Les causeries du docteur
DEUX MOTS A MES LECTEURS
Il est bon de rire un peu : cependant il paraît qu’un médecin doit y mettre de la modération, sous peine de porter atteinte à sa réputation d’homme grave. Pour ce motif, un ami m’a voulu détourner de publier ce volume. J’avoue que j’ai toujours eu un grand penchant à faire les choses qui me plaisent, sans beaucoup me préoccuper de l’opinion d’autrui, et comme je m’en suis toujours bien trouvé, j’ai l’intention de continuer à suivre cette ligne de conduite.
Sans compter l’avenir, j’ai payé jusqu’ici un tribut suffisant à la science sérieuse, pour avoir le droit, à mes moments perdus, de me délasser en faisant de la science moins grave. Si quelque bon confrère voulait attacher à mon nom l’épithète d’esprit léger, je le prierais de jeter un coup d’œil sur la liste de mes travaux, et de m’en montrer autant. C’est à son intention que j’en ai placé la liste en tête du livre.
AU LECTEUR DE L’AVENIR
O vous ! qui foulez insouciant les cendres de ma génération ; ô vous ! qui cherchez sur les rayons poudreux des bouquinistes, des souvenirs de vos ancêtres ! j’espère que vous trouverez là, dans quelque coin, un exemplaire de ces Causeries, échappé aux vicissitudes qui menacent son existence. Si vous avez dans les veines un peu de vieux sang gaulois, tendez-lui une main secourable. Pour vous en récompenser, le livre vous racontera les faits et gestes des savants d’une époque éloignée de vous. Que les initiales mystérieuses qui voilent quelques noms ne vous effrayent point. Après ma mort, je me propose de revenir la nuit, écrire ces noms sur les marges de l’exemplaire déposé à la Faculté. Si cette illustre demeure existe encore, allez donc visiter sa bibliothèque. Mes travaux sérieux auront peut-être subi le sort des choses qui changent : vérité aujourd’hui, erreur demain ; les livres graves supportent mal la vieillesse. Ce petit vieux bouquin pourra se lire encore, la gaieté française n’a jamais de rides.
PRÉFACE DE LA SECONDE ÉDITION
Elle sera courte, cette préface, je n’aurai qu’un seul mot à dire au public : Merci !