Jésus
CHAPITRE XXV
1. — Ce fut en ces temps-là, qu’une nuit, tout d’un coup, nous grandîmes.
2. — Car les cieux s’ouvrirent.
3. — Et ils furent ouverts devant nous comme la mer Rouge.
4. — Car les astres déchiraient le ciel, chaque astre dans son trou, et notre âme monta vers toutes ces choses de lumière par nos yeux levés. Et nous sentîmes l’infini devenir une fête à partir de nous.
5. — Qui étions profonds comme la terre.
6. — C’est beau. On voit qu’il n’y a rien.
7. — Cette parole que je fis sortir de notre groupe sombre aux taches bleues, fit de chacun de nous le jardin des étoiles.
8. — Car elles n’étaient que le bout de nos regards.
9. — Et elles étaient, par nous, enracinées dans le songe.
10. — L’un dit : On va jusqu’au ciel.
11. — Et moi j’osai dire en parlant du monde :
12. — Ceci est notre chair et notre sang.
13. — Puisque, allant jusqu’au ciel, on ne peut pas sortir de soi-même et du corps de son regard.
14. — Voici donc la beauté de la justice.
15. — Le pauvre Judas, le petit calculateur, s’en alla de là courbé comme s’il cachait dans son manteau le trésor resplendissant des nuits, et un homme, le rencontrant ainsi illuminé et troublé après m’avoir quitté, lui demanda :
16. — Qu’est-ce qu’il a donc dit ?
17. — Et le pauvre Judas répondit émerveillé :
18. — Il a dit qu’il était le Dieu nouveau.