L'amour prodigue
XIV
Monsieur le Prince de Santa Venere,
67, avenue Wagram, ou ailleurs,
PARIS.
« Rassurez-vous aussitôt, monsieur, ce ne sont pas, aujourd'hui, des reproches au fiel.
« J'ai presque oublié maintenant la farce à l'italienne où vous m'aviez généreusement distribué le plus mauvais rôle, et vous n'aurez plus à craindre de moi de justes représailles.
« Notre mariage à la frime se termine — vous allez en être ébahi — par un mariage pour de vrai.
« La princesse de fantaisie se métamorphose demain en marquise sérieuse.
« Les hommes se suivent et ne se ressemblent pas.
« Je vous dispense, à cette occasion, de me faire le cadeau de repentir auquel j'aurais, avouez-le, quelque droit.
« Si, ce qui n'est guère probable, vous ne tirez pas en ce moment le diable par la queue, veuillez simplement vous fendre d'une belle couronne en perles fausses pour la tombe de ce pauvre Eudoxe Leguidecoq, dont votre beau coup a certainement contribué à abréger les jours.
« Zoé accepte de monter en grade et d'être désormais ma demoiselle de compagnie au château de Saigneville.
« Croiriez-vous qu'elle s'entête à chercher chaque matin dans les faits divers la nouvelle de votre arrestation?
« Cela ne vous étonnera pas plus que moi, mais j'espère que vous aurez une fin moins logique.
« Sans la moindre rancune.
« Flossie. »
Agay, avril 1910.