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Dissociations

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LE COURANT D’AIR

On peut diviser l’humanité de bien des manières, selon les qualités, selon les défauts les plus répandus. Au point de vue du courant d’air, elle se répartit en deux classes bien distinctes, ceux qui le supportent et même s’y délectent, ceux qui ne le supportent pas et pour lesquels même il peut être dangereux. Or, ces deux classes d’être humains se rencontrent en nombre à peu près égal dans les autobus et dans les tramways : d’où conflit entre ceux qui ne peuvent respirer que les vitres baissées et ceux qui les redoutent et n’y voient que des portes ouvertes aux rhumes, maux de gorge et bronchites. L’ancien système des voitures à impériales (éternellement et vainement regrettées) résolvait à peu près la question. Les gens qui avaient besoin d’air pouvaient toujours monter en haut, et les gens qui s’en passent très bien pouvaient généralement se confiner dans leur boîte. Maintenant, il n’est plus de remède et il faut ou supporter le courant d’air ou prendre une voiture. Il y a une grande différence, d’ailleurs, entre le courant d’air et l’air libre. Qui souffre d’une fenêtre ouverte supporte fort bien la voiture découverte, même par un temps frais et même froid. La solution du conflit serait peut-être dans les autobus d’été entièrement découverts et les autobus d’hiver, temps où personne n’a envie de baisser les vitres, mais l’impériale réunissait les deux systèmes. Ceux qui l’ont abolie ne connaissaient peut-être pas très bien la sensibilité de certains systèmes respiratoires. A la prochaine adjudication, quand tous ces êtres trop délicats seront trépassés, on rétablira les impériales et cela paraîtra une découverte merveilleuse.

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