Poésies de Daniel Lesueur
DANS LA FORÊT
Les bois ont la voix
De l'onde.
Dans son lit amer
Ainsi geint la mer
Profonde.
J'écoute... Le vent
Dans le pin mouvant
S'engouffre.
Tel se plaint le flot,
C'est bien le sanglot
Du gouffre.
L'âpre souffle mord
Le hêtre et le tord
Sans peine,
Puis s'en va, hurlant,
Rendre tout tremblant
Le chêne.
Dans ces hauts abris,
On dirait les cris,
Très aigres,
Des mâts de vaisseaux,
Qui sont sur les eaux
Si maigres.
Les sombres taillis
Sont tous assaillis,
O lutte!
Par des vents diserts,
Y jouant des airs
De flûte.
Doux, tendres, puissants,
Les bruits incessants,
En foule,
Se mêlent sans chocs.
Ainsi pleure aux rocs
La houle.
Que nous disent-ils
Dans leurs chœurs subtils?
Qu'importe!
Ce n'est qu'un vain bruit,
Et le vent qui fuit
L'emporte.