Les causeries du docteur
XVIII
La naissance d’une île.
A la recherche d’un père.
J’ai l’honneur de vous faire part de la naissance d’une île nouvelle. La mer et l’enfant se portent bien.
Le calme plat de la félicité a succédé aux tempêtes de la parturition, aux convulsions de l’enfantement.
La mer, comme toutes les mères, semble frappée par la malédiction biblique :
et c’est au milieu de gémissements terribles, de lamentations formidables, que la mer laisse échapper de son sein le lambeau de terre qui doit fournir à l’homme un nouveau domaine.
Il est probable que vous n’avez jamais assisté à la naissance d’une île. Ce spectacle un peu émouvant est assez rare ; voilà la troisième fois seulement qu’on l’observe depuis quatre siècles. Il n’est donc pas surprenant que la nature fasse quelques frais pour célébrer un tel phénomène.
Lorsqu’un prince daigne augmenter le nombre des vivants, on entoure son berceau de tout le tapage et l’éclat dont les faibles humains peuvent disposer : le canon, les feux d’artifices annoncent aux populations qu’elles possèdent un nouveau maître.
Le programme est le même pour la naissance d’une île. Seulement la nature est plus grandiose dans ses réjouissances, et ses manifestations, au lieu de répandre l’allégresse, sèment l’angoisse et l’épouvante.
On dirait le prologue de la fin du monde.
Dans la partie sud de l’archipel grec, à quelques milles de l’île Santorin, existent deux îlots de formation volcanique : l’aîné surgit l’an 186 avant notre ère ; le cadet, nommé Néa Kammeni, vit le jour en 1707.
Le 29 janvier dernier, l’employé de l’état civil préposé à l’enregistrement des naissances iliaques, dormait sur son répertoire, du sommeil d’un fonctionnaire qui a des loisirs, lorsqu’il fut brusquement réveillé par des bruits tonitruants qui ébranlaient le sol.
L’artillerie souterraine des volcans tirait ses premières volées. La mer bouillonnait, se couvrait d’écume, et semblait frémir sous la main d’une puissance plus forte qu’elle ; l’eau prit une teinte rougeâtre et sinistre, il s’en échappait des masses de vapeurs blanches, sulfureuses, qui flottaient lourdement à sa surface. L’îlot de Néa Kammeni secoué sur sa base par des tremblements de terre se fendait en deux morceaux.
Les habitants, affolés de terreur, construisaient à la hâte un ballon avec toutes les crinolines du pays, pour échapper au naufrage de l’île, qui menaçait de s’engloutir ; elle s’est déjà enfoncée un peu dans l’eau qui bouillonne à ses pieds. L’air calme et pur était la seule route praticable à travers ce cataclysme.
Tout à coup, de longues flammes rouges, hautes de quatre ou cinq mètres, sortirent du sein des flots. C’était le vieux Neptune qui allumait ses feux de Bengale. Les tremblements de terre se succédaient ; les tonnerres souterrains jouaient l’air du jugement dernier avec un formidable ensemble. Tout craquait, la nature semblait disloquée et hors d’haleine.
La mer était toujours rouge, toujours frémissante, toujours couverte de blanches vapeurs.
Alors on vit surgir du milieu des flots, entre Néa Kammeni et son frère aîné, un piton pelé et aride qui s’élevait et croissait à vue d’œil, pour former une terre.
Quelque Titan, mal écrasé, grouillait probablement encore sous les roches profondes, et lançait dans un dernier défi la nouvelle île vers le ciel.
Vingt-quatre heures après elle mesurait cinquante mètres de longueur, douze de largeur et quarante-cinq de hauteur. Elle se fendille, et laisse passer les flammes à travers ses fissures. La nuit, on dirait qu’une légion de follets s’échappe par ses fêlures pour courir le monde.
Avec une telle faculté de croissance, si la nouvelle île avait l’ambition des grandeurs, elle transformerait bientôt, en poussant de la sorte, l’archipel grec en continent, et la Méditerranée en marais desséché.
Les pirates de la mer Égée seraient obligés d’exercer la flibuste en patache, et les gracieuses tartanes céderaient la place aux âniers du Péloponnèse. C’est impossible : une île n’a pas le droit de bouleverser ainsi les mœurs et coutumes d’un peuple.
Quel nom va-t-on imposer à ce gigantesque nouveau-né ? Il lui faut au moins pour parrain une des pyramides d’Égypte, et les dragées du baptême auront la taille des citrouilles.
La terre appartient au premier occupant ; si M. Lenormand, auquel on doit l’observation de ce phénomène géologique dont il a été témoin, avait eu la présence d’esprit de s’asseoir sur ce pic aride, au moment où il sortait du sein de l’onde, il en serait devenu le propriétaire, et même le monarque absolu. Voilà une occasion de monter sur un trône qu’il ne retrouvera peut-être jamais.
Il est vrai, que si cette île au tempérament tropical est pittoresque, elle est un peu sauvage ; exclusivement constituée par de la pierre ponce (j’en ai vu un morceau), ce terrain n’est pas très-favorable à la culture des plantes potagères. M. Lenormand a pu être arrêté par la crainte d’avoir un peuple à nourrir — et de roussir son pantalon.
Ces convulsions, qui accompagnent la naissance d’une petite île perdue dans l’immensité des mers, vous représentent sur une échelle au dix-millième l’histoire des soulèvements du globe. C’est par un mécanisme semblable qu’ont surgi les chaînes de montagnes qui constituent l’épine dorsale de la terre.
Notre planète n’était d’abord qu’une masse incandescente ; le refroidissement de sa superficie a permis aux matières en fusion de s’y déposer progressivement sous forme d’écorce, d’enveloppe solide. On estime que cette enveloppe a 40 ou 50 kilomètres d’épaisseur. Mais le reste de la masse, le noyau central, est toujours en ignition et représente sous nos pieds un globe de feu d’à peu près 13,300 kilomètres de diamètre : une jolie chaufferette.
Cette fournaise communique avec l’extérieur par quelque 200 volcans, qui lui servent de cheminées, en jouant pour nous le rôle de soupapes de sûreté. Mais les volcans sont d’une formation relativement assez récente. Avant leur apparition, lorsque le feu central fabriquait tout à coup de grandes masses de vapeur, l’enveloppe solide se déformait sous leur immense pression.
La terre se trouvait prise de frissons et de tremblements, comme un malade atteint de fièvre ; le sol devenait houleux et vacillant, des détonations souterraines accompagnaient les déchirements de ses entrailles ; les montagnes s’élevaient comme d’immenses pustules qui suppuraient une lave brûlante et des torrents de feu ; des pays s’éventraient et disparaissaient sous les eaux ; les eaux étaient refoulées dans les bassins des mers.
Puis tout rentrait dans le silence, jusqu’à ce qu’une nouvelle convulsion vînt apporter de nouveaux changements à la configuration du globe.
Cette période de révolutions est close ; la terre a pris des cheveux blancs, elle est revenue des folies de sa jeunesse, et si parfois, songeant à son passé grandiose, elle se permet la petite débauche de fabriquer une île nouvelle, c’est une simple plaisanterie, sans conséquence, et qui n’a d’autre but que d’effrayer les gens.
Elle a dû bien s’amuser des folles terreurs des Néa Kamméniens. Les craquements souterrains qu’on entendait étaient peut-être les manifestations de sa gaieté : c’est sa manière de rire, à elle.
A l’heure solennelle où le potage fumant va subir sa triste destinée sur la table du praticien, il y a quelques jours, une main fiévreuse fit palpiter ma sonnette et un inconnu effaré se précipita dans mon cabinet en bousculant ma servante qui avait envie de crier au voleur.
L’inconnu n’était point un voleur, mais un homme haletant et bien pressé.
— Venez, docteur, me cria-t-il d’une voie entrecoupée, venez de suite… avec moi… sauver la vie… à une jeune fille… hydropique… qui va mourir… elle perd son eau… et pousse des cris… à fendre l’âme…
— Et depuis combien de temps a-t-elle cette… fuite ?
— Depuis midi, mais elle souffrait moins que maintenant.
Je suis peu crédule à l’endroit des jeunes filles hydropiques, cependant je compris que mon intervention pourrait être dans ce cas très-promptement nécessaire, et je suivis l’inconnu rue X…, no 23.
Je trouvai une jeune fille de 16 ans qui se tordait sur son lit en proie à de vives douleurs ; une brave femme de mère en pleurs, un grand frère barbu, un autre moustachu formaient le fond du tableau.
Je ne m’étais pas trompé dans ma supposition. Après examen, je reconnus une hydropisie… âgée de neuf mois… et à terme. La présence de la mère m’inquiétait peu, une mère qui croit que son enfant va mourir, a le pardon facile ; les frères me gênaient davantage. Il y avait de l’émotion sur leurs figures énergiques, mais l’émotion pouvait, en pareille circonstance, céder la place à la colère, et je ne me souciais nullement de les avoir pour collaborateurs dans la petite opération que la nature semblait vouloir mener à bien toute seule.
La famille attendait pleine d’angoisses l’oracle que j’allais rendre. J’avais besoin de faire un prologue à la comédie qui allait se jouer ; il fallait, avant tout, me débarrasser de la famille.
— Je réponds de la vie de cette malade, mais j’ai besoin de rester seul avec elle ; veuillez vous retirer dans une autre pièce.
Un soupir de soulagement agita l’atmosphère ; le frère moustachu ouvrit la marche un flambeau à la main, la mère prit une lampe pour le suivre, et le barbu armé du bougeoir, forma l’arrière-garde. Dans leur trouble, ils me laissèrent à tâtons.
Aussitôt que nous fûmes seuls, la jeune fille me dit :
— Vous croyez, Monsieur, que je n’en mourrai pas ?
— Mais non, l’enfant se présente bien.
— Quel enfant ?
— Parbleu, le vôtre, celui qui vous devra le jour avant une demi-heure !
— (Avec une indignation bien sentie.) Quelle horreur ! mais je ne suis pas enceinte ! vous vous trompez, Monsieur, c’est indigne de m’accuser de pareilles choses.
Comme circonstance atténuante, je dois dire qu’elle avait été soignée pendant cinq mois pour une hydropisie par un prétendu médecin. Inutile d’ajouter que je cherchai en vain le nom du pseudo-docteur dans l’annuaire médical.
— Mon enfant, nous n’avons pas du temps à perdre à dire des choses inutiles, il faut vite arranger un petit roman pour éviter le premier choc de la famille.
— Mais c’est donc bien vrai !
— Avant vingt-cinq minutes vous en aurez probablement la preuve vivante.
— Oh ! mais alors… tuez-moi !… c’est impossible… je veux mourir…, etc., etc.
— Je dois vous dire, Mademoiselle, que je suis crédule comme un bistouri, et que vous prodiguez en vain des talents dramatiques très-remarquables. Le temps se passe et toutes vos dénégations seront étouffées par les cris de votre enfant… Vite au roman… Voici comment les choses se sont passées. C’était un soir, l’escalier était sombre, un homme vous a saisie.
— C’est vrai.
— Vous avez eu peur, la peur paralyse les forces ; il a porté sur vous une main coupable.
— Oh ! c’est bien vrai !
— Vous n’avez pas su vous défendre, vous vous êtes évanouie.
— C’est bien cela.
— En revenant à vous vous étiez déshonorée !
— Oh ! oui, Monsieur, c’est bien vrai tout cela.
— Eh ! non, ce n’est pas vrai, mais il est nécessaire dans votre intérêt que vos frères croient à cette histoire ; ils n’ont pas l’air d’entendre la plaisanterie, et le premier mouvement pourrait être difficile à arrêter.
La jeune fille comprit que la crédulité n’était pas ma vertu dominante, elle prit le parti de se taire et je fis rentrer la famille. Je débitai mon petit speech. Je racontai la chose avec tous les ménagements imaginables, avec toutes les précautions oratoires capables de faire naître l’attendrissement ; la pauvre mère était prise, elle pleurait en embrassant sa fille. Les frères étaient immobiles et sombres ; mon roman n’avait pas près d’eux un succès d’enthousiasme. L’aîné, le moustachu, un ex-lieutenant de spahis, poussa un effroyable juron.
— C’est X…, j’en suis sûr… le misérable, il faut que je le trouve.
— Partons, dit le barbu.
Et ils s’élancèrent comme une trombe à la recherche de X…
Le sieur X… ne m’inspirait qu’une médiocre commisération. Je devinai une séduction accomplie à la faveur de relations amicales avec la famille. Les frères étaient partis, mon but rempli, je me préoccupai beaucoup moins du reste. J’envoyai la mère à la recherche d’une layette et je restai seul avec la servante qui me parut être de moitié dans la confidence.
Une demi-heure après, on pouvait recommencer le mot de Charles X, il y avait un petit Français de plus. La mère et l’enfant se portaient bien. Je procédais dans une pièce voisine aux premiers soins que réclamait cet enfant de l’amour, tout à coup je vis apparaître par la porte entrebâillée, le profil d’une figure longue, blême et effarée. — Je sentis que cette tête appartenait au séducteur, il jeta autour de la chambre un regard timide, qui en sonda tous les recoins en un instant. Il n’était pas prévenu de l’événement et cependant il n’en parut pas surpris ; il savait à quoi s’en tenir sur l’hydropisie et ses suites, peut-être un de ces zéphirs amoureux qui sont chargés de transporter sur leurs ailes le pollen des fleurs, lui avait-il porté à travers l’espace les premiers vagissements de son fils.
Le jeune homme blême fit deux pas en avant, son œil d’un bleu pâle et terne s’arrêta sur moi, je compris qu’il avait peur et qu’au moindre mouvement il disparaîtrait au plus vite. Il est des gens que malgré soi, à la première vue, on compare à quelque chose : ce jeune Lovelace, qui ressemblait à un pierrot mal désenfariné, devint pour moi le sujet d’une comparaison fort triviale. J’en demande pardon au lecteur, mais je ne trouvais pas autre chose ; il me fit l’effet d’un lapin vidé.
— Entrez, Monsieur, lui dis-je, je crois que vous n’êtes pas de trop ici, et que vous êtes pour quelque chose dans ce qui s’y passe.
— Hélas, oui ! Monsieur, mais je vous assure…
— Quoi ?
— Que ce n’est pas ma faute…
— Parbleu ! c’est la mienne, peut-être ? Enfin, ce qui est fait est fait ; voilà un enfant qui a besoin d’un père, j’aime à croire que vous remplirez votre devoir en galant homme.
— Oh ! Monsieur, c’est bien mon intention.
— L’enfer est pavé d’intentions excellentes ; à votre place, pour qu’on n’en doute pas, je m’exécuterais sur-le-champ.
— Comment faire aujourd’hui ? Il est trop tard, la mairie est fermée.
— On n’a pas besoin de tant de cérémonies pour reconnaître son enfant, si vos intentions sont bonnes. Asseyez-vous là, prenez une plume, et écrivez ce que je vais vous dicter.
— Dictez.
— Je déclare être le père de l’enfant du sexe masculin que mademoiselle Z… a mis au monde aujourd’hui, 5 mars 1860. — Très-bien, signez maintenant ; cela suffit. Embrassez votre fils, embrassez la mère, et courez sans vous arrêter au chemin de fer le plus voisin.
— Pourquoi cela ?
— Parce que les frères sont à vos trousses, et si le barbu a l’air furieux, le moustachu me semble exaspéré.
— Les frères le savent !!! (de pâle il devint vert) alors je suis perdu !
— Le fait est que la situation est tendue. C’est un motif de ne plus perdre de temps ; partez.
— Je n’ai plus de jambes, docteur.
— Eh ! eh ! Voilà le quart d’heure de Rabelais qui va sonner ; il faut solder la carte à payer du sentiment. — Eh ! eh ! jeune gandin, vous vous introduisez dans une famille d’honnêtes gens, vous séduisez une jeune fille bien élevée, histoire de passer le temps, et vous croyez que l’accident n’aura pas de suites ! Pardieu ! la chose serait commode, vous n’avez donc jamais vu les drames de l’Ambigu ! Vous ne savez donc pas qu’il faut toujours à la fin des pièces que la vertu triomphe. Eh ! eh ! si je ne me trompe, la vertu ce n’est pas ici le gandin, vous avez deux remords, l’un barbu et l’autre moustachu qui courent après vous pour vous faire un mauvais parti, car ils vous massacreront, mon jeune monsieur. Je me connais en physionomie, et les deux frères ont la mine de gens qui vont tuer quelqu’un : au fait pourquoi se gêneraient-ils ? Que voulez-vous qu’on fasse à des gens qui tuent l’homme qui a tué l’honneur de leur sœur ? Eh ! eh ! eh ! vous avez en ce moment une drôle de figure, et si les autres gandins vos amis pouvaient vous voir, ils seraient, pour quelque temps au moins, dégoûtés de courir la fillette, autrement que pour le bon motif.
— Ah ! Monsieur, je vous en supplie, aidez-moi à sortir de ce mauvais pas.
— Il n’y a qu’un moyen, je vous l’ai indiqué, c’était le chemin de fer, mais vous avez perdu vos jambes, je ne puis cependant pas vous emporter sur mon dos. Eh ! eh ! eh !
— Mais j’épouserai, j’épouserai, tout de suite si on veut.
— Il est un peu tard pour épouser tout de suite, la mairie est fermée, comme vous disiez tout à l’heure, et j’avoue que je n’ai pas qualité pour remplacer monsieur le maire et ses adjoints.
— Si je m’y engageais par écrit !
— C’est une idée, je ne sais trop ce que vaudra votre engagement, mais enfin ce sera toujours mieux que rien.
Il ajouta sur le papier qu’il venait de signer : Et je m’engage à épouser la demoiselle Z… aussitôt que les formalités nécessaires seront remplies.
Il était temps, des pas rapides se firent entendre dans l’escalier, la retraite était coupée. Je me préparai à sauver au moins une des oreilles du Lovelace. Lorsque la porte s’ouvrit, il avait disparu. L’agitation d’un rideau m’indiqua dans quel terrier il avait cherché un gîte. Les frères jetèrent un regard de colère sur l’enfant.
— Nous ne l’avons pas trouvé, mais il viendra ici bien sûr, nous le prendrons à la souricière, et nos comptes seront réglés en famille.
— Quand vous l’aurez tué, pensez-vous qu’il épousera votre sœur ?
— Lui, épouser ! allons donc.
— Qui sait ?
— Quand on veut épouser, on n’agit pas comme un gredin ; on parle à la famille.
— Tenez, lui dis-je, en lui tendant le papier, s’il ne parle pas, il écrit. Lisez.
— A tout péché miséricorde, dit la mère qui rentrait avec la layette.
Ils passèrent dans la chambre de la jeune mère que je n’avais point voulu rendre témoin de ces péripéties dramatiques.
— Docteur, me dit le moustachu, c’est vous qui avez arrangé cela, je vous en remercie pour ma sœur. X… vous doit un beau cierge, car si je l’avais rencontré, je l’éventrais comme un lapin.
Ma comparaison me revint donc à l’esprit et je me pris à rire. J’avais grand appétit et je partis retrouver mon potage en songeant que Lovelace était tombé sur une Clarisse beaucoup plus rusée que lui. X… m’attendait dans la rue ; il me remercia avec effusion.
— Jeune homme, la leçon a été rude, racontez-la à vos amis pour qu’ils en profitent. — Et ne placez jamais votre fils dans les zouaves, s’il ressemble à son père il ne ferait pas son chemin dans cette partie-là.
Un mois après, je recevais une lettre qui m’annonçait le mariage de M. X. avec mademoiselle Z.