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Le diable peint par lui-même

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CHAPITRE X.
MÉSAVENTURES ET FAIBLESSE DES DÉMONS.

Miserere inopum sociorum…

Juvénal.

Vous tous que le trépas réunit aux démons,
Pécheurs, plaignez un peu vos pauvres compagnons.

—Sœur Élizabeth, du monastère d'Hoven, vit un jour le diable dans son dortoir. Comme elle le reconnut à ses cornes, elle s'approcha de lui, et le renvoya avec un soufflet.—Pourquoi me frappes-tu si durement, dit le Diable, en tâtant sa joue?—Parce que tu m'ennuies, répondit la sœur.—Si ceux que vous ennuyez vous souffletaient, repliqua le Diable, vous n'auriez pas les joues si grasses… Après avoir laché ce mot, il disparut, et bien lui prit, car la sœur n'était pas endurante.

Un autre jour, de très-grand matin, sœur Élizabeth, s'étant levée pour sonner les matines, entra dans l'oratoire commun, avec une lumière. Là elle aperçut le Diable sous la figure d'un jeune cavalier bien vêtu. Elle crut d'abord qu'un homme était entré dans le couvent, et sortant bien vite de l'oratoire, elle glissa sur un escalier. Ce ne fut qu'assez tard qu'elle s'avisa d'appeler à son secours; et elle fut quelque temps malade, tant du trouble qu'elle avait éprouvé que de la chute qu'elle avait faite. L'abbesse elle-même prit tant de part à cet événement, qu'elle en fit une petite maladie. Mais quand on eut fait comprendre à sœur Élizabeth, qu'elle avait eu à faire au Diable:—Ah! si je l'avais su, s'écria-t-elle, quel soufflet je lui aurais donné!… Il paraîtrait par là, que la bonne sœur prenait cœur au jeu, se fiant sur la patience du Diable, et sur la vigueur de son poignet[124].

[124] Cæsarii Heisterbach. Miracul., lib. V, cap. 45.

—Saint Grégoire le Thaumaturge, ou le faiseur de miracles, se rendant en sa ville épiscopale de Néocésarée, fut surpris par la nuit, et par une pluie violente qui l'obligea d'entrer dans un temple d'idoles, fameux dans le pays, à cause des oracles qui s'y rendaient. Il invoqua d'abord le nom de Jésus-Christ, fit plusieurs signes de croix pour purifier le temple, et passa la nuit à chanter les louanges de Dieu, suivant son habitude.

Après que Grégoire fut parti, le prêtre des idoles vint au temple, et se disposa à faire les cérémonies de son culte. Les démons lui apparurent aussitôt, et lui dirent qu'ils ne pouvaient plus habiter le temple depuis qu'un saint évêque y avait couché. Il prodigua les encensemens, et promit bien des sacrifices pour les engager à tenir ferme sur leurs autels; mais c'était peine perdue: la puissance de Satan s'éclipsait devant celle de Grégoire. Le prêtre, furieux de voir son métier gâté, poursuivit l'évêque de Néocésarée, et le menaça de le faire punir juridiquement, s'il ne réparait le mal qu'il venait de causer. Grégoire, qui l'écoutait sans s'émouvoir, lui répondit avec le plus grand sang-froid:—Avec l'aide de Dieu, je chasse les démons d'où il me plaît, et je les fais entrer où je veux.—Permets-leur donc de rentrer dans leur temple, dit le sacrificateur. Le saint évêque prit alors un papier, et il écrivit cette petite lettre:

Grégoire à Satan:

RENTRE.

Le sacrificateur porta ce billet dans son temple, le mit sur l'autel, fit ses sacrifices, et eut la satisfaction de revoir les démons y revenir. Mais, réfléchissant ensuite à la puissance de Grégoire, il retourna vers lui, et se fit instruire dans la religion chrétienne. Une seule chose le choquait, c'était le mystère de l'incarnation du Verbe. Grégoire lui dit que cette vérité ne se prouvait point par des raisons humaines, mais par les merveilles de la puissance divine.—Eh bien! dit le sacrificateur, commandez à ce rocher qu'il change de place, et qu'il saute de l'autre côté de la grande route. Grégoire parla à la pierre, qui obéit comme si elle eût été animée. Le sacrificateur, sans délibérer davantage, abandonna sa maison, son bien, sa place, sa femme, ses enfans, pour suivre le saint évêque et devenir son disciple[125].

[125] Gregorii Nisseni, vita Gregorii Thaumath. operum, tom. I, pag. 980.

—Une jeune vierge, nommée Lydvina, après avoir passé quelques années dans les plus saintes pratiques de la vie religieuse, tomba dangereusement malade. Comme elle vivait solitaire, elle eût probablement succombé à l'ennui et à la douleur; mais elle fut visitée par son ange gardien, dont la beauté et la douce conversation lui firent peu à peu oublier ses souffrances. L'ange la prenait tous les jours par la main, la conduisait à une chapelle de la sainte Vierge, où elle faisait sa prière, et la transportait ensuite dans une campagne charmante, embaumée par les fleurs les plus rares, placée sous le plus heureux climat. Cette petite promenade rétablissait visiblement la santé de Lydvina.

Vers le même temps, une femme d'une nature un peu fragile eut le malheur de commettre un gros péché, et le bonheur de s'en repentir presque aussitôt. C'est pourquoi elle s'en confessa, mais sans doute imparfaitement, puisque le diable en prit note. Il vint donc fièrement trouver la femme pécheresse, et, lui montrant un grand papier: «Vois ce que tu as fait, lui dit-il, ta chute est écrite ici; la loi de Dieu te condamne à venir bientôt avec moi.» Cette pauvre femme, désolée d'être perdue, car elle se croyait damnée, et ne voulant pas aller dans un pays qu'on lui disait si sombre, se rendit à la maison de Lydvina, et lui demanda ses conseils. «Le démon vous trompe, dit la jeune vierge, asseyez-vous, je vais m'occuper de votre affaire. En même temps elle se mit en prière; l'ange gardien parut, et emporta Lydvina dans le ciel; elle y vit la sainte Vierge entourée d'un chœur de vierges, et placée à la droite de Dieu. Satan fut cité devant le tribunal suprême; il présenta sa note, et réclama ses droits. Mais, à la prière de Lydvina, la sainte Vierge déchira le papier du démon, et en remit les morceaux à la protectrice de la femme pécheresse; alors le Diable fut baffoué et forcé de sortir les mains vides[126]. Lydvina revint dans sa chambre, donna à la pauvre femme les débris du billet du Diable, et la renvoya, en lui conseillant de mieux faire à l'avenir[127].

[126] Deriso, explosoque Dæmone… Moqué et mis hors de cour.

[127] Joan. Brugmanni Fransciscani, vita Lydwinæ Virg. et Matthæi Tympii, præmia virtutum, pag. 290.

—Une nuit que saint Loup était en prières, il éprouva subitement une soif non accoutumée. C'était probablement dans un temps de jeûne, puisqu'il reconnut que cette soif était une tentation du Diable, et qu'il prit la secrète résolution d'attraper le tentateur. Il se fit apporter un plein vase d'eau froide; le Diable s'y jeta aussitôt, pour entrer dans le corps du saint; mais Loup, saisissant son oreiller, en couvrit le vase, et y tint le Diable enfermé jusqu'au matin, sans se laisser attendrir par ses cris plaintifs. Le jour venu, il le lâcha; et le Diable, pour se consoler de sa triste aventure, alla semer la discorde et l'impudicité dans le cœur de quelques jeunes clercs. Loup parut au milieu d'eux, au moment où ils se querellaient de bonne sorte, tout en se disposant à pécher avec des femmes de mauvaise vie[128]. Il les tira du précipice, et obligea le démon à retourner directement avec ses pareils[129].

[128] Audit clericos suos rixantes, eo quod cum mulieribus fornicari vellent

[129] Legenda aurea Jacobi de Voragine, leg. 123.

—Un habile exorciste avait enfermé plusieurs démons dans un pot à beurre. Après sa mort, comme les démons faisaient du bruit dans leur pot, les héritiers le cassèrent, persuadés qu'ils allaient y prendre quelque trésor. Mais ils n'y trouvèrent que le Diable assez mal logé; il s'envola avec ses compagnons, et laissa le pot vide[130].

[130] Legenda aurea, Jac. de Voragine, leg. 88.

—Le saint homme Caradoc s'étant retiré dans une petite île du nord, pour y mener la vie solitaire, le Diable vint lui offrir ses services sous une forme humaine.—Que me demandes-tu, dit Caradoc? tu n'as rien à faire ici.—Je ne viens point avec des vues intéressées, répondit le Diable; vous êtes seul, vous n'avez point de serviteur, et je m'offre pour vous servir, si vous le voulez bien. Observez que je le fais gratuitement et pour le seul plaisir de vous voir, de profiter en votre sainte compagnie…—Va-t'en, répartit Caradoc, je n'ai besoin ni de toi, ni des tiens… Après cela, Caradoc se mit au travail.

Comme il s'échauffait considérablement, il ôta sa ceinture. Le Diable, qui s'était caché dans un coin, la prit bien vite, et s'amusa à l'essayer. Quand Caradoc eut achevé sa besogne, il chercha sa ceinture; elle ne se trouva point: mais, en vertu de la sainte perspicacité de ses yeux, il aperçut le Diable qui riait aux éclats de se voir ceint de la courroie de Caradoc, et qui s'occupait continuellement à l'ôter, à la remettre, à singer les faiseurs de tours de passe-passe, et à sauter par-dessus le vénérable ceinturon, comme les enfans sautent après une corde. Caradoc réclama vigoureusement son cuir; mais il pouvait le demander sans insulte: le Diable n'avait pas envie de le garder. Il le rendit au saint homme, et se retira, fâché de ne trouver parmi les mortels que des injures pour des offres de services, et des esprits trop mal faits pour entendre la plaisanterie[131].

[131] Bollandi acta sanctorum, 13 aprilis; legendæ Joannis Capgravii, Caradocus.

—On lit, dans une vieille légende, que saint Dorothée ayant soif, commanda à Palade son disciple d'aller puiser de l'eau. Le Diable, qui l'entendit, eut la malice de jeter un aspic dans le puits de saint Dorothée. Palade, l'ayant vu, en fut tout effrayé, et courut dire à son maître: Nous ne pouvons plus boire, mon père, j'ai vu un aspic au fond du puits.—Si le démon jetait des serpens venimeux dans toutes les fontaines, répondit le saint, vous ne boiriez donc jamais?… Il sortit en même temps de sa cellule, tira lui-même de l'eau, et en but, après s'être signé.—Faites comme moi, ajouta-t-il: le Diable est sans force devant un signe de croix. L'histoire ajoute qu'il avait raison.

—Un religieux vint un jour frapper rudement à la porte de Luther, en demandant à lui parler. On lui ouvre; il regarde un moment le réformateur, et lui dit: J'ai découvert quelques erreurs papistiques sur lesquelles je voudrais conférer avec vous.—Parlez, répond Luther… L'inconnu propose d'abord quelques discussions assez simples que Luther résout aisément; mais chaque question nouvelle était plus difficile que la précédente, et le moine exposa bientôt des syllogismes très-embarrassans. Luther offensé lui dit brusquement:—Vos questions sont trop embrouillées; j'ai pour le moment autre chose à faire que de vous répondre… Cependant il se levait pour argumenter encore, lorsqu'il remarqua que le prétendu religieux avait le pied fendu et les mains armées de griffes.—N'es-tu pas, lui dit-il, celui dont la naissance du Christ a dû briser la tête? Ton règne passe, ta puissance est maintenant peu dangereuse; tu peux retourner en enfer… Le Diable, qui s'attendait à un combat d'esprit, et non à un assaut d'injures, se retira tout confus, en gémissant sur l'injustice des hommes à son égard[132].

[132] Melanchthon. de examin. theolog. operum, tom. I.

—Un grand diable vint un jour offrir ses services à saint Antoine. Pour toute réponse, Antoine le regarda de travers, et lui cracha au visage. Le démon en eut le cœur si gros, qu'il s'évanouit sans mot dire, et n'osa de long-temps reparaître sur la terre[133].

[133] Legenda aurea Jacobi de Voragine, legenda 21. On aurait peine à concevoir que St. Antoine ait traité le Diable si rudement, si l'on ne savait combien il en avait souffert de tentations; et l'on admettra difficilement que St. Antoine ait tant reçu d'attaques de la part du Diable, quand on se rappellera qu'il disait:—Je ne crains pas plus le démon qu'une mouche, et avec un signe de croix je suis sûr de le mettre en fuite… Saint Athanase, qui a écrit la vie de St. Antoine, entremêle les aventures de son héros avec le Diable, de quelques traits qui forment un contraste bien singulier.—Des philosophes, étonnés de la grande sagesse d'Antoine, lui demandèrent dans quel livre il avait puisé une si belle doctrine. Le saint leur montra d'une main le ciel, et de l'autre la terre:—Voilà mes livres, leur dit-il, je n'en ai point d'autres; si les hommes daignaient étudier comme moi les merveilles de la création, que de traits de sagesse ils y trouveraient! ils en seraient frappés, et leur esprit s'élèverait bientôt de la création au créateur… Assurément c'est bien là le langage d'un sage.

—Une jeune chrétienne (Julienne était son nom) venait d'être mariée au préfet de Nicomédie. Mais elle ne voulait point s'en laisser approcher qu'il n'eût embrassé le christianisme. On employa vainement prières et menaces; rien ne put changer ses résolutions. Son père irrité l'abandonna à son mari, pour qu'il la réduisît, s'il le pouvait, à son devoir d'épouse.—Aimable Julienne, lui dit le gouverneur, pourquoi vous montrez-vous si cruelle, et comment ai-je mérité que vous me repoussiez de la sorte?—Faites-vous chrétien, répondit Julienne; autrement, je ne reconnaîtrai jamais vos droits.—Ma chère maîtresse, reprit le gouverneur, vous exigez de moi une chose impossible, puisque, si je vous obéissais, l'empereur me ferait trancher la tête.—Vous redoutez un empereur mortel, répliqua Julienne: ne vous étonnez donc point que je craigne l'éternel… Au reste, faites-moi tout le mal que vous voudrez; mais soyez sûr que je ne vous céderai point…

Le gouverneur, désespérant de soumettre Julienne par des manières douces, recourut de suite à la violence. Il déshabilla sa chère maîtresse, la fit fouetter de verges, et, après l'avoir long-temps tourmentée, il la chargea de chaînes et l'envoya en prison. Ce fut dans ce triste gîte qu'un ange déchu vint la visiter.—Hélas! lui dit-il, pourquoi souffrez-vous tant de tourmens; faites ce qu'on exige de vous, et ne vous laissez point mourir avant d'avoir connu la vie… Comme ce démon avait l'apparence d'un ange, sans en tenir le langage, Julienne étonnée pria le ciel de lui révéler à qui elle avait à faire. Aussitôt une voix se fit entendre, qui lui dit:—Celui qui te vient voir est en ta puissance; force-le à te dire qui il est… Julienne prit donc les mains du démon, et lui demanda qui il était?—Je suis un démon, répondit-il; et mon père m'envoie près de vous…—Quel est ton père, reprit Julienne?—C'est Belzébuth, répliqua le démon. Le pauvre diable nous conduit maintenant assez mal; car, toutes les fois qu'il nous fait aller au-devant des chrétiens, nous sommes étrillés si nous sommes découverts. Cela nous arrive assez souvent; et je vois bien que j'ai mal fait de venir ici.

Julienne, ayant entendu ces mots, retint fortement le démon, lui lia les mains derrière le dos, le coucha par terre, et le frappa de toutes ses forces avec sa chaîne, quoiqu'il lui criât sans cesse:—Julienne, ma bonne dame, ayez pitié de moi!… Elle ne cessa de le battre que quand on la vint tirer de prison pour la conduire au gouverneur. Mais, en sortant, elle mit sa chaîne au cou du démon, et l'entraîna derrière elle, à écorche-cul. Le démon, désespéré, lui demandait grâce, en criant tristement:—Julienne, ma bonne dame, après m'avoir tant fait souffrir, ne m'exposez pas plus long-temps à la dérision de la multitude!… Je n'oserai plus me montrer nulle part… On dit que les chrétiens sont compatissans; et vous n'avez aucune pitié de moi!… Mais il eut beau gémir et pleurer, Julienne le traîna derrière elle, jusqu'à la place publique; alors elle le jeta dans une fosse de latrines[134]… Qu'avait-il fait cependant pour mériter un traitement si cruel?…

[134] Les bons auteurs ne rapportent point tous ces contes, qui se trouvent, avec bien d'autres, dans le R. P. Ribadeneira, in Flore sanctorum, et dans la Légende dorée. Cette Julienne, que l'église a mise au rang des martyres, fut une autre Clotilde, que l'on maria à un païen. Mais comme elle ne voulut point lui accorder les faveurs conjugales, s'il n'abjurait le culte des faux dieux, son époux lui fit trancher la tête, après avoir tenté les autres moyens de la séduire. La Légende dorée ajoute que, dùm ad decollandum duceretur Juliana, Dæmon, quem verberaverat, in specie juvenis apparuit; cumque Juliana paululùm oculos avertisset in eum, Dæmon aufugiens exclamavit:—Heu! heu! me miserum! adhuc puto quod me velit capere et ligare. Legenda 43.

—On peut encore citer cette anecdote, comme une preuve de la faiblesse du Diable, lorsqu'il a en tête quelque personnage d'importance. Un jour qu'il voulait attirer le saint diacre Wulfran à son service, il alla le trouver, et lui dit:—Fais-toi mon serviteur, je te récompenserai bien.—Que me donneras-tu, demanda Wulfran?—Je te mettrai dans un beau paradis, tout brillant d'or, de pierres précieuses, de cristaux et de diamans.—Fais-le-moi voir, répliqua le diacre… Alors le Diable fit un signe, et aussitôt on vit l'entrée d'un paradis merveilleux, au milieu duquel brillait un palais si éblouissant, que l'œil pouvait à peine en soutenir l'éclat.—Voilà qui est fort bien, répliqua Wulfran; si ce palais que tu me montres est l'ouvrage de Dieu, je veux qu'il reste sur pied, et je consens à le voir de plus près; mais si c'est ton ouvrage, et que tu sois un démon, comme je le soupçonne, je te commande, au nom de Jésus-Christ, de le mettre en ruines… A peine le Diable eut-il entendu ces mots, qu'il baissa la tête avec douleur. Mais il fallait obéir: il leva donc la griffe, donna le signal de la destruction; et, en un clin d'œil, le paradis, le palais, les bijoux, les pierreries s'évanouirent, comme nos décorations de théâtre, qu'un coup de sifflet fait disparaître[135].

[135] Voyez les diverses légendes, Bollandus, le R. P. Ribadeneira, in Flore sanctorum, et l'Éloge de l'enfer, première partie, art. V.

—Un jour que saint François était en oraison, le Diable vint le trouver et le tourmenta de tentations charnelles. François, reconnaissant l'ennemi, se déshabilla bien vite et se fouetta durement[136]. Après cela, il fit sept petites figures de neige, et, les prenant dans ses bras, il dit à haute voix:—La plus grande de ces figures est ma femme; les deux suivantes sont mes fils; la quatrième et la cinquième sont mes filles; la sixième est mon domestique, et la septième, ma servante. Hâtons-nous de les réchauffer, de peur que le froid ne les tue… En même temps il se roulait dans la neige… On ne tient guère contre de pareils traits; le Diable se retira tout confus, et François rentra dans sa cellule[137].

[136] Cordulâ durissimâ.

[137] Illicò Diabolus confusus recessit; et vir Dei, Deum glorificans, in cellam rediit. (Legenda aurea Jac. de Voragine. Leg. 144.)

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