Dissociations
NOMS D’ÉGLISES
La « Protestant Episcopal Church of America » veut être désormais appelée « The Holy Catholic Church of America », c’est-à-dire la « Sainte église catholique américaine ». Est-ce pour embêter la vraie Église catholique, celle du pape et de la messe ? Est-ce un accès de mégalomanie, ce qui est américain ayant droit tout naturellement à l’universel ? Le catholicisme n’est pas plus universel que l’anglicanisme, pourquoi serait-il seul à se parer de ce titre prétentieux ? Je ne sais. Les journaux américains polémiquent à ce sujet, qu’ils n’ont pas su me rendre limpide. Cette Église américaine est une dérivation directe de l’Église anglicane telle que réformée par Henri VIII et même elles ne font moralement qu’un même corps. C’est la moins protestante de toutes les confessions protestantes, au point que sous Léon XIII se posa la question de la validité des ordinations anglicanes. Elle se fondrait peut-être dans le catholicisme si celui-ci faisait quelques concessions qui ne seraient qu’un retour à un état ancien de ses dogmes et de sa discipline. Ce serait un grand malheur et si, par hasard, un rapprochement se faisait aussi avec l’Église orthodoxe grecque, le monde se trouverait serré dans un réseau dogmatique extrêmement fort. Je ne dis pas qu’une telle union soit probable, mais seulement qu’elle est possible. Le pape alors disposerait d’un budget énorme et on verrait peut-être une domination ecclésiastique comparable à celle que supporta le moyen âge. Les Américains ne regardent pas si loin. Ils sont choqués de voir mépriser ce nom de protestant qui est cher à la grande majorité d’entre eux. Nous autres, nous n’y verrons qu’une misérable ambition de la vanité cléricale et nous nous garderons de prendre parti. Qu’ils s’appellent comme ils voudront, ils ne nous feront pas moins rire.