Histoire de Marie-Antoinette, Volume 1 (of 2)
Chargé de rendre compte, dans la Revue des questions historiques, de la Correspondance du comte de Mercy avec Marie-Thérèse, qui venait de paraître, nous écrivions, il y a quelques années, les lignes suivantes:
«La vérité historique est là, dans ces rapports de Mercy, entre «le vague des partiales assertions de Mme Campan, de Weber et de Montjoye» et les «calomnies, les erreurs grossières de Besenval, de Lauzun et de Soulavie»; entre le dénigrement systématique des uns et l'«enthousiasme superstitieux» des autres; entre le pamphlet et la légende, mais pourtant plus près de la légende. Marie-Antoinette n'est pas une coupable, ce n'est pas une sainte; c'est une femme honnête et charmante, un peu étourdie, un peu vive, mais toujours pure; c'est une reine, parfois ardente dans ses protections et irréfléchie dans sa politique, mais fière et énergique: vraiment reine par la dignité de son attitude et l'éclat de sa majesté; vraiment femme par la séduction de ses manières et la tendresse de son cœur, en attendant qu'elle devînt martyre par la torture de ses épreuves et le triomphe sanglant de sa mort [1].»
Quinze ans de recherches consciencieuses, l'examen de documents nouveaux et de premier ordre, comme les Papiers du comte de Fersen, la Correspondance du baron de Staël, celle du comte de Goltz, celle du comte de Mercy avec Joseph II et Kaunitz, les Mémoires de la duchesse de Tourzel, etc., n'ont pas modifié notre opinion, et nous écririons encore en 1889 ce que nous pensions déjà en 1874.
Les qualités qui paraissent pendant ces dix premières années de l'existence de Marie-Antoinette en France, nous les retrouvons pendant les treize dernières, jusqu'à la date fatale du 16 octobre 1793, avec les seuls changements que l'âge, l'expérience, la maternité, le malheur surtout y devaient apporter.
Nous nous sommes efforcé de les retracer, telles qu'elles résultent, à nos yeux, de la lecture et de la comparaison des textes, en tenant compte, autant que possible, des causes premières et des causes secondes qui ont pu influer sur elles.
Nous n'avons pas dissimulé davantage les défauts et les fautes, n'ayant eu d'autre souci que de chercher la vérité et d'autre ambition que de la dire.
Avons-nous réussi? Ce sera à nos lecteurs de répondre [2].
Orléans, 22 décembre 1889.