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Dissociations

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L’HOMME TERTIAIRE

Une dépêche de Buenos-Ayres annonce que l’on a trouvé dans des couches géologiques de l’époque tertiaire des traces incontestables de l’existence de l’homme à cette époque lointaine. Ce n’est pas la première fois que l’on croit faire semblable découverte ; il faut attendre les détails et les discussions, mais on peut dire déjà que théoriquement la nouvelle est fort vraisemblable, les dernières études biologiques de la question ayant suffisamment indiqué que l’homme est un animal très ancien, un des plus anciens parmi les mammifères. Tout le démontre, son ostéologie, c’est-à-dire son squelette à cinq doigts à chaque membre, sa température relativement basse. Quand on considère les grands sauriens de l’époque secondaire qui se tenaient debout appuyés sur leur queue, on est frappé de la parenté de leur attitude avec l’attitude des grands marsupiaux (le kanguroo), avec celle des grands primates, avec celle du groupe humain. Sans doute ce n’est là qu’une vue esthétique, mais on ne la retrouve pas en regardant ceux des mammifères qui passent, dans les vieilles classifications à la Hæckel, pour être les devanciers de l’homme. Darwin, inconsciemment guidé par ses souvenirs bibliques, a fait traditionnellement de l’homme le couronnement de la création, même de la création naturelle, mais le savant de bonne foi et sans préjugés est troublé quand il regarde la main humaine, et ensuite la main batracienne ou la main saurienne. Comment croire que la nature, après avoir produit toute la série des mammifères, a tout d’un coup retrouvé la main qu’elle avait oubliée depuis les primates ? Ce serait contraire à toutes ses habitudes logiques. L’homme tertiaire ne me surprend, ni ne m’émeut. Travaillez, creusez la terre, vous en trouverez bien d’autres.

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