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Histoire anecdotique du tribunal révolutionnaire

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II.
JUGEMENTS RENDUS PAR LA SECONDE SECTION.—NICOLAS ROUSSEL.

Il faut maintenant revenir sur nos pas, c'est-à-dire nous reporter au lendemain du vol du Garde-Meuble, au 18 septembre. Ce jour-là, la seconde section du Tribunal criminel commença à instruire le procès de Nicolas Roussel, ancien contrôleur ambulant des barrières. Mais, avant l'ouverture de l'audience, le commissaire national donna lecture au peuple de la loi relative à la sûreté des prisonniers; cette lecture fut suivie d'un discours du président Laveaux, dans lequel il rappela les devoirs de l'humanité et invoqua éloquemment le respect dû à l'infortune. Le public, saisi d'un bon et beau mouvement, cria tout d'une voix:—Nous jurons de respecter les accusés!

Après les désordres qui avaient signalé les procès de Montmorin et de Backmann, ce n'était pas une précaution inutile.

Nicolas Roussel, un malheureux demeurant rue Mouffetard, comparut ensuite devant les jurés; il avoua qu'il avait fait partie pendant quelques jours des brigades contre-révolutionnaires de Collenot-d'Angremont et qu'il recevait cinquante sous par jour pour aller prêcher le royalisme dans les cafés et dans les groupes. Cela méritait bien la mort. Le 19 septembre, cet apôtre du machiavélisme et de la tyrannie, comme l'appelle un journal, fut conduit à la guillotine à deux heures de l'après-midi.

Dans la même journée, l'Assemblée décréta que la Commune serait tenue de choisir pour les exécutions une autre place que celle qui allait devenir la place du palais de la Convention.

Pour ne laisser échapper aucun des documents qui se rattachent à l'histoire du Tribunal du 17 août, citons un fait qui concerne directement un des ex-membres de ce tribunal. Voici ce qu'on lit dans le Moniteur du 20 septembre: «Le ministre de l'intérieur adresse un reproche à l'Assemblée touchant le peu de force et le peu d'exactitude que l'on met à la préservation des biens nationaux; il se plaint qu'on répète avec scandale que le voleur d'Aubigni aspire à être employé dans une commission; il assure qu'à l'avenir il ne signera aucune commission sans en connaître à fond le sujet.»

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