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Dissociations

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CÉLIBATAIRES

On reparle, et plus sérieusement que jamais, d’un impôt sur les célibataires. Rien, en apparence, ne semble plus juste, mais ce n’est peut-être qu’une apparence. D’abord, y a-t-il des célibataires, de vrais célibataires, des anachorètes ? Sans doute, mais ils sont assez rares, et si on ne frappait que ceux-là et d’une taxe modérée comme les billards, les chiens et les bicyclettes, cela ne fournirait pas un impôt très productif. Si l’on comprend sous ce titre tous les êtres de l’un et de l’autre sexe qui, à un certain âge, ne sont pas mariés, cela serait plus sérieux, mais peut-être pas très équitable, car on imposerait dans ce cas, outre une infinité de gens qui ne sont célibataires que de nom, avec ceux qui n’ont pas voulu, ceux qui n’ont pu se marier. La question n’est pas simple. Il y a le célibataire riche ou aisé et il y a le célibataire pauvre, mais il est rare que l’un ne fasse pas vivre une femme ; il est fréquent qu’il en ait un enfant ; quant à l’autre, sous prétexte d’atteindre le célibat, c’est la pauvreté que vous taxerez. Si c’est le fait de ne pas élever ostensiblement des enfants que l’on veuille atteindre, pourquoi laisser de côté les ménages stériles ? Si c’est le fait de s’être dérobé aux charges visibles de la famille, on devra noter que ces charges sont assez souvent compensées par une dot et que d’ailleurs la vie d’un couple est loin d’être deux fois plus onéreuse que la vie d’un être isolé. Enfin les promoteurs de la chose considéreraient-ils le mariage comme un tel enfer qu’on ne saurait s’y dérober sans payer à la société une compensation ? Cette vue serait bien imprudente au point de vue social. Mais surtout je considère un impôt de ce genre comme attentatoire à la liberté. Ce serait une immixtion vraiment un peu abusive de la loi dans la vie privée.

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