Bari, chien-loup
CHAPITRE VII
LA FIN DE WAKAYOO
Durant deux ou trois jours, les excursions de Bari pour sa subsistance l’entraînèrent de plus en plus loin de l’étang. Mais, chaque après-midi, il y retournait jusqu’à ce que, le troisième jour, il eût découvert un nouveau ruisseau et Wakayoo. Le ruisseau était bien à deux milles en arrière dans la forêt. C’était une autre sorte de courant. Il chantait gaiement sur un lit de gravier et entre deux murailles fissurées de roche éclatée. Il formait des mares profondes et là où Bari l’atteignit la première fois, l’air tremblait du tonnerre lointain d’une cascade. Il était beaucoup plus agréable que l’obscur et silencieux ruisseau des castors. Il semblait possédé par la vie, et son fracas et son tumulte, le chant et le tonnerre de l’eau procuraient à Bari des sensations absolument nouvelles. Il le côtoya lentement et avec précaution, et ce fut grâce à cette lenteur et à cette précaution qu’il arriva brusquement, et sans être vu, près de Wakayoo, l’énorme ours noir, profondément occupé à la pêche.
Wakayoo se tenait enfoncé jusqu’aux genoux dans une mare qui avait formé derrière elle un banc de sable, et il avait une chance extraordinaire. Même lorsque Bari se recula, les yeux écarquillés à la vue de ce monstre, qu’il avait déjà aperçu une fois, naguère, à la clarté de la nuit, une des lourdes pattes de Wakayoo fit jaillir dans l’air une grande éclaboussure d’eau et un poisson fut débarqué sur la rive caillouteuse. Peu de temps auparavant, les lompes avaient remonté à la surface du ruisseau, par milliers, pour frayer, et le flux de l’eau ayant baissé rapidement en avait emprisonné beaucoup dans ces mares. Le corps lustré et gras de Wakayoo prouvait manifestement la prospérité qu’il devait à cet incident. Bien qu’il fût un peu plus tard que la fleur de la saison pour les peaux d’ours, le pardessus de Wakayoo était merveilleusement touffu et noir. Pendant un quart d’heure, Bari observa l’ours, tandis qu’il attrapait du poisson dans la mare. Lorsqu’enfin il s’arrêta, il y avait trente ou quarante poissons parmi les pierres, quelques-uns morts, les autres encore frétillants. De l’endroit où il était étendu, aplati entre deux roches, Bari pouvait entendre se broyer chair et arêtes, tandis que l’ours dévorait son dîner. Cela faisait un bruit agréable et la fraîche odeur du poisson l’emplissait d’un désir que n’avait jamais éveillé en lui une écrevisse ni même un perdreau.
Malgré sa graisse et son volume, Wakayoo n’était pas gourmand et après avoir mangé son quatrième poisson, il empila tous les autres ensemble en un tas, les recouvrit en partie en ratissant dessus du sable et des pierres avec ses longues griffes et acheva son travail de « muchage » en cassant par terre un jeune plant de balsamier afin que le poisson fût entièrement dissimulé. Puis il s’en alla à pas lents du côté de la chute d’eau grondante.
Trente secondes après que Wakayoo eut disparu à un détour du ruisseau, Bari se trouvait sous le balsamier brisé. Il en retira un poisson encore vivant. Il le mangea en entier et, après sa longue diète d’écrevisses, ce fut délicieux.
Bari, maintenant, estimait que Wakayoo avait résolu pour lui le problème de l’alimentation. Le gros ours était toujours en train de pêcher en amont et en aval du ruisseau et, chaque jour, Bari retournait à son régal. Ce ne lui était pas difficile de trouver les caches de Wakayoo. Tout ce qu’il avait à faire c’était de suivre la rive du ruisseau en flairant avec soin. Quelques-unes de ces caches étaient anciennes et leur parfum n’était rien moins qu’agréable pour Bari. Il s’en écartait. Mais il ne manquait jamais de se servir un repas ou deux quand il y en avait une récente. Un jour, il rapporta un poisson à l’étang des castors et le déposa devant Umisk qui était un végétarien impénitent.
Pendant une semaine la vie continua à être infiniment plaisante. Puis survint la brisure, le changement qui était destiné à comporter autant de signification que cet autre jour, voici longtemps, en avait eu pour Kazan, son père, lorsqu’il avait tué une brute d’homme à l’orée de la solitude.
Ce changement survint le jour que, trottinant autour d’un grand rocher près de la cascade, Bari se rencontra nez à nez avec Pierre et Nepeese.
Ce fut Nepeese qu’il vit tout d’abord. Si ç’avait été Pierre, il serait parti rapidement. Mais de nouveau le sang ancestral l’agitait d’étranges frissons. Était-ce comme celle-ci que la première femme avait regardé Kazan le jour où, aux confins de la civilisation, elle avait posé sur sa tête sa douce main blanche ? Fut-ce le même frisson qui l’agita qui agitait maintenant Bari ? Il resta immobile. Nepeese n’était pas à plus de vingt pieds de lui. Assise sur une roche, en plein dans la jeune lumière du soleil, elle peignait ses merveilleux cheveux. Et tandis qu’elle était là, assise, ils la couvraient presque jusqu’à terre, luisant d’un lustre plus beau que le pelage brillant de Wakayoo et sous leur nuage sombre, son visage regardait droit Bari. Ses lèvres s’entr’ouvrirent. Ses yeux brillèrent en un instant comme des étoiles. Une main demeurait en suspens, chargée des nattes de jais. Elle le reconnaissait. Elle vit l’étoile blanche sur sa poitrine et l’extrémité blanche de son oreille et, dans un souffle, elle murmura : Uchi Moosis, le petit chien.
C’était le chien sauvage qu’elle avait tiré et elle le croyait mort. Il n’y avait pas à se tromper. C’était bien un chien maintenant qui était là à la regarder.
Le soir précédent, ils avaient construit un abri de balsamiers derrière la grosse roche et, sur un petit tas de sable blanc, Pierre était agenouillé auprès d’une flambée préparant le déjeuner, pendant que Branche-de-Saule arrangeait sa chevelure. Il leva la tête pour lui parler et aperçut Bari. A ce moment, le charme fut rompu. Bari vit la bête humaine tandis qu’elle se redressait. D’un trait, il partit.
A peine était-il plus rapide que Nepeese.
— Pache, mon père, cria-t-elle, c’est le petit chien. Vite !
Parmi la moire flottante de ses cheveux elle courait derrière Bari, semblable au vent. Pierre suivait et, tout en courant, il ramassa vivement son fusil. Il lui était difficile de rejoindre Branche-de-Saule. Elle ressemblait à un esprit sauvage, ses petits pieds chaussés de mocassins touchant à peine le sable, tandis qu’elle remontait la digue en courant. Il faisait beau voir sa souple agilité et cette superbe chevelure ruisselant dans le soleil. Même en cet instant d’agitation, Pierre en la regardant, pensait à ce que Mac Taggart, le facteur de la Compagnie de la baie d’Hudson pour tout le lac Bain, lui avait dit hier. La moitié de la nuit, Pierre était resté sans dormir, grinçant des dents à cette pensée, et ce matin, avant que Bari fût accouru sur eux, il avait observé Nepeese plus étroitement qu’il n’avait jamais fait auparavant. Elle était belle. Elle était même plus charmante que Wyola, la princesse, sa défunte mère. Ces cheveux ! qui faisaient s’arrêter les hommes comme s’ils ne pouvaient en croire leurs yeux ! Ces yeux pareils à des étangs emplis d’une merveilleuse clarté d’étoiles ! Sa sveltesse, qui la faisait ressembler à une fleur ! Et Mac Taggart avait dit…
Jeté jusqu’à lui, il entendit un cri ému :
— Dépêche-toi, Notawe ! Il s’est enfui dans le cagnon sans issue. Il ne peut nous échapper maintenant.
Elle haletait quand il arriva près d’elle. Le sang français qui était en elle empourprait d’un carmin vivace ses joues et ses lèvres. Ses dents blanches luisaient comme du lait.
— Là !
Et elle le montra du doigt. Ils entrèrent.
Devant eux, Bari fuyait pour sauver sa vie. La frayeur de la bête humaine le possédait. C’était une frayeur qui lui enlevait toute raison ou jugement. Une frayeur différente de celle de toutes les autres choses qui, dans la vie ou la nature, avaient pu l’émouvoir. Comme l’ours, le loup, le lynx, toutes les créatures des forêts, à sabots ou à griffes, il sentait instinctivement que ces êtres étonnants à deux jambes qu’il avait vus étaient tout puissants. Et ils étaient à sa poursuite ! Il pouvait les entendre. Nepeese courait presque aussi vite que lui. Tout à coup, il pénétra dans une fissure entre deux hautes roches. Au bout de vingt pas dans ce chemin, il se trouva arrêté et il revint sur ses pas. Quand il se précipita dehors, remontant vers l’entrée du cagnon, Nepeese était à peine à une douzaine de mètres derrière lui, et il vit Pierre presque à son côté. Branche-de-Saule poussa un cri :
— Mana ! Mana ! le voilà !
Elle reprit haleine et s’élança dans un petit bois planté de balsamiers dans lequel Bari avait disparu. Comme un grand voile emmêlé, sa chevelure dénouée l’empêtrait dans les broussailles, et, poussant un cri d’encouragement pour Pierre, elle s’arrêta pour la rassembler par-dessus son épaule, tandis qu’il la devançait. Elle ne perdit qu’un moment ou deux et fut sur ses traces. A cinquante mètres d’elle, Pierre poussa un cri d’avertissement. Bari s’était détourné. Presque d’une seule traite il revenait ventre à terre sur le sentier qu’il avait suivi, droit dans la direction de Branche-de-Saule. Il ne put la voir à temps pour s’arrêter ou s’écarter, et Nepeese se jeta par terre sur son chemin. Une minute ou deux ils restèrent vis-à-vis l’un de l’autre. Bari sentit la douceur de ses cheveux et l’étreinte de ses mains. Ce fut la longue chevelure flottant autour d’elle qui fit que Nepeese le manqua et Bari lui échappa et se précipita de nouveau dans la direction de l’extrémité aveuglée du cagnon.
Nepeese se redressa. Elle haletait et riait. Pierre revint avec un air farouche et Branche-de-Saule désignait du doigt un point, là-bas.
— Je l’ai eu et il ne m’a pas mordue, dit-elle, toute essoufflée. Elle désignait toujours du doigt le bout du cagnon et répéta : « Je l’ai eu et il ne m’a pas mordue, Nootawe ! »
C’était ce qu’il y avait de surprenant. Elle avait été téméraire et Bari ne l’avait pas mordue. C’est alors que ses grands yeux brillants fixés sur Pierre et le sourire s’évanouissant peu à peu sur ses lèvres, elle prononça doucement et presque religieusement ce mot : Bari.
Ce mot fut comme un coup reçu par Pierre. Il tordit ses mains maigres. Il fixa un moment Nepeese, les yeux dilatés. Puis, il s’écria :
— Non ! non ! cela ne se peut ! Viens ou nous allons le perdre.
Pierre avait bon espoir maintenant. Le cagnon se rétrécissait et Bari ne pouvait les dépasser à leur insu. Trois minutes plus tard, Bari parvenait au fond du cagnon sans ouverture : un mur de roche dressé à pic, pareil à la courbe d’un disque.
Le régime de poisson et de longues heures de sommeil à l’étang des castors l’avaient engraissé et il était à demi suffoqué tandis qu’il cherchait vainement une issue. Il se trouvait tout à la pointe de la courbe rocheuse semblable à un disque, sans une broussaille ou une touffe d’herbe où se cacher, lorsque Pierre et Nepeese l’aperçurent de nouveau. Nepeese marcha droit sur lui. Pierre prévoyant ce que Bari allait faire, se précipita à gauche, à angle droit avec l’extrémité du cagnon.
A l’intérieur et à extérieur des roches, Bari chercha promptement une issu pour s’évader. Une minute de plus et il parvenait à la « boîte » ou coupure du cagnon. C’était une fente dans le mur large de cinquante ou soixante pieds qui ouvrait sur une prison naturelle d’environ un arpent de superficie. C’était un bel endroit. De tous les côtés, sauf cette conduite dans la coulée, il était clos par des murs de roche. Tout au fond, une chute d’eau descendait en une série de cascades bouillonnantes. Le gazon était épais sous les pieds et parsemé de fleurs.
Dans ce piège, Pierre avait pris plus d’un riche quartier de venaison. De là on ne pouvait s’échapper sinon à la portée du fusil. Pierre appela Nepeese dès qu’il vit Bari y entrer et tous deux gravirent le talus hérissé de roches.
Bari avait presque atteint l’arête de la petite prison herbue quand, soudain, il s’arrêta si brusquement, qu’il s’affala sur son derrière et qu’il sentit son cœur sursauter.
Au beau milieu de sa route se tenait Wakayoo, l’énorme ours noir.
Pendant une demi-minute peut-être il hésita entre les deux dangers. Il entendit les voix de Nepeese et de Pierre. Il perçut le grincement des cailloux sous leurs pas. Et il fut rempli d’une immense terreur. Puis il regarda Wakayoo. Le gros ours n’avait pas bougé d’un pouce. Lui aussi écoutait. Mais pour lui il y avait une chose plus troublante que les bruits qu’il entendait. C’était l’odeur qu’il avait saisie dans l’air. L’odeur humaine.
Bari, en l’observant, vit que sa tête se balançait lentement, au fur et à mesure que les pas de Nepeese et de Pierre devenaient de plus en plus distincts. C’était la première fois qu’il se trouvait face à face avec le gros ours noir. Il l’avait guetté à la pêche. Il s’était engraissé des prouesses de Wakayoo. Il avait pour lui une grande déférence. Maintenant il y avait quelque chose autour de l’ours qui lui enlevait toute crainte et qui lui donnait au contraire une nouvelle et frémissante confiance. Wakayoo, gros et fort comme il était, ne fuirait pas devant les créatures à deux jambes qui le poursuivaient, lui, Bari. S’il pouvait seulement dépasser Wakayoo, il était sauvé. Il fit un bond de côté et courut vers le milieu de la prairie. Wakayoo ne se détourna pas plus, tandis qu’il se hâtait de le dépasser, que s’il se fût agi d’un oiseau ou d’un lapin. Alors un autre souffle d’air arriva chargé de l’odeur humaine. Et cela enfin lui rendit conscience. Il se retourna et se mit à marcher pesamment à la suite de Bari dans le piège d’herbage. Bari, en regardant derrière lui, le vit arriver et s’imagina qu’il le poursuivait. Nepeese et Pierre traversèrent le remblai au même moment et au même moment les aperçurent tous les deux, Wakayoo et Bari.
Dès qu’ils pénétrèrent dans la cavité gazonnée sous les murs de roche, Bari obliqua vivement à droite. Il y avait là une grande roche arrondie dont l’un des bouts saillait de terre en s’inclinant. Elle paraissait un endroit merveilleux où se cacher et Bari s’y faufila.
Mais Wakayoo continua droit devant lui à travers la prairie. De la place où il était couché, Bari pouvait voir ce qui se passait. A peine s’était-il glissé sous la roche que Nepeese et Pierre apparurent par la fissure dans la cavité et s’arrêtèrent. De les voir s’arrêter fit tressaillir Bari. Ils avaient peur de Wakayoo ! Le gros ours avait traversé les deux tiers de la prairie. Le soleil tombait sur lui, de sorte que son pelage brillait comme du satin noir. Pierre le considéra un moment. La saison était avancée. Les fourrures ne seraient plus longtemps bonnes. Cependant le poil de Wakayoo était magnifique ! Pierre ne tuait pas pour le plaisir de tuer. Le besoin en faisait un conservateur. Les bêtes sauvages étaient sa nourriture, ses vêtements, le toit qui le couvrait, et si Wakayoo avait eu un pelage en mue et mal en point, il aurait eu la vie sauve. Quoi qu’il en soit, Pierre épaula son fusil.
Bari vit le geste. Il vit un peu plus tard, le bout du fusil cracher quelque chose, ensuite il entendit ce bruit assourdissant qui lui avait fait mal, quand la balle de Branche-de-Saule avait traversé sa chair en la brûlant. Il tourna vivement les yeux vers Wakayoo. Le gros ours avait trébuché. Il était tombé à genoux. Il fit effort pour se relever et marcha lourdement. Le bruit du fusil recommença et une seconde fois, Wakayoo tomba. Pierre ne pouvait le manquer à cette distance. Wakayoo formait une cible splendide. C’était un carnage et pourtant pour Pierre et Nepeese c’était une affaire, l’affaire de la vie.
Bari frissonnait. C’était davantage d’émotion que de peur, car il ne songeait plus à sa propre crainte, en ces minutes tragiques. Une plainte sourde monta à sa gorge, tandis qu’il fixait Wakayoo qui s’était arrêté maintenant et faisait face à ses ennemis, ses mâchoires s’entrechoquant, ses jambes faiblissant sous lui, sa tête s’abaissant graduellement, alors que le sang s’échappait de ses poumons crevés. Bari gémissait parce que Wakayoo avait pris du poisson pour lui, parce qu’il en était venu à le considérer comme un ami, et parce qu’il savait que désormais Wakayoo faisait face à la mort. Il y eut un troisième coup. Ce fut le dernier. Wakayoo s’écroula inanimé sur le sentier. Son énorme tête glissa entre ses pattes de devant. Un ou deux râles rauques parvinrent à Bari. Puis, ce fut le silence.
Une minute plus tard, penché sur Wakayoo, Pierre disait à Nepeese :
— Mon Dieu ! Mais c’est une peau superbe, Sakahet ! Elle vaut vingt dollars et au delà, au lac Bain.
Il ouvrit son couteau et se mit à l’aiguiser sur une pierre qu’il portait dans sa poche. Pendant ce temps-là, Bari aurait pu se glisser hors de sa roche et s’échapper du cagnon. Durant un moment, on l’oublia. Puis Nepeese pensa à lui, tandis que son père commençait à écorcher l’ours et de sa même voix étrange et merveilleuse, elle prononça de nouveau le mot « Bari ».
Pierre, agenouillé, leva les yeux sur elle.
— Pourquoi dis-tu cela ? demanda-t-il. Pourquoi, ma Nepeese ?
Les yeux brillants de Branche-de-Saule interrogeaient la prairie.
— A cause de l’étoile sur sa poitrine et de son oreille blanche et… et… parce qu’il ne m’a pas mordue, répondit-elle.
Il y eut dans les yeux de Pierre un nouvel éclair pareil au flamboiement des charbons qui vont s’éteindre.
— Non ! cela ne se peut, dit-il alors, comme s’il se parlait à lui-même et il se pencha de nouveau sur sa besogne.
Mais Nepeese, baissant les yeux, vit que la main qui tenait le couteau tremblait.