Jésus
NOTE
J’exposerai dans un livre — En Suivant Jésus le Juste — les documents, les indices et les raisons qui m’ont éclairé dans ma tentative de remonter jusqu’au vrai passé, et de rencontrer Jésus, l’homme divinement homme qui a, plus que tout autre, compris, situé, et orienté l’homme.
Nous entrons à peine dans la période où la critique indépendante a conquis le droit d’envisager les origines du christianisme d’une façon positive et objective, et d’y apporter la lumière. C’est donc d’hier qu’est née véritablement l’exégèse chrétienne. Elle a déjà déblayé ce qu’on pourrait appeler les ruines de cette grande question, et révélé, sans réplique, bien des erreurs, bien des calculs, bien des falsifications. Il est établi aujourd’hui que les Livres canoniques, et les traditions chrétiennes consacrées non seulement par l’orthodoxie, mais même par l’enseignement officiel, ne méritent historiquement que peu de créance. Il n’est peut-être pas, depuis que les hommes croient recueillir leurs annales, de cas où la superstition, appuyée par les procédés ordinaires de contrainte de « l’Ordre Etabli », ait à ce point, et pendant si longtemps, tenu tête à l’histoire.
Je suis de ceux qui pensent que l’écrivain n’a pas le droit de traiter de tels sujets à sa fantaisie et selon son goût personnel. L’écrivain, homme public, n’a pas le droit de se tromper, car en se trompant, il trompe. Il est tenu de vérifier scrupuleusement ce qui lui passe par la tête avant de l’exprimer, et lorsqu’il s’attache à copier un Personnage du passé, d’obéir à son modèle.
Mais le pauvre prophète profond qui passa en Galilée, qui n’a jamais su ce qu’on devait faire avec lui, ni la gloire fabuleuse qui devait l’envelopper dans les âges, et qui fut utilisé — corps et âme — à d’autres fins que les siennes, je mets en fait que la critique scientifique dégage des Evangiles sa figure vivante par la même espèce d’inductions qui font retrouver celle de Socrate parmi les prestigieux développements des Dialogues de Platon.
Si j’ai pris certaines libertés avec la tradition admise, c’est que mes hypothèses me paraissaient, chaque fois, cadrer davantage avec la vraisemblance et s’approcher mieux de la vérité. Mais je crois n’avoir jamais perdu de vue cette image dont la réalité est attestée non par des scolastiques et des catéchismes, mais par le seul déroulement des trésors spirituels : au VIIIe siècle de Rome, il est venu un homme qui a tenu dans ses mains, et qui a élevé, pour les faire voir, la misère, la souffrance, et la grandeur humaines.
Je veux ajouter encore ceci :
Ces choses ne sont pas du passé, elles sont de toujours. Elles sont d’aujourd’hui.
Si j’ai lu et relu jour et nuit les Livres Saints, et étudié tant de travaux qu’on a écrits sur le Dogme, ce n’est pas pour la joie artistique de réaliser une reconstitution, et de tenter de trouver, comme un archéologue, un Evangile sans contradiction et sans tache — l’évangile de restitution.
C’est pour pouvoir m’adresser aux inquiets et aux tourmentés des temps où nous sommes — aujourd’hui que des fatalités, économiques, sociales, politiques, intellectuelles et morales, incitent l’homme à être, selon l’exemple sacré qu’il ne lui a jamais été donné que d’entrevoir, un briseur d’idoles.
C’est pour leur montrer, à tous ceux qui attendent, le parallélisme grandiose qui se dessine rigoureusement entre la décadence du monde contemporain (en son apogée de progrès matériel), et celle du monde antique : entre le christianisme naissant, et les nouveaux leviers qui se mettent à soulever l’univers.
Afin de ne pas surcharger chaque page de ce livre, j’ai renoncé à indiquer par des renvois la référence d’origine des citations qui remplissent le texte. Ces citations sont empruntées, en dehors de celles que j’ai puisées dans l’Ancien et le Nouveau Testament, à un certain nombre de livres ou de textes deutéro-canoniques ou apocriphes ou « annexes » : Evangile de Pierre, Protévangile de Jacques, Evangile de l’Enfance, Papyrus d’Oxyrhynchos, Doctrine d’Adda, Actes de Thomas, Lectionnaire syriaque-palestinien, variantes manuscrites extra-canoniques (notamment celles du Codex Cantobrigiensis), paroles non canoniques de Jésus rapportées par Clément d’Alexandrie, Origène, Saint-Augustin, le Pseudo Cyprien, le Pseudo Clément Romain, traditions musulmanes éparses (Ephrem Syrus, etc…) et Koran ; enfin littérature juive préchrétienne : l’Ascension d’Isaïe, le Livre d’Hénoch, les Oracles Sibyllins, etc…
On a trouvé dans ce livre des expressions de fabrication moderne ou contemporaine. J’espère que les lecteurs ne mettront pas sur le compte de l’ignorance de l’auteur ces anachronismes verbaux. En désignant des idées ou des choses sous des appellations qui sortent de la couleur locale, je n’ai fait que me conformer à la tradition des traducteurs attitrés de l’Ecriture. Il est évident que ces termes, qui font tache neuve, désignent ce qui correspondait alors aux choses et aux idées en question — mieux que des noms techniques périmés ou que des tournures figurées qui compliqueraient les phrases.
H. B.
Septembre 1926
E. GREVIN — IMPRIMERIE DE LAGNY — 1-1927
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8650. — Paris. — Imp. Hemmerlé, Petit et Cie. 1-1927.