assez de changer toujours de place, et je puis bien lui faire ce petit plaisir. Il ne réclame pas quand les pommes ou les poires ne sont pas assez cuites… Allons, sois gentille comme une grande fille, ça ne fait de mal à personne et ne regarde ni la patronne ni la première… Oh ! la seconde est trop bonne fille, jamais elle ne ferait du tort à qui que ce soit… Je suis maintenant si bien habituée ici…
Et voilà que les larmes coulaient sur ses joues.
— Na ! Corry, je ne suis pas une rapporteuse, la patronne peut se fouiller…